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Introduction à l’histoire de la civilisation occidentale

Prof : Michèle Gélinas

FIN DU MOYEN-ÂGE ET TEMPS MODERNES

A) LA FIN DU MOYEN-ÂGE
Plusieurs phénomènes rendent les XIVe et XVe difficiles. Tout d’abord, l’Occident subit
des changements climatiques importants. La température se refroidit (une baisse
annuelle moyenne de deux degrés) et il pleut plus qu’avant. Cela perturbe énormément
l’agriculture qui, à l’époque, utilise peu les engrais et épuise rapidement les terres. Les
récoltes s’amenuisent, provoquant dans les endroits les plus touchés (notamment le
nord de l’Europe) des épisodes de famine au début du XIVe siècle.

Les nombreuses guerres de l’époque rendent aussi la vie pénible. Il y a des guerres
internes (à l’intérieur d’un royaume) impliquant surtout des seigneurs essayant
d’agrandir leur territoire, afin de s’enrichir, en attaquant d’autres seigneurs. Il y a aussi
des royaumes qui entrent en conflit, toujours pour des questions territoriales. À certains
endroits, c’est la propriété d’une voie navigable frontalière qui est en jeu (le transport
des marchandises par bateau est sujet à des taxes et le royaume pouvant les percevoir
s’assure de rentrées d’argent), à d’autres, c’est le sol qui génère un conflit. La guerre de
Cent Ans en est un bel exemple. Se disputant la section ouest du royaume de France,
l’Angleterre et la France s’affrontent de 1337 à 1453 de façon sporadique.

Enfin, une terrible épidémie s’abat sur l’Europe à partir de 1347, la peste noire. Née en
Asie et amenée par des bateaux de commerce, la maladie terrasse les Occidentaux, sans
anticorps contre cette sorte de peste. Le fléau fait rage jusqu’au milieu du XV e siècle.

Au bout du compte, on estime que la population occidentale a diminué d’environ 50% à


cause de ces différents malheurs cumulés. Les gens croient à une malédiction divine, se
demandant ce qu’ils ont bien pu faire pour mériter un tel châtiment de Dieu. Au fil du
temps, ce choc provoquera une sérieuse remise en question de leur mode de vie.
À lire : La peste
Disponible sur LÉA

À voir et écouter : La petite histoire de la peste noire


(Pour la petite histoire 4 minutes 5 secondes)

https ://www.youtube.com/watch?v=Lfd2AL-tnwM

B) LES TEMPS MODERNES

Antiquité : de la préhistoire au Ve siècle


Moyen-Âge : du Ve au XVe siècle
Temps modernes : du XVIe au XVIIIe siècle
Période contemporaine : du XIXe siècle à …

Chronologie des Temps modernes

Cette période couvre trois siècles, du XVIe au XVIIIe. Il faut faire attention à ne pas
confondre la Renaissance avec les Temps modernes. La Renaissance est en fait le début
des Temps modernes, c’est une de ses sous-périodes. Elle couvre la fin du XVe et le XVIe
et marque le commencement de changements importants. L’Italie démarre le
mouvement avec son intérêt grandissant pour l’Antiquité, ses arts, ses sciences, son
mode de pensée. On redécouvre - on renaît à - l’Antiquité. Apparaissent alors de grands
penseurs et surtout de grands artistes qui influencent encore aujourd’hui l’Occident. Ils
s’inspirent des premiers Occidentaux, particulièrement ceux de l’Antiquité grecque,
dans leur perspective entièrement tournée vers l’être humain. Au Moyen Âge, c’était la
religion qui motivait la créativité, maintenant, c’est l’Homme (et la femme), sa beauté,
la perfection de son corps. Ils ne rejettent pas le dieu chrétien, ils louangent son œuvre
en tentant de la reproduire à la perfection. Michel-Ange représente bien cette période.

Le XVIIe siècle est nommé le Grand siècle ou Siècle d’Or. Il se distingue surtout par sa
littérature, ses grandes œuvres toujours lues. Shakespeare en Angleterre, Molière en
France, Cervantès en Espagne et d’autres ont laissé en héritage des écrits démontrant
que les Occidentaux commencent à remettre en question leur mode de vie,
s’intéressent à la façon de construire un meilleur avenir, d’abolir les injustices, celles
qui, par exemple, divisent les humains en catégories sociales inégales devant la loi.

Le XVIIIe siècle est plein d’espoir et c’est pour cela qu’on l’appelle Les Lumières. On croit
maintenant qu’il est possible de changer la société sans déplaire à Dieu ; il n’a pas laissé
un mode de vie immuable, mais a plutôt lancé un défi aux humains d’en construire un
meilleur. La toute-puissance des rois, des seigneurs et des autorités religieuses est
remise en question. Les Occidentaux ne délaissent pas la religion chrétienne, au
contraire, mais ils se questionnent sur la manière dont elle est dirigée par le pape et ses
collaborateurs. Des penseurs essaient de présenter des modèles de vie différents dans
des écrits qui choquent certains, mais en réjouissent d’autres. Jean-Jacques Rousseau
est l’un d’eux.

Grands changements des Temps modernes

En mettant de côté l’approche chronologique et en s’attardant plutôt aux événements


clés des Temps modernes, il est possible de dégager de grandes transformations aux
impacts majeurs.

L’imprimerie tout d’abord. Il ne s’agit que d’une invention technique, mais qui va
changer le visage de l’Occident. Jusque-là, la manière de reproduire un écrit consistait à
le recopier à la main. Généralement, les communautés religieuses le faisaient en se
concentrant sur des ouvrages religieux et il fallait souvent quelques années pour un
ouvrage substantiel. Vers 1450, un Allemand nommé Gutenberg met au point
l’imprimerie : chaque lettre est modelée en métal et, en utilisant cet alphabet mobile
pour recomposer une page que l’on imprègne d’encre et sur laquelle on appuie une
feuille, il est possible de la recopier à l’infini, à condition d’y rajouter de l’encre. En le
faisant avec toutes les pages d’un livre, on reproduit l’ouvrage à une vitesse jamais vue
et sans limites quant au nombre d’exemplaires. Un véritable boom intellectuel s’ensuit :
les Occidentaux apprendront plus facilement à lire simplement parce qu’il y a quelque
chose à lire et les connaissances autres que religieuses deviennent dignes d’être
reproduites. Les sciences, par exemple, en profiteront grandement.

Voilà une chose qui va aider les Occidentaux à explorer le monde. Certes, d’anciens
navigateurs avaient touché des terres inconnues de la majorité - Vikings, Portugais,
Basques - mais leur savoir n’était pas diffusé. Il sera enfin connu grâce à l’imprimerie et,
l’avancement des techniques de navigation s’y conjuguant, cela mènera à la conquête
des mers et des terres qu’elles cachent. Subventionnés par des rois qui espèrent trouver
la fortune dans ces ailleurs lointains, ces navigateurs téméraires sont à la source des
Grandes découvertes. Aux Temps modernes, il s’agit tout d’abord de la découverte de
l’Amérique en 1492, attribuée à Colomb, d’origine italienne mais naviguant au nom du
roi d’Espagne, puis de l’atteinte de la pointe sud de l’Afrique par Dias pour le compte de
son pays le Portugal, et, enfin, du premier voyage autour du globe par Magellan, un
Portugais au service de l’Espagne.

Vient ensuite la Réforme religieuse. Jusqu’à très récemment, l’Occident est demeuré
profondément chrétien et, malgré la perte de foi, il est toujours guidé par les principes
moraux issus du christianisme. Au début des Temps modernes, les chrétiens se
questionnent : les autorités religieuses les exploitent-elles ? Il faut donner de l’argent à
son curé pour être un bon chrétien : la quête de la messe, la dîme, l’achat d’indulgences,
ce moyen d’accélérer son arrivée au ciel après la mort, etc. Faut-il croire tout ce que dit
le clergé sans ne jamais rien questionner afin d’éviter la menace de l’enfer et même,
parfois, d’être condamné à mort par le tribunal de l’Église nommé l’Inquisition ? Faut-il
fermer les yeux sur la débauche de certains membres du clergé… ?

Des croyants pensent que l’on s’est éloigné des fondements de la religion et qu’il faut y
revenir. Ceux qui vont affronter les autorités de l’Église démarrent la Réforme religieuse,
dont la paternité est attribuée à un prêtre allemand, Martin Luther, en 1517. Selon ses
disciples et lui, il faut revenir aux premiers écrits des chrétiens, ceux de l’Antiquité,
moins contraignants face aux autorités terrestres. D’autres mouvements naissent, celui
du prêtre français Jean Calvin par exemple ou celui initié par le roi d’Angleterre Henri
VIII, mais, malgré des désaccords sur les réformes à apporter, ils s’entendent tous sur la
nécessité de changer les choses.

Il s’ensuit une rupture chez les chrétiens occidentaux, fidèles à leur foi chrétienne, mais
divisés à partir du XVIe siècle en deux groupes : les chrétiens protestants, vivant
désormais leur foi d’une manière différente, et les chrétiens catholiques conservant la
manière traditionnelle. Il faut savoir qu’un troisième groupe existe, celui des chrétiens
orthodoxes du territoire de l’ancien Empire romain d’Orient qui ont pris un chemin
différent depuis quelques siècles dans leurs manifestations religieuses.

Enfin, il faut parler de la centralisation des pouvoirs politiques. Au système très


décentralisé né au début du Moyen Âge dans lequel les seigneurs possèdent la quasi-
totalité des pouvoirs dans leur seigneurie – taxer, punir, conscrire, etc.- se substitue
graduellement un pouvoir centralisé entre les mains du roi. Plusieurs stratégies sont
utilisées par les rois afin d’accaparer les pouvoirs des seigneurs et ainsi diriger selon leur
bon vouloir leur royaume. Par exemple, quoi de mieux que s’approprier le plus de
seigneuries possibles et ainsi diminuer le nombre de seigneurs ? En épousant une
héritière, en dépossédant un seigneur rebelle ou en achetant la seigneurie d’un autre
criblé de dettes, les rois écartent des hommes de pouvoir et s’assurent de régner
entièrement sur une plus large part du royaume.

Enlever aux seigneurs des pouvoirs qu’ils monopolisent depuis des siècles aide aussi les
rois. Par exemple, en France, la guerre de Cent Ans amena le roi à prendre la direction
de la guerre contre l’Angleterre. Les seigneurs, chefs de guerre sur leur territoire, ne
s’entendaient pas sur les stratégies, procédaient de façon anarchique et mettaient le
royaume en péril. En s’imposant comme unique chef de guerre, le roi de France donne
un élan coordonné et réussit à sortir la France du pétrin. Lorsqu’une autre guerre
d’envergure s’annoncera, il sera impossible de revenir à l’ancienne méthode, trop
risquée. Les seigneurs perdent donc concrètement leur pouvoir de guerre. L’exemple de
la guerre de Cent Ans en France n’en est qu’un parmi d’autres. Tous les royaumes
occidentaux aboutiront à la centralisation du pouvoir de guerre, à un rythme différent
cependant, et la plupart des pouvoirs importants dévolus aux seigneurs depuis le début
du Moyen Âge leur échapperont peu à peu au profit du roi.

À l’aube d’une nouvelle période

Voilà beaucoup de changements qui façonnent une société nouvelle où la vie diffère
énormément de celle vécue par les Occidentaux médiévaux. Des éléments importants
persistent toutefois pendant les Temps modernes. Ainsi, le mode de production, c’est-à-
dire la manière de fabriquer les objets de consommation, ne change pas ; l’artisanat est
toujours la seule façon de créer un objet. Les catégories sociales demeurent aussi, mais
dans un Occident où tout est remis en question, elles ne pourront durer bien longtemps.

Dîme : Impôt prélevé par l’Église chrétienne sur les récoltes des paysans.
Inquisition : Tribunal religieux chargé de punir ceux qui désobéissent aux règles de
l’Église chrétienne.
Artisanat : On entend par produits artisanaux les produits fabriqués par des artisans,
soit entièrement à la main, soit à l'aide d'outils à main. Donc le produit fini (vaisselle,
meubles… bref, tous les objets) est le résultat du travail manuel et du savoir-faire d’un
artisan.

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