Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Conclusion : Pourquoi l’histoire d’un simple marin, selon vous, est-elle devenue un mythe ?
OE : Poésie et quête de sens + les réccritures, la question de l’homme dans les genres de
l’argumentation
LA : TOURNIER, Vendredi ou les limbes du Pacifique
Robinson, qui, après avoir échoué lors d'une tempête sur l'île qu'il baptisera Speranza, tente de
reconstruire une vie sur le modèle européen; sa rencontre avec Vendredi, un sauvage métis lui
apprendra à vivre autrement. Alors qu’il ne s’y attendait plus, un bateau va faire escale, quelque 28
ans après l'arrivée de Robinson sur l’île : c’est le moment crucial pour le naufragé de reprendre
contact avec la civilisation.
Problématique : Comment Robinson va-t-il accueillir l'arrivée des européens sur son île ?
1] Les européens, découvrant l’île, se ruent vers celle-ci comme si c’était une « île au trésor ». vers
l'île
a) Parce que cette île est une île accueillante, riche en ressources …
c) C’est pourquoi l’attrait de l’île ne peut justifier le comportement des marins à l'égard de l'île et
de Robinson
Les marins envahissent et prennent possession du territoire avec une attitude peu discrète et
respectueuse .
Exemple :
Les marins sont très vite assimilés à une troupe grouillante, sans individualité car ils n’ont
qu’une idée en tête : piller. De fait, les termes « impur grouillement des hommes », 5 ;
« cupidité, orgueil, violence » correspondent à leur comportement. Ces noms sont péjoratifs.
Le narrateur utilise des périphrases pour nommer les marins « ces brutes déchaînées », ses
semblables (valeur ironique et amère puisqu’il faut entendre le contraire), cette bande
frustre et avide pour condamner leur attitude.
« On » désigne les marins : ce n’est qu’une masse informe, une troupe indistincte et que
Robinson ne peut nommer. Les marins sont totalement dépersonnalisés par le regard de
Robinson.
R est interrompu dans ses es explications : l’équipage se rue dans l’île.
Robinson ne peut être que spectateur de cette ruée et de ce pillage.
Le saccage est organisé : « stupidement mutilées ni les bêtes massacrées au hasard qui le
retenaient » : manque de respect, déferlement.
Champ lexical de la violence et du saccage à repérer :
Incendie par cupidité
Les gestes et actions violentes sont nombreux : « à coups de sabre », « poursuivent les
chèvres à la course »
d) De fait, l’accueil de Robinson n’est pas celui qu’il aurait voulu réserver à ses « sauveurs ».
Robinson n’a pas vu un Européen depuis son naufrage, lorsqu’il était à bord du Speranza, il y a 28
ans. L’arrivée de ce bateau, vécue et rêvée comme une délivrance, tournera en vision
cauchemardesque.
Face à ce comportement que l'on pourrait qualifier de « sauvage » au sens familier du terme,
Robinson est pétrifié. Vendredi est considéré comme une chose négligeable et négligée puisqu'il est
considéré comme l'esclave de Robinson.
II] De fait, se rencontrent sur cette île 2 mondes opposés, 2 façons d'appréhender la nature
a) Le comportement des marins méprise l’homme.
b) Le comportement des marins c’est l’arrivée de la civilisation, c’est l’histoireoù la rencontre avec
l’autre est violente :
c) Le comportement des marins lors de cette rencontre si ardemment souhaitée permet à Robinson
de prendre conscience qu’il a changé.
Les marins agissent, Robinson pense (Robinson pensait, l'idée effleura R, R savait )
L’oppostion entre l’attitude de Robinson et celle des marins est presque caricaturale : entre
cris des hommes et silence de Robinson : cette opposition renforce l’idée de solitude et de
sagesse de Robinson.
Deux systèmes de valeurs totalement opposés : le monde de la civilisation lui paraît « si
familier et si étrange » : opposition qui traduit bien l’ambivalence des sentiments de
Robinson : cette distance lui permet de prendre la mesure de son évolution. Cette rencontre
lui permet de revenir sur son passé (les souffrances qu’il avait endurées). L’explication est
donnée dans les dernières lignes de l’extrait (35 à 40)
Robinson s’efface derrière son île, ne réagit pas (peut-être parce qu’il en est incapable ou qu’il
réalise que tout effort sera inutile).
Les discours des marins ne nous parviennent donc qu’à travers les filtre des perceptions
intermittentes de la conscience de Robinson.
Absence de discours direct : paroles essentiellement résumées. Effet d’éloignement créé.
Pas de paroles mais seulement des exactions ou un silence éloquent. Le dialogue avec Hunter
s'engageait péniblement, « menaçait » (valeur de l’imparfait, descriptif et valeur de durée
indéterminée qui installe le malaise et la difficulté à communiquer ; c'était d'une oreille
distraite qu'il écoutait les propos du commandait qui lui racontait : la subordination traduit
cet effet d'éloignement ( à la différence du discours direct)
Les hommes sont « murés » l34 ( métaphore qui suggère à quel point il serait vain de tenter
d’amorcer un dialogue)
La présence du monologue intérieur, riche (voir subordonnées ligne 37) ; la richesse de la
pensée se substitue au silence pesant. Robinson est à nouveau exilé parmi les siens.
b) L’utilisation du point de vue interne à Robinson permet au lecteur de mesurer sa position.
Robinson est spectateur attentif et réservé : il se voit dépossédé de son île, mais incapable de
réaction.
Ses sentiments paradoxaux et contradictoires qui montrent qu'il est perdu et désarçonné :
ligne 39 à la fin : il est des leurs mais en même temps si différent : la rencontre avec les
hommes lui apporte un grand sentiment de solitude : il avait été semblable : passé révolu.
L’antithèse souligne le caractère définitif et irréductible de sa décision :impur grouillement
des hommes vs sagesse de Robinson
Robinson a évolué, ce dont il prend conscience : il a atteint ce « bonheur solaire » mais ce
sera le sien ; il ne pourra pas le partager (car les hommes ne sont pas aptes à le partager).
Pas de grandeur d'âme ni d'humanité : ce sont des consommateurs.
Robinson a atteint la sagesse mais ne la communique pas, à la différence de Zoroastre.
Sagesse est dans le silence et le détachement. Son regard est celui des « entomologistes » :
les hommes sont des insectes, pire des cloportes (jugement péjoratif : image du
grouillement, de l’agitation, du dégoût.
d) Le point de vue du narrateur est perceptible à plusieurs indices ; Tournier semble cautionner le
regard de Robinson.
Par sa manière de relater le récit : choix dans les paroles rapportées, choix du monologue
intérieur.
Par la réponse proposée à la question programmatique.
On a donc un récit à visée argumentative. Le narrateur adopte le point de vue de Robinson
et porte un regard critique, par la forme choisie pour la narration : condamnation de la
société de consommation, de l’avidité de posséder et de l’égoïsme des marins. Robinson ne
suit pas l’exemple de Zoroastre, 4.
Une autre dimension est donnée : c'est le narrateur qui donne à penser au lecteur en lui
permettant de nourrir sa réflexion sur la civilisation.
CONCLUSION : L'expérience de Robinson est douloureuse ; alors qu’il avait espéré retrouver contact
avec la civilisation pendant près de 28 ans, Robinson semble déçu car sa rencontre avec les hommes
lui renvoie une image insupportable de ce qu'est la « civilisation » (Vendredi est un homme bien plus
civilisé). Robinson ne suivra pas le même parcours que Zoroastre. Cependant, cet extrait renvoie
aussi aux circonstances d’écriture, en 1967, époque où la France va peu à peu entrer dans la
consommation de masse : cette page qui contient les réflexions de Robinson invite le lecteur à
revenir sur une notion contemporaine « ère de la grande consommation ». A travers la réflexion et
les réactions de Robinson, le lecteur peut s'interroger et porter un regard plus critique sur sa société.
La rencontre avec ses semblables a montré à quel point Robinson était devenu un autre (un homme
sage, mais isolé dans sa sagesse) : la rencontre avec l'autre permet de mieux se connaître ; c'est une
révélation de soi, à travers l’image de l’autre.