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CCCC TÉ DES TR/×vAu× Hxsïomaues ET scnamxrsouzs '

La société de l'Afrique romaine

fLÊ_š1£i~*
Jean-Pierre LAPQRTE

Notables de Rusuccuru (Dellys) et de ses pagi


Iomnium (Tigzirt) et Rusippisir (Taksebt),

dans BCTH, 37, 2013, p. 73-102.


1

La société de l'Afrique rvomaine

Sous la direction de Yann Le Bohec

bulletin logique

37

Paris Editions du CTHS 2013


Sommaire

Introduction: la société de l'Afrique romaine................................................................................................................7


Yann Le Bohec

La société cuiculitaine sous le Haut-Empire, quelques remarques....................................................................11


Claude Briand-Ponsart

Ethnic Accommodation in Roman North Africa. Some urban and tribal cases......................................27
Denis B. Saddington

Réflexions sur le face-à-face romano-berbère. De la mort de Tacfarinas à l'invasion vandale .........39


Pierre Morizot U

L'hypogée de Bou H'ssina:


un témoignage des rites et pratiques funéraires a Sousse à l'époque romaine ...........................................63
Hager Krimi

Notables de Rusuccuru (Dellys) et de ses pagi, Iomnium (Tïgzirt) et Rusippisir (Taksebt) ..............73
]ean-Pierre Laporte

Omnia a Sulpicio Felice optumo rarissimoq(ue) praefecto Salenses habere (I.A.M.Iat., 307.3).
Historiografía e interpretaciones sobre la actuación de Marcus Sulpicius Felix en Sala................._. 103
Lluís Pons Pujol

Langue grecque et bilinguisme (latin-grec) dans les éoigrammes de l'Afrique antique ..................._. 115
Michèle Coltelloni-Trannoy

Varia

Un officier de l'armée romaine à Autun dans une inscription inédite ........................................................127


Stéphane Alix et Yann Le Bohec

Un témoignage du culte de ]upiter dans la cité des Arvernes:


la redécouverte du cavalier à l'anguipède d'Égliseneuve-près-Billom ......133
Florian Blanchard
Compte rendu

Nacéra BENSEDDIK, Esculape et Hygie en Afrique, Paris, zozo


(Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 44) .....................................................................151
Michèle Coltelloni-Trannoy

In memoriam

jean-Marie LASSERE (1931-zou) _. _. 53


André LARONDE (1940-zon) ........._.- 55
Yann Le Bohec

Résumés

Résumés des communications présentées lors des séances tenues


P ar la section « Histoire et archéolo ie des civilisations anti . ues ››
du Comité des travaux historiques et scientifiques..................................... ..........157
Notables de Rusuccuru
(Dellys) et de ses pagi
Iomnium (Tigzirt et
Rusippisir (Taksebt)
lean-Pierre LAPORTE
Année épigraphique, USR 710, CNRS Paris

ll n'est pas toujours aisé de définir ce qu'est un notable, ou de dire quand un individu le devient. Dans
une région assez peu romanisée, le seul fait de porter les trio nom/'no est un indice nécessaire, mais
non suffisantl. La société romaine étant censitaire et la propriété terrienne étant la source essentielle
de la richesse de la cité antidue, les notables étaient d'abord des propriétaires terriens. Des notables
de haut rang et de longue date en côtoyaient d'autres dont l'ascension sociale, plus récente. était liée
a l'e×ercice de charges municipales?

Rusuccuru (Dellys)
Ancienne ville maurétanienne, Rusuccuru, aujourd'hui Dellysi, accueillit très tôt l'influence romaine?
Pendant les guerres civiles, elle choisit le camp de César en repoussant Cn. Pompée le Jeune en
47 avant J.-C5. Apres l'assassinat du roi Ptolémée en 39 apres J.-C., elle ne sejoignit pas à la révolte
d'Aedemon, et y gagna d'étre élevée au rang de municipe peu apres l'anne×ion de la province (40 apres
J.-(1)5. Les nouveaux citoyens furent des lors inscrits dans la tribu Quirina. La ville fut l'une des prin-
cipales villes dela Maurétanie césarienne, et ceci jusqu'à l'époque chrétienne. Sans cesse reconstruite
jusqu'à nosjours, elle a livre fort peu d'inscriptions. À'ce jour, une seule a été élevée à un notable, un
personnage o mílítíís et à son frére, un ancien décurion d'aile qui avait été strotor, aide de camp du
gouverneur de la province sous Commodeî
Les autres inscriptions ont été découvertes à 25 km à l'est, à lomn/'um (Tigzirtl et Rusipp/'sir
[Taksebt), deux petites agglomérations jumelles situées à trois kilometres l'une de l'autre. À la fin des

1 On sait par ailleurs que les trio nomina étaient parfois usurpés. L'indication de la filiation par le prénom du père et celle
de la tribu paraissent des indications complémentaires plus fiables_
2. Les criteres n'étant pas totalement rigoureux, la sélection que nous présentons ici comporte donc une part d'arbitraire.
Nous avons retenu comme un minimum l'exercice de charges municipales.
3 L'identification longtemps incertaine des villes dela côte entre Rusguníae et Sa/dae a été réglée par la découverte à Cap
Djinet d'une inscription qui a permis de les identifier d'un bloc, cf. Laporte, 1973.
4 S. Gsell, 1911, Vl, 24 ad.;J.~P. Laporte, 1995 et 1992.
5. César, Be//um Africum, XXlll. L'identification de'l'oppidum Ascurum avec Rusuccuru est depuis longtemps et facilement
acceptée, dans la mesure où il s'agissait d'une ville côtière.
6. Pline, N. H., V, 20 (éd. J. Desanges, 1980, p. 54): Rusuccurum civítate honoratum a C/audio.
7 Inscription 2.
bulletin

__N e i Lieu Notables _0bservations


.ai , Taksebr Fabana |_ f., Pena Fabia Domain Geiiioia _ _ _ C_o_n_suWs femina
H ipeiiys cc(aai). num sabinus et Ponuanus A militiis et ancien décurion d'aile
1 Taksebt M._ Domitius Gentianus Ordre équestre
-ibn* Î Taksebt C. Domitius Felix F/amen dans une colonie
U' l Taksebt __ Dédicace mutilée, mention d'Egnatii? Rang consulaire douteux
_ Tigzirt Flavia viemrma _ _ _ Fille de chevalier??
-\-FEI Tigzirt Dossier de l Dédicace du temple
Tigzirt _ _ C. lulius, C. f. ] Dédicace à sa mére Notable municipal
EIE Tigzirt Quir., Felix] Dédicace a son épouse
TU Tigzirt Rusuccuritanus) Dédicace par deux affranchis
T1 Tigzirt C.AnniusSimple× _ ____ _ rfi'aÎi_omi?›a
'll' _ Tigzirt L Annlus Modestus Trio nomína
13 Taksebt L Annius Maximus Ordre équestre, flamen, duumvir
14 Tigzirt _ Un décurion anonyme Notable municipal V
15 Tigzirt Llrl /jusuccuritanus établi à /omnium Notable .7 Î
16 Campagne Fbnrlus _ Notable
1]' Campagne Providentia bonorum, pavage d'un gué Evergétisme de notables
18 Campagne Rupestre FLRES (bomídípropriété rurale ?) Propriétaire foncier
19 Campagnî Î Rupestre AVGSR (borne de propriété rurale ?) Propriétaire foncier
20 Campagne 'Aurdius lllilasen Ex praefectus, curator
21 ¿Tigm_ __ ___: _M.|_)9mmusRufinu§ __ _ _ __' magister ch rétien
Notable anonyme
_” _! Dellys Sarcophage des miracles du Christ _
13 l Dtllys Sarcophage chrétien Notable anonyme
24 Dellys Grand mausolée circulaire Notable anonyme
__2Î Ta_l<sebt Grand mausolée circulaire et vestiges anciens Lignée de grands notables

Tableau 1. Attötation de notables sur ii' et iii* siècles de notre ere, elles semblent avoir dependu de Rusuccuru, sans doute
le territoire de Rusilccun/. Les numéros comme pdg/8, sans que l'on puisse préciser depuis combien de temps. Elles ont livre
sont ceux du catalogue. en tout une centaine d'inscriptions9, dont seules quelques-unes concernent des
notables (tableau 1), bien que l'on puisse hésiter pour quelques autres'°.

Le territoire de Rusuccuru

indirectement, la localisation des différents documents permet d'envisager


l'étendue du territoire de la cité de Rusuccuru (fig. 1]. Vers l'ouest, la mention
de Rusuccuritoni sur un milliaire de Takdempt“ montre qu'il s'etendait au moins
jusqu'au Sebaou (antique Addima*2), sans que l'on sache s'il débordait au-delà“.
À l'est, situé dans un lieu tres écarté, à l'écart de tout centre urbain, une dédicace
découverte à laggachen“ semble témoigner d'un personnage qui peut avoir été
Rusuccuritanus, ou Rusuccurensis (7) à une période très tardive, peut-être même
byzantine. La cité semble avoir contrôlé un territoire longeant la mer sur une

8 J. Gascou, 2003, p. 236-237.


9 Ceci montre que la densité actuelle d'inscriptions romaines ne suffit ni à définir l'importance de
la ville, ni l'intensité de la romanisation si l'on ne tient pas compte d'une occupation continue
ou non depuis l'époque romaine et de l'importance des destructions qui en ont découlé.
10. Comme nous l'avons vu, le critére «notable» n'est pas tres clair en lui-méme.
11. Milliaire de Takdempt, C. \fire', 1912, à proximité du point Gsell, 1911, f. VI, n° 23.
12. J.-P. Laporte, 1985, p. 119.
13. J. Gascou (1982, p. 253] a envisagé que le territoire de Cissí (Cap Djinet] ait pu être rattaché à
la cité de Rusuccuru, mais il n'existe à ce jour aucun indice dans ce sens.
14. Inscription 20.

74/
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS) ET DE SES PAGIZ IOMNIUM (TIGZIRT) ET RUSIPPISIR (TAKSEBT)

quarantaine de kilomètres, sans que nous T _ _ ' _


connaissions son étendue vers le sudls. au _ JJ
moinsjusqu'à la crête de la chaîne côtière. '“'W°°U“U ' _ " _
Les vestiges y sont assez nombreux, mais i
toujours très modestes: quelques harpes, ' '\___ “Gal _ '
des pressoirs construits ou taillés dans le .- ` ______#____,.-\_ J,-**-'___
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Le statut de Rusuccuru _,-“
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Rusuccuru, municipe depuis Claude. l'était l'-


encore en 209-210". Son statut après _ -_ ----- --Î
Caracalla pose question'°. L'inscription 4,
corrigée en 199219, mentionne une fonction exercée dans une colonie. Figure 1. Carte de la région et étendue
Pour J. Gascou, qui s'appuie sur les statuts indiqués pour Iomnium et Rusippisir possible du territoire de Rusuccuru.
par l'Itine'raire antonin et la Table de Peutinger, ces deux anciens pagi de Rusuccuru Carte J.-P. Laporte
en auraient été détachés plus tard, et Rusippisirau moins aurait été élevée au rang
de colonie".
Notre vision est différente. Les deux itinéraires se trompent unanimement
en qualifiant de municipe la voisine Rusazus, que l'on sait avoir été colonie
d'Auguste. et leurs indications paraissent très troublées pour la région (pour nous,
elles sont même inutilisables). Rusuccuru était encore municipe en 209-210” alors
que l'Itinéruire untonin, qui est antérieurn, la qualifie de colonie, simple erreur
bénigne plutôt que prescience suspecte. Seule reste la Table de Peutinger, dont on
sait qu'elle n'est pas toujours bien fiable en ce qui concerne les statuts. Pour nous,
c'est l'ensemb|e de la civitas de Rusuccuru-qui a été élevé dans son intégralité
au rang de colonie à une date inconnue après 209-21023. Seule une découverte
nouvelle pourrait permettre de trancher entre les deux solutions. mais la seconde
nous paraît la plus probable.

Quelques grandes familles

Nous connaissons plusieurs familles de notables, dont certaines étaient liées entre
elles, ainsi les Fabatii avec les Domitii, les Annii avec les Iulií.

15. Les seuls agglomérations connues, Iomnium et Rusippisir, se trouvent sur la côte. On peut tou-
tefois s'interroger sur le rattachement à Rusuccuru (pour nous probable, mais non démontré] de
la bourgade antique de T/gisi. actuelle Taourga, ex Horace-Vernet, S. Gsell, 1911, f. VI, n' 27.
16. J.-P. Laporte, 1985.
17. Inscription 7.
18. Cf. J.-P. Laporte, 1992, p. 426 et 431 ;J. Gascou, 2003, p. 236-237 et 2005, p. 264.
19. J.-P. Laporte, 1992.
20. J. Gascou, 2003, p. 236-237 et 2005, p. 264.
21. Inscription 8.
22. Comme l'avait déjà remarqué P. Salama, la documentation de l'Itinéraire antonín concernant
la Césarienne est datable au plus tard du règne de'Commode, dans la mesure où il ne nomme
aucune localite de la nova praetenturu sévérienne. Bien qu'a silentio, cet argument paraît fort.
23. J.-P. Laporte. 1992, p. 427: Rusuccuru est-elle devenue colonie, Iomnium et Rusippisir muni-
cipes?

/ 75
bulletin *iuiiiši logique
-un

L'inscription 1 a été dédiée par le procurateur affranchi de l'un de ses domaines à une notable
polyonyme, Fabatia, Luci fi/ia, Po//a Fabia Domitia Ge//io/a, consu/aris femina, probablement dans la
premiere moitié du 111° siecle. Rien n'indique qu'elle ait réside à Taksebt.
Des Domitii sont attestés à Taksebt. L'un d'eux“ avait été élevéà l'ordre équestre sous Caracalla.
L'autre25 etait devenu flamen, au terme d'une carriere municipale sans doute bien remplie.
Trois inscriptions (11, 12 et 13) mentionnent des Annii. Le premier portait les trio nomina mais
ne paraît pas avoir eu d'importance particulière, si ce n'est peut-être d'avoir commencé la lignée. En
revanche, le troisiemeacceda à l'ordre équestre et fut duumvir et f/amen. On peut en tirer l'idée d'une
ascension sociale de la famille sur environ un demi-siecle.
L'acces à la citoyenneté romaine était souvent lié à l'exercice de charges municipalesn. Quatre
inscriptions découvertes à Tigzirt [7 à 10) permettent de reconstituer une partie de la carriere munici-
pale et l'entourage familial de C. lulius Felix, notable dela civitas de Rusuccuru, habitant à Iomnium?
Son p`ere etait dejà citoyen romain (il portait les tria nomina), mais lui-même semble avoir progressé
dans l'echelle sociale par le fait même de ses fonctions municipales.
On peut reconstituer le stemma comme suit:

C. lulius Rusticus [7, 10] Nautia Saturnina [9]

O. lulius, C. f., Ouir. Felix [7, 8] Annia Nicé [8] H

C. lulius Felix ne fut certainement pas le seul à acceder à l'élite municipale. ll nous semble que
le qualificatif de Rusuccuritanus certifiait, non pas tant l'appartenance du dedicataire à une classe
superieure, qu'une acquisition ancienne de la citoyenneté romaine [Rusuccuru etant devenue municipe
sous Claude).
Trois inscriptions (11, 12 et 13) renseignent sur des Annii installes les uns à Tigzirt, les autres à
Taksebt. La premiere et la derniere, provenant de Tigzirt, concernent des personnages portant les tria
nomina, mais dont on ne sait rien d'autre, tandis que la 13, découverte à Taksebt. concerne un cheva-
lier romain qui avait parcouru une carriere municipale jusqu'au flaminat. On retrouve dans les trois
inscriptions des cognomina de meme tonalité' Simplex, Modestus, Maximus (2 fois). Si le Maximus de
l'inscription 13 est le même que celui de l'inscription 12, mais a un âge plus avancé, on peut imaginer
le stemma suivant.

24. Inscription 3.
25. Inscription 4.
26. Pour une description simple et compléte des carrières municipales habituelles, cf. J.-M. Lassère, 2005, t. l, notam-
ment p. 357-374.
27. Inscriptions 7 à 10. Nous ne connaissons pas les premiers stades de sa carriere municipale.

76/
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS) ET DE SES PAGI2 IOMNIUM (TIGZIRT) ET RUSIPPISIR (TAKSEBT)

C. Annius Simplex [11]

n--

L Annius Modestus [13]

5 L Annius Modestus [12] L Annius MaximuS l12l


1 _ _ _ _ _

On connaît par ailleurs un décurion dont le nom a été perduze.

Les notables, ceux du moins qui habitaient dans la région, se devaient de tenir leur rang. lls devaient
tout d'abord régler la summa honoraria promise lors de leur élection à telle ou telle fonction muni-
cipale. D'autres dépenses étaient à leur charge. C'est ainsi que l'on en a ici différents témoignages
précis:
- la construction à Iomnium d'un temple au génie du municipe de Rusuccuruîg;
- l'aménagement d'un gué, fourni par la providentia bonorurrrw,
- l'intervention dans la gestion du territoire, avec peut-être l'organisation ou le patronage de
nundirioeîl.
D'autres indices témoignent de la présence de notables, pour nous anonymes, mais assez riches,
notamment pour ensevelir les leurs dans des sarcophages de marbre importés de Rome, comme on en
a trouvé deux à Dellys pour l'époque chrétienne*
Dans un registre monumental, on note à Dellys un grand mausolée anonyme“. Encore plus grand,
celui de Taksebt3" témoigne d'un phénomène intéressant: la reconstruction au 111° siècle après J.-C. d'un
mausolée antérieur, probablement détruit par un séisme (et contenant déjà lui-même en remploi des
éléments de pierre de grand module). Comme on voit mal une grande famille du 111' siècle s'approprier
les vestiges importants d'un monument funéraire d'une autre, on possède sans doute là l'indice de
la perpétuation d'une lignée de notables de trés haut ~rang en place des avant l'époque romaine, à
l'époque du royaume protégé de Maurétanie.

28. Inscription 14.


29. Inscription 7.
30. inscription 17.
31. Inscription 16.
32. Documents 22 et 23.
33. Document 24.
34. Document 25.
bulletin

Catalogue
1. Taksebt. Dédicace à Fabatia Polla Fabia Domitia Gelliola

Taksebtas. «Au sommet de Taksebt. dans les restes d'un édifice où se trouvent quelques chapiteaux
grossiers et plusieurs pierres à moulures diverses assez soignées» [Vigneral, 1868) (fig. 2). Au musée
d'Alger [don Ribaud, 19_14).
Beau bloc rectangulaire; H. 1,22 m' I. 0,61 mi ép. 0,51 m. Trou de louve ou de scellement sur la
face supérieure. Champ ép. 0,475/ 1,09 m, encadré par une double moulure. H. I. 4,5 cm. Deux hederoe
sous le texte.

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1 Fill LLAE FlLlAE.POLLAE

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-¢>> FABlAE DOMI
/ Tiiitcïettioi/«ri TIAE GELLIOLAE
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r×/i1T1×1<PA1\1 M FABATIVS DO
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.\______] NAE PIISSIME

×______J

Figure 2. Dédicace a Fabatia, Fabotioe, Luci / filiae, Po//ae / Fabiae Domi/tiae Ge//io/ae, / consu/ari fe/minae, /ampa/diferae, /
Luci fllio, Polla Fabio Domitia M. Fabotius Do/mitius Pon/cra tíus, li/bertus et procurator, potro/nae piissim{a]e
Gelliola. Cliché et dessin
J.-P. Laporte «A Fabatia Polla Fabia Domitia Gelliola, fille de Lucius, femme de rang consulaire, lampadi-
fera. M. Fabatius Domitius Pancratius, son affranchi et son procurateur, à sa patronne très
affectueuse›

La présence du nomen Domitius a la fois dans son nom et dans celui de son affranchi permet de
penser qu'elle avait des liens familiaux avec les Domitii attestés à Taksebtfifi.

35. CIL Vlll, 8993 (d'aprés Vigneral) - H.Dessau,1954-1955,1200;J.Carcopino, 1918, p.232; P. Wuilleumier, 1928, p.33,
note 6; A. Chastagnol, 1979, p. 20; M.-1.Raepsaet-Charlier, 1987, p. 303, n° 345.
36. Sur les Domitii, cf. inscriptions 3 et 4.

78 I
Nor/\aies ot Rusuccuiw (peurs) et pe ses PAG1: 1oM1viuM (rioziiir) et nus1PP1sm (TAKSEBT)

La désignation de Fabatia Polla comme consu/oris femino est intéressante. Pendant le premier siècle,
les femmes et filles de sénateurs étaient rarement désignées par des termes définissant leur qualité".
Ce n'est que sous Marc Auréle et Lucius Verus (161-169), ou peu apres, qu'elles sont désignées comme
c/orissimo femino (épouse) ou c/arissimo pue//o (fille)3”. Contrairement aux stipulations transmises
par Ulpien (fin du 11° siècle), une fille de sénateur, épouse d'un chevalier, put se dire c/arissima femina.
Les titres de c/orissima femino ou pue//a perdurerent aux 111' et iv* siècles. Celui de consu/oris femino,
épouse de consul”, dont on ne connaît que quatre exemples en latin, ne semble apparaître que sous
Caracalla (en même temps que consu/oris uir, non attesté avant 211), et disparaître avant 250“°; cette
inscription s'inscrit donc dans une fourchette chronologique assez étroite.
Le rang sénatorial n'était pas synonyme d'une romanisation totale de toute la famille. L'Histoire
auguste présente une sceur de Septime Sévere comme uix /otine /oquens, «parlant a peine latin ».
Cependant, ici, Fabatia Polla était probablement issue d'une ancienne famille romaine, avant méme
son mariage avec un consul (probablement suffect). ll est de même probable qu'elle ne résidait pas
dans la petite bourgade de Rusippisir, mais qu'elle y possédait simplement un domaine que gérait son
procurateur. C'est sans doute avec raison que M. Le Glay n'a pas évoqué son époux (d'ailleurs inconnu)
en étudiant les sénateurs originaires de Numidie et de Maurétanie“.
La fonction de /ompadifero, en grec dadoukos, appartient au culte des Cereres. ll s'agit d'une
fonction tres élevée dans ce culte, assistant directement le hiérophante, chef suprême de la hiérarchie
sacerdotale. Fabatia Polla n'a probablement pas exercé cette fonction ici, méme si le culte des Cereres
est attesté sur des steles votives anépigraphes, dans des milieux modestes, à Iomnium et Rusippisir.
Elle n'est même pas qualifiée de Rusuccuritono, tant son milieu social était sans doute au-dessus de
l'intérét de cette précision.
L'affranchi M. Fabatius Domitius Pancratius a conservé comme cognomen son nom d'esclave
hellénisant.

2. Dellys. Dédicace de deux frères, dont un de rang équestre, a un procurateur


de Césarienne sous Commode

Dellys; découverte avant 1860. En 1934, au cercle militaire de Dellys“. Non retrouvée.
Base haute de 1,60 m, large de 0,70 m. Texte de 11 lignes. Mutilée sur tout le côté droit.
L 6: le « l ›› final de /u/ii est plus grand que les autres; points séparatif.
L 7: le dernier « l ›› est plus grand que les autres.
L 6 et 8: un point aprés Sabinus et après Pontianus (C/L). '

37. Cf. A Chastagnol, 1979, p. 3-28, en particulier p. 8, 10, 13, 17 et 27.


38. Ulpien, Digeste, 1, 9, 1 Consu/ares autem feminos dicimus consu/orium uxores; o dicit Saturninus etiam matres, quod
nec usquom re/atum est nec unquom recemptum, Nous appelons consuloris feminoe les épouses de consulaires. Satur-
ninus ajoute également leurs mères, mais cela n'est enregistré nulle part et n'est jamais reçu.
39. J. Guey, 1951, p.211.
40. M.-1. Rapsaet-Charlier évoquait une période plus large (fin 11', début 111' siècle), qu'il convient maintenant de restreindre
quelque peu, en accord avec elle (correspondance).
41. M. Le Glay, 19B2a, p. 775 pour les Maurétanies: C`oe/ii et /uliidans la région de Sétif, Annii,Aure/ii, Come/il et F[----]iià
Coesorea, Fu/aniià Cortennoe. Cf. également M. Le Glay, 1982b, p. 176. Pour la Maurétanie césarienne, on ne trouve que
15 sénateurs originaires de quatre villes seulement, dont l',une, Sitifls, était très proche de la Numidie. Tous sont data-
bles du 11° siècle. Presque tous appartenaient à des familles d'ordre équestre et tous paraissent descendants d'immígrés
italiens. Les sénateurs d'Afrique n'étaient pas des Berbères romanisés.
42. CIL, Vlll, 9002. B. E. Thomasson, 1960, ll, p. 273, et 1984, I, Col. 414, après le n° 35; H.-G. Pflaum, 1950, ll, p. 272, n" 298;
J. Martin, 1985, p. 42, n° 14. Fiche inédite du Service des Antiquités de l'Algérie. Non revue.
I

1 T.FLSERENO.[----
GNlTl0NlB[----
3 VTRVBlQUE.P[----
D|.0PTlM0.PA[---
5 lNCOMPARAB[----
lVLll.SABINVS.
7 ---]LlTllS [----
PONTIANVS. [----
9 CVRIONE. A[---
-] l:_T.STRATOR
10 EIVS

T(ito) Fl{avio} Sereno, [p{erfectissimo} v{iro)], [o co]/gnitionib[us Aug{usti}], /utrubique p[roesi]/


di optimo, pa[trono]/incomparab[iIi], [C{aii)]/ /u/ii Sobinus, [a mi]litiis [et?]/Pontianus, [ex de]/
curiane a/[aria], / [v]et{eranus}, strator eius, (fecerunt}

T. Flavius Serenus a gouverné la Césarienne sous Commode (et non sous Sévère Alexandre)“3. Le
mot utrubique ne se rapporte pas à la fonction d'o cognitionibus'“, comme on le croyait jadis, mais
seulement aux deux louanges suivantes: T. Flauius Serenus était à la fois proeses optimus et potronus
incomporobilis. Pflaum admet [C(aii)] comme proenomen des deux dédicants: C. lulius Sabinus, proba-
blement originaire de Rusuccuru, a servi dans sa province d'origine comme officier équestre, alors que
T. Flauius Serenus gouvernait la Césarienne; il était à la retraite a l'époque où Serenus devint acogni-
tionibus. Le frère cadet de Sabinus était seulement décurion d'aile. De tels décurions occupaient une
place de choix dans une province sans légion. lls y étaient fréquemment utilisés comme des centuriôns
légionnaires l'auraient été ailleurs. lulius Pontianus avait été nommé strotor du gouverneur. Les stro-
tores, d'abord écuyers militaires chargés du soin des chevaux, devinrent par la suite des sortes d'aides
de camp“. Plusieurs d'entre eux ont laissé des dédicaces au procurateur qu'ils servaient ou avaient
servi“°.

3. Taksebt. Dédicace à M. Domitius Gentianus

Taksebt”. Non revue. Un estampage de la partie droite dans les papiers de Rénierà la bibliothèque
Mazarine (fig. 3).
Dimensions. H. 0,60 m; H. l. 3 cm.

43. Sur ce personnage, cf. H.-G. Pflaum, 1950, lll, p. 1097, n' 298, p. 772-777, en particulier p. 773, texte 2. B. E. Thomasson,
1984, p. 412, n' 23, sous Commode.
44 La fonction d'o cognitionibus, c'est-à-dire de préposé aux instructions judiciaires, confiée d'abord à des affranchis, prit
de l'importance sous Septime Sévère (193-211) et fut dès lors réservée a des personnages d'ordre équestre. Différents
exemples «démontrent que la fonction d'o cognitionibus, malgré le perfectissimat qui y était attaché, était accessible à
des ducénaires et méme à ceux appartenant au premier échelon ›, H.-G. Pflaum, 1950, l, p. 777.
45. R. E., lV, A.1, s.v.Strotor, col 329 (Flammert). R. Cagnat, 1913, p. 128, 198, 201, 233, 292, 293. Plus tard, au iv* siècle, les
strotores eurent la mission de s'occuper de la remonte. Daremberg et Saglio, Dictionnaire, s.v. Strotor, p. 1530.
46. CIL Vlll, 9370 = H. Dessau, 1954-1955, 1357a (Cherchel) ; H. Pavis d'Escurac-Doisy, 1957, p. 137, sq.
47. CIL, Vlll, 20708.
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS) ET DE SES PAGIZ IGMNIUM (TIGZIRT) ET RUSIPPISIR (TAKSEBT)

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M(arco) Dom1'tio, Marci / fllio, Ouirina, Gen/tiano, {a}equo publi/co exornato ab / imp(eratore) Figure 3. Taksebt . partie
Coeso[r]e Mar/co Aurelio Antoni/no Pio Aug(usto), Lauren/ti Lavinati, fla[mi]/ni August(i) droite de la dédicace à
n(ostri), /Caius Dom[i]tius/Donatus, /iber/tus ctprocuro/tor, ob merito M. Domitius, M. f, Quir.,
Gentianus. D'aprés un
«À Marcus Domitus Gentianus, fils de Marcus, inscrit dans la tribu Quirina, honoré d'un cheval estampage de la collection
public par l'empereur Marcus Aurelius Antoninus, pieux, auguste, (prêtre) Laurens Lavinos, Rénier, cliché et dessin
flamen de notre Empereur, Caius Domitius Donatus, affranchi et procurateur, en raison de ses J.-P. Laporte
mérites»

Marcus Domitius Gentianus a été admis dans l'ordre équestre sous Caracalla, entre 211 et 217.
Par son gentilice, le dédicataire est proche des personnages cités sur l'inscription 4. Le cognomen
Gentianus, assez rare, est attesté par plusieurs inscriptions, par exemple à Miliana“.
La mention du sacerdoce Laurens Lavinos, qui semble particulier à l'ordre équestre” se rapporte à
une vieille tradition romaine.
L'absence de fonction municipale et la mention du sacerdos Laurens Lovínas sur une base dédiée
par un affranchi exerçant la fonction de procurateur pourrait laisser penser que le dédicataire était un
propriétaire terrien non résident, tout comme Fabatia Polla. Toutefois, la tribu Quirina, qui était celle
de Rusuccuru, l'existence d'autres Domitii à Taksebt, la mention du flaminat impérial peuvent laisser
penser à une résidence dans la civitos.

48. C/L Vlll, 9615. S. Gsell, 1911, f. Xlll, n° 70 ad., Miliana.


49. Cf. A. E., 1977, 858.

/81
bulletin

On peut poser la question du lien exact de cet affranchi avec les Domitii. ll n'est pas dit libertus et
procuratoreius et il ne porte pas le même prénom que celui auquel il dédie cette inscription, mais pas
non plus que celui du père de ce dernier.

4. Taksebt. Dédicace à C. Domitius [Felix ?]

Taksebt5°. Dans une maison en 1886. Non retrouvée. Estampage dans la collection Rénier à la biblio
thèque Mazarine (fig. 4).
Base coupée en deux dans le sens dela hauteur (comme les inscriptions 10 et 13).
H. 0,63 m; L 0,40 cm; H. l. 3,5 a 4 cm.

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Hšuœ 4. Tabsebtz LO Cf- A DE _ \/R10 I ivovle daiio sisi ivovle darlo sisi
l'inscription 4.
N T 1 9 Loco la aeeivriio Loco la deeivriio
D g Dessin J.-P. Laporte, D; NlBV[s po]SVIT NlBV[s po]SVlT
d apres photographie Ô U" *'-* -`._ . ,_ _ ,
__ _ ___,-1,.-_/"“"' ll DED[icavi]TO DED[icavi]TO
estampage de Rénier ÎÎ

Jusqu'ici, la lecture, gênée par la lacune centrale, était en gros celle-ci.

C(oio) Domitio, O(uinti) f(ilio), / frotri [o]ptimo, / Domitia Roma/no, soror, ex vo/lunt[ate frlotris]
/sui qu[oest(oris)....]dam / colon[ioe m]onda/tuqu[e dot]o sibi /loco [o dec]urio/nibu[s po]suit
/ded[icov/']tq(ue)

À la ligne 6, Bourlier, qui avait vu la pierre, avait restitué qu[aest{oris) f/]om(/his)/co/oni[ae m]


ondotuqu[e dot]o. ll fut suivi par Ephemeris Epigraphico. Pour sa part, Mommsen conjectura dans le
C/L G u[oest(or) quon]dam co/on[ioe]. On en déduisit que la ville avait pu devenir colonie. A la ligne 1,
le cognomen ne semblait pas avoir été indiqué par le lapicide. J. Gascou fit remarquer que cette el1s1on
( D lutôt fl ue cet oubli) ne se rencontrait que sur les inscriptions d'époquerepubl1ca1ne ou du début du
Haut-Empire, approximativementjusqu'au règne de Claude au plus tard. Compte tenu de cette data-
tion trés haute, à laquelle Rusippisir n'était certainement pas colonie (ni meme seulement romaine), il

so. c/L v111. zozoz. Laporte, 1992, p. 432-435.


82 l
NorAsLes pe nusuccunu (DE1.1.Ys] et DE ses Mol: loiwv/UM (11Gz1Rr] Er nusirr/sm (rA1<sesT]

avait été amené à imaginer soit le transport de cette inscription de Rusozus (Azeffoun) à Rusippis/`r“,
soit un détachement de Rusippisir du territoire de Rusozus au profit de celui de Rusuccurusz.
La découverte de l'estampage de la collection Rénier a permis de corriger la lecture et de revoir le
problème à la bases? La graphie est celle d'une inscription dela fin du 11° siècle ou du début du 111° siècle
aprés J.-C. À la première ligne, la ou l'on avait vu 0[uinti} fllio, il apparaît que le «Q» était en fait le
«O» final de Domitio. Les traces qui suivent appartenaient à un cognomen assez court terminé par un
«I» bien reconnaissable; elles correspondent semble-t-il à [Fel/`c]i. Aux lignes 7, la restitution du C/L,
qu[oest[oris} quon]dam co/oni[oe], n'est pas possible car elle restitue huit lettres alors que la lacune
ne permet d'en placer que trois (quatre à la grande rigueur). Le découvreur, Charles Bourlier, avait
d'ailleurs proposé la restitution quloestorisj, [fl]om[inis} co/oniae, beaucoup plus adaptée à l'espace
disponible. Outre cette conformité dimensionnelle, cette solution serait d'autant plus tentante que l'on
retrouve le titre de flamen dans l'une des deux inscriptions découvertes à proximitést.
Toutefois, ce développement ne semble pas définitif pour trois raisons:
0 l'abréviation OV pour qu(aestor} paraît rare, sinon inusitée;
° avant le AM dela ligne 6, il me semble distinguer sur l'estampage un segment de courbe pou-
vant appartenir à la partie supérieure d'un droite d'un «D» ou d'un «0››, à moins qu'il ne s'agisse
du bord d'un éclat de pierre, puisque Bourlier, qui avait vu l'inscription, ne considérait pas cette
trace comme une lettre;
0 le proenomen de C. Domitius Felix mis à part, cette belle inscription ne comportait aucune
abréviation, et il est un peu gênant d'en restituer deux précisément à l'endroit mutilé.

En fait, il ne semble pas possible de trancher définitivement. V


A la ligne 5, la place pour le FR de [fr]atris paraît bien étroite et on pourrait se demander s'il n'y
avait pas [p]atris. Domitia Romana aurait élevé cette base à son frère à la demande de leur père.

En attendant mieux, la lecture devient celle-ci:

C(oio) Domitio [Fe/ic]i, / frotri [o]ptimo, / Domit[io] Roma/no sor[or], ex vo/lunt[ote p ou fr]otrís
/sui, qu[._, f/]om{inis.7) / co/on[iae m]ando/tuqu[e, dot]o sibi / loco [o dec]urio/nibu[s po]suit/
ded[icovi]tq{ue)

«À Caius Domitius [Felix 7], son frère très bon, Domitia Romana, sa sœur, selon le désir de son
[frère ou pèrel. qu[.., f|]am(en 7] de la colonie a élevé et dédié (cette statue) dans un lieu donné
par les décurions»

Les personnages sont apparentés à ceux de l'inscription 3, qui faisait partie d'un groupe de trois
inscriptions analogues (n° 3, 4 et 13), toutes les trois sciées par le milieu dans le sens de la hauteur et
remployées dans la même maison de Taksebt. ll est probable qu'elles avaient été érigées côte à côte
dans un lieu proche, désigné par les décurions (précision donnée par l'inscription 4). La première et la
seconde mentionnent des Domit/`i, la troisième un Annius élevé à l'ordre équestre par Caracalla.
Les fonctions municipales de C. Domitius Felix ont été exercées au sein d'une colonie, ce qui peut
signaler un changement de statut du lieu, question que nous avons examinée plus haut.

51. Ce transport est en soi peu vraisemblable, il aurait fallu descendre le bloc d'un piton haut de 400 m, le transporter par
mer sur 25 km et le hisser sur un autre piton à 200 m tfaltitudel
52. J. Gascou, 1982, p. 250-251, note 102. ll a corrigé son interprétation depuis en raison de la présente inscription.
53 Cf. J.-P. Laporte, 1992, p. 432-435.
S4 inscription 12. découverte à côté de celle-ci.
bulletin iiilogique
.- _.-_...,
.-- un-.

5. Taksebt. Dédicace rnutilée (219 ap. _].-C. ?)

Taksebtšs, en allant du village kabyle vers les ruines de la basilique chrétienne, dans un jardin non loin
d'un arceau romain encore debout (Pallu de Lessert)56. Non revue.
Pierre haute de 1,20 m, large de 0,80 m, épaisse de 0,27 m.
inscription sur le flanc droit d'une base (7) dont l'inscription de la face principale avait disparu.

1 POSITA
VI IDVS
il FEB ANN
CLXXX E[-- 219 après J.-C.
E- TlO PROC

Posito / VI ídus/Febr(uorios} ann(o} [p(rovíncioe}] CLXXX E[---]tio proc(urotore}

«Élevée le Vl des ides de février, en l'année 180 de la Province, par E[---]tius, procurateur»

L'inscription est datée de 219 après J.-C. par l'ère provinciale. Pour J. Marcillet-Jaubert, la suite
semble appartenirà une datation consulaire' E[gna]/tio Proc[u/o et... co(n}s(u/ibus)]. En 219, les deux
consuls ordinaires étaient Elagabal et 0. Tineius Sacerdos. ll s'agirait ici de consuls suffects, dont l'un
serait 0. Egnatius Proculus, qualifié de consul sur une base élevée à sa femme Maria Aurelia Violentilla
(/LS 1166), découverte à Ascu/um, dans le Picenum.
L'utilisation de dates consulaires est très rare dans la région. Or on note la mention à Taksebt de
l'épouse d'un consul (inscription 1 * consu/oris femino), fait également exceptionnel pour la région,
même s'il s'agit probablement d'une propriétaire terrienne non résidente. Enfin, on trouve des Egnatii
à Tigzirt, dans un milieu populairel", il est vrai, mais peut-être parmi des affranchis de notables. On
pourrait alors se demander si une partie de la famille du consul suffect reconnu par Marcillet-Jaubert
n'aurait pas résidé à /omn/'um et Rusippisir, ce qui expliquerait que la dédicace soit datée de cette
curieuse manière.
L'hypothèse reste très fragile. La restitution de J. Marcillet-Jaubert nécessite d'imaginer que
plusieurs lignes avaient disparu, alors que le C/L n'indique qu'une lacune limitée à quelques lettres à la
fin dela ligne 4. Une autre faiblesse apparaît dans la mesure ou l'on datait d'habitude l'année par les
consuls éponymes et plus rarement par les consuls suffects. Par ailleurs, une double datation (par un
seul consul, plus l'année provinciale) serait un peu étrange. Si on l'avait vraiment gravée ainsi, parce
que l'un des consuls suffects avait un lien quelconque avec Rusippisir, on l'aurait sans doute gravée sur
la face principale, et non, fort discrètement, sur le flanc de la base. On peut tout aussi bien s'en tenir
à une lecture plus simple' une datation provinciale, suivie du nom de celui qui avait fait élever cette
inscription, peut-être un procurateur privé. Tout cela reste bien incertain. Si cette base a certainement
élevée en l'honneur d'un notable, nous ne savons pas lequel.

55. C`/L, Vlll, 20709. J. Marcillet-Jaubert, 1974, p. 77-78 = A. E., 1974, 726.
56. Cet :arceau ›, dont la clef est frappée d'un chrisme, se dresse encore sur le flanc est du piton, non loin du sommet.
57. M. Euzennat, 1955, p. 302, n° 7: epitaphe d'E(gnatia) Honorata. L'abréviation des nomina, réduits à leur première let-tre,
est attestée à plusieurs reprises à Tigzirt.

84/
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS] ET DE SES PAGIZ IOMNIUM (TIGZIRT) Et RUS/PP/5/R (TAKSEBT)

6. Tigzirt. Épitaphe de Flavia Iu1(ia) Victorina (224 ap. ].-C.)

Tigzirtss. Trouvée en 1897 à l'ouest de la ville, dans le jardin de la villa de l'administrateur, aujourd'hui
dai`ra (fig. 5]59. En 2009, pres de la porte d'entrée occidentale de la zone archéologique.
Caisson. L. 0,91 ; l. 0,40; H. 0,475. Champ ép.: l. 0,32; H. 0,16; H. l. l.1:3 cm; l. 2, 3, 4: 2,5 cm;
l. 5 et 613 cm.
Lignes 5 et 6 en dehors et en dessous du champ épigraphique.

| DMS
FLAVIAE IV
1 LVICTORINE
EQ. FILVA ll MVI
~ DXX PCLXXXV année 224
WOXOXOKOD

Figure 5. Epitaphe
de Flavia Victorina.
Cliché J.-P. Laporte

D(is) M(anibus) slacrum), / F/aviae /u//(íae) l/ictorin(a)e, / Eqluítis) fi/(iae), vlixit) a(nnis) //,
m(ensibus) V/, dliebus) XX, (anno) p(rovinciae) CIXXXV/ w(?)X k(a/endas) D(ecembri5)

À noter les deux gentilices, le second etant abrégé. À la ligne 4, la lecture FQ fut corrigée en EQ
par S. Gsell en 1910. Cependant, compte tenu de la modestie du monument, il nous semble difficile
de lire eq[u/'t/'s) fllioe, fille d'un chevalier. Eques étant un cognomen attesté°°, on pourrait envisager
Eq(uit/`s) f(i/íoe), fille de [Flavius] Eq(ues]. Dans ce cas, la défunte serait a écarter dela liste des notables
de Rusuccuru. '

58. S. Gsell, 1896, p. 569, n° 34 (estampage de Lehalle) et 1910, p. CCl.


59. L'origine de cette inscription est établie par une note manuscrite conservée à l'Agence nationale d'archeoIogie de |'A|-
gerie 1 «Trouvée à l'0uest de la ville, à l'e×trcn'Tite du village français, prés de l'école, à gauche dela route de Dellys. Il y
avait là un cimetière à auges de pierre deu× sont taillées directement dans le rocher, l'une à côté de l'autre. L'inscription
chrétienne du magister [ici, inscription 21] provient du même endroitn, en 1896, chez M. Guillemet.
60. I. Kajan't0. 19653, p. 313.
7. Tigzirt. Dédicace du temple du génie du municipe rusuccuritain (2.09-2.10)

Tigzirt. Dédicace gravée sur l'architrave centrale du temple (fig. 6)“. Découverte à terre en 1856,
remise en place lors dela restauration de l'édifice par Albert Ballu en 1903-1904.
Pierre haute de 0,46 m; large de 1,75 m. Champ épigraphique en creux flanqué de deux queues
d'aronde: H. l.: 5 cm.
Texte de 7 lignes, intact sauf au bas des l. 6 et 7 ou la moitié inférieure des lettres a disparu à partir
de ET STATVAM et de FEC. Les «A» ne sont pas barrés; la barre supérieure des «T» est trés courte. Les
« ll » sont surmontés d'un tilde. L'espace à gauche dela derniére ligne fait supposer qu'elle était centrée
et qu'elle s'arrétait aprés le mot dedicavit.

Figure 6. La dedicace du

°a Oilx,_
temple du municipe >

294o<<›- 1.'<
C/7
rusuccuritain a Tigzirt
z*wOššeÎÉ:Î2g
äsš<EãQ
È.

Êîš 03$Êïã z.Ê.2g>zîïg<*N2~QQZ§Ê,:š_Êå '2"`5=*9': <Jcv


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(Iomnium). Dessin de la >;§*n
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§]\/\ /<<".Î_2 ` L/`| U *S -1>

ïf*äãs-
T71
partie centrale d'aprés
>fr.
*w m»N.¿¢$È-
photographie,`JÎ-P. Laporte 'N
mO

1 ' GEN|O.MUNICIPILRVSVCCVRITANI '


C.|VL|VS.RVSTlC|.F|LQV|R. FELlX.RVSVCC\/RITANVS
DECVR|O.AB.ORDlNE.ALLECTVS.PRAEF.PRO.|IVIRIS
ATQVE.AB.ORDlNE.ELEC`lVS.||.V|RV.|TEM.|lVlRV.QQ
5 FLAMEN.AVGGg.AVGVR.PERPETWS.DEPOS|TA.AD SO
LUM. DOMO SVA VEÎERI TEMPLVM ET STATVAM SVA
É' PECUNIA FECIT ET DEDlCA[vit

Genio munieipii Rusuccuritani, / C(aius) lulius, Rustici' fil{ius), Ouir{ina tribu), Felix,
Rusuccuritanus/ decurio ab ordine allectus, praef(ectus) pro llviris,/ atque ab ordine electus,
llvir{u}, item llvir{u} q[uin)q(uennalis), /flamen Aug(ustorum trium), augur perpetuus, depo-
situ ad so//um domo sua veteri, templum et statuam sua pecu/nia fecit et dedica[vit]

«Au génie du municipe rusuccuritain, Caius lulius Felix, fils de Rusticus, de la tribu Quirina,
rusuccuritain, décurion choisi par l'ordo, préfet à la place des duumvirs. et élu par l'ordre
duumvir puis duumvir quinquennal, prêtre des trois Augustes, augure perpétuel, aprés avoir
fait raser sa vieille maisonfiï, a fait et dédié [ce] temple et la statue [du génie] à ses frais»

L'abréviation AVGGG (Augustorum trium) fait allusion au régné conjoint de Septime Sévére et de
ses fils, et donné la date de 209-211. Le troisieme «G ›› a été martelé aprés la damnatio memoriae de
Geta.

61. CIL, Vlll, 8995 = 20710.


62. Nous verrons ailleurs que sa «vieille maison» n'était que fort petite, et sans doute peu digne de l'importance que son
propriétaire avait prise parla suite.

351
NOTABLES DE RUSUCCURU [DELLYSI ET DE SES PAGII IOMNIUM ITIGZIRT) ET RUSIPPISIR ITAKSEBT)

C. lulius Felix, dont l'adjectlf Rusuccuritanus indique |'or/`go, a été successivement: décurion coopté
par l'ordo, préfet à la place des duumvirs, duumvir élu par l'ordo, puis duumvir quinquennal, prêtre des
trois empereurs, et enfin augure perpétuel.
La dédicace au génie du municipe est une forme bien attestée de patriotisme municipalœ. Le pere
de C. lulius Felix est ici désigné par son cognomen, alors qu'il l'est par son prénom sur l'inscription [10].
ce qui permet de reconstituer ses tria nomina: Caius lulius Rusticus.

8. Tigzirt. Dédicace à Annia Nicè, épouse de C. lulius Felix

Tigzirt°^. Découverte en 1886 « en déblayant les ruines du petit temple» (fig. 7). Toujours dans la ce//a
du temple.
Base H. 1,16 m, I. 0,73 ; ép. 0,74 hors tout.
Quatre trous de scellement tres irréguliers à Ia face supérieure. Face arriére fruste. Moulures en fort
relief en haut et en bas. La mouluration a été épannelée du côté droit, probablement lors d'un remploi.
Corps: H. 0,66 m; I. 0,52 m ' ép. 0,52 m. Champ ép. : 0,43/0,56 m.
Texte de 5 lignes de même facture que l'inscription 10. «A» non barrés. « E» a trois branches d'égale
longueur

I
I

I. ,i
I
ANNIAE NI
CENI MARI
S._Z%
Z
efašz
1 TAE OBSEQVEN

QE!-*^>* <wã“Z mšflàz


:Wow ux. , TISSIMAE
C IVLIVS FELIX

'i * _ i

|___________

Figure 7. La dédicace
_ _ àAnnia Nice. Cliché
-_ f ¿ et dessin J.-P. Laporte

Anniae Ni/ceni, mari/tue obsequen/tissímae, / C(aius) lulius Fe/ix

«À Annia Nice, son épouse trés respectueuse, Caius lulius Felix»

63. CI. Lepelley, 1990, p. 125-137; A. Belfaida, 1996, p. 1533-1554 (notamment p. 1534).
-Y.«›¢.,\ ;-v 64. CIL Vlll, 20715.
L

/87
R--wyu<-1
bulletin riznirij
... _1

.__

Le nom dela dédicataire est au datif. Bien que nombre de noms libyques se soient terminés par -en,
ou -an, il s'agit ici du grec Nikèöã, au nominatif Nicè, bien atteste par ailleurs. Ce cognomen grecisant
pourrait laisser supposer qu'elle était une affranchie dela riche famille des Annii, attestée à Tigzirt et
Taksebt par les inscriptions 11, 12 et 13. Mais on n'en a ici nulle preuve. La qualification de marita,
rare dans le monde romain par rapport à celle de conjux, est plus fréquente en Afriqueöfi, sans que l'on
puisse en tirer ici de conclusion particulière.

9. Tigzirt. Dédicace à Nautia Saturnina, mère de C. Iulius Felix

Tigzirtsi. Découverte en 1970 en remploi la téte en bas dans un mur tardif, situé derriere l'un des bara-
quements militaires français transformésen école puis en bâtiments municipaux entre le temple et la
grande basilique (fig. 8].
Base brisée au sommet et en partie à la base. H. 1,15 m L. 0,50 m; ép. 0,60 m. Champ ép.
H.0,53 m; I. 0,35 m. H. I: I. 1:5cm; l.2,4et5:5,5cm.
Cinq lignes d'une excellente gravure. «A» cursifs, dont la barre médiane en forme de «V» est
constituée «de deux mouvements opposés, forme qui apparaît a partir du nf siecle» selon J. Marcillet-
Jaubertôs, attestée ici des le début du iii' siecle.
À la ligne 1, les deux hastes obliques du premier «A» sont prolongées au-dessus de leur point de
jonction. Cette forme se retrouve sur une autre inscription de la région” où aucune hésitation de
lecture n'est possible. ll n'y a donc pas lieu de lire NA\/\/TIAE plutôt que NAVTIAE.

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INÃVTI/\E
5/\11/RNIN/\E 1 NA\/TIAE

MAI ixi SATVRNINAE

Piissiiwif I i MATRI

- civirfiix
PIISSIMAE
15 C. lVL[lVS) FELIX
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r.*.1ï:: __î__'ï'L. L
I Ê" Iï
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Figure 8. Dédicaeeà
Nautia Saturnina. Cliché
L.__:_____í__ ___,|" '
et dessin J.-P. Laporte iμ.-au .1

65. l.a forme dative Niceni est attestée à Ostie, cf. I. Kajanto, 1965b, t. I, p. 471.
66. M. Corbier, 2005, p. 262.
67. J. Martin, 1977-1979, p. 74, n. 4 = A. E., 1985, 897.
68. J. Marcillet-Jaubert, 1968, p. 204.
69. Fragment de dédicace impériale provenant d'Azeffoun, antique Rusazus, C/L, Vlll, 8986.

88/
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS) ET DE ses PAGI: /oMNiuM (tiozint) Et RusiPPisiR (TAKSEBTJ

Nautiae /Saturninae/matri/piiSsimae/C/u/ius Fe/ix

«À Nautia Saturnina, sa mére trés affectueuse, Caius lulius Felix»

Cette base est d'un modéle voisin de celles qui subsistent dans le temple du génie7°, toutes relatives
à des proches de C. lulius Felix. La présentation du texte est la même que dans la dédicace de C. lulius
Felix à son épouse". Le C. lulius Felix de cette inscription doit être identifié au constructeur du temple
du génie du municipe rusuccuritain.

Io. Tigzirt. Dédicace à C. Iulius Felix par deux de ses affranchis

Tigzirt". Trouvée « en déblayant l'intérieur du temple» (Bourlier). Toujours dans la ce//a (fig. 9).
Base moulurée haute de 1,13 m, large de 0,55 m. Champ ép.: H. 0,54; I. 0,465. Lettres régulières
de 4 cm.
«A» non barrés. Les « E» comportent trois traits horizontaux d'égale longueur.

~ I tl*-/l“0CFIlQFEIICl
Kvá/CO ,KIT/W 0 i i c.ivuo.c.HLo Fsuci
I PME; R0 ,RM/,R0 RvsvccvRitANo
ÃEIÈ/\l1V| r ,Ll^¿4|N| 3 PRAErPRo|iviRiiv|Ro
\/ i
_.. WL VH IÊOIÈT |TE|vi.||v|Ro o[q]FLAivi|Ni
FQRTVN/çr\/51>^1 Ra I- 5 AvGG[g] AVGVRI PERPE
I NO šlI\J'I`)l/1/CICEN T IS _ tvo ivui v|TAuo Er
7 Form/NAivs PATRO
' No moviofutissiivio

- Figure 9. Dédicace à
I C. lulius Felix. Cliché
I et dessin J.-P. Laporte

C(oio) lulia, C{aii} fll(io), Ofuirina tribu), Felici, / Rusuccuritana, / praef(ecta} pro (duum}vir(iS},
(duum)vir(o}, item (duum}vir(a} q(uin}q(uenna/i), flamini / Augfustarum trium), auguri perpe/
tuo, lu/i[i] Vita/ia et/ Fartunatus patra/na indulgentissima (fecerunt}

«À Caius lulius Felix, fils de Caius, de la tribu Quirina, originaire dela cité de Rusuccuru, préfet
à la place des duumvirs, duumvir, puis duumvir quinquennal, prêtre des trois empereurs, augure
perpétuel, les lulii Vitalio et Fortunatus [ont élevé cette statue] à leur patron trés bienveillant»
v

70. Inscriptions 8 et 10.


71. Inscription 9.
72. CIL, VIII, 20714.

/89
bulletin* -logique

Le cursus de C. lulius Felix est abrégé par rapport à celui de l'inscription 7. Sont omises en parti-
culier les mentions suivantes: decurio ab ordine allectus, ab ordine electus. En revanche, son père est
désigné par son praenomen, ce qui est normal dans une nomenclature civique. La combinaison des
deux inscriptions 7 et 10 montre que ses tria nomina étaient C. lulius Rusticus.
L 3 :AVGGg ; les deux premiers « G ›› sont bien lisibles; Ie troisieme a été martelé lors dela damnatio
memoriae de Geta en 212. L'inscription est donc quelque peu antérieure, sans que l'on puisse donner
de date précise puisqueûeta a été parfois honoré en Afrique du titre d'Auguste avant de l'avoir reçu
officiellement.
L. 6: bien que la pierre soit épaufrée à cet endroit, nous avons nettement lu la nuit en lumiere
frisante VITALIO. Le cognomen Vitalio au nominatif est bien attestén. Les luli(i) Vitalio et Fortunatus
étaient deux affranchis de C. lulius Felix.

11. Tigzirt. Épitaphe de C. Annius Simplex (164 ap. I.-C.)

Tigzirt” En remploi dans Ia grande basilique (fig. 10). Déposée depuis derriere l'abside dela basilique.
Caisson calcaire.
L. 0,93; I. 0,50; H. 0,54 m. H. I.: 6,5 à 7 cm.
L. 4 et 5: ligature AN. L 4: pas d'espace apres Tl.

| DMS

CANNIVS

.1 SIMPLEXSEDA

TIF\/IXITANXXII

_
Ii-
ANPCXXV 164ap.J.-C.

Figure 10. Épitaphe


de C. Annius Simplex.
Cliché J.-P. Laporte

La pierre étant quelque peu arasée à cet endroit, la lecture des lignes 3 et 4 a été complétée
en SEDA/Tl. Jacques Martin” penchait pour SEX/Tl F. Aprés réexamen de la pierre, nous préférons
conserver Seda/ti, génitif du cognomen Sedatus, qui est attesté par aiIIeurs7°.

73. I. Kajanto, 1965a, p. 275 1 cognomen de bon augure signífiant «vivant». Il est attesté à Rusicade et à Caesarea (CIL VIII
6121 et 21268).
74. J. Carcopino, 1914, p. 349, n° 5.
75. Père blanc, auteur d'un Catalogue des inscriptions latines du bassin de I'Isser et du Sebaou resté inédit. Les extraits pu-
bliés (par le p. Laily) dans J. Martin, 1985, p. 69-85 ne reprennent pas ce commentaire resté tapuscrit.
76. I. Kajanto, 1965a, p. 262.

90/
Nor/istes os nusuccunu (oeitvs) er os ses P/lei: iomiviuiu (riGz|Rr] Er nus/Persia (TAKSEBT)

D(is) M(anibus) s(acrum), / C(aius) Annius / Simplex, Se[da/ti?] f(iIius). / Vixit an(nis) XXII. /
An{no) p(rovinciae) CXXV

«Consécratlon aux dieux mãnes, C. Annius Simplex, fils de Sedatus, il vécut 22 ans, année de
la province 125»

L. 3-4: la filiation est définie par le cognomen du pére et non par son praenomen. On pourrait
penser qu'il n'avait pas encore accédé à la citoyenneté, et que Simplex fut le premier citoyen romain
de la famille. Toutefois, I'exemple du pére de C. lulius Felix, désigné des deux manières sur deux inscrip-
tions contemporaines l'une de l'autre” amene à rester prudent.
La datation provinciale de 164 apres J.-C. fait de cette inscription l'une des plus anciennes épitaphes
datées de Césarienne, avant même celle de lulius Caecilianus décédé en 169, toujours a /omniumifi. Par
ailleurs, l'empIoi d'un caisson à cette époque représente une rareté.
La modestie de cette épitaphe ne fait pas de C. Annius Simplex un notable. Cependant, compte
tenu de son nomen et de la nature de son cognomenig, il pourrait avoir des liens (pere, grand-pere 7)
avec le L. Annius Modestus de l'inscription suivante, et le L Annius Maximus de l'inscription 13. Ce
pourrait être le premier membre connu de cette famille en cours d'ascension sociale, et c'est à ce titre
que nous le citons ici.

12. Tigzirt. Épitaphe de L. Annius Modestus

Tigzirt”°, remployée dans le mur sud dela grande basilique chrétienne, non loin de l'angle sud-ouest du
bâtiment (fig. 11). Non retrouvée. ii Inscription funéraire sur un bloc de grès brisé en deux morceaux,
[...] un grand cartouche bordé d'une triple moulure se termine à gauche en queue d'aronde ornée
d'une rosace centrale et menage un champ épigraphique haut de 28 cm qui devait atteindre 75 cm de
longueur. La face gravée du bloc a été buchée et l'inscription se lit très difficilement» (M. Euzennat).
L'épaisseur du bloc était de 50 cm environ. Compte tenu de la forme dela pierre, du cartouche moulure
et du texte lui-méme, il devait s'agir du linteau dela porte d'un mausolée.
«Le premier fragment [l. 93 cm; H. 49 cm) porte quatre lignes de texte. Les Iettresjadis régulières
et de belle facture, sont hautes de 5 cm pour les deux premieres lignes, 4,5 cm pour la troisième ligne,
4 cm pour la quatrième. Le second fragment (I. 70 cm; H. 48 cm), plus abîmé, n'a que trois lignes, qui
correspondent respectivement aux lignes 2, 3 et 4 du fragment précédent» (M. Euzennat). La ligne 4
paraît complète.

Figure 11. Dédicace à


L Annius Modestus.
Cliché et dessin (page
suivante) M. Euzennat

77. Inscriptions 7 et 10.


78. S. Gsell, 1896, p. 219, n” 186, retenue comme la plus ancienne funéraire datée de Maurétanie césarienne par P.-A. Fé-
vrier, 1964, p. 136.
79. On peut noter une semblable tonalité dans les cognomino Simplex, Modestus, et même, par antinomie, Maximus.
80. M. Euzennat, 1955, p. 300-301, n' 3, fig. et 1957, p. 79. Non reprise à l'A E.

/91
bulletin ri:-héilogique
.-.- .fu

|",'_' *IG Al\Il\I IQ* Îrql-Q


-' * , .

I D M [S]
L ANNID [---]STO
il ANNII.SVI.MOD[--] MAXIMV[-
FILII. PATRI. PIIS[si]M0

D(is) M(anibus) [s(acrum)] / L(ucio) Annio [L(ucii) f{iIio), Mode]sto, / Annii sui Mod[estus. et]
Maximu[s] / filii, patri piis[sí]mo

«Dédiée aux dieux mãnes, à Lucius Annius Modestus. fils de Lucius, ses fils Annius Modestus
et Annius Maximus, à leur père très affectueux»

À la ligne 2, on pourrait restituer par exemple Fausto au lieu de Modesto (qui paraît cependant le
plus vraisemblable). A la ligne 3, la lacune qui suit MOD paraît courte pour loger sept lettres et deux
points.

15. Taksebt. Dédicace à L. Annius Maximus

Taksebt°', dans une maison. Non retrouvée.


Base: H. 0,80 m; L 0,35 m; H. I. 4,5 cm.
Sciée verticalement en deux parties comme les inscriptions 3 et 4, avec lesquelles elle était appa-
remment remployée dans la même maison de Taksebt. Le rapprochement avec ces deux textes montre
qu'il ne s'agit pas d'une inscription funéraire mais d'une inscription honorifique, posée probablement
avec l'a'utorisation de l'ordo dans un lieu public".

1 L AN [n]IO MA
XIMO MODES
3 Tl FIL QVIRI
NA RV[s]VCCU
5 RITANO EQVI
TI RO[m]ANO AE
1' DILI Q FLAMI

81. CIL, VIII, 20706.


82. La précision est donnée par l'inscription 4, sciée de la même manière et remployée dans la même maison.

92/
Nomaies ae Rusuccunu (peurs) Er of ses moi: io/u/viu/u (rieziarj ET RUSIPPISIR (TAKSEBT)

NICIO [du]VM VI
I.-'I RALIQ
L ANNIUS M0
-' DEST[us] PATRI
PII[ssi]MO
13 ''

L(ucio) An[n]ia Ma/ximo, Modes/ti fiI(io), Ouiri/na (tribu), Ru[s]uccu/ritan[o], equí/ti Ro[m]ana,
ae/dili, q(uaestori), flami/nicia [du]umvi/raIiq(ue). /L(ucius) Annius Ma/dest[us], patri/pii[Ssi]ma

«À Lucius Annius Maximus, fils de Modestus, de la tribu Quirina, Rusuccuritain, chevalier


romain, édile, questeur, ancien flamen et duumvir. Lucius Annius Modestus à son pére trés
affectueux»

Filiation et tribu sont rejetées aprés les tria nomina.


Les fonctions mineures d'édiIe et de questeur sont bien mentionnées en début de carriere. Duumvirat
et flaminat sont en revanche cités dans l'ordre inversé de celui qui semble avoir été le plus courant.

14. Tigzirt. Épitaphe d,un décurion

Tigzirt. Trouvée en 1954 sur l'espIanade qui borde au sud la basilique chrétienne (fig. 12). En 1970 et
1988, sur lé cardo au sud du temple". En 1992, dans le temple.
Bloc calcaire brisé dés avant 1954 et quelque peu mutilé depuis. La face supérieure retaillée porte
une crapaudine de porte. L 0,35 m; H. 0,43 m; ép. 0,52 m en 1955. H. I.: 5 cm. Lettres soignées.

î
\O MPA R»
1/R10 *_
ENffi ur
1/ «J
t: ;î “
Figure 12. Inscription
15. Cliché et dessin
J.-P. Laporte

....[in]compar[obiIi].... /.... [de]curioni... /...[G]essia f[.... /.... [ca]niux...

83. M. Euzennat, 1955, p. 301-302, n° 5. Non reprise à l'A. E.

/93
bulletin logique
-_-i-5

La ligne 5 pose un probléme. Sur un croquis de 1952, M. Euzennat a indiqué une cinquieme ligne,
où il ne distinguait que trois hastes plus ou moins verticales. Vers 1965, J. Martin alu CIVI. Un examen
attentif en lumiere frisante en 1992 a montré des éraflures sans tracé intentionnel. Le qualificatif
incomparabi/is se retrouve sur l'inscription 1 pour qualifier un patronus. On peut pensera une dédicace
funéraire élevée par une femme à son époux « incomparable ››.

15. Tigzirt. Inscription dédiée à un Rusuccuritain résidant à Iomnium

Tigzirtsf. Au musée d'Alger depuis 189985. Aujourd'hui scellée dans le mur a l'extérieur du musée
(fig. 13).
Inscription incomplete en haut et à droite.
H. 0,57 m; I. 0,26 m. Bordure moulurée a droite et en bas. En bas, partie fruste sur 0,31 m de haut.
Champ ép. conservé: 0,16 / 0,16 m. H. I.: 3,5 cm.

!-11""_iïÊi:Î:-:iÎ'§' "
1 SVCCV[---
IOMNlO[---
Ií 3 OB ME[---

i Il CDE EZ*"`* I
r,._.,_`:':'¿

Figure 13. Dédicace


(?) à un Rusuccuritain
établi à Iomnium. Cliché _ -I/I
et dessin J.-P. Laporte

_-Ru]/succu[ritano,....]/Iomnio [----]/ob me[rita...]

ll s'agit sans doute ici, non d'une inscription réunissant les noms des deux villes d'lomn/'um et
de Rusuccuru comme on I'a cru, mais d'une plaque gravée en l'honneur d'un Rusuccuritain établi à
Iomnium, l'un des pag/'de Rusuccuru (voir fig. 1). On ne sait pas avec certitude si ce texte est honori-
fique ou funéraireflfi.

84. CIL, Vlll, 20716.


85. P.WuiIleumier, 1928, p.37.
86. La formule ob merita est rare sur les inscriptions funéraires, mais attestée dans ce cas sur une autre inscription de Tigzirt
[C/L Vlll, 20717).

94/
NOTABLES DE Rusuccunu (DELLYS) Et DE SES PAGI: IUMNIUM (TIGZIRT) er Ruswisin (rAi<stBT)

16. Inscription rupestre: Pontius et nundinas

À 8,5 km à I'ouest de Tigzirtai, et 17,5 km a l'est de Dellys, a 80 m au sud dela route qui les relie, dans
un éboulis, a 2,70 m de haut sur la paroi sud-est d'un grand bloc rocheux (fig. 14). Une autre photo-
graphie de cette inscription vue jadis dans la collection de J.-C. Musso (Tizi-Ouzou) avant sa dispersion
montrait qu'elle était bien complete et isolée au milieu du panneau naturel. Les caracteres étaient tres
nets et la lecture ne faisait aucun doute, et l'inscription, soigneusement gravée, était complete. Le
reste de la paroi était lisse, et il n'y avait aucun autre vestige de gravure à proximité.
Texte de deux lignes, la seconde s'étendant sur une longueur de 0,71 m; H.: 0,25 m. H. I.: I. 1'
12cm; l.2: 10cm.
Lettres assez irrégulières. «A» non barrés.

PONTIVS

ET NVNDINAS Figure 14. Tigzirt.


Inscription Pontius
et nundinas. Cliché
Jacques Martin, 1970.
Les lettres avaient été
repasséesa la craie.

J. Martin a considéré cette inscription comme un graffita et I'a développée en Pontius et Nundina
s{cripserunt), et de même l'Année épigraphique(1895, 898). Cependant, il n'est pas sûr que cette solu-
tion soit définitive.
Certes, Pontius est un gentilice bien attesté, de même que le cagnamen Nundinus, -a“. Mais d'une
part il n'y avait pas d'espace entre nundina et s (ce qui peut arriver) et il ne faut peut-être pas l'en
séparer, d'autre part l'aspect général n'était pas celui d'un graffita, mais bien d'une inscription assez
solennelle (grande taille et profonde gravure des lettres, position élevée sur la paroi). On pourrait tout
aussi bien reconnaître le mot nundinae, marché campagnard périodique trés bien attesté en Afriques?
Cependant on se trouve alors devant un gentilice au nominatif relié par eta un accusatif pluriel. Cette
lecture laisse donc subsister un probléme.
J. Desanges nous a suggéré une autre interprétation: «et» pourrait être un barbarisme, a partir
de ea pour it. En principe, ire nundinas n'est pas correct, mais on pouvait dire ire rus, ire damum.
On rencontre en Afrique beaucoup de graphics «e» pour «I» (cf. hec pour hic, qualificatif ou même
hic adverbe). Le sens serait alors «Pontius va au marché». Cette interprétation pourait être facile-
ment acceptée dans le cas d'un grafflto. Elle est beaucoup moins plausible pour une inscription assez
soigneusement gravée. On pourrait proposer quelque chose comme «Pontius et nundinas {institui)»,
« Moi, Pontius, j'ai organisé (ces) nundinae››, mais cette solution ne paraît guére plus solide.

87. Inscription rupestre découverte par le p. Raphaël Poyto et par Jean-Claude Musso. J. Martin, 1985, p. 76, note 6 - A E.,
1985. ses. Laporte, 2010, p. 754-755. -
88. CIL Vlll 22644, 243 sur une lampe de Carthage et 23784 a Henehir Gammama.
89. CIL Vlll 20627, ILAIg. 3604. Les nundinae étaient autorisées moyennant le paiement de taxes, sauf exemptions obtenues
parfois de I'empereur lui-même. B. D. Shaw, 1981, p. 37-83. H. Pavis d'Escurac, 1984, p. 251-259.

/9
bulletin *I-logique
Î-|
I--I-ufl
Î

17. Inscription rupestre mentionnant le pavage dfun gué

À 23,47 km de Dellys (curieusement, la distance a été indiquée à partir de Dellys, alors que le lieu se
trouve au voisinage de Tigzirt)9°. Prés dela mer, sur un rocher, au bord d'un large ravin, à 80 pas environ
de la route. Non retrouvée.
Texte probablement versifié de trois lignes. H. I. ' 4 à 5 cm.
Lettres frustes et fort difficiles a lire (Gsell). L 3: nexus ML(ucet), le trait horizontal du «L» obli-
quant fortement versie bas. La boucle inférieure des «S» descendait vers le bas.

1 SOENIOVITITIACVIFF/------ --
CVIVS VORAGINE SEMPER ATIRITAS/NT PECORA
3 NVNC PROVIDENTIA BONORVM LVCEI' FELIX STRATA GURGVS

Gsell notait déjà que le développement était problématique. Le mot féminin Gurgus correspond
probablement au Gurges masculin de basse époque” La providentia bonorum est la «générosité des
gens de bien », celle des notables de Rusuccuru puisque cette inscription se trouvait entre la cité et son
pagus de Tigzirt. Lors de ses crues, le torrent qui coulait dans le ravin emportait souvent des bestiaux
dans ses violents remous. Aux frais des notables, on régularisa le fond du cours d'eau en I'empierrant.
Cette dédicace était probablement visible de la route côtière antique, qui passait à proximité, en
traversant sans doute le gué en question.

18. Inscription rupestre FLRES

Tigzirt. Inscription rupestre” «entre les deux portes Hartarn, à 3,5 km de Tigzirt sur la route d'Azeffoun
(en contrebas et au nord-ouest du village de Taksebt)9°.
H. I.: 15 cm.
Carcopino signale que le «S» était inversé.

FLRES

La grande taille des lettres renvoie probablement a une limite de propriété. Carcopino a proposé
F/Iavii) res, mais tant la lecture que le dév.eloppement resteront problématiques tant que l'inscription
n'aura pas été retrouvée.

90. Gsell, 1899, p. CLXXXI, et note inédite, de même époque, à la Direction des Antiquités de l'AIgérie [avec quelques diffé-
rences de lecture). Carcopino, 1914, p. 343.
91. Gurges: tourbillon ou masse d'eau, gouffre, abîme, Cicéron, in L Pisanem, 81. Tite Live, Ab urbe condita libri 45, 21, 5,
14; 22, 67, Virgile, Enéide, 11, 624, etc.
92. S. Boulifa, apud R. Basset, 1912, p. 336. J. Carcopino, 1914, p. 343.
93. L'emplacement de cette inscription est établi par la découverte du site n° 5 de J.-C. Musso et R. Poyto, 1969, p. 18-19.
C. L 629,16/ 420,14, cote 120. Au-dessus dela route nationale n° 24, a hauteur et au nord du village de Taksebt. Une
gravure rupestre, dont ils donnent le dessin, est très certainement celle qui a été signalée comme suit par Boulifa «au
même point sur le rocher appelé lfri Bou Adhou (grotte du vent), un dessin gravé au fond d'une grotte et nommé par
les bergers 'tête à 4 yeux' représentant deux volutes affrontées». Elle doit se trouver non loin d'un rocher qui s'éIéve au
bord de la route moderne et qui porte en gros caracteres gravés une inscription moderne « Hartar 1901 », Hartar étant
le nom du propriétaire de cette époque.

96/
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS) ET DE SES PAGIZ IOMNIUM [TlGZlR`I') Er Rusiierisiir (rAi<sEiar)

19. Inscription rupestre AUGSR

A 5,5 km de Tigzirt vers Azeffoun, à 500 m à l'est et à 120 m au nord du km 31, sur un rocher de grés
micacé9“.
Lettres irrégulières.
H. I.:9à 11 cm.

AVGSR

Le développement est problématique. Cette inscription a été interprétée par J. Carcopino comme
une borne délimitant une propriété de l'empereur et celle d'une cité ou d'un particulier* Aug(usti)
s(umma) r(atio). Elle montrerait dans ce cas I'existence d'un domaine impérial pres de Rusuccuru. On
ne peut que saluer l'effort d'imagination, tout en restant un peu sceptique.

zo. Iaggachen. Épitaphe d'Aurelius Illilasen

laggachen. Pierre encastrée sur la face nord de la petite koubba du cimetiere qui surplombe le village”
Apres avoir été apportée de ruines antiques nommées lmejadh, situées un peu au nordgf. Elle avait
été signalée par Carette” puis par Vigneral” comme encastrée, déjà, dans la petite mosquée, mais ils
n'avaient pu la lire. Elle fut retrouvée au même endroit par J. Martin en 1971. Une premiére lecture,
encore insuffisante, a été citée par Ph. Leveau en 197399. J. Martin et Ph. Leveau ont ensuite établi
ensemble la lecture actuelle, publiée par P.-A. Laily d'aprés les notes de J. Martin'°°. Nous I'avons revue
en 1976 (fig. 15).
H. 0,48 m; I. 0,65 m. Épaisseur inconnue.
Pierre brisée en haut, en bas et à droite; un trait gravé en bordure gauche de l'inscription indique
qu'elle est compléte de ce côté. Texte de 7 lignes. Gravure médiocre.
H. I.: I. 1, 5 et 6: 3 cm, I. 2, 3 et 4: 5 cm. Les «V» sont en forme de «U››.

QVI FACIVN[t)ÈiQVlCON[---]V[--
DSMACORORVM
I AVRELIILLILASENRV
SVCV[-- IVSEXPREFECIJO
E CVRATVIXITANNOSLIIII
QVI[-]MANEA[----
*r __]N|R[_____ __ Figure 15. L'épitaphe
_ d'Iaggachen.
1 Cliché J.-P. Laporte

94. J. Carcopino, 1914, p. 343. Non revue.


95. S. Gsell, 1911, f. VI, n° 64. Carte au 1/50.000, Azazga, n° 24, C. L 644,5/394.
96. E. Carette, 1848, t. ll, p. 154 signale a cet endroit un «grand nombre de pierres éparses, avec inscriptions, entre les
villages d'Ai't lrzer et de Tiboudiouim. En 1868, Vigneral, p. 47, précise la localisation' «Ces ruines peu considérables,
quelques pierres de taille éparses, quelques-unes en place, se trouvent à lmejadh, près d'lril Jaggachen ' on les appelle
aussi Benian.»
97. E. Carette, 1848, r. il, p. 154. -
98. Ch. de Vigneral, 1868, p. 47.
99. Ph. Leveau, 1973, p. 185 aprés le n“ 60: «un certain Aurelius Rulasen».
ioo. J. Martin, 1985, p. 78. n° ii, photo, fig. 2 - A. E., 1985, 901.
/97
bulletin -@logique
ir- av
- 'r-u-.--
._-_

Oui faciun[t] et qui c0n[fer]u[nt] ?/ D[íi`)s M(anibus) sac<oro> rum [?), /Aure/i[us) I/Ii/asen, Ru/
sucu[r ?]us, ex pr[a)efec[t]o, /curat[or), vixit annos L//I//qui manea[---/---] N/R[---]

J. Martin a remarqué la bizarrerie de ce texte et s'est demandé s'il ne fallait pas lire à part les
lignes 2, 3, 4 et 5, tandis que les lignes 1, 6 et 7 auraient appartenu à une inscription différente. Apres
réexamen de la pierre sur place, ceci ne semble pas le cas. Les lettres sont identiques. Il s'agit bien
d'une inscription unique.
L 1: sans doute une proposition relative: qui faciunt et qui' conferunt (.7), de signification ici
indéterminée.
L 2 : à développer peut-être en D{i)s M(anibus) Sac<aro>rum pour Dis Manibus sacrum?
L 3: Aurel(ius) lllilasen ou lrilasen. Ce cognomen libyque se retrouve dans l'onomastiquc autoch-
tone sous des formes proches: ZillasanI°I, llilasen, princeps gentis Baquatiumm, Aurelius Tesilaseniœ,
llasen. D'autre part, un M. Aur(eIius) Masaiisilen est nommé dans une dédicace funéraire de Kabylie
avec le titre d'ex pr{a)ef{ecto)I°'*, datée de 328 ap. J.-C. Le document de laggachen paraît plus tardif,
d'apres la forme des lettres, notamment des ii U ›› arrondis.
L. 3 et 4: il faut probablement restituer Rusucurus (avec un seul «C»), à rapprocher de Rusuccuru
(Dellys), une quarantaine de kilometres à l'ouest, mais aussi de la gens Rusuccenses nommée par la
Cosmographie de Julius Honorius“°5. Trouvée à 40 km de Rusuccuru, laggachen se trouve à 10 km
seulement a I'ouest de I'antique Rusazus, colonie d'Auguste“°6, dans une zone tres accidentée. On
peut penser à un hameau autochtone laissé au territoire de Rusuccuru faute d'intérêt agricole pour la
colonie de Rusazus.
L 4: ex pr{a)efecto. Ces mots sont soullgnées par un trait gravé. Compte tenu de I'éloignement du
lieu de toute agglomération romaine ou romanisée, on peut penser qu'il s'agissait du préfet d'une tribu
dont le nom n'est pas précisé. La ligne suivante débute par curat, à partir de la cinquième lettre, on
distingue vixit suivi probablement de annis. Deux lignes paraissent avoir existé en dessous.
L 5: le lieu dans lequel le défunt a été curat{or?) n'est pas précisé. ll pourrait s'agit d'un curateur
d'un castellum rattaché à Rusuccuru à placer dans les ruines d'lmejadhI°7.

21. Tigzirt. Épitaphe de M. Domitius Rufinus, professeur chrétien

Tigzirtlœ. Découverte en 1896 «chez M. GuiIlemet››, à I'ouest du village, sur la route de Dellys, à côté
de l'inscription 6 (fig. 16). Déposée dans le jardin de l'administrateur, elle fut ensuite transportée au
musée d'Alger, où elle se trouve aujourd'hui scellée dans le mur extérieur pres de I'entrée du jardin.
Petite stéle à fronton triangulaire, haute de 82 cm et large de 76 cm.
Champ épigraphique entouré d'un cercle, enfermé lui-meme dans un cadre carré. La lecture de
Lacour est à compléter d'un « M››, en dessous du chrisme.
H. I.: 3,5à 4 cm.

101. J.-B. Chabot, RIL 1940, p. 4, n' 2, ligne 1 de la traduction du punique.


102. À Volubilis, llilasen, fils d'Uret, princ{eps) gentis Baquatum (IAM, /at, 350 - A E, 1975, 204), mentionné dans un texte
daté de 200 aprés J.-C.
103. Corippe, /ohanníde, IV, 844. Aucun des noms libyques de cette liste n'est mentionné dans les tables de J.-M. Lassére,
1977.
104. C/L, Vlll 9010. Dédicace du mausolée d'0urthi N'taroummant.
105. lulius Honorius, Cosmographie, B. 48, l. 4, éd. A. Riese, 1964, p. 54.
106. S. Gsell, 1911, f. VI, n° 70;J.-P. Laporte, 2000, p.566.
107. Un curator r(ei) p(ub/icae) caste//u Biracsaccarensium est attesté en 374 dans la région du Fahs, au sud-est de Thugga
(CIL Vlll 23849).
108. S. Gsell, 1896, p. 218, n° 184 (copie Lacour).

98/
NorAsLes DE Rusuccuiiu (otttvs) ET os ses PAGi: io/wviu/u [riezmn ET RusiPPism (TAl<seeT)

..-*"['___/f£_h"___x`h"'**-
X I (chrisme)
i -- -- - . --._
I ,f"r_I\7\-__ _"'\ 1 M

DoN×\TlO"*., , DOMITIO
_.-faut ii\i0Mi\ *-I, _, RVFINO MA
_ )¿jgTaO LIBE i_
i; ixixu VM UIIEI:
GISTRO LIBE

i\M\/I\/\ I-10/\/ii__i='
5 RALIVM LIITER
Figure 16. Stéle de
i, I ._i\j 1,80 Il/O _.r ARVM HOMI
M. Domitius Rufinus
\/ /\ i_.><¿\/ il F NO BONO
V A LXXV
Dessin d'aprés
I---`
._*-._______', .A. I
photographie,
J.-P. Laporte

(Chrisme) / M(arco)/ Domitio / Rufino, ma/gistro Iibe/ra/ium /ittera/rum, homi/no bono, / v{ixit)
a(nnis}LXXV.
«(Chrisme) À Marcus Domitius Rufinus, professeur d'arts libéraux, homme bon, il a vécu
75 ans»

À la ligne 1, le ii M » est à la fois isolé et bien centré. Il semble difficile de le développer en m{emoria}
qui appellerait ensuite un génitif plutôt qu'un datif (Ia règle n'étant pas absolue). On semble se trouver
en présence de tria nomina à l'époque chrétienne, seul exemple dans la région d'un archaïsme qui
semble normal pour un professeur de lettres. Le nomen du personnage est à rapprocher de celui de
l'importante famille des Domitii installés à Taksebt'°°. Ceci expliquerait peut-être cela.
Les leçons du magister n'ont pas profité au Iapicide: homino pour hominil
L'aspect de cette inscription permet de la dater du milieu du iv* siécle. Elle est donc postérieure de
quelques années au témoignage de Victor, grammaticus chrétien de Timgad. Appelé à témoigner devant
le clarissime ZenophiIus“°, \fictor définissait ainsi sa profession en 320: «professor sum Romanarum
/itterarum, grammaticus /atinusn. Il était chrétien ' « unus sum de popu/o Christianorum». Son origine
sociale est également intéressante: « patre decurione Constantiniensium, auo milite; in comitatu mili-
tauerat; nam origo nostra de sanguine Mauro descenditii. ii Mon pére [était] décurion de Constantine,
mon grand-pere soldat; il avait servi dans le comitatus; car notre famille est de sang maure». La
derniére notation est peu courante, même si Apulée, de culture parfaitement latine, tenait à se rappeler
mi-gétule, mi-numide. J

D'autres documents, non nominatifs, témoignent également de I'existence de notables de


Rusuccuru:

2,2. et 2.5. Sarcophages chrétiens de Dellys

Deux sarcophages de marbre découverts à Dellys et importés de Rome"“ appartenaient certainement


à des notables.

109. Inscriptions 3 et 4. *'


110. Appendice d'Optat, Gesta apudZenophi/um (320 aprés J.-C.), CSEL 26, p. 185.
111. Le premier, encore muni de son couvercle, représente les miracles du Christ. Il ne reste que la moitié des flancs du se-
cond. Nous reviendrons ailleurs sur ces deux documents.
bulletin fliilogique
.mnaμ
| L uma.-_

24. Un grand mausolée circulaire de Dellys

À Dellys même, sur le plateau des Jardins, se dressait encore en 1980 une sorte de grand chicot de
maçonnerie de 4 m de hauteur, la base encore entourée d'une moulure circulaire d'environ 8 m de
diamètre. Tout le parement de pierre de taille situé au-dessus avait disparu, à l'exception de trois blocs
de même arrondi qui ne permettaient pas de savoir si la chemise était munie de colonnes engagées.
On pénétrait par une brèche dans une chambre funéraire jadis isolée dans la maçonnerie au centre du
monumentl".

25. Grand mausolée de Taksebt

Plus intriguant encore est le grand mausolée de Taksebtm. Il comportait une chemise cylindrique de
pierre de taille de 13 m de diamètre et 9, 25 m de haut, flanquée de 12 colonnes engagées, munie
de quatre fausses portes tournées vers les quatre directions, et surmontée d'une haute pyramide qui
pouvait culminer à une vingtaine de métres de haut.
La fausse porte tournée vers I'est était surmontée par une grande plaque encastrée (disparue)
qui donnait sans doute le nom du défunt et de sa famille. La maçonnerie de cet ensemble important,
mais très classique, datant du iii* siècle après J.-C. (d'après les chapiteaux), englobait une partie dela
façade, également en pierre de taille, d'un monument circulaire antérieur a chemise lisse de même
hauteur et diamètre, mais de centre différent. Celui-ci comportait lui-même des remplois provenant
d'un monument à colonnes engagées de même module encore antérieur. Les chapiteaux ioniques en
remploi peuvent être datés du i" siècle avant J.-C."*. Comme on voit mal une famille remployer des
fragments du mausolée d'une autre, on tient probablement là le mausolée d'une lignée de notables qui
traversa toutes les péripéties dela Maurétanie, depuis le règne de Juba Il jusqu'au iii* siècle aprés J.-C.

Abréviations
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lLAlg: Inscriptions latines d'/llgérie, éd. Gsell, t. I, 1922.
IAM, lat: Inscriptions antiques du Maroc, t. ll, Inscriptions latines, 1982, éd. J. Gascou.
RIL: Recueil des inscriptions libyques, éd. J.-B. Chabot, 1940.

112. S. Gsell, 1911, f. VI, n' 35. La galerie d'accés initiale avait été condamnée aprés les funérailles par une solide maçonnerie
analogue à celle du remplissage initial du monument.
113. S. Gsell, 1911, f. VI, n” 35 et Monuments, t. ll, 1901, p. 95-97. M. Euzennat et G. Hallier, 1992.
114. J.-P. Laporte, «Mauso/e'es», à paraître.

100
NOTABLES DE RUSUCCURU (DELLYS) ET DE SES PAGIZ IOMNIUM (TIGZIRT) ET RUSIPPISIR (TÀKSEBT)

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101
bulletin

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