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REPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE

Union-Discipline-Travail
-------------------
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY


UFR- Sciences de l’Homme et de la Société
Département d’Histoire

LA CÔTE-D’IVOIRE PRECOLONIALE
Licence I 2022-2023

Département HISTOIRE
Université Félix HOUPHOUËT-BOIGNY
Prof. GONNIN Gilbert
➢ OBJECTIFS DU COURS

▪ Faire connaitre aux étudiants qui sont pour la plupart des jeunes Ivoiriens
les différents peuples de Côte d’Ivoire et leurs civilisations ;
▪ Montrer la diversité et les richesses culturelles des civilisations et des
peuples de Côte d’Ivoire ;
▪ Leur apprendre à se connaitre eux-mêmes ;
▪ Leur permettre de mieux apprécier leurs civilisations et d’en retenir les
éléments positifs ;
▪ Montrer que ces peuples ont été de tout temps ouverts aux peuples voisins,
d’où l’importance des emprunts multiples ;

➢ METHODOLOGIE

Le cours se déroulera tantôt sous la forme de cours magistraux, tantôt sous la


forme de travaux dirigés pendant lesquels les étudiants auront à exposer sur les
thèmes qu’ils auront eux-mêmes choisis préalablement parmi tant d’autres
thèmes à eux proposés par nous.

PLAN DU COURS

INTRODUCTION

I. Une terre de peuplement ancien

1- Les traces de la présence ancienne des peuples


2- Le peuplement ancien proprement dit ou fond de peuplement ancien II-
Les principales migrations : La Côte- d’Ivoire, une terre d’accueil
1- Les migrations mandé
2- Les migrations akan

III. Peuples et civilisations de Côte-d’Ivoire : les principales aires culturelles 1. L’aire


akan
1.1. Qui sont les Akan ?

2
1.2. Les Akan dits lagunaires
1.3. Les Akan forestiers et des savanes
2. L’aire gur 3. L’aire krou 4. L’aire mandée
4.1. Les Mandé dits du nord appelés mandings
4.2. Les Mandé dits du sud
5. Des aires culturelles ouvertes : brassages, alliances et mutations
5.1. Facteurs des brassages des peuples et des cultures
a. Les mouvements migratoires
b. Les alliances matrimoniales
c. Le commerce
d. La religion : l’islam
e. Les alliances interculturelles ou alliances à plaisanteries

CONCLUSION

INTRODUCTION

La Côte-d’Ivoire, comme beaucoup de pays africains, à l’exception du Libéria et de


l’Ethiopie, est une entité politique née de la colonisation. Elle se caractérise par une
diversité de peuples et de civilisations. Pour certains, ces peuples viennent tous
d’ailleurs, d’autres par contre, ne tardent pas à clamer leur autochtonie, à défaut leur
ancienneté sur le sol de ce qui allait devenir la Côte d’Ivoire. Qu’en est-il en réalité du
peuplement de ce pays ? Que nous enseigne l’histoire sur ces peuples, sur leurs
origines et sur leur constitution ou composition ?

Le cours tournera autour des questions du peuplement, de la formation des peuples


et des civilisations trois préoccupations qui sont toutes liées. Nous verrons donc
successivement : la question du peuplement ancien, ensuite les migrations comme
moyen de peuplement et enfin les aires culturelles qui découlent des deux premiers
points qui constituent les deux voies ou moyens de peuplement.

I- LE PEUPLEMENT ANCIEN DE LA COTE D’IVOIRE

Ce chapitre répond à la question de savoir si avant les grandes migrations, la


Côte d’Ivoire constituait oui ou non un no man’s land, c’est-à-dire une terre vierge,
inocupée, sans homme. Si oui, jusqu’à quand et sinon quels étaient les peuples qui
l’occupaient. De quels moyens dispose l’histoire pour trancher ou pour répondre à
ces questions ? En d’autres termes, Quelles sont les sources qui font dire que tels
ou tels peuples sont autochtones ou anciens ? Quelles preuves de l’ancienneté de la
présence humaine ou de l’autochtonie en Côte d’Ivoire ?

2
1. Les traces de la présence ancienne des peuples

Elles sont de deux types : les traces matérielles et les témoignages ou sources
orales

a. Les traces matérielles ou les témoignages de l’archéologie

Elles sont présentes partout sur toute l’étendue du territoire

➢ Définition et importance de l’archéologie


L’archéologie peut être définie comme la « science des choses matérielles anciennes
ou des traces matérielles du passé ». Elle a été pendant longtemps considéré
comme une science auxiliaire de l’histoire avant d’être prise comme une science
autonome des sciences humaines. Comme telle, elle tente de connaître l’homme
ancien à travers ses créations ou ses réalisations techniques avec des méthodes
diverses. Elle montre la place de ses techniques ou de ses réalisations dans la vie
d’un peuple (poterie, fer, tissage…). Ainsi selon Jean DEVISSE : « pour toutes les
périodes et tous les lieux où il manque de textes, pour toutes les questions
auxquelles les textes n’apportent aucune réponse ou n’apportent que des réponses
lacunaires, elle devient incontournable car elle seule peut combler le vide ». Or en
plusieurs endroits de l’Afrique comme en Côte-d’Ivoire, l’essentiel des sources
relatives à l’histoire, qu’il s’agisse de sources écrites ou de sources orales, ne
remonte guère au-delà du 15è siècle.

L’archéologie occupe donc une place importante dans la recherche des traces des
premiers habitants ; malheureusement il s’agit non seulement d’une archéologie
jeune, mais elle se heurte à des difficultés de divers ordres. Quel bilan peut-on en
faire ?

De 1903 à 1968 des découvertes fortuites dues à des amateurs ou des archéologues
étrangers en quête de complément de recherches, attirent l’attention de l’opinion sur
les possibilités archéologiques du pays. Elles demeurent toujours d’actualité.

Les informations jusque-là obtenues sont lacunaires et les zones qui ont fait l’objet de
fouilles systématiques sont trop ponctuelles « pour permettre de dégager et de
donner réponse à de grandes problématiques » p 26. Et même sur les découvertes,
de nombreuses questions restent sans réponses, à savoir qui en sont les auteurs ?
Par exemple : les pierres sculptées découvertes à Gohitafla sont-elles l’œuvre des
Gouro qui habitent actuellement cette zone ou celle d’autres peuples qui habitaient
cette région avant l’arrivée des Gouro ? Si oui, qui sont-ils, eu égard à la mobilité de
la population ?

➢ Les traces matérielles proprement dites : Etat et problèmes


La conservation des traces matérielles se heurtent à un certain nombre de difficultés
liées au climat, au couvert végétal et à l’acidité du sol. Néanmoins, il a été découvert

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en Côte d’Ivoire des industries lithiques et osseuses du paléolithique et d’autres sites
qui peuvent être attribués au paléolithique qui est, la 1 ère et la plus longue période de
la préhistoire et qui commence avec l’apparition de l’homme, il y a environ 3 millions
d’années. Les spécialistes en dénombrent sept : « Anyama, Saîoua, Odienné, v
baoulé, Abengourou, les sites rupestres du pays djimini » p 21

Quant au néolithique (entre 5000 et 2000 ans av JC), ou l’âge de la pierre polie, qui
correspond à une rupture dans le mode de vie des préhistoriques, où l’homme, peu à
peu, se sédentarise et domestique les plantes et les animaux, les découvertes
archéologiques montrent que cette période est bel et bien présente en Côte d’Ivoire à
travers des vestiges. Il s’agit des sites de Songon Dagbé, des sites du V baoulé et
des sites de Badala à Séguéla.

Enfin, un peu partout en Côte d’Ivoire, il a été retrouvé des haches en schistes ou en
granite de plus petite dimension datant du néolithique ; ces haches polies qui ont
d’ailleurs intégré les cultures anciennes ivoiriennes jouent partout dans l’imagerie
populaire un rôle important ; on les appelle des pierres de foudre ou la hache de la
pluie et sont souvent associées à l’univers magico religieux des populations
(éléments de protection que l’on met parfois autour des reins des enfants).

b. Les traditions orales, autres témoignages de présence humaine ancienne

➢ Définition des traditions orales


Les traditions orales sont des témoignages oraux transmis de génération à
générations. Il s’agit des récits, proverbes, chansons, listes dynastiques et même des
messages tambourinés. Elles sont donc, soit à forme fixe (proverbes) soit à formes
variés (chansons, récits). Ces traditions sont aussi parfois fluides, sans forme
déterminée et parfois très brèves. Elles ont par contre un contenu stable même elles
sont soumises à beaucoup d’aléas et à des risques de déformations et de perte liés à
la mémoire. Elles constituent tout de même une porte d’accès à l’histoire, pourvu
qu’elles soient traitées comme toutes les sources, avec circonspection. Des moyens
existent pour le faire. Des différents types de traditions orales, les récits d’autochtonie
sont ceux qui traduisent mieux l’ancienneté des peuples sur un site.

-Les récits d’autochtonie : ce sont des récits relatifs à l’autochtonie de certains


peuples, sinon à leur ancienneté sur leur site actuel ou plus ou moins proche. Ils sont
nombreux et variés Plusieurs peuples de CI en ont conservé ; on les qualifie de
traditions d’autochtonie. Ces récits font tantôt descendre des ancêtres du ciel par le
biais de chaînes ou par d’autres moyens (krobou), tantôt ils les font surgir de l’eau
(Ehotilé) ou d’une grotte (Toura).

Si ces récits impressionnent par leur caractère fantastique, ils ne sont pas à tous
points de vue, fantaisistes et dépourvus de toute historicité. Dans tous les cas,
l’antériorité ou l’autochtonie de ces peuples n’est souvent pas contestée par leurs

2
voisins qui leur reconnaissent des droits lors des cultes par des préséances, ou droit
de propriété terrienne. (Voir le Mémorial de Côte d’Ivoire, T1, PP54-55)

Certains récits relatifs aux origines des peuples dits premiers laissent supposer
l’hypothèse de la présence de pygmées ou négrilles sur le sol ivoirien, comme faisant
partie des premiers habitants de ce pays. Selon Jean-Noël LOUCOU, cette
hypothèse se fonde au moins sur deux faits : « l’extension ancienne de l’habitat des
pygmées jusqu’en Afrique occidentale et la tradition vivace des « petits hommes
rougeâtres », anciens maîtres de la terre chez la quasi-totalité des ethnies
ivoiriennes ».

2. Le peuplement ancien proprement dit ou fond de peuplement ancien

Ce fond existe dans les principales régions et les quatre principales aires culturelles

a. Dans la zone forestière :

- Les Krobou de la région d’Agboville

Ils se disent être descendus du ciel à l’aide d’une chaine (33personnes dont une
femme), conservée soigneusement à Ores-Krobou, l’une de leurs localités les plus
importantes et qui ferait l’objet d’un culte.

Selon certains spécialistes du monde akan, un clan est à l’origine de leur mythe
d’autochtonie : les Nzomon. En effet, il s’est opéré une généralisation des traditions
d’origine rapportées par le clan Nzomon qui est le plus important numériquement. On
le retrouve dans les trois villages principaux que sont Ores-Krobou : Aboudé
Mandéké et Aboudé- Kouassikro.

Les Nzomon clament que leurs ancêtres, sont descendus du ciel à l’aide d’une
chaîne sous la conduite du chef Adjé Menibou dont l’autorité reposait sur un siège.
Seuls 32 hommes et une femme stérile formaient cette communauté venue du
monde céleste, dont le point de chute sera Ores-Krobou. Les Kpaman (Kpati /
Kpata / Kpanda) les avaient précédés sur ce site. Ces Kpaman vénéraient une rivière
appelée Awiebè de laquelle ils tiraient leur force spirituelle. 1

Toutefois, le Pr ALLOU émet des réserves sur la véracité de cette origine céleste
pour situer les Krobou dans une migration méconnue dit-il et qu’il nomme Akpafou-
GaKrobo-Adele-Avatime. Elle a eu lieu durant la 2è moitié du 17è siècle et a laissé
des éléments au sein de plusieurs groupes ethniques (Krobou, Ega, Ebrié, Abè,
Avikam, Akyé, Adjoukrou, Baoulé et Ano

- Les Eotilé :

Ils font partie des peuples dont les récits d’origine mettent un accent particulier sur
leur autochtonie, dont la revendication, selon le Pr PERROT, s’est faite

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particulièrement vive dans les années 60, marquées dit-elle par la renaissance de
l’histoire et de la culture éotilé en réaction contre la forte influence agni.

On peut retenir de ces récits les versions suivantes rapportées par le Pr PERROT
dans son dernier ouvrage sur les Eotilé : « Les Eotilé ne viennent de nulle part. Ils
habitaient deux grands villages au fond de l’eau : les villages d’Aboindji et de Mbéo
(…). Ils faisaient tout là-bas : ils cultivaient, buvaient, mangeaient mais comme
nous…c’est à force de vivre au-dessus qu’ils sont devenus des personnes ». A la
base de leur sortie de l’eau serait une femme, une certaine Boïné, parente du roi
Djonpapo Eninga. Celleci les commandait sous l’eau et ils seraient sortis avec de l’or,
des nasses et des filets.

Les Eotilé, connus pour être les plus anciens habitants de la partie sud et ouest des
lagunes Aby, Tando et Ehi ont vu passer la plupart des populations venues de l’est et
qui sont à l’origine de la formation des ethnies telles que : les Ahizi, les Alladjan, les
Ebrié et les Abouré.

Selon Professeur ALLOU Kouamé René, les Eotilé se seraient dispersés par la suite
après leur défaite contre les Agni ; aussi parle-ton des Eotilé de la diaspora à propos
de ceux de Bassam et de Vitré. Les Eotile se dirigent vers l’Ouest dit ALLOU. Ceux
dirigés par Ehi Kadjè et son frère Yayo passent par Nabene, longent l’océan, arrivent
à Ewonto, vont à Gbamèlè, empruntent la lagune Ouladine, de là vont à Nantchuè,
sur l’île Betigbo (île Vitré), à Okoble et enfin à Betimono (Vitré). D’autres Eotilé
dirigés par BekeLata, passent par Nabene, la lagune Kodjoboué, Mpeliemounlou
(Imperié) où ils rencontrent des Eotilé sous la conduite du chef de génération
EfoloElo. Tandis que certains Eotilé restent à Imperié dans l’actuelle commune de
Bonoua, d’autres Eotilé

vont à Ewonto où ils se joignent aux Eotilé dirigés par Ehi Kadjè pour effectuer
ensemble le dernier parcours.

b. Dans la zone de savane : les ancêtres des Senoufo

Localisés dans la savane du nord, les senoufo débordent les frontières ivoiriennes. Il
existe bel et bien chez les senoufo des traditions d’autochtonie selon lesquelles le
premier Senoufo a été créé par Dieu dans leur habitat actuel. Cette thèse diffusée
pour la première fois par Delafosse, se fonde aussi par la présence de groupes
anciens sensés venir de nulle part mais aussi par l’absence dans les traditions de
conquête territoriale (J L36). La thèse d’autochtonie est réactualisée par le
professeur Tiona, qui s’appuyant sur les traditions orales écrit « Les ancêtres connus
des Senoufo sont les Falafala ou Palaka et les Myoro. Les premiers ancêtres des
Senoufo de Kong ont pour habitat originel le village de Teninguéra dans les environs
de la ville historique de Kong. Ils sont considérés comme les maîtres de terre. Sous

2
la pression des immigrants ultérieurs, notamment les Mandé nord ils vont se
disperser dans la région de Ferkéssédougou ».

Quant aux seconds, les Myoro ou Miourou (L Tauxier), ils étaient initialement
installés sur la rive droite de la Comoé. Voici ce qu’écrit Tauxier à leur propos : « Les
Miourou habitent encore seuls dans un petit village, Nakala (…) entre la région
zazéré d’un côté et Koniéné de l’autre (…) Les Miourou de l’endroit parlent le dioula,
font salam, sont habillés à la dioula et ont oublié leur langue (…) C’est une race qui
s’en va et dont les débris se fondent dans la population sonongui qui les environne. »
( L Tauxier, 200, pp120-121) Ils font de la culture et beaucoup de cueillette, dit-il.

Louis Tauxier cite deux autres populations anciennes de cette zone : les Zazéré, très
proche des Koulango et les Nabé dont il dit qu’ils se sont fondu progressivement
dans les Zazéré ou dans les Sonongui ou ont traversé la Comoé pour émigrer vers
l’est.

Sans doute ce sont ces deux groupes qui sont supposés avoir eu les premiers
contacts avec les fameux Mandebele ou petits hommes aux pieds retournés dont ils
héritent les cérémonies initiatiques, tel le Poro ou tiologo.

c. Dans les montagnes de l’ouest : les Toura ou Winmimbo

L’autochtonie n’est pas générale au niveau de ce peuple, seuls quels groupes se


disent n’être venus de nulle part.

De nombreux récits peuvent être considérés comme des traditions d’autochtonie tant
elles mettent l’accent sur le caractère sédentaire des populations c'est-à-dire ayant
toujours vécu dans leur espace actuel et ayant accueilli tous les autres qu’ils ont soit
intégrés ou qui les ont submergés Ainsi l’on rencontre dans les villages de Digoualé
et de Gaoté, les Gbiémin qui indiquent que leur ancêtre Zoh Aya a toujours vécu sur
la montagne qui jouxte leurs villages, ce qui est attesté par les autres groupes qui
disent être accueillis par celui-ci.

De toute évidence, le peuple toura s’est constitué autour de ces noyaux disparate,
ayant chacun ses récits, renforcés par de nombreux migrants venus principalement
du pays mahou.

Des récits dits d’autochtonie se retrouvent dans plusieurs autres groupes ethniques
de Côte d’Ivoire, chacun est invité à en vérifier l’existence chez soi, sans perdre de
vue que d’autres peuples en inventent pour des raisons d’ordre économique (la
question de la terre sur laquelle les premiers habitants ont un droit de propriété),
d’ordre culturel (la question de préséance dans les cérémonies) et même stratégique
et politique.

Au total les historiens s’accordent pour considérer comme peuples autochtones : les
Ehotilé, Brékégon, et les Zéhiri au sud ; les Asrin, Goli, et Gbomizambo au centre, les

2
Ega, Diès, Gagou, Toura, à l’ouest et les Falafala, Lohoron et Huéla au nord. Il est
alors nécessaire que les traditions orales soient analysées de façon minutieuse et
circonspecte.

A ces peuples sont venus s’ajouter des populations arrivées par vagues successives
de migrations du nord et de l’est.

II- LE PEUPLEMENT PAR MIGRATIONS : LA COTE D’IVOIRE, UNE TERRE


D’ACCUEIL

Très tôt le sol ivoirien s’est ouvert aux mouvements migratoires des peuples en quête
de terres nouvelles et des biens divers ; faisant de celui-ci, contrairement à ce qu’on
pourrait penser d’un espace forestier, un espace ouvert. Quels en furent les raisons
et les acteurs ?

1. Les migrations mandé

Elles sont les premières à être identifiées comme grandes migrations ou migrations à
logues distance qui affectent l’espace ivoirien. Leurs causes sont à la fois d’ordre
général et spécifique a- Les raisons d’ordre général

- la trop grande étendue de l’important empire du Mali de l’époque médiévale ;

- l’émancipation progressive des provinces septentrionales de celui-ci ;


- la trop grande dépendance économique du Mali vis à vis de l’étranger, ce qui
nécessite la recherche d’or, de la noix de cola et des esclaves,
- des crises de succession depuis la mort de Mansa Moussa II vers 1387 à partir
de laquelle le Mali connaît deux règles de succession : une collatérale,
d’inspiration animiste, et l’autre dite en ligne directe d’inspiration musulmane. Ceci
aboutit à un affaiblissement du pouvoir central dont les membres sont désormais
opposés les uns les autres.

Les causes de l’expansion Mandé sont multiples et variées dans le temps. Elles sont
tantôt économiques tantôt politiques, tantôt militaires, tantôt religieuses. Chaque
groupe de migrants ayant ses motivations propres.

b- Les raisons d’ordre spécifique

- Les motivations économiques : la recherche de l’or et de la noix de cola En vue


de maintenir son prestige économique dans les échanges avec le Maghreb, la
recherche de l’or devient plus qu’une nécessité dans l’empire, surtout après le
fameux voyage à la Mecque du souverain Kankou Moussa en 1324-1325 qui
donne à l’empire un prestige mondial autant qu’il appauvrit les caisses de l’Etat.
Aussi, chaque souverain est-il obligé, comme l’indique TERRAY, s’il veut
préserver sa gloire et son autorité, de faire aussi bien, sinon mieux que ses

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devanciers. Tous les successeurs de Kankou s’attelèrent à cette tache depuis
Mansa Souleimane.

Cette exigence devait susciter une autre vague de migration mandée : les
prospecteurs d’or, tout comme les commerçants prennent alors d’assaut l’Anno et les
vallées moyennes de la volta dont certains en firent désormais leur habitat. C’est
dans cette même vague que se rencontre les Mandé dans la région comprise entre
la Gambie et les Rivières de Guinée et de Sierra-Leone, mais ceux-ci se
reconvertissent dans l’agriculture.

La noix de cola est le second produit qui attire les Mandé vers le sud forestier, à
cause de son importance tant au niveau social que médicinal dans le Maghreb, mais
aussi en tant stimulant et produit efficace pour étancher la soif et résister à la faim.
Les esclaves sont restés un produit marginal dans les échanges avec le Mali.

- Les raisons politiques : l’insécurité dans le Mali


L’instabilité qui s’instaure dans le Mali depuis l’avènement du mode de succession en
ligne directe non seulement désagrège l’empire mais pousse certains de ses
habitants dont des guerriers malinkés ou bambara vers d’autres contrées,
notamment vers le sud forestier. Ainsi l’aspect guerrier devient un élément
fondamental dans l’expansion mandée, avec comme toile de fond la lutte pour le
contrôle du pouvoir politique. c- Les vagues migratoires et les acteurs

Deux grandes vagues caractérisent les migrations mandées vers les zones
forestières du sud, en fonction selon certains de la détermination de leurs acteurs :

- La première s’étend du 13è siècle jusqu’à la fin du 14è siècle : elle est
essentiellement l’œuvre des marchands et correspond à la période d’apogée de
l’empire du Mali dont l’économie est en plein essor. S’il ne s’agit pas encore de
conquête de terre, mais de ponction de produits dont le Mali a besoin pour son
économie, il est évident que cette phase prépare la seconde.

Ses acteurs sont : Les marchands Ligbi, Soninké et Dioula, et divers autres.

- La seconde phase, celle qui part du 15è siècle est liée à la crise qui secoue déjà
le Mali dont les populations ne veulent pas faire les frais. Les populations en
mouvements n’ambitionnent pas de retourner sur leurs terres mais d’acquérir de
nouvelles susceptibles de leur offrir la sécurité.

Les groupes d’acteurs sont différents soit qu’on est à l’ouest ou à l’est de la Côte
d’Ivoire.

A l’ouest de la Côte d’Ivoire, tout comme en Guinée-Libéria, les acteurs se nomment


Camara-Diomandé, Dosso et Ouattara. Leur mouvement se concrétise par la
création du centre de Boron dans le nord -ouest, région de d’Odienné avant de se
poursuivre vers le sud-est sous l’instigation des Camara auxquels s’ajoutent les

2
Bamba. Ainsi les régions suivantes subissent l’assaut des nouveaux venus : Beyla en
Guinée et Touba en Côte d’Ivoire dont les populations sont repoussées par les
nouveaux venus.

Poursuivant leur mouvement, cette fois sous la forme d’infiltration, les Camara et les
Ouattara traversent le Bandama, c’est alors qu’ils rencontrent d’autres mandé de la
première vague de leur migration ;

Dans cette zone de l’ouest, les migrations mandé entrainent des bouleversements
notables en terme de désagrégation de l’espace de peuplement ancien et
d’influences des communautés anciennes, notamment Mandé-sud, Krou, Sénoufo.

Les migrations mandées sont appelées expansion parce qu’elles agrandissent le


territoire des migrants depuis leur pays d’origine jusqu’aux pays qu’ils occupent suite
à ces migrations, les peuples, au lieu de rompre avec leur pays d’origine, ils
s’étendent au contraire, agrandissant ainsi leur territoire.

Les autres types de migrations sont : l’exode, la diaspora, les migrations de masse,
de bande et d’élite.

2. Migrations et installation des Akan dans la future Côte d’Ivoire

Les Akan de Côte d’Ivoire sont une multitude d’ethnies qui occupent plusieurs
espaces territoriaux. Certes, ils se disent de même civilisation akan mais les raisons
et les périodes de leurs migrations divergent d’un peuple à l’autre.

a- Les raisons des migrations Akan

Les causes des migrations sont multiformes. Certaines se rejoignent ; d’autres


sont spécifiques à chaque groupe de migrants Akan.

▪ Les raisons d’ordre général :

Plusieurs évènements ont été à l’origine des migrations des Akan vers la Côte
d’Ivoire. Ceux-ci peuvent se résumer aux points suivants :

-La traite négrière qui pousse des familles et des groupes entiers à abandonner leurs
terres pour d’autres lieux jugés plus sécurisants. En effet depuis le XVI e siècle,
l’activité commerciale des compagnies européennes sur le littoral de la Côte de l’Or
s’intensifie. En plus des autres marchandises ordinaires, la marchandise humaine
(esclave) prend une part très importante dans les échanges.

La quête des esclaves amène donc les puissants royaumes négriers de la Côte de
l’Or à livrer des guerres contre leurs voisins, à mener des rapts dans les zones
environnant leurs royaumes. Ce qui ne manque pas de créer une insécurité pour les
populations. Cette insécurité croissante contraint des groupes de populations à

2
quitter leurs terres pour des régions plus stables. Ils prennent donc la direction ouest
de leurs territoires respectifs.

-Les rivalités politiques entre Etats : Plusieurs conflits sont à signaler entre les
royaumes de la Côte de l’Or. En effet, depuis le XVII e siècle, on assiste à des
affrontements entre Etats. Chaque royaume cherche à étendre sa suprématie dans
la région mais surtout à contrôler les voies commerciales, notamment un accès à la
mer, et l’activité économique dans la région. Parmi ces guerres hégémoniques du
XVIIIè siècle, on peut citer : la guerre entre Denkyira et Akwamu, la guerre entre
Denkyira et Ashanti entre 1699 et 1701. On peut y ajouter la guerre entre le royaume
de Nzema de Jumore et l’Egwira. A cela il faut adjoindre toutes les guerres
d’expansion de l’Ashanti entre 1701 et 1745.

-La crise de succession intervenue à la tête du royaume Akwamu à la mort du roi


Ansa Sasraku en 1620 ; cette crise entraine la migration d’une partie des Akwamu
qui participera à la fondation du royaume Abron.

-Une crise majeure de succession dont l’historiographie retient le plus est celle
intervenue à la tête de la confédération Ashanti à partir de 1717 avec la mort d’Oséï
Tutu, opposant d’un côté les partisans de Dakon et de l’autre ceux de Koffi Obodoum
; ce qui devait aboutir à la migration baoulé à la suite de ABLA Pokou, celle qui serait
devenue reine si son frère avait eu le dessus : Elle est néanmoins la fondatrice et
reine des Baoulé de Côte d’Ivoire. La légende liée à la migration baoulé a influencé
les récits d’origine de bien de groupes akan qui en ont fait faussement leurs alors
que les Baoulé eux-mêmes ne sont pas tous concernés par cette légende.

▪ Les raisons spécifiques :

A ces raisons s’ajoutent celles qui sont particulières à certains groupes et qui
sont analysées au fur et à mesure qu’on étudie ces peuples. Ainsi pour certaines
ethnies, les dissensions internes ont été à la base de la migration. On a le cas des
Abouré et des Nzema.

-Concernant les Abouré, ils ont quitté leur région, dans la région du Kumassi et près
d’Axim à cause de la volonté de centralisation du pouvoir par le roi Ewaruda Basa de
l’Adanse entre 1620 et 1625. Un autre groupe de ce peuple quitte la rive droite du
fleuve Ankora à cause de la volonté des Nzema du royaume de Jumore et des
Evaloè de les placer chacun sous leur autorité.

-Quant aux Nzema, leur premier mouvement de migration est en rapport avec leur
activité économique. Etant de véritables commerçants, ceux-ci se rendent dans des
contrées assez éloignées de leur royaume afin d’échanger les produits. Cette activité
les amène sur le littoral ivoirien.

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Mais, la grande migration des Nzema débute entre 1868 et 1874 à cause de la
guerre civile qui a éclaté dans leur royaume. Les premiers Nzema qui ont trouvé
refuge dans le Sanwi se sont principalement installés à Assinie et à Adjuan. D'autres
sont partis un peu plus à l'Ouest à Grand-Bassam.

Comme on peut le constater, la migration de chaque peuple résulte d’un problème


spécifique en plus des causes générales.

Ainsi au-delà du peuplement ancien, l’espace akan est demeuré un espace


ouvert, c’est-à-dire qu’il a continué de recevoir des groupes de populations qui se
sont installés sur ce territoire pour certains alors que d’autres continent leurs
migrations vers de nouveaux sites ; ainsi s’expliquent la présence de groupes divers
dans le pays akan dont l’installation se fait entre la période des premiers groupes et
ceux qui arrivent à partir du 18è siècle et dont les mouvements sont bien connus des
historiens. Pour les autres le Pr ALLOU en fait une bonne synthèse dans : Côte
d’Ivoire, les premiers habitants. Il s’agit des Aïzi, Alladian, Avikam, Adjoukrou, Abidji,
Goua ou Mbatto, Ebrié ou Tchaman, Abouré…. Quelles sont alors les principales
vagues de migrations akan ?

b- Les vagues de migrations akan

Les principales vagues de migrations akan les plus connues sont :

➢ Les migrations avant XVIIIe siècle

Plusieurs populations akan migrent vers le territoire ivoirien avant le XVIII e


siècle. Ceux-ci y forment de nouvelles ethnies distinctes les unes des autres. On
distingue les migrations en direction de la savane et celles qui se dirigent vers les
forêts lagunaires.

❖ Les akan de la savane :

Parmi ces groupes de populations, nous avons :

-Les Anofoè :

Les Anofoè sont voisins des Djimini. Ce peuple compte plusieurs groupes avec
des origines diverses. Toutefois le noyau fondateur de ce royaume est d’origine
denkyira : les Alui Dumnilen. Ceux-ci dirigés par Adu Ndohu ont quitté leur région à
cause de la guerre qui a opposé le Denkyira à l’Asante entre 1699 et 1701. On
retrouve toutefois au sein des Anofoè des Ngan (Ga) qui sont issus de la migration
Akpafu-Ga-
Krobo-Adele-Avatime dont la migration est causée par l’expansion de l’Akwamu entre
1660 et 1689, dans le sud-est de la Côte de l’Or. Ces Ga viennent de la région
d’Accra.

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-Les sous-groupes baoulé issus de la migration Akpafu-Ga-Krobo-AdeleAvatime du
XVIIe siècle

La migration de ces sous-groupes de populations a été provoquée par


l’expansion de l’Akwamu entre 1660 et 1689. Les populations issues de cette
migration intègrent plusieurs groupes ethniques dont les Baoulé. Au sein des Baoulé,
cette migration participe à la formation des sous-groupes tels que : Les Ngen de
MBahiakro, Les Akpo ou Akpatifoè, les Battrafoè ou Asrin et les Batra qui vivent à
Tiassalé, Asenze, Eloso, Boussoue, Gbudie. On y trouve les Akrowoufè qui ont créé
les villages de Ndènou, Ndèbo et Konankouassikro puis ils se regroupent pour former
le village de Lolobo, Les wamala de l’axe Toumodi-Dimbokro, les Goli qui s’installent
à Goliblenou dans le Wawolé septentrional. Goli est une déformation de Kloli, nom
par lequel se désignent les Krobo du Ghana actuel.

❖ Les migrations akan qui touchent les régions lagunaires du sud de


la Côte d’Ivoire :

-Les Pépéhiri font partie des populations dont la migration touche cette région. Ils
passent par le pays éotilé au XIII e siècle, puis vont s’établir en pays Ahizi où ils
constituent le fond de populations sur lequel se constitue le peuple Ahizi. Toutefois, il
faut rappeler que le peuple Ahizi lui-même est composite, c’est-à-dire qu’il est
composé de populations d’origine Akan et d’origine Krou.

- le peuple Alladjan dont la migration se situe aux alentours du XIV e siècle. Une
partie de cette population passe par le pays éotilé avant de poursuivre sa migration
vers son habitat actuel. Les anciens alladjan sont identifés aux Abrem, populations
d’origines Guan précisément Etsi qui sont présents sur le littoral Fanti sur la Côte de
l’Or. Une partie de ce peuple (Allandjan) est aussi issue de la migration Akpafu-Ga-
Krobo-AdeleAvatime.

-Les Essouma proviennent de la Côte de l’Or, précisément dans les environs de la


région d’Axim. Les Essouma fuyaient l’oppression que les Adjomolo (Nzima) leur
faisaient subir. Ils arrivent dans la région d’Assinie vers 1670. Ils occupent les terres
laissées par les Abouré et les Elangama, suite à la guerre qui les a opposés aux
Eotilé coalisés aux Essouma.

-La migration abouré a eu lieu entre 1620 et 1625. Ils quittent leur zone d’origine
située au sud de Koumassi (Ghana actuel) et s’établissent au Nord, à l’Est et au Sud
du pays éotilé. Une partie quitte cette région (pays éotilé) en 1670 et une autre partie
part aux alentours de 1715 suite à l’arrivée des Agni sanwi dans la région.

-Les Avikam : une partie de cette ethnie est issue des Alladjan. De cette zone part
un mouvement de populations qui fonde ce peuple. Outre ces Allandjan d’origine, les
fondateurs de Kpandadon (village des Kpanda) étaient à majorité des Kpanda c’est-

2
àdire des membres de la migration Akpafu- Ga-Krobo-Adele-Avatime. Une autre
branche de cette population provient du pays dida.

-Les Adjoukrou sont un peuple composite. Une partie de cette population (les
Aklodje) est issue du même noyau fondateur du peuple Alladjan. Leur migration date
donc du XIVe siècle. Une autre migration datant du XIV e siècle touche également
cette zone ; il s’agit des Bouboury qui sont d’origine dida. Ceux-ci participent à la
formation du peuple Adjoukrou. On retrouve aussi dans cette ethnie des Pépéhiri-
Mekyibo
(Eotilé).

-Les Abidji : une partie des populations constitutives de ce peuple est issue de la
migration Abrem du XIVe siècle ; il s’agit des Yorokpo. On a les groupes Essekpe,
Akpague et Agbnan dont la migration date du XVIIe siècle. Les ogbown, les Ebre et
Akromiambra relèvent de la migration aowin de 1721.

-Les Ebrié sont un peuple assez cosmopolite dont les sous-groupes relèvent de
plusieurs migrations. Les différents sous-groupes sont appelés Goto. Au sein des
Ebrié on a les Brékégon et les Diapo qui sont d’origines éotilé. De ce fait leur
présence dans la région est très ancienne. Une partie des Ebrié, les Elangaman, qui
fondent le sous-groupe kouè de Bingerville est passé par le pays éotilé au XVII e
siècle. D’ailleurs leur départ de cette région est dû à leur défaite lors de la guerre
contre les Essouma aux alentours de 1670. Les différents sous-groupes ébrié sont :
les Diapo (Agodoumé, Adiapo, Adiapote, Adiapodoumé) ; les Kouè (Akandjè,
Akwadjame, Agban, Bregbo, Mbadon, Aghien, etc) ; les Bidjan (Locodjro, Abadjin
kouté, Djeregon bite ou djorogobite, Cocody-village, Anomabo, etc) ; les Yopougon
(Yopougon santé, Yopougon azito, etc), les Songon (Songon Agban, Songon
Kassemblé, Songonté, etc) ; les Bôbô (Abôbô avec deux villages Abôbô ato et
Abôbô até, Abôbô bawoulé, etc.) ; les Nyagon ou Niangon ; les Nokwa (Anokwate
ou Blockoss, Anono, Anokwakute, Anokwagon, Akwalote, Agbongondumè,
Akwalite) ; Les Bia (Ancien Koumassi, Niabo et Abéti).

-Les Abè : la migration de ce peuple commence au XVII e siècle avec la migration des
Krobo qui viennent de la basse-vallée de la région d’Accra sur la Côte de l’Or.
L’ethnie formée sur le territoire ivoirien s’enrichit avec l’apport d’autres migrations tout
au long du XVIIe et du XVIIIe siècle.

-Les Akyè : ils divisent leur pays en 11 zones, à savoir les Ketin (Grand Afféry,
Asseudji, Akoupé, Assangbadji, Bacon, etc.) ; Nkadje ou Ngadje (Bouapé, Anapé,
Maopé…) ; Attobrou (Yakassé Attobrou,Abradine…) ; Tchoyasso (Adzopé, Andé,
Miadzin, Boudépé, Bécédi Brignan, Yakassé mé , Agou), Brignan , Anape (Annépé,
Apiadji, Assikoua) Bodin (Zonokoua, etc) ; Lepin (Montézo, Memni, Grand Alépé,
Kossandji, etc), Tson (Attiékoua, Ahoué, Akwadjame…) ; Tchin (Ahoutoué…) et
Nedin (Zodji, Anyama, …). Mais ce peuple est divisé en trois dialectes que sont le

2
Ketin, Nédin et Bodin. Ce peuple est très composite. Une partie a entamé sa
migration bien avant le XVIII e siècle. Il s’agit des Nkadje qui appartiennent à la
migration AkpafuGa-Krobo-Adele- Avatime.

A ces groupes de populations, s’ajoutent d’autres qui débutent leur migration au


XVIIIe suite à la guerre de l’Aowin.

Les migrations qui ont permis la formation de la majeure partie des peuples du
littoral débutent bien avant le XVII e siècle. Dans le cas de certaines ethnies, certaines
populations se mettent en place depuis le XIII e et XIVe siècle. Les premières vagues
de migration s’enrichissent avec d’autres vagues de migrations qui se situent au
XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, d’autres populations arrivent dans ces régions. Ce sont
ces différentes vagues de migrations qui donnent les peuples Akan du littoral que
nous connaissons. Le XVIIIe siècle représente un siècle déterminant concernant les
migrations akan.

➢ Les grandes vagues migratoires akan du XVIII e siècle

Le XVIIIe siècle représente une période charnière dans les mouvements de


populations akan vers le territoire ivoirien. Nous assistons en effet à un déferlement
de populations sur le territoire ivoirien suite à des conflits politiques entre Etats et
entre les composantes d’un même Etat sur la Côte de l’Or. Ces mouvements
concernent les peuples qui suivent :

❖ Les Abron :

Ils sont issus de deux sous-groupes akan (Brong et Akwamu). Leur départ de
l’Akwamu serait dû à une querelle de succession qui éclate à la mort d’Ansa
Sansraku ou Ahensa Sasraku, l’un des rois les plus célèbres de l’Akwamu. Ce conflit
de succession intervient aux alentours de 1620. Il opposait les frères jumeaux, Ata
Panyi et Ata Kuma (Atakora Amaniampong). Les partisans de Atakora Amaniampong
dont le candidat n’a pas été retenu par le conseil quittent l’Akwamu et migrent vers le
nord. Puis une partie de ces migrants va s’établir à Suntreso (dans la région ouest du
Ghana actuel)

Au cours de leur migration, une partie de ces ex-akwamou (le clan Abrade)
partent s’établir dans l’Abron actuel. Les Abron gyaman occupent leur territoire actuel
aux alentours de 1690. En effet, le fondateur du royaume Tan Daté (Tano Datè) vient
s’installer dans la région du Zanzan à cette période en provenance de Niani en pays
Koulango où était installé Bofo Bini (en provenance de Abanpredease) dont il sera
l’héritier. Les Abron se constituent en groupe ethnique nouveau avant d’occuper la
région pays de Bondoukou où ils sont accueillis par le chef nafana AKOMBI autour
de 1690. Plus tard, ils atteignent Bondoukou pour mieux se mettre à l’abri des
exactions des Achanti et affirmer ainsi davantage leur volonté d’autonomie, mais ils
sont aussi attirés par les mines d’or dont ils ont eu vent.

2
Peuples guerriers, les Abron négocient pacifiquement leur installation avec les
Bono (Ghana actuel), par contre avec les groupes autochtones non-akan à savoir
Nafana, Kulango, Guano, ils usent à la fois de négociation mais aussi de force.
D’ailleurs, conscients de ce qu’ils constitueraient une menace, le chef Nafana qui
accueille les Abron donne l’ordre de les faire installer le plus loin possible. Il les
oriente vers une zone à partir de laquelle ils ne constitueraient plus une menace pour
son groupe en disant : zan ! zan ! ce qui, en koulango voudrait dire : loin, loin ! terme
qui aurait servi à désigner le nouveau peuple. En réalité, cette manière de procéder
n’est ni unique, ni nouveau au peuple nafana ou koulango. On en rencontre en
d’autres endroits de la Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique.

Le chef de Drobo, un guerrier au service du roi Abron Gyaman soumet les Ligbi
de Namassa, les Kulango de Debidi, Duodato, Jamara et Kokwang. Ces peuples
nonakan soumis, le servent à travers le chef de Wireme.

Le nom Gyaman a été donné aux Abron par les Asante. Il signifie « quitter son
pays », autrement dit ceux qui ont abandonné leur pays. En effet les ex-Akwamu
quittent massivement la région de Suntreso, l’Atwima et le Kwabrè à cause des
guerres qu’Osei Tutu leur livre. Jusqu’en 1740, les Abron mènent des guerres contre
divers peuples afin de consolider leur royaume. Les premières guerres sont menées
par Tan Daté, Brafo Adingra Panyi, Bina Kombi Panyi et Abo Miri. En 1740, les Abron
avaient consolidé les limites de leur royaume.

❖ Les migrations agni :

Elles débutent avec le premier conflit qui a opposé l’Aowin ou Etat agni
d’Ebrosa et l’Ashanti en 1715. Ces migrations prennent de l’ampleur suite à la défaite
de l’Aowin face aux mêmes Ashanti en 1721. Composées de plusieurs vagues, les
migrations agni empruntent deux grandes directions : le nord-ouest (vers le Sefwi et
le Comoé) et le sud-ouest (vers l’île d’Assoco et la Bia).

La première direction fut celle suivie par les Ndenye, les premiers à partir de
leur site initial. Non seulement ils ne constituaient pas au départ un groupe
homogène car composés selon Ekanza de quatre sous-groupes dont les Bettié,
Alangwa, Ahua et Ndenye proprement dits, ils sont renforcés pendant leurs
migrations par ceux que Ekanza désignent par « des fugitifs d’origines diverses ».

Les Ndenye sont suivis dans cette direction par les Djuablin qui, partis de l’Etat
de Suamara de Dadiesso, viennent habiter la zone d’Agnibilékrou où ils durent
composer avec le roi abron du Gyaman. A ces deux groupes principaux, s’ajoutent
les Abrade et les Dokanou et Asindi, les Agni Bini, Bona, Morofwè, etc.

La deuxième direction (sud-ouest) est suivie par les Agni sanwi et une partie
des Agni Morofwè.

2
-Les Agni sanwi : ils portent aussi le nom d’Agni brafè, terme qui désigne les
guerriers proches du roi (Aowin), chargés d’exécuter les peines capitales. Ces Agni
suivent la direction du sud-ouest, sous la conduite de Amalanman Ano, chargé de
rechercher une zone de repli en 1715 suite à la guerre qui oppose les Aowin aux
Ashanti. Mais c’est son neveu et successeur, Aka Esoin, connu dans les archives
européennes sous le nom de Aka Siman Adu Kpanyi, qui mène à bien cette mission
en occupant le pays Agoua que les migrants finissent par soumettre, pour créer le
royaume du Sanwi. Le groupe conduit par Amalanman Ano se compose des Brafè
du lignage Oyoko, des
Alangoua et de Djangui. Alors que certains s’installent pour former le Sanwi qui
signifie “Au milieu (nvi) des guerriers (sa)”, d’autres continuent leur marche
toujours vers l’ouest pour former plus loin le Morofwè.

-Les Agni Morofwè ou Morofoè : Comme leurs frères du Sanwi, la migration des
Morofwè résulte de la guerre qui a opposé les Aowin aux Ashanti en 1721. Les
Morofwè étaient conduits par Dangui Kpanyi. Le peuple s’installe auprès de la rivière
Moro d’où provient le nom Morofwè, c’est-à-dire les gens du Moro. Leur installation
définitive dans cette région remonte à 1725. Selon Simon-Pierre Ekanza, Dangui
Kpanyi est l’héritier et successeur légitime du roi de l’Aowin Ano Asoman. En effet, il
était le frère cadet de ce dernier.

Plusieurs groupes de populations ont contribué à la formation du royaume Morofwè.


Il s’agit des Alangoua, des Ahua, des Sahié, des Ahali, des Assiè, des Sawua, des
N’Gan, des Essandane ; etc.

-Les Agni Bettié : ils entament leur migration probablement bien avant la défaite de
l’Aowin en 1721, car leur ancêtre Ebiri Moro aurait, par ses actes, poussé les Ashanti
à attaquer les Aowin. Le Bettié est fondé par les membres du matrilignage d’Ebiri
Moro et par les Sohié. Toutefois les deux groupes appartiennent au même matriclan,
à savoir les Asona. L’exode de ce groupe est mené par Adu Ayemu.

-Les Agni Ndenian : Après la défaite de 1721, l’exode de ce groupe est placé sous
la conduite de Ahi Abaye ou Ahi Baye. Le lignage royal des Ndenian, le lignage
Anikle (Asakyiri), est d’origine denkyira. C’était les Kpamanfouè du roi. Ce
matrilignage s’installe dans l’Aowin entre 1699 et 1700. Leur ancêtre fondateur
Ehuman Kabran fut envoyé par le denkyira, Ntim Gyakari, pour solliciter des troupes
auxiliaires à Ano Asema (Asoman). C’est donc de l’Aowin qu’ils partent fonder le
Ndenian qui signifie s’asseoir et observer. Anikle (nom du lignage royal) et Ndenian
(nom du royaume) traduisent la fonction royale du lignage royal : celle de guider le
peuple, montrer le chemin, observer de près ceux, susceptibles de mettre en danger
sa sécurité, son indépendance. Ce royaume est composite car, on trouve en son sein
des populations d’origine Denkyira et d’autres d’origine Aowin.

2
-Les Agni Bona : ils se retrouvent dans l’aire de domination Abron. Ils sont
composés de plusieurs fractions de populations, à savoir les Assuadiè, les
Amanvuna, les Abrade et les Samo. Chaque groupe avait son chef de file. Venus de
l’Aowin, ils rencontrent dans leur zone d’installation les Djimini et Koulango qu’ils
expulsent. Le groupe se rassemble à Amanhia à 5 km de Koun Fao. De là, ils
essaiment pour créer d’autres localités. Les Agni Bona sont défaits par les Abron et
intégrés à leur royaume entre 1726 et 1727.

-Les Agni Djuablen : ces Agni sont originaires de Dadieso dans leur Suamara. Leur
installation en Côte d’Ivoire n’est pas liée à la défaite de l’Aowin face aux Ashanti,
mais elle est consécutive à la sollicitation du roi abron, Kossohonou. Ils ont été
sollicités pour aider les Abron à mener une guerre contre les Koulango de Bouna en
1750. Ces guerriers étaient conduits par Blendu Asamandjè. Plus tard, la découverte
de l’or dans la rivière Bassô pousse les Suamara à s’installer à Assikaso (sur l’or
autrement dit, le lieu de l’or) où ils se livrent à l’orpaillage. Selon Allou Kouamé René
« c’est en se fondant sur l’origine Juaben de leurs ancêtres, que les Suamara
installés à Assikaso ont appelé leur chefferie Djuablen (comme on le voit, Djuablen
est une autre forme prononcée du même nom Juaben) et se sont appelés eux-
mêmes Anyi Djuablen ».

-Les Agni Bini : La chefferie fut fondée par Asuma Kari Kari, guerrier Denkyira, qui
prit part à l’expédition contre les Ano dans le Sansani Mango. Il s’est imposé aux
originaires de l’Aowin qui vivaient à Kofikro. Aux alentours de 1730, le royaume Bini
passe sous domination Abron. Le nom bini vient d’abèni (personne de l’abè) soit
l’individu ou la personne qui vient de l’Abè. Cela est juste d’autant plus que c’est à
partir de l’Ano Abè qu’Asuma Kari Kari a créé sa chefferie et a pris part à l’expédition
du Sansani Mango.

Outre ces sous-groupes agni, nous avons les Agni Abrade et les Agni-Denkyira.

❖ Les migrations baoulé :

Il ne s’agit pas d’une migration monolithique. Au XVIII e siècle, deux grands groupes
de populations participent à la migration des futurs Baoulé. Il s’agit des Alanguira et
des Assabou

-Les Alanguira sont issus des Denkyira ; ils quittent ce pays peu après la victoire
asante à Feyase en 1701 sur le Denkira. Vaincus, ils se dispersent, certains lignages
se réfugient dans l’Aowin, franchissent la Comoé et plus tard le Nzi pour ensuite
s’installer dans la forêt qui s’offre à eux en s’imposant aux populations disparates qui
y étaient (Sénoufo, Gouro) ; certains parviennent jusqu’au pays yahouré. Des
Alanguira fondent le royaume Ano sous la conduite d’Alui Ndohu. Dans la région de
Bocanda, les Alanguira donnent les groupes tels que les Abè (Ano Abè), les Mounga
et les Djina. Les Alanguira de Bouaké donnent les sous-groupes comme les Satrikan
de Botro, les Bro de Diabo, les Dohoun de la zone de Bendekouassikro. D’autres

2
Alanguira donnent des sous-groupes tels que les Yaouré, Ndame, Sale de Daoukro,
Kangraso de Kangraso Aluibo, les Djè d’Ahougnanou, Alanguira de Dimbokro, Gbara
de Bonikouassikro, etc.

-Les Assabou : ils sont les mieux connus si bien que leur légende s’est non
seulement étendue à tous les Baoulé, mais à une grande partie du monde akan.
Issus de la famille royale de Kumasi, ils abandonnent l’ashanti à la suite d’une
querelle de succession au trône royal à la suite de la mort d’Oséï Tutu en 1717. La
migration assabou est initiée par la sœur ainée de Dakon, le rival malheureux de
Opoku Warè, la reine Abla Pokou.
Le groupe se refuge d’abord en Aowin avant de reprendre leur migration en 1721 à
cause de la guerre entre Aowin et Ashati. Il se dirige vers l’ouest pour franchir la
Comoé à Mlanmanso (bettié) après le sacrifice de l’enfant.

Selon la tradition, le nom Baoulé signifie l’enfant est mort. Selon Allou Kouamé René,
Une explication plausible du nom wawolé en langue wawolé est celle-ci : Ba veut tout
aussi bien dire enfant que noble son pluriel étant Wa. Le mot wole signifie
accouchement ou naissance. Wawolé peut donc signifier, de naissance noble.

En passant par Tiassalé avec les migrants, Abla Pokou ne put pas les mener jusque
dans le Warèbo, ce fut l’œuvre de sa nièce Akoua Boni. Ils s’imposèrent aux
Alanguira de la région, ainsi qu’aux Mandé, Gouro et Senoufo qui y étaient.
Toutefois, Akoua Boni ne put pas organiser un Etat digne de ce qu’ils avaient connu
dans leur région de départ.

Les groupes wawolé qui appartiennent à la migration Assabou sont les suivants : les
Walèbo, les Faafoè et leurs sous-groupes (exemple les Prépressou, Fari,
Gouamenessou, Fadi), les Ayaou, les Sa (Sa-Ahali), les Ahali, les Assabou-Alanguira
avec leurs sous-groupes (Akpesse, , les Nanafoè-Ahuafoè, les Nzikpri, les Sono ou
Sondo (installés dans la région de M’Bahiakro), les Akouè, Elomoen etc.

-Les Baoulé Suamenle sont des Suamara (ils faisaient partie du royaume ashanti)
originaires de Dadiéso, ils ont continué à pourchasser les Ahali de Tano Adjo jusque
dans la région de Tiassalé.

-Les Baoulé Aïtou ou Lomo Awoutou proviennent de la région du Bono. Leur


migration fait suite à la guerre qui opposa les Ashanti aux Bono entre 1722 et 1723.
Au cours de leur migration, ils passent par la région de Kong, puis à Ndranouan pour
se fixer à
Mantranhé à l’Est de Tiebissou. Le nom aïtou témoigne de leur hétérogénéité car ils
comprenaient sans doute différents sous-groupes bono et guan. A cet égard, le sens
de plumeurs des poulets de la reine que l’on donne à Atoutou, autre dénomination
des Aïtou n’est pas du tout exacte selon le professeur ALLOU Kouamé René.
Atoutou dérive d’afoutou terme akan qui veut dire réfléchir, émettre des pensées

2
positives. En effet, les Aïtou ont la réputation de trouver des solutions aux problèmes
complexes.
C’est cela qui leur a valu le qualificatif d’afoutou déformé en atoutou.

En 1732, arrivent dans le pays baoulé des émissaires du roi Opoku Warè. Ces
ambassadeurs sont arrivés dans le Ndranouan afin de demander au nom du roi
Opoku Ware, la réconciliation avec les Assabou et leur retour en Asante. Face au
refus de la reine Akoua Boni, ces émissaires restent en pays baoulé et forment les
Asandrè.

En 1735, arrivent les futurs Baoulé Ngban dans le pays baoulé en provenance du
pays Gonja ( situé au nord-ouest du Ghana actuel).

❖ Les Nzima

Après les Baoulé, l’on note l’arrivée tardive des Nzima au sud. Les Nzima
demeurent le dernier groupe de populations akan à migrer sur le territoire ivoirien.
Entre 1868 et 1874, une guerre civile éclate dans le royaume nzima sur la Côte de
l’Or. Ce conflit cause la migration des populations en direction du sud-ouest de leur
territoire. Les Nzima s’établissent dans le Sanwi précisément à Assini et Adjuan (le
groupe Assomolo). D’autres s’établissent dans la région de Grand-Bassam. Dans la
région du sanwi, ils fondent le royaume Adouvolè ou Adouvlè.

Tous ces mouvements de populations aboutissent inévitablement à l’occupation


de nouveaux espaces, à l’établissement de nouveaux rapports entre les peuples
ainsi mis en contact et à la formation de sociétés nouvelles avec la disparition de
certains peuples et l’hégémonie d’autres. Ainsi, se constituent de nouvelles
civilisations, car toute civilisation nait, elle grandit et elle meurt.

III- LES PRINCIPALES AIRES CULTURELLES : PEUPLES ET CIVILISATIONS DE


CÖTE-D’IVOIRE
On distingue quatre grandes aires avec chacune ses caractéristiques. Mais elles ne
sont pas restées figées ou fermées les unes aux autres.

1. L’aire culturelle akan

a- Qui sont les Akan ?

Dans un article intitulé qui sont les Akan ?, l’historien ghanéen Adu Boahen
définit les Akan autour des traits suivants qui constituent les fondements de l’aire
culturelle akan : une langue commune, bien que connaissant de nombreuses variétés
dialectales, toutes dérivées du la langue twi ; un système de succession
matrilinéaire ; un système calendaire de noms des enfants, noms donnés en fonction
du jour de naissance doublés d’un autre, choisi dans le clan du père ; un système
calendaire comprenant un mois rituel de quarante-deux jours, mois en fonction

2
duquel, selon le Pr Niangoran Bouah, les populations organisent leurs activités
religieuses ; enfin, un système politique fortement centralisé où l’on ne rencontre que
royaumes et états, à l’exception de quelques populations en contact avec le monde
krou. L’importance d’un personnage féminin, la reine-mère mérite d’être signalée
dans ce système politique akan, à côté du roi qui est le véritable détenteur du
pouvoir. Celui-ci est incarné par un siège ou bia, car il ne peut avoir de royaume sans
siège.

L’or occupe une place de choix dans la culture akan. Quant à Jean Noël
LOUCOU, il définit les Akan comme « une série de peuples présentant une forte
parenté linguistique, ethnique et culturelle ». On distingue les Akan lagunaires et les
akan forestiers.

b- Les Akan dits lagunaires

C’est parmi eux que se voient les peuples anciens de cette aire : ils sont établis
autour des principales lagunes de Côte d’Ivoire. On dit qu’ils sont des peuples inter
lacustres. C’est aussi parmi eux que se rencontrent les sociétés organisées en
classe d’âge, classées parmi les sociétés sans états, contrairement aux autres akan :
adjoukrou, attié, ébrié, alladjan

c- Les Akan forestiers et des savanes

Ils sont ceux dont les migrations sont liées pour la plupart au bouillonnement politique
que connait le monde akan de la Gold Coast au 18è siècle. Ce sont les Baoulé, les
Abron et certains Agni

L’aire akan a la particularité de déborder les frontières ivoiriennes et de s’étendre


dans le Ghana voisin avec un groupe au Togo appelé les Tchokossi. Partout ils
forment des royaumes ou des Etats.

Akan lagunaires, Akan forestiers et Akan de la savane ne constituent pas des


groupes aussi homogènes qu’on le pense, car chaque chacun d’entre eux est
constitué par plusieurs petites entités avec des particularités socio culturelles.

2. L’aire culturelle gur

Appelée anciennement aire voltaïque, les Gur s’étendent eux aussi hors des
frontières de la Côte d’Ivoire. Aussi les retrouve-t-on au Burkina Faso et au Mali. Les
Gur se composent de Senoufo eux-mêmes repartis en plusieurs sous- groupes dont
les plus connus sont les Tagbana, les Fohobelé et les Mangoro, ces derniers pour
leur agilité dans l’art de la céramique. Outre les Senoufo, les Gur se composent de
Lobi et de Koulango dans le nord-est de la Côte d’Ivoire ; Les Gur en particulier se
sont tellement mêlés au Mandé, notamment dans la région de Kong que certains
n'hésitent pas à parler de Mandé-sénoufo. Or contrairement à leurs hôtes qu’ils
accueillent dans la région de Kong, les Senoufo sont restés longtemps attachée à la

2
religion traditionnelle avec comme culture de ralliement le poro, rite communautaire
d’initiation. Ils sont de régime à dominance matrilinéaire et sont pour la plupart des
agriculteurs.

Considérée comme société à classes d’âge à cause des rites initiatiques


communautaires, l’organisation politique senoufo est de type segmentaire, exception
faite des mutations intervenues au XIXè siècle avec PELEFORO Gbon Coulibali,
mutations qui ne sont pas isolées pour cette période, car se rencontrant dans bien
des parties de la Côte d’Ivoire.

3. L’aire krou a- Qui


sont les Krou ?

Les Krou, nous dit Alfred SCHWARTZ, sont à cheval sur la Côte d’Ivoire et le
Libéria. Ils forment une famille linguistique située dans l’ouest, le centre-ouest et le
sud-ouest de la Côte d’Ivoire et dans l’est, le sud-est et le sud du Libéria. Cette
population forme une société de type lignager à résidence patrilocale. Les Krou
occupent un vaste espace qui est limité à l’est par le fleuve Bandama en Côte
d’Ivoire et le Saint Paul River après Monrovia au Libéria. Ainsi, il y a les Krou du
Libéria et les Krou de Côte d’Ivoire.

Cette famille linguistique partage un certain nombre de traits caractéristiques.


Les Krou forment des sociétés patrilinéaires, agricoles, de chasseurs et sans Etat
véritable. C’est une communauté de mini Etats tribaux dont les pouvoirs s’étendent
rarement au-delà des limites spatiales de la tribu.

L’intérêt porte sur les Krou de Côte d’Ivoire. Selon Jean-Noel LOUCOU, les
Krou forment deux grands ensembles séparés par le fleuve Sassandra. Ceux situés
à l’est du fleuve constituent le groupe oriental avec comme principaux constituants :
les Bété, Dida, Godié, Niaboua, Gnédéboua et Néyo. Ceux situés à l’ouest du fleuve
Sassandra forment le groupe occidental. Ce groupe comprend les Wè, Kroumen,
Oubi, Bakwé et les Wané.

Toutefois, il faut savoir que les Krou du Libéria comprennent les Grébo, Kru,
Wè (Krahn, Sarpo), Bassa, Dei, Gbi et Belle. Ces groupements occupent l’Est et le
Sud-est libérien. Ils sont précisément dans les comtés de River Gee, Grand Gedeh,
Sinoe, Maryland, Grand Bassa, Bong et River Cess.

Ces populations ont migré pour occuper l’espace qui est le leur aujourd’hui.
Cette migration s’est faite dans les sens nord-sud pour les Krou ivoirien et aussi
nordsud et sud-ouest pour les Krou libériens.

b- Les Krou de Côte d’Ivoire

Les Krou de la Côte d’Ivoire sont classés en deux groupes. Ce sont les Krou
orientaux et les Krou occidentaux. Plusieurs travaux antérieurs sur leurs origines les

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font venir soit de la Guinée, soit du Libéria, soit du nord de leur zone d’habitat actuel.
Les récents travaux remettent en cause la thèse du Libéria et de la Guinée et
s’appesantissent sur l’origine septentrionale, faisant de ce pas des Krou un groupe
autochtone. C’est à juste titre que Yves Person situe le foyer Krou plus au nord
qu’aujourd’hui. Pour lui, ces derniers auraient reculé constamment en direction du
sud à cause des assauts des Mandé. Christophe WONDJI abonde dans le même
sens et souligne que la poussée migratoire des Mandé du Sud s’effectuant du nord
au sud et nord-ouest/ nord-est exerça une pression sur les Krou qui s’enfoncèrent
plus profondément dans la forêt, en direction de la Côte.

Pour Gauze, les Wè (Gadi) et les Bété (Magwé) sont les principales ethnies
desquelles ont découlé toutes celles que l’on connait aujourd’hui. C’est leur
éclatement qui permet la multitude de groupements ethniques forment le groupe
ethnolinguistique Krou. Il est certes possible qu’il y ait eu des groupements anciens
qui formeraient le socle des Krou, mais il faut retenir qu’il y a eu apport d’autres
groupements claniques extérieurs qui ont parachevé la formation des Krou que nous
connaissons aujourd’hui.

Les différents groupements ont connu des itinéraires migratoires différents.


En effet, dès le XIIe siècle, un premier mouvement migratoire s’effectue de leur zone
dans le nord-ouest vers le sud en passant par la zone de Man, les plateaux de Guiglo
pour la côte. Ce mouvement migratoire s’arrête et la population se stabilise au XIIIe
siècle à l’ouest du Sassandra. C’est l’espace des Krou occidentaux. D’autres
populations de cette première vague migratoire poussent leurs pérégrinations de la
côte au sud vers l’est dans les environs de San Pédro, Sassandra et Soubré entre le
XIIIe et XVIe siècle. Ce sont entre autres les Bakwé, Néyo, Godié, Dida et Kroumen
de la zone de Grand-
Béréby. Le dernier itinéraire se fait dans le prolongement du XIIIe siècle et s’achève
au XVIIe siècle avec l’installation des Bété un peu plus au nord des groupements de
la deuxième vague migratoire.

Toutefois, la stabilité des Krou n’est pas effective car les clans continuent à
occuper l’espace compris entre le Sassandra et le Bandama. D’autres traversent
même le Bandama pour s’établir sur sa rive Est. Avec la migration des Akan du
XVIIIe siècle, il y aura une réorganisation de l’espace. Les groupements Krou qui
étaient installés de part et d’autre du Bandama seront repoussés sur sa rive ouest.
Ce mouvement provoque un reflux de la population vers l’ouest. De proche en
proche, ce nouveau mouvement des populations Krou de Côte d’Ivoire aide à leur
définir un nouvel espace vital. Les Krou finissent par s’établir définitivement entre le
Bandama et le Cavally. Ainsi, à la fin du XVIIIe siècle tous les groupements Krou sont
bien installés.

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4. L’aire mandé

Le Mandé désigne, un ensemble de peuples ayant un fond linguistique commun et


à un degré moindre, un fond culturel commun, tant l’aire d’expansion est vaste ;
L’aire culturelle mandé s’étend du Sénégal au Nigéria et de la zone sahélienne à la
forêt au sud, avec des peuples divers parfois disséminés entre plusieurs peuples
totalement différents. Les Mandé forment deux groupes séparés

a. Les Mandé dits du nord appelés mandings

Sont appelés Mandings les trois grands groupes suivants : les Malinké qui occupent
tout le nord-ouest, les Bambara à l’ouest d’Odienné et les Dioula, localisés
initialement dans la région de Kong qui ont essaimé dans les cités marchandes de
Bondoukou, Bouna, Satama et plus tard dans toutes les villes du pays. Deux grands
traits caractérisent les Mandé nord : la religion musulmane dont ils devinrent très tôt
des adeptes et des agents de diffusion et le commerce qui devint leur principale
activité. Ils sont comme leurs frères du sud patrilinéaires et ils se sont organisés en
Etat.

b. Les Mandé dits du sud

Les Mandé sud se composent des Dan et Toura localisés dans les régions
montagneuses de l’ouest ivoirien, les Dan débordant sur les frontières libériennes. A
l’est du Bandama se trouvent les Gouro dans le centre-ouest de la CI dont la mise en
place a subi l’influence des Malinké qui les ont repoussés plus au sud de Séguéla,
des Baoulé qui les repoussent sur la rive droite du Bandama ; il y a ensuite les
Gagou de la zone forestière d’Oumé. Installés très tôt dans la forêt et possédant de
petite taille, ils ont été assimilés aux pygmées. Ils ont emprunté bien de traits
culturels à leurs voisins Dida et Bété au point de les éloigner culturellement de leurs
frères Mandé-sud.
Il y a ensuite de petits groupes dont la parenté avec les autres mandé sud n’est
apparente que du point de vue linguistique tant l’influence des groupes est devenue
manifeste : les Wan…

Ces peuples qui composent ces aires ont connu de nombreux brassages grâce à des
facteurs divers : les migrations elles-mêmes, le commerce, l’islam, les alliances
matrimoniales et surtout les alliances à plaisanteries qui constituent un facteur
important de cohésion entre les peuples.

IV- DES AIRES CULTURELLES OUVERTES : BRASSAGES, ALLIANCES ET


MUTATIONS
1- Les facteurs des brassages culturels

Les peuples de Côte-d’Ivoire forment quatre aires qui sont les fruits de rencontres et
de brassage divers.

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a. Les mouvements migratoires

Les grands mouvements migratoires entrainent des bouleversements dans le


paysage ethnique, on parle alors de remaniement de la carte ou des espaces ethno
culturels : ces bouleversements commencent avec les mouvements mandé depuis le
15è siècle qui ont fortement influencé le monde senoufo, mais aussi tous les mandé -
sud et dans une moindre mesure les Krou ; ensuite avec les grandes migrations des
17è et 18è siècles grâce auxquelles les Akan s’imposent dans le sud, le centre et
l’est à des sociétés organisées pour la plupart en systèmes patrilinéaires. Tout ceci
se traduit soit par la création de sociétés nouvelles (baoulé, yahouré, les différents
groupes akan nés de la fusion de plusieurs petits peuples partis séparément ou non
de l’actuel Ghana), soir par l’adoption de nouvelles formes d’organisation politique et
sociale (passage de la matrilinéarité à la patrilinéarité ou vice versa, prolifération de
petits états et royaumes, reproduction des formations politiques des pays d’origine…)

b. Les alliances matrimoniales

Aux confluences de deux groupes différents se rencontrent plusieurs mariages


mixtes entrainant eux-mêmes le bilinguisme des peuples ainsi en contact. Elles
intensifient les relations entre les groupes et entre les Etats.

c. Le commerce

L’une des caractéristiques du commerce, qui est d’ailleurs une des conditions de son
existence, c’est de mettre en rapport deux ou plusieurs communautés d’intérêt
complémentaires. Aussi très tôt les communautés de la Côte d’Ivoire précoloniale se
sont trouvées en contact avec celles du Soudan ou du sahel à travers celles de la
savane du nord, par le biais du commerce dit continental ou commerce à longue
distance. Au-delà donc de son caractère économique, le commerce apparait comme
un puissant facteur de brassages des peuples ; aussi a-t-il permis le
décloisonnement des aires culturelles en les ouvrant aux contacts d’autres peuples.
Les zones de contacts forêt-savane, telle la région de Seguéla, le Worodougou, la
région de Bondoukou et même celle de Bouaké ont été très actives à cet effet. Aussi
tout commerçant malinké avait-il son correspondant ou tuteur, connu sous le nom de
dyatigui dans le Worodougou avec qui il entretenait des relations diverses et à
travers lui avec l’ensemble de la population locale.

d. La religion musulmane

En règle générale, toutes les religions sont non seulement porteuses de civilisations,
mais elles sont facteurs d’intégration

L’islam qui s’installe dans le nord de la Côte d’Ivoire à partir du 14è siècle, atteint tout
le nord au milieu du 18è siècle pour ensuite s’étendre à toute la Côte d’Ivoire avec ce
qu’on a appelé la Révolution dyula au 19è. Avec elle, s’impose l’hégémonie
commerciale et politique d’un groupe qui constitue une minorité commerçante et

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musulmane des Malinké : le dioula. Leur langue devient une langue du commerce
qui se généralise. La propagation de l’islam instaure une nouvelle forme de solidarité,
la solidarité musulmane à l’exemple de la ouma, transforme les structures sociales y
compris dans les zones forestières tel que le pays anno, modifie les mœurs et les
valeurs dans le système de parenté, dans la dévotion des fonctions et biens,
conformément à la loi coranique.

L’une des manifestations de l’influence de l’islam tendant au brassage des peuples


se traduit dans la recherche et l’établissement des équivalences entre les noms de
famille ou djamou au profit des noms d’origine malinké ou mandé (pays anno, dan
toura, senoufo)

En outre, le commerce qui va de pair avec l’islam, a permis très tôt l’émergence des
villes dans le nord de la Côte-d’Ivoire, or ces villes sont comme partout ailleurs des
lieux favorables aux brassages des peuples. En effet, elles sont non seulement des
centres commerciaux, mais aussi des centres intellectuels avec une classe de lettrés
autour des mosquées et vivant de leur savoir et de leur enseignement comme à
KONG.

- Kong : Capitale du royaume du même nom, Kong doit son importance économique
à l’arrivée et au dynamisme de son peuple dioula qui, au début du 18ème siècle, «
s’installe ici et impose leur autorité politique aux habitants de la cité ».

Entre le XVIe et le XIXe siècle indique-t-on, sa population passe de 10 000 à 40 000


âmes et connait des activités multiples comme toutes les grandes villes du monde :
artisanat, commerce, enseignement avec son université devenue « aux XVIIe et XIXe
siècles, l’une des plus importantes de l’Afrique de l’ouest. Elle forme des théologiens
et des jurisconsultes dont la réputation dépasse les frontières du royaume » ; Tout
ceci facilite le brassage des peuples et l’émergence de civilisations et de cultures
nouvelles. e. Les alliances interculturelles ou alliances à plaisanteries comme
facteurs de solidarité entre les groupes
Les alliances interculturelles et les parentés à plaisanteries sont des pactes qui
unissent des peuples, des groupes ethniques, des familles ou lignages, des clans ou
tribus. C’est un moyen de régulation de relations non conflictuelles entre groupes
alliés ; en tant que telles, elles sont des facteurs de cohésion, de brassages des
peuples et des mécanismes de maintien de relations pacifiques entre les peuples,
mécanismes mis en place per de nombreux peuples ivoiriens en vue du
renforcement de leur cohésion.

Si les origines de cet important mécanisme ne peuvent pas être déterminées avec
exactitude, le décryptage de nombreux mythes donne des hypothèses: Un groupe
tire un autre d’une situation difficile telle que la guerre ou la famine ; A l’issue d’un
conflit, deux peuples s’accordent pour signer un pacte de fin de guerre et d’amitié
sous la forme d’un rituel pour conjurer à jamais le mauvais sort ; Suite à des

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échanges matrimoniaux répétés dans le cas d’une alliance à parenté ; suite à
l’incapacité d’un groupe de payer l’amende à lui infligée en cas de violations des
bonnes mœurs, telles que l’adultère ou le meurtre

Il s’agit généralement d’un exercice d’exorcisme, une sorte de catharsis pour en finir
définitivement avec une situation susceptible de mettre à mal la cohabitation entre
deux communautés. Comme clauses sociales, ces pactes dictent des
comportements aux contractants consistant en des :

- interdictions : Interdiction de se battre entre alliés, interdiction de verser le sang de


l’allié, Interdiction d’ôter la vie à son allié, Interdiction de porter atteinte à son
honorabilité

- actes de solidarité et l’assistance mutuelle : obligation d’assistance mutuelle,


obligation d’accorder l’hospitalité à son allié, obligation de donner satisfaction à ses
besoins alimentaires

- actes de médiation : Devoir d’ingérence et de médiation dans les conflits entre


membres de la communauté des alliés, Recours au dialogue et à la conciliation
dans la résolution des différends ou des conflits

- actes de plaisanteries et d’exorcisme : Plaisanteries de tout genre avec interdiction


de s’énerver, à l’exclusion des grossièretés, des atteintes à l’honorabilité de l’allié ;
dédramatisation et théâtralisation des situations fort complexes chez l’allié

Les alliances entre peuples de Côte d'Ivoire sont multiples et multiformes ; certaines
débordent les frontières ivoiriennes.

Les alliances entre peuples de Côte d'Ivoire sont multiples et existent au sein de tous
les grands groupes constitués et même entre ceux qui appartiennent à des aires
culturelles différentes comme le montre le tableau des alliances ci-dessous :

- Alliances au sein du groupe Akan (Agni/Baoulé - Baoulé/ Ano - Ana/Agni- Agni


Abron
Abron/ Ano - Ano/ Agni - Agni/Barbo - Barbo/ Ano - Ano/ Agni - Agni/ Akyé -
Akyé/M'batto- M' batto/ Abbey - M'batto/Ebrié - M'batto/ Abidji - Abouré/ Akyé-
Abouré/Abbey Abouré/Ebrié - Abidji/Adjoukrou).

- Alliances au sein du groupe Gur (Lobi/Djimini - Djimini/Tagwana - Tagwana/Lobi -


Lobi/Djamala – Lobi/Tagwana - Tagwana/Sénoufo - Sénoufo/Lobi).

- Alliances au sein du groupee Krou (Dida/Godié - Godié/Niaboua - Niaboua/Bakwé -


Bakwé/Dida - Kouzié/Néo - Kroumen/Godié

- Alliances au sein du peuple Mandé (Gouro/Koyaka - KoyakalFoula - Foula/Malinké


- Malinké/Maou - Maou/Gouro - Gouro/Toura - Yacouba/Gouro -
Toura/GbanGban/Yacouba - Malinké/Bambara - Toura/Foula - Foula/Yacouba).

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Il existe aussi des alliances entre des peuples appartenant chacun à des aires
culturelles différentes.

- Alliances entre Akan et Krou (Abbey/Dida - Akyé/Dida - Abidji/Dida- Abouré/Dida).

- Alliances entre Gur et Mandé (Sénoufo/Dioula - Sénoufo/Gouro - Sénoufo/Toura -


Sénoufo/Yacouba - Sénoufo/Maou -Sénoufo/Koyaka- Tagwana/Dioula -
Tagwana/Gouro - Tagwana/Maou- Tagwana/Koyaka - Djimini/Maou)

Certaines alliances sont peu connues :

- Alliances entre Akan et Gur : Agni/Koulango -Ano/Koulango - Ano/Djimini -


Ano/Sénoufo - Ano/Djamala Godè/Djamala.

- Alliances entre Akan et Krou, Akyé/Bakwé - Akyé/Kroumen - Adjoukrou/Dida)

- Alliances entre Gur et Mandé, Koulango/Maou - Djamala/Maou - Sénoufo/Malinké -


Sénoufo/Foula)

- Alliances entre Krou et Mandé (Wè/Gouro, Wè/Gban)

Tous ces facteurs ont contribué au renforcement des relations entre les peuples
issus d’horizons divers.

CONCLUSION

Le peuplement de la Côte d’Ivoire est certes ancien, mais celui s’est renforcé de tout
temps par des apports nouveaux à travers des migrations. Celles-ci se sont
poursuivies de sorte qu’on peut dire que ni la colonisation, ni l’indépendance n’ont
constitué un frein à ces mouvements de populations, bien au contraire. La Côte
d’Ivoire constitue donc aujourd’hui l’une des destinations les plus prisées des
migrations contemporaines en Afrique de l’ouest : sa civilisation et ses cultures
résultent de ces mouvements multiséculaires.

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

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