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Cours magistral 0: L'Eglise et le fait religieux en Occident, Xème – XIIIème siècle

Introduction générale : Histoire générale du fait religieux et de l'eglise en occident pdt la période du moyen
âge central

Elle insiste sur trois points :

– objet du cours = étude de l'église. Thème vient du grec Ekklesia -> latin = Ecclesia (=
rassemblement, assemblée. Quand on prend les textes du Moyen Age et qu'on voit les termes
ecclésia et l'église, ça correspond au rassemblement des chrétiens, et l'institution ecclésiastique. Le
fait religieux est une expression empruntée à la sociologie et implique une démarche historique
marquée par l'ouverture aux autres disciplines (sociologie, anthropologie, ...). Quand on parle du fait
religieux, cela veut aussi dire que dans l'occident on ne va pas considérer cet espace comme un bloc
monolithique mais qu'on va faire une place aux minorités religieuses.

– Expliquer ce qu'on entend par Moyen Age : renvoie à une époque "intermédiaire" entre l'Antiquité
et le Renouveau exprimé par le mouvement intellectuel et artistique de la Renaissance. On pense que
l'expression Moyen Age a été formée par Pétrarque mais cette expression est devenue surtout très
populaire à partir du XVIème siècle. Le découpage chronologique : Antiquité – Moyen Age – Temps
modernes, s'est imposé au XVIIIème siècle (encore dans les pays anglo-saxons), désormais dans le
suniversités françaises (Antiquité – Moyen Age – Moderne – Contemporaine). Les contemporains du
Moyen Age ne se sentaient pas "médiévaux". Cependant ce qu'on retrouve chez certains auteurs du
moyen Age, on retrouve un sentiment de modernité face aux anciens de l'Antiquité. Autre problème :
Comment on a choisi les dates ? Alors, la date souvent retenue par les historiens pour marquer le
début du moyen âge : 4 septembre 476 quand Empereur d'Occident, Romulus Augustus (qui avait
alors 15 ans, qui régnait depui 1 an) est déposé par le chef d'une coalition ennemie à l'empire. Le
contemporains eux-même au Vème siècle ont senti un changement, quelque chose cessait d'exister
(notamment ne plus avoir d'empereur). A partir de cette date jusqu'uau couronnement de
Charlemagne en 800 il n'y aura plus d'empereur. Quand la famille carolingienne décide de restaurer
l'empire c'est avec une volonté de retourner aux origines. Pour certains historiens français, la mort de
Louis XI marque fin Moyen Age. Ici, la date que l'on chosira pour la fin de la période sera en
fonction des thèmes étudiés.

– Ici, désaccords entre les historiens sur cette césure que l'on appelle Le Moyen Age. Trois
grandes périodes : Haut Moyen Age (fin Vème siècle – soit vers fin IXème siècle cf Mort Charles le
Gros en 888 soit vers le Xème siècle) ; Moyen Age central = époque féodale ( Xème siècle – fin
XIIIème siècle) ; [ le XIIIème parfois étudié à part (le beau moyen âge)]; Fin du moyen âge (= le bas
moyen âge ; l'automne du moyen âge ; le moyen âge tardif) pertes massives après la Grande Peste,
début d'institutions très fortes dans les régions. Nous choissons ici le Moyen Age central, l'occident
latin.

Découpage chronologique pour S1 : début Xème siècle jusqu'aux années 1170 (Cluny 910 -> Mort de
Thomas Becket 1170)
S2 : jusqu'à chute d'Acre en 1291

(Anne Marie Elvesius ++)


COURS N°1 : La chrétienté d'occident, face aux chrétienté d'orient
Le christianisme est né en Orient, il apparait en Occident peu de temps après la prédication de Jésus,
phénomène ancien en Occident. Dès le 1er siècle, on a des communautés chrétienne, puis dès le Vème siècle
le chrisitianisme est bien implanté en occident.

Le concil de Nicée en 325 est important car pleins d'aspects spirituel sont décidés à cette date là, au moment
où vous avez de nouveaux peuples qui arrivent en occident depuis l'est de l'europe qui s'installent parfois
sous des formes violentes mais la plupart du temps formes pacifiques de groupes familiaux. Le hristianisme
est déjà la religion officielle de l'empire d'occident du coup ces nouvelles populations qui arrivent
(germaniques, au sens large) se convertissent assez rapidement. Le paganisme n'est pas du tout du même
niveau que le christiannisme (christianisme très construit). En ce qui concerne les francs, la conversion de
Clovis a lieu tôt (496-511)/ Elles se sont converties à l'aryanisme ( ensuite considérée comme une hérésie)
correspondant au christiannisme orthodoxe dans l'idée de la trinité. Peu à peu convertis au chrstiannisme
orthodoxe. Pdt le MA, christiannisme est un espace dynamique vers le Nord (scandinavie), l'Est (les slaves),
le sud. Dimension prosélitique et aggressive. Différence avec christianisme pratiqué en Orient (à Byzance),
et les deux communiquent de plus en plus mal. Il y a donc des relations entre les autres religions du livre, les
païens et la chrétienté bizantine...

Le christianisme est présent à Byzance mais aussi dans les régions passées sous domination musulmane
(Palestine, Africain...). Des contacts existent entre chrétienté d'Orient et d'Occident : commerciaux,
intellectuels (empires bizantins, royaumes d'occident), religieux et politiques. Facteurs ayant conduit à des
divergeances entre ces deux espaces. La majeure :arrivée de populations slaves dans les Balkans (mi-VIème
siècle et milieu du VIIème siècle), l'installation de cfes peuples nouveaux dans les balkans s'est faite de
manière assez violente et aconduit à la rupture de certaines routes commerciales et les populations ont eu
plus de mal à se déplacer dans ces zônes là ; puis le facteur linguistine. Chrétienté d'Orient parle le grec
avant tout (en Italie du sud et en Scilie) mais le reste parle latin. Avec ces invasions et ruptures, il y a
beaucoup plus d'intermédiaires. Différences religieuses : en plus de la différence linguisitique, il y a des
différences de culte et de pratique théologiques. En ce qui concerne le culte, il y a un culte spécifique à
l'Orient : le culte de l'image et des icônes (Russie : icône Christ, Vierge etc... ). En Orient cela a donné lieu à
des crises profondes cf les crises iconoclaste. A Byzance (=Constantinople) il y a eu des crises iconoclastes
très violentes. Autre question du pain azyme pour l'ostie du sacrement pratiqué en Occident or en Orient on
n'a pas le pain azyme pour l'euccharistie. Ces différences de culte qui peuvent paraître mineures qui créent
les mal entendus. Pour l'aspect théologique, c'est le filioque qui pose problème. Changement du crédo décidé
pdt dans le Concil de Nicée (avant "Je crois en le Saint Esprit" -> Filioque "et en le fils"). Au départ à Rome,
on refuse le Filioque, puis peu à peu c'est complètement devenu la norme à la fin du XVème siècle. Or ce
n'est pas le cas à Byzance et cela fait hurler les byzantins. Enfin, autre point de dicorde : le rapport entre
l'Eglise et l'empereur. Désaccord profond entre Orient et Occident sur la relation à l'empereur et
l'organisation générale de l'église :

– Empereur : En Orient c'est l'empereur qui convoque et organise les conseils éclésiastiques. Et les
patriarches sont subordonnés à l'empereur (il peut décider d'en changer et c'est lui qui dessine les
diocèse). En Occident le Pape a décidé très tôt de rejeter le pouvoir impérial. Quand l'empereur
d'Orient essaie d'intervenir dans les assemblée éclésiatiques en Occident, l'évèque de Rome refuse.
Même quand l'empire va renaitre (germanique). Dès le haut moyen âge (évèque de Rome = Papa), se
considère comme le descendant de Saint Pierre et estime donc qu'il a la primauté sur l'Orient et
l'Occident, ce que refuse le patriarche d'Orient. Donc on a une dispute entre l'église d'Occident et
d'Orient. Quand l'empereur d'Orient convoque un concil, il n'y a que très peu voire pas de
représentants d'Occident. On a un véritable déchirement. On a donc une réorientation géopolitique
massive dès le haut Moyen Age, à la fin de l'Antiquité, Rome et Constatinople sont teès proches,
quelques sikècles plus tards, on a un Occident qui désormais se tourne vers le Nord, vers
l'Atlantique, vers la Germanie. On a donc une réorientation massive de cette partie du monde vers le
Nord. Au Haut Moyen Age on a un personnage qui représente le Pape à Constantinople ; puis quand
la Papauté est menacée par les Lombards, elle ne se tourne pas vers l'empereur d'Orient mais vers les
carolingiens d'où le couronnement de Charlemagne en récompense par le Pape Léon III.

Si on regarde l'histoire de l'Eglise et de la Papauté on a de plus en plus de Papes et d'ecclésiastes qui viennent
de germanie. A Byzance, il y a un renfermement, notamment l'orthodoxie qui est dénoncée par Byzance.

Il y a des théologiens qui voudraient que les deux chrétientés se rapprochent et il y a des tentatives de
rapprochements pour recréer une même chrétienté. De temps en temps on envoie des ambassades. A un
moment donné, il y a un facteur de rapprochement : les aventuriers normands : ils représentent très vite une
menace au XIème siècle, et on a pu noter un rapprochement entre l'empereur byzantin et l'évêque de Rome.
Les distensions croissantes entre Orient et Occident, aussi dûe à des changements géopolitiques
Milieu du XIe siècle, schisme de 1054 chrétiens orient/occident. Sans cesse on va tenter de la réunifier sans
succès.
1054 : paradoxalement : menace semble devoir permettre un rapprochement = arrivée des normands en
itlalie du sud et en Sicile. Duché de Normandie avec bcp de familles aristochratiques qui ont bcp de cadets
qui ont du mal à se caser. Ils vont d'abord vouloir se vendre comme mercenaires puis vont prendre des
ambitions politiques et se font de + en + menaçants.

Le Pape Léon IX va envoyer un émissaire en Orient pour demander de l'aide au Patriarche d'Orient, et
commet une erreur en mettant à la tête de son ambassade Humber de Moyenmoutier. Cet homme est à l'avant
garde du mouvement de réformes dans l'eglise et est très hostil aux chrétiens byzantins. Et en face, on a le
patriarche de l'eglise d'Orient, Michel Cérulaire, est très hostil aux chrétiens d'occident. Ils vont faire capoter
les négociations. On a des négociations conflictuelles. Le 16 juillet 1054, H. De M rentre dans une église de
constantinople et procède à un rituel d'excommunion Michel Cérulaire et ses proches et Michel Cérulaire
répond en convoquant une grande assemblée pour faire condamner les envoyés du Pape. D'où le schisme. Il
reflète bien la méconnaissance mutuelle des deux chrétientés, refltent aussi différence de langue, économique
et culturelle. On a du mal à savoir si le gros de la population ressentait la même chose ou si cela ne venait
que des élites. Puis, à force, le déchirement est rentré dans les meours. (1204 :Sac de constantinoples par les
croisés venus d'Occident)

Deuxième parties : la conversion des païens, cf scandinavie, pratiquent du paganisme.

Prosélitisme : faire des convertis, aspect essentiel du christiannisme. D'où ambition de convertir les non-
chrétiens. Les peuples nouveaux (germaniques notamment ) sont arrivés dans l'empire romain déjà chrétiens,
puis ils ont été rapidement convertis. Dans les îles britanniques, le processus à été moins rapides (saxon,
jutes, ... ). Ils s'installent à partir du Veme siècle et la conversation a été + longue et il y a eu des retours en
arrière. L'Eglise anglaise, une des plus brillante d'occident. A partir du Vieme siècle, l'occident converti, donc
Eglise ouvre ses frontières vers la scandinavie notamment. Premier temps : conversion forcée, peu efficace et
inégal, puis interventions pacifiques : meilleurs résultats. Premières population évangélisées : les saxons, on
les connait depuis longtemps, population relativement familière. On va les convertir d'abord par la force puis
par des missions pacfiiques. Population avec laquelle on entretient des rapports économiques, commerciaux.
Conversion relativement facile.
Vers IXe siècle, tentatives de conversion vers des terres qu'on connaissait peu : cf scandinavie , anecdotes de
moines face à des terres qui leur semble étranges : ce moine envoie un lettre à son abbé en Allemagne et il dit
"mais qu'est-ce que je dois faire si je mle trouve face à des hommes à tête de chien". Le moine Rimber (mort
en 888) est sincère.

( Il y a quelques années, on a retrouvé des fouilles dans le sud du danmark : on a retrouvé des masques de
feutre en tête d'animaux qui devaient servir à des rituels )

Premier front missionnaire : la scandinavie = Suède, Norvège, Danmark. Au Moyen Age central, on voit se
former de grands royaumes avec des ambitions politiques et de conquêtes notamment conquêtes de l'Islande
et donc dans ces royaumes les populations pratiquent le paganisme (Odin, Thor...). Le processus de
conversion s'est fait de manière diffférenciée :
– Le Danmark : 930 – Harald à la dent Bleue, roi du Danmark, converti par Poppo, l'a convaincu en
marchant sur des chardons ardants. Puis, il y avait le cimetière de Jelling, où il y avait la famille de
Harald, et il y a fait errigé une immense pierre avec des runes, et les runes racontent la conversion de
Harald, avec un mélange de symboles chrétiens et païens.

– La Norvège : le processus de conversion s'est fait par les scandinaves eux-mêmes, notamment ceux
qui avaient séjourné dans les îles britanniques. Via le roi Hakon le Bon, fils de Harald à la belle
Chevekure, élevé en Angleterre. Ils ont tenté, de retour d'Angleterre avec des missionaire, d'imposer
le repos le dimanche et d'annuler la fête de Yule. On sacrifiait des animaux, notamment les chevaux,
qu'on mangeait ensuite. L'hippophagie était souvent lié au paganisme.. Initiative très mal ressentie
par les populations, et Hakon est obligé de revenir en arrière, et sous la pression des grands de son
royaume, il doit boire au nom du Dieu Odin, et on sacrifie un cheval dont on l'oblige à inhaler la
fumée et à le manger. Il sera par ailleurs enterré dans un cinemtière païen et non chrétien.

– Le roi de Norvège, Olaf Tryggvason a tenté des expéditions pour convertir d'Islande. Les islandais
se réunissent en assemblée, et vont se réunir en 1000 pour voter la conversion au christiannisme pour
éviter la mainmise de la Norvège sur l'Islande.

– Suède : le roi Olaf ( 980 – 1022), refuse de revenir au paganisme, et fut assassiné, meurt en martyr.
On a une réaction païenne, en 1066 autour d'un grand sanctuaire à Uppsala, dédié au culte d'Odin de
Freyr et de Thor. On a une description très très intéressant, plus tardive, par Adam de Brème, tous les
9 ans, dans le sanctuaire, on sacrifiait 9 mâles par toutes espèces vivantes connues et on suspendait
les cadavres dans un bois sacré. Puis, dans les années qui viennent, le christiannisme parvient à
s'instaurer et le temple d'Uppsala a été détruit en 1090.

Le fait qu'on ait longremps hésité entre les deux religieux, on peut illustrer ça par les fonds baptismaux avec
les marteaux de Thor + la croix. On a également un objet encore + spéctaculaire : un moule de forgeron avec
la croix et le marteau

Le fameux chef Rolon, celui a qui on aurait remi la Normandie, se serait converti au christianisme mais sur
son lit de mort, aurait réclamé au sacrifice de ses esclaves pour l'accompagner dans la mort.

Evangélisation des slaves : forme de paganisme, bcp plus structurée, paganisme semblable à celui
germanique. Plus fort que scandinave. Adaibert de Prague tente d'évangéliser la Baltique mais meurt en
martyr. Tentative d'évangélisation depuis l'Allemagne/la germanie, front de mission, mais on a également un
front de mission byzantin. Les polonais, bulgares, magares, hongrois, russes, sont convertis à partir de
Byzance, d'où l'expansion du christiannisme de type orientale dans les pays slaves. Pendant très longtemps,
on a une partie des populations slaves qui refusent le christiannisme, voyage de Prusse, croisades visant à
évangéliser les slaves par la force.
Paganisme survécu + en slave : car dieux bcp + puissants, protecteurs, temples, prêtres (= évivalent d'un
clergé).

Description par Titmar décrit le complexe religieux de Rethra (actuellement en Allemagne du nord). Ce qu'il
dit, c'est que ce sanctuaire se présentait comme un grand enclos triangulaire avec trois grands portails
surmontés par des cornes, avec un lac, entouré d'une grande forêt. Le temple en bois était monté sur des
cornes d'animaux, et à l'intérieur du temple, il y avait de nombreuses idôles avec un heaume et une armure.
La Plus grande idole s'appelait Zuarasisci. Religion bcp + implantée et structurée que scandinave.

Troisième partie : chrétiens et musulmans

Peu de temps avec la mort de Muhammad 632, on voit les musulmans pénétrer en terres chrétiennes, vers la
fin du VIIe siècle, ils sont présents dans toute l'europe du nord puis dans la péninsule ibérique 711 à 716 puis
ils pénêtrent la france du midi, et Charles Martel aurait arrêté un raid musulmans de Abd Al-Rahman, à
Poitiers en 732. Conqûete de la Crète et de la Sicile se 827 à 902. Ils constituent une minorité en Sicile et
vont disparaître vers le milieu du XIIIe siècle.

Dans la péninsulte ibérique, au nord royaume chrétien, et au sud, le califat musulman. Cette frontière est
organisée, coté musulman, en district frontalier, qui sont contrôlées par des familles qui deviennnent de
véritables seigneurs. Et au-delà, au nord, les royaumes chrétiens. Dans cette région, les religions coexistent,
au bord des pyréennées : répartition : musulmans = plaine, chrétiens = hauteur, dans les montagnes. On
pense que dans la vie quotidienne, contacts fréquents entre les populations.
Sous Al-Mansur, raids dévastateurs contre les royaumes chrétiens qui survivent dans le nord de la péninsule,
999 raid de Saint Jacques de Compostelle, événement très choquant. Le problème c'est queces raids ne
conduisent pas à des conquêtes territoriales définitive, puis dès 1031 déstructuration politique, dû à des
discencion interne des royaumes musulmans (= Taïfas). Ainsi, les princes chrétiens qui vivent au nord, vont
payer des parias, aux familles musulmanes pour qu'elles reculent et desserrent leur emprise et va avoir lieu ce
qu'on appelle la Reconquista (fin en 1492), on va repeupler les territoires avec l'implantation de monastère et
en forçant les populations à se convertir.
Dans les regions Dal Andalous, les chrétiens et les juifs ont un statut particulier, comme étant des religions
du livre, le christiannisme et le judaïsme, ont le statut de la Dhimma, ils ont la liberté de pratiquer leur propre
religion et doivent payer un impot spécial, et sont dirigés par leur propre chef mais sous contrôle musulman
et interdiction absolue de pratiquer le prosélitisme. On tente également de leur imposer un vêtement distinct.
En Andalousie, on voit un phénomène de syncrétisme, c'est à dire, qu'on emprunte des éléments des
mosquées pour décorer les églises "Mozarabe").
Coexister // convivencia (vivre ensemble, coexister mais pas frocément de manière harmonieuse) Certains
historiens la remettent en cause (cf : dhimma).
Dans les élites, il y a pu avoir d'assez bonnes relations entre les 3 religions du livre mais dans les
populations, ces bonnes relations faisaient l'objet de critiques. Sujet brûlant de l'histoire qui incite encore au
débat.

Quatrième partie : chrétiens et juifs :

Les communauté juives sont présentent dans l'occident dès l'antiquité, dans l'espace de la France actuelle, il y
avait des communautés juives anciennes dans la vallée du Rhone, dès le début du MA, à Verdun. Il y avait
une communauté juive importante.
Les rois mérovingiens, puis carolingiens, puis Othoniens ont offert des privilèges importants aux juifs
notamment parce que s'étaient des communautés marchandes qui assuraient les relations en Orient.
Puis certaines se sont installées en Bavière, Vallée de la Meuse, du Rhin, et dans l'espace de la France
actuelle, dont à Rouan, communauté très importante et prestigieuse. Puis à Londres après conquête de
Londre.

En Occident sauf péninsule ibérique (sous contrôle chrétiens), le statut des juifs est relativement satisfaisant,
ne souffrent pas de persécution jusqu'à la première croisade 1096-1099, qui a ouvert les hostilités aux juifs.

La conversion forcée des juifs est condamnée à peu près partout, l'Eglise chrétienne voit les juifs comme les
témoins de la passion du Christ et refuse les conversion par la force. En théorie. Mais cela n'est pas respecté.

Code théologie 438


.
Père de l'Eglise très hostile aux juifs. Isidor de Séville, 636, auteur d'un traité polémique contre les juifs qui
a servi de modèle à toute la littérature polémiste du moyen âge. Juifs accusés de déicides (= tué Dieu).
Auteurs plus modérés : Abbé de Wesminster, Gilbert Crispin, 1093 "Dispute d'un juinf et d'un chrétien",
traité pacifiste, prône contact et dialogue entre les religions.
Bcp de commentateurs de la Bible, une bonne connaissance de l'ancien testament doit reposer sur une bonne
connaissance de l'hebreu, et des traditions juives. Peu de juifs parlaient l'hébreu en réalité, seuls quelques
savants.

Les juifs peuvent pratiquement librement leur religion mais il y a un certains nombres d'interdits mais qui
changent d'une région à l'autre : ne peuvent pas posséder de serviteurs et esclaves chrétiens, interdiction de
détenirdes offices publiques. Ce qu'on voit aussi, c'est l'interdiction pour les chrétiens de participer aux repas
des juifs, en revenche on encourage les chrétiens à inviter des juifs aux repas (pour convertir si possible).

Autre problème : les juifs sont totalement dépendants de la protection des princes (qui peuvent leur donner
des privilèges ou leur en enlever, ou les vendre aux communautés juives (ex : 1084, évêque de Spire, à
Rüdingen, leur réserve un quartier réservé, un cimetière respectif, et la possibilité d'avoir des serviteur
chrétiens et de commercer librement dans la ville et de participer à la défense militaire du quartier.

Ces dispositions ont été reprises par l'empereur Germanique, Henri IV, pour la ville de Worms en 1090

La communauté juive qui s'installe en Angleterre, on les pense venir de Rouen. On ne sait pas grand chose de
la vie des communautés juives en Angleterre, on sait juste que Guillaume le Roux leur a fait bon accueil et
que son successeur Henri Ier Beauclerc leur a fait une charte pour les protégée et elle sera renouvelée jusqu'à
l'expulsion des juifs d'Angleterre en 1291. Leurs privilèges leur permettent d'avoir leurs propres tribunaux et
de pouvoir trainer les chrétiens en justice. On avait des membres éminents de la communauté juives qui
avaient de forts liens avec des évêques et des membres de la haute artistocratie. On a un savent juif (converti
au christianisme), Pierre Alphonse : médecin du roi Henry I, il a laissé une oeuvre polémique contre les juifs.
On retrouve une représentation des juifs avec des chapeaux pointus. On a eu une guerre civile en Angleterre
en 1135, et là la communauté juive a commencé a avoir des problèmes politiques, le pays est divisé en
plusieurs camps et la fille de Henry I (dame des anglais) extorque des sommes conséquentes aux juifs avant
de détruire leurs maisons. En 1144, les juifs sont accusés de meurtre rituel avec le meurtre d'un apprenti
(William de Norwich = devenu un saint, avec un culte autour de son tombeau) pour se moquer de la Pâques
Chrétienne.

La chrétienté d'Occident connait une grande dilatation, connait un très fort dynamisme ; à retenir : la césure
(le schisme)avec la chrétienté d'Orient.

CM N°2: Etre chrétien, Xe-XIIe siècle

Première partie : la communauté chrétienne

La naisssance, au moyen âge, cantonné au domaine féminin, les sages femmes sont des femmes et les clercs
sont absents lors de la naissance. Cela veut dire qu'à la naissance, si l'enfant va mourir, les sages-femmes ont
le droit de baptiser l'enfant naissant. On a également des objets chrétiens placés près du corps de l'accouchée
et du jeune enfant pour essayé de faire en sorte que les choses se passent bien (remplacés les
amulettes/incantations de l'époque païenne), intéressant de voir qu'on donne aux femmes le droits de
baptisées. Dans la plupart des régions : les femmes = impures, doivent se baigner, rituels, ne peuvent pas
rentrer dans l'Eglise avant une période de 40 jours après l'accouchement. Cérémonie des relevaille qui
marque le retour dans l'Eglise active.

Ensuite le baptême, élément fondateur : baptême de Jésus par Saint Jean Baptiste. Le baptême a lieu très
tard dans la vie (âge adulte), pour les gens qui ont un travail dans l'armée ou dans une profession les
conduisant à verser le saint, se font baptisé en quittant la vie active (cf = les chrétiens ne peuvent pas verser
le sang). Plus tard au Moyen Age, se sont les adultes qui se font baptiser, il passent par une période
d'initiation , le catéchumènes. Au départ, seul l'évêque peut procéder au baptême (encore au XIIème siècle!).
Il a lieu dans un espace aménagé particulièrement : un baptistère, avec une piscine de grande dimension
(pour l'immersion des adultes). Moment important car moment où le fidèle procalme sa foi et son
appartenance à la communauté catholique. Cependant, de plus en plus baptême d'enfants, et à ce moment-là,
baptisés par prêtres de leur paroisse. Le baptême précoce est appelé le pédobaptisme. Le baptême est aussi
le moment où on va recevoir un nom. Très longtemps, c'est d'abord un nom présent dans la famille qu'on va
donner aux enfants. Comme jeune, on attend la confirmation pour réaffirmer son adhésion aux dogmes de
l'Eglise. La pratique c'est d'avoir un parrain et une marraine comme garants spirituels qui ont un rang un peu
supérieur dans la société afin d'offrir à l'enfant une protection sociale. Quand on arrive à la confirmation, on
a de nouveaux deux parrains et deux marraines. Il peut être conféré par le prêtre et la confirmation demeure
la pérogative des évêques.

Comment on sort de la communauté des chrétiens : c'est l'apostaisie (changer de religion) ; mais aussi par
l'excommunication (ou anathême), c'est une peine prononcée par un évêque et qui fait l'objet d'un rituel
spécifique. Il es t rarement représenté ; celui ou celle qui a été excommuniée, ne peut plus participer aux
rituels de l'eglise, ne peut pas recevoir les derniers sacrements, et ne sera pas inumé dans un cimetière
chrétien et on interdit aux autres chrétiens de leur adresser la parole (= mort sociale). Autre type
d'excommunication (mineure, moins lourde, surtout ceux qui ont désobéit en restant en contact avec
l'excommunié majeur), toujours possible pour l'excommunié de revenir s'il fait pénitance (+ ou – lourde).

Les laïcs, le terme laicus = grec laikos -> laos = le peuple, c'est àd ire "commun du peuple", qui n'est pas
clerc. Laïque : les femmes et/ou ceux qui revandiquent d'être laïcs face à l'Eglise. Le terme clerc vient du
latin cléricus, du grec kleros, signifiant "tiré au sort" pour uen charge spécial, renvoie à l'idée de remplir une
fonction religieuse. Réservé aux hommes, mais si on traverse la manche, on trouve des prêtres et évêques
femmes. Bcp d'hommes faisaient du commerce en se servant du fait qu'on les qualifiait de "clerc". On
pouvait les reconnaître via la tonsure, normalement marque de reconnaissance du clerc. En théorie il doit
porter des vêtements sobres et sans ornements. Autre manière de distinguer du clerc et du laîc : pratique de
l'écrit. Quand on a quelqu'un qui sait écrire en latin : présence d'un clerc, qqu'un qui a eu une formation pour
servir dans l'Eglise.
De plus en plus de laïcs qui maitrisent le latin : juges, notaires, administrateurs, princes, écrivent en latin
mais ne sont pas des clercs. Autre critère : le célibat, ne concerne qu'une partie du clergé, le clergé mineur.
Pdt très longtemps les prêtres sont mariés, reconnus socialement et enfants légitime. Fin du XIeme siècle, on
commence à interdire le mariage des prêtres.
Autre critère, on a la division en "ordines" (sing : ordo), en ordres. Notion héritée de l'antiquité et qui renvoie
à l'idée d'un bon ordre, d'une bonne organisation générale de la société et communauté chrétienne, renvoie
aux différents groupes par la sociétés définis du point de vue de leur fonction religieuse. Dès la fin de
l'Antiquté, auteurs proposent de classer leqs membres de la communauté chrétienne en fonction de leurs
fonctions religieuses. Opération binaire : laïc//clercs ; ordre du clergé // ordre des nobles. Puis shcéma
ternaire : gens célibataires // mariés vertueux (= abstinance sexuelle dans le mariage) // gens mariés qui ne
pratiquent pas l'abstinance ; laïcs // moines // prêtres . Le plus connu : Adalbéron de Laon, société en trois
grands ordres: ceux qui prient (oratores) , ceux qui combattent,(bellatores) ceux qui travaille (laboratores).
Quand on avance dans le temps, il y a de nouveaux schémas qui apparaissent

Deuxième partie : la Vie et la Mort du chrétiens

Religion très liturgique et liturgie très complexe très tôt ; la liturgie : ensemble des rites et célébration qui
marquent la vie du chrétiens et fait son lien au divin. Terme de liturgie vient de grec, introduit que vers
XVIIeme siècle, on parle alors d'opus Dei, office ecclesiastique, office divin.

Le chrétien doit connaître les prières, le crédo, essentielle, profession de foi et prière du seigneur. Geste de
la prière différents d'aujourd'hui : ajd on prie les mains joints, avant on peut prier allongé à terre, les bras
écartés. Les chrétiens peuvent avoir des reliques, la croix (= usage relativement tardif comme objet de
commémoration de la passion du Christ, peu répandue avant le Iveme siècle), signe de croix introduit au
IIIeme siècle. La croix fait objet de dispute, les hérétiques refusent la croix en considérant que c'est un
symbole malfaisant. Dans la vie quotidienne : interdit alimentaire, encore au XVIIIe siècle : ne pas
respecter le jeûne du carême, pouvait attirer de gros ennuis : jours de jeûnes, interdit de viandes : pas de
viande de cheval (= signe de paganisme), absitance sexuelle

La liturgie et les sacrements : quand on parle de sacrements, on renvoit à un rite qui octroie la grâce divine.
On a l'eucharistie qui est le sacrement centrale de la messe ou la communion : deux parties : le service du
verbe (lire un passage des écritures) le sacrifice de l'offrande (pose problème = acte de mémoire qui
commémore le dernier repas du Christ, mais également le sacrifice du Christ sur la croix) c'est un rituel qui
fait que le pain et le vin qu'on sacrifie se transforment en sang du Christ et en chair du Christ, c'est l'énoncé
du prêtre qui fait cette trasformation. A l'époque, XIIème XIIIème siècle, on a des théologiens qui refusent la
transsubstanciation en prétendant que c'est faux. La liturgie des laïcs était organisée autour de sacrmeents
essentielles : sacrement est un rite qui occtroie la grâce divine. Et le principale sacrement c'est l'euccharistie
qui est le sacrement central de la messe, la communion. En deux parties : le service du verbe et le sacrifice de
l'offrance (fidèle qui offrent du pain, du vin, autre chose...). Ce sacrifice c'est à la fois un rituel et un acte de
mémoire (=on se remémore un moment de la vie du Christ, la Scène, sacrifice Christ sur la croix) et en
même temps un rituel qui fait en sorte que le vin et le pain offers par les fidèles, sont transformées en chair et
sang du Christ (= transsubstanciation), théorie qui pendant très longtemps n'a pas fait l'unanimité. Encore
au XI et XIIeme siècle, restent des discordes sur la transsubstanciation.

Cette théorie s'est accompagnée de l'attente du prêtre d'être un personnage sacré, notamment qu'il ne soit pas
marié (pas un être charnel), la doctrice eucharistique va s'accompagner de l'exigeance de célibat du prêtre (à
partir du XIe siècle), on ne veut pas que les fils des prêtres héritent des églises, dans le même temps les
fidèles sont éloignés de l'autel (avant, ils offraient, le pain, le vin), on change le pain des fidèles et en faire un
pain azim (purifié). Ils continuent néanmoins à faire des offrandes aux prêtres : exemple de l'abbey Saint
Tronc en Flandre, on a la liste pour le XIIème siècle, de tout ce qu'offraient les fidèles (fromages, pièces de
monnaie, chevaux, boeufs, cire, béliers...). Jusqu'à la fin du XVe siècle, les fidèles communient avec le pain
et le fin, après c'est le prêtre qui boit le vin, et les fidèles reçoivent l'ostie.
A côté du sacrement de la messe, il y en a d'autres : le baptême. Mais aussi le mariage : (junctio manuum =
fait de joindre les mains), longtemps considéré comme pas un sacrement. En France, pendant longtemps, le
mariage est béni devant l'église mais pas dans l'église. Mais beaucoup de théologiens considèrent que le seul
consentement des époux sans bénédiction d'un prêtre est valable et reste un mariage. Il y aura beaucoup de
mariages trainés en justices : considérant qu'il doit y avoir cohabitation/consommation du mariage par la
chair, parfois on envoyait des filles de 8 ans dans la famille de leur futur époux : y a -t-il mariage sans
consommation ?? Discorde chez les hommes de loi. Il y a aussi la pénitence (péchés absoud par les prêtres),
et aussi l'onction des malades : dans toutes les maisons on garde de l'eau bénite pour les malades, quand il
estsur son lit de mort, il reçoit un viatique sous la forme d'une communion par un prêtre sur son lit de mort :
confession + absolution pour ses péchés + communion, cet ensemble s'appelle l'extrême onction.
La question des sacrements fait l'objet de très nbreuses disputes, et de nombreux théologiens considèrent
qu'il n'y a que deux sacrements (baptême + eucharistie), d'autres qu'il y en a jusqu'à douze, et la liste qui finit
par l'emporter c'est la liste de Pierre Lombart (meurt en 1160) qui fait une lioste de sept sacrements :
baptême, confirmation, eucharistie, pénitence, extrême onction, mariage, ordre (que les clercs).

Troisième partie : la pénitence

Religion de pénitence depuis, le premier péché : Adam et Eve chassé du Paradis (péché originel). Entâche la
nature humaine. Dans la vie quotidienne, l'Homme commet des péchés : les péchés mortels (graves, à
condition d'être cpmmis en connaissance de cause), les péchés véniels (latin, venia = le pardon) = des
péchés mineurs. Péchés dits capitaux dont découlent tous les autres (une classification appelé le septénaire
des vices ) : l'orgueil, la luxure, l'envie, la colère, la gourmandise, l'acédie (= dépression, perte de foi en Dieu,
perte d'envie de se lever le matin), l'avarice.

[ Référence à un poème de Prudence : psychomachia, qui montre la lutte entre Hommes et péchés, donnera
lieu à des représentations iconographiques.]

Comment on efface les péchés : par le baptême ou le martyr (radical, on est sauvé si martyrisé par des
païens car donne communion immédiate avec Dieu), vie acétique coupée du monde car bcp de théologiens
pensent que la vie de monastère efface les péchés, ou encore le sacrement de pénitence (= le laïcs/chrétien va
confesser ses péchés et ensuite on va lui donner une pénitence à accomplir, plus ou moins grave et elleva
conduire à l'absolution des péchés.) Vers la fin de l'Antiquité et début Moyen Age, seuls les évêques peuvent
accorder le sacrement de pénitence puis après, les prêtres le peuvent aussi. Puis, plus on avance dans le
temps, on ne peut faire pénitence qu'une fois dans sa vie, en public (humiliant), de plus, lorsque l'on avance
encore dans le temps, il devient possible de faire pénitence une fois par an, puis de tarifer les péchés : pour
tel péché, alors le fidèle aura à faire tel ou tel pénitence (pèlrinage, actes de charité) et onva attendre du
fidèle de faire acte de sa contrition (sincérité). Néanmoins quand on a quelqu'un qui est accusé de meurtre,
on peut lui donner absolution mais cela ne lui permet pas d'échapper à la justice. Cas intéressant : criminel
accusé de meurtre/crime grave, peut se réfugier dans l'église paroissiale ou cimetière de l'église et considéré
comme réfugié. Alors le prêtre de la paroisse va servir d'intermédiaire avec les paroissiens et ce qui arrive
souvent c'est qu'au bout de quelques jours le criminel est remis à la justice

Quatrième partie : christianisme religion de la mémoire

La grande spécificité de cette religion : elle est très comémorative. On le voit dans le calendrier chrétiens :
comémore des événements de la vie du Christ, et des Saints (date des sains comémore leur date de mort). Ce
calendrier d'abord hebdomadaire : la semaine commence le dimanche, avec le jour du seigneur. Les jours de
la semaine célèbrent des divinités païennes, n'ont pas été christianisée. Lundi = lune, mardi = mars, mercredi
= mercure, Jeudi = jupiter, vendredi = , samedi = sabbat/saturne.
Cet aspect se trouve dans les fêtes : Noël, Epiphanie, Pâques (calculé sur calendirer lunaire donc existance
pdt longtemps de calendriers concurrents), carême (= période de jeûne), jour du chrétien (problème des
heures de la journée du chrétien calculé sur les temps de soleil donc varient en fonction des périodes et
époques de l'année) : les matines (ou vigiles) = milieu de nuit, les laudes = à l'aurore, prime = première heure
du jour, tierce = troisième heure du jour, sexte = sixième heure du jour, none = neuvième heure du jour. Enfin
le soir : les vêpres, et complies à l'heure du coucher. Les moines prient à toutes ces heures canoniales.

C'est donc une religion très complexe marquée par des variations importantes, selon les chrétiens les
pratiques sont très inégales et certaines pratiques semblent encore très proches du paganisme (prêtres
accusent paysans de rester dans des croyances païennes). Il ne faut pas parler de syncrétisme ( = pas de
fusion des pratiques !) mais plutôt une coéxistance, adoption des coutumes païennes par les chrétiens. Puis
variations locales très fortes entre les églises : calendriers peuvent être différents mais on finit par voir
l'influence de Rome et conduira petit à petit à l'uniformisation des pratiques. Ca c'est fait en même temps que
Rome introduisait des modèles culturels romains : diffuse objets, rituels, calendriers romains...

CM N°3 : Ici et là-bas : de l'encrage dans le lieu à l'au-delà

Introduction au cours :

Pendant très longtemps les chrétiens des campagnes ont du se rendre soit dans l'église de l'évêque pour
recevoir les sacrements, soit dans l'église d'un monastère ou bien dans ce qu'on appelle les grandes églises
(qui possédaient un baptistère), on les appelait aussi Mater Ecclesia. Au début du Moyen Age, les fidèles
doivent devenir au moins trois fois par an à l'église, avec leurs offrances (pain, vin, bétail...). Pendant très
longtemps, l'église de l'évêque, des monastères, et grandes églises, ont refusé aux fidèles d'avoir leur propre
église plus proche d'eux (intérêt économique). Pendant très longtemps il y a eu des conflits entre les fidèles
qui voulaient une vie chrétienne plus proche, et l'intérêt économique pour les églises
monastiques/évêques/grandes églises. Rapidement les églises pourtant se multiplient, caractéristique d'une
transformation et d'apparition des églises paroissiales (citation de Raoul Glabert : la terre se couvre d'un
blanc manteau d'églises). Rôle de fixation des populations à un endroit précis. Entraîne aussi un lien
particulier entre vivants et morts (cf : présence des cimetières)

Première partie : l'ancrage dans le lieu. La paroisse l'église paroissiale et son mobilier

1. L'église

L'église, à partir du moment où le pedo baptis existe, alors les églises sont dotées de fonds baptisteaux. Les
reliques des saints vont renforcer l'influence d'une église (quasiment pas d'églises sans relique). Autour de
l'église, l'espace portégé souvent fortifié qui accorde le droit d'asil : l'aître (on y enterre les morts, tribunaux,
les marchés = veulent échapper aux taxes locales). Il n'y a pas de site de peuplement sans église, et les
populations sont très attachées à leur église locale, de nombreuses sources le montrent très bien.

[Anecdote : Pierre de Bruis a préché en la région de Toulouse, radical, préchait que Dieu n'avait pas besoin
d'églises, qu'il était partout et invitait les fidèles a détruire les croix. Et les habitants ont été absolument
furieux car ont considéré que c'était une attaque envers leur église, ils ont alors fait un grand bûcher avec
leurs croix et ont mis Pierre de Bruis dessus.]

Quand on a un seigneur qui acquiert une région et y fonde un village, va faire venir un prêtre pour y fonder
une église. On a également un domaine nommé l'incastellamento : regroupement des populations sur des
lieux donnés, s'est accompagné de fondation d'églises souvent au centre du nouveau village. Le problème
c'est que les autorités ecclésiastiques ne se sont pas laissées faire (= nouvelle église = perte de revenus pour
eux), y a eu de nombreuses négociations.

[Exemple de Prayssas (Lot et Garonne), village ecclésial car construit autour de l'église.]*

Contribue à encrer les populations sur place car fidèles à leurs saints, leurs morts, et vont rester là.
L'église paroissiale est desservie par un prêtre chargé du soin des âmes (cura animarum), chargé des
sacrements, il doit vivre et pour cela il a des ressources (= la dot de l'église, soit la glèbe ) la partie du
terroire paroissiale destinée au prêtre. Elle peut représenter 1/5, 1/4 voire 1/3 de la surface. (finage)
En plus de la glèbe, le prêtre doit recevoir ce qu'on appelle la dîme ( = calculée sur 1/10 environ sur la
récolte ou bien les animaux nés pendant l'année). Revenu assez considérable, ce qui explique pourquoi dans
la majorité des cas ce n'est pas le prêtre qui reçoit la dîme : soit l'évêque, l'abbaye ou les seigneurs
protecteurs de la paroisse. On a aussi les offrandes (comme autres types de revenus) lors de la messe ou
d'autres sacrements. Le prêtre est obligé de remettre au seigneur du village / à l'évêque une partie des
offrandes et peut garder la Portio Congrua (ce dont il a besoin pour vivre). Les prêtres restent donc
relativement modestes. Au Xème et XIème siècle les églises sont des monuments plutôt modestes,
ressemblent à des petites boîtes, puis avec le temps on a des tours (pour les cloches) puis un bras de chaque
côté ( = le transète), puis on commence à avoir des églises qui ont un plan en croix. On n'a pas de séparation
entre le choeur et la neffe, et c'est uniquement avec le temps qu'on commence à construire des clotures.
Quand on a commencé à voir les églises paroissiales se démultiplier, les fidèles sont très proches du prêtre,
c'est une communauté soudée et forte.
On a tendance à construire les églises de manière fréquente à cause du mobilier, construction en bois,
luminaires, vêtements... Qui génèrent des incendies régulièrement.

La plupart du temps, les églises qu'on connait dites médiévales datent du XIVème siècle, on a beaucoup de
mal à savoir comment été constituées les églises antérieures. Mais on sait que dès le début les églises doivent
avoir des livres dans un armarium. Dans les livres, on doit avoir : un psautier (qui contient les psaumes), le
missel (contient les textes nécessaires pour la messe), graduel (pour les chants). Puis dans les églises
importantes, on a un certains nombres d'objets liturgiques (exemple : émail du Limousin, fin XIIème –
XIIIème). Même les églises relativement modestes ont des décorations et des peintures.( exemple : église
d'Avenas avec une structure très modeste mais avec un autel très finement sculpté).

2. La paroisse

L'église apparient à une organisation qu'on appelle la paroisse. C'est au cours du XIIème siècle qu'on connait
les limites d'une paroisse : le plus souvent ce sont des croix posées aux limites d'une paroisse. D'ailleurs les
processions organisées aux XIIème siècle suivent les pourtours des paroisses.

Elles sont de tailles extrêmement inégales, en France ou dans le sud de l'Angleterre, elles correspondent
souvent à un village, et parfois dans le Nord de l'Angleterre on peut avoir plusieurs villages réunis autour
d'une seule paroisse.

Dans les villes, les paroisses sont en nombre très inégales, dans certaines villes, les paroisses représentent
les quartiers d'une ville. Ou parfois, lorsqu'une ville est coupée par un fleuve, chaque côté du fleuve aura sa
paroisse. Il y a aussi des abbaye, des couvents, ... En Italie c'est un cas particulier : les villes italiennes ont
l'église de l'évêque puis une église paroissiale. Mais dans le cas des villes Anglaise, il y a un nombre de
paroisses inoui et le cas le plus spectaculaire, c'est celui de Londres (cf : carte de Londres avec toutes les
paroisses cf Moodle) : 189 paroisses pour la cité, record en Occident. En effet, ce sont des groupes de
voisins qui se sont associés pour avoir leurs propres paroisses. Londres est très riche.
Exemple : Paroisse Saint Augustine,les limites de la paroisse ont formées par les limites des habitations de
trois personnages : Alfred de Winsor, Nicholas Parvus et Hugues le Noraeis).

Deuxième partie : les vivants et les morts

1. Les modes d'inhumation

Sujet assez à la mode dans les années 70, mort = événement familial et privé. On commence par fermer les
yeux et la bouche du défunt et ensuite on lave le corps et on peut l'enduire d'ongan. Ce qu'on peut faire aussi
c'est envelopper le corps nu dans un linceul (tissus en lin) ou si on n'a pas de linceul, revêtir le corps des
habits révélateurs de la condition social du défunt. Ensuite on mène le corps en procession vers le cimetière,
et au départ au Haut Moyen Age, l'Eglise intervient très peu dans les rituels funéraires, il peut y avoir des
clercs présents pour chanter des pseaumes mais ce n'est pas la règle. Peu à peu ce qu'on voit c'est l'église
intervenir contre les manifestations de richesses matérielles, c'est à dire qu'elle refuse qu'on enterre les corps
avec des bijoux, refusent les diners somptueux pour "célébrer" la mort, condamne aussi des lamentations
excessives. Ainsi, les inhumations deviennent de + en + simples, il n'est plus rares qu'on inhume les
personnes sans leurs vêtements sauf pour les personnages de très haut rang. (exemple du Pape Silvestre
inhumé dans un sacrophage et dans ses vêtements). Au début du Haut Moyen Age, quand on accompagne le
corps dans le cimetière, une fois arrivé, on va brûler le corps. Et à ce moment-là on dispose les cendres et les
ossessements restant dans une urne et on va déposer à côté des offrandes. C'est également une pratique
découragée par l'église et qui s'efface. Ainsi dès le Xème siècle, l'inhumation devient la règle : dépot du corps
en pleine terre ou dans un cercueil en bois
2. Les lieux d'inhumation

Pour le Haut Moyen Age, l'inhumation se fait en dehors des lieux d'habitation et des villes, mais avec le
christianisme, les premières églises chrétiennes se sont développées à la périphéries des villes, sur les
premières nécropoles. Cela explique le raporochement graduel entre les vivants et les morts. Ce qu'on voit
c'est qu'au Moyen Age Central, qui dit rapprochement des populations, dit création d'un cimetière. Dès le
Xème siècle, les cimetières commencent à apparaître dans les villes et à côté des églises paroissiales. Et
quand on a des fidèles importants, ils ont le désir d'être inhumé près d'un saint ( = plus de chances pour aller
au paradis). Les gens riches font alors tout pour être inhumé dans les églises. Y a un phénomène particulier :
celui des cimetière urbain, la population, même modeste, essaie de se faire inhumer dans les églises (mais ici
par manque de place). Le problème qui se pose, c'est qu'on a dans le cas des villes, on a des cimetières assez
exceptionnels (exemple : le cimetière des innocents à Paris, en dessous de Halles). On attendait la
décompositon des corps pour les rassembler dans un ossuaire.

3. Les revenants

Ce rapprochement des morts et des vivants, donne lieu à l'invasion des revenants : de plusen plus de récits
de revenants ( = des gens qui apparaissent aux vivants pour leur donner des informations sur l'au-delà).
Il y a deux types de morts : les saints ( = vont tout de suite au Paradis, peuvent nous apparaître pour nous
informer sur ce qu'il se passe au Paradis), mais on a aussi d'autres morts (= rendent visite quand le rite de
passage, d'inhumation, n'ont pas bien été fait). Ils viennent généralement le lundi, sur le seuil des maisons ou
près de leur scépulture.

[Didier Lett disait "On voit se fissurer le mur entre les vivants et les morts".]

C'est également au XIIème siècle qu'on voit apparaitre les récits sur des chasses fantastiques : ceux qui ont
chassé le dimanche destinés à chasser éternellement. La mesnie Allequin.

Troisième partie : les visions de l'au-delà, Paradis, Purgatoire et Enfer

Livre de Jacques Le Goff : La naissance du purgatoire

Deux notions essentielles dans le christianisme : rétribution éternelle : le jugement des âmes mais on doit
attendre le jugement dernier ; les élus auront droit au Paradis et les réprouvés seront jetés en Enfer. Le
problème de l'Enfer c'est que c'est aussi une notion qui a subi une évolution. Dans le christianisme ancien, au
départ c'est un lieu neutre, les limbes (aujourd'hui les limbes est le lieu où vont les enfants no-baptisés),
progressivement l'Enfer est devenu le lieu pour les réprouvés avec l'idée que leurs âmes vont y être
tourmentées pour l'éternité. On l'estime situé au centre de la terre.: on le représente comme un lieu clos dont
on ne peut pas s'échapper.

Dès Grégoire (9 ?) estime qu'on ne doit pas attendre le jugement dernier, Richard de Saint Victor au XIIème
siècle dit bien que tous les humains sont jugés immédiatement avec leur décès, mais que les mauvais vont
directement en enfer, et les bons devront attendre le jugement dernier pour aller au Paradis. Une autre idée en
parallèle qui se développe, c'est qu'entre l'Enfer et le Paradis, il y a un troisième lieu : le Purgatoire. Ceux
qui sont coupables de péchés véniels, vont au Purgatoire pour un séjour temporaire, peut être écourté quand
les vivants multiplient les messes et prières pour les morts au Purgatoire.

CM N° 4 : Le culte des saints

Le culte des saints donne lieu aujourd'hui à une approche beaucoup plus anthropologique et on l'utilise pour
étudier les tensiosn qui existaient dans la société. En effet, le culte des saints et des reliques est révélateur de
la manière dont la société veut se représenter. De plus, il faudra attendre longtemps pour avoir des éléments
biographiques sur les saints. Il est intéressant aussi de voir les constructions de saints de toutes pièces =
révélatrices des attentes et exigeances de la société envers elle-même.
Première partie : qu'est-ce qu'un saint

Individus particulièrement proches du Christ et dont le statut spécial reçoit une reconnaissance liturgique.
Ils vont directement au Paradis mais leur corps demeure sur terre. Il est relictus. Il y a deux cas très
spéciaux : le Christ n'a pas laissé de relique. Il y en existe mais on les dénonce comme de fausses reliques
car la particularité du Christ s'est d'être monté au ciel avec son corps. Autre cas : la Vierge, avec l'assomption
est montée au ciel avec son corps. Les autres saints ont laissé leurs corps et ces corps ont donné lieu à des
cultes.
On peut les classer en différentes catégories : le saint martyr (aux débuts du christianisme, beaucoup de
Saints Martyr qui ont subi le martyre, avec les martyrs de Lyon, ou encore Saint Denis évêque de Paris),
après cette période on a des martyrs qui ont lieu sur des fronts missionnaires plus lointain (martyre de Saint
Olaf en Norvège ou martyre de Saint Alban), puis une fois que le martyre est devenu plus dur à accomplir on
voit apparaître d'autres types de Saints. Notamment avec comme critère la vie exemplaire, on peut par
exemple penser aux hermites ou aux personnages éminants de la foi.
Le processus de canonisation peut être un processus spontané et populaire : quand un saint est mort de mort
violent, on a un culte populaire et spontané qui se développe (il y a un lien entre mort violente et processus
de canonisation).On voit aussi des églises qui vont construire un culte et encourager un processus de
canonisation pour populariser leur église.
Pour que les saints entrent dans le calendrier, il faut que la canonisation soit officielle et ce sont les évêques
qui ont ce rôle. Les Papes, de plus en plus, réclament le privilège de canoniser les Saints. Et en 1215 au
moment du Concile de Latran IV, le Pape de l'époque, Innocent III, essaie de faire reconnaitre le principe
qu'on ne peut pas vénérer des reliques sans accord su Pape et qu'on ne peut pas reconnaitre des Saints sans la
reconnaissance du Pape.

Deuxième partie : les miracles

Manifestation directe et visible du divin, et souvent la marque de la sainteté d'un personnage.

Les saints peuvent faire des miracles de leur vivant, certains cas comme Bernard de Clairveaux (mort en
1153) qui a été canonisé en 1174 et qui est dit, de son vivant, a opéré un certain nombre de miracles dans le
cadre de la croisade et la lutte contre les hérétiques. Mais les miracles se passent surtout après la mort, à
travers les reliques, et pas de manière continue, cela se passe par intermittance (moments de crises,
épidémies : on se tourne vers les saints et on voit une période miraculeuse). Les autorités ecclésiastiques ont
toujours eu une attitude ambivalente envers les miracles : entre méfiance et approbation. Parfois il y a aussi
des enquêtes sur les miracles.
Les formes des miracles : les gens adressent des prières pour obtenir la guérison ; au moment d'un
accouchement, en péril en mer, pour avoir des enfants, pour retrouver un objet perdu : si tout se passe bien,
alors on est sauvé et on offre à l'église un ex-voto [exemple des ex-voto à la Rochelle dans les églises : des
maquettes de bateaux]. Pour les guérisions, les ex-voto prennent la forme du membre soigné. Ca n'empêche
pourtant pas de se tourner vers les médecins, mais aussi vers les saints, on dit alors que les saints ont une
puissance thaumaturgique. Pour les spécialistes de l'histoire de la médecine, les recueils de miracles sont très
importants.
Les Saints intervenaient aussi pour guérir les maladies mentales, on passe par un rituel d'exorcisme dans
l'église. On dit que c'est la puissance du Saint qui exerce la guérision : le virtus
Volonté d'être au plus proche de la relique du saint car cela nous rapproche des cieux.

Troisième partie : Des Saints locaux aux saints universels

Les Saints axquels on voue un culte varie d'une région à l'autre. Très souvent ce sont les saints qui font l'objet
d'un culte spontané. A partir de la fin du XI ème siècle, on a l'essor des Saints Universels (les apôtres Pierre
et Paul, la Vierge, ...) puis on a les saints originaires de l'Orient (Sainte Catherine = Alexandrie, Saint
George), on voit des églises dédiées à des Saints Locaux qui se dédient alors à des Saints Universels (cas de
l'église de Paris d'abord dédié à Saint Etienne puis ensuite à la Vierge). Vers le XI ème la Vierge connait un
essor incroyable, d'abord chez les femmes chez qui elle incarne un modèle puis les moine cistériens qui la
prennent parfois en sainte principale.
Pour les calendriers, ils prennent la date de la mort du saint, on voit que les saints sont avant tout des
hommes. Les femmes saintes ne représentent que 15% du total, le modèle du Saint reste avant tout un
modèle masculin. Jusqu'au XIII ème siècle, les Saintes femmes sont avant tout des reines, des princesses, des
femmes mariées. On a des figures comme Sainte Marguerite d'Ecosse, descendante des rois Anglo-saxons
d'Angleterre. Devient une figure dominante, on pense que ces personnages de très haut rang, on atteint un
modèle proche de l'évêque. Par exemple la fondation d'églises, des aumones extrêmement généreuses,
oeuvres de charité auprès des prisonniers, fonction d'intercesseurs...
Il y a certainement eu des milliers de Saints, la plupart de ces saints sont très mal connus et il y en a
finalement assez peu qui ont fait l'objet d'un véritable culte organisé : parfois on n'en a que le nom, parfois
des traces vraiment minimes. Chaque évêque organise le culte sur le territoire du diocès, et ce qu'on voit c'est
que chaque diocèse à son propre calendrier. Si on prend le martyrologe de Gorman (irlande, vers 116-1174)
seulement 1450 noms ont fait l'objet de culte organisé.

Quatrième partie :Les cultes des Saints

Offrandes sur les tombeaux des saints, multiplication de messes, souvent sous l'autel on a les tombeaux
des Saints. Aspect économique très important dans les cultes de Saints et cela n'échappe pas à certaines
églises. Certaines églises sont complètement dépendantes des offrandes qui sont offertes aux reliques qu'elles
possèdent. Pour une église avoir un saint qu'ils peuvent vénérer ça peut lui "sauver la vie". On voit alors les
églises rivaliser entre elles pour obtenir des reliques importantes, pour montrer que les reliques qu'elles ont
font des miracles vraiment forts, parfois on a aussi des vols de reliques parce qu'elles sont prestigieuses.
Pendant tout le moyen âge on a une volonté d'avoir une relique et de les transférer à son église. On parle
alors de translation (vol de reliques pour les amener dans son église ou parfois de déplacement de corps).
On a beaucoup aussi l'inventio de reliques ( = trouver quelque chose) et celui qu'on trouve très souvent,
c'est le saints qui apparaît en rêve ou qui permet le vol de ses reliques. [ exemple de Saint Denis qui, la tête
coupée, aurait pris sa tête pour l'acheminer lui-même à Montmartre]. Le Vol des reliques est très courant, en
1978 on a un livre très fameux de Patrick J. Geary qui déconstruit le mythe du vol des reliques.
[ Exemple de construction du culte : Evêque de Manchester Aethelwold construit le culte de son
prédécesseur Swithun. Il fait construire un tombeau, fait chanter des messes et réserve deux jours de culte.
C'est un acte politique
ou : Abbé Richard dit avoir retrouvé des reliques d'un certain Saint Vanne s'explique par les difficultés de
l'église en ces moments, et nécessité d'un culte populaire qui va fonctionner et assurer la prospérité.
Développement du culte de Saint André en Ecosse, développé autour de reliques de Saint André
prétenduement ramenées d'Orient (dents, bras, trois doigts...). Culte monté au X ème siècle puis devenu
national pour les écossais. ]
Pour promouvoir ce culte des saints on va avoir des écrits sur ces saints, des Vitas, sur certains on a
beaucoup de documents, parfois certains choisissent de se coller à l'idée de Sainteté, on a aussi la création de
récits fictifs. Pour désigner l'ensemble de cette littérature, on parle d'hagiographie. Pour parler de la vie d'un
saint on parle de Vita, et on parle de légendier c'est à dire l'ensemble des leganda (ensemble des miracles de
saints, leur légendes...). On a aussi les martyrologes (recensent les martyrs) et les passionnaires (actes des
martyrs)
Reliques des Saints déposées dans des chasses, ce qu'on voit également c'est une réorganisation pour les
églises dont les reliques connaissent un succès. En effet en cas de pèlerinage on doit utiliser un certain circuit
avec le déambulatoire qui est pratiqué à l'arrière du choeur de sorte à ce que les fidèles puissent aller prier et
toucher la relique.

Cinquième partie : les serments

Pratique du serment sur les reliques d'un Saint :

Deux manières de prêter serment : sur les évangiles ou sur les reliques. Mais le serment sur reliques se fait de
moins en moins. On va toucher la relique et prêter serment.
Le serment sur relique est universelle, il y a énormément d'occasions de prêter serment : prêter serment à un
seigneur, dans les contrats commerciaux...
CM5 : L’Église comme Institution.

Institution complexe avec une structure pyramidale et horizontale. Force centrifuge ?


Sentiment très fort d’unité et d’universalité > catholique > universel.
On devient clerc par la Tonsure.

2 groupes de rangs :
- ordres majeurs – avec sacrement avec diacre prêtre évêque et sous diacre à partir de al fin du XII siècle.
– ordres mineurs – pas de sacrement, on peut être laïc et être dans les ordres mineurs. Sous diacre,
exorciste, portier, acolyte, lecteur

Première partie : L’évêque et son diocèse.

1. Diocèse

,terme emprunter par les chrétiens à l’administration impériale.


- circonscription ecclésiastique avec l ‘évêque ( épiscopus > surveillant )
- il existe des centaines de diocèses en occident de taille très inégale.
- ils sont recouper dans des provinces qui ne suivent pas les limites politique exemple : Autun, chalon,
Langres et Mâcon qui sont en France qui dépendent d’un diocèse allemand. Civitates ( kiwitates ) .

- En Italie : multitude de petits diocèse.


- En France il y’a 9 provinces avec Bordeaux, bourges, Rouen ; Reims , Sens ; Toulouse, Auch ; Narbonne
Tours avec une structure ecclésiastique très soudée.
- Dans les Îles britanniques il y a York et Cantorbéry.
( regarder les cartes sur le diaporama ).

2. La figure de l’évêque.

Descendant des apôtres et donc conflit avec le Pape. Officier et un dignitaire de l’Église, marié aàson église
avec une crosse et un annaux symbole du mariage.

Pouvoir de conférer des ordres sacrés comme la confirmation. Normalement il forme les clercs et prêches
aux laïcs. Justice sur le droit familiale avec l’annulation du mariage et du statut des enfants et sur le clergé.
Sacrement, enseignement et prédication et peut convoquer les conciles et les synodes. > archevêque. Il
combat les païens et les hérétiques.
Il prend soin des pauvres, des veuves, des orphelins. Ils pouvaient être mariés et la femme joue son rôle
charitable.
Dimension administrative des terres de l’évêque. Il a l’obligation de visiter son diocèse pour vérifier que
tout ce passe bien > Visite épiscopale source d’information extraordinaire.

Comment l’évêque est choisi ?

En théorie l’évêque est élu par le peuple et le clergé, en pratique c’est les puissants qui impose leur candidats
avec des enjeux de pouvoir.
Élection dans la cathédrale et on le présente au prince qui le valide.

Une cathédrale c’est l’église principale du diocèse dans un lieu bien reconnus donc pas en rase campagne.
( déplacement des églises principales ). Chef lieu de l’ancienne civitas et la cathédrale.
Les évêques sont itinérants pour surveiller les terres et être en contact avec les autres églises. Exemple de la
cathédrale de Durham et son palais de l’évêque mais avec énormément de palais de l’évêque dans tout le
diocèse. En déplacement il emporte des livres liturgiques appelé « portifolium »

Personnel de la cathédrale : liturgie et administrative


– Scolasticus : dirige l’école de la cathédrale
– le chantre : dirige la musique dans la cathédrale
– chancelier pour les archives
– le camera pour la chambre de l’évêque.

Jusqu’à une centaine de personne (rarement mais ça existe)

Ils se réunissent en chapitres et donc deviennent chanoine et aides l’évêque à administrer le diocèse. Le
revenus des chanoines est appeler la Mense.
Les diocèses ont des revenus importants. => mense de l’évêque
=> mense des chanoines.
Ils vivent en famille dans des maisons proches de la cathédrale ou ils suivent une règle de vie comme des
moines dans des dortoirs communs. : règle canonial ( Institutio canonicorum sur la règle de Saint Augustin ).

L’administration du diocèse > les archidiacres administrateurs et prennent la succession des chorévêques. >
très impopulaires.

Deuxième partie : la papauté

fédération de diocèses : évêque descendant des apôtres. Le Pape évêque de Rome. Au départ ce n’est qu’un
évêque. Descendant de Saint Pierre.

Pape : donné à tout les évêques jusqu’au VIème siècle. Il est désigné par le clergé et le peuple de Rome.
Jusqu’à la fin du 8ème l’empereur byzantin doit approuvé le Pape. Puis se seront les empereurs carolingiens.
Ce système là corrompu change en 1059 avec le décret Décret électoral (Nicolas 2 ) avec 52 cardinaux qui
sont les clercs qui ont des églises à Rome et autour ( des diocèses suburbicaires ) jusqu’à aujourd’hui.

Rome comme centre de la chrétienté : très tôt l’évêque de Rome à de grande prétention. Avec des pèlerinages
régulier à Rome.
- Le Pallium avec la bande blanche et noire que chaque évêques doit venir chercher à Rome.
- L’interdit et de l’excommunication.
- Justice avec les causes majeures. ( mariages, juger un évêque, transformation de maison de chanoines,
transfères d’évêques ) le Pape devient de plus en plus puissant ( canonisation d’un saint, lutte contre
l’hérésie. ) prérogative énorme.
Il est aidé par un entourage de spécialistes du droit canon > La curie et les cardinaux en consistoire.

Le Pape vit dans le palais du Latran et avec ses terres > patrimoine de Saint Pierre. Le Pape sait très bien
qu’il a peu de contrôle sur tous les diocèses. Il délègue des pouvoirs judiciaires à un juge délégué.

Basilique Saint Pierre : d’abord un bâtiment antique puis une reconstruction au XVIème siècle. Jean
Fouquet : grandes chroniques de France. Le Blanc et le Rouge couleur du Pape.

Troisième partie :

. Conciles
. Synodes ( assemblées au niveau du diocèses 1 fois par ans )
Adhémar de Chabannes avec le Synodes de limoge.
- conciles provinciaux
. conciles œcuméniques ( au niveau de la chrétienté toute entière )
avec le conciles de Reims en 1049, Latran 1123, Latran 2 1139, Latran 3 1179 et Latran 4 1215.
Instrument majeurs de l’essor de l’autorité du pape.

On voit qu’il y a quand même des conflits avec le Pape à cause de la construction d’une pyramide. Mais
beaucoup veulent une égalité entre diocèses.
Église et église.
Cours magistral et travaux dirigés existe depuis le XIIème siècle. Lectio > commentaire de texte et Questio >
dissertation. La scolastique.

Les cercs et le savoir ainsi que la culture juridique.


CM°6 : Enseignement et la culture juridique

Première partie : les cadres scolaires

L'appartenance au clergé suppose un certain niveau d'éducation et de savoir. Le clerc est par nécessité
litteratus, c'est à dire qu'il sait lire et écrire le latin. Il est en effet très rare que les laïcs aient connaissance du
latin. D'autres savoirs également se transmettent, en dehors du cadre scolaire comme le savoir matériel.
Du Xè au XI e siècle, on observe cette période de passation de savoir : les filles vont à l'école également.
C'est la transmission de la culture latine, pour faire un fond commun à tous

1. Les monastères

Dès l'Antiquité, il y avait des écoles, mais dès le VI e siècle, elles ont pratiquement toutes disparu. Alors les
clercs prennent le relai

789 : admonitio generalis = impose une école dans chaque église afin de faire en sorte que la lithurgie soit
bien transmise.

C'est bien au cours de l'époque carolingienne que l'élite de l'Eglise est le mieux formée. Au cours du Moyen-
Age central : l'apprentissage se fait alors à la maison, c'est la mère qui enseigne la lecture. Pour les nobles, ils
trouvent les moyens de se payer des précepteurs privés. La règle de Saint Benoît impose l'apprentissage du
latin aux moines

Benoît d'Aniane : réforme de 816 mais seul les monastères ont une écoles. L'enfant peut être donné à l'âge
de 7 ans au monastère (oblat)

Il y a une bibliothèque et un scriptorium. Les écoles monastiques sous ouvertes longtemps aux fils de nobles.
Dans les grands monastères, on trouve : école interne (obiat/nouce) et école externe (enfants venus de
l'extérieur). Les monastères sont des centres où très tôt on écrit des analyses sur l'histoire

Au XIIème siècle, on observe une diminution de ces activités avec la réforme visant à séparer les moines et
clercs des laïcs, c'est un mouvement hostile à l'éducation des enfants par les clercs. Le Concile de Latran de
1139 interdit aux moines d'apprendre la médecine

1139 : Bernard de Clairveaux fait un sermon à Paris en condamnant les écoles parisiennes

2. Les cathédrales

Il y a normalement une école pour former les clercs, avec généralement un chanoine ou un évêque à sa tête,
si quelqu'un veut ouvrir une école, il doit disposer d'une licentia docendi. Lorsqu'on entre dans ces écoles qui
sont l'équivalent de l'enseignement supérieur, (enseignement très pointu) on a entre 14 et 15 ans.

Les évêques sont entourés de clercs très cultivés avec une grande connaissance de la culture classique

3. Les autres types d'enseignement

Durant la première moitié du XIIe siècle : des centres de spécialisent en médecine ou en droit comme
Bologne ou Saleine

En 1158, Frédéric Barberousse donne des privilège au maitre de Bologne -> Constitutio Habita

On observe également la multiplication des écoles privées ouvertes par des prêtres qui sortent des cathédrales
Ex : Abelard : obtient de l'abbé de Sainte Geneviève le droit de fonder son école ; est payé par ses étudiants
Les centres d'enseignement s'appellent des studium

Deuxième partie : le contenude l'enseignement


1. Les arts libéraux

Conviennent à la formation de l'homme libre, il y en a 7 : trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) =


permet d'être avocat : grammaire latine qu'on appelle le Donat, pour le reste on utilise les oeuvres d'Aristote
Quadrivium (musique, astronomie, arithmétique, géométrie)

Le niveau de culture à la sortie des centres est très disparate, Grandes Figures Intellectuelles = Jean de
Salisbury

2. La connaissance des écritures et la théologiens

Théologie : fait d'élaborer une théorie sur Dieu, sur la divinité. Science particulière, surtout 2ème moitié du
XIIème siècle.
Sacra pagina, sacra scriptura.

Les textes qu'on va étudier : textes apocrifes, évangiles. On étudie très rarement l'ancien testament dans son
intégralité. En plus, on n'a pas accès aux textes en hébreux sauf exception. On étudie le texte dans sa version
latine qui elle même vient du grec. Fait par Saint Jerôme et ses continuateurs. A partir du XVIeme siècle =
terme vulgate latine : traduction du nouveau testament. Souci d'avoir la meilleure traduction possible des
textes lithurgique, on veut les corriger en retournant au grec et à l'hébreu et en commentant
systématiquement ces textes ! Ils deviennent de plus en plus commentés et savants. L'ensemble de ce travail
de commentaire c'est ce qu'on appelle l'exégèse (commentaire des textes sacrés) : en tente d'expliquer ce qu'il
se passe, où se trouvent les lieux puis commentaire plus spirituel.

Troisième partie : le droit de l'Eglise/droit et fait religieux

1. Droit canon

Les études de droit commencent à se faire de manière systématique dans les centres scolaires : grand centre
du droit = Bologne. L'enseignement du droit se divise en deux branches : étude du droit antique romain (=
droit civil) massivement redécouvert dans la première moitié du XIIème siècle et la grande compilation faite
à Byzance par l'empereur. Puis droit de l'Eglise/droit ecclésiastique/droit canon/droit canonique. Dans les
cours de justice réels on n'applique pas le droit civil/le droit romain : c'est une technique intellectuelle pour
aborder le droit.
La complexité des décisions rendues dans le domaine de l'Eglise ont conduit les ecclésiastiques à revoir les
décisions prises et les décrétales.
Dès le XIIe siècle, à la mort de Burchard de Worms (1025), on compile des trucs avec Yves de Chartres
(grand compilateurs). Gratien est actif vers 1140, c'est un moine. Quand vous êtes dans l'Eglise, cela relève
de la justice ecclésiastique (mariage, sort des enfants légitimes//illégitimes), testament, pèlerins, affaires de
l'Eglise, droits des dîmes, le serment (passer un contract = relève de la justice ecclésiastique). Comme cela
devient très technique, l'évêque ou l'abbé délègue cette office de justice à un official.

2. Droit et fait religieux

Ordalie : fait intervenir dieu pour savoir si la personne et coupable ou innocente : répéter un serment
plusieurs fois et si on se trompe dans les mots alors Dieu n'est pas avec nous. Bataille rangée : on prie, on se
confesse. Trois ordalies : par le feu/l'eau/le duel judiciaire

Par le feu : personne accusée d'un crime, on fait chauffer une barre de métal à plan, la personne tient la barre
de métal et sleon la manière dont elle guérit alors elle est coupable ou innocente.
Par l'eau :pieds et points liées dans l'eau : si coule = innocente, remonte = coupable
duel judiciaire : armes de bois/métal, on doit décider quand le combat s'arrête

Pratiques terriblement barbares mais elles sont terrifiantes. Au moment fatidique souvent on trouve un
arrangement, un arbitrage.

CM 7 : Les grands mouvements religieux au XIème et au XIIème siècle


Première partie : la réforme de l'Eglise

On prône le retour à la vie apostolique.


Réforme Grégorienne, Grégoire VII (1073-1085) = Hildebrand.
Les communautés religieuses sont sensibles à cette purification. Et s'il y a des querelles, c'est sur la manière
d'appliquer la Réforme, pas sur la Réforme en elle-même. Il y a bien un idéal de réforme.

1. L'idée de réforme

Volonté de la reformer à la pureté des origines. Traits récurent dans l'histoire de l'Eglise. Dès les premiers
siècles du christianisme (= patristique). On veut réformer mais on ne veut pas inover, pas changer. Donc s'il y
a une transformation c'est pour un retour aux origines. "Corrigere" , "meliorare" (= rendre meilleur en
retournant aux origines). Idée bien développée par les historiens allemands (avant tout protestans).

2. Les grands centres et la chronologie de la réforme

Toujours dans l'idée que ça s'est fait à Rome : pas le cas. Ca s'est fait dans l'Empire Germanique. Première
tentative de réforme sous Otton Ier, empereur, qui s'est associé au Pape Jean XII (955-964). Cette idée de
réforme a été reprise par le petit fils de Otton I, nommé Otton III, avec l'aide du Pape Sylvestre II (999-
1003) (avant maître d'école du futur empereur). Dans un premier temps, ce mouvement de réforme s'est
vraiment développé. Mais les empereurs considèrent que la réforme doit se faire sous leur présidence, leur
égide. Ils désirent un empire universel qui doit avoir comme capitale la ville de Rome. Ce qui est nouveau
c'est que c'est dans une atmosphère de grand mysticisme que cela s'est fait. L'empereur germanique considère
qu'il doit jouer un rôle.

Il aurait remis au Pape de l'époque, la domination sur tout l'occident. Constantin selon cette fiction, il se
serait réservé la partie orientale de l'ancien empire romain. Ici on a une fresque qui représente cette histoire
et on voit Constantin qui remet la tiar au Pape pour symboliser cette donation.

Les empereurs ottoniens refusent ces allégations. Pour eux le Pape n'est là que de manière subordonnée.
Centre : exemple de Metz. Grande figure de Adalbéron de Metz, un des fondateurs de l'idée de réforme sous
la coupe de l'empereur.

Grandes figures intellectuelles : Pierre Damien et Humbert de Moyenmoûtier (m. 1061).

Difficultés dynastiques : familles qui se déchirent pour le pouvoir, Rome s'émancipe, l'initiative de la
Réforme passe du côté de l'Eglise de Rome, du côté du Pape. Et ce qu'ils vont réclamer c'est l'autonomie de
l'Eglise face aux puissances temporelles (= princes, rois, empereurs...). Avant Hildebrand, on avait comme
Pape Alexandre II , puis après Victor III, Urbain II, Pascal II, Gélase II, Calixte II.

3. les principaux thèmes de la réformes :

Le mouvement de réforme concerne de nombreux domaines de la vie de l’Église et de la société tout


entière. Par exemple la réforme monastique, que nous verrons dans les deux prochains cours, ou bien la
transformation systématique des chapitres de chanoines en communautés de chanoines réguliers, que nous
avons déjà évoquée, entrent dans le cadre du mouvement de réforme. Deux thèmes majeurs dominent malgré
tout le mouvement réformateur, ce qu’on appelle la simonie et le nicolaïsme.

La simonie concerne la vente ou l’achat des charges ecclésiastiques, les offices spirituels et les biens ou
bénéfices qui les soutiennent. C’est ce qu’on appelle la simonie d’après Simon le Mage ou le Magicien, qui
voulait acheter le pouvoir spirituel des Apôtres : dans les Actes des Apôtres (Actes 8, 18-24), Simon montre
son pouvoir par divers sortilèges. Lorsqu’il voit Pierre et Jean donner l’Esprit Saint par l’imposition des
mains, il leur offre de l’argent pour obtenir ce pouvoir, se heurtant évidemment à leur refus. Depuis Grégoire
le Grand (mort en 604), on définit trois formes de simonie : par de l’argent ou par un don, par des services ou
des faveurs, en intercédant en faveur de quelqu’un. On définit aussi très tôt la simonie comme un péché
contre le Saint Esprit et comme une hérésie. En effet, on considère que c’est le Saint Esprit qui donne la
dignité ecclésiastique. Vouloir acheter cette dignité revient à vouloir acheter le Saint Esprit et donc à
prétendre le séparer des deux autres personnes de la Trinité, le Père et le Fils. Nous sommes bien en présence
d’une hérésie.

Par simonie on entend donc le trafic des choses spirituelles, la vente ou l’achat d’offices qui sont
normalement attachés à la cure des âmes. La difficulté est que de très nombreuses pratiques peuvent être
considérées comme simoniaques si l’on prend une définition un peu large. Par exemple Grégoire VII et ses
partisans considèrent comme simoniaque toute investiture (ou installation dans sa charge) d’un ecclésiastique
par un laïc, même quand il n’y a eu aucun échange d’argent. Par extension une bonne partie de la vie
économique de l’Église tombe sous cette définition : par exemple on peut considérer comme simoniaque le
fait pour les monastères de recevoir de l’argent quand une personne veut entrer dans la communauté 4
monastique pour devenir moine. Le fait également qu’un prince investisse un prélat (évêque ou abbé) avec
les symboles de son office (crosse et anneau pour un évêque) est souvent considéré comme lié à la simonie.
Il s’agit par conséquent d’un problème complexe difficile à réprimer, d’autant plus que l’Église remplit un
rôle temporel important et que de nombreux établissements ecclésiastiques restent liés aux familles
aristocratiques qui les ont fondés.

Le nicolaïsme quant à lui est le mariage des prêtres. L’origine du terme est assez obscure : dans
l’Apocalypse 2, 6, 15, le terme « nicolaïtes » désigne des gens qui mangent des viandes sacrifiées et se
livrent à des pratiques impudiques. Mais Nicolas est aussi le nom d’un des sept diacres de l’Église primitive
(Actes 6, 5). Le terme nicolaïte désigne un prêtre marié ou concubin. Il ne s’agit pas d’une hérésie mais d’un
péché. La lutte contre le nicolaïsme est à l’origine d’un mouvement réformateur populaire dans le diocèse de
Milan, la Pataria, qui naît dans les années 1045 à 1060 : les patarins refusent de recevoir les sacrement
donnés par des prêtres nicolaïtes.

Il faut faire une place, comme nous l’avons vu il y a quelques semaines, à la question de l’exigence de
pureté qui accompagne la place de plus en plus importante donnée à la célébration eucharistique dans la
liturgie. Mais simonie et nicolaïsme recouvrent aussi des enjeux profonds au sujet des possessions
d’Église. Ce que redoutaient les autorités ecclésiastiques notamment était que les églises deviennent
héréditaires, passent de père en fils.

4. Les désaccords

L’entreprise de réforme sous l’égide des papes a parfois déclenché l’hostilité au sein même de l’Église et a
occasionnellement pris une tournure violente, verbale et physique. Cette situation est en partie due à la
personnalité de Grégoire VII. Les historiens le décrivent comme obstiné et rigide, refusant le compromis,
mais également ambitieux ; l’exaltation de la papauté est aussi la sienne propre. Il considère qu’aucune
initiative de réforme n’est légale si elle n’a pas été approuvée par lui et il exige une obéissance aveugle. En
1074-1075, sa campagne contre les prêtres mariés a pour objet de persuader les laïcs de ne pas assister aux
messes de ces prêtres ; le boycott prend un tour violent. Ces excès conduisent à un revirement de la part de
ses successeurs : la position des patarins sur l’eucharistie est fermement condamnée par Urbain II en 1089 et
au cours du XIIe siècle le mouvement patarin est considéré comme hérétique par les autorités de l’Église.

Le cas de Sigebert de Gembloux (c. 1030-1112), maître de l’école de l’abbaye de SaintVincent de Metz et
ensuite moine de Gembloux, illustre bien les désaccords au sein du mouvement de réforme. Il est lui aussi
réformateur, mais sa vision des moyens de la réforme est très différente de celle du pape Grégoire VII, qu’il
critique pour sa violence et qu’il accuse de provoquer le schisme dans l’Église. Il est également hostile au
pape Pascal II (1099-1118) : en 1103, celui-ci, afin de forcer les Églises (au sens de clergé) de Liège et de
Cambrai à lui obéir, avait donné au comte Robert de Flandre l’autorisation de faire usage de la force militaire
contre elles
Deuxième partie : la querelle avec les pouvoirs séculiers

Le mouvement de réforme a été accompagné et prolongé par une dispute entre les autorités ecclésiastiques
réformatrices et les princes temporels autour de l’élection et de l’investiture des prélats (évêques et abbés).
L’entrée en charge d’un nouveau prélat se fait en trois temps : (1) l’élection (2) la consécration et (3)
l’investiture. (1) L’élection se fait en théorie par le clergé. (2) La consécration est l’acte spirituel accompli
par le pape, un archevêque ou un évêque et qui octroie au prélat le pouvoir spirituel. (3) L’investiture est
l’entrée en charge des évêques et des abbés : elle désigne l’entrée effective du prélat dans sa charge et elle est
concrétisée par la remise de la crosse et de l’anneau au prélat. La querelle entre les réformateurs religieux et
les princes concerne la liberté des élections (dont les autorités réformatrices veulent qu’elles se fassent de
manière canonique, sans ingérence des princes) et la manière d’investir les prélats de leur charge.

Cette dispute peut être divisée en deux grandes phases :

[1] 1075-1085

Une première dispute éclate entre le pape [d’abord Alexandre II, 1061-1073, puis Grégoire VII, 1073-1085]
et l’empereur Henri IV au sujet des investitures des ecclésiastiques par les princes laïques. En 1075,
l’archevêque de Milan est investi par l’empereur (qui est aussi roi d’Italie, c’est-à-dire qu’il contrôle, du
moins en théorie, toute la partie septentrionale de la péninsule) sans l’autorisation du pape. Grégoire VII
répond par une lettre demandant l’obéissance de l’empereur. Le clergé allemand réplique en déposant le pape
; le Pape excommunie alors l’empereur et libère ses sujets de leur serment d’obéissance, ce qui revient à
autoriser la déposition de l’empereur. Henri IV doit faire face à une révolte en Allemagne et à la nomination
d’un « anti-roi », Rodolphe et est obligé d’implorer le pardon du pape : c’est la fameuse pénitence de janvier
1077 au château de Canossa (qui appartient à la comtesse Mathilde de Toscane, ferme soutien du pape) où
réside alors Grégoire VII. Pendant trois jours l’empereur doit supplier le pape qui lui accorde finalement son
pardon. Le conflit rebondit en 1080 : le pape prive Henri IV de sa dignité qu’il confie à Rodolphe (qui meurt
en 1080). Henri IV fait alors élire un antipape, Clément III (antipape 1080-1100), marche sur Rome et bloque
Grégoire VII dans le Château-Saint-Ange. Grégoire VII est sauvé par l’intervention des Normands et se
réfugie dans leur État, mais le pillage de Rome par les Normands discrédite le pape. Il meurt en 1085.

[2] de la fin du XIe siècle à 1122.

L’empereur Henri V obtient du pape Pascal II l’autorisation d’investir les prélats par la crosse et l’anneau
(1111). Mais de nombreux prélats protestent, et il est excommunié par Gélase II en 1118.

La dispute sur l’investiture se termine par un compromis avec le Concordat de Worms en 1122 [qui prend
modèle sur celui conclu en Angleterre entre le roi Henri Ier Beauclerc et l’archevêque de Cantorbéry]. Pour
résoudre la difficulté, on décide de distinguer nettement, 6 au sein de la fonction religieuse, la partie
spirituelle et la partie temporelle : la partie spirituelle de la fonction est remise par un supérieur hiérarchique
dans l’Église, la partie temporelle par un détenteur laïque du pouvoir. Encore s’agit-il de savoir ce qui vient
en premier. À Worms on décide que c’est l’ecclésiastique qui investit d’abord le nouveau prélat avec la
crosse et l’anneau. Ensuite, le prince laïque l’investit avec le sceptre ou l’étendard. Dans certaines abbayes,
le prince dépose le bâton abbatial sur l’autel où le nouvel abbé va ensuite le reprendre. En 1095, la papauté
avait interdit aux prélats de prêter hommage aux princes, mais le concordat le permet : simplement, il faut
que l’hommage ait lieu avant la consécration.

La dispute donne lieu à une vaste littérature de lettres, de traités et de pamphlets du côté des soutiens du pape
ou de l’empereur pour défendre les arguments en présence. Le pape et l’empereur sont entourés d’érudits, de
savants qui tentent de mettre sur pied des corps de doctrine cohérents. D’autres textes sont dus à des
personnes qui ne sont pas directement impliquées, mais tout le clergé doit prendre position à un moment ou à
un autre. Le statut précis de ces textes n’est pas toujours clair. Ainsi, le fameux texte connu sous le nom de
Dictatus papae, qui apparaît dans le registre des lettres du pape pour l’année 1075 et qui résume les positions
de la papauté, est en réalité un court mémorandum qui a été repris dans plusieurs compilations canoniques,
mais qui n’avait au départ aucune valeur officielle. On a longtemps pensé que ce texte très extrême avait été
élaboré dans le cadre de la Querelle des Investitures entre Grégoire VII et Henri IV en 1075, mais une autre
hypothèse est qu’il s’agirait peut-être d’un document élaboré dans le contexte des négociations avec Byzance
et du schisme de 1054.

La violence de la dispute est un trait notable. Une lettre de Grégoire VII de 1081 affirme par exemple que
toute autorité séculière a une origine diabolique. Cette violence s’explique en partie par les enjeux que la
querelle recouvre. Il s’agit en effet, au-delà des principes, de la question de la propriété des biens des églises
et de la place des clercs dans le système des pouvoirs. Il s’agit aussi très largement de la question de la
liberté de l’Église : ce que le pape réclame est en effet que les élections soient entièrement canoniques, sans
interférence des pouvoirs temporels, que les clercs ne relèvent que de la justice de l’Église, que les biens
d’Église soient inviolables et que la papauté soit complètement indépendante par rapport à l’empereur.

La dispute a conduit à faire naître d’autres questions, d’autres enjeux. En particulier, la question se pose de
savoir si le pape a le droit de déposer les souverains temporels et de libérer les sujets de leurs serments de
fidélité. Pour les réformateurs grégoriens, le pouvoir temporel n’est valable que s’il est sous l’autorité de
l’Église. L’Église doit donc pouvoir imposer ses règlements et ses droits à toute la société. La réforme
s’accompagne aussi de l’affirmation du rôle central du pape dans l’Église. La dispute est donc l’occasion de
préciser un certain nombre d’idées sur la nature de l’Église et du pouvoir temporel et son héritage est
immense : de nombreux débats qui ont lieu plus tard 7 se situent dans le cadre qui a été alors défini. Elle a
notamment conduit à modifier la position des princes séculiers, qui perdent une partie de leur sacralité.

Pour terminer cette partie, il faut mentionner l’affaire Becket, qu’on peut considérer comme un
prolongement de la Querelle des Investitures. Après les règlements du début du XIIe siècle, les relations
entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel sont marquées dans toutes les régions d’Occident par un certain
pragmatisme. En Angleterre, le conflit entre Henri Ier (1100-1135) et l’archevêque Anselme s’est résolu par
un compromis en 1105-1107 (on vient d’y faire allusion, c’est d’ailleurs lui qui sert de modèle pour le
concordat de Worms). Mais lorsque le roi Henri II Plantagenêt monte sur le trône d’Angleterre en 1154, le
conflit est ravivé. Le roi souhaite en effet clarifier par les Constitutions de Clarendon [1164] les relations
entre le pouvoir royal et l’Église notamment en ce qui concerne la juridiction sur les clercs accusés de crimes
graves. L’archevêque de Cantorbéry Thomas Becket refuse d’accepter les Constitutions et choisit l’exil.
Après une période de conflit intense, un compromis est négocié en juillet 1170. Mais à peine débarqué en
Angleterre au mois de décembre 1170 Thomas Becket revient sur le compromis et se montre toujours aussi
intransigeant. Il est assassiné le 29 décembre 1170 dans sa cathédrale par quatre chevaliers de l’entourage
royal. La nouvelle du meurtre provoque un choc dans toute la chrétienté. Becket est canonisé en 1173. Mais
il s’était coupé d’une partie de l’Église anglaise, qui lui reprochait son manque de cohérence, et était entré en
conflit avec le pape Alexandre III (1159-1181) beaucoup plus souple. C’est ce qui explique qu’on soit à
nouveau arrivé à un compromis assez facilement après la mort de Becket.

Troisième partie : les mouvements de paix

Même si les mouvements de paix et les croisades sont souvent étudiés séparément de la réforme
grégorienne et de la querelle des investitures, il est important de les considérer dans le même temps car ils
reflètent bien le désir de réforme et de pacification de la société, jusqu’à détourner vers l’extérieur les
éléments de violence avec les croisades. Mais ils concernent avant tout la société laïque, même si des
ecclésiastiques prennent la tête du mouvement.

Le mouvement de la Paix de Dieu est né dans le Midi de la France dans la seconde moitié du Xe siècle,
avant de se diffuser sur l’ensemble du royaume de France puis dans une grande partie de l’Occident. Il
couvre la période 980-1040 environ et prend la forme de conciles qui réunissent, autour de reliques, les
puissants laïques et ecclésiastiques ainsi que la population locale, et qui prennent des décisions destinées à
assurer la paix et à contrôler les combattants. Ceux-ci doivent prêter serment sur les reliques de respecter la
paix et de ne pas attaquer ceux qui ne portent pas d’armes (inermes). L’originalité du mouvement est que le
maintien de la paix n’est plus le fait du seul roi : il se fait sous l’égide des prélats, en corrélation avec les
puissants, comme dans le Midi, les ducs d’Aquitaine, et avec le soutien populaire. À partir des années 1020 il
se répand dans la France du Nord : en 1024 le roi Robert le Pieux (996-1031) et l’empereur germanique
Henri II proclament une paix universelle lors d’une rencontre sur la Meuse. Le chroniqueur Raoul Glaber
place en 1033, le millénaire de la Passion, le point 8 culminant du mouvement qui aurait drainé d’après lui
d’immenses foules, le roi Hugues (1031-1060) réunissant toute une série de conciles dans tout le royaume
pour proclamer la paix. Des sortes de ligues de paix tentent de faire respecter la paix, pas toujours avec
succès.

Dans un second temps, à partir des années 1040, le mouvement change de forme : c’est ce qu’on appelle la
Trêve de Dieu. On tente d’empêcher le recours au conflit armé pendant certains jours de la semaine, pendant
certaines périodes de l’année liturgique et pendant les fêtes importantes de l’année. Le concile d’Arles de
1037-1041 impose la paix du mercredi soir au lundi matin. Par la suite, les deux mouvements, Paix et Trêve
de Dieu, se fondent en un seul.

Les mouvements de la Paix et de la Trêve de Dieu interdisent certaines activités militaires, en particulier le
pillage des églises et l’oppression des civils non armés. Mais paradoxalement, on prend les armes pour
défendre la paix. Les ecclésiastiques peuvent être impliqués dans l’organisation et le commandement des
forces militaires destinées à appliquer la paix. C’est par exemple le cas d’Aimon de Bourbon, archevêque de
Bourges, qui crée un mouvement de ce type en 1031. L’armée d’Aimon attaque le château du seigneur de
Bennecy, accusé de troubler la paix : mais 1 400 personnes auraient été tuées dans cette attaque. En 1038
l’archevêque et son armée sont vaincus par le vicomte de Déols. Le chroniqueur André de Fleury estime que
la défaite est due au fait que l’archevêque et son armée ont oublié qu’ils combattaient pour la paix de Dieu.

Au départ, la papauté n’est pas impliquée dans le mouvement de la paix de Dieu. Mais en 1053, Léon IX
marche à la tête d’une armée contre les Normands en Italie du Sud. Ce n’est pas la première fois qu’un pape
lève une armée. Mais pour la première fois le pape déclare que la participation à cette campagne plait à Dieu
et que ceux qui sont morts au combat iront directement au ciel.

Quatrième partie : la croisade

Ces mouvements de paix font partie des facteurs qui ont favorisé l’apparition des croisades. On ne parle
pas de « croisade » avant le XIIIe siècle, mais de « voyage de Jérusalem ». La croisade est née à l’extrême
fin du XIe siècle de la conjonction de plusieurs facteurs :

- les mouvements de paix


- le pèlerinage, souvent imposé comme pénitence à ceux qui violent la paix
- la Reconquista espagnole sur les musulmans, à laquelle s’intéresse la papauté. Alexandre II puis Grégoire
VII encouragent les chevaliers chrétiens à aller soutenir l’effort militaire des rois d’Aragon et de Castille.
L’idée de guerre juste se transforme en guerre sainte : Alexandre II remet les péchés à ceux qui se rendent en
Espagne pour lutter contre les musulmans
- la question de l’accès des pèlerins à Jérusalem après la prise de la ville par les Turcs Seldjoukides en
1073 : en fait, la prise de Jérusalem par les Turcs a été suivie d’une recrudescence du pèlerinage chrétien aux
Lieux Saints. Mais les récits des pèlerins et la 9 propagande byzantine hostile aux Turcs se combinent pour
provoquer une émotion favorable à une action armée
- l’essor de la puissance des papes, qui se voient bien à la tête d’une grande expédition armée contre les
Infidèles et qui veulent aussi lutter contre l’empereur germanique en tentant de renouveler les négociations
avec Byzance.

C’est dans ce contexte que le pape Urbain II (1088-1099), dont la famille, de noblesse champenoise, est
proche de celle d’Eble, comte de Roucy (Champagne), qui a combattu les Musulmans en Aragon, lance un
appel en novembre 1095 à Clermont aux chrétiens pour qu’ils mettent fin à leurs luttes fratricides pour aller
combattre afin de défendre les Lieux saints par les armes. Pour la première fois, le rapprochement est fait
entre l’effort militaire contre les Infidèles et la délivrance du tombeau du Christ.

Le pape songeait à une expédition de combattants, avant tout recrutés dans le Midi de la France, mais il est
rapidement débordé : l’appel est immensément populaire et rencontre des thèmes liés à l’espérance
eschatologique. Les croisés se considèrent comme le nouveau peuple élu. Des prédicateurs comme Pierre
l’Ermite et Gautier sans Avoir se font le relais de l’appel auprès des populations et une « croisade populaire »
composée avant tout de paysans prend la route, pillant tout sur son passage et dans la vallée du Rhin
massacrant les juifs considérés comme les ennemis de Dieu, avant d’être elle-même massacrée plus loin par
les Turcs. Ce qu’on appelle la première croisade est une entreprise différente, proprement militaire,
composée de quatre armées parties de différentes régions du royaume de France et d’Italie du Sud, qui se
retrouvent en Asie Mineure en mai 1097 avant de s’emparer d’Antioche en 1098 et de Jérusalem en 1099.
L’appui offert par les flottes italiennes et la désunion des pouvoirs musulmans permettent la construction des
États latins d’Orient. Plusieurs décennies plus tard, la prise d’Édesse par les musulmans déclenche la
deuxième croisade (1147-1149) prêchée notamment par Bernard de Clairvaux, et que rejoint le roi de France
Louis VII. La croisade devient ensuite un trait majeur du fait religieux en Occident, un thème qui sera
développé au second semestre.

CM°8 : le monachisme bénédictin et cluny

Le semestre se termine sur un cours qui porte sur le monachisme bénédictin et Cluny. La question des
réformes monastiques et celle de la vie monastique féminine seront traitées au second semestre.

Introduction : qu’est-ce qu’un moine ?

Le terme vient du grec monachos, qui signifie « solitaire ». Il s’agit d’un mouvement spirituel qui est né dans
les déserts d’Égypte au IVe siècle, avec des figures comme saint Antoine ou saint Pacôme, et qui est fondé
sur la prière et l’ascèse ainsi que sur le renoncement au monde, au mariage et à la famille. À l’origine, il
existe plusieurs types de moines : ceux qui vivent seuls, les ermites (on parle d’érémitisme, un phénomène
qui continue tout au long du Moyen Âge), les cénobites (ceux qui vivent en communautés) et des catégories
intermédiaires, mal connues. Assez rapidement toutefois, c’est le modèle de la vie cénobitique qui l’emporte,
avec des variantes.

Le phénomène monastique occupe une place essentielle dans la société médiévale. Des milliers de
fondations sont créées, et les monastères sont les lieux de la transmission de pans entiers de la culture
antique, comme on l’a vu dans le cours sur la formation des clercs. La vocation monastique offre aussi un
modèle de vie parfaite même pour ceux qui décident de rester dans le siècle. Enfin les prières du moine sont
considérées comme un intercession particulièrement efficace en vue du salut des pécheurs.

Première partie : la règle de vie des moines et les fondations monastiques

La vie du moine est régulée, les moines suivent une règle de vie qui est écrite et qui dirige tous les aspects de
leur activité.

1. La Règle de saint Benoît

Quand le monachisme arrive en Occident au IVe siècle (fondation de Ligugé près de Poitiers, en 360, de
Marmoutier près de Tours en 372), on observe qu’il existe une grande variété dans les règles de vie adoptées
par les moines. Chaque monastère ou presque a sa règle de vie. Mais quelques règles sont répandues dans
plusieurs monastères : celles de saint Augustin, de saint Césaire d’Arles, de saint Colomban, de saint Benoît
de Nursie, rédigée au Mont-Cassin (Italie centrale) dans la première moitié du VIe siècle. Assez rapidement,
on distingue deux grandes zones : une zone méditerranéenne et continentale, où la Règle de saint Benoît
domine, et une zone celtique, marquée par un monachisme très ascétique. Le modèle celtique se répand avec
les missions de saint Colomban (meurt en 615) sur le continent.
Toutefois, à partir de 630 environ, la Règle de saint Benoît commence à l’emporter et domine très
largement vers la fin du VIIIe siècle et les pouvoirs temporels comme les autorités ecclésiastiques l’imposent
de nombreuses communautés. Il paraît malgré tout nécessaire aux milieux proches de la cour carolingienne
de la réformer, et c’est l’œuvre de Benoît d’Aniane (mort en 821), dont la réforme est mise en place par le
concile d’Aix-la-Chapelle de 816-817. Cette réforme donne beaucoup plus d’importance à la prière et à la
liturgie que la règle d’origine.

La règle de saint Benoît ou règle bénédictine est celle qui est ensuite suivie dans tous les monastères, à
l’exception des monastères de l’ordre des Chartreux, fondé par saint Bruno (vers 1030-vers 1100). Elle
comprend une sorte de prologue et 73 chapitres qui traitent de la vie en commun sous l’autorité d’un abbé,
des principales vertus des moines (obéissance, silence et humilité), de la liturgie, de la discipline dans le
monastère et de son administration, du recrutement dans la communauté et des relations du monastère avec
le monde extérieur.

Tous les spécialistes reconnaissent que le succès de la règle bénédictine est dû à son caractère équilibré,
alors que la règle de saint Colomban était beaucoup plus exigeante et insistait sur l’importance d’une ascèse
rigoureuse. La Règle de saint Benoît allie en effet assez bien les tâches spirituelles, le travail manuel et la
direction paternelle au sein d’une communauté fraternelle, et les structures administratives des monastères
qui suivent cette règle sont relativement simples. De plus, la règle prévoit des adaptations au temps et au lieu.
Dans la pratique les moines bénédictins adaptent souvent la règle, ou bien des suppléments sont donnés à la
règle : c’est le cas par exemple de la réunion quotidienne du chapitre, qui n’est pas prévue dans la règle. Des
coutumiers viennent compléter la règle pour chaque abbaye et précisent certains points par exemple en ce qui
concerne les fonctions des moines administrateurs.

2. Les fondations monastiques

Le modèle présenté par les moines exerce une influence profonde sur l’ensemble de la société. De
nombreux laïcs choisissent de faire des dons aux monastères, de fonder des monastères voire d’y terminer
leur vie ou de prendre l’habit monastique sur leur lit de mort, une pratique que l’on appelle ad succurrendum
(du latin succurro : secourir) Dans les familles aristocratiques, il est fréquent qu’un ou plusieurs enfants
soient destinés à la vie monastique et entrent dans le monastère fondé par leur famille, dont ils peuvent
devenir l’abbé ou l’abbesse. On peut citer ici l’exemple du monastère de Saint-Évroult, dans la forêt d’Ouche
dans le diocèse de Sées en Normandie. Il s’agit d’une fondation qui remonte au VIe siècle (fondée par
Évroul, proche de Childéric Ier, fils de Clovis) et qui adopte immédiatement la règle de saint Benoît. En 841,
l’abbaye est partiellement détruite par les raids vikings et elle subit ensuite plusieurs pillages. Au milieu du
XIe siècle, elle est restaurée par deux familles nobles des environs : les Giroie (Guillaume Giroie) et les
Grandmesnil (Robert et Hugues de Grandmesnil, neveux de Guillaume Giroie). L’église est terminée en 1099
et l’abbaye devient l’un des grands centres de la vie monastique en Normandie, avec des moines comme
Orderic Vital.

Les fondations monastiques du Haut Moyen Âge offrent plusieurs cas de figure : certaines sont en ville,
d’autres en milieu rural, souvent sur le domaine de la famille aristocratique qui fonde le monastère. On peut
prendre le cas de l’abbaye de Fleury fondée en 651, à 30km d’Orléans, par Leodegarius, l’évêque d’Orléans,
qui souhaitait introduire la règle de saint Benoît dans la grande église collégiale de Saint-Aignan d’Orléans,
mais s’était heurté à l’opposition des clercs. Il procède alors à un échange de terres avec le roi Clovis II et
obtient de celui-ci la propriété de Floriacum, une ancienne villa gallo-romaine sur les bords de la Loire. C’est
là qu’il fonde l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. D’autres présentent des cas hybrides, à proximité d’une
ville (Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés à proximité de Paris), ou sur une route de pèlerinage par exemple.

À partir du Xe siècle, c’est souvent un site rural, loin du monde, qui est choisi pour les fondations
monastiques. Pour vivre, la communauté doit exploiter des terres. En théorie, les moines doivent consacrer
une partie de leur journée au travail manuel, mais dans la pratique les terres sont exploitées par des moines
convers ou par des domestiques agricoles, ou des serfs, alors que les moines claustraux (ou de chœur se
consacrent essentiellement à la prière et à la liturgie). Certaines fondations ont d’immenses domaines, qui ne
cessent de croître jusqu’au début du XIIe siècle avant que les donations ne commencent à se tarir : il y a
moins de terres à donner, le contexte est également celui d’un essor démographique, qui se traduit par des
défrichements de plus en plus importants. Par ailleurs, les donations à l’Église font l’objet de disputes au sein
des familles aristocratiques, dont certains membres peuvent s’estimer dépossédés.

On peut prendre ici l’exemple des domaines de l’abbaye Saint-Augustin de Cantorbéry, fondée au début du
VIIe siècle par Augustin, envoyé en mission en Angleterre par le pape Grégoire le Grand. Il est difficile de
dire à quelle date cette abbaye adopte la règle bénédictine, les manuscrits conservés de la règle de saint
Benoît pour cette abbaye datant du Xe siècle. L’abbaye, qui est située en dehors des murs de la ville (qui a sa
cathédrale) a une double fonction : c’est un monastère, où la liturgie, somptueuse, est célébrée sur le modèle
romain. C’est aussi un mausolée pour les ecclésiastiques importants et les rois du Kent convertis au
christianisme. Entre le VIIe et le IXe siècle, les donations royales et aristocratiques affluent (en couleur
sombre sur la carte). La plus grande partie de la dotation terrienne de l’abbaye date de cette époque : les
terres données sont situées dans Cantorbéry, autour de l’abbaye (dans le bourg de Longport à la sortie de la
cité de Cantorbéry), et dans plusieurs régions du Kent, sur la côte, dans les vallées fluviales, dans les régions
où l’on cultive les céréales. On s’aperçoit que ces domaines sont économiquement complémentaires, ce qui
implique une gestion économique réfléchie. L’abbaye perçoit aussi des droits de douane et exerce une
juridiction sur plusieurs centres de peuplement. Une autre donation importante date du début du XIe siècle,
dans ce qu’on appelle l’île de Thanet, qui est bien une presqu’île au Moyen Âge (plus le cas aujourd’hui) : le
monastère qui existait là (Minster-inThanet) a été dissout et Saint-Augustin a récupéré une bonne partie des
terres. L’ensemble fait de Saint-Augustin un des monastères les plus riches d’Angleterre.

Souvent, l’activité économique et la nécessité de loger les familiers du monastère conduisent à la formation
d’un bourg monastique aux portes de l’abbaye. Les relations entre bourg monastique et monastère sont loin
d’être harmonieuses et de nombreux conflits parfois violents émaillent l’histoire des monastères. Le mur
d’enceinte peut avoir alors pour fonction de protéger les moines, et des portes monumentales ont une
fonction défensive, comme à Bury Saint-Edmunds, dans le Suffolk (carte et photographie).

3. L’organisation interne des monastères bénédictins

Les monastères sont au départ des communautés de laïcs. Mais les nécessités de la liturgie conduisent de
nombreux moines à entrer dans les ordres et au Moyen Âge central les clercs l’emportent largement parmi
les moines. En ce qui concerne l’organisation administrative du monastère, l’abbé ou l’abbesse sont en
principe élus par les moines et les moniales. On appelle abbaye un monastère indépendant. Les grands
abbayes ont des dépendances, des prieurés ruraux, qui sont de petites fondations qui n’ont parfois que deux
ou trois moines.

L’abbé est secondé par des moines qui remplissent des fonctions administratives ou offices au sein de
l’abbaye. Le circateur est le moine qui circule régulièrement dans l’abbaye pour vérifier que la règle est bien
suivie et qu’il n’y a aucun abus. Le chantre ou le préchantre (premier chantre) dirige le chœur. On l’appelle
aussi l’armarius, c’est lui qui garde l’armoire dans laquelle on range les livres. D’autres moines sont chargés
des aspects matériels : le cellerier (responsable du cellier, c’est-à-dire de la nourriture), le prévôt (chargé des
relations avec l’extérieur pour tout ce qui concerne la vie monastique), le sacristain ou gardien de l’église,
l’hôtelier, l’aumônier, le camérier (vêtement et literie), le réfectorier, l’infirmier, le portier, le jardinier… Les
officiers (officiales) ou obédientiaires sont dispensés de certains aspects de la vie commune que doivent
suivre tous les autres moines.

Les monastères sont longtemps composés de bâtiments dispersés sur un terrain clos par un mur d’enceinte.
Les bâtiments sont l’église, le dortoir, le réfectoire, le cloître, c’est-à-dire une galerie couverte. On peut
également trouver un scriptorium. Le moine ne doit pas sortir du monastère sans autorisation : c’est ce qu’on
appelle la clôture, et dans les monastères on voit aussi souvent la mise en place d’une séparation entre les
bâtiments ouverts aux visiteurs et les autres.

Le cas du monastère de Saint-Gall, en Suisse actuelle (environ 30km à l’est de Zurich), nous donne une
idée de l’organisation interne des monastères. Cette abbaye a été fondée vers 610 par Gall, un compagnon de
Colomban. En 747, Pépin le Bref lui impose la règle bénédictine. L’abbaye actuelle a été entièrement
reconstruite à l’époque moderne. Mais la bibliothèque conserve un plan qui date de 820 environ, qui nous
donne une idée de la manière dont les bâtiments étaient répartis dans l’enclos monastique. Ce plan est tracé
sur plusieurs feuillets de parchemin cousus ensemble, sur une surface de 77cm par 112cm. Il s’agit d’un
projet élaboré en vue de la reconstruction du monastère et envoyé à l’abbé de Saint-Gall par Heito, abbé de
Reichenau et évêque de Bâle. On a longtemps cru qu’il s’agissait d’une vision idéale et que le plan n’avait
jamais été appliqué, mais des études plus poussées ont démontré que le plan était adapté au site de Saint-Gall
et des fouilles ont permis de découvrir qu’au moins certains aspects du plan avaient dû présider à la
reconstruction de l’abbaye. Le plan montre plusieurs grandes parties :
-plusieurs églises (dont une grande église) ;
-un cloître (ici un quadrilatère régulier), un réfectoire, un dortoir, des cuisines et des vestiaires, celleriers,
lardiers etc. -une salle de séjour et de travail chauffée, sous le dortoir.
-des parties réservées à l’hygiène et aux soins corporels.
-des parties réservées à l’enseignement et au noviciat.
-des parties réservées à la réception des nobles visiteurs, des pèlerins, des pauvres.
-des jardins et des parties réservées à la gestion de l’agriculture et de l’élevage.

Ce type d’organisation a longtemps dominé la vie monastique, jusqu’à la création de monastères selon des
plans beaucoup plus structurés par les nouveaux ordres (ce que nous verrons au second semestre).
Deuxième partie : la vie du moine

1. L’entrée dans le monastère et la formation du moine

L’entrée dans le monastère se fait avec une dot pour le moine ou la moniale. On prononce des vœux et les
femmes prennent le voile. Il s’agit d’un vœu qui marque le retrait du monde mais aussi d’un vœu de
stabilité : on reste dans le même établissement. Les moines des petits prieurés continuent à dépendre de
l’abbaye où ils ont prononcé leurs vœux.

On peut entrer dans un monastère à n’importe quel âge. On voit par exemple des veufs ou des veuves
prononcer des vœux ou même parfois des couples mariés renoncer à la vie en commun pour choisir la vie
monastique. Une période de formation appelée le noviciat est toutefois requise avant que les vœux ne soient
prononcés, pour être certain de la solidité de la vocation du futur moine ou de la future moniale et pour leur
assurer la formation nécessaire à la liturgie.

Un cas particulier est celui de l’enfant qui est remis au monastère par sa famille. Il s’agit de l’oblation (ou
offrande) et on parle des enfants oblats. Arrivé à l’âge de raison, l’oblat prononce des vœux pour devenir
moine. Mais il arrive souvent que les enfants oblats ne souhaitent pas demeurer dans la vie monastique. Au
cours du XIIe siècle, les autorités ecclésiastiques tendent à rejeter la pratique de l’oblation, qui se raréfie.

On peut prendre ici l’exemple célèbre d’Orderic Vital, qui est né en Angleterre vers 1075 d’un prêtre
d’origine française et d’un mère anglaise. L’application des dispositions réformatrices concernant le mariage
des prêtres oblige le couple à se séparer et à se séparer de ses enfants. Orderic est alors envoyé en
Normandie, à l’âge de 10 ans, au monastère de SaintÉvroult. Comme il le raconte à la fin de sa vie, Orderic
coupe tous les liens avec son ancienne famille. C’est désormais l’abbé qui lui sert de père. Orderic passe
dans les ordres majeurs : il est successivement sous-diacre, diacre, prêtre.

Un autre cas particulier est celui du convers. Il s’agit d’un moine souvent d’origine paysanne qui n’a pas la
formation requise pour assurer la liturgie. Dans le cadre des monastères qui suivent la règle bénédictine, rien
n’empêche toutefois au convers d’être formé aux tâches intellectuelles et de devenir moine de chœur.

2. L’apparence et les soins du corps

Le moine se reconnaît par un vêtement caractéristique : la coule ou cucule, un large vêtement muni d’un
capuchon et agrafé sur les côtés, que les moines portent au-dessus de la tunique. Les novices n’ont pas le
droit de porter ce vêtement. Le scapulaire ressemble à un tablier et est porté sur la cuculle. Le froc (frocus)
est un grand manteau à larges manches, que l’on a l’obligation de porter la plupart du temps. La garde-robe
du moine est complétée par une pelisse, un manteau de fourrure, des chemises et des chausses, des bas, des
chaussons, des souliers et un chaperon de fourrure. La laine est tannée avec une couleur naturelle sombre, si
bien que le vêtement des moines bénédictins est dit noir. Cette garde-robe est renouvelée régulièrement et est
parfois luxueuse : Pierre le Vénérable, abbé de Cluny (1122-1156), doit interdire aux moines de porter des
fourrures de chat, considérées comme trop luxueuses. À la place les moines porteront de la fourrure
d’agneau, de chèvre, de putois ou de vison.

Le souci de l’hygiène transparaît dans la présence d’un lavatorium dans tout monastère : les ablutions sont
quotidiennes, les bains sont prescrits plusieurs fois par an. Les moines se rasent les cheveux et la barbe tous
ensemble, et portent une tonsure. Chaque monastère possède aussi son infirmerie. Pendant la plus grande
partie de l’année, les moines ne prennent qu’un repas par jour, le soir, et ne mangent pas de viande. L’année
est divisée en quatre parties :
– du 14 septembre au carême : on jeûne jusqu’à la neuvième heure du jour sauf les dimanches et les
jours de fête. -la période de carême : quarante jours avant Pâques. On ne prend qu’un repas par jour,
le soir.
– le temps pascal en revanche (entre Pâques et la Pentecôte) est une période festive où on prend deux
repas par jour et où on ne jeûne pas.
– de la Pentecôte au 13 septembre : on prend deux repas par jour, mais le mercredi et le vendredi, on
jeûne jusqu’à la neuvième heure du jour. On prend ses repas dans le réfectoire, sans parler, en
écoutant une lecture faite depuis une chaire.
La règle impose le silence. Dans la pratique, les conversations peuvent avoir lieu dans de petits groupes sous
la surveillance d’un moine plus âgé. Sinon on recourt au langage des signes.

3. La journée du moine

La prière et la liturgie : ces deux tâches prennent avec le temps de plus en plus de place dans a vie du
moine, au détriment des autres occupations. La prière est l’idéal des moines qui remplissent une fonction
d’intercession.

L’originalité des monastères est qu’ils développent un cycle quotidien d’heures : il y a douze heures de nuit
et douze heures de jour, dont la longueur varie en fait en fonction de la saison, et qui sont rythmées par les
huit heures de la prière :
– matines ou vigiles : au milieu de la nuit les moines se lèvent pour l’office nocturne.
– laudes : à l’aurore.
– prime : à la première heure du jour, les moines chantent prime. Cette première heure du jour se situe
très tôt en été, tard en hiver. En théorie on ne se recouche pas entre l’office nocturne et prime, dans la
pratique les usages varient d’un monastère à l’autre. Après prime vient un temps de lecture, ou bien
c’est à ce moment-là qu’on célèbre les messes privées.
– tierce : puis vient tierce, avec la première messe chantée, à la suite de quoi la communauté se réunit
dans le chapitre.
– sexte : l’office de sexte (vers midi en hiver) est suivi de la grand-messe. Un temps de prière suit la
grand-messe.
– none : puis c’est l’office de none, suivi d’un repas et d’un temps de lecture jusqu’à vêpres.
– vêpres
– Après un temps de lecture, on retourne à l’église pour complies, qui sont chantées dans l’obscurité.
Puis les moines rejoignent le dortoir.

La célébration de l’office divin (opus Dei) est une action épuisante, surtout les offices chantés. Cela dit,
tous les moines n’assistent pas à toutes les prières : par exemple ceux qui remplissent un office dans le
monastère sont dispensés d’une partie des prières. En revanche, d’autres moines s’adonnent à des exercises
d’ascèse entre les prières, des prostrations ou « métanies ».

La vie intellectuelle dans les monastères a déjà envisagée quand on a parlé des écoles. On trouve ,au moins
dans les monastères importants, un scriptorium et des livres conservés dans une armaria. L’enseignement, la
pratique de la médecine, la rédaction de textes nouveaux et la copie de textes anciens font des monastères des
centres intellectuels et culturels de premier plan jusqu’au XIIe siècle. Les monastères sont vraiment des
centres de culture voire pendant longtemps dans de nombreuses régions les seuls centres de culture.

4. Les moniales et les monastères féminins

Les moniales présentent un cas particulier, puisqu’il leur faut pouvoir recourir aux services d’un prêtre
pour la liturgie. Il existe également des cas de monastères doubles où hommes et femmes coexistent, mais
dans des bâtiments séparés. Ces monastères doubles sont en général dirigés par des abbesses. Quelques
grandes figures d’abbesses bénédictines ont marqué la période, comme Hildegarde de Bingen (1098-1179)
ou Herrade de Landsberg (morte en 1195). Je reviendrai sur ces figures au second semestre.

Troisième partie : Cluny

Le monastère de Cluny (en Bourgogne, à 15km environ au NE de Mâcon) est une fondation de Guillaume
le Pieux, duc d’Aquitaine, en 909 ou 910, qui remet sa nouvelle fondation à la 8 protection de saint Pierre et
saint Paul, c’est-à-dire du pape. Il ne s’agit pas là d’une innovation : depuis le déclin du pouvoir carolingien,
les fondations nouvelles sont souvent remises à la protection de la papauté, qui se sert des armes spirituelles
pour les protéger.

Mais dans le cas de Cluny, ce monastère a ensuite accumulé les privilèges, qui lui ont permis d’acquérir son
autonomie vis-à-vis des cadres séculiers : à la fin du XIe siècle, Cluny ne dépend plus que du pape et
développe une relation très étroite avec la papauté qui soutient cette fondation et intervient régulièrement
pour la défendre. Surtout, Cluny a la chance de bénéficier d’une succession d’abbés très capables, qui ont un
rôle à l’échelle de l’Occident :
– Bernon : le premier abbé.
– Eudes (926-944) : c’est surtout sous l’abbatiat d’Eudes que les spécificités de la vie monastique à
Cluny se développent.
– Maïeul (965-994)
– Odilon (944-1048)
– Hugues (1049-1099)
– au XIIe siècle : Pierre le Vénérable (1122-1156).

Cluny est une fondation qui offre des traits spécifiques :

– Le désir de mettre en place une réforme qui restaure la vie bénédictine telle qu’elle a été définie par
Benoît d’Aniane (m. 821) à l’époque carolingienne. Ce n’est pas un cas isolé : c’est également le cas
de l’abbaye de Gorze, en Lorraine, réformée en 933, elle-même à la tête d’une fédération importante
d’abbayes réformées en Germanie.

– une place exceptionnelle faite à la prière : la Règle de saint Benoît est adaptée dans ce sens. Cluny se
singularise par des prières, des messes et des aumônes continuelles, jusqu’à huit heures par jour pour
les jours de fête. On célèbre deux messes communautaires par jour et non pas une, les services sont
plus longs qu’ailleurs. Les jours de saints sont multipliés et l’office nocturne est rallongé. On rompt
ici en réalité complètement avec l’équilibre de la règle de saint Benoît. La vie monastique est
considérée comme la seule voie du salut, et c’est cette vision des choses qui se répand auprès des
laïcs qui multiplient les donations. On s’associe au monastère en donnant les enfants ou des églises
ou des propriétés. Beaucoup cherchent aussi à entrer dans une association de prière avec Cluny, à
devenir membre de sa confraternité, pour pouvoir bénéficier de l’intercession de ses prières et de ses
messes. Les noms des bienfaiteurs et des membres de la confraternité sont inscrits dans un Liber
vitae qui est placé sur le grand autel pendant la célébration de la messe.

– Un cadre architectural unique : l’église de Cluny est reconstruite à plusieurs reprises jusqu’à devenir
un des principaux bâtiments d’Occident. L’église de l’abbé Maïeul (Cluny II) fut remplacée sous
l’abbé Hugues par une église encore plus grande (531 pieds de long) avec 4 transepts, 15 tours, 5
chapelles rayonnantes : les travaux durèrent de 1088 à 1130. Cette église a aujourd’hui disparu, mais
on a des fragments conservés au Musée national du Moyen Âge et l’église fut imitée à Paray-le-
Monial et à Vézelay.

– Une administration complexe. Un prieur seconde l’abbé et le remplace pendant ses absences. Lui-
même peut être secondé par un sous-prieur voire par un troisième prieur ou sous-prieur. Cluny est à
l’origine d’une association qui comprend plusieurs centaines de maisons et qui couvre tout
l’Occident. Vers 1150, il y a plus de 1000 monastères et clunisiens (abbayes et prieurés), pour un
total de 9 à 12 000 moines, dont dix qui rassemblent plus de 50 moines (dont Cluny : 300), 20 ont de
30 à 50 moines, 120 ont de 15 à 30 moines, 200 ont de 6 à 15 moines et 700 en ont moins de 6. Les
fondations clunisiennes sont réparties en 10 provinces : « France » (Bassin parisien), Auvergne,
Gascogne, Poitou, Provence, Lombardie, Allemagne, Angleterre et Espagne. Mais il est préférable de
parler d’association plutôt que d’ordre au sujet des fondations clunisiennes, dans la mesure où la
structure d’ensemble est assez lâche.

Conclusion

Si la vie monastique se veut renoncement au monde, elle n’est pas pour autant coupée du monde, et elle agit
sur lui. Le modèle monastique imprègne profondément la société jusqu’au XIIe siècle, c’est un idéal.

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