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THEME I LE MONDE MEDITERRANEEN / EMPREINTES DE L’ANTIQUITE ET DU

MOYEN-AGE

H2 - LA MEDITERRANEE MEDIEVALE / ESPACES D’ECHANGES ET DE CONFLITS A LA


CROISEE DE TROIS CIVILISATIONS
pp 64-89

Objectifs Ce chapitre visent à montrer comment les


civilisations entrent en contact, nouent des
relations et connaissent des conflits dans un
espace marqué pat les monothéismes juifs,
chrétiens et musulmans.
On peut mettre en avant :
- l’émergence de grands ensembles de
civilisation ;
- les contacts et les heurts entre Chrétiens et
Islam ;
- l’hétérogénéité religieuse et politique entre
Rome et Byzance et au sein du monde
musulman ;
- la persistance de la circulation de biens,
d’hommes et d’idées dans cet espace
méditerranéen relié à l’Europe du Nord, à
l’Asie et à l’Afrique.
Points de passage et d’ouverture Bernard de Clairvaux et la deuxième
croisade
Venise, grande puissance maritime et
commerciale

document d’accroche carte p 66-67


présentation du document carte construite par un auteur du manuel scientifiquement
incorrecte présentant la situation du bassin méditerranéen au milieu de XIIe siècle.
Identifiez les civilisations en présence autour du bassin méditerranéen au Moyen-Age.
- chrétienté latine
- Empire byzantin
- Monde musulman
Quels contacts entretiennent-ils ?
- contacts militaires
- échanges culturels
- échanges commerciaux (ports)

Après la chute de l’Empire romain (476), la Méditerranée est devenue un immense


carrefour de civilisations, de religions, d’invasions et d’échanges (une Méditerranée
partagée pour M. Balard). Trois grandes civilisations se partagent la Méditerranée
médiévale : l'Occident latin, l'Orient byzantin, le monde musulman. Au Moyen-Age , entre
les VIIe et XVe siècles, ces mondes se rencontrent, s’affrontent et échangent.

Pbq : En quoi la Méditerranée médiévale est-elle à la fois un espace d’échanges et de


conflits entre les trois civilisations qui la bordent ?
I – Trois grands ensembles de civilisation
Monde byzantin Monde musulman Monde latin ou Occident chrétien
Religion et culture Chrétien orthodoxe. Église d’Orient Islam. Un chef religieux et politique → Chrétien latin. Église dirigée par
dirigé par le patriarche de Calife. le Pape installé à Rome
Constantinople nommé par l’Empereur. Des divisions religieuses : Sunnites, Bible
Schisme de 1054. Chiites et Kharidjistes. Langue latine
Bible Coran
Langue grecque Langue arabe
Politique Empereur, héritier de l’Empire romain, Un morcellement politique : Morcellement politique.
représentant de Dieu sur terre (de droit - Fatimides puis Mamelouks → Une société féodale → société
divin). Basileus avec un pouvoir absolu. Égypte et Syrie d’ordres : ceux qui combattent,
Empire théocratique. - Turcs → Asie mineure ceux qui prient, ce qui travaillent.
Empire assiégé. - Omeyyades → Cordoue Expansion militaire
- Abbassides → Bagdad
d’ordresÉconomie Un Empire en crise. Déclin de la petite Vitalité des villes et du commerce Croissance démographique
agriculture. Essor économique.
Constantinople, plaque tournante du Amélioration des rendements
commerce mondial. agricoles
Utilisation du doc.2 p 69 pour définir le monde byzantin, du doc.1 p 69 pour l’Occident chrétien et de la carte pp 66-67

Des religions monothéistes, religions du livre. Présence également de communautés juives notamment autour de la Méditerranée
occidentale (exemple : Sicile - Tolède). Les brimades commencent réellement après 1150.
II – La Méditerranée, lieu de contacts entre les 3 civilisations

A) Des conflits
carte pp 66-67 Quels sont les lieux d’affrontement ? Qui opposent-ils ?
Appel d’Urbain II en 1095 + dossier pp 72-73 Bernard Clairvaux et la deuxième croisade ( point de
passage 1)
Présentez les documents (nature, auteur/source, date/contexte, destinataire, thème)
doc.a activité Appel d’Urbain II : sermon / homélie retranscrite à posteriori par Foucher de
Chartres dans son histoire de la première croisade rédigée entre 1100 et 1127. Celui ci est un
chroniqueur médiéval né en 1059 et mort en 1127 à Jérusalem où il s’était installé pendant la 1 ere
croisade. Le texte revient sur l’appel du pape Urbain II. Contexte appel / Les Byzantins sont mis
en difficultés par les Turcs (bataille de Manzikert en 1071) , tensions vives dans le royaume des
Francs. L’appel s’adresse aux évêques et aux abbés présents à Clermont (310) qui doivent
relayer le message. Cet appel est lancé à la fin du concile. Contexte rédaction de l’ouvrage de
Foucher de Chartres / Au début du XII e siècle, les croisées sont établis en Palestine et sont sous la
menace constante des Musulmans. Cet ouvrage plus généralement s’adresse aux croisés qui
voudraient rejoindre la région. Ce passage évoque les motivations qui ont pu conduire à la
première croisade.

Doc.b activité / carte du Proche-Orient au XIIe siècle illustrant les forces en présence (surfaces
colorées) et les défaites chrétiennes. Auteur cartographe de l’éditeur Hatier.

Doc.1 p 72 / récit du même Foucher de Chartres. Voir date, contexte et destinataire sur document
précédent. Cet extrait aborde le sort des Latins installés en Terre sainte et leurs relations avec les
Orientaux.

Doc.2 p 72 / carte de la Méditerranée représentant cet espace au moment de la 2 e croisade.


L’auteur est un cartographe du manuel. C’est un document actuel. Les surfaces colorées indiquent
les forces en présence ; les flèches, les mouvements des différentes troupes occidentales et les
points, les principaux objectifs de la 2e croisade.

Doc.3 p 73 / Sermon, discours rédigé par Bernard de Clairvaux, moine cistercien, conseiller des
rois et des papes (Louis VII), fondateur de l’Abbaye de Clairvaux. En 1146 celui ci est sollicité par
le pape pour organiser la 2 e croisade. Cet extrait est tiré de l’ouvrage « Éloge de la nouvelle
chevalerie » et il s’adresse aux chevaliers du Temple installés en Terre sainte. Il s’agit ici d la
glorification et la défense des « soldats du Christ », les Templiers.

Doc.4 p 73 / document iconographique, miniature illustrant un manuscrit de Robert le Moine.


l’œuvre est datée de 1188 juste avant la 3e croisade (1189-1192) et au moment de la chute de
Jérusalem aux mains des musulmans. Le document met en scène Frédéric Barberousse,
empereur du Saint Empire romain germanique (1155-1190). Il accompagne son oncle Conrad III à
l’occasion de la 2e croisade puis est un des principaux acteurs de la 3 e croisade. Par contre,
Robert le Moine écrit son ouvrage bien plus tôt. On a donc vraisemblablement ici une copie
tardive. C’est un chroniqueur de la 1 ere croisade dans un manuscrit intitulé Hierosolymitana
expedio (noter le titre différent dans le livre / ce document m’a posé bcp de pb). Empereur
représenté avec les attributs du croisé.

Doc.5 p 73 / récit de Ibn al Qalanisi (1073-1160), musulman chroniqueur et politicien de Damas.


Extrait tiré de l’ouvrage l’histoire de Damas écrit au milieu du XII e siècle qui revient sur les raisons
de l’échec de la 2e croisade. Ouvrage s’adressant à des lecteurs musulmans.
Réponse aux questions
- Urbain II lance cet appel car les Turcs ont envahi le royaume des Byzantins et ont notamment
saccagé le royaume de Dieu (Jérusalem). Il s’agit ci de porter secours aux chrétiens d’Orient
« vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d'Orient et qui déjà bien
souvent ont réclamé votre aide. » donc de rassembler tous les chrétiens, de s’affirmer en tant que
Pape. Urbain II souhaite aussi canaliser la violence qui sévit en Occident « qui jusqu'ici
s'adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu'ils soient
désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n'étaient que des brigands ! Qu'ils luttent
maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre leurs frères et leurs
parents ! » . Son argument majeur est que c’est la volonté du Christ. Il promet aux futurs croisés la
rémission de tous leurs péchés passés à venir. L’appel débouche sur la première croisade dont
l’objectif est de reprendre Jérusalem.
- Au début du XIIe siècle, on trouve des Byzantins, des Musulmans et des chrétiens d’occident. A
l’issue de la première croisade, les chrétien d’occident ont créé 4 États. Mais en 1144, la ville
d'Edesse est reprise par les musulmans dans le cadre du jihad (effort pour se comporter comme
un bon musulman, par extension, guerre sainte menée pour défendre le territoire de l'Islam),
entraînant le déclenchement de la deuxième croisade en 1146, dont on espère qu'elle aboutira à
la reprise d'Edesse, et à l'affermissement du contrôle des chrétiens sur ces terres sensibles.
- Des chrétiens se sont installés à l’issue de la première croisade et se sont plus ou moins mêlés à
la population (1ere phrase du document 2). Leur situation reste précaire. Les Turcs seljoukides les
encerclent.
- Bernard Clairvaux, moine cistercien est sollicité par le pape pour prêcher la croisade. Bernard
de Clairvaux défend donc dans le cadre précis de la croisade (guerre sainte) le droit des moines à
tuer, au nom de dieu, pour la défense des chrétiens et de la terre sainte. Par extension ce point de
vue justifie aussi l'action des croisés. Des souverains de toute l'Europe s'engagèrent en croisade,
soutenus par le peuple. Les croisés français et germaniques partirent en mai 1147.
- Selon Ibn al-Qalanisi, les chrétiens perdent car ils sont inférieurs ennombre. Les chrétiens
assiègent Damas sans parvenir à prendre la ville, ce qui laisse le temps à de nombreux renforts
musulmans d’arriver. Courant le risque d’être à leur tour assiégés, les croisés, divisés entre eux,
préfèrent abandonner le siège et s’enfuient. Bernard de Clairvaux est sorti humilié de l’échec de la
croisade. On lui reproche d'avoir lancé la croisade et de ne pas en avoir assuré le suivi ; mais
était-ce son rôle? [

Ces campagnes militaires montrent l'agressivité du monde occidental qui est très sûr de sa force
et de son bon droit. Le sentiment religieux galvanise les combattants mais c'est aussi une guerre
pour les richesses : l'Europe occidentale relativement pauvre et sous-développée est attirée par
les grandes richesses de l'Orient. Ainsi la 4ème croisade censée reprendre Jérusalem se termine-
t-elle par le pillage de Constantinople en 1204.

Face à cette agressivité, l'empire byzantin a peu de réaction. Les Musulmans, eux, finiront par
chasser les Francs du Proche Orient mais pas d'Espagne. En Orient, Jérusalem, 3ème ville sainte
de l’Islam, devient le but à atteindre dans le cadre du jihad ou guerre sainte. C’est Saladin,
vainqueur à Hattin en 1187, qui reprend cette cité. En péninsule ibérique les Chrétiens mènent la
Reconquista dans la même optique. En 1085, Tolède est prise par les chrétiens, ouvrant la voie à
la reconquête du centre de la péninsule. Au début du XIIIème siècle, une nouvelle offensive
chrétienne permet de vaincre les musulmans en 1212 à la bataille de Las Navas de Tolosa. Cette
bataille permet aux chrétiens de conquérir la moitié Sud de la péninsule (à l’exception de l’émirat
de Cordoue, qui résiste jusqu’en 1492).
B) Les contacts pacifiques : les échanges commerciaux. Venise, grande puissance
maritime et commerciale (point de passage 2).

Etude de cas Venise p78-79.

Sujet : A l'aide des documents du dossier p78-79, montrez que Venise est une puissance maritime
et commerciale.

1.C'est une puissance maritime :

→ car c'est une série d'îles à proximité du continent

→ car c'est le plus grand port méditerranéen de l'époque

→ car on y trouve un important arsenal où l'on construit des bateaux qui sillonnent la
Méditerranée

→ car elle domine une large partie de l'espace méditerranéen : Mer Adriatique, Mer Egée

→ mais aussi des territoires de l'arrière-pays

2.Cette puissance maritime permet et accompagne la puissance commerciale :

→ les routes de la navigation vénitienne sillonnent l'ensemble la Méditerranée et la mer Noire,


ralliant les nombreux comptoirs vénitiens en Afrique du Nord, dans les Etats Latins d'Orient, dans
l'Empire byzantin, en Grèce et sur les rives de la Mer noire.

→ on y trouve des comptoirs comme celui des Allemands : le fondaco, où ils habitent et font
commerce

→ on y trouve de nombreuses boutiques : au Rialto, avec ses boutiques qui se louent à prix d'or

→ et des magasins immenses, c'est-à-dire des hangars où l'on stocke les marchandises qui
arrivent à Venise

A partir du XIIe siècle, des échanges fructueux se nouent entre les trois rives de la Méditerranée.
Le rôle décisif est joué par les cités marchandes italiennes (Pise, Gênes et Venise) qui fournissent
aux croisés les navires nécessaires à l’expansion militaire de l’Occident et fondent au Proche
Orient des comptoirs ou fondouks (quartier commercial avec entrepôts). Les Occidentaux sont
demandeurs des produits d’Orient (épices, soie, alun, or, ivoire, produits agricoles…) et
bénéficient de ces échanges en multipliant les emprunts au monde arabo-musulman :

→ emprunts techniques : gouvernail d’étambot, astrolabe, maîtrise des vents, lettres de change
ou chaqq en arabe …

→ transferts de produits : abricot, rose, thé, café, poivre, safran …

Un nouveau système commercial mondial se met donc en place mettant en relation les circuits
commerciaux arabes et les circuits commerciaux européens : ce sont les marchands italiens qui
opèrent ces contacts. Est ainsi donc mis à jour un système monde centré autour de la mer
Méditerranée avec ses centres (régions de commandement) et ses périphéries (régions dominées
et exploitées par les centres).
C) Les échanges culturels : activité

Grâce aux conquêtes et aux contacts avec les Byzantins, les Arabes ont collecté de nombreux
manuscrits de l’Antiquité grecque (Aristote, Euclide, Pythagore…). Ces œuvres traduites ont
enrichi leur bibliothèques. Elles ont permis aux savants du monde musulman de faire progresser
les connaissances dans de nombreux domaines comme les mathématiques, la médecine,
l’astronomie et la géographie.

A partir du XIe siècle, dans les territoires reconquis aux musulmans, les Occidentaux découvrent
l’étendue de leur savoir. Certaines villes deviennent des centres de traduction comme Tolède en
Péninsule ibérique ou Palerme en Sicile. On y traduit les auteurs grecs et arabes en latin afin
qu’ils soient étudiés dans les grandes universités européennes.

En Péninsule ibérique et en Sicile, chrétiens et musulmans se côtoient et s’influencent notamment


dans le domaine architectural et celui des arts (croisement des influences byzantine, occidentale
et musulmane). On parle de syncrétisme culturel : Synthèse de deux ou plusieurs traits culturels
d'origine différente, donnant lieu a des formes culturelles nouvelles.

Conclusion

La Méditerranée au Moyen Age est un espace d’échanges riches et variés entres les trois
civilisations qui peuplent son bassin. Au XIIe siècle l’Europe occidentale, en plein dynamisme
économique, démographique et politique est le grand bénéficiaire de ses échanges, elle comble
alors son retard sur les plans technique et culturel, même si l’Orient reste le centre de la richesse.
Il faudra cependant attendre la fin du XVe siècle et la disparition de l’empire byzantin (1453) et du
royaume de Grenade (1492) pour qu’un écart notable commence à se créer entre ces civilisations
et que l’Occident débute son basculement vers l’Atlantique et le monde avec les Grandes
Découvertes

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