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CHAPITRE 1

1.Phraséologie

1.1.Généralités

Pour ceux qui travaillent dans le domaine de la phraséologie il est évident qu’il
faut tenir compte de l’existence des suites de mots « préfabriquées ». Or,
l’importance des expressions figées est aussi forte pour les linguistes qui
étudient d’autres domaines que pour les usagers de la langue, car le phénomène
de figement y est omniprésent. Les termes utilisés pour décrire ces groupes de
mots – souvent appelés figés, pour des raisons que nous croyons pouvoir
préciser dans cette étude – sont nombreux. Parmi ces termes, on citera à titre
d’exemple locution, idiome, phrase figée, expression toute faite,fonction lexicale
et phrasème3. Comme l’indique déjà cette abondance de termes, le sujet de ce
travail nous ramène à une problématique théoriquement vaste et très subtile. La
problématique du figement étant intéressante en soi, le phénomène est également
important sous un autre angle : plusieurs chercheurs signalent le fait que ces
groupes de mots– que nous appellerons par la suite expressions figées – ne
représentent nullement un phénomène marginal de la langue.

1.2. Phraséologie

Le mot phraséologie vient du grec (phrasais langage, phrase et logos discours). La


première attestation du terme de phraséologie date du XVIIIe siècle. Mais c'est
surtout le linguiste suisse Charles Bally, réputé pour ses trois ouvrages : Précis de
stylistique, Traité de stylistique et Linguistique générale et linguistique française,
qui a élaboré toute une théorie de la phraséologie. Ce terme, nous pouvons le
trouver dans le Traité de stylistique : « Si, dans un groupe de mots, chaque unité
graphique perd une partie de sa signification individuelle ou n'en conserve
aucune, si la combinaison de ces éléments se présente seule avec un sens bien net,
on peut dire qu'il s'agit d'une locution composée. C'est l'ensemble de ces faits que

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nous comprenons sous le terme général de phraséologie » (Bally, 1951, P. 65–
66.). Le terme « phraséologie » est traité de différentes façons dans les
dictionnaires des langues différentes. Traiter de la phraséologie en tant que
problème terminologique n'est pas une question nouvelle, mais les théories et les
pratiques sont encore loin d'être unifiées. Le Nouveau Petit Robert par exemple
présente la phraséologie sous la dénomination « Locution » qui est présentée
comme « groupe de mots formant une unité et ne pouvant pas être modifié à
volonté ». Les catégories suivantes sont ainsi classifiées : « locution adverbiale »,
« locution conjonctive », « locution prépositive », « locution adjective », «
locution figurée », « locution familière » et « locution proverbiale » (Le Nouveau
Petit Robert, 1993, Préface). La définition donnée par le Grand Larousse de la
langue française dénomme la phraséologie comme une construction de phrase, ou
procédé d'expression propre à une langue, une époque, à une discipline, à un
milieu, à un auteur donné. (Grand Larousse, 1971). I. Des met définit la
phraséologie comme une combinaison de lexèmes qui n'est ni complètement figée
ni complètement libre et qui présente une certaine flexibilité et dont les
composantes peuvent varier morphosyntaxiquement (Desmet, 1994). Z.
Khovanskaia et L. Dmitrieva dans leur « Stylistique française » parlent de
l'actualisation des unités phraséologiques. Les unités se distinguent des groupes
de mots libres par leur stabilité, leur invariance formelle et leur reproduction en
parole en tant que telles, référant à un objet ou un phénomène de la réalité.

Cela veut dire que les unités phraséologiques font partie des groupes de mots
figés qui se trouvent à la limite du lexique et de la syntaxe et mettent en évidence
la relation réciproque de ces niveaux de langue qui se manifeste dans la
transformation des groupes de mots libres en unités du vocabulaire. Tout d'abord
nous allons examiner la spécificité des groupes de mots figés. « Un groupe de
mots figé est une dénomination complexe toute faite qui s'emploie sans aucune
modification d'ordre morphologique, syntaxique ou lexicale. Autrement dit, elle
existe dans le système de la langue au même titre que les unités lexicales et fait
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partie d'une classe finie de moyens d'expression constituant le vocabulaire dont le
locuteur choisit une dénomination qui correspond le mieux à sa tache
communicative, tandis que les groupes de mots libres se construisent à nouveau à
chaque nouvel emploi, leur nombre est aussi infinie que celui des situations
réelles. Leur construction obéit à des modèles bien déterminés tandis que leur
contenu lexical est variable ».
Les groupes figés du type phraséologique, qui nous intéressent en premier lieu,
représentent d'habitude des moyens de dénomination secondaire, ce qui veut dire
qu'ils ont des synonymes neutres désignant les mêmes objets ou phénomènes de la
réalité. Les unités phraséologiques revêtent toujours un caractère imagé étant
donné qu'elles résultent d'un changement de sens d'un de leurs éléments ou du
groupe tout entier.

Les expressions idiomatiques françaises

Quelques aspects historiques propres d’un peuple ou d’une culture vivent de nos
jours dans la mémoire des gens grâce aux expressions idiomatiques, qui se
transmettent de génération en génération. Ces unités phraséologiques nous
informent sur l’histoire ou les mœurs d’autrefois. Je présenterai par la suite
quelques exemples d’expressions idiomatiques utilisées de nos jours, mais dont le
contenu culturel est difficile à comprendre, car leur origine remonte au Moyen
Âge et même bien avant.

En ce qui concerne le français, les expressions idiomatiques en abondent. Elles


font partie du patrimoine culturel et linguistique du pays, car elles se figent et
perdurent dans le temps. Le français par exemple garde aujourd’hui des
expressions du Moyen Âge, comme « de bon aloi », « rester sur le carreau », ou «
sous le boisseau ». Des expressions qui renvoient à des situations quotidiennes
que nous vivons aussi de nos jours. Par exemple, l’expression « tomber dans les
pommes », qui est une expression très utilisée en France, pour indiquer un état de
malaise, vient de l’expression « tomber dans les pâmes » qui remonte au XVème
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siècle:

En France, comme dans d’autres pays francophones (comme le Québec, quelques


pays d’Afrique, la Belgique ou la Suisse), on utilise un langage très imagé pour
décrire des situations courantes de tous les jours. Des expressions telles que
mettre une mine, être un cafard, avoir un poil dans la main, se faire cramer ou
mettre un vent à quelqu’un sont prononcées par des locuteurs francophones tous
les jours rendant le discours plus dynamique et coloré. Un langage qui permet,
d’un côté, aux locuteurs de s’exprimer de manière précise, et d’un autre côté, de
montrer qu’ils ne sont pas responsables de leurs propos ou de leurs opinions,
comme le remarque González Rey: « en effet, la reproduction d'énoncés déjà
construits peut représenter pour le locuteur l'occasion de se décharger de la
responsabilité de "produire" par lui-même: il délègue sur un autrui anonyme son
instance énonciative »1. Des expressions qui, à cause de leurs propriétés, ne sont
pas toujours faciles à comprendre par les étrangers et même par les gens du pays
en question. Un locuteur étranger aura plus ou moins de facilité à l’heure de
reconnaître une expression idiomatique selon la manière qui aura le locuteur natif
de l’introduire dans le discours:2

Qu'est-ce qu'une traduction ?

1
González Rey, 1999: 250
2
6 González Rey, 1999: 250
6
Traduire, c'est restituer un texte écrit dans une langue (appelée langue source) dans
une autre (appelée langue cible), en prenant soin de ne pas en changer le sens.
Théoriquement, la personne qui lit une traduction ne doit pas se rendre compte que
le texte qu'elle lit n'est pas l'original mais qu'il s'agit de la retranscription d'un
message d'abord transmis dans une langue étrangère.
Les difficultés inhérentes à la traduction sont nombreuses, elles peuvent concerner,
par exemple, la grammaire, la culture ou le contexte. La plupart des langues sont
issues d'une langue ancestrale commune, mais elles ne partagent pas les mêmes
racines récentes, ce qui signifie que leurs structures peuvent énormément varier de
l'une à l'autre, rendant les structures grammaticales impossibles à transcrire dans
l'autre langue sans une modification en profondeur du lexique. Les différences de
culture et de contexte social, historique ou géographique sont des aspects non
négligeables de la traduction. En effet, des expressions comme "fish-and-chips",
"the Big Apple", ou "la ville qui ne dort jamais" pourraient-elles, une fois traduites,
être comprises par une personne possédant une langue et une culture différentes ?

Le niveau de difficulté de certaines traductions exige d'un traducteur consciencieux


qu'il possède une grande maîtrise des deux langues à partir desquelles il travaille,
mais également une connaissance approfondie des deux cultures. Cette exigence
rend difficile la traduction à partir d'un grand nombre de langues différentes, car
une culture s'acquiert sur le long terme. Cependant ce problème a été en grande
partie résolu par le développement d'Internet, outil de recherche conférant au
traducteur rapidité et certitudes lui permettant d'éviter les erreurs d'interprétation.

Les étapes pour mener à bien une traduction

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Généralement, la traduction d'un document, quelle que soit sa nature, passe par
trois étapes distinctes :

1. La compréhension : le traducteur lit le texte avec soin, en recherchant les


expressions, notions et références qui peuvent lui être inconnues ou sur
lesquelles il doute, jusqu'à ce que le sens du texte lui apparaisse clairement
et ne laisse plus aucune place à la mauvaise interprétation.
2. La création du sens : le traducteur enregistre mentalement - et souvent
inconsciemment - le texte ou les paragraphes en tant qu'unités de sens,
s'écartant ainsi des phrases et des mots qui composaient le texte original.
3. L'écriture d'un nouveau texte : une fois que le message contenu dans le
texte original est parfaitement compris, le traducteur peut, en se détachant
des mots eux-mêmes, commencer à écrire une nouvelle version du document
dans une autre langue, en s'appliquant à préserver les effets contenus dans le
texte original.

Types de traductions

Les traductions sont généralement divisées en deux catégories : littéraires et


techniques. Même si les deux requièrent des capacités en langues, elles ne sont pas
identiques. En effet, une traduction technique sera davantage basée sur une
traduction mot à mot, avec peu d'attention portée au style et à la grammaire. Les
textes techniques n'ont pas pour but de divertir ni de captiver les lecteurs, mais de
les informer. En revanche, les textes littéraires sont un divertissement en eux-
mêmes et requièrent donc une écriture et une structure bien plus élégantes afin que
les lecteurs oublient ou - encore mieux - ne réalisent pas qu'ils lisent une
traduction. Les traductions techniques et littéraires peuvent être divisées en
plusieurs sous-catégories et certaines traductions peuvent faire intervenir les deux
spécialités.
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5. Phraséologie et traduction

Les deux termes de l’intitulé visent d’un côté un champ disciplinaire et de l’autre
une pratique sociologique bien ancrée dans les échanges entre communautés. Les
mettre en relation risque de prêter à confusion, et ce pour au moins deux raisons :
la première concerne le contenu du coordonnant qui les relie ; on ne sait pas s’il
s’agit d’une paire dont les deux termes sont mis en contraste comme c’est le cas
dans un couple du genre traduction et réécriture, ou s’il est plutôt question d’une
inclusion ; la seconde concerne le flou sémantique et terminologique que
comportent ces deux termes : la phraséologie est loin de faire l’unanimité dans les
sciences du langage ; la traduction, elle-même, n’échappe pas à cette imprécision:
tout comme de grands paradigmes nominaux prédicatifs résultatifs.
Le fait phraséologique, aussi paradoxal que cela puisse paraître, n’a pas bénéficié
de l’attention qu’il mérite par la recherche en sciences du langage d’une manière
générale ou des lexicologues en particulier, et ce jusqu’à la moitié du xxe siècle. À
l’exclusion de quelques intuitions très pertinentes chez Saussure, Sechehaye et
Bally, les manuels et les traités de lexicologie ont passé sous silence ce phénomène
qui, de par sa complexité, dépasse de loin le fait lexical. Seuls les lexicographes lui
ont réservé une certaine place dans leurs dictionnaires, prouvant par là que c’est un
phénomène incontournable (cf. entres autres A. Rey et S. Chantreau 1989).

L’extension du champ disciplinaire de la phraséologie se mesure à trois niveaux: la


dimension théorique, la discipline linguistique et les applications concrètes. Au
niveau théorique, on dispose actuellement d’un appareil conceptuel qui rend
compte des différents aspects impliqués par le figement: lexique, syntaxe,
sémantique, prosodie, orthographe et pragmatique. Des travaux comme ceux de G.
Gross (1996), de Mel’cuk (2011), de Polguère (2008), de Grossman et Tutin
(2003), de Blumenthal et Hausmann (2006), de Gréciano (1983), de Lamiroy et al.
(2010) et d’autres rendent compte de l’essentiel des caractéristiques du fait
phraséologique. On sait maintenant que les séquences figées répondent à trois

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critères fondamentaux: la polylexicalité, la fixité de la combinatoire syntaxique
interne et la globalité de leur signification. Dans s’ennuyer comme un rat mort,
comme un rat mort vérifie ces trois critères: il s’agit d’une séquence faite de quatre
mots (premier critère), qui n’admet aucune liberté combinatoire (deuxième critère)
et qui véhicule l’idée d’intensité (troisième critère). Des travaux se sont focalisés
sur l’un ou l’autre des aspects du figement: M. Gross s’est plutôt occupé de
syntaxe, Gréciano de sémantique, d’autres de pragmatique. On doit par exemple la
notion de pragmatème à I. Mel’cuk qui attire l’attention sur l’existence de
syntagmes bien formés, de sens transparents mais d’emplois pragmatiques
contraints, comme interdit de fumer, je vous en prie, post-scriptum, etc.

CHAPIRE 2- par ex.

Քար սիրտ

1) ոչ զգայուն
2) զգացումներից պարպված 

Équivalent francais

un coeur de pierre

Signification : Être indifférent, n'éprouver aucun émotion.

Origine : Cette expression met clairement en opposition le cœur d'un être vivant,
source de chaleur où trônent les émotions, et la pierre, connue pour être aussi
froide que dure. Une personne qui "a un cœur de pierre" est donc une personne
froide, fermée aux sentiments et complètement insensible.
Thème : Sentiments

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