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Synthèse TD Histoire économique et sociale groupes

- Bibliographie :
- BRASSEUL , histoire des faits économiques, T1 : de l’Antiquité à la révolution
industrielleParis, A. Colin, 2003 (incontournable pour vos révisions)

CHAMPEYRACHE Clotilde, Histoire économique et sociale : de la préhistoire à 1975, Paris,


Ellipses,2010 (bien écrit, abordable pour les non initiés)

Partie 1 : Le premier Moyen Âge ( Vème – Xème siècle )

- Une lecture renouvelée des sources

La prééminence de l’étude de l’âge d’or de la période médiévale, à savoir les XIème, XIIème
et XIIIème siècle, a fait de cette période par les historiens une simple période rétrospective,
sorte d’introduction à l’étude du Moyen Âge central.

On y recherchait par exemple les origines des institutions caractéristiques des temps
féodaux, sans se préoccuper de savoir ce qui faisait leur spécificité, ni d’y détecter les formes
de la vie économique et sociale que l’évolution historique a peu à peu laissé dans l’oubli au
profit des structures dominantes des XIème – XIIIème siècles.

Ce regard sur ces siècles a évolué sous l’influence notamment des historiens de l’Antiquité et
a conduit à les percevoir progressivement comme des siècles de continuation, mais aussi de
transformation lente de l’héritage antique. Grâce à l’anthropologie, l’archéologie, ces siècles
commencent à être considérés pour eux-mêmes, comme temps d’éclosion de formes de
relations, de cadre de vie, de structures de production originales, empruntant
éventuellement à l’héritage classique, mais aussi à l’héritage protohistorique de l’âge de fer.

- Ce nouveau rapport à ces siècles quelque peu délaissés, mais en quelque sorte rajeuni par
l’intérêt transdisciplinaire, a rajeuni du même coup la problématique relative aux questions
économiques et sociales sur les thématiques suivantes :

-les caractères de la population occidentale

-les structures agraires et les structures foncières qui n’ont rien à voir avec l’image longtemps
écrasante du « grand domaine ».

-la définition d’une éventuelle croissance agricole et notamment l’existence d’un surplus de
production destiné aux marchés et non pas prélevé par le seigneur systématiquement.

-les structures et les techniques de la circulation et des transports.


-la nature de l’échange, archaïque essentiellement ou bien plus développé et prenant la
forme
d’un véritable commerce ?

-la fonction sociale de la monnaie

-la question du passage du primat de l’horizon méditerranéen : quand s’est opéré le


basculement du centre de gravité de l’Europe ( de la méditerranée à la mer du Nord cœur de
l’Europe riche) ? Quels en furent les causes, les signes et les conséquences ?

PLAN :
1-l’héritage ( Ve – VIIe siècle), une économie occidentale caractérisée par des structures
foncières, par des rapports sociaux et par des réseaux de circulation hérités directement de
l’Antiquité tardive.

2-une première esquisse de l’économie médiévale ( VIIe – IXe siècle) où le nord-ouest de


l’Europe épargné par l’épidémie de peste, connait un nouveau dynamisme, en particulier une
véritable croissance agricole dans le cadre de structures sociales et foncières en voie de
renouvellement et propices à l’accroissement de la production, et une ouverture à la vie des
échanges qui allait faire des mers du nord le nouvel axe majeur de la circulation, et entraîner
à terme toute l’Europe occidentale dans l’adoption d’un nouveau standard monétaire.

3- 850 – 950 effritement du référentiel religieux au profit d’une émergence progressive des
marchés, urbains ou ruraux, et un rapport à l’argent de plus en plus prégnant.

Partie 1 : Le premier Moyen Âge

1-L’héritage (Ve-VIIe siècle)

Période caractérisée par les invasions barbares au dépens d’un Empire romain décadent. 476 marque
la déposition du dernier empereur romain d’Occident.

-Une économie rurale

La centuriation :leg le plus structurant de Rome au paysage médiéval, s’agissant surtout des plaines
les plus peuplées où il fut le plus pratiqué.

Déf : quadrillage des territoire à l’aide de carrés orientés (les centuries) dont les dimensions
pouvaient atteindre plus de 500 m, et qui étaient matérialisés au sol par des chemins, des murets,
ou, là où s’imposaient le drainage ou l’irrigation, par des fossés ;

L’économie agricole peut prendre la forme de petites exploitations comme de grands ensembles
fonciers. Leur mise en valeur pouvaient être l’apanage d’ouvriers agricoles saisonniers, mais aussi
d’esclave.

Car l’esclavage rural a semble-t-il été remis au goût de jour par les barbares, voire revitalisé par ces
derniers qui le pratiquaient chez eux. Exemple : sur 498 articles de lois promulgués dans le royaume
wisigothique d’Espagne entre 567 et 700, 229 (46%) contenaient des dispositions relatives aux
esclaves. L’approvisionnement en esclave s’est fait au gré des guerres et conflits entre les royaumes
barbares.

Et l’influence de l’Eglise pourrait-on se demander ? Elle fût nulle au départ, autant sur le plan
théologique (se fondant sur les écrits de Saint Paul et Saint Augustin, elle recommandait à chacun de
rester à la place que Dieu lui avait assigné) que sur le plan pratique, car elle-même (ou plutôt ses
institutions églises épiscopales, basiliques funéraires, monastères) grande propriétaire utilisait
naturellement les esclaves sur ses terres. Bien des conciles interdisaient l’affranchissement des
esclaves travaillant sur ses terres ( Agde en 506, Clichy 626-627, Séville 597..)

-Les villes et l’économie d’échanges

Rôle des citadelles épiscopales assurant l’encadrement spirituel, mais aussi politique, social et
économiques des organismes urbains depuis que les élites traditionnelles les avaient abandonnés au
profit de leurs domaines ruraux.

Une économie caractérisée par de grands et petits métiers. Les textes évoquent, par exemple, à,
Cahors, Clermont, les corps de métiers du bâtiment hérités de la grandeur romaine et toujours
organisés suivant les normes anciennes, architecti et structores (architectes),lapidarii (tailleurs de
pierres) et caementarii (maçons).

Grégoire de Tours dans ses écrits évoquent l’existence à Paris, comme à Tour, de petits métiers
spécialisés, groupés en quartiers, et organisés en « collège » suivant les normes impériales.

Une perpétuation du monnayage antique. L’Occident des siècles protomédiévaux resta tributaire du
monnayage romain, en particulier du solidus d’or de Constantin, crée au début du Ive siècle, et qui se
voulait à proprement parlé un monnaie « solide ». Cette monnaie eut une postérité de plusieurs
siècles.

-Le grand commerce méditerranéen

Jusqu’au VIIe siècle la circulation des biens de luxe est restée tributaire du vecteur méditerranéen. La
découverte dans l’Ouest britannique de tessons de céramiques originaire d’Afrique du Nord, de la
mer Egée, ou de l’Anatolie, plaide pour la permanence d’anciens trafics.

Permanence de liens entre l’Occident méditerranéen et le Maghreb et l’Orient qui se resserrent


davantage avec la reconquête par Byzance au VIe siècle de l’Italie ostrogothique, de l’Afrique vendale
et d’une partie de l’Espagne wisigothique.

CONCLUSION : La grande peste des VIe-VIIe siècles

C’est de la méditerranée qu’arrive ce grand cataclysme dont les conséquences historiques n’ont
guère encore été mesurées par les historiens.

L’impact de cette épidémie sur l’Europe méridionale permet à l’Europe du Nord moins impactée de
rattraper en quelque sorte son retard sur le Sud, et c’est donc de là que viendrait à partir du VIIe
siècle le renouveau économique de l’Occident.
2-Une première esquisse d’une économie médiévale (VIIe-IXe siècle)

La fin du VIe siècle voit l’achèvement de la christianisation des peuples barbares, ou du moins de
leurs élites. C’est donc progressivement en Europe la fin de croyances comme l’arianisme par
exemple.

Par conséquent, émerge progressivement un sentiment d’appartenance à une même communauté


propice aux échanges de toutes sortes et à la diffusion de modèles éthiques ou politiques communs
entre ses diverses composantes.

La période carolingienne inaugure un pouvoir désigné et inspiré par Dieu, chargé de préparer au
mieux le salut du peuple chrétien, en lui assurant principalement l’ordre et la paix, mais aussi la
prospérité nécessaire à la sauvegarde de l’un et l’autre.

Penseurs carolingiens : idée d’ordre providentiel où chacun occupe dans la société le rang que Dieu
lui a assigné et dont il ne peut s’écarter au risque de compromettre la paix terrestre.

Des rois francs qui rayonnèrent de la seconde moitié du VIIIe siècle et dans le premier tiers du IXe
siècle, il faut retenir la figure de Charlemagne. C’est sous son règne que l’Occident devint un espace
économique homogène, dans lequel les modèles venus du Nord ( en matière d’organisation
domaniale qu’en matière monétaire)l’emportèrent désormais sur ceux du Sud.

-Accroissement démographique et nouveaux défrichements

Une reprise démographique significative qu’attestent notamment le développement considérables


de nécropoles, comme celle de Frénouville dans la plaine de Caen, ou celle de Bulach et d’Hailfingen
en Alémanie. D’autre part, l’extension des terroirs cultivés, telle qu’elle a été observée par les
archéologues et les éco historiens, est un indicateur de cette croissance démographique.

C’est une période de défrichements pour la conquête ou la reconquête des espaces incultes. On les
voit donc se multiplier en Rhénanie où l’on assiste à une véritable colonisation agraire.

C’est le début de l’enracinement du village, avec des constructions en dur qui se substituent au bois
précaires et vulnérables.

-Nouvelles structures foncières et progrès agricole

Si la petite propriété est encore une réalité dans le Sud, dans le Nord de l’Europe elle semble avoir
été intégrée dans les grands ensembles domaniaux, à la tête desquels on trouvait soit des notables
laïcs, soit des religieux.

De cette période date l’émergence progressive de l’organisation de la grande concentration foncière


subdivisée en réserve et en tenures.

L’intensification des cultures se généralise, avec une rotation des cultures, voire le développement
de l’assolement triennal dans certaines régions d’Europe.
L’économie domaniale voit la multiplication de grands équipements et le développement des
structures de transformation des produits de la terre. On assiste à une multiplication des moulins
dont la fonction principale est de moudre le blé.

Utilisation aussi du pressoir à huile que l’on retrouve proches des domaines oléicoles. Partout où il y
avait viticulture, il y avait pressoir à vin et celliers.

Les sources de cette époques (capitulaires) attestent en outre d’un artisanat rural foisonnant et la
formation de petits ateliers dont la production (textiles, poteries..) est progressivement destinée à
l’équipement et l’alimentation des villes.

-La nouvelle économie d’échanges

On assiste à une intégration des campagnes dans le circuit des grands échanges, qui s’explique par
l’évolution des conditions de circulation et de paiement, rendant ainsi le marché plus accessible à
tous.

En effet , une véritable révolution monétaire s’opère en Occident entre la fin du VIIe siècle et la fin du
VIIIe. L’occident, sous l’influence des marchands du Nord (Anglo-Saxons, Frisons) se convertit au
nouveau standard que représentent les protodeniers.

Cette période voit la lente amélioration des moyens de transport et d’échanges, notamment sur la
voie d’eau avec le développement progressif de la voile permettant de substantiels bénéfices pour
les marchands au long cours.

Cette période voit le basculement des horizons de la vie d’échanges du Sud vers le Nord. La
Méditerranée devenue musulmane a conduit progressivement à l’étiolement des trafics en
provenance de l’Orient.

S’ouvre alors une période qui va voir se multiplier sur les rivages des mers du Nord de nouvelles
structures portuaires ouvertes aux grands échanges.

Cette ouverture de l’Europe septentrionale au dépens du Midi préfigure l’amorce d’un renouveau
urbain.

Conclusion :

La peste comme première explication de l’émergence de l’Europe septentrionale, à laquelle il


convient d’ajouter la reprise des échanges marchands entre les rivages des îles britanniques, ceux de
la Gaulle et ceux de la Germanie continentale.

Une Europe gagnée par l’adhésion à une même religion, où se sont mis en place des ensembles
politiques cohérents, soucieux de faire régner autour d’eux la paix, l’ordre et la prospérité.
En résumé : un habitat rural rassemblé autour de son église ; une économie agraire de plus en plus
seigneuriale ; une économie marchande qui ravive les rivages marins ; un renouveau de la ville ; une
monnaie d’argent qui se répand partout ; on peut parler d’une ébauche d’économie médiévale
certes fragiles et qui subira les secousses des IXe-Xe siècles, mais le redémarrage ne pourra se faire
qu’en référence aux structures héritées des VIIe-Ixe siècles.

3-Périls et adaptations : Les conditions d’un nouveau démarrage (milieu du IXe au milieu du Xe siècle)

Grâce à l’Anglo-Saxon Chronicle, nous savons que dès avant la fin du VIIIe siècle les mers qui avaient
été les principaux vecteurs du renouveau de l’Europe septentrionale devinrent les voies de tous les
périls. Ainsi furent attaquées en 795 les côtes d’Irlande par les Norvégiens ; en 799 celles de Vendée ;
et au IXe siècle celles d’Espagne ; en 859 celles de Provence et d’Italie..

Dans le Midi ce furent les razzias (mot arabe pour désigner les raids, les pillages), visant les
cathédrales, basiliques et autres lieux de grandes concentration de richesses, qui iront jusqu’à
Poitiers en 732.

A l’Est, la menace principale vint des peuples des steppes.

Les sources occidentales sur ces événements proviennent en grande partie de l’institution
ecclésiastique, et donc d’un milieu dont la richesse avait fait une des cibles privilégiées de tous ces
prédateurs.

Les conséquences de ces événements sont mécaniquement (mais temporaires), un étiolement des
échanges ; mais c’est surtout le phénomène d’une agglomération accélérée, éventuellement
fortifiée, de l’habitat rural autant qu’urbain et d’un renforcement de la tutelle seigneuriale sur la
terre et les hommes qui s’explique par la désagrégation progressive des pouvoirs centraux, sous
l’effet des guerres civiles qui se multiplient dans l’Empire carolingien à partir de 830. C’est la fin
provisoire d’un rêve d’une République chrétienne, sous la bienveillante et efficace autorité de
l’empereur.

CONCLUSION DE LA PARTIE 1

Difficile de parler comme l’on fait de nombreuses générations d’historiens d’une période qualifiée de
« siècles obscurs ».

On voit en réalité que dès cette époque les contours de l’économie médiévale se sont peu à peu
précisés.

Si jusqu’au VIIe siècle la nature est restée envahissante, les cellules de l’économie agricole étaient
repliées sur elles-mêmes, les activité de transformation et de redistribution cantonnées dans les
citées murées, et le grand commerce limité à quelques grands produits de luxe venus de
Méditerranée, à partir des VIIe-VIIIe siècles sous les effets conjugués d’une amélioration climatique,
d’un tarissement des invasions, et de l’affermissement des structures d’encadrement politique,
religieux et social les contrées du Nord ont commencé de bouger.

Comment ?: croissance démographique, défrichements, dégagement de surplus agricoles,


monétarisation, ouverture du grand commerce aux horizons septentrionaux, développement de
nouveaux lieux d’échanges et de faubourgs urbains. Cependant, la faiblesse des progrès techniques
de cette période n’a pas permis le décollage d’une économie aux structures encore balbutiante et
trop fragiles pour résister à de nouvelles invasions.

Cette période constitue les prémisses de l’expansion médiévale des Xe-XIIe siècles, apparues dans le
Nord au cours du VIIe siècle et dans le Sud à partir du IXe siècle.

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