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Leçon 2: Problématique de l'histoire africaine :Sources et

procédés d'investigation (tradition orale, archéologie,


linguistique).

Introduction :
L' Afrique Noire a longtemps été considérée comme un continent sans
histoire, peuple de barbares ou
d'hommes vivant à l'état de nature.
Cette considération est une contre-vérité car, c'est en Afrique que débutent
les premières expériences humaines. C'est aussi la terre d'apparition de
l'homme et des premières civilisations étatiques attestées. C'est pourquoi,
l'historien fait face à une impérieuse nécessité d'une bonne utilisation des
sources.

I. La négation de l'histoire africaine


L'histoire africaine a longtemps été victime de préjugés défavorables et de
falsification.

Parmi ces es auteurs, il y a Hegel, Pierre Gaxotte, Raymond Mauny,


Ronsard et Rabelais.

Pour certains, les Africains constituent une "race maudite" parce que
descendants de de Cham.

-> C'est aussi le cas de Nicolas Sarkozy qui lançait le 26 Juillet 2007 à
l'UCAD cette phrase polémique « Le drame (…) l'homme africain n'est pas
assez entré dans l'histoire.>>
Ces propos vont dans le sens de refuser à l'Afrique l'existence d'une
histoire, d'une mémoire collective.

C'est pourquoi, face à cette falsification de l'histoire, des intellectuels


comme Cheikh Anta Diop et l'UNESCO ont tenté de rétablir la vérité
historique afin de réconcilier l'Africain avec lui-même. Ils ont procédé à la
réécriture de l'histoire africaine d'une manière rigoureuse et scientifique.
C'est ce que Cheikh Anta Diop appelle la restauration de la conscience
historique.

II. Les Sources de l'histoire africaine :


1. Les sources orales :
C'est un témoignage du
passé transmis de bouche à oreilles de générations en générations. C'est
donc un mode de transmission orale d'informations relatives à l'histoire
d'un peuple.
• << La tradition apparaît comme le conservatoire … du capital de
créations socio-culturelles accumulé par les peuples sans écriture.>>
(Joseph Ki-Zerbo, HGA, tome1, UNESCO-Paris, 1980-1984, pp. 25 à 35.)/

Très riche en information, la tradition orale est la principale source de


l'histoire africaine. Elle est irremplaçable en Afrique subsaharienne qui n'a
connu l'écriture que tardivement.

Parlant de son importance le Pr. Mbaye Guèye écrivait :


<< Elle assurait la formation
intellectuelle et morale
des on générations en proposant des modèles choisis parmi les ancêtres les
plus illustres. C'est à ce juste titre qu'on la considérait comme la première
enseignante des différentes générations… Elle raccordait ainsi le présent du
passé pour préparer la fécondité de l'avenir. >>

Les principaux transmetteurs de la tradition orale sont les parents, les


vieillards et les professionnels de la parole (conteurs, griots, …)

C'est pour cette raison que Amadou Hampathé Bâ atteste qu' en Afrique, un
vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle.

Cependant la tradition orale présente beaucoup d'insuffisances


C'est pourquoi, il est nécessaire de bien traiter les informations grâce à une
parfaite connaissance des langues africaines.

2. L'archéologie
Formé du grec ''archaios'' et de ''logos'', l'archéologie est l'étude de
scientifiques des cultures et des modes de vie du passé par l'analyse des
vestiges matériels.

Elle est très importante dans l'étude du passé africain en l'absence de toute
chronique orale ou écrite.
Au fil des années, elle devient une science pluridisciplinaire associant
l'histoire de l'art, l'anthropologie, l'ethnologie, la paléontologie, la géologie,
l'écologie, les sciences physiques…

Pour établir une chronologie, l'archéologie s'appuie sur des méthodes de


datation mises au point par les chercheurs d'autres disciplines : carbone
14, potassium argon, test au fluor, les datations stratigraphique (géologie),

Pour reconstituer les modes de vie du passé, l'archéologie utilise des
méthodes issues de la sociologie, de l'économie, de la démographie, des
sciences politiques... Cependant, l'archéologie est très peu exploitée en
Afrique.

La plupart des travaux sont l'œuvre d'archéologues occidentaux : Le


Kenyan d'origine britannique Louis Leakey,
Les Français Jean Dévisse et Yves Coppens, Michel Brunei.

Les principaux problèmes de l'archéologie en Afrique sont le


manque de moyens matériels et financiers mais surtout le pillage des
vestiges.

C'est pourquoi, il serait judicieux de procéder au repérage, au classement et


à la protection des sites. Il s'agit d'une priorité urgente avant que des
fouilles de grandes échelles ne soient organisées dans le cadre d'un
programme interafricain soutenu une puissante coopération
internationale.

3. La linguistique
C'est l'étude scientifique, historique et comparative des Langues pour en
établir la parenté ou les affinités. Elle permet de déceler des contacts entre
des peuples que des mouvements ont dû séparer. Par la linguistique,
Cheikh Anta Diop établit la parenté entre l'égyptien ancien et les langues
négro-africaines.
Au Sénégal, la parenté linguistique entre le pulaar et le seereer résulterait
de leur cohabitation première dans la vallée du fleuve Sénégal.

4. Les sources écrites :


Elle sont rares sinon mal distribuer l'espace et dans le temps. Trois
sources écrites se distinguent :
a) Les sources antiques :
Elles couvrent la période qui va des origines au VIIe siècle. Il s'agit des
documents égyptiens et nubiens ainsi que les textes des auteurs grecs la et
latins : Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile, Plutarque, Ammien Marcellin,
Achille Tatius…

b) Les sources arabes :


Ce sont les travaux d'auteurs arabes XIe au XVIIe siècle : Al Bakri (1040-
1094), Al Idrissi (1099-1164), Ibn Battuta (1304-1377), Ibn Khaldun (1332-
1406), ….

Deux Africains ont écrit en arabe leur propre histoire. Deux lettrés de
Tombouctou qui ont produit des Chroniques : Mahmoud Kati (Tarikh el
Fettach sur l'histoire de l'Askia Muhammad);
Abderrahmane es Sad (Tarikh es Sudan).

c) Les sources européennes


Ces travaux sont l'œuvre d'Européens sur les peuples africains depuis le
XVe siècle. Parmi ces auteurs, il y a Alvise Ca'Da Mosto et pour la période
impérialiste des missionnaires, des explorateurs et les administrateurs
coloniaux : David Livingstone 1813-1873), René Caillé (1799-1838), Marcel
Griaule (1898-1956), Maurice Delafosse (. ), le Révérend Père Henry
Gravrant (..),....

Ils ont laissé de remarquables témoignages sur l'Afrique. Les sources écrites
sont très importantes car les documents sont contemporains des faits
relatés. Cepentant, cette source d'informations mais qui doit être exploitée
avec prudence car les documents ne sont pas à l'abri de falsification,
d'amputation, d'exagération ou de contre-vérités. C'est le cas des
documents laissés par le colonisateur.

Conclusion :
Des progrès sont enregistrés dans la recherche sur le passé africain
(Nombreuses sont les publications d'historiens africains et occidentaux).
Cependant, l'historien africain dispose d'un atout de taille dans la recherche
grâce à son appartenance au milieu africain et à la connaissance des
langues, des coutumes et des traductions. Mais l'historien africain comme
occidental n'est pas à l'abri de la subjectivité.

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