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Histoire 2de

THÈME 1 : LE MONDE MÉDITERRANÉEN : EMPREINTE DE L'ANTIQUITÉ ET DU


MOYEN ÂGE
Cours 2 : La Méditerranée médiévale : espaces d'échanges et de conflits à la croisée de trois
civilisations

=> Au Moyen Âge, trois grandes civilisations se côtoient en Méditerranée : l’Occident chrétien,
l’Empire byzantin et le monde musulman. Pour accroître leur puissance ou pour des motifs
religieux, ces trois civilisations s’affrontent régulièrement. Nonobstant les tensions, elles nouent des
relations entre elles puisque les marchandises et les hommes circulent.
=> Dans quelle mesure la Méditerranée est-elle un enjeu et un espace spécifiques pour les différents
pouvoirs et religions, entre volonté de domination et nécessité de cohabitation ?

I-COMMENT SE CARACTÉRISENT LES TROIS GRANDES CIVILISATIONS DE LA


MÉDITERRANÉE MÉDIÉVALE ?

I-1-L'Empire byzantin
=> À partir de 476, on parle d’Empire byzantin pour qualifier l’Empire romain d’Orient.
Constantinople est la capitale de l’Empire byzantin où réside l’empereur byzantin et le patriarche (le
chef de l’Église byzantine). C'est une grande ville marchande car elle est située au carrefour de
l'Asie et de l'Europe. À la tête de l’Empire se trouve un empereur, le basileus (« roi » en grec), qui
est le représentant de Dieu sur terre et qui a des pouvoirs illimités. Le basileus est vénéré et on se
prosterne devant lui (proskynèse).

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=> Au VIe siècle, l'Empire byzantin connaît son apogée. Sous le règne de l'empereur Justinien (527-
565), une grande partie des provinces occidentales de l’ancien empire romain est reconquise (Italie,
Afrique du Nord, Sud de l'Espagne). Le règne de Justinien est la transition entre l'Antiquité tardive
et le Moyen Âge byzantin. Du VIIe au XIe siècle, l'Empire byzantin perd des territoires importants
puisqu'il subit les invasions des peuples voisins (arabes, slaves, bulgares). Au XIe siècle, il est en
difficulté : les Normands s'emparent de la Sicile et du sud de l'Italie ; les Turcs seljoukides
deviennent une grande menace et envahissent l'Anatolie. Au XIe siècle, l’Empire byzantin ne
s’étend donc seulement que sur l’Asie mineure et la Grèce (cf. doc 4 p. 65).
→ doc 3 p. 68
=> Au sein de l'Empire byzantin, le grec a remplacé le latin comme langue administrative. Les
habitants de l’Empire sont chrétiens d’Orient. Ils ne dépendent pas du pape mais du patriarche de
Constantinople. Ils partagent les croyances des chrétiens d’Occident mais ils ont des pratiques
religieuses différentes (par exemple ils vénèrent des icônes et les prêtres se marient).

I-2-L'Occident chrétien

=> À la suite de la chute de l’Empire romain d’Occident en 476, on parle d’Occident chrétien. C’est
un espace très divisé entre les royaumes barbares fondés par les peuples germaniques.

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=> Au IXe siècle, les Francs s’imposent en Occident. Le roi franc Charlemagne (768-814)
conquiert de nombreux territoires et est couronné empereur d’Occident en 800.

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=> En 843, selon la tradition franque, l’empire carolingien est partagé entre les petits-fils de
Charlemagne : la Francie occidentale pour Charles II le Chauve, la Francie médiane pour Lothaire
qui reçoit le titre impérial et la Francie orientale pour Louis le Germanique. Au cours des IXe et Xe
siècles, l’Occident subit de nombreuses invasions (Vikings, Sarrazins, etc) qui affaiblissent les rois,
ce qui permet à de grands propriétaires et chefs de guerre (les seigneurs) d’affirmer leur pouvoir. À
cette époque, la majorité des habitants sont ruraux, des paysans vivant dans une seigneurie. En
dehors du roi, chaque homme est soumis à un autre dans le système pyramidal de la féodalité (cf.
doc 2 p. 66).

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=> L’Occident est dominé par la religion chrétienne et a pour capitale religieuse Rome, où se situe
le pape. Au XIe siècle, celui-ci impose son autorité aux souverains (réforme grégorienne). L’Église
encadre la société avec le clergé séculier et le clergé régulier. Elle s’enrichit avec les dons des
croyants car ceux-ci souhaitent assurer le salut de leur âme et aller au Paradis. La langue des élites
est le latin.

I-3-Le monde musulman


=> L’islam est une religion monothéiste née au VIIe siècle (en 622 selon les sources religieuses)
dans la péninsule Arabique sous l’impulsion du prophète Mahomet. La vie de ce dernier est peu
connue car sa biographie historique est difficile. Le Coran est le livre sacré de l’islam.
=> Les successeurs de Mahomet, les califes, étendent l’islam au nom du djihad, la guerre sainte.
Dans les années 630, les Arabes se lancent à la conquête de nouveaux territoires en direction de
l’Empire byzantin et de l’Empire sassanide (qui correspond à un Iran élargi). Les Byzantins perdent
en 636 la Palestine et la Syrie, en 640/42 l’Égypte et en 698 l’Afrique du Nord. L’Empire sassanide
s’effondre en 651. Les Arabes attaquent aussi par la mer et s’emparent du royaume wisigoth de la
péninsule Ibérique.

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L’Empire abbasside et ses rivaux
=> À la tête de l’Empire arabo-musulman se trouve le calife qui est à la fois chef politique, militaire
et religieux. Le titre est d’abord entre les mains de la dynastie des Omeyyades (661-750) qui choisit
Damas pour capitale. À partir de 750, la dynastie des Abbassides prend le pouvoir et s’installe à
Bagdad. Au Xe siècle, l’empire éclate en trois califats rivaux, avec trois capitales : le califat
Abbasside ayant pour capitale Bagdad (jusqu’en 1258 où les Mongols s’emparent de Bagdad et
mettent fin au califat Abbasside) ; le califat Ommeyade de Cordoue (929-1031) ; le califat Fatimide
ayant eu plusieurs capitales (Kairouan de 909 à 918, Mahdia de 918 à 969 et Le Caire de 969 à
1171). La langue principale est l’arabe.
=> Les musulmans sont divisés entre sunnites (majoritaires), chiites (partisans d’un calife
descendant d’Ali, le gendre et cousin de Mahomet) et d’autres tendances religieuses.
=> Le monde musulman est une civilisation urbaine puisque la majorité des habitants vivent dans
des grandes villes, parfois immenses, organisées autour d’une grande mosquée et de marchés
couverts (les souks).

II-LES AFFRONTEMENTS ENTRE CIVILISATIONS MÉDITERRANÉENNES

II-1-Les conflits entre Rome et Constantinople


=> Il y a tout d’abord une division religieuse entre Rome et Constantinople. En effet, le pape se veut
chef de toute l’Église chrétienne, ce que le patriarche de Constantinople supporte de moins en
moins. Cette tension, nourrie par les divergences de pratiques religieuses, aboutit au schisme de
1054 : les Églises d’Orient (orthodoxe) et d’Occident (catholique) se séparent.
=> Enfin, il existe également une division politique. Plusieurs affrontements politiques ont lieu et
culminent en 1204. Cette année-là, la quatrième croisade est détournée par les Vénitiens vers
Constantinople qui est pillée par les chevaliers occidentaux qui massacrent 2 000 Byzantins. Cet
épisode marque la rupture définitive entre l’Occident chrétien et l’Orient chrétien.

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II-2-Les conflits entre Chrétienté et islam

=> Dès le IXe siècle, les royaumes chrétiens du Nord de la péninsule Ibérique entreprennent la
reconquête des territoires aux mains des musulmans. Ils sont aidés par des chevaliers venant du
reste de l’Occident. Tolède est reprise en 1085. En 1212, la bataille de Las Navas de Tolosa est une
victoire décisive pour les chrétiens. L’Espagne musulmane est alors réduite au petit royaume de
Grenade qui tombe définitivement en 1492. Cette reconquête de l’Espagne est appelée la
Reconquista.
=> En 1095, le pape Urbain II appelle les chrétiens d’Occident à reprendre Jérusalem et la Terre
sainte aux mains des Turcs depuis 1077. C’est l’appel à la croisade. Celle-ci permet au pape
d’affirmer son autorité sur une chrétienté unie contre ses ennemis et de mobiliser l’énergie des
chevaliers (qui avaient tendance à se faire la guerre entre eux, n’hésitant pas à attaquer les
populations et les gens d’Église). Lors de la première croisade (1096-1099), des milliers de
seigneurs et de chevaliers venus d’Occident répondent à l’appel car ils sont séduits par la promesse
du pape de leur accorder le pardon de leurs péchés, leur donnant un accès automatique au Salut. Ils
prennent Jérusalem en 1099 et créent dans les territoires conquis les États latins d’Orient, qu’ils
protègent par l’édification de forteresses et la constitution d’ordres militaires religieux (les
Templiers et les Hospitaliers). Mais ces États sont rapidement menacés car les croisades alimentent
un renouveau du Djihad.

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→ étude p. 76-77 : Bernard de Clairvaux et la deuxième croisade (1146-1149)

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1-La deuxième croisade est déclenchée par la prise d'Édesse par le chef musulman Zengi en 1144.
Pour prêcher cette expédition, le pape Eugène III choisit Bernard de Clairvaux pour ses qualités
personnelles (son charisme et son éloquence), l'intensité de sa foi (ses convictions), sa situation à la
tête du mouvement cistercien et sa réputation dans toute la chrétienté occidentale.

2-Dans les documents 1 et 2, on voit que la prédication est un succès par elle rassemble un grand
nombre de personnes comme à Vézelay (où le roi de France Louis VII prend la croix) et à Chartres
(où de grands seigneurs doivent décider de suivre ou non le roi).

3-Les croisés sont menés par les autorités politiques les plus importantes d'Occident, à savoir le roi
de France Louis VII et l'empereur du Saint-Empire romain germanique Conrad III. Le trajet de
l'expédition est assez semblable à celui de la première croisade mais les difficultés rencontrées par
les croisés en Asie mineure (attaques turques, lente progression en terrain difficile) les poussent à
finir le voyage par voie maritime.

4-La deuxième croisade est un échec pour deux raisons : d'une part, Édesse n'est pas reprise ; d'autre
part, les croisés subissent une cuisante défaite devant Damas en juillet 1148. Bernard de Clairvaux
assimile cet échec à une punition divine frappant des chrétiens pêcheurs et impurs. Il souligne aussi
le manque d'unité des chefs de l'expédition.

=> Jusqu'en 1291, six autres croisades sont organisées pour sauver les Etats latins d'Orient qui
disparaissent cette année-là. Les croisades creusent les divisions entre les trois civilisations
méditerranéennes.

III-LES ÉCHANGES COMMERCIAUX ET CULTURELS AUTOUR DE LA


MÉDITERRANÉE

III-1-Le développement du commerce méditerranéen


=> Du VIe au Xe siècles, le commerce méditerranéen,contrôlé par les marchands byzantins, est
ralenti. Du XIe au XVe siècle, le commerce méditerranéen, qui reprend son essor, est dominé par les
cités italiennes à l'exemple de Venise et de Gênes. Celles-ci signent des accords commerciaux avec
le basileus et le calife pour installer des comptoirs commerciaux au Proche-Orient et en Afrique du
Nord.

→ étude p. 80-81 lelivrescolaire.fr : Le sucre égyptien, un itinéraire méditerranéen

1-Le sucre est principalement produit en Égypte et au Proche-Orient. Il est secondairement produit
en Sicile, au Maroc et dans le sud de la péninsule Ibérique. Traversant la Méditerranée, le sucre
transite surtout par les ports italiens avant d'être vendu dans tout l'Occident.

2-Il faut d'abord planter les cannes à sucre dans un endroit chaud, mais qui bénéficie également de
beaucoup d'eau. Une fois la canne mûre, elle est coupée et stockée. Il faut ensuite enlever les
feuilles, laver la canne et la couper en petits morceaux. Puis, il faut l'écraser avec une meule pour
récupérer le jus sucré. Il faut ensuite faire cuire ce jus pour récupérer un sucre plus pur, qu'il faut
ensuite faire sécher en lui donnant la forme de gros blocs coniques faciles à transporter et à vendre.
Le sucre est un produit de luxe très cher.

3-À la fin du Moyen Âge, les aristocrates aiment beaucoup le sucre et surtout le sucré-salé : ils
sucrent même les viandes et leurs pâtisseries contiennent à la fois du sucre et du miel. Sur les 14

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plats du repas de 1487, 6 contiennent du sucre.

4-On voit que l'essentiel du sucre est produit au Proche-Orient et au sud de la Méditerranée au prix
d'un dur travail agricole. Il est ensuite transformé sur place dans des ateliers de raffinage pour
former des blocs coniques, avant que de grands marchands ne les achètent pour les revendre à
l'autre bout de la Méditerranée.

→ étude p. 80-81 : Venise, puissance maritime et commerciale

1-Le gouvernement de la ville siège au palais des doges sur la place Saint-Marc (cœur politique et
religieux de la ville). La ville est organisée de telle manière à permettre aux navires de remonter le
Grand Canal pour charger ou décharger directement leurs marchandises dans les palais-entrepôts
des grands marchands.

2-Venise est un intermédiaire commercial entre l’Orient et l’Occident. En effet, elle possède des
comptoirs et a signé des accords commerciaux avec de nombreuses villes portuaires d’Orient. En
Occident, la cité italienne est connectée aux routes terrestres en direction des foires de Champagne
et de l’espace germanique. Venise est donc intermédiaire qui n’assure pas la production mais
uniquement la circulation des biens entre différents espaces.

3-Venise obtient différents avantages de la part de l’Empire byzantin : elle obtient un quartier entier
à Constantinople avec des appontements réservés pour embarquer et débarquer des marchandises,
une rente annuelle de 20 livres et la liberté de faire du commerce dans tout l’Empire byzantin sans
payer de taxes.

4-Une colleganza est une association entre deux marchands. Le premier reste à Venise et prend
davantage de risques financiers (il investit deux fois plus) et le second plus actif organise le convois
maritimes. Les deux se partagent les bénéficies réalisés. Ce type d’association stimule le commerce
car cela permet d’augmenter les revenus investis dans l’activité commerciale et donc d’augmenter
le volume des marchandises transportées.

5-Venise joue un rôle politique primordial dans le déclin de l’Empire byzantin en détournant la
quatrième croisade qui s’achève par le pillage de Constantinople en 1204. Elle récupère alors une
partie des terres byzantins et se bâtit un empire territorial formé d’espaces côtiers et de plusieurs îles
(comme la Crète) qui servent d’escales aux convois vénitiens.

III-2-Les échanges culturels


=> Dans le monde musulman, les chrétiens et les juifs sont tolérés et peuvent pratiquer leur religion
à condition de payer un impôt spécial. On les appelle « dhimmi ». Dans le monde chrétien, la
tolérance est moins importante. Des musulmans vivent cependant dans les régions reconquises par
les Occidentaux en Espagne et en Sicile, où naissent des sociétés multiculturelles.
=> Les différentes communautés religieuses ne coexistent pas partout de la même manière.
→ doc 4 p. 83 : Dans les pays d’islam, les pouvoirs politiques et religieux définissent des règles,
comme ici en Afrique du Nord : il est interdit aux musulmans d’avoir des relations trop privilégiées
avec les dhimmis. Ils peuvent se rencontrer, coexister, mais leurs relations, cordiales, doivent rester
celles de simples voisins. Ce texte permet de comprendre que, par exemple, le mariage mixte est
interdit.
→ doc 3 p. 83 : Dans les villes espagnoles reconquises, comme Tolède, les minorités juives et
musulmanes sont tolérées. Leurs édifices religieux sont préservés (alors qu’ailleurs, comme en

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Europe du Nord, les juifs sont expulsés, etc). Toutefois les communautés vivent dans des quartiers
séparés, autour de leurs édifices religieux.
→ doc 2 p. 82 : La Sicile est reconquise par les chrétiens au XIe siècle. Chrétiens et musulmans y
entretiennent de très bonnes relations, grâce à la grande tolérance des souverains normands, comme
en témoigne ce texte écrit par un voyageur arabe. Les musulmans peuvent y occuper des postes très
importants.
=> Malgré les conflits, les chrétiens d’Occident nourrissent une véritable curiosité pour les savoirs
musulmans. En effet, grâce à leur conquête, les Arabes ont rassemblé un très grand nombre de
manuscrits rares et précieux de l’Antiquité grecque, qu’ils ont traduits et copiés. Dans les espaces
dans lesquels les musulmans et les chrétiens sont en contact (Espagne, Sicile, etc), ont lieu des
échanges culturels, des transferts allant essentiellement de l’Orient vers l’Occident. Le transfert se
fait d’abord par l’écrit : Tolède, en Espagne, devient un grand centre traduction des auteurs grecs ou
arabes. Ces traductions sont destinées aux étudiants des grandes universités du nord de l’Europe et
d’Italie. En 1142, le Coran est traduit en latin. Le transfert est aussi technique : les Arabes
transmettent aux Européens les chiffres venus d’Inde, mais aussi des techniques médicales, la
fabrication du papier, les techniques d’irrigation, etc. Le transfert est parfois architectural : les
églises et les palais bâtis en Sicile mélangent inspiration européenne et arabes. On parle de
syncrétisme culturel.

Schéma-bilan du chapitre

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