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UFR LANGUES, LITTERATURES ET CIVILISATIONS

DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE

Option : Linguistique Descriptive et Documentation des Langues

ÉTUDE DE LA STRUCTURE ET DE
LA VALEUR DES PROVERBES WOBÉ

MÉMOIRE DE MASTER

Présenté par : Sous la direction de :

Mlle TROH Kanni Florence M. VAHOUA Kallet Abraham


Maître de conférences

ANNEE ACADEMIQUE 2020-2021

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UFR LANGUES, LITTERATURES ET CIVILISATIONS

DEPARTEMENT DES SCIENCES DU LANGAGE

Option : Linguistique Descriptive et Documentation des Langues

ÉTUDE DE LA STRUCTURE ET DE
LA VALEUR DES PROVERBES WOBÉ

MÉMOIRE DE MASTER

Présenté par : Sous la direction de :

Mlle TROH Kanni Florence M. VAHOUA Kallet Abraham


Maître de conférences

ANNEE ACADEMIQUE 2020-2021

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À TROH Emile, mon père !

3
Remerciements

Nous tenons à remercier toutes les magnifiques personnes qui ont été disponibles lors de
l’élaboration de ce travail. Elles nous ont permis de produire ce travail, tant par leurs critiques
que par leurs disponibilités.

Mais avant tout, nos remerciements les plus chaleureux vont à l’endroit de notre encadreur
Docteur Vahoua Kallet Abraham, Maitre de Conférences qui a cru en nous dès le début. Nous
lui sommes reconnaissante pour sa disponibilité, ses encouragements, ses précieux conseils et
sa grande patience.

Lors de notre collecte de données certains locuteurs natifs de Tiény-Séably nous servant
d’informateurs ont été d’un appui inestimable. On peut citer entre autre Yaha Bla Etienne,
Faekou Paul, SIEDI Daniel, GUEHI Jean et SIBI Daniel, nous leurs adressons par ailleurs nos
vifs remerciements.

Nos remerciements vont également à l’endroit de Docteur Séa Souhan Monhuet Yves pour ses
critiques, sa disponibilité et surtout pour nous avoir permise de corriger notre corpus.

Nous disons un grand merci à Docteur Dodo Jean-Claude pour avoir mis sa bibliothèque
personnelle à notre disposition durant ces deux années. Et nous adressons nos sincères
remerciements à nos ainés Affro Sylvain, Fallé Adelin, Gnonsian Fieglo Lopez et Boa Kassi
Georges.

Enfin, Nous exprimons notre gratitude à toutes les personnes qui ont bien voulu répondre à nos
sollicitations. Nous pensons tout particulièrement à Momo Lou Constance, Dapa Fabrice,
Gueye Maty, Amany Désiré, Kouami Mélissa et Kodji Dominique.

Que toutes ces personnes trouvent ici l’expression de notre infinie reconnaissance !

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Sigles et abréviations

[] Transcription phonétique

// Transcription phonologique

1Pl. 1ère personne du pluriel


2.Sg 2ème personne du singulier
3.Sg 3ème personne du singulier
Adj. Adjectif
Acc. Accompli
Adv. Adverbe
Cf. Confère
Comp comparatif
Compl. Complément
Cop. Copule
Fut. Futur
Gén. Génitif
Insist. Insistance
Interj. Interjection
Loc. Locatif
N. Nom
Nég. Négation
Poss. Possessif
Pron. Pronon
SV Sujet-Verbe
VO Verbe-Objet
SVO Sujet-Verbe-Objet
VSO Verbe-Sujet-Objet
TAP Théorie des actes de la parole
INS Institut national de la statistique

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SOMMAIRE

0. INTRODUCTION…………………………………………………………………………………………………………………………7

1. Cadre théorique et
méthodologique………………………………………………………………………………………Erreur ! Signet non défini.3

1.1. Cadre
théorique……………………………………………………………………………………………………………………Erreur ! Signet
non défini.3

1.2. Cadre méthodologique………………………………………………………………………………………………………… 14

2.
RESULTATS………………………………………………………………………………………………………………………………Erreur !
Signet non défini.5

2.1. Formes des proverbes………………………………………………………………………………………………….………25

2.2. Valeurs des proverbes…………………………………………………………………………………………………………42

3.
DISCUSSION……………………………………………………………………………………………………………………………Erreur !
Signet non défini.3

3.1. Sur les structures…………………………………………………………………………………………………………………53

3.2. A propos des


valeurs……………………………………………………………………………………………………………Erreur ! Signet non
défini.6

4. CONCLUSION
GENERALE…………………………………………………………………………………………………………Erreur ! Signet non
défini.8

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………………………………………………Erreu
r ! Signet non défini.1

ANNEXE………………………………………………………………………………………………………………………………………Erreur
! Signet non défini.4

6
0. INTRODUCTION

Le dictionnaire Petit Larousse (1993) définit le proverbe comme un énoncé court exprimant un
conseil populaire, une vérité de bon sens ou d’expérience, et qui sont devenus d’usage commun.
Quant au dictionnaire Petit Robert (1993), le proverbe est une vérité d’expérience, ou un conseil
de sagesse pratique et populaire, commun à tout un groupe social, exprimé en une formule
elliptique généralement imagée et figurée.

Le proverbe est donc essentiellement un bien partagé par une communauté socio-linguistique.
Cela fait d’elle un patrimoine identitaire, c’est pourquoi dans les communautés africaines, l’on
fait parfois usage du proverbe pour souvent rappeler la valeur de l’éducation africaine. C’est
cette appréciation qui nous a amenée à nous intéresser au proverbe.

Mais, il convient de rappeler que le proverbe ne doit pas être confondu avec certaines notions
qui lui sont proches à savoir l’adage et la maxime qui énoncent une règle de conduite ou une
règle morale, l’aphorisme qui résume une théorie et le dicton qui relève une pensée générale.

L’intérêt pour cette étude est de montrer que le proverbe est toujours employé dans un contexte
d’énonciation certes, mais il peut être étudié pour connaître au-delà de sa valeur, sa forme
syntaxique.

Dans cette partie, il est question de la présentation du sujet et de l’élaboration de la


problématique du sujet de la recherche.

0.1. Présentation du sujet

Notre travail de recherche s’intitule « étude de la structure et de la valeur des proverbes wobé ».
Ce sujet s’inscrit dans le cadre de la linguiste descriptive.

Par « étude de la structure et de la valeur des proverbes wobé », il faut entendre l’étude de la
forme des proverbes wobé ainsi que les valeurs de ceux-ci. Notre étude consistera à analyser
la structure des formes que présentent les énoncés proverbiaux wobé. Il s’agira pour nous
d’étudier leurs caractéristiques syntaxiques puis déterminer leurs valeurs et les fonctions
qu’elles assurent lorsqu’elles sont énoncées.

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0.2. Présentation de la langue et du peuple

Selon la classification des langues africaines faite par J. Greenbreg (1963), toutes les langues
ivoiriennes appartiennent à la famille Niger-Congo qui représente l’une des quatre familles de
langues en Afrique à côté de l’Afro-asiatique, le Nilo-Saharien et le Khoisan. En Côte d’Ivoire,
la famille Niger-Congo est représentée par les sous-groupes de familles linguistiques Kwa, Gur,
Mandé, et Kru. Le wobé appartient à la sous famille Kru de Côte d’Ivoire. Selon l’atlas
linguistique Kru J. Greenbreg (1963) et Lynell Marchese (1983), la famille linguistique Kru de
Côte d’Ivoire est composée de deux groupes. Ce sont le groupe Bété et le groupe Bakwé.
Autrement dit, le Kru Oriental et le Kru occidental séparé par le fleuve Sassandra. Le Kru
oriental dont l’ensemble des langues est essentiellement parlé en Côte d’Ivoire comprend : le
bété, le godié, le dida, le néyo, le kwadia, le kouya. Et Le Kru occidental dont l’ensemble des
langues qui le compose s’étend jusqu'à la moitié du Libéria. Il s’agit de l’ensemble Wè qui
correspond au Krhan au Libéria. On trouve dans ce groupe, le guéré, le wobé, le niaboua, le
niédéboua et l’ensemble grébo dont les locuteurs sont appelés Kroumen.

L’histoire de l’origine du peuple Wobé est relatée diversement. D’abord le nom Wè selon les
ethnologues, était autrefois « wègon » ou « wègondi », ce qui signifie : les hommes (gnon) qui
ont pitié (wè) dans le cœur (di), autrement dit : « les hommes qui pardonnent facilement ».
L’appellation « guéré-wobé » composante du groupe Wè, a été officiellement retenue en 1911
par l’administrateur du cercle du Haut-Cavally, le capitaine Laurent, qui, pour désigner du sud
des Dan, leur a appliqué les dénominations Guéré et celle vivant au nord, les Wobé. Les
recherches ethnographiques réalisées par Alfred Schwartz (1969) ont montré que les
populations Guéré et Wobé ne constituent qu’une seule et même communauté : la communauté
Wè. Cette unicité est acceptée dans le découpage administratif de la Cote d’Ivoire. Il s’agit de
la région du Guémon composée de quatre grandes villes notamment, celle de Duékoué,
Bangolo, Kouibly et Facobly. La langue Wobé faisant partie du groupe Wè (Guéré-Wobé) est
parlée à l’Ouest de la Côte d’ Ivoire dans deux villes notamment celle de Kouibly et de Facobly
dans la région du Guémon. Les dernières dont Kouibly et Facobly sont essentiellement
peuplées par les Wobé. Pour notre travail, nous avons choisi la ville de Facobly, notamment le
village regroupé Tiény-Séably, où notre enquête s’est effectuée. Le département de Facobly

compte quarante-trois (43) villages. Le mot Facobly est étymologiquement [fɛkɔ bli], ce qui

signifie « chez fɛkɔ ». On a le patronyme [fɛkɔ] et le suffixe locatif [bli] qui signifie « chez ».

Ce département avec une superficie de 405 km2 et une population de 46 272 habitants d’après

8
l’INS 2014. Il est limité au nord par le fleuve Sassandra qui le sépare de Séguéla et de Vavoua,
au sud par les départements de Biankouman et de Man. A l’Est par la ville de Kouibly et à
l’ouest par le Libéria. Le département de Facobly est composé de quatre sous-préfectures. Ce
sont : la sous-préfecture de Guézon, la sous-préfecture de Koua, la sous-préfecture de Sémien
et la sous-préfecture de Tiény-Séably (Cf. carte ci-dessous).

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Carte 1 : les sous-préfectures du Département de Facobly (INS, 2014)

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0.3. Problématique

Dans cette partie, il est question de la formulation du problème, de la question, des objectifs et
des hypothèses de notre recherche.

0.3.1. Problème de recherche

Le proverbe, selon le dictionnaire français Grand Robert, est une formule présentant les
caractères formels stables, souvent métaphoriques ou figurés et exprimant une vérité
d’expérience ou un conseil de sagesse pratique et populaire, commun à un groupe social. Des
auteurs ont également défini le proverbe. Le premier Kouakou Joël, (2017), s’est interrogé sur
l’organisation du proverbe vu comme expression figée. Pour lui, le proverbe n’est pas une
expression figée, mais une construction de structure différente selon qu’il soit un énoncé simple
ou un énoncé complexe. Les seconds, Andrédou et N’gou, (2019), définissent le proverbe
comme étant dans les langues africaines un genre de la littérature orale spontanée. La définition
du proverbe n’est donc pas chose facile en tant que outil de communication, au même titre que
les mimiques, les gestes ou le regard. Seulement le proverbe, lui, a deux spécificités. D’abord,
il permet de captiver l’attention ; ensuite, il sert d’argumentation. C’est pourquoi, au sein de la
communauté Wê, il est un important outil de communication. De plus, l’usage du proverbe par
le locuteur dans une situation, a une intention pouvant souvent renvoyer à plusieurs valeurs, qui
peuvent être par exemple pour conseiller, conscientiser etc. Les proverbes sont aussi pour le
peuple Wê des canaux de transmission des us et coutumes. Ils sont donc les vecteurs de
transmission de leurs savoirs, savoir être et de savoir-vivre de génération en génération.
Toutefois, l’énoncé proverbial servant d’outil d’argumentation au centre des conversations est
avant tout, une unité linguistique avec une forme qui lui est propre. Il existe donc des lois
syntaxiques qui le régissent. Quelles seraient donc les structures formelles particulières à la base
de l’énoncé proverbial Wobé ? Et quelles seraient les valeurs véhiculées à travers l’énoncé
proverbial ? Nous tenterons de répondre à ces interrogations dans ce travail portant sur l’étude
de la structure et de la valeur des proverbes wobé. Dans cette investigation, nous visons donc
la forme des énoncées proverbiaux du wobé et leurs valeurs.

0.3.2. Questions de recherche

 Quels sont les formes des énoncés proverbiaux wobé ?


 Quels sont les valeurs des énoncés proverbiaux wobé ?

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0.3.3. Objectifs de la recherche

Objectif général :

Il s’agit de décrire la structure formelle des énoncés proverbiaux du wobé et montrer leurs
valeurs.

Objectifs spécifiques :

A ce niveau, il est question de :

 déterminer les éléments constitutifs des énoncés proverbiaux et préciser leurs


positions respectives ;

 déterminer les valeurs des proverbes wobé.

0.3.4. Hypothèses de la recherche

Les objectifs formulés appellent les hypothèses suivantes :

Hypothèses principales :

 peut-être que les énoncés proverbiaux simples sont des énoncés verbaux ou non
verbaux ;

 peut-être que les énoncés proverbiaux complexes présentent des structures allant des
parataxes à des constructions issues de la mise en lumière d’un argument ou d’un
circonstant de la phrase simple ;

 peut-être que les énoncés proverbiaux wobé présentent plusieurs valeurs.

Hypothèses spécifiques :

 peut-être que les énoncés proverbiaux simples verbaux comprennent plusieurs


arguments ;
 peut-être que les énoncés proverbiaux complexes sont des propositions hypothétiques
ou temporelles ou clivées ou parataxes ;
 peut-être que les énoncés proverbiaux wobé ont des valeurs sociales ou éthique ou
didactiques ou psychologiques ou expressives ou économiques ou rhétoriques ou
historiques.

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1. Cadre théorique et méthodologique

Il est question de définir la théorie et la méthode utilisées pour ce travail.

1.1. Cadre théorique

Pour mener à bien notre réflexion, nous nous somme appuyée sur la syntaxe fonctionnelle et
la théorie des actes du langage.

La pensée fonctionnaliste d’André Martinet (1908-1999) se situe dans la droite ligne du


structuralisme européen élaboré par Saussure et, dans la perspective fonctionnelle, par le Cercle
Linguistique de Prague, en particulier à travers les travaux de Troubetskoï. Martinet a
commencé par des recherches sur l’indo-européen et la phonologie puis a étendu son travail à
la linguistique générale. Bien qu’il n’ait pas proposé de modèle linguistique général (comme
celui de Chomsky par exemple), l’ensemble de ses travaux constitue, cependant une théorie,
dans le cadre d’une linguistique fonctionnelle.

Martinet veut pratiquer une linguistique à la fois objective (en refusant de s’appuyer sur le
sentiment linguistique, ou l’intuition psychologiste) et échappant au formalisme voire au
dogmatisme. Le principe théorique de base de la linguistique de Martinet est sa définition de la
langue comme instrument de communication doublement articulé et de la manifestation vocale
(1991 :20).

Aussi, en tenant compte de la forme des proverbes, on voit qu’ils ont les caractéristiques d’un
énoncé produit dans une situation donnée. Cela amène à postuler pour le courant fonctionnaliste
qui propose une conception de la langue qui met en relief sa spécificité par rapport aux autres
systèmes de communication et son rapport au monde de l’expérience et aux divers contextes et
situations liés à son emploi.

La pragmatique permet de rendre compte de l’étude de la valeur de l’énoncé proverbial, car il


s’agit du processus non spécifiquement linguistique de l’interprétation des énoncées, on postule
donc pour la théorie des actes du langage développés par John L. Austin, John R. Searle et Paul
H. Grice.

La constitution du langage ordinaire en objet de connaissance procède, on l’a vu, d’une


opposition au logicisme. C’est dans ce contexte qu’il faut situer la théorie des actes de
parole(TAP). Elle constitue un dépassement de la conception classique du langage.

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J.L. AUSTIN (1911-1960) conteste en effet le primat de la phrase affirmative, érigée par la
conception représentationaliste, en prototype de la verbalisation. L’illusion descriptive attachée
à cette conception nait de la méconnaissance des autres valeurs linguistiques.

La mise en cause partielle de la performativité, en l’absence de critères décisifs, conduit Austin


à refondre entièrement la TAP. Mais l’amendement de la recherche consiste moins dans un
abandon que dans une systématisation de la perspective première. Cette nouvelle orientation a
un prix : le dépassement de l’hypothèse performative au profit d’une hypothèse qui en
systématise le principe. La conception qui en résulte, si elle maintient le postulat
conventionnaliste, ne fait plus dépendre la valeur pragmatique d’un énoncé de marques
linguistiques distinctives. La théorie de la performativité est intégrée à une théorie générale de
l’acte de parole qui l’inclut comme l’une de ses composantes.

Du fait que toute phrase vise l’accomplissement d’un acte, Austin réoriente sa pensée, la
centrant sur le langage envisagé comme moyen d’agir. Il distingue trois aspects de l’acte
consistant à faire quelque chose par le langage. Il a d’abord l’acte locutoire ou le fait de dire
quelque chose, qui est la réalisation grammaticale et articulatoire de la phrase. Ensuite, l’acte
illocutoire ou acte que l’on accomplit en disant quelque chose, c’est celui par lequel le locuteur
s’assigne un certain rôle et assigne à l’interlocuteur un rôle complémentaire. Et l’acte
perlocutoire ou l’acte que l’on accomplit par le fait de dire quelque chose, est l’acte qui est
sous-entendu.

1.2. Cadre méthodologique

L’enquête de terrain a été dans l’ensemble positive. Mais, lors de la collecte des données nous
avons rencontré des difficultés qui ont par moment entravé le bon déroulement de nos
recherches. La première difficulté tient au fait que nous ne parlons pas la langue, car bien qu’y
étant originaire, nous n’y étions jamais allée. Nous étions donc confrontées à une difficulté
d’intégration et de communication dans les premiers moments.

La deuxième difficulté rencontrée était liée à la compréhension de l’objectif de recherche. En


effet, l’objectif recherché était la collecte des proverbes wobé. Mais, les informateurs se
contentaient de ne donner que des noms proverbiaux. Car, ceux-ci étant très prisés par le peuple
wè.

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1.2.1. Lieux d’enquête

Pour la collecte des données, nous avons utilisé deux approches à savoir l’observation, durant
laquelle nous avons directement recueilli, avec l’aide d’informateurs, les données lors
d’échanges (audience, causerie, repas, etc.) et l’entretien semi-directif pendant lequel nous
avons interrogé nos informateurs en vue d’une recension des proverbes wobé. Cette enquête a
été faite dans le département de Facobly, plus précisément, dans le village de Tiény-Siably afin
d’avoir des résultats fiables. L’enquête a duré une semaine et s’est étendu du 08 au 14 Mars
2021. Elle a permis de faire des enregistrements sonores des informations à l’aide de deux
dictaphones dont le premier est de marque Sony Cop.1-7-1 Konan Minato-Ku. Le second est de
marque Zoom H2N. Ce type de dictaphone à cinq (05) microphones intégrés. Il contient
également un port USB pour l’échange de données avec un ordinateur ainsi qu’une interface
audio USB à quatre (04) entrées/2 sorties pour PC/Mac. Il est doté d’une fonction
d’enregistrement automatique et de pré-enregistrement avec une conversion en format WAV.
Nous nous sommes également servis d’un bloc-notes, d’un stylo et d’un crayon, pour les prises
de notes. Toutefois, nous soulignons que bien que l’enquête s’est déroulée essentiellement en
zone rurale, elle a pu aussi se réaliser en ville, à Abidjan, auprès de certains locuteurs vivant à
Yopougon Micao.

1.2.2. Les informateurs

Dans un souci de fiabilité, nous avons eu recours dans le cadre de nos travaux, à plusieurs
locuteurs wobé. Cependant, nous n’avons retenu que quatre informateurs dont les noms sont
mentionnés ci-dessous, et qui ont été en permanence avec nous; les autres n’ayant été que des
informateurs occasionnels.

Notre informateur principal est Monsieur FAEKOU Paul, 60 ans, né à Siably. Il est l’actuel
Chef dudit village depuis 2014 et également l’actuel Chef central de la Sous-Préfecture de
TIENI-SIABLY. Sa disponibilité et sa patience nous été précieuses.

Monsieur SIEDI Daniel, 57 ans, né à Siably. Il est Agent de sécurité à LCA (Les Cerbères
Abidjanais). Le troisième informateur est Monsieur GUEHI Jean, 55 ans, né à Tiéni .Il est
Inspecteur général d’éducation dans la ville de Man. Enfin, notre quatrième informateur est
Monsieur SIBI Daniel, 68 ans. Il est Technicien Electronique et l’actuel Chef de Tiény. Notre
choix s’est porté sur ces informateurs du fait de leur élocution. Aussi, ne présentent-ils pas de

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handicap de dentition. Ils ont également la maitrise de la langue, de la culture wobé et du
français.

1.2.3. Le corpus

La constitution du corpus de travail s’est essentiellement faite à partir de données issues de


l’enquête de terrain. Ces données proviennent des enregistrements audio que nous avons
effectués. Au cours de cette enquête, nous avons aussi pu obtenir des informations auprès des
jeunes, des adultes, des agriculteurs et des vieillards. Nous rappelons que notre corpus est
essentiellement non écologique, car il a été dans sa majorité, recueilli avec le consentement des
enquêtés et en toute conscience.

1.3. Revue critique de littérature

Plusieurs travaux ont été effectués sur les proverbes, les lignes qui suivent serviront à faire état
de nos lectures.

Le linguiste Kleider (1999) définit le proverbe comme « des signes-phrases qui


possèdent les vertus des dénominations sans perdre pour autant leur caractère de phrases ».
C’est-à-dire que le proverbe a en général une structure phrastique. Encore, Dans son livre
intitulé « Essai de définition : Qu’est-ce qu’un proverbe ? » Maryse (1999) cite Greimas « un
dicton n’est pas connoté alors qu’un proverbe l’est. En effet, les dictons énoncent une
affirmation directe (vérité ou simple croyance? A nous de juger...) liée à l’observation du
monde environnant. ». Ces propos signifient qu’il a une différence nette entre proverbe et
dicton. Car le proverbe est jugé connoté donc rappelle la vérité universelle alors que le dicton
lui relève de certaine affirmation liée à l’observation de l’environnement. Ainsi, d’après Maryse
Privat, « le terme proverbe est une vérité plus générale (non liée aux domaines du dicton),
moins érudite, et anonyme énonçant un conseil, une prescription, une règle de vie basée sur la
sagesse populaire des anciens. ». Pour elle, la différence entre le proverbe et ses notions proches
notamment le dicton, la maxime ou l’adage est bien réelle. Vu que le proverbe est la sagesse
populaire des anciens et non une observation.

Pour sa thèse de doctorat unique intitulé « Etude comparative d’un langage féminin : les
proverbes francais et kabyles relatif à la représentation de l’homme » Benabbas Saliha (2017)

16
définit le proverbe comme une institution langagière et social avec ces propres règles
constitutives.

Et Pour Anscombre, (2016a) « Sur la détermination du sens des proverbes. Pour lui les
parémies ou les proverbes sont des phrases textes autonomes à auteur indéterminé et comme
telles combinables avec des marqueurs méditatifs de type comme « on dit », ils sont d’ordre
générique et minimales qu’on ne peut leur ôter aucun élément sans sortir ipso facto de la
catégorie.

Dans son mémoire de master, intitulé « étude formelle et intertextuelle des proverbes
surréalistes détournés » Beyat Amel (2017) a mis en relief les caractéristiques syntaxiques et
rhétoriques de quelques proverbes français. Elle a montré qu’ils sont de structure binaire. Ils se
caractérisent par l’emploi de l’impersonnel et ils sont des phrases complexes. C’est-à-dire, on
a soit la juxtaposition de deux propositions principales achevées, soit une proposition
circonstancielle ou soit deux propositions adverbiales. De même, dans leur article Andredou et
Ngou (2019) intitulé « Analyse syntaxique des proverbes du français ivoirien », les deux auteurs
mettent en exergue l’organisation syntaxique de l’énoncé proverbial du français ivoirien ainsi
que leur signification. Ils montrent que l’énoncé proverbial peut être construit en une ou deux
propositions selon la structure et la tête du syntagme. Deux distinctions de la forme du proverbe
ont été étudiées. Les proverbes à syntaxe simple d’une part et les proverbes à syntaxe complexe
d’autre part. S’agissant des énoncés proverbiaux simples, ils ont montrés que les schèmes sont :

- N+V+N

- N+V+Adj

- loc.adv+V+C.

Parlant des énoncés proverbiaux à syntaxe complexes, la description a montré que ces énoncés
sont complexes en ce sens où ils ont soit une syntaxe complexes juxtaposées, soit ils sont de
formes clitiques. De plus, Kouakou Joël (2017) dans son article intitulé « Syntaxe des proverbes
Baoulé » s’est interrogé également sur l’organisation syntaxique de l’énoncé proverbial. Il a
proposé une analyse des constructions proverbiales, en comparaison aux énoncés libres de la
langue baoulé. Puis il a montré qu’il existe deux formes de proverbe, celle de la phrase simple
et celle de la phrase complexe. En effet les proverbes baoulé sur les neuf formes attestées en
baoulé, six permettent la construction des énoncés proverbiaux en baoulé. Et seul le schème
N1+Pn+N2 sert à produire les proverbes baoulé en forme de phrase nominale. Il y a cinq

17
structures observables à l’intérieur de ceux en forme de phrase verbale. Les complexes se
présentent composés de deux ou trois propositions. En outre, pour sa thèse unique de doctorat
intitulé « Analyse sémiolinguistique des noms propre dans les proverbes libyens », Mohsan
Elkebir (2015) a abordé la structure des composants du proverbe. Il a fait ressortir que le
proverbe peut être une phrase, une proposition où une proposition sans verbe. A propos de la
phrase, le proverbe apparaît souvent en phrase simple (phrase nominale, phrase verbale),
souvent en phrase complexe (conditionnelle, subordination avec ou sans conjonction de
subordination, binaire), souvent phrase interrogative (par un pronom intérrogatif avec ou sans
réponse, interrogatif sans pronom interrogatif). C’est dans ce canevas que Brouh Achie (2015)
dans sa thèse intitulée « Etude des phrases complexes de l’akye bodin » a montré que les phrases
complexes en akyé sont de deux types. Les phrases complexes par subordination et les phrases
complexes par coordination et juxtaposition. Dans les phrases complexes subordonnées, les
propositions subordonnées sont reparties en propositions complétives, propositions relatives et
propositions circonstancielles. Les propositions relatives portent sur des nominaux dont elles
restreignent l’extension. Les complétives sature la valence du verbe et les circonstancielles
modifient d’autres propositions dont elles précisent les circonstances du procès. Les
constructions coordonnées sont moins enclines à l’élision des constituants identiques, dans
celles-ci, les verbes communs sont conservés et les noms sont pronominalisés. Les
constructions juxtaposées, il a démontré à travers des critères qu’elles sont des phrases
complexes et non simple séquences de phrases. Et Adou Marie-Laure (2018) a aussi abordé
dans sa thèse intitulée « la grammaire de la phrase complexe en n’zima avec des éléments de
comparaison baoulé », la structure de la phrase complexe. Elle a fait ressortir qu’il existe dans
sa langue d’étude des phrases complexes par coordination ou juxtaposition et par subordination.
Dans la coordination, elle a noté la coordination de syntagmes spécifiques tels que les
syntagmes nominaux, verbaux et pronoms personnels. La subordination a montré que la
proposition relative est post nominale avec le pronom relatif. Les relatives sont des constituants
de types phrastiques qui sont utilisées pour spécifier des constituants syntaxiques de rang
inférieur que sont les nominaux.

Pour parler de valeur, Fofana Siby (2017) dans son article « Patronymes et alliances à
plaisanterie chez les Worodougoukas : opportunité pour l’alphabétisation des adultes » met en
relief la valeur sémantique et culturelles des patronymes des Worodougoukas ainsi que la portée
sociale des alliances à plaisanterie. S’agissant des valeurs sémantiques, il en est ressorti que les
alliances à plaisanterie ont des rôles de régulateur des tensions sociales et ont des valeurs de

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prévention et de gestion des conflits tout comme les proverbes au sein des communautés. De
même, ces alliances qui font ressortir dans les discussions et les conversations des proverbes
qui permettent l’enseignement et l’acquisitions des vertus telles que : la maitrise de soi face à
des attaques verbales d’un inconnu, la rhétorique pour apprendre à convaincre dans une
discussion, le dépassement de soi pour se découvrir dans le miroir des critiques déplaisantes, la
bonne humeur pour savoir dédramatiser, le contrôle permanent de soi pour apprendre à bien se
tenir dans toutes les circonstances, particulièrement en milieu étranger en vue de soigner
l’image de son groupe d’origine en proie aux attaques des autres groupes.

Yéboué Jaqques (2016) pour sa thèse de doctorat « Portée et valeur du bestiaire dans les
proverbes Baoulé », il a étudié la structure des proverbes dans un premier temps. A ce propos,
on retient qu’il y a des proverbes Baoulé en forme de syntagme, de stéréotype, de formalisme,
de culmination, de binarisme et d’image. Il a également montré la valeur des proverbes en
s’appuyant sur l’identification de celle-ci. On retient les proverbes de constatation, les
proverbes logiques, les proverbes moraux. En s’appuyant sur les thèmes abordés dans ces
proverbes, il identifie les proverbes de constatation comme permettant l’adoption des qualités,
le développement de l’individu, et l’attention de l’individu cela au niveau social. Pour les
proverbes logiques, il a parlé de logique déductive ou inductive et de la logique de la pensée.
Les proverbes moraux eux, mettent en scènes les mœurs, les règles et les conduites morales qui
sont relatifs à l’âme et à l’intelligence. On a les proverbes de conseils ou de leçon, les proverbes
prescriptifs, les proverbes de reproches ou de critiques.

En gros pour lui, le proverbe est un moyen d’éducation, de perfectionnement de l’homme. Les
proverbes à valeur socioculturelle permettent par exemple la formation de l’individu et
l’interpellation de l’individu. Ils sont un moyen de connaissance sociale, l’éveil de conscience
chez l’individu, la bonne attitude de l’individu au sein de la société, la prudence dans les actes
et la répréhension au déshonneur. Les proverbes à valeurs d’idéologie et culturels. Enfin les
proverbes ont des valeurs psychologiques lorsqu’ils agissent sur le mental de l’individu.

1.4. Rappels phonologiques

La phonologie est une branche de la linguistique qui étudie les sons de la langue tout en
déterminant leurs fonctions dans celle-ci. Elle identifie également les différences qui
surviennent au cours de la production des sons et permet de définir le statut phonologique de
chaque son de la langue. Cette partie traite des sons, des tons et des structures syllabiques

19
attestés dans la langue wobé. Les informations figurant sont issues des travaux d’Inge Enger
(1989), de l’atlas linguistique Kru élaboré par de Lynell Marchese (1983) et de Rémy Bôle-
Richard (2006). De ce fait, nous nous sommes limités au rappel des sons du wobé en faisant
juste la synthèse de ces travaux notamment ceux relatifs aux phonèmes segmentaux et supra
segmentaux puis les structures syllabiques. On peut les observer dans les points qui suivent.

1.4.1. Les voyelles

Le système vocalique du wobé comporte 16 voyelles. C’est-à-dire 9 voyelles orales et 7


voyelles nasales.

Tableau 1 : système vocalique du wobé (Rémy : 2006)

ANTERIEURE CENTRALE POSTERIEURE


ETIRE ARRONDI NEUTRE ETIRE ARRONDI
ORAL NASAL ORAL NASAL ORAL NASAL ORAL NASAL ORAL NASAL
FERMEE +ATR i ḭ u ṵ

-ATR ɩ ɩ̰ ʋ ʋ̰

MI- +ATR e o
FERME
MI- -ATR ɛ ɛ̰ ɔ ɔ̰
OUVERT
OUVERT -ATR a a̰

Ces 16 voyelles peuvent être réparties en deux groupes selon qu’elle soit avancée (+ATR) tel
que /i/, / ḭ/, /u/, /ṵ/, /e/, /o/ ou non avancée (+ATR) tel que /ɩ/, /ɩ̰ /, /ʋ/, /ʋ̰/, /ɛ/, /ɛ̰/, /ɔ/, /ɔ̰/, /a/,
/a̰/. On compte les orales que sont /i/, /u/, /e/, /o/, /ɩ/, /ʋ/, /ɛ/, /ɔ/, /a/ et les nasales que sont / ḭ/,
/ṵ/, /ɩ̰ /, /ʋ̰/, /ɛ̰/, /ɔ̰/, /a̰/.

Toutes ces 16 voyelles peuvent être scindées en trois groupes en tenant compte de leurs lieux
d’articulations. Nous avons alors sept voyelles antérieures /i/, / ḭ/, /ɩ/, /ɩ̰ /, /e/, /ɛ/, /ɛ̰/ ; deux
voyelles centrales /a/, /a̰/ et sept voyelles postérieures /u/, /ṵ/, /ʋ/, /ʋ̰/, /o/, /ɔ/, /ɔ̰/. On remarque
que toutes les voyelles antérieures sont étirées, celles dites voyelles centrales sont neutres et

20
les voyelles postérieures sont toutes arrondies. Découvrons à présent le système consonantique
du Wobé.

1.4.2. Les consonnes

Le système consonantique du wobé se compose de 21 consonnes présentées dans le tableau 2.

Tableau 2 : système consonantique du wobé (Rémy : 2006)

Lieu d’articulations

Labio-vélaires
Labiodentale

Alvéolaires

labialisées
Bilabiales

Palatales

Vélaires

Vélaires
Mode d’articulation
oral Sourd P t c k kp kw
Occlusive sonore b d ɟ ɡ ɡb ɡw

nasal sonore m n ɲ ŋ

Fricative oral sourd f s


Latérale oral sonore l
Vibrante r

Semi- j w
voyelle

Les 21 unités de ce système peuvent être scindées en cinq groupes selon leurs modes
d’articulations. Le premier groupe de 16 consonnes est celui des occlusives sourdes et les
occlusives sonores qui sont respectivement /p/, /t/, /c/, /k/, /kp/, /kw/ et /b/, d/, /ɟ/, / ɡ /, / ɡb/,
/ɡw/. Ce premier groupe comprend 4 nasales sonores /m/, /n/, /ɲ/, / ŋ/. Le deuxième groupe est
celui des 2 fricatives uniquement orales et sourdes /f/, /s /. Les consonnes restantes toutes orales
et sonores se répartissent comme suit : Une latérale /l/, une vibrante /r/ et deux semi-voyelles
/j/, /w/. Voyons à présent le système phonologique supra segmental que contient ce parler.

21
1.4.3. Système tonal

Le système tonal Wobé comprend quatre tons ponctuels dont le ton mi-haut [H-], le ton haut

[H], le ton moyen [M] et le ton bas [B]. En voici quelques illustrations.

- Le ton mi-haut [H-]

mɩ ̍ « intestins »

cʋ̍ « lune »

cɛ̍ « famille »

kpa̍ « os »

- Le ton Haut [H]

ká « Crabe »

ní « eau »

ɗōṵ́ « oreille »

- Le ton Moyen [M]

sʋ̰̰̄ « bras »

mlɛ̰̰̄ « testicules »

dɛ̰̄ « chose »

mū « aller »

- Le ton Bas [B]

tì « buffle »

22
tɩ̀ « essayer »

tà « mâcher »

klɔ̀ « village »

Le Wobé possède également des tons modulés dont le ton haut bas [H͡B], le ton bas haut [B͡H],
le ton moyen haut [M͡H], le ton moyen bas [M͡B], et le ton moyen bas [B͡M]. Voici des exemples
respectifs de ces cinq tons modulés.

- Pour le ton haut bas [H͡B]

fìê « jeter »

ɡbôɛ « combo »

- Pour le ton bas haut [B͡H]

pṵ̌ « enfler »

pǎ̰ « aide au champ »

- Pour le ton modulé moyen haut [M͡H]

srɛ « natte »

sʋ̰ « poule »

nɔ̰ moment »

- Pour le ton modulé moyen bas [M͡B]

riz »

frɛ « moustique »

- Pour le ton modulé bas moyen [B͡M]

« panthère »

23
ɡb « chien »

1.4.4. Structure syllabique

La syllabe en wobé a toujours une structure ouverte, c’est-à-dire qu’il n’y a jamais de consonne

finale. On a donc trois types de syllabes : V ; CV ; CCV. L’unité lexématique de base en wɛ est

en générale monosyllabique ou dissyllabique et correspond à l’un des schémas suivants : CV ;


CCV ; CVV ; CVCV ; CCVV.

24
2. RESULTATS

L’observation du corpus a permis de voir que la formulation des proverbes Wobé se présente
sous deux formes. D’un côté les proverbes à énoncés simples et d’un autre coté les proverbes à
énoncés complexes. La présente partie montre l’analyse de tous ces énoncés.

2.1. Formes des proverbes

La plupart des proverbes Wobé sont des énoncés complexes. Cependant, il y a quelques énoncés
simples. L’étude de l’énoncé simple consistera à analyser le sujet, le prédicat et l’argument qui
le compose. De plus, ces énoncés simples sont soient à la forme affirmative, soient à la forme
négative. Et l’aspect est en général habituel.

2.1.1. Enoncés proverbiaux simples

L’énoncé selon Saussure est employé souvent avec le même contenu que la phrase. Il désigne
tout fragment de discours qui, dans l’esprit du locuteur, forme un sens et est inscrit dans une
situation particulière. La phrase, elle, souvent définie sur la base de critères orthographique
n’est pas la simple juxtaposition d’unités significatives mais une suite d’unités combinées selon
des règles propre à une langue et exprimant une certaine expérience. Les lignes suivantes
présentes donc l’énoncé proverbial comme phrase.

2.1.1.1. Phrases simples non verbales

C’est un énoncé dans lequel le rôle de noyau central ou de prédicat est assumé par une unité qui
relève d’une classe autre que celle des verbes. Pour Enger (1989 :179) la phrase est une
construction syntaxique comportant un seul prédicat et pouvant constituer un énoncé complet.

2.1.1.1.1. Phrases simples comparatives

Dans l’énoncé non verbal comparatif la fonction prédicative est assurée par un adjectif de
comparaison à particule.

Le sujet de la phrase simple non verbale comparatif renvoie à un référent. Ce nom peut désigner
un état ou un processus.

25
Dans l’énonce 1, on compare deux états. Le premier en position initiale /ɲrɔ̰̰́ ɡbàú / « mauvaise

femme » et le deuxième /ɡbu̍ ɡbàú/ « maison en ruine ». Le comparatif à particule /páɛ̀nɩ̰ ̰́ pêe/

« mieux que » en position médiane et finale de l’énoncé, encadre le deuxième élément comparé.

1) [ɲrɔ̰̰́ ɡbàú páɛ̀nɩ̰ ̰́ ɡbu̍ ɡbàú pêe]

Femme gâter mieux maison gâter que

« Une mauvaise femme est mieux qu’une maison gâtée. »


« La mauvaise femme est mieux qu’une maison en ruine. »

Dans l’énoncé 2, on compare un état à un processus. L’état est en position initiale /tɔ̰̰́tɔ̰̰́u
nìa̰ ̰́ /« être bête » et le processus /jé pa̰ ̰́ klɔ̰́ múa̰ ̀ / « aller à Bangolo » au centre du comparatif à
particule / pá sí/ « plus mieux que » qui l’encadre.

2) [tɔ̰̰́tɔ̰̰́u nìa̰ ̰́ pá jé pa̰ ̰́ klɔ̰́ múa̰ ̀ sí]

Bête être. Acc mieux loc. loin-village aller plus-que

« Être bête est plus mieux qu’aller dans un village lointain (Bangolo). »

« Accepter de se fait du tort vaut mieux qu’aller à Bangolo. »

Au regard de l’analyse ci-dessus, il ressort que les énoncés non verbaux comparatifs ont les
structures suivantes :

- N + Adj + Comp1 + N + Adj + Comp2


- N + Adj + Comp1 + loc.N + Comp2.

L’énoncé comparatif à particule se présente sous deux formes. Lorsqu’on compare deux états

on a [páɛ̀nɩ̰ …
̰́ pêe] et quand on compare un état à un possessif on a [pá…sí].

- Etat1 + Comp1 + Etat 2 + Comp2


- Etat1 + Comp1 + Processus + Comp2.

26
2.1.1.1.2. Phrases simples idiomatiques

Une expression idiomatique est une construction particulière à une langue, qui porte un sens
par son tout et non par chacun des mots qui la composent.

Les énoncés proverbiaux 3 et 4 sont des expressions idiomatiques car l’ensemble des syntagmes
laisse comprendre qu’il y a dans le sens un verbe prédicat.

Dans l’énoncé 3, on a le substantif /ɡbe/ « chien » et son complément /bɔ̀ féetí/ « manière de

s’asseoir » qui sont reliés pas un pronom négatif possessif /ǎ/. Dans l’ensemble du sens de ces
syntagmes on a le verbe « changer ».

3) [ɡbe ǎ bɔ̀ féetí]

Chien Poss.Nég manière s’asseoir

« Le chien ne changer pas sa manière de s’asseoir. »

« L’habitude d’un homme surgit toujours. »

Dans l’énoncé 4, on a le substantif /blǔ/ « terre » et /pō̰ ɲɔ̰̰́ srɛ̰́jī/ « pouvoir homme mensonge »

qui sont reliés par un pronom négatif /ɛ̌/. Dans l’ensemble du sens de ces syntagmes on a le

sens de « pouvoir mentir à l’homme ».

4) [blǔ ɛ̌ pō̰ ɲɔ̰̰́ srɛ̰́jī]

Terre 3Sg.Nég pouvoir homme mensonge

« La terre, elle ne peut mentir à l’homme. »

« La terre ne ment pas. »

De ce qui précède, on élabore les structures suivantes :

- N + Poss.Nég + Compl (N + V)
- N + + Pron.Nég + (V + N + N)

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2.1.1.1.3. Phrases simples copulatives

L’énoncé copulatif est un énoncé formé avec un verbe copule /blè/ « avoir » et /nɩ̰ ̰́/ « être ».

Les énoncés 5 et 6 présentent des énoncés avec une copule.

En 5, on a deux substantifs /tɔ̌/ « sagesse » et /ɲɔ̰̰́/ « homme » reliés par la copule /blè/ « avoir ».

5) [tɔ̌ blè ɲɔ̰̰́]

Sagesse Cop.avoir homme

« L’homme sage gouverne. »

En 6, on a deux substantifs possessifs /ā̰ sʋ̰ / « ma main » et /a̰ ɲɔ̰̰́/ « mon parent » reliés par la

copule /nɩ̰ ̰́/ « être ».

6) [ā̰ sʋ̰ nɩ̰ ̰́ a̰ ɲɔ̰̰́]

Ma main Cop.Être Poss.1.Sg homme

« C’est ma main qui est mon parent. »


« On est jamais si bien servi que par soi-même. »

L’analyse ci-dessus montre que les énoncés copulatifs ont les structures suivantes :

- N + Cop + N
- Poss + N + Cop + Poss + N

On peut retenir que les énoncés simples non verbaux sont de structures suivantes :

- N + Adj + Comp1 + N + Adj + Comp2


- N + Adj + Comp1 + loc.N + Comp2
- N + Poss.Nég + Compl (N + V)
- N + + Pron.Nég + (V + N + N)
- N + Cop + N
- Poss + N + Cop + Poss + N

Ces structures montrent que les énoncés non verbaux simples se formulent par l’utilisation de
la comparaison, par les idiotismes et par l’utilisation de copule.

28
2.1.1.2. Phrases simples verbales

La phrase verbale est un énoncé où le rôle de noyau syntaxique ou de prédicat est assumé par
un verbe. Elle est composée d’un sujet, d’un verbe et d’un d’objet.

2.1.1.2.1. Phrases simples verbales avec un argument

L’énoncé simple avec un argument est l’énoncé dans lequel le verbe admet un argument qui est
soit en fonction de sujet soit en fonction d’objet.

Les énoncés 7, 8 et 9 présentent des phrases simples avec un argument.

En 7, l’énoncé n’a pas de sujet mais à un argument objet en position finale /wlú/ « parole ».

7) [nmɛ́ɛ wlú]

Ranger parole

« Tout n’est pas à dire. »

« Il faut réfléchir avant de parler. »

Le verbe prédicat à l’impératif /nmɛ́ɛ/ « ranger » est en position initiale qui indique une

subjection. On a ici VO = V + N.

En 8, le sujet est un pronom possessif /nɛ̰̌ ɛ/ « le tien ».

8) [nɛ̰̌ ɛ̰ ɟià nɩ]̰́

Poss.2Sg venir.Fut. cop.être

« Pour toi viendra»

« Chacun a son tour »

Le prédicat verbal au futur /ɟià/ « viendra » est en position médiane suivie d’une copule en
position finale /nɩ̰́/ « être ». Ce prédicat indique un fait habituel ou un constat. On a :

- SV = N + V + Cop.

29
En 9, le sujet est un pronom personnel réciproque /a̰ cɛ/ « toi-même » en position médiane
précédé d’un morphème de négation /sé/.

9) [sé a̰ cɛ ɟé]
Nég 2Sg soi-même voir
« Tu ne te vois pas toi-même. »

« L’homme est taupe avec lui-même mais lynx envers les autres. »

Le verbe prédicat /ɟé/ « voir » est en position finale de l’énoncé et indique un fait habituel. La
structure est SV = Nég + Pron + V.

De ce qui précède, il ressort que les énoncés simples verbaux avec un argument ont les
structures VO et SV. En voici les schèmes :

- V+N
- N + V + Cop.
- Nég + Pron + V.

2.1.1.2.2. Phrases simples verbales avec deux arguments

La phrase simple verbale avec deux arguments est l’énoncé dans lequel le prédicat admet
deux arguments. L’un peut être en fonction de sujet et l’autre en fonction d’objet.

En 10, le sujet est un substantif, on a /ɲɔ̰̰́blèí/ « leader ». Le sujet est suivie du pronom négatif
/ɔ̌/ « 3.Sg. Nég » qui est sa pronominalisation. On parle de diathèse active car on a une
instance sur le sujet.

10) [ɲɔ̰̰́blèí ɔ̌ ɟiɛ̌ ɗɓà mʋ̰́]

Leader 3Sg.Nég préférer même corps.

« Le leader, il n’a pas de préférence. »


« Le leader ne fait pas de discrimination. »

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Le verbe prédicat /ɟiɛ̌/ « préférer » est en position médiane entre le pronom négatif /ɔ̌/ « 3.Sg.
Nég » et son argument objet /ɗɓà mʋ̰́/ « même corps », il indique un fait habituel. On a la
structure suivante : SVO = N + Pron.Nég + V + Compl + N.

En 11, le sujet est un pronom personnel /ɩ̰ /̰́ « tu ». Il est en position médiane entre le verbe
/bɛɛ/ « pouvoir » et l’argument objet /kɛ̰ blé/ « avoir raison ». Cet argument objet est suivi

d’un complément circonstanciel de temps /wḭ̍ òwḭ̍ / « toujours ».

11) [sé bɛɛ ɩ̰ ̰́ kɛ̰ blé wḭ̍ òwḭ̍ ]

Nég pouvoir 2Sg raison avoir toujours

« Tu ne peux pas toujours avoir raison. »


« Un sage trouve toujours un autre sage. »

Le verbe prédicat /bɛɛ/ « pouvoir » vient avant le sujet /ɩ̰ /̰́ « tu » et est précédé d’un morphème
de négation /sé/, il indique un constat. On a : VSO = Nég + V + Pron + N + Cop + Compl.

Cette analyse de l’énoncé simple contenant deux arguments laisse paraître les structures SVO
et VSO de schèmes suivants :

- N + Pron.Nég + V + Compl + N
- Nég + V + Pron + N + Cop + Compl

A partir de ces structures, on remarque que les énoncés simples verbaux contenant deux
arguments se formulent à l’aspect habituel avec l’utilisation de copule et avec l’utilisation de
la diathèse active. De plus, elles sont à la forme négative mais cette négation se présente de
deux manières. Soit elle est marquée par le morphème de négation /sé/, soit elle est au niveau
tonale notamment le ton modulé bas-haut sur le pronom /ɔ̌/ « 3.Sg Nég ».

Conclusion partielle

Les énoncés proverbiaux simples non verbaux se caractérisent par les structures suivantes :

- N + Adj + Comp1 + N + Adj + Comp2


- N + Adj + Comp1 + loc.N + Comp2
- N + Poss.Nég + Compl (N + V)

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- N + + Pron.Nég + (V + N + N)
- N + Cop + N
- Poss + N + Cop + Poss + N

Et les énoncés proverbiaux simples verbaux se caractérisent par les structures suivantes :

- SV et VO pour les phrases simples avec un argument.


- SVO et VSO pour les phrases simples avec deux arguments.

Les structures formelles de l’ensemble des énoncés proverbiaux simples on montrer que : les
proverbes simples se formulent avec l’utilisation de la comparaison, avec l’utilisation d’une
copule, avec l’utilisation d’une diathèse active lorsque l’insistance est faite sur le sujet de
l’énoncé simple. Ensuite, elles relèvent de l’aspect habituel lorsqu’il s’agit d’un constat ou de
l’impératif lorsqu’il s’agit d’une suggestion. Enfin, l’énoncé simple est soit à la forme
affirmative soit à la forme négative. Et la négation peut être marquée par un morphème de
négation ou peut être au niveau tonal dans l’énoncé simple.

2.1.2. Enoncés proverbiaux complexes

D’après Brouh (2015), On appelle phrase complexe un énoncé qui s’exprime en deux ou
plusieurs propositions diversement agencées et comporte deux ou plusieurs verbes exerçant la
fonction verbale. L’étude des énoncés complexes est faite selon la notion de proposition qui est
diversement interprétée dans cette partie. Le corpus montre des phrases complexes comportant
des propositions indépendantes, des propositions hypothétiques, des propositions temporelles,
des propositions clivées et des propositions parataxes.

2.1.2.1. Les Phrases complexes composées de propositions indépendantes

La proposition indépendante est un énoncé autonome, ne dépendant d’aucune autre et dont


aucune autre ne dépend.

Les énoncés en 12, 13, 14 sont des phrases complexes comportant une conjonction de
coordination.

La première (12.a) comporte deux propositions indépendantes (12.b) et (12.c) reliées par une
conjonction de coordination /wé/ « et » servant à marquer une succession.

32
12) a. [ɔ̰́ ná̰̰ tò wé ɔ̰́ ná̰̰ sɔ̰̰́ɔ̰]

3.Sg dire un et 3.Sg dire deux

« On dit un et on dit deux. »

« Il ne faut pas sauter les étapes de la vie. »

b. [ɔ̰́ ná̰̰ tò]

/ɔ̰́/on + /ná̰̰/dire + /tò/un

On dit un.

c. [wé ɔ̰́ ná̰̰ sɔ̰̰́ɔ̰]

/wé/et + /ɔ̰́/on + /ná̰̰/dire + /sɔ̰̰́ɔ̰/

Et on dit deux.

La deuxième (13.a) comporte également deux propositions indépendantes. Dont la première


proposition est (13.b) et la deuxième est (13.c). Elles sont reliées par un adverbe de négation

/wā̰/ « jamais » pris ici comme une conjonction permettant de marquer une opposition.

Contrairement à la première dont la conjonction est positionnée entre les deux propositions
indépendantes, la conjonction de coordination ici est antéposée au verbe /sā/ « enlever » de la
deuxième proposition indépendante (13.c).

13) a. [tū wē sā wɛ̰̀ɩ̰̰́ nɩ̰ ̰́ kàjró kè kaó wā sā wɛ̰̀ɩ̰]̰́

Bois tous Enlever feuille Insist. Raphia avec Palmier jamais enlever feuilles

« Tous les arbres perdent les feuilles, mais jamais le raphia et le palmier. »

« Il y a une exception à toutes règles. »

33
b. [tū wē sā wɛ̰̀ɩ̰̰́ nɩ̰ ]̰́

/tū/bois + /wē/tous + /sā/enlever + /wɛ̰̀ɩ̰̰́/feuilles + / nɩ̰ /̰́ Insist.

« Tous les arbres perdent des feuilles. »

c. [kàjró kè kaó wā sā wɛ̰̀ɩ̰̰́]

/kàjró/raphia + /kè/avec + /kaó/palmier + /wā/jamais /sā/enlever + /wɛ̰̀ɩ̰̰́/feuilles

Jamais le raphia et le palmier ne perdent les feuilles.

La troisième comme la première à sa conjonction de coordination /mɛ̀/ « mais », entre ces deux

propositions indépendantes. La première proposition indépendante est (14.b) et la deuxième


est (14.c). Elle marque une cause.

14) a. [ɲɔ̰̰́ sē ɡbe mṵɲɛ̰̰́ mɛ̀ ɡbea ní té sɷ̰̀ mɛ̀ nùɛ́]

Homme Nég chien haïr mais chien.Poss Cop.être asseoir manière qui faire

« L’on ne haït pas le chien, mais c’est sa manière de s’asseoir qui fait que l’on le chasse. »

« Le rejet d’un individu par une communauté donnée dépend de son comportement. »

b. [ɲɔ̰̰́ sē ɡbe mṵɲɛ̰̰́]

/ɲɔ̰̰́/homme + /sē/Nég + /ɡbe/chien + /mṵɲɛ̰̰́/haïr

« L’homme ne hait pas le chien. »

c. [mɛ̀ ɡbea ní té sɷ̰̀ mɛ̀ nùɛ̰́]

/mɛ̀/mais + /ɡbea/chien + /ní/être + /té/asseoir + /sɷ̰̀/manière + /mɛ̀/qui + /nùɛ̰́/faire

« Mais c’est à cause de sa manière de s’asseoir. »

34
On note que /wé/ « et », /wā/ « jamais » et /mɛ̀/ « mais » sont des conjonctions de coordinations

qui permettent de relier les propositions indépendantes. La première /wé/ marque une

succession, la deuxième /wā/ marque une opposition et la troisième /mɛ̀/ marque une cause.

2.1.2.2. Les phrases complexes contenant une proposition clivée

Pour Vahoua (2015) la proposition clivée est une proposition introduite par un morphème clivé
ou un morphème présentatif qui sert à désigner ou à présenter une chose ou une personne.

Les énoncés 15 et 16 présentent des phrases complexes comportant chacune une proposition
clivée.

Dans l’énoncé (15.a) on voit que la proposition clivée (15.c) est introduite par le morphème

présentatif /ɛ́mɛ/ « c’est lui» spécifique à de la classe non humaine car ici elle renvoie à /nàwɛ̰́/

« oiseau ». Ce morphème présente une expérience.

15) a. [nàwɛ̰́ bléa srɛ̰́ ɛ́mɛ pō jrɷ̌ jé wā wɛ̰í]

Oiseau avoir ruse c’est lui construire nid loc. route en bordure

« Un oiseau rusé fait son nid en bordure de route. »

« La chance sourit aux audacieux. »

b. [nàwɛ̰́ bléa srɛ̰́]

/ nàwɛ̰́/oiseau + /bléa/avoir + /srɛ̰́/ ruse

« L’oiseau rusé. »

c. [mɛ pō jrɷ̌ jé wā wɛ̰í]

/ɛ́mɛ/c’est lui + /pō/construire + /jrɷ̌/nid + /jé/ loc. + /wā/route + /wɛ̰í/ en bordure

« C’est lui qui construire son nid en bordure de route. »

35
Dans l’énoncé (16.a) on remarque une proposition clivée en (16.c) introduite par le morphème
présentatif /ɔ̰́mɔ̰̀/ « c’est lui » de la classe humaine car elle renvoie à un être humain /ɲɔ̰̰́/
« homme ». Ce morphème permet de montrer une personne de référence.

16) a. [ɲɔ̰̰́ ɟùá sɛ̰̍ nɛ̰̰́ ɔ̰́mɔ̰̀ ɔ̰̀ tó sɛ̰̍ jī]

Homme connaitre or Insist. c’est lui on montrer or ça

« C’est à celui qui connait l’or qu’on montre l’or. »

« On ne présente l’or qu’à celui qui sait le reconnaître. »

b. [ɲɔ̰̰́ ɟùá sɛ̰̍ nɛ̰̰́]

/ɲɔ̰̰́/homme + /ɟùá/connaitre + /sɛ̰̍/or + /nɛ̰̰́/Insist.

« L’homme qui connait l’or. »

c. [ɔ̰́mɔ̰̀ ɔ̰̀ tó sɛ̰̍ jī]

/ɔ̰́mɔ̰̀/c’est lui + /ɔ̰̀/on + /tó/montrer + /sɛ̰̍/or + /jī/ça

« C’est à lui qu’on montre l’or. »

Au regard de ces énoncés ci-dessus, on note que /ɛ́mɛ/ « c’est lui » et /ɔ̰́mɔ̰̀/ « c’est lui » sont

des morphèmes clivés servant à désigner un être vivant. Mais /ɛ́mɛ/ est utilisé pour la classe

non humaine et /ɔ̰́mɔ̰̀/ est utilisée pour la classe humaine. Ces présentatifs servent à désigner
quelqu’un ou une expérience.

2.1.2.2. Phrases complexes avec une hypothétique

Pour Adou (2018) dans les phrases complexes hypothétiques, les propositions entretiennent
une relation de dépendance, l’une principale par rapport à l’autre qui est la proposition
subordonnée car la construction hypothétique est celle qui énumère une condition.

36
Les énoncés (17.a) et (18.a) présentent des phrases complexes avec une hypothétique. Elles
sont introduites par une conjonction de subordination /pò/ « si » qui exprime une condition.

17) a. [pò kē sɩ̰ ̰́ dí jɩ nà̰ wɛ níɛ̰ sɩ̰ ̰́ dí jɩ]

Si avec mensonge manger Insist. marcher Interj. Cop. Être mensonge manger Insist.

« Si on marche avec celui qui mange le mensonge, on n’est menteur. »

« Celui qui marche avec un menteur est un menteur. »

18) a. [pò plé bɩ̰́ wɛ à̰ kpaɛ̰́ cí wɔ̰̰́]

Si fuir hyène Interj. 2.Sg tomber panthère bouche

« Si tu fuis l’hyène, tu tombes dans la bouche de la panthère. »

« Si tu as peur de l’hyène tu tombes dans la gueule de la panthère »

« Qui refuse de la petite honte trouve la grande honte »

Dans leurs constructions hypothétiques, ces énoncés complexes ont toujours la proposition
subordonnée hypothétique en position initial (17.b) et (18.b) survie de la proposition principale
en (17.c) et (18.c).

17) b. [pò kē sɩ̰ ̰́ dí jɩ nà̰ wɛ]

/pò/si + /kē/ avec+ /sí/ mensonge + /dí/ manger + /jī/ Insist. + /nà/ marcher + /wɛ/ interj.

« Si (tu/on) marche (s) avec un menteur »

17) c. [níɛ̰ sɩ̰ ̰́ dí jɩ]

/níɛ être + /sí/ mensonge +/dí/ manger + /jī/ Insist.

« Est menteur »

37
18.b) [pò plé bɩ̰́ wɛ]

/pò/si + /plé/ fuir + /bɩ̰́/ hyène + /wɛ/ insist.

« Si tu fuis l’hyène. »

18.c) [à̰ kpaɛ̰́ cí wɔ̰̰́]

/á/ tu + /kpaɛ̰́/ tomber + /cí/ panthère + /wɔ́/

« Tu tombes dans la bouche de la panthère. »

En somme, l’énoncé complexe hypothétique se construire en deux propositions. La première


est la proposition subordonnée introduite par la conjonction de subordination /pò/ « si », en
position initial suivie de la proposition principale.

2.1.2.3. Phrases complexes contenant une temporelle

La proposition temporelle est une proposition introduite par une conjonction de subordination
qui exprime la simultanéité dans le temps.

Les énoncés (19.a) et (20.a) présentent des phrases complexes temporelles introduites par la

conjonction de subordination /pò/ « quand ».

19.a) [pò blaó jē ma̰wɛ̀ ɛ̰́ ma̰ jḛ̄ blǔ mù]

Quand termitière Insist. sécher.là 3.Sg sécher loc. terre dedans

« Quand la termitière sèche elle devient la terre ».

20.a) [pò jú flǔ ɔ̰́ sjɛ̌ ɔ̰́ ɗéa pɛ̰́ na̀]

Quand enfant grossir 3Sg rester.Nég Poss.3Sg mère.Gén coucher loc.(dortoir)

« Quand l’enfant grossir, il reste chez sa mère. »

38
Dans leurs constructions temporelles, ces énoncés complexes ont également la proposition
subordonnée temporelle en position initiale (19.b) et (20.b), suivie de la proposition principale
en (19.c) et (20.c).

19.b) [pò blaójē ma̰wɛ̀]

/pò/ quand + /blaó/ termitière + /jē/ Insist. + /ma̰̄wɛ̀/ secher.là

« quand la termitière sèche »

19.c) [ɛ̰́ ma̰ jē blǔ mù]

/ɛ̰́/ 3e Sg + /ma̰/ sécher /jē/ Acc. + /blǔ/ terre + /mù/ dedans

« Elle sèche dans la terre et devient la terre. »

20.b) [pò jú flǔ]

/pò/ quand + /jú/ enfant + /flǔ/ grossir

« quand l’enfant grossit »

20.c) [ɔ̰́ sjɛ̌ ɔ̰́ ɗéa pɛ̰̰́ na̀]

/ɔ̰́/ 3.Sg + /sjɛ̌/ rester + /ɔ̰́/ Poss.3.Sg + /ɗéa/ mère. Gén. + /pɛ̰̰́/coucher + /na́/ loc.

« Il reste chez sa mère là où elle se couche. »

Tout comme la proposition hypothétique, la proposition temporelle se formule avec une

proposition subordonnée en position initiale introduite par la conjonction de subordination /pò/

« quand » qui est ensuite suivie de la proposition principale.

39
2.1.2.4. Phrases complexes montrant des parataxes

Les énoncés proverbiaux en forme de parataxe juxtaposent deux propositions sans toutefois
expliciter par une particule de subordination ou de coordination, le rapport de dépendance
existant entre eux.

Les énoncés (21.a) et (22.a) présentent des phrases complexes en forme de parataxe. Elles
comportent chacune deux propositions juxtaposées.

21.a) [cɩ̰́ ā wlɛ̰́ cɩ̰́ ɛ̌ wlú kɔ̀kpà]

Panthère Poss. engendrer panthère 3.Sg Nég engendrer biche

« La panthère engendre la panthère, elle n’engendre pas la biche. »

« Les chiens ne font pas les chats. »

On a les propositions juxtaposées sont (21.b) et (21.c).

21.b) [cɩ̰́ ā wlɛ̰́ cɩ̰́]

/cɩ/̰́ panthère + /ā/ Décl. + /wlɛ̰́/engendrer + /cɩ/̰́ panthère

« La panthère engendre la panthère. »

21.c) [ɛ̌ wlú kɔ̀kpà]

/ɛ̌/elle.Nég + /wlú/engendrer + /kɔ̀kpà/biche

« Elle n’engendre pas la biche. »

22.a) [ɲɔ̰̰́ sē bòá blé ɔ̌ dí klɔ̰́a dì nmí]

Homme Nég papa avoir 3Sg.Nég manger forêt de viande

« Celui qui n’a pas de père ne mange pas la viande de brousse. »

« L’orphelin se contente de ce qu’on lui donne. »

40
Ici les propositions juxtaposées sont 22.b et 22.c.

22.b) [ɲɔ̰̰́ sē bòá blé]

/ ɲɔ̰̰́/homme + /sē/Nég + /bòá/papa + /blé/avoir

« Celui qui n’a pas de père. »

22.c) [ɔ̌ dí klɔ̰́a dì nmí]

/ɔ̌/3.Sg + /dí/manger + /dì/de + /nmí/viande

« Il ne mange pas la viande de brousse. »

On peut retenir que les énoncés complexes parataxes se formulent avec deux propositions
juxtaposées.

Conclusion partielle

Au terme de l’analyse des énoncées proverbiaux complexes, on déduit que :

- les phrases complexes composées de propositions indépendantes sont coordonnées par les

conjonctions de coordinations /wé/ « et », /wā/ « jamais » et /mɛ̀/ « mais ». Celles-ci permettent

de marquer la succession, l’opposition et la cause ;

- les phrases complexes contenant des propositions clivées se formulent avec les morphèmes

clivés /ɛ́mɛ/ « c’est lui » et /ɔ̰́mɔ̰̀/ « c’est lui ». Lorsqu’on utilise /ɛ́mɛ/ c’est pour désigner une

classe non humaine. Et lorsqu’on utilise /ɔ̰́mɔ̰̀/ c’est pour désigner une classe humaine. Ces
morphèmes présentent une expérience et une personne ;

- les énoncés complexes hypothétiques et temporels se construisent en deux propositions. La


première est la proposition subordonnée et la deuxième qui la suit est la proposition principale.
La proposition hypothétique et la proposition temporelle sont toujours en position initiale

introduite par la conjonction de subordination /pò/ : « si » et « quand ».

- les complexes parataxes sont composées de deux propositions juxtaposées.

41
2.2. Les valeurs des proverbes

Dans cette partie, nous allons effectuer une tentative d’interprétation pragmatico-culturelle
représentative des 53 proverbes de notre corpus afin de savoir les conditions d’emploi de ceux-
ci. Mais, il convient de rappeler que dans la pratique, un proverbe peut être évoqué dans
plusieurs contextes selon la vision de l’énonciateur.

Les valeurs sont considérées comme des variables latentes, qui ne sont pas directement
observables mais qui se manifestent à partir de nos perceptions, nos attitudes, nos choix, nos
comportements, nos jugements et nos actions. Elles peuvent être définies comme des
motivations trans-situationnelles, organisées hiérarchiquement, qui guident la vie.

Les valeurs de l’ensemble des proverbes sont d’un premier niveau et d’un second niveau
d’interprétation. Les valeurs de premier niveau sont celles qu’on trouve toujours à travers les
proverbes et les valeurs de second niveau sont celles qu’on ne trouve pas dans tous les
proverbes.

2.2.1. Les valeurs de premier niveau

Les valeurs de premier niveau sont d’ordres expressifs, rhétoriques, éthiques et didactiques.

2.2.1.1. Valeur expressive

Dans leurs expressions, les proverbes wobé utilisent des images tels que le rat, le singe, le
chien, l’oiseau, l’hyène, la panthère, la biche, l’eau, le soleil, la terre, la termitière etc. Ces
images dans les proverbes wobé s’adaptent à diverses situations auxquelles participent les
membres de la communauté. Les proverbes ci-dessous sont des illustrations.

Le proverbe 23 utilise l’image de l’eau pour représenter une épreuve de la vie et l’image du
tapioca pour représenter une victoire.

23) [ní lùénɩ̰ ̰́ a̰ tò jě kpá̰̰ nṵ̀]

Eau quitter. ACC Poss.1Plur. tapioca Fut. Boule Faire.Acc

« L’eau est quittée, notre tapioca va être solide. »

« L’on est vainqueur lorsqu’un combat est gagné. »

42
Le proverbe 24 utilise l’image du soleil pour illustrer le découragement de l’homme.

24) [jrú wláa má̰̰a̰ ɛ sē pɛ̰]

Soleil verser qui-là 3.Sg Nég coucher

« Le soleil qui est versé là, c’est pas coucher. »

« Il ne faut jamais baisser les bras. »

2.2.1.2. Valeur rhétorique

Le proverbe à la valeur rhétorique car s’exprimer avec le proverbe, c’est raisonner, développer
son esprit critique, c’est fait appel à son intelligence, c’est parler dans un cadre de discussion,
de conversation. Connaître les proverbes augmente la compétence du locuteur wobé, son
efficacité en communication dans la langue et son éloquence. Les proverbes ci-dessous peuvent
être utilisés comme outils d’argumentations lors d’échanges.

Le proverbe 25 permet de convaincre un orphelin à ne pas se comparer aux autres ou pour le


consoler. Il sert à convaincre une personne d’avoir de la compassion pour l’orphelin. On le voit
par l’image de l’orphelin.

25) [ɲɔ̰́ sḛ̄ bòá blé ɔ̌ dí klɔ́a di nmi]

Homme Nég papa avoir 3Sg manger forêt en viande

« Celui qui n’a pas de père ne mange pas la viande de brousse.»

« L’orphelin se contente de ce qu’on lui donne. »

Le proverbe 26 sert de justification du bon ou du mauvais comportement de l’homme. Il sert


également à convaincre une méchante personne ou une personne arrogante à devenir gentille et
humble. Car la vie en société est pleine de surprise. On le voit par l’image de l’huile.

26) [nmí ɛ́ wlú ɛ́ crā̰̰]

Viande 3Sg naitre 3.Sg huile

« L’animal nait gras. »

43
« Tout homme naît bon. »

« L’on identifie un enfant qui est appelé à réussir à travers son comportement. »

Le proverbe 27 sert à convaincre une personne inconsciente ou ignorante à plus faire attention
aux dangers dans la vie. On le voit par l’image du rat.

27) [ɓáò pléà wā wɛ̀í nɛ̰̀ɛ̰̀ ɛ̰́ sē kǔe jé]

Rat palmiste courir route abord Insist. 3Sg Nég danger voir

« Le rat palmiste qui court en bordure de route n’a pas encore vu le danger. »

« La naïveté nous fait aller vers des dangers »

2.2.1.3. Valeur éthique

Le proverbe à valeur éthique renvoi à la moralité liée aux principes de la conduite humaine. En
effet, ce genre de proverbe rappel le mode de vie, les attitudes à adopter.

Le proverbe 28 rappel le principe selon lequel les oiseaux de même plumage volent ensemble
ou le principe qu’on a deux faces sur une pièce d’argent mais il s’agit d’une somme d’argent,
ou tout ce qui est identique est toujours rassemblé. On le voit par l’image du menteur.

28) [pò kē sɩ̰ ̰́ dí jɩ nà̰ wɛ niɛ̰sɩ̰ ̰́ dí jɩ]

si avec mensonge manger Insist. marcher Interj. Cop. Être mensonge manger Insist.

« Si on marche avec celui qui mange le mensonge, on n’est menteur. »

« Qui se ressemble s’assemble. »

Le proverbe 29 rappel la règle selon laquelle L’homme déterminé n’a aucune crainte face aux
difficultés qu’il rencontre. On le perçoit par l’image de la pluie et de la boue.

29) [ɲɔ̰̰́ pòá̰̰ ní nɛ̰ ɔ plée pɔ pèe]

Homme chercher pluie Insist. 3.Sg peur boue Interj.

« Celui qui cherche la pluie n’a pas peur de la boue. »

44
« L’ambitieux affronte toujours les difficultés qui se présente à lui. »

Le proverbe 30 rappel la morale de l’adaptation, il faut savoir s’adapter aux situations de la vie.
On le voit par l’image du maïs.

30) [tá kpɔ̌ɔ pɛ̰̰́ɛ̰ ɛ̰́ mɛ̰̌ ]

Où maïs coucher 3.Sg pousser

« Partout où l’on met le mais, il y pousse. »

« Il faut s’adapter à toutes les situations de la vie. »

2.2.1.4. Valeur didactique

L’enseignement et l’éducation caractérisent les proverbes à valeur didactique. En effet, le


proverbe donne toujours une leçon de vie, il enseigne parfois les choses qu’on ignore.

Le proverbe 31 enseigne que l’état de colère fait prendre de mauvaises décisions, il conseil qu’il
n’est pas bon de prendre des décisions dans la colère. On le voit par l’image du chien.

31) [cɛ̰ mɛ̰̀ɛ̰jéà ɡbe a ɲrḭ ̀ɛ̰̰́ díà]

Ambition manque.Poss chien Poss. Kaka manger.ACC

« C’est le manque d’ambition qui pousse le chien à manger ses sels »

« C’est la colère du chien qui le pousse à manger ses sels. »

« La colère est mauvaise conseillère. »

Le proverbe 32 enseigne qu’il faut être patient et faire les choses dans leur ordre, si on ne veut
pas se trouver dans de mauvaises situations. On le perçoit par l’image du canari et de l’escargot.
32) [ɲɔ̰̰́ sjě blɷ̰́ dewɔ ɔ wā sʋ̌]

Homme rester-Nég canari derrière 3Sg casser escargot

« L’on ne laisse pas le canari derrière soi pour casser l’escargot. »


« L’on ne met pas la charrue avant les bœufs. »

45
Le proverbe 33 enseigne qu’il faut toujours avoir recours à une personne expérimentée dans un
domaine où l’on veut s’engager. On le comprend par l’image de l’homme qui sait reconnaître
l’or.

33) [ɲɔ̰̰́ ɟùá sɛ̰̍ nɛ̰̰́ ɔ̰́mɔ̰̀ ɔ̰̀ tó sɛ̰̍ jī]

Homme connaitre or Insist. c’est lui on montrer or ça

« C’est à celui qui connait l’or qu’on montre l’or. »

« On ne présente que l’on qu’à celui qui sait la reconnaître. »

Le proverbe 34 enseigne qu’il faut affronter les difficultés si elles se présentent. Car lorsqu’on
refuse d’affronter les problèmes, elles ne disparaissent pas mais deviennent plus graves. Ceci
est perçu par l’image de l’hyène et de la gueule de la panthère.

34) [pò plé bɩ̰́ wɛ à̰ kpaɛ̰́ cí wɔ̰̰́]

Si fuir hyène Insist. 2.Sg tomber panthère bouche

« Si tu fuis l’hyène, tu tombes dans la gueule de la panthère. »

« Si on fuit les petites difficultés on rencontre une grande difficulté. »

Le proverbe 35 éduque au respect d’autrui. Car un homme quel que soit son évolution ou son
statut social se doit de toujours accorder du respect aux autres. On le voit par l’image de la
grosseur du bébé. Ce proverbe éduque également l’enfant à laisser ses mauvaises habitudes en
famille. On le voit par l’image du dortoir de la mère.

(35) [pò jú flǔ ɔ́ sjɛ̌ ɔ̌ ɗéa pɛ̰ na]

Quand enfant grossir 3Sg rester.Nég Poss.3Sg mère.Gén coucher loc.(dortoir)

« Quand l’enfant grossir, il reste chez sa mère. »

« Quelle que soit la grosseur du bébé, il y a toujours de la place pour sa mère. » (impolitesse)

46
Le proverbe 36 enseigne la gratitude et la sagesse tout en montrant la cause de l’ingratitude de
l’être humain. On le voit par l’image du manque de sagesse.

36) [sē tɔ̌ dì nɩ̰ ̰́ á̰̰ ɟùo ɲṵ̰́]

Nég sagesse vendre cop.être 2.Sg connaitre homme.Plur

« Tu n’as pas la sagesse dans ton ventre, tu ne reconnais pas le bienfait des hommes. »

« Les hommes ne sont pas reconnaissants par manque de sagesse. »

Le proverbe 37 enseigne qu’il faut toujours poser des actes positifs envers l’autre peu importe
l’ingratitude de celui-ci. On le voit par l’image du bec de poulet.

37) [sʋ́ dí a̰ dɛ̰́ wé ɛ̰́ crǐa kɛ̀ nɩ̰ ̰́]

Poulet manger.Acc 2SgPoss. Chose et 3Sg traîner bec cop.être

« Le poulet traine son bec à terre après avoir picoré ta nourriture. »

« L’homme n’est jamais reconnaissant du bienfait qui lui est rendu. »

Ces proverbes didactiques enseignement la bonne prise de décision, la patience, les bonnes
conduites, l’expérience, le respect, la sagesse, la gratitude et le bienfait. Ils servent de conseils.

2.2.2. Les valeurs de second niveau

Les valeurs de second niveau sont d’ordres psychologiques, économiques, sociales et


historiques.

2.2.2.1. Valeur psychologique

Le proverbe à valeur psychologique vise à agir sur le mental et à modifier le comportement de


celui à l’endroit de qui il est proféré. En effet, on trouve souvent en pays wobé comme partout
ailleurs dans le monde des individus dont le comportement laisse à désirer. C’est pour amener
ce genre de personnes à changer que l’on fait usage de proverbe à valeur psychologique.

47
Le proverbe 38 est proféré à l’endroit d’un guide pour l’amener à surpasser ses sentiments afin
de conduire son peuple avec lucidité.

38) [tʋ̀ kwɛ̀ jɩ ɔ́ jě ɲjɔ̰̰́ cra̰̍ ]

Guerre finir Insist. 3Sg voir homme huile

« Celui qui veut finir la guerre ne voit pas la graisse de l’homme. »

« Un leader doit faire fi de ses émotions. »

Le proverbe 39 est proféré à l’endroit des personnes commères pour les amener à laisser leurs
mauvaises attitudes.

39) [sé a̰ cɛ ɟé]

Nég 2Sg soi-même voir

« Tu ne te vois pas toi-même »


« L’homme est top avec lui-même mais lynche envers les autres »

2.2.2.2. Valeur économique

Les proverbes ci-dessous ont des valeurs économiques car ils encouragent au travail et à
l’autonomie. En effet, lorsque ce genre de proverbe est proféré on voit toute suite un impact
psychologique sur la personne, mais lorsque cette personne se met au travail et arrive à se
réaliser en ce moment le proverbe est un moteur d’encouragement au travail.

Le proverbe 40 est utilisé pour encourager au travail. Car on l’emploie pour conseiller une
personne paresseuse afin de l’amener à être travailleur. On le comprend par l’exemple du travail
non accompli.

40) [ɗɓó ɲɔ́ sēa nù ɲɔ́ dì ɛ́dɛ́]

Travail homme Nég. Innac faire homme manger chose

« On ne peut manger le fruit du travail non accompli »

« On moissonne quand on sème »

48
Le proverbe 41 est employé pour encourager une personne à l’autonomie. On le perçoit par
l’image de la calebasse vide, on invite celui qui se réaliser et être responsable à lui-même se
donner les moyens.

41) [má̰̰a̰ sē á̰̰ pɛ̰́ ɛ̰́ bléɛ cɛ̀ɛ kàó]

Je Nég. Poss. calebasse il avoir couper palmier

« Celui qui ne veut pas avoir sa calebasse vide se doit de couper le palmier »

« Si tu veux le luxe trouve-toi les moyens »

Le proverbe 42 est utilisé afin d’amener une personne à aimer l’effort personnel afin d’être
autonome. On le voit par l’image de la main sous la pluie.

42) [ɲɔ̰́ tòá sʋ̰̄ ní mṵ̰̄ ɔ́mɔ̰̰̄ ní ɗɓà]

Homme tendre main eau sous c’est lui eau mouiller

« C’est celui qui met sa main sous la pluie qui est mouillé »

« Qui cherche trouve. »

Le proverbe 43 est utilisé pour encourager une personne qui a par exemple une entreprise à être
le témoin de ces activités. C'est-à-dire qu’il encourage à être soi-même au parfum des choses
donc à être autonome. On le voit par l’image du bois envoyer dans un trou.

43) [tṵ kpá ɓí dì ɛ́mɛ̰ pǒ ɩ̰ srɛ̰́jī]

Bois envoyer trou dans c’est lui pouvoir 1Sg mensonge

« C’est le bois que tu mets dans le trou qui peut te mentir, mais ta main ne peut jamais te
mentir »
« L’homme est le seul vraie témoin de ce qui lui est arrivé. »

49
2.2.2.3. Valeur sociale

Le proverbe à valeur sociale appelle à l’unité, à la solidarité, à l’insertion sociale, à la médiation


et à l’équité. Ce genre de proverbe invite des groupes à défendre leurs intérêts communs, à avoir
des liens affectifs et des relations d’entente et de confiance.

Le proverbe 44 incite au vivre ensemble, à l’union et à la solidarité. On le comprend par la


présentation de l’image du fleuve formé par plusieurs rives d’eaux. Pour montrer que l’union
fait la force. Ce proverbe est utilisé pour rappeler qu’il est important de rester solidaire.

44) [ní béàwé ɛ́mɛ̰ nṵ̰́à̰ ɟùɔ̰́]

Eau rassembler c’est lui faire fleuve

« C’est l’assemblage de plusieurs rivières qui forme un fleuve. »

« On est plus fort à plusieurs que tout seul.»

Le proverbe 45 permet la résolution des conflits de couple et la promotion de l’acceptation


mutuelle. On peut utiliser ce proverbe pour ne pas promouvoir le divorce d’où l’image de la
mauvaise femme et de la maison en ruine.

45) [ɲrɔ̰̰́ ɡbàú páɛ̀nɩ̰ ̰́ ɡbu̍ ɡbàú pêe]

Femme gâter mieux maison gâter Comparatif

« Une mauvaise femme est mieux qu’une maison gâtée. »


« Une mauvaise femme est mieux qu’une maison en ruine. »

Le proverbe 46 incite à l’insertion sociale. Ce proverbe montre qu’il faut adopter un


comportement digne en société afin de faciliter son acceptation. On le voit par l’image de la
façon dont le chien s’asseoir.

46) [ɲɔ̰̰́ sē ɡbe mṵɲɛ̰̰́ mɛ̀ ɡbea ní té sɷ̰̀ mɛ̀ nùɛ́]

Homme Nég. chien haïr mais chien.Poss cop.être asseoir manière qui faire

50
« L’on ne haït pas le chien, mais c’est sa manière de s’asseoir qui fait que l’on le chasse »

« Le rejet d’un individu par une communauté donnée dépend de son comportement »

Le proverbe 47 parle d’insertion sociale car souvent il faut savoir se faire accepter par l’autre
tout en utilisant des moyens utiles. L’image utilisée est la nourriture du poisson au bout de
l’hameçon.

47) [dɛ̰́ smíi ɟùáí ɛ̰́mɛ ɲɔ́ pò kwɛ̰̰́ jrí]

Chose poisson reconnaitre c’est lui homme mettre hameçon visage

« C’est ce que le poisson mange que l’on met sur l’hameçon »

Le proverbe 48 invite le leader à l’humilité et l’équité. Ce proverbe traduit la réalité du chef de


village dans la communauté wobé qui se doit de diriger sans discrimination.

48) [ɲɔ̰̰́ blèí ɔ̌ ɟiɛ̌ ɗɓà mʋ̰́]

Leader 3Sg.Nég préférer même corps.

« Le leader n’a pas de choix »


« Le leader ne fait pas de discrimination »

Le proverbe 49 montre qu’un gouverneur pour diriger se doit d’être humble, équitable et mûre
d’esprit. On le perçoit par l’image de l’homme sage.

49) [tɔ̌ blè ɲɔ̰̰́]

Sagesse posséder homme

« L’homme sage gouverne »

« C’est celui qui est sage qui gouverne »

On retient que les proverbes à valeurs sociales ont des valeurs d’union, de médiation et d’équité.

51
2.2.2.4. Valeur historique

Le proverbe à une valeur historique parce qu’on peut avoir les traces de l’histoire du peuple.

Le proverbe 50 tire sa source de la colonisation car au temps colonial lorsque des personnes
étaient en conflits, ils étaient tous sanctionnés par l’emprisonnement. Lequel se trouvait à
Bangolo qui était désigné comme un village lointain.

50) [tɔ́tɔ́u nìa́ pá jé pa́klɔ̰́ múa̀ sí]

bête être mieux loc. loin-village aller plus-que

« Être bête est plus mieux qu’aller dans un village lointain (Bangolo) »

Conclusion Partielle

L’étude des valeurs de l’ensemble des proverbes qui compose notre corpus, à montrer qu’on
peut les classer les proverbes wobé en deux types. D’une part les valeurs de premier niveau qui
sont :

- les proverbes à valeurs expressives qui s’en tiennent aux images pour rendent compte
de l’expérience du peuple wobé ;
- les proverbes à valeurs rhétoriques qui sont des outils d’argumentations et elles servent
à l’éloquence ;
- les proverbes à valeurs éthiques qui se rapportent à la morale ;
- et les proverbes à valeurs didactiques qui renvoient à l’enseignement et à l’éducation.

D’autre part les valeurs de second niveau. Ce sont :

- les proverbes à valeurs psychologiques qui agissent sur le mental et modifie le


comportement ;
- les proverbes à valeurs économiques qui encouragent au travail et à l’autonomie ;
- les proverbes à valeurs sociales qui appellent à l’unité, à l’insertion sociale, à la
médiation et à l’équité ;
- et les proverbes à valeurs historiques qui relèvent de l’histoire du peuple wobé.

52
3. DISCUSSION

Il s’agit ici de confronter nos résultats aux travaux antérieurs. Cette mise en parallèle utilisera
des études portant sur d’autres langues du monde et consacrées aux proverbes. Cette
discussion s’articulera autour de deux points : la structure et la valeur.

3.1. Sur les structures

Pour Anscombre (1994), certains éléments dans la construction syntaxique d’un énoncé
signalent un proverbe. Il y a le proverbe débutant par une proposition temporelle introduite par
quant dont la principale qui suit montre la conséquence fâcheuse qui en résulte. Et, différents
procédés sont utilisés dans l’énoncé proverbial. Il cite que le futur est rare, et qu’on a emploi
fréquent à l’initiale Du pronom « qui », l’emploi du pronom indéfini « on », l’emploi d’une
proposition négative écartant toute affirmation contraire, l’emploi d’une expression négative.

Pour notre part nous avons observé ces quelques procédés dans les proverbes Wobé tel que
/pò/ « quand » dans le proverbe complexe temporelle, et on a remarqué que l’aspect habituel
est plus utilisé dans les proverbes wobé pour témoigner de leurs constats et de leurs habitudes.
On a également l’utilisation de la forme négative qui écarte toute affirmation possible. De cette
remarque, il en est ressorti que la négation peut être tonal notamment le ton modulé bas-haut

qui est généralement porté par des pronoms. Par exemple /ɔ̌/ « 3.Sg. Nég. » en vraie, il renvoie

le plus souvent à une personne indéfini « on » de même que /ɲɔ́/ « homme ». Nos propos sont

illustrés par les exemples (51) et (52).

51) [pò nmɔ̰̰́ jé ná̰̰wɛ ɛ́ bɔ̀ fíɔ̰]

Quand boisson voir preneur 3Sg action mousser


« Le bandji mousse lorsqu’il trouve preneur »
« Lorsque la boisson doit être bu ces mousses apparaissent.»

53
52) [ɗɓó ɲɔ́ sēa nù ɲɔ́ dì ɛ́dɛ́]

Travail homme Nég. Innac faire homme manger chose

« On ne peut manger le fruit du travail non accompli »

« On moissonne quand on sème »

De plus, nous avons pu constater qu’en wobé dans certaine contexte la conjonction de
subordination /pò/ « si » introduit la proposition hypothétique.

(53) [pò plé bɩ̰́ wɛ à̰ kpaɛ̰́ cí wɔ̰̰́]


Si fuir hyène Insist. 2.Sg tomber panthère bouche
« Si tu fuis l’hyène, tu tombes dans la gueule de la panthère »
« Si on fuit les petites difficultés on rencontre des difficultés plus grandes »»

Anscombre montre que le proverbe est l’ensemble du syntagme présente une structure binaire.
C’est-à-dire construit en deux séquences, sous diverses formes. Premier élément : une situation
donnée. Second élément une conséquence inéluctable, parfois paradoxale. Il va sans dire que
le proverbe complexe se formule en deux propositions.

A cet effet, nous avons pu faire le même constat. Car les proverbes complexes indépendantes,
temporelles, hypothétiques et parataxes ne peuvent se construisent en une seule proposition, il
faut au moins deux propositions. On dira alors que le complexe avec propositions indépendantes
se formule avec deux propositions indépendantes coordonnées. Les complexes temporels et
hypothétiques se composent en proposition subordonné suivie de la proposition principale.

Tecelli, (2016), en parlant des caractéristiques syntaxiques des proverbes relatifs à la femme
en français et en turc, rejoint Kleider (1999), pour qui le proverbe en lui-même est d’une fixité
à celle des noms communs.

Il trouve que le proverbe syntaxiquement est figé, ce qu’il justifie en disant en fait que les
proverbes sont considérés comme des phrases complètes, suffisantes à elles-mêmes. Ce qui
revient à dire que le proverbe est un énoncé figé et autonome tant sur le plan syntaxique que
sémantique. En d’autres termes, le proverbe est une structure propositionnelle porteuse d’un
message achevé et complet.

54
Leur point de vue sur le proverbe ne fait pas l’unanimité. Car pour notre part, les structures
formelles des proverbes étudiés ont montrées qu’ils sont en partie des expressions figés
lorsqu’ils se formulent en expression idiomatique. C'est-à-dire l’expression dont la forme ou la
structure ne renvoient pas directement au sens alors que le tour de l’expression donne un sens
figé. De plus la structure du proverbe peut se présente soit en phrase simple pouvant contenir
plusieurs arguments, dans le cas de la phrase verbale. Ou la forme peut soit se présenter en
phrase complexe formé au moins de deux propositions.

C’est dans cet élan que Kouakou, (2017), à propos de la syntaxe des proverbes Baoulé a montré
que dans leur structure, ces proverbes sont si bien des phrases simples et phrases complexes.
En effet, l’on rencontre les phrases nominales et les phrases simples dont les sujets peuvent
renvoyer à la forme personnelle, c'est-à-dire qu’il renvoie à un être ou à une chose bien spécifiée
ou à la forme impersonnelle, selon que le sujet exprime une généralité. Les prédicats eux
peuvent assurent les fonctions primaire avec leurs sujets et leurs objets. Les arguments sont en
fonction d’objet ou de sujet.

Il signifie que l’énoncé proverbiale nominale en baoulé peut être hypothétique suivie d’une
relative. Ce qui n’est pas le cas dans les énoncés proverbiaux wobé. Par contre, on peut voir la
phrase simple non verbale avec l’utilisation de la comparaison, avec l’utilisation de copule et
l’utilisation d’expression idiomatique.

Et les énoncés proverbiaux hypothétiques en wobé sont complexes et non nominale. La


proposition hypothétique subordonnée en position initiale et précède toujours la proposition
principale.

A côté de cela, on constate que les proverbes baoulé et wobé partagent quelques caractéristiques
syntaxiques. Notamment les complexes à proposition parataxe, à proposition temporelle et les
complexes avec propositions indépendantes coordonnées.

Mahmudova, (2012), dans son étude syntaxique des proverbes azerbaïdjanais, il a montré que
les proverbes sont des énoncés en formes de phrase verbale. Les phrases ont des sujets
indéterminés. A propos des proverbes à énoncés complexes, il note que des phrases complexes
à coordination c’est-à-dire indépendantes et des phrases complexes à subordination, les
temporelles et les hypothétiques.

En ce qui concerne cette étude, il a été trouvé un plus notamment la complexe parataxe dont les
propositions sont simplement juxtaposées.

55
Nous partageons son avis dans lequel il soutient que les proverbes ne sont pas figés. Car ils
suivent certaines régularités formelles syntaxiques. Il est donc convenable pour lui, de dire que
l’énoncé proverbial n’est pas figé mais structuré vu qu’il peut être phrase simple ou phrase
complexe.

3.2. A propos des valeurs

A propos des valeurs, Tapé (2015) dans son étude sur l’emploi de l’énoncé proverbial dans le
Zouglou, pour justifier que l’interprétation des valeurs de l’énoncé proverbial peut différer
d’une personne à une autre, il cite Rodegem qui soutient que le même proverbe est susceptible
de plusieurs interprétations parfois contradictoires, selon les lieux, les individus, les
prononciations ou les accents. Pour lui, les proverbes permettent de se prémunir des dangers de
la société. En effet, ils mettent en évidence différents champs notionnels comme la vérité,
l’équité, l’égalité, l’identité, la prévention, la prudence, le travail, l’espoir, les relations hommes
et femmes, la duperie.

Nous constatons également certaines notions en rapport avec les valeurs étudiées plus haut.
Notamment, les notions de travail, d’équité, de résolution de conflit entre femme et homme.

Yéboué (2016), montre au sujet des valeurs que dans l’énoncé proverbial, l'utilisation des
images et toutes les ressources esthétiques en font un langage poétique au volume réduit. Cet
avis est partagé car bon nombre d’images illustrées dans les proverbes wobé montre qu’il a une
valeur esthétique ce nous avons appelée valeur expressive. Il affirme que « le proverbe tient à
demeurer une œuvre facilement mémorisable. Il en va ainsi parce que l'on en a besoin à tout
moment». Pour lui, l’usage du proverbe est quotidienne, il n'y a pas de circonstance particulière
pour dire un proverbe, mais une raison sociale qui fait mouvoir l'individu et c’est précisément
celle-là qui appelle le proverbe. Il continue en affirmant que le proverbe a pour ambition de
rappeler la tradition et de clore le débat. Le proverbe est le résultat d'une longue et patiente
observation du milieu, à tel point que la vérité qu'il professe prend la forme de l'évidence. Même
si la source du proverbe est individuelle, sa transmission et son usage continuels sont collectifs,
c’est en cela que le proverbe est sagesse.

De même, nous avons pu constater que, les proverbes Wobé font usages d’image animale,
d’image humaine et d’image naturelle pour formuler leurs expériences à travers ceux-ci. Le
besoin du proverbe est donc une chose incontournable vu que le proverbe est si bien utilisé dans

56
les conversations que dans les cérémonies culturelles voir même dans les audiences et débat.
Car le proverbe incarne les valeurs de vérité et de sagesse.

Heeren (2001), en s’intéressant aux proverbes d’Afrique sur le genre, il définit le genre ici
comme une approche qui étudie les fonctions et rôles sociaux, les statuts attribués selon qu’on
est une femme ou un homme. Il dit que la définition, la représentation, la perception du féminin
ou du masculin ainsi que les valeurs qui leur sont attachées sont en effet des constructions
sociales, historiques, culturelles, symboliques que l’on peut percevoir dans le miroir des
proverbes. Son étude a mis en exergue quelques valeurs que voici les proverbes à valeur de
renforcement de position sociale inférieure des femmes, à valeur de rôles sociaux des hommes
et des femmes, à valeurs d’égalité de relation hommes-femmes.

Dans la communauté wobé, il y a les valeurs de rôles sociaux des hommes et des femmes qui
ressort des proverbes et pour parler de position inférieure des femmes nous en dirons par plus
mais il nous semble que la femme est quand même valorisée bien que nous soyons en présence
de communauté patrilinéaire car une valorisation de la mauvaise femme est fait lors d’instance
d’audience sur le mariage et le divorce.

Idriss (2015), lui particulièrement estime le proverbe en tant que fonction communicationnelle
qui s’ajoute aux autres vertus du proverbe, à savoir les fonctions linguistique, esthétique,
éthique, anthropologique et historique. Pour lui, le proverbe est une compétence de
communication potentielle dans toutes les langues dont sa valeur principale est d’être medium.
La valeur sociale des proverbes étudiés montre que certains jouent le rôle de médium car ils
servent parfois à la résolution de conflits et d’autre ont la valeur historique. De plus tous les
proverbes ont des valeurs éthiques.
Benabbas, (2016), montre que le proverbe à une valeur essentiellement pédagogique et est
multi- dimensionnel. Il a des fonctions sociales, pédagogique, moralisatrice. En effet, cette
position est de marche avec celle des proverbes étudiés. On note, les proverbes à valeurs
didactique et psychologiques.

57
4. CONCLUSION GENERALE

Dans notre travail, nous avons voulu décrire la structure formelle des énoncés proverbiaux du
wobé, tout en montrant leurs différentes valeurs.

Au terme de ce travail, nous pouvons affirmer qu’au niveau de la structure, il existe deux formes
d’énoncés proverbiaux : les énoncés simples et les énoncés complexes.

Les énoncés simples sont composés de phrases simples non verbales et de phrases simples
verbales.

Les énoncés simples non verbaux se caractérisent par les structures suivantes :

- N + Adj + Comp1 + N + Adj + Comp2


- N + Adj + Comp1 + loc.N + Comp2
- N + Poss.Nég + Compl (N + V)
- N + + Pron.Nég + (V + N + N)
- N + Cop + N
- Poss + N + Cop + Poss + N

Et les énoncés proverbiaux simples verbaux se caractérisent quant à eux, par les structures
suivantes :

- SV et VO pour les phrases simples avec un argument.


- SVO et VSO pour les phrases simples avec deux arguments.

Les structures formelles de l’ensemble des énoncés proverbiaux simples ont montré que les
proverbes simples se formulent avec la phrase simple de comparaison, avec la phrase simple
copulative, avec la diathèse active lorsque l’insistance est faite sur le sujet de l’énoncé simple.

De plus, l’ensemble des énoncés simples se formulent à l’aspect habituel lorsqu’il s’agit d’un
constat, et on a le cas de l’impératif lorsqu’il s’agit d’une suggestion.

L’énoncé simple est soit à la forme affirmative, soit à la forme négative. Et nous avons remarqué

que la négation peut être marquée par le morphème de négation /sé/ ou peut être au niveau tonal

(le ton bas-haut).

De l’analyse des énoncés complexes, on déduit qu’on trouve les phrases complexes composées
de propositions indépendantes coordonnées par les conjonctions de coordinations /wé/ « et »,

58
/wā/ « jamais » et /mɛ̀/ « mais » qui marquent successivement la succession, l’opposition et la

cause.

Les phrases complexes contenant des propositions clivées qui se formulent avec les présentatifs

/ɛ́mɛ/ « c’est lui » et /ɔ̰́mɔ̰̀/ « c’est lui ». /ɛ́mɛ/ est utilisé pour désigner une classe non humaine.

Et /ɔ̰́mɔ̰̀/ pour désigner une classe humaine. Ces clivés présentent une expérience ou une
personne.

Les énoncés complexes hypothétiques et temporels qui se construisent en deux propositions,


dont la première est la subordonnée et la seconde est la principale. La subordonnée hypothétique
et la subordonnée temporelle toujours en position initiale sont introduites par la conjonction de

subordination /pò/ : « si » et « quand ».

Les énoncés complexes parataxes sont quant à eux, composés de propositions juxtaposées.

De l’étude des valeurs, il ressort que les proverbes wobé sont en générale d’ordre didactique et
éthique.

Dans leurs formulations ont trouvent d’un côté les valeurs expressives, les valeurs rhétoriques,
les valeurs éthiques et les valeurs didactiques. Et de l’autre côté les valeurs psychologiques, les
valeurs économiques, les valeurs sociales et les valeurs historiques.

On note alors que les proverbes wobé sont des formules d’images propres au peuple que le
locuteur emploie à diverses situations. Et leurs valeurs sont dans l’ensemble des principes de
bonne conduite et morale, de fraternité, de vivre ensemble et d’amour. Car il est question de
savoir vivre tout en ayant des références relatives à l’expérience de la vie qui permettent à
l’homme d’avoir une référence inouïe pour toujours se ressourcer face aux situations de la vie.

En somme, le proverbe wobé est d’une vérité incontestable et d’une sagesse des ancêtres Wê.

Les hypothèses principales et spécifiques émises dans cette étude à savoir :

- peut-être que les énoncés proverbiaux simples sont des énoncés verbaux ou non
verbaux ;

- peut-être que les énoncés proverbiaux complexes présentent des structures allant des
parataxes à des constructions issues de la mise en lumière d’un argument ou d’un
circonstant de la phrase simple ;

59
- peut-être que les énoncés proverbiaux wobé présentent plusieurs valeurs ;

- peut-être que les énoncés proverbiaux simples verbaux comprennent plusieurs


arguments ;
- peut-être que les énoncés proverbiaux complexes sont des propositions hypothétiques
ou temporels ou clivées ou parataxe ;
- et peut-être que les énoncés proverbiaux wobé ont des valeurs sociales ou didactiques
ou psychologiques ou expressives ou rhétoriques ou historiques, ont toutes été vérifiées.

En définitive, cette étude révèle que le proverbe n’est pas une formule figé mais un énoncé
construit avec différentes structures syntaxiques, et son emploi a toujours une valeur.

60
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63
ANNEXE

Annexe 1

 Historique du village Tiény-Siably

Le village Tiény-Siably devenu sous-préfecture depuis 1962 est situé à douze (12) kilomètres
de Man et huit (08) kilomètres de Facobly. La chefferie se léguait jadis de père en fils. Il y avait
une famille qui était particulièrement destinée à la chefferie. Mais ce système monarchique a
commencé à disparaitre à partir des années 1996. C’est ainsi que ce village organisé en chefferie
connu l’élection de son premier chef dans la même année (1996). Et le choix de ce chef tient
lieu de critères bien définis. Celui-ci doit être représentatif, sachant, serviable. Il doit également
savoir communiquer avec la population et être le choix de toute la communauté. Les wobé qui
y vivent ont une alimentation diversifiée. Ils consomment précisément de la banane, du manioc,

du riz, du gombo, les feuilles de manioc, de gombo, l’huile rouge, du [kple] une sauce de base

et une variété de sauce appelée [bijɛ]. Parlant de la culture, Il existe deux masques, il y a le

tidisri « le masque sacré » qui loge dans sa cage. Celui-ci a pour rôle de réconcilier la
population, de punir celui qui viole la loi et les interdits du village. Il ne sort qu’une ou deux
fois par an et par occasion. Il ne sort que seulement la nuit pour faire passer ses messages et il
est interdit aux femmes de le voir. Il a également pour rôle de nommer les petits masques dont
certains sont chargés d’éteindre les feux de brousses et d’autres, de balayer la route qui mène à
la source et les routes inter-villages. Et un autre pour l’insalubrité, si quelqu’un commet un acte
d’insalubrité, le masque l’envoie au milieu du village pour y être chicoté. C’est comme ça que
le masque sacré est entouré de ses notables masques. Le masque sacré n’existe plus mais sa
case est toujours là. Et tant que sa case est là et que les enfants de Tiény-Siably sont là, l’on
considère qu’il est là.

Le masque danseur quant à lui, ne sort que pendant des jours de réjouissance, d’excision, de
circoncision, de fête du riz…, et c’est généralement dans le mois de décembre. Ce masque fait
la joie de toute la population, c’est un masque de gaité. Il est aujourd’hui remplacé par le

[tematɛ] (tématé). C’est un groupe de jeunes filles qui dansent aux sons de tam-tams bien

rythmés. On les invites à des cérémonies de réjouissances, de deuils rien que pour fait passer la
douleur. Aujourd’hui, la fête du nouveau riz est célébrée dans le mois de décembre.

64
Annexe 2

CORPUS ILLUSTRATIF DES PROVERBES WOBE

1. [ɔ̰́ ná̰̰ tò wé ɔ̰́ ná̰̰ sɔ̰̰́ɔ̰]

3.Sg dire un et 3.Sg dire deux

« On dit un et on dit deux »

« Il faut forcement commencer à compter à partir de un avant de dire deux »

« Il ne faut pas sauter les étapes de la vie »

2. [nàwɛ̰́ bléa srɛ̰́ mɛ pō jrɷ̌ jé wā wɛ̰í]

Oiseau avoir.INNAC ruse NH.EPH (Cd) construire nid sur route en bordure

« Un oiseau rusé fait son nid en bordure de route »

C’est sur l’arbre qui a sa branche en bordure de route que l’oiseau fait son nid.

3. [pò blaó jē ma̰wɛ̀ ɛ̰́ ma̰ jē blǔ mù]

Quand termitière Innac sécher.là 3.Sg sécher justa. terre dedans

« Quand la termitière sèche elle devient la terre ».

« Si la termitière vie qu’elle ajoute de la terre a la terre »

4. [dɛ̰́ sēā pùē bɛɛ ɲɔ̰̰́ pòɛ jɔ̰́ dí]

Chose Nég. Innacc dix atteindre homme mettre grain dans

« Ce qui n’atteint pas dix on ne mets pas de grain dedans »

« Si le nombre n’atteint pas dix on ne peut que parler d’unité »

5. [tà ní kpà sòú wɛ̀ pèɔ̰̰́ mɛ̰̰́ɛ̰ bɛɛ niɛ̰̰́ wɛ sà]

Loc eau envoyer caillou Interj. sable que pouvoir être.Cop autour enlever

« Où l’eau envoyer le caillou, il peut qu’enlever le sable autour »

« Où est-ce que l’eau peut conduire le rocher, il ne peut qu’enlever le sable autour ?»

« l’eau ne peut qu’enlever le sable autour du rocher »

65
6. [jrú wláa má̰̰a̰ ɛ sē pɛ̰]

Soleil verser qui-là 3.Sg Nég coucher

« Le soleil qui est versé là, c’est pas coucher »

« Le soleil ne se lève pas à l’endroit où il se couche »

7. [ɲɔ̰̰́ ɟùá sɛ̰̍ nɛ̰̰́ ɔ̰́mɔ̰̀ ɔ̰̀ tó sɛ̰̍ jī]

Homme connaitre or Insist. luique on montrer or ça

« C’est à celui qui connait l’or qu’on montre l’or »

« On ne présente que l’on qu’à celui qui connait la valeur »

8. [á sē blù á jě cɩ̰́a jě]

2.Sg Nég creuser 2.Sg voir terre rouge voir

« Tu n’as pas creusé, tu as trouvé la terre rouge »


« A peine commence-tu à collaborer que tu découvre tes grands défauts »

9. [ pò nmɔ̰̰́ jé ná̰̰wɛ ɛ bɔ̀ fíɔ̰]

Quand boisson voir preneur 3Sg action mousser

« Lorsque la boisson doit être bu ces mousses apparaissent.»

« Le bandji mousse lorsqu’il trouve preneur »

10. [ɗɓó ɲɔ̰́ sēa nù ɲɔ̰́ dì ɛ́dɛ́]

Travail homme Nég. Iccan faire homme manger chose

On ne peut manger le fruit du travail non accompli.

« Comment voudrais-tu manger si tu n’as rien semé »

11. [nɛ̰̌ ɛ̰ ɟià nɩ]̰́

Poss. 2Sg Fut. Venir cop.être

« Pour toi viendra»

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« Chacun a son temps »

12. [ɲɔ̰̰́blèí ɔ̌ ɟiɛ̌ ɗɓà mʋ̰́]

Leader 3Sg.Nég préférer même corps.

« Le gouverneur n’a pas de choix »

13. [tʋ̀ kwɛ̀ jɩ ɔ́ jě ɲjɔ̰̰́ cra̰̍ ]

Guerre finir Insist. 3Sg voir homme huile

« Celui qui veut finir la guerre ne voit pas la graisse de l’homme »

« Celui qui a pitié ne peut pas faire la guerre »

« Un guerrier ne doit pas avoir de sentiment. »

14. [pò kē sɩ̰ ̰́ dí jɩ nà̰ wɛ niɛ̰sɩ̰ ̰́ dí jɩ]

si avec mensonge manger Insist. marcher Interj. Cop. Être mensonge manger Insist.

« si on marche avec celui qui mange le mensonge, on n’est menteur »

15. [ɲrɔ̰̰́ ɡbàú páɛ̀nɩ̰ ̰́ ɡbu̍ ɡbàú pêe]

Femme gâter mieux maison gâter Comparatif

« Une mauvaise femme est mieux qu’une maison gâtée »


« La mauvaise femme est mieux qu’une maison en ruine »
« Il faut savoir apprécier ce que l’on a (non au divorce) »

«16. [tɔ̌ blè ɲɔ̰̰́]

Sagesse posséder homme

« L’homme sage gouverne »

C’est celui qui est sage qui gouverne


‘’Un’’ est mieux que zéro »

17. [sé bɛɛ ɩ̰ ̰́ jě kɛ̰ blé wḭ̍ òwḭ̍ ]

Nég Insist.pouvoir 2Sg Innac. raison avoir toujours

« Tu ne peux pas toujours avoir raison »

67
18.[sʋ̰ nɩ̰ ̰́ a̰ ɲɔ̰̰́]

Main Cop. Être 1Sg homme

« C’est ma main qui est mon parent, mon tout »


Mieux vaut compter sur soi.

19. [tṵ̄ kùání ɛ́mɛ̰̰̄ sɛ̀ cɛ́kpá kpɔ̀ kwíi]

Bois fort celui/lui enlever soi-même épine corps

« C’est l’arbre fort et robuste qui se dégage des épines »

« Un homme bien avisé saura se faire éviter des problèmes »

20. [tṵ kpá ɓí dì ɛmɛ̰ pǒ ɩ̰ srɛ̰́ jī]

Bois envoyer trou dans c’est pouvoir 1Sg ruser Insist.(le fait)

« C’est le bois que tu mets dans le trou qui peut te mentir, mais ta main ne peut jamais te mentir »

« L’homme est le seul témoin de ce qui lui est arrivé »

« L’homme seul connait la source de ses problèmes »


21. [sé a̰ cɛ ɟé]

Nég 2Sg soi-même voir

« Tu ne te vois pas toi-même »

22. [ní lùé nɩ̰ ̰́ a̰ tò jě kpá̰̰ nṵ̀]

Eau quitter. ACC Poss.1Plur. tapioca Fut. Boule Faire.Acc

« L’eau est quittée, notre tapioca va être solide»

« L’on est vainqueur lorsqu’un combat est gagné »

23. [blǔ ɛ̌ pō̰ ɲɔ̰̰́ srɛ̰́jī]

Terre 3Sg.Nég mettre/pouvoir homme mensonge

La terre, elle ne peut mentir à l’homme ou la terre ne ment pas

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24. [smɩ̰ ̰́ɩ̰ ɛ̌ kwɛ̌ niɔ̰̰́]

Poisson 3Sg.nég finir eau dans

« Le poisson ne finit jamais dans l’eau »

25. [mɛ̰̰́mɛ̰̰́ sɛ̰́sɛ̰́ nàwɛ̰́ nṵa̰ jrɷ̌ pōà]

Petit- à- petit doucement oiseau faire.ACC nid construire.ACC

« Petit-à-petit, l’oiseau fait son nid »

26. [ɲɔ̰́ sé wé jùó]

Homme Nég connaitre savoir

« L’on ne sait jamais »


27. [ɲɔ̰̰́ sjě blɷ̰́ dewɔ ɔ wā sʋ̌]

Homme rester-Nég canari derrière 3Sg casser escargot

« L’on ne laisse pas le canari derrière soi pour casser l’escargot »


« L’on ne met pas la charrue avant les bœufs »
28. [tū wē sā wɛ̰̀ɩ̰̰́ nɩ̰ ̰́ kàjró ke kaó wā sá wɛ̰̀ɩ̰̰́]

Bois tous Enlever feuille Insist. Raphia Cord. Palmier mais enlever feuilles

« Tous les arbres perdent les feuilles, mais jamais le raphia et le palmier »

« L’humanité n’est jamais ébranlée malgré les troubles qui sévissent à travers le monde »

29. [kwɛ̰́ pò jú kpé ɛ mṵ ɟùɔ̰́ dé wɛ ɛ ɗejì nɛ̰nɛ̰ jú mɛ̰
Chimpanzé quand enfant dos 3Sg aller fleuve derrière Insist. 3Sg retour Interj. Enft. c’est
pòɛ̰́ kpéi ]

Mettre dos.

« Quand le chimpanzé porte son enfant au dos pour traverser le fleuve, à son retour, c’est
l’enfant qui le porte. »

« L’enfant est le soutien futur de la famille »

30. [pò plé bɩ̰́ wɛ à̰ kpaɛ̰́ cí wɔ̰̰́]

Si fuir hyène Insist. 2.Sg tomber panthère bouche

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Si tu fuis l’hyène, tu tombes dans la bouche de la panthère

« Si tu as peur de l’hyène tu tombes dans la bouche de la panthère »

31. [ɲɔ̰̰́ pòá̰̰ ní nɛ̰ ɔ plée pɔ pèe]

Homme chercher pluie Insist. 3.Sg peur boue de

« Celui qui cherche la pluie n’a pas peur de la boue »

32. [tá kpɔ̌ɔ pɛ̰̰́ɛ̰ ɛ̰́ mɛ̰̌ ]

Où maïs coucher 3.Sg pousser

« Partout où l’on met le mais, il y pousse. »

« Quelqu’un qui fait ces prouesses et s’adapte a toute situation. »

33. [cɛ̰ mɛ̰̀ɛ̰ jéà ɡbe a ɲrḭ ɛ̀ ̰ ̰́ díà]

Ambition c’est manquer chien Poss. Kaka manger.ACC

« C’est la colère qui pousse le chien à manger du kaka »

« C’est le manque d’ambition qui pousse le chien à manger son kaka »

34.[cɩ̰́ ā wlɛ̰́ cɩ̰́ ɛ̌ wlú kɔ̀kpà]

Panthère décl. engendrer panthère 3.Sg Nég engendrer biche

La panthère engendre la panthère, elle n’engendre pas la biche.

35. [sē tɔ̌ dì nɩ̰ ̰́ á̰̰ ɟùo ɲṵ̰́]

Nég sage vendre cop.etre Acc. 2.Sg connaitre homme.Plur

Tu n’as pas la sagesse dans ton ventre, tu ne reconnais pas le bienfait des hommes.

« Les hommes ne sont pas reconnaissants par manque de sagesse »

36. [sʋ́ dí a̰ dɛ̰́ wɛɛ ɛ̰́ crǐa kɛ̀ nɩ̰ ]̰́

Poulet manger.Acc 2SgPoss. Chose et puis 3Sg traîner bec cop.être (action)

« Le poulet traine son bec à terre après avoir picoré ta nourriture »

« L’homme ne reconnait jamais le bienfait qui lui est rendu »

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37. [ɓáò pléà wā wɛ̀í nɛ̰̀ɛ̰̀ ɛ̰́ sē kǔe jé]

Rat palmiste courir route abord INSIST. 3Sg Nég danger voir

Le rat palmiste qui court en bordure de route n’a pas encore vu le danger.

« Le rat palmiste qui emprunte la piste principale du campement n’a pas encore risqué de
danger »

38. [tɔ̰t́ ɔ̰ú nìá̰ pá jé pa́klɔ̰́ múa̀ sí]

bête être. Acc mieux loc. loin-village aller plus-que

« Être bête est plus mieux qu’aller dans un village lointain (Bangolo) »

39. [á̰̰ wɔ̰ dé wlū jìsā wlū ɛ̰́mɛ̰ á̰̰ wɔ̰]

1Pl. entendre arrière voix avant voix c’est 1Pl. Entendre

« C’est la première voix (message) que nous prenons en compte, la seconde nous importe pas. »

40. [ɡbe ǎ bɔ̀ féetí]

Chien Poss.Nég manière s’asseoir

« Le chien ne change pas sa manière de s’asseoir »

41. [níjrɛ̀ɩ́ ɔ̌ jé ɗéá kṵ̄]

baladeur 3Sg.Nég voir .mère.Gén. cadavre

Celui qui se promène ne voit pas la dépouille de sa mère.

« L’enfant qui se promène ne voit pas la dépouille mortelle de sa mère »

42. [pò jú flǔ ɔ́ sjɛ̌ ɔ́ ɗéa pɛ̰ na̰]

Quand enfant grossir 3Sg rester.Nég Poss.3Sg mère.Gén coucher loc.(dortoir)

Quand l’enfant grossir, il reste chez sa mère.

« Quelle que soit la grosseur du bébé, il laisse de la place pour sa mère » (impolitesse)

« Il faut toujours s’adresser avec respect aux autres quelle que soit notre position sociale »

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43. [ɲɔ̰́ sḛ̄ ɡbe mṵ̰̄ɲɛ̰́ mɛ̰̀ ɡbe ní té sɷ̰̀ mɛ̀ nùɛ́]

Homme. Indéf.Nég chien haïr mais chien.Poss cop.etre asseoir manière qui faire

« L’on ne hait pas le chien, mais c’est sa manière de s’asseoir qui fait que l’on le chasse »

« Le rejet d’un individu par une communauté donnée dépend de son comportement »

44. [ɲɔ̰́ sḛ̄ bòá blé ɔ̌ dí klɔ́a di nmi]

Homme Nég papa avoir 3Sg manger forêt en viande

Celui qui n’a pas de père ne mange pas la viande de brousse.

« Celui qui n’a pas un parent dehors, ne bénéficie de rien »

45. [nmí ɛ́ wlú ɛ́ crā̰̰]

Viande 3Sg naitre 3.Sg huile

« L’animal nait gras »

« L’on identifie un enfant qui est appelé à réussir à travers son comportement »

46. [dɛ́ smíi ɟùáí ɛ́mɛ̰̄ ɲɔ pò kwɛ̰́ jrí]

Chose poisson reconnaitre c’est homme mettre hameçon visage

« C’est ce que le poisson mange que l’on met sur l’hameçon »

47. [nmɛ́ɛ wlú]

Ranger parole

« Range ta parole, car une fois libérée, l’on ne peut la ramasser »

« Tourne sept fois la langue avant de parler »

48. [ɲɔ̰ ́ tòá sʋ̰̄ ní mṵ̰̄ ɔ́mɔ̰̰̄ ní ɗɓà]

Homme.Indéf. tendre main eau sous c’est lui eau mouiller

« C’est celui qui met sa main sous la pluie qui est mouillé »

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49. [sḛ̄ dé nɩ̰ ́ kùɛ́ dɛ́ŋwɔ̰̀]

Nég Loc. Cop.être fortifier important

« L’absence donne du pouvoir virtuel »

50. [tú kùaní ɛ̰́mɛ̰̰́ sɛ̀ cɛ̰́kpá kpɔ̀ kwí]

Bois fort celui/lui enlever soi-même épine corps

« C’est l’arbre fort et robuste qui se dégage des épines »

« Un homme bien avisé saura se faire éviter des problèmes »

51. [tṵ̄ dɛ́ mṵ̰̄á̰ ɛ̌ sjé ɟàí]

Bois chose/boule Partir 3Sg.Nég rester en haut

« Aucun fruit ne demeure en haut de l’arbre »

« Le produire d’une plante ne reste pas sur la plante »

52. [má̰̰a̰ sē á̰̰ pɛ̰́ ɛ̰́ bléɛ cɛ̀ɛ kàó]

Je Nég. Poss. calebasse il avoir couper. toi-même palmier

« Celui qui veut du vin de palme dans sa calebasse se doit de couper le palmier »

« Si tu veux le luxe trouve toi les moyens »

53. [kpàɛḱ wá à ɟú ǎ pɷ̰̌ ɷ̰]

Cuillère-paume Gén. Enfant Poss.Nég brédouille

Foyer Gén.3Sg enfant bredouille

« L’enfant de celui/celle qui tient le foyer n’est jamais bredouille »

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Annexe 3 : Cartes de Côte d’Ivoire

Carte 2 : Les régions de la Côte d’Ivoire (Jeune Afrique, 2015)

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Carte 3 : Les Départements de la région du Guémon (INS, 2014)

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TABLE DE MATIERES
Remerciements ................................................................................................................................... 4
Sigles et abréviations........................................................................................................................... 5
SOMMAIRE ................................................................................................ Erreur ! Signet non défini.
0. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 7
0.1. Présentation du sujet ................................................................................................................... 7
0.2. Présentation de la langue et du peuple ....................................................................................... 8
0.3. Problématique ............................................................................................................................ 11
0.3.1. Problème de recherche ........................................................................................................... 11
0.3.2. Questions de recherche .......................................................................................................... 11
0.3.3. Objectifs de la recherche......................................................................................................... 12
0.3.4. Hypothèses de la recherche .................................................................................................... 12
1. Cadre théorique et méthodologique............................................................................................. 13
1.1. Cadre théorique.......................................................................................................................... 13
1.2. Cadre méthodologique ............................................................................................................... 14
1.2.1. Lieux d’enquête ....................................................................................................................... 15
1.2.2. Les informateurs...................................................................................................................... 15
1.2.3. Le corpus ................................................................................................................................. 16
1.3. Revue critique de littérature ...................................................................................................... 16
1.4. Rappels phonologiques .............................................................................................................. 19
1.4.1. Les voyelles .............................................................................................................................. 20
1.4.2. Les consonnes ......................................................................................................................... 21
1.4.3. Système tonal .......................................................................................................................... 22
1.4.4. Structure syllabique................................................................................................................. 24
2. RESULTATS .................................................................................................................................... 25
2.1. Formes des proverbes ................................................................................................................ 25
2.1.1. Enoncés proverbiaux simples .................................................................................................. 25
2.1.1.1. Phrases simples non verbales .............................................................................................. 25
2.1.1.1.1. Phrases simples comparatives .......................................................................................... 25
2.1.1.1.2. Phrases simples idiomatiques ........................................................................................... 27
2.1.1.1.3. Phrases simples copulatives .............................................................................................. 28
2.1.1.2. Phrases simples verbales ...................................................................................................... 29
2.1.1.2.1. Phrases simples verbales avec un argument..................................................................... 29
2.1.1.2.2. Phrases simples verbales avec deux arguments ............................................................... 30
Conclusion partielle ........................................................................................................................... 31
2.1.2. Enoncés proverbiaux complexes ............................................................................................. 32

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2.1.2.1. Les Phrases complexes composées de propositions indépendantes ................................... 32
2.1.2.2. Les phrases complexes contenant une proposition clivée ................................................... 35
2.1.2.2. Phrases complexes avec une hypothétique ......................................................................... 36
2.1.2.3. Phrases complexes contenant une temporelle .................................................................... 38
2.1.2.4. Phrases complexes montrant des parataxes ....................................................................... 40
Conclusion partielle ........................................................................................................................... 41
2.2. Les valeurs des proverbes .......................................................................................................... 42
2.2.1. Les valeurs de premier niveau................................................................................................. 42
2.2.1.1. Valeur expressive ................................................................................................................. 42
2.2.1.2. Valeur rhétorique ................................................................................................................. 43
2.2.1.3. Valeur éthique ...................................................................................................................... 44
2.2.1.4. Valeur didactique ................................................................................................................. 45
2.2.2. Les valeurs de second niveau .................................................................................................. 47
2.2.2.1. Valeur psychologique ........................................................................................................... 47
2.2.2.2. Valeur économique .............................................................................................................. 48
2.2.2.3. Valeur sociale ....................................................................................................................... 50
2.2.2.4. Valeur historique .................................................................................................................. 52
Conclusion Partielle ........................................................................................................................... 52
3. DISCUSSION ................................................................................................................................... 53
3.1. Sur les structures ........................................................................................................................ 53
3.2. A propos des valeurs .................................................................................................................. 56
4. CONCLUSION GENERALE ........................................................................................................... 58
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................ 61
ANNEXE .............................................................................................................................................. 64
Annexe 1 ............................................................................................................................................ 64
Annexe 2 ............................................................................................................................................ 65
Annexe 3 : Cartes de Côte d’Ivoire .................................................................................................... 74

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