Vous êtes sur la page 1sur 14

2

U E NCE
SÉQ Le voyage et l’aventure : pourquoi aller vers l’inconnu ?
Avec autrui : familles, amis, réseaux
p. 28-49

•Derrière les paysages exotiques


OOQue nous révèlent les écrivains à travers les voyages exotiques ?

Objectifs son humanité. La vie du naufragé est difficile et


• Lire des récits d’aventures et de voyage. dangereuse selon Michel Tournier qui réécrit pour
• Comprendre ce qui nous pousse vers l’ailleurs et les autres. les enfants du xxe siècle l’histoire de Robinson,
selon le point de vue plus distancié de ce dernier
Présentation de la séquence (Lecture 3). Les deux derniers textes ouvrent à des
genres littéraires plus complexes : Swift confronte
La séquence 1 s’attache au récit de la Découverte Gulliver à de minuscules Lilliputiens (lecture 4) ;
de l’Amérique, l’événement fondateur d’un nouvel ce dernier peine à imaginer que la culture et la
ordre économique et culturel qui transforme raison se logent dans de tels personnages, si petits
notablement le rapport des hommes aux dieux et et fragiles. Dans la lecture 5, Voltaire inverse la
aux autres hommes. Si l’Histoire a pu enregistrer perspective pour souligner le comportement étrange
les péripéties d’une telle conquête, sa chronologie des Français, vu selon le point de vue de l’Ingénu,
et son développement sur des territoires, les récits ce Huron qui témoigne aussi d’une civilisation plus
montrent également comment la réalité perçue directe, naturelle et spontanée.
s’inscrit dans un imaginaire souvent merveilleux ou
religieux qui témoigne du goût pour l’étrange, la
différence voire un idéal paradisiaque. Bibliographie
Littérature jeunesse
Cette deuxième séquence, qui ne présuppose pas
que la première ait été mise en œuvre, propose • Christophe Colomb, La Découverte de l’Amérique [1492],
d’explorer un groupement de textes, des récits de l’École des Loisirs, Classiques abrégés, 1999.
fiction pour la majorité d’entre eux, qui déclinent le • Daniel Defoe, Robinson Crusoé [1719], Le Livre de poche,
scénario de la découverte de nouveaux territoires 2003.
exotiques selon des variations du stéréotype que • Jonathan Swift, Les Voyages de Gulliver [1726], Gallimard
ouvrent à des questions sur les valeurs d’époques Folio Junior, 2014.
et de sociétés différentes, selon les goûts et les • Jules Verne, L’Ile Mystérieuse [1875], Le Livre de poche
aspirations des uns et des autres. jeunesse, 2014.
Les textes se succèdent selon une progression qui • Robert louis Stevenson, L’Île au Trésor [1883], Gallimard
veut tout d’abord impliquer les jeunes lecteurs avec Folio Junior, 2013.
le choix de personnages en lesquels ils peuvent se • William Golding, Sa majesté des Mouches, Gallimard, 1956.
reconnaitre. La découverte de l’exotique s’amorce • Michel Tournier, Vendredi ou la vie Sauvage, Gallimard,
aussi avec le récit d’une catastrophe souvent à 1977.
l’origine de l’histoire et le thème paradisiaque de • Claire Ubac, Jacques Cartier, l’École des loisirs, « Belles
l’île tropicale. Dans l’histoire imaginée par William vies », 2006.
Golding, Sa Majesté des Mouches, le lecteur découvre • Michael Morpurgo, Le Royaume de Kensuke [2000],
l’île en même temps que les jeunes personnages qui Gallimard Folio Junior, 2007.
y ont atterri. Dans la lecture 2, on retrouve Robinson
© Éditions Belin, 2016

Crusoé, celui qui a donné naissance au mythe du Sites à consulter


naufragé solitaire, occupé à rebâtir sa nouvelle vie en • Le poème « Îles » lu par Blaise Cendrars :
refondant les rituels et un cadre social qui préserve http://www.poetica.fr/poeme-148/blaise-cendrars-iles/

2. Derrière les paysages exotiques 19


• Récit des voyages de Jacques Cartier : http://www. Lecture 1 p. 32-33
gutenberg.org/files/12356/12356-h/12356-h.htm
• Compilations d’œuvres qui peuvent appartenir au genre
de la Robinsonnade : http://robinsonnade.pagesperso- À la découverte de l’île
orange.fr/robinsonnade/robinsonsbibliographies.html
• Pour réfléchir aux représentations de la terre et à la Objectifs
cartographie : • Découverte des caractéristiques de l’exotisme.
http://expositions.bnf.fr/globes/bornes/v/21/index.htm • Comprendre le rôle d’une description dans un roman
d’aventures.

William Golding écrit l’histoire de jeunes garçons échoués


sur une île déserte du Pacifique. Son récit s’inscrit dans le
contexte du xxe siècle et du conflit mondial encore proche à
la date de rédaction du roman, ce qui pourra expliquer son
âpreté et son pessimisme.
Entrer dans la séquence p. 31

OOComment l’île apparait-elle aux jeunes naufragés ?


L’activité proposée explore le stéréotype littéraire de
l’île avec le poème de Cendras qui est une invitation au
rêve sur un mode ludique marqué par l’anaphore du mot Découvrir le texte
« Îles ». Les images associées à l’île précisent son origine 1. Le texte développe au fil de la description l’image d’une île
exotique avec la végétation qui la recouvre (v. 5), les qui ressemble à un bateau, comme c’est explicitement écrit
jaguars qui y vivent (v. 6), ces îles si petites qu’elles n’ont « l’île avait à peu près la forme d’un bateau » (l. 8). L’activité
pas de nom, si belles qu’elles sont inoubliables (v. 9). qui consiste à la dessiner facilitera une lecture précise de sa
géographie, dans un second temps.
Préparez-vous à rêver 2. Les jeunes ont escaladé l’île pour vérifier que leur nouveau
1. Les élèves auront peut-être été séduits à la lecture orale territoire était bien entouré par la mer.
par le caractère rythmé et musical de l’anaphore, l’impor-
tance des assonances liquides (« l » et « n »), le registre Analyser et interpréter le texte
léger pour évoquer le désir de départ ou le caractère un
Un paysage vivant
peu inquiétant d’un paysage qui cache peut-être quelques
dangers. 3. De nombreux indicateurs de lieux (des locutions prépo-
2. Les vers 10 et 11 témoignent du désir de départ du sitives surtout) organisent cette description, dès la ligne 9.
poète avec la proposition « je lance mes chaussures par- On pourra relever : « du côté où ils se tenaient », « derrière
dessus bord » qui évoque un geste déterminé dans un eux », (l. 9) « des deux côtés », « devant eux » (l. 10-11),
présent qui actualise l’action. Toutefois ces îles semblent « en bas », « au-delà de leur île » (l. 12-13), etc. On voit
surtout des îles de rêve puisque « on ne prendra jamais clairement que ces indicateurs sont orientés par rapport aux
terre » (v. 3), « on ne descendra jamais » (v. 4), des îles jeunes gens.
« sans nom » (v. 9). 4. Le lexique de ce passage, « gribouillait des arabesques »
3. Le poème constitue un modèle syntaxique aisé à repro- (l. 24), « reproduire les contours, de l’île d’un trait hâtif »
duire : on pourra faire précéder le temps de l’écriture par (l. 25-26), l’évocation de couleurs, « bleu paon » (l. 27),
une recherche collective des images, des sensations qui « bleu foncé » (l. 29), dénotent le projet d’offrir au lecteur
peuvent être associées au soleil. une image très visuelle et esthétique de l’île. Certes les
connotations évoquent un dessin enfantin, celui d’un géant
Partez à l'aventure maladroit, mais les images restent positives et belles.
5. L’île semble dans de nombreux passages, vivante et
4. Ce nouvel exercice d’écriture vise surtout dans une
animée : « elle dévalait » (l. 9), « une autre île sortait de
démarche diagnostique à explorer avec la classe toutes
l’eau » (l. 15), un roc est « défendu » par un bastion (l. 16),
les représentations associées à l’île et au stéréotype du
« le corail gribouillait des arabesques » comme on l’a déjà
voyage et du naufragé. On s’attachera davantage aux
relevé. Plus loin, un itinéraire « zigzaguait » (l. 42). L’île est
invariants des récits pour les mettre en commun ainsi
comparée à un bateau qui avance comme on le voit avec la
© Éditions Belin, 2016

que les variations imaginées dans le choix des héros,


comparaison : « les garçons eurent l’illusion qu’ils se trou-
des péripéties et des registres, afin d’aider les élèves
vaient sur un bateau en marche arrière. » (l. 30-32).
à comprendre qu’ils ont déjà des représentations et
connaissances sur cet objet.

20
Une géographie mystérieuse
6. L’île est belle comme le montrent les couleurs qui la Lecture
ecture 2 2 p. 34-35
caractérisent, le rose, le vert, les bleus et les notations qui
décrivent l’eau, claire et transparente ou plus sombre, l’air Après le naufrage
cristallin, les fleurs. Tous les éléments d’un paysage idyllique
sont ici rassemblés.
Toutefois le paysage est également marqué par un relief Objectifs
• Découvrir ce qui pousse à reconstruire un nouvel univers
aigu, « pentu », avec ses rochers et des falaises, ses pentes à l’autre bout du monde.
raides, le « désordre de ses roches », « une déchirure » • Reconstituer la chronologie d’un récit d’aventures.
(l. 35), « des troncs  éclatés », (l. 36) une tranchée (l. 37), qui
semblent le résultat d’actions violentes qui donnent au relief
une dimension inquiétante. Ces éléments peuvent annoncer En 1704, le marin Alexandre Selkirk fait naufrage sur une île
une suite d’événements moins favorables que l’enchante- déserte. Cette anecdote est à l’origine du roman de Daniel
ment du premier regard ne le laisse présager. Defoe, Robinson Crusoé, et du mythe du naufragé solitaire
7. Cette dernière activité de lecture doit conduire à relever qui inspirera à son tour de nombreux romanciers.
toutes les notations diffuses des émotions ressenties par
le groupe en découvrant que le territoire où ils se trouvent
est une île et qu’ils y sont seuls et tout particulièrement le OOComment reconstruire un mode de vie après
un naufrage ?
sentiment d’être des « conquérants » (l. 49) tout puissants et
liés par leur amitié. La lecture oralisée doit également faire
partager la beauté de l’île au travers de sa description et le Découvrir le texte
point de vue admiratif et fasciné qu’on peut y lire et qui est 1. Robinson a fait plusieurs voyages vers l’épave de son
le regard des enfants sur leur nouveau territoire. bateau pour ramener tout ce qui peut servir à un naufragé :
des « planches » (l. 5) et des outils, des clous, de la ferraille
S’exprimer à l’écrit des chevilles, des fusils et des mousquets.
2. La table et la chaise sont des objets qui permettent de ne
Écrire un journal
pas manger sur le sol ni de s’asseoir par terre. Pour Robin-
8. Le journal tenu par le naufragé est un invariant dont les son, c’est ainsi que les hommes se distinguent des animaux
élèves retrouveront un exemple dans le texte suivant. Ces qui eux n’ont besoin de rien, sinon des ressources de la
quelques lignes à rédiger donneront lieu à une relecture nature. La table et la chaise sont des objets qui témoignent
ciblée du texte pour se concentrer sur le personnage de d’une vie civilisée.
Ralph qui est d’emblée perçu comme un personnage impor-
tant. Elles imposeront une transposition de la troisième
personne à la première, l’utilisation d’un présent d’énon- Analyser et interpréter le texte
ciation et la reprise des codes de ce genre que les élèves Un personnage plein de ressource
auront déjà rencontrés en 6e. 3. Le conditionnel passé s’impose ici car Robinson est seul
sur l’île et la présence d’un visiteur est parfaitement impos-
Bilan  sible, surtout dans le cadre d’un récit rétrospectif où l’on
apprend justement que Robinson n’a reçu à ce moment
Ce début de roman, assez ouvert, conduit le lecteur sur
aucune visite.
plusieurs pistes : concernant la situation des personnages,
4. Robinson est un homme d’action qui réagit face aux
ils sont clairement dans la situation de naufragés sur une
événements. Même s’il n’a jamais manié un outil » (l. 1-2),
île qui semble être déserte. Cette hypothèse pourra être ou
il parvient à fabriquer tout le mobilier dont il a besoin grâce
non confirmée dans la suite du texte.
à son « travail, [son] application, [son] industrie » (l. 2). Il
Les relations entre les personnages semblent très amicales
aime l’ordre et que tout soit rangé, à sa place. « J’éprouvais
et leur point de vue sur leur situation plutôt favorable : l’île
un vrai plaisir à voir le bel ordre de mes effets » (l. 14-15).
devient leur territoire, ils se sentent des « conquérants ».
Il est également courageux, adroit et surtout déterminé :
Le début du récit peut donc conduire les élèves à imagi-
il aime également posséder et se « voir à la tête d’une si
ner des suites très euphoriques dans des registres positifs.
grande provision » (l. 15-16).
Ils peuvent également relever des indices plus inquiétants
quant à la description de l’île et la tendance de certains
Souvenirs d’un naufragé
jeunes à prendre le pouvoir. Ils peuvent anticiper des conflits
© Éditions Belin, 2016

à venir, des aventures et des difficultés à surmonter. L’impor- 5. La lecture du journal de Robinson permet au lecteur de
tant étant dans cette activité de confronter les points de vue, reconstituer la chronologie de son naufrage : on apprend
d’étayer les analyses et surtout de donner l’envie aux élèves qu’il s’est produit un lundi 30 septembre. Robinson a entre-
d’aller lire le roman pour vérifier leurs hypothèses. pris ensuite de récupérer tout ce qu’il pouvait du bateau

2. Derrière les paysages exotiques 21


échoué, puis il a commencé à organiser sa vie en aména-
geant sa grotte. Enfin, il a commencé à rédiger son journal. Lecture
ecture 2 3 p. 36-37
6. On apprend dans ce journal que Robinson s’est d’abord
laissé aller au désespoir, celui d’être « perdu » (l. 33), à la
crainte, celle d’être dévoré par les bêtes sauvages. Il a égale-
Une scène effrayante
ment espéré être sauvé : « j’imaginais voir poindre une voile
dans le lointain. » (l. 42-43). Objectifs
7. Robinson parvient à combattre son désespoir en faisant • Analyser le récit d’une scène effrayante.
ses voyages sur le navire échoué, c’est-à-dire en commen- • S’interroger sur le rôle de la violence.
çant à organiser sa vie sur l’île.
Dans Vendredi ou la vie sauvage, Michel Tournier réécrit
S’exprimer à l’écrit plus de deux cent cinquante ans après lui le récit de Daniel
Defoe. On pourra s’interroger avec les élèves sur les évolu-
Écrire un appel à l’aide
tions entre les deux titres : l’accent porté davantage sur un
8. Rédiger un appel à l’aide : le message dans la bouteille personnage, la référence à la vie sauvage.
constitue évidemment un cliché de la robinsonnade. On
procèdera à une relecture du texte et de tous les éléments
du paratexte (par exemple le nom de l’archipel où se produit OOComment rendre compte de coutumes différentes ?
le naufrage) pour faire rédiger cet appel au secours.
Découvrir le texte
Bilan  1. Les élèves découvriront l’île de Robinson sur Internet. Ils
pourront ainsi se représenter une île rocheuse, très acciden-
La première tâche que Robinson se donne est d’organiser
tée avec ses hautes falaises qui tombent à pic dans l’eau, une
sa vie avec ordre et méthode pour profiter de tout ce dont
végétation luxuriante et épaisse. Ils noteront aussi que l’on
il peut disposer pour survivre dans un lieu où il ne peut
voit peu de détails témoignant de la présence d’habitants
compter que sur lui-même. Mais il s’agit aussi de pas céder
en nombre.
au désespoir, ou à la seule attente d’être sauvé. Il veut rester
2. L’auteur décrit précisément les Indiens. Il fait leur portrait
un homme, ce qui signifie pour lui de conserver son mode de
physique : « petits, trapus » (l. 7), il décrit aussi leur vête-
vie, ses rites, des habitudes ainsi que la mémoire du temps
ment, « un grossier tablier de cuir », (l. 7-8). Il détaille leurs
qu’il passe sur l’île.
traits : leur large visage, leurs sourcils épilés et leurs cheveux
très noirs et longs (l. 8-11). Redoutables et fiers, ces Indiens
L’HISTOIRE DES MOTS 
semblent dangereux  et vindicatifs : « Ce peuple avait tenu
Le terme « mousquet » renvoie à la fameuse compagnie des
« Mousquetaires du roi » créée en 1622 sous Louis XIII où les mous- en échec les envahisseurs incas. » (l. 5-6).
quetaires recrutés parmi la noblesse étaient armés d’un mousquet.

POUR BIEN ÉCRIRE  Analyser et interpréter le texte 


« mon journal n’eût été rempli » (l. 20). Le verbe est ici également Robinson plus savant que le lecteur
conjugué au subjonctif plus-que-parfait. 3. Contrairement au roman de Defoe écrit à la première
personne, le récit est ici raconté à la troisième personne
du singulier par un narrateur qui n’est pas présent dans le
récit. « Robinson les connaissait pas les fréquents voyages
qu’il avait fait à Temuco. » (l. 11-12).
4. Le lecteur s’attend à assister à une « cérémonie » (l. 22)
comme l’annonce le narrateur. Les indices qu’il relève sont
étonnants, voire inquiétants : « une vielle femme maigre et
échevelée » (l. 22-23) dont la présentation évoque le person-
nage d’une sorcière ; la fumée et la poudre jetée dans le
feu évoquent des rituels magiques. Les manœuvres de la
vielle femme qui semble hésiter font monter la tension et
une certaine attente. Le lecteur peut craindre un évènement
brutal préparé par le portrait fait de ces indiens Araucans et
© Éditions Belin, 2016

leurs hauts faits.

22
Une cérémonie effrayante
5. « Il s’agissait d’une sorcière qu’on avait chargée de trouver Lecture
ecture 2 4 p. 38-39
parmi les Indiens lequel était […] d’un malheur qui… »
Qu’ remplace le nom « sorcière » ; lequel remplace le nom À la découverte
« Indien » ; qui remplace « malheur ».
6. À la suite de la liste des malheurs évoqués, le récit s’accé- des Lilliputiens
lère : « et tout d’un coup » (l. 33), le récit se fait au présent et
en quelques phrases le sacrifice a lieu. Des effets de zoom Objectifs
sur le bras de la sorcière et sur sa bouche, le spectacle de • Découvrir une société bien organisée.
l’indien désigné « secoué de grands frissons de terreur » • Comprendre la signification d’un récit utopique.
(l. 36-37), puis l’exécution en quelques gestes, tout concourt
à provoquer la peur, l’horreur et le dégout du lecteur devant
cette scène muette car perçue de trop loin pour être enten- Les Voyages de Gulliver sont écrits par Jonathan Swift au
due. début du xviiie siècle et témoignent d’interrogations sur les
sociétés, leurs lois et leur organisation qui sont bien repré-
sentatives du siècle des Lumières.
S’exprimer à l’oral
Mener un débat
8. Un tel récit ne peut être lu sans donner lieu à des inter-
OOComment comprendre un univers stupéfiant ?
rogations partagées avec la classe. Quel est le sens de cette
violence ? Pourquoi l’infliger au lecteur ? Découvrir le texte
C’est en questionnant l’enjeu du récit qu’on pourra en partie 1. Les élèves sont conduits à se représenter la situation de
y répondre. La sorcière est un personnage connu des élèves Gulliver, à éprouver l’angoisse de sentir son corps parcouru
dont la fonction est bien de faire peur, de représenter la par de petits êtres sans les voir, à entendre des bruits sans
punition, le mal dans l’univers merveilleux ou dans celui des identifier leur source ni leur raison d’être. Ils évoqueront
croyances qu’on pourra ramener à la crédulité. Si on analyse sans doute des émotions fortes, la peur, le dégout, l’inquié-
les raisons du sacrifice, on verra bien que les « malheurs » tude, ou encore la curiosité.
évoqués ne relèvent pas de la responsabilité humaine. On 2. L’existence d’hommes minuscules est tout à fait incon-
comprendra que la sorcière est chargée de désigner « un cevable : c’est ce qui explique la surprise de Gulliver et son
bouc émissaire » dont on rappellera la fonction dans les cri. Un cri dont on comprend qu’il doit être assourdissant
croyances magiques. On pourra conclure en montrant que aux oreilles des Lilliputiens et provoquer leur terreur : « ils
ce récit dénonce la violence qui repose sur l’ignorance et s’enfuirent tous épouvantées » (l. 10).
punit injustement des innocents.

Analyser et interpréter le texte


Bilan  Une société organisée
Lors des échanges, on pourra évoquer le phénomène des 3. Les premiers personnages que découvre Gulliver sont des
superstitions qui sont souvent fondées sur l’ignorance des archers, des soldats chargés de défendre leurs concitoyens
causes de phénomènes qui troublent les communautés. Face et dont le nombre indique l’importance. Ensuite, vient un
à cela, des dieux ou des esprits sont convoqués pour éviter nouveau personnage : il est monté sur une tribune, certaine-
les catastrophes et des cadeaux sont adressés à ces dieux ou ment pour marquer son importance, mais aussi pour pouvoir
esprits pour calmer leur colère, pour acheter leur soutien. s’adresser à Gulliver. On le décrit comme un « orateur accom-
pli » (extrait 2, l. 1) et les diverses tonalité de ses discours
L’HISTOIRE DES MOTS  montrent bien son importance et son pouvoir. Il est d’ailleurs
Le terme de Conquistadors est directement issu de l’espagnol désigné par le mot « Hurgo » un terme traduit par « grand
« conquistadores » signifiant conquérants.
seigneur ».
POUR BIEN ÉCRIRE  Puis, ce sont tous les domestiques qui sont chargés de porter
Le mot « tribut », homonyme de tribu, désigne une contribution, les plats de nourriture et les boissons préparés au palais et
un impôt qu’un état ou un pays doit payer à un autre. « envoyés par les ordres du roi », ce qui permet également
au lecteur d’apprendre l’existence d’un roi.
4. On voit à ces informations que la société des Lilliputiens
est très organisée et hiérarchisée : c’est une royauté qui est
© Éditions Belin, 2016

protégée par une armée. La société des Lilliputiens ressemble


à celle de la majorité des pays européens du xviiie siècle.

2. Derrière les paysages exotiques 23


Des Lilliputiens très civilisés
5. « Des pains qui étaient de la grosseur d’une balle de fusil » Lecture
ecture 2 5 p. 40-41
(l. 29) : comparatif d’égalité ; des longes « plus petites que
les ailes d’une alouette » : comparatif de supériorité (l. 27).
Ces comparaisons mettent en valeur la disproportion qu’il
Rencontre avec un Huron
y a entre la taille de Gulliver et le monde des Lilliputiens où
tout est proportionné à leur échelle. Objectifs
6. Les Lilliputiens reçoivent Gulliver selon les lois de l’hos- • Comprendre des points de vue dans un conte critiquant
la société.
pitalité. C’est un grand seigneur qui l’accueille et lui fait des
• S’interroger sur les valeurs d’une société.
discours, puis c’est le roi qui fait préparer des plats en très
grande quantité pour le nourrir.
7. Dans une rapide prise de parole, des élèves seront invités Avec L’ingénu, Voltaire compose un conte philosophique
à dire ce qui est fascinant dans l’univers des Lilliputiens : qui allie veine satirique et intrigue sentimentale. Comme
ils connaissent certainement l’œuvre au travers de bandes Les Voyages de Gulliver, il a été écrit au siècle des Lumières.
dessinées ou du cinéma d’animation ce qui les aidera à parler Cette information permet de réinvestir la question de l’orga-
de la fascination pour ce qui est petit, à évoquer le contraste nisation de la société et des habitudes et coutumes dans ce
entre les deux ordres de grandeurs et ses effets, comme la nouveau texte.
fuite des Lilliputiens lorsque Gulliver crie. L’iconographie
favorisera une vision comique de la scène. Enfin, les élèves
connaissent peut-être aussi d’autres œuvres centrées sur OOComment interpréter différents points de vue
des personnages minuscules comme Arrietty le petit monde
de personnages ?
des chapardeurs de Hiromasa Yonebayashi.
Découvrir le texte
S’exprimer à l’écrit 1. La chasse semble être l’activité favorite des Hurons,
hommes ou femmes. Compte tenu des dimensions de leur
Écrire le discours d’un roi
pays, on les imagine sillonnant rapidement d’immenses
8. L’exercice demande aux élèves d’imaginer le propos qui territoires à la poursuite de leur gibier ou de leurs ennemis :
pourrait être tenu ainsi que le langage qu’emploie un grand « elle poursuivait un lièvre dans notre voisinage » (l. 28-29).
seigneur de Lilliput dans son discours. Le texte informe sur « Un Algonquin mal élevé, qui habitait cent lieues plus loin
les tons employés par l’orateur : la menace, la promesse, vint lui prendre son lièvre » (l. 31-33).
la pitié et la bonté. Dans un temps de mutualisation, on 2. Quand on rencontre un étranger, on s’intéresse à son nom,
demandera quels propos menaçants peuvent être tenus : l’endroit où il vit, son âge, son métier ou ses occupations.
par exemple, l’avertissement de modérer ses gestes pour Tels sont les sujets des questions que les élèves pourront
ne pas blesser les habitants ; la promesse peut être faite de imaginer et qui ne se retrouvent pas dans le texte.
le nourrir, de s’occuper de lui, etc.

Analyser et interpréter le texte


Bilan 
Des opinions bien tranchées
La synthèse de lecture de ce texte portera sur la découverte
3. Pour mademoiselle de Kerkabon, c’est le bas-breton qui
que fait le lecteur : le peuple des Lilliputiens, quoique minus-
est la plus belle langue. Pour le Huron, c’est « La huronne,
cule, est hautement civilisé, face à Gulliver, qui représente un
sans contredit. » (l. 5). On note ici que conformément à la
grand danger pour tous, il respecte les lois de l’hospitalité.
coutume ce que l’on préfère est ce qui nous est propre et
le mieux connu. À l’inverse, chacun s’étonne de l’étrangeté
L’HISTOIRE DES MOTS 
L’adjectif majestueux est dérivé du nom majesté.
d’une langue inconnue.
4. Monsieur de Kerkabon s’intéresse à la langue huronne
PISTES EPI comme on le voit ligne 4. Mademoiselle de Kerkabon plus
La confrontation des langues et des coutumes constitue un projet romanesque s’interroge sur le vocabulaire amoureux et son
tout à fait adapté à une réflexion sur ce qui peut caractériser et amie mademoiselle de Saint-Yves sur les rites amoureux, ce
différencier des cultures. Dans le cadre d’un EPI, il s’agit de bien qui offre l’occasion au Huron de faire preuve de « galante-
circonscrire le projet en déterminant une thématique qui évitera le rie » (l. 19). Cela ravit mademoiselle de Saint-Yves et pique la
projet pharaonique jamais achevé car inépuisable. On pourra évo-
quer le sport, la vie citadine, l’école, les loisirs ou tout sujet motivant
jalousie de mademoiselle de Kerkabon. Mais ce qui provoque
© Éditions Belin, 2016

pour la classe et conduisant à des apports des disciplines investies. l’étonnement de tous est bien que chez les Hurons, il faut
faire « de belles actions  pour séduire les dames » (l. 15).
5. Les mots du Huron sont des mots dérivés de langues
européennes : « taya » est proche de tabac, « essenten »

24
ressemble à l’allemand essen qui signifie manger, « trovan- LECTURE DE L’IMAGE 
der » peut évoquer trouver. On peut imaginer que Voltaire Ce beau visage d’un Indien d’Amérique est celui d’un chef. On
s’est amusé à inventer cette langue indienne. notera la régularité de ses traits, l’ovale du visage, le dessin har-
monieux de la bouche et des yeux, le nez aquilin.
Sa coiffure est élaborée, tressée et ornée de perles et de plumes
Une leçon de sagesse et ses vêtements sont travaillés. L’expression de son visage est
6. L’Ingénu lie l’amour à la morale, à la nécessité d’être fière, son regard, droit porté loin devant lui. L’ensemble donne une
fidèle. Ce qui fait qu’il avoue n’avoir eu qu’un seul amour, impression de calme et d’autorité, de confiance en soi. Grâce au
celui d’Abacaba. C’est donc pour ses bonnes actions qu’on « plan poitrine », l’Indien occupe tout l’espace et la contre-plongée
accentue la puissance et la dignité de sa présence en plaçant le
est aimé. Le portrait qu’il fait d’Abacaba est très élogieux lecteur en dessous de lui.
et porte surtout sur des qualités morales : elle est d’abord
associée à la nourrice de l’Ingénu (l. 24) : c’est une femme
maternelle. Ensuite, une série de comparaisons illustrent ses
autres qualités : la droiture du jonc qui dit sa rigueur morale
(l. 25) ; la blancheur de l’hermine qui évoque sa pureté
(l. 25-26), la douceur du mouton (l. 26) et la fierté de l’aigle
(l. 27). Une seule qualité semble se référer à son physique : Vers d’autres lectures p. 42
elle a la légèreté des cerfs (l. 27). Ces comparaisons offrent
une série d’images valorisantes et poétiques de la jeune fille.
7. Monsieur de Saint-Yves à qui l’Ingénu vient de dire qu’il Les romans d’aventures
« aime assez les Français quand ils ne font pas trop de
questions » (l. 1-2), poursuit la conversation en posant une
exotiques
question au jeune-homme. Le narrateur souligne par cette
remarque que l’abbé n’a pas compris le message implicite du Objectif
Huron, ce qui donne une dimension comique à sa remarque. • Lire des romans d’aventures et formuler des impressions
de lecture.
8. Comme on peut le voir à la précédente question, l’Ingénu
est peut-être un peu moins naïf qu’il n’y semble. Il a de
l’esprit et fait preuve de galanterie auprès des deux femmes,
il développe un point de vue sur l’amour et l’amitié fondé sur Choisir un extrait représentatif
des qualités morale. Enfin, il se montre capable de généro- La première de couverture met en scène Gulliver dans deux
sité et de pardon envers le voleur de lièvre d’Abacaba. Pour situations qui illustrent les caractéristiques de Brobdingnag.
toutes ces raisons, il fait preuve de qualités et de convictions Dans ce pays de géants, Gulliver est réduit à la taille d’un
qui sont éloignées de la naïveté et de la simplicité qu’on lui Lilliputien et risque d’être la victime, comme le montre
prête et que son nom dénote. l’illustration en bas de la page de couverture, d’une simple
grenouille. La partie haute de la couverture montre la dispro-
S’exprimer à l’écrit portion entre la taille de Gulliver et celle de la petite fille qui
le prend en charge.
Créer un dictionnaire français/huron On pourra choisir le passage où Gulliver est aux prises avec
9. Il s’agit à la manière de Voltaire d’inventer un lexique un singe. (page 101 du document numérique suivant : http://
fantaisiste qui sera fondé sur la dimension sonore des mots www.crdp-strasbourg.fr/je_lis_libre/livres/Swift_LesVoyages-
ou sur des emprunts à des langues étrangères. Pour faciliter DeGulliver.pdf).
la constitution de ces pages on proposera aux élèves de La lecture à voix haute pourra accentuer la dimension épique
choisir des champs lexicaux (l’amour, l’aventure, le voyage, mais également comique du récit pour montrer dans quelle
la géographie, etc.), afin de limiter le lexique « traduit » et situation se retrouve Gulliver.
donner de la cohérence à l’ensemble.

Analyser le rôle d’un paysage


Bilan  La première de couverture permet de se représenter la situa-
La synthèse de ce texte veut approcher la question de la tion des personnages et la catastrophe qui provoque leur
relativité des points de vue et la posture amusante et distan- arrivée sur l’île dont on aperçoit le relief montagneux et la
ciée d’un narrateur qui de manière implicite révèle le poids végétation verdoyante.
des préjugés. La tempête qui se déchaine rend le paysage inhospitalier et
la chute des personnages dans le vide annonce qu’ils seront
© Éditions Belin, 2016

bien démunis sur l’île.

2. Derrière les paysages exotiques 25


La consultation du texte en version numérique permettra de
lire en classe quelques extraits, notamment les chapitres 9 Méthode p. 43
ou 10 où les personnages parviennent à faire du feu :
https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99%C3%8Ele_
myst%C3%A9rieuse/Texte_entier
Repérer les opinions
d’un personnage
Partager les émotions d’un personnage
On pourra proposer le roman de Michael Morpurgo en Étape 1. Identifier les différentes voix
lecture cursive. En effet, cet écrivain renouvelle le genre de du récit
la robinsonnade avec le personnage d’un jeune Anglais dont 1. Cet extrait oppose deux points de vue sur le mode de vie
la vie ressemble à celle d’un collégien d’aujourd’hui et dont sur l’île de Speranza. 
les parents décident de partir faire un tour du monde à voile. 2. L’histoire est racontée par un narrateur extérieur au récit
Une chute à la mer avec son chien le conduira sur une île où mais qui connait tout de la vie et des pensées des person-
il rencontrera un vieil homme, un Japonais, qui y vit et lui nages. Toutefois, il n’intervient pas dans le texte.
apprendra une autre façon de vivre. Ce scénario donne lieu 3. Robinson et Vendredi sont les deux personnages du récit.
à des moments forts, la crainte de mourir noyé, le désespoir On peut ajouter Tenn, le chien de Robinson.
d’être perdu sur l’île, la rencontre difficile dans un premier 4. Deux informations importantes sont données au lecteur,
temps avec le vieux Japonais, la découverte de la souffrance, qui peuvent d’ailleurs sembler un peu paradoxales, d’une
de la maladie, mais aussi la fascination pour la beauté de part que : « tout allait bien en apparence » (l. 1) mais aussi
la nature et de l’art. La première de couverture du roman qu’« ils s’ennuyaient tous les trois. » (l. 5).
traduit certains de ces aspects du roman et pourra de ce fait
constituer une incitation à la lecture, une première entrée Étape 2. Reconstituer les points de vue
dans le texte.
qui s’opposent
5. Robinson exploite l’île et organise leur travail et leur vie
Faire le portrait d’un pirate tandis que Vendredi ne perçoit pas l’intérêt d’un tel mode
Le texte est disponible à l’adresse qui suit et l’on pourra de vie.
découvrir dans le chapitre 1 le portrait du pirate, personnage 6. Robinson tente d’expliquer son point de vue à Vendredi
central du roman : en prenant pour modèle « la vie en Europe dans les pays civi-
http://www.crdp-strasbourg.fr/je_lis_libre/livres/Steven- lisés » (l. 10). Le texte rappelle également que Robinson est
son_LIleAuTresor.pdf le maître. Vendredi n’oppose aucune raison dans ce passage
Ce portrait présente un loup de mer aguerri encore redou- à Robinson, sinon qu’il ne comprend rien à « cette île trop
table malgré ses balafres et sa jambe de bois, amateur bien administrée » (l. 13) et qu’il ne voit pas ce qui rapproche
de rhum et de chants de marin mais qui peut apparaitre l’Europe d’une « île déserte du pacifique » (l. 11-12).
également sombre et taciturne en attente d’évènements 7. L’opposition ne tourne pas au conflit car Robinson a sauvé
inquiétants. la vie de Vendredi qui lui en est reconnaissant. Comme le dit
Ce portrait ambigu fait selon le point de vue d’un jeune le texte, il veut donc lui faire plaisir.
garçon à qui le pirate donne des cauchemars, annonce des
aventures exotiques et suscite l’intérêt du lecteur. Étape 3. Entrer dans le débat
8. Ce texte rapporte les propos des personnages au discours
indirect, de manière très synthétique. Cette consigne vise à
faire expliciter le point de vue de chacun.
Robinson pourra développer la valeur du travail pour dispo-
ser de nourriture, de confort, pour ne pas s’ennuyer, pour
rester digne comme doit l’être un homme, pour accumu-
ler en prévision de périodes difficiles, pour échanger les
richesses si l’île reçoit des visiteurs, pour laisser une trace
de sa vie, « l’œuvre de sa vie » (l. 13), etc.
Vendredi peut défendre l’idée selon laquelle il n’est pas
nécessaire d’avoir de vraies maisons dans cette région ni
de faire pousser tant de nourriture alors qu’on en trouve
© Éditions Belin, 2016

dans la nature à profusion. Il pourra faire l’éloge du plaisir


de la mer et de la sieste dans un environnement où il fait
souvent trop chaud pour travailler, etc.

26
9. Le narrateur ne prend pas clairement position, mais on 4. Après avoir effectué des recherches lexicales sur le voca-
peut comprendre qu’il est plus proche de Vendredi en enre- bulaire des sensations gustatives et olfactives, les élèves
gistrant que tout le monde s’ennuie dans cette situation, proposeront deux phrases qui reprendront la structure de
Robinson comme les autres. Il évoque aussi une « île trop la phrase de Voltaire. On terminera par une discussion sur
bien administrée » (l. 13). la pertinence des différentes propositions.
10. Le débat entre ces divers points de vue permettra d’ex-
pliciter les valeurs selon lesquelles on peut vouloir vivre,
et également les rêves que chacun peut avoir. La question Évoquer le désespoir et la peur
pourra être élargie au contexte d’aujourd’hui et permettre 5. On peut retrouver les expressions suivantes : la peur est
aux élèves de se projeter. On laissera les jeunes envisager mauvaise conseillère ; la peur au ventre ; plus de peur que
des façons de vivre diverses et originales dans un monde de mal.
largement ouvert à leurs projets et envies. 6.
Synonyme de « peur » Verbe dérivé
crainte craindre
inquiétude inquiéter
épouvante épouvanter
Vocabulaire p. 44 frayeur effrayer
angoisse angoisser
L’émerveillement 7. 1. J’étais glacé jusqu’aux os.
2. Ma gorge était nouée.
et le désespoir 3. Je perdis l’usage de la parole.
4. La panique m’envahissait.
Objectif 5. Mon cœur battait la chamade.
• Explorer le vocabulaire des sentiments des naufragés.
Exprimez-vous !
La robinsonnade concentre les émotions les plus violentes et 8. Avant de proposer une improvisation de la scène, chaque
les sensations les plus contrastées entre l’émerveillement de groupe devra se mettre d’accord sur un canevas. Ce sera
l’ailleurs, la terreur de la solitude et le désespoir de l’abandon. l’occasion de réinvestir des procédés repérés lors de l’analyse
Ces œuvres ouvrent donc à la découverte contrastée du lexique des textes du chapitre.
des émotions bouleversantes ressenties par les naufragés. 9. Cette activité d’écriture a pour objectif de permettre aux
élèves de réinvestir le vocabulaire manipulé dans les diffé-
rents exercices de la page.
Dire le bonheur
1. satisfaction ➜ joie ➜ allégresse ➜ extase
Les antonymes : déception ➜ tristesse ➜ abattement ➜
désespoir
2. divertissement ➜ distraction ; La chasse est un divertis-
sement barbare. Grammaire p. 45
félicité ➜ béatitude ; La béatitude est un sentiment de
bonheur parfait dont on pense qu’il ne peut pas être plus
profond.
Les expansions du nom
bien-être ➜ contentement ; J’éprouvais un grand conten- à travers les récits d’aventures
tement à avoir fait un bon repas et ensuite une nuit calme
et réparatrice.
Objectifs
bonne fortune ➜ chance ; Robinson a eu la bonne fortune • Identifier les groupes syntaxiques : le groupe nominal.
de rencontrer Vendredi. • Identifier les classes de mots.
gaieté ➜ bonne humeur ; J’apprécie la gaieté de cette
réunion d’amis.
Le récit d’aventures se déroule souvent dans des lieux
sauvages et déserts, dans une nature propice aux aventures
Exprimer l’émerveillement
© Éditions Belin, 2016

et aux découvertes. La description, et l’expansion du nom,


3. a. Les mots qui expriment la beauté et l’émerveillement constituent donc un enjeu important pour se représenter
sont : « splendeur », « joyau », « bleu satiné et chatoyant ». les décors avec précision ou pour partager les émotions
b. La mer est associée à un bijou. sensibles ou affectives des personnages.

2. Derrière les paysages exotiques 27


Repérer des expansions du nom 5. À vous d’écrire !
1. a. Des vastes nappes de fumée noire et jaune ; On pourra commencer par faire repérer aux élèves les
l’océan : aucune expansion pour caractériser ce nom qui a éléments de ce début de portrait en leur demandant de
ici une valeur pleine ; souligner les expansions du nom.
À la vue des flammes et de leur course irrésistible ; J’avais un bonnet grand, haut, informe, et fait de peau de
les garçons surexcités ; chèvre, avec une basque tombant derrière pour me garan-
des cris aigus ; tir du soleil et empêcher l’eau de la pluie de me ruisseler
Les flammes : aucune expansion pour caractériser ce nom dans le cou. […] J’avais une jaquette courte, également de
qui a ici une valeur pleine ; peau de chèvre, dont les pans …. J’avais un large ceinturon
une rangée de jeunes bouleaux qui garnissaient une crête Enfin une ombrelle…
de roche rose ;
b. c. « Des nappes se déplaçaient vers l’océan. À la vue, les Les élèves pourront commencer par compléter les noms du
garçons poussèrent des cris. Les flammes rampaient vers texte « pans », « ombrelle », puis ils ajouteront des éléments
une rangée. » de leur choix pour compléter le portrait selon la consigne.
Sans les expansions du nom, le récit ne dégage plus aucune
atmosphère et devient même difficilement compréhensible
surtout en ce qui concerne le nom « rangée » dont les expan-
sions sont indispensables pour comprendre de quoi il est
question. Quant au nom « vue », il est même impossible de S’exprimer à l’oral p. 46
l’employer sans ses deux expansions qui lui donnent du sens.

Analyser les expansions du nom


Réaliser une interview
2. a. Liste des objets récupérés par Robinson : deux très bons imaginaire
fusils de chasse, deux pistolets,  quelques poires à poudre,
un petit sac de menu plomb, deux vieilles épées rouillées, L’objectif de cette activité est de réinvestir les procédés
trois barils de poudre. découverts tout au long de la séquence dans le cadre, cette
b. fois, d’une expression orale d’un genre spécifique : l’inter-
déterminant nom noyau adjectif groupe prépo- view.
qualificatif sitionnel Avant de passer à l’étape 2, il est indispensable d’effectuer
avec les élèves l’analyse d’une interview radiophonique afin
deux fusils très bons de chasse
qu’ils puissent repérer les règles du genre pour ensuite se
deux pistolets les approprier.
quelques poires à poudre Les questions qui sont posées appellent des réponses
un sac petit de menu plomb qui doivent satisfaire la curiosité du lecteur et faciliter sa
deux épées vieilles + compréhension : il faut donc regrouper les questions selon
rouillées des thèmes (les évènements, les émotions ressenties, les
trois barils de poudre projets à venir, etc.).
L’interviewer doit varier les modes de questionnement pour
3. Cette activité peut se réaliser en groupes : les élèves
ne pas donner un caractère trop répétitif au questionne-
commenceront par faire des recherches sur les animaux
ment.
concernés afin de se constituer un stock de vocabulaire qui
L’interviewé doit faire varier le ton de ses réponses et
leur permettra d’ajouter aux noms des expansions appropriées.
montrer également sa personnalité : son humour ou son
4. a.
sérieux, voire les deux, son inquiétude, son enthousiasme,
À l'embouchure de la rivière s'étendait un petit étang, à etc.
peine plus qu'une flaque, engorgé de sable et rempli de Cette activité permettra, en outre, aux élèves d’approfon-
nénuphars blancs et de joncs pointus. Erik, Sam et Bill s’y dir l’usage des outils numériques et, le projet devant être
trouvaient. Abrité du soleil, Jack s’agenouilla au bord de mené en groupes de cinq, développera nécessairement des
l’eau et défit les deux grandes feuilles qu’il tenait à la main. compétences de coopération.
L’une contenant de l’argile blanche, l’autre de la terre rouge. Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments
Il y avait aussi un morceau de bois sorti du feu. suivants :
b. « engorgé » et « rempli » s’accordent avec le nom « étang », - cohérence et enchaînement des questions/réponses ;
© Éditions Belin, 2016

masculin, singulier. - clarté de la diction, justesse du ton ;


« blancs » s’accorde avec le nom « nénuphars », masculin, pluriel - maîtrise des outils informatiques ;
« pointus » s’accorde avec le nom « joncs », masculin, pluriel. - capacité du groupe à s’organiser avant et pendant la pres-
tation.

28
Compétences Faire le point p. 48-49
D1, D2, D3 • Comprendre et interpréter des messages.
D1, D2, D3 • Participer de façon constructive à des échanges oraux.
D1, D2, D3 • Percevoir et exploiter les ressources expressives
de la voix.
Evaluation
2. Lire et comprendre un récit
d’aventures exotiques
« Quitter speranza », Michel Tournier, Vendredi ou la vie
Sauvage, 1971.
5. Les marins qui accostent sur Speranza se montrent avides
d’or et se comportent de manière brutale et irresponsable :
S’exprimer à l’écrit p. 47 ils mettent le feu à l’île sans souci des récoltes ou des
animaux. Pire, l’appât de l’or les pousse à se battre et à se
blesser : « Chaque nouvelle pièce trouvée était l’occasion de
Écrire la première page bagarres souvent sanglantes qui se livraient au couteau ou
d’un roman d’aventures au sabre » (l. 7-8).
6. Pendant les vingt-huit ans qu’a duré le séjour de Robin-
son sur l’île, des évènements importants se sont déroulés,
Les consignes données pour chaque étape du travail permet-
notamment la sécession des colonies anglaises d’Amérique
tront aux élèves d’imaginer la première page d’un roman
qui se sont battues contre l’Angleterre pour devenir un pays
d’aventures cohérente et de manifester ainsi leur maîtrise
indépendant avec l’aide de la France (l. 16-17).
des caractéristiques ce genre de roman.
7. Un nouveau modèle de commerce s’est également déve-
loppé durant cette période : le Commerce Triangulaire qui a
Étape 1. Déterminer le cadre du roman donné lieu à « la traite des Noirs » (l. 10) à une très grande
1. a. « De là où je me trouvais », « sur le flanc d’une grande échelle entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. Les habitants
colline », « à l’intérieur de l’île ». d’Afrique sont emmenés de force en Amérique pour y être
b. Le paysage est décrit selon le point de vue du personnage vendus pour travailler dans des plantations dont les produits
qui est en train de gravir la colline. sont ensuite ramenés en Europe pour y être vendus.
8. Robinson éprouve un réel dégoût à voir le comportement
Étape 2. Décrire un paysage des marins, à écouter les récits du Second. L’image qui asso-
cie ces hommes à des « cloportes noirs » (l. 19) illustre avec
2. Les contraintes de vocabulaire permettront aux élèves de
force ce mépris et la distance qu’il voit entre eux et lui,
créer la trame de la description qu’ils enrichiront grâce à des
eux grouillant sous une pierre et lui les observant de loin.
recherches lexicales menées en groupes.
Le participe présent « grouillant » offre par ses sonorités et
On leur conseillera de préférer au verbe « être » des verbes
ses connotations l’image répugnante de la vitalité d’êtres
de mouvement (s’étendre, devenir, rouler…)
nuisibles dont on peut limiter ni les mouvements ni la proli-
fération.
Étape 3. Créer une atmosphère
et enclencher l’action 3. Écrire une suite de texte
Une fois que les trois paragraphes seront rédigés, les élèves 9. Cette suite de texte exploite très directement les enjeux
se regrouperont en binômes pour les relire et en vérifier la du texte lu : Robinson est placé devant un dilemme : réaliser
cohérence. son rêve de quitter l’île et retrouver la vie « civilisée », ou
Les critères de réussite pourront s’appuyer sur les éléments dégouté par ce qu’il voit des hommes, rester sur l’île.
suivants : On attendra donc :
- Description d’un cadre hostile ; - que le dilemme soit explicité ;
- Création d’une atmosphère inquiétante ; - que Robinson en observant son île envisage ce qu’il quitte,
- Récit d’un événement déclencheur. ce qu’il pourra retrouver ailleurs ;
- qu’il fasse un choix clair dont le lecteur pourra comprendre
Compétences les raisons ;
D1 • Adopter des stratégies et des procédures d’écriture efficaces. - que le récit s’achève sur un évènement, un propos ou un
© Éditions Belin, 2016

D1 • Pratiquer l’écriture d’invention. élément descriptif qui marquera nettement qu’il s’agit du
dénouement.

2. Derrière les paysages exotiques 29


Évaluation complémentaire 5. Michael a du mal à comprendre comment il a pu se retrou-
ver sur le rivage. Ses souvenirs sont flous. Il pense avoir
été porté par son ballon mais n’en retrouve pas la trace.
En complément de la séquence, on pourra proposer aux Ces indications pourront être éclaircies à la suite du récit et
élèves l’évaluation figurant aux pages suivantes. permettre des rebondissements de l’action.
6. Le chien est un personnage important dans les robinson-
1. Lire et comprendre un récit nades : on le voit chez Defoe et chez Michel Tournier ainsi
d’aventures exotiques que dans ce roman. Animal de compagnie, il permet d’échap-
per au désespoir de la solitude, ouvre à l’espoir, « elle vint
1. À son réveil, Michael entend un bruit qui ressemble au
en bondissant » et au jeu « elle continuait à m’apporter des
bruit du vent dans les haubans, mais il se rend compte qu’il
bouts de bois pour que je les lui lance […] sans le moindre
n’y a aucun hauban au-dessus de sa tête, « pas de voiles »
souci. » ; il rassure et protège.
(l. 2) non plus. Il constate également l’absence de mouve-
ment et de vent, toutes ces perceptions devenues familières
au cours de la navigation. 2. Écrire une suite de texte
2. La première perception de Michael à son réveil est celle d’un Cette consigne d’écriture donne l’occasion à l’élève d’explo-
hurlement dont le son devient de plus en plus fort comme rer le stéréotype du naufragé qu’ils auront rencontré dans les
l’indique le texte : « le hurlement devint de plus en plus strident, textes 1, 2 et 3. Le décor est proche de celui de Sa Majesté
un crescendo effrayant de cris perçants » (l. 5). Ces perceptions des Mouches, et la condition du jeune garçon proche de celle
renforcent la dimension effrayante de sa situation. de Robinson.
3. Le narrateur cède au désespoir quand il comprend qu’il La présence du chien constitue un élément qui peut susciter
est abandonné sur cette plage comme en témoignent ses des péripéties et permet d’écrire des éléments de dialogue
appels et ses larmes. où le narrateur peut exprimer des sentiments, interrogations
4. Le lexique indique qu’il est dans une situation difficile, dans des formes plus simples que le discours intérieur.
« faible » (l. 11), et démuni : « l’immense mer bleue était aussi On pourra suivre les critères de réussite suivants :
vide que le ciel » (l. 11). La phrase nominale à la forme néga- - le récit est rédigé à la première personne aux temps du
tive souligne aussi l’absence : « pas de Peggy Sue » (l. 12). La passé : imparfait et passé-simple ;
répétition renforce le constat : « pas de bateau » pour aboutir - Michael doit trouver les ressources qu’on peut trouver sur
aux mots, « rien » et « personne », des pronoms indéfinis qui le rivage de cette région du monde ;
expriment l’absence du bateau et de ses parents. - le jeune garçon éprouve des sentiments et des émotions
Ensuite, il évoque ses réactions et son désespoir : à nouveau fortes après les événements qu’il a vécus ;
la répétition et l’exagération servent à dire l’intensité de son - il se demande certainement aussi comment il va pouvoir
désespoir : « j’appelai cent fois mon père et ma mère.  Je les survivre dans la situation qui est la sienne.
appelai jusqu’à ce que… ». Ses larmes révèlent aussi sa peine :
« jusqu’à ce que les larmes m’empêchent de continuer ».

© Éditions Belin, 2016

30
Nom :

Prénom :

Classe :

Évaluation

Seuls sur le rivage


L’année de ses onze ans, en 1988, Michael le narrateur de ce roman, ses parents et leur chien Stella
Artois s’embarquent pour un voyage au long court sur un voilier, la Peggy Sue. Lors d’une tempête sur
les côtes de l’Australie Michael tombe à l’eau avec son chien ; il tente d’échapper à la noyade puis perd
conscience.

Je fus réveillé par une sorte de hurlement, comme le hurlement du vent dans les haubans1. Je regardai
autour de moi. Pas de haubans au-dessus de moi, pas de voiles. Pas de mouvement au-dessous de
moi, non plus, pas un souffle de vent. Stella Artois aboyait, mais comme si elle était loin. Je n’étais
pas du tout sur un bateau, j’étais allongé sur le sable. Le hurlement devint de plus en plus strident,
5 un crescendo effrayant de cris perçants qui s’évanouirent, ne laissant que leur écho.
Je m’assis. J’étais sur une plage, une vaste étendue de sable blanc, avec des arbres touffus et une
végétation luxuriante derrière moi qui descendait jusqu’à la plage. C’est alors que je vis Stella. Elle
pataugeait sur le rivage. Je l’appelai et elle vint en bondissant et en remuant follement la queue pour
me faire la fête. Quand elle eut finit de me sauter dessus, de me lécher et que je l’eus serrée dans mes
10 bras, je tentai de me lever.
J’étais très faible. Je regardai autour de moi. L’immense mer bleue était aussi vide que le ciel sans
nuages. Pas de Peggy Sue. Pas de bateau. Rien. Personne. J’appelai cent fois mon père et ma mère. Je
les appelai jusqu’à ce que les larmes m’empêchent de continuer, jusqu’à ce que je comprenne que
cela n’avait aucun sens. Je restai là un moment, essayant de savoir comment j’étais arrivé sur cette
15 plage, comment j’avais pu survivre. J’avais le souvenir très confus d’avoir été hissé à bord de la Peggy
Sue. Mais je voyais bien que c’était impossible. C’était surement un rêve, rien qu’un rêve. J’avais dû
me cramponner à mon ballon et flotter jusqu’à ce que les vagues me rejettent sur le rivage. Je pensai
alors à mon ballon, mais je ne le vis nulle part.
Stella, bien sûr ne se posait pas autant de questions. Elle continuait à m’apporter des bouts de bois
20 pour que je les lui lance, et courait après eux dans la mer, sans se faire le moindre souci.
Michael Morpurgo, Le Royaume de Kensuke,
trad. de l’anglais par Diane Ménard, Gallimard, « Folio Junior », 2000.

1. Haubans : câbles qui maintiennent le mat d’un bateau.

1. Lire et comprendre un récit d’aventures exotiques


1. À quels indices Michael se rend-il compte à son réveil qu’il n’est plus à bord de La Peggy Sue ?
© Éditions Belin, 2016

•••

2. Derrière les paysages exotiques 31


2. Quelle perception contribue à rendre sa situation effrayante quand il reprend conscience ? (l. 1 à 5)

3. Comment le narrateur réagit-il quand il comprend qu’il est seul et abandonné sur la plage ?

4. Par quels moyens le narrateur fait-il partager son désespoir de se retrouver abandonné ? (l. 11 à 18)

5. Quelle information peut faire rebondir l’action ?

6. Quel rôle peut jouer Stella Artois dans ce récit ?

2. Écrire une suite de texte


Sur une feuille séparée, imaginez la suite de ce récit : Michael a faim et soif. Il se lève et commence à explorer
son nouveau territoire. Pour vaincre son sentiment de solitude, il s’adresse parfois à son chien. Le récit s’achève
quand Michael et Stella s’endorment le soir venu.
© Éditions Belin, 2016

32

Vous aimerez peut-être aussi