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Anthologie

« Le voyage à travers


les vers »
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Préface

La poésie est davantage qu’un genre littéraire. Il s'agit en


effet d'un art jouant sur différents rythmes et différentes
sonorités donnant ainsi au poème un caractère unique. La
poésie est, selon moi, faite pour instruire tout en procurant des
émotions, sensations et des sentiments aux lecteurs afin qu’ils
puissent développer des idées personnelles. Les poètes, quant
à eux, explore le langage afin d’évoquer ou même dénoncer
comme les poètes engagés le faisaient durant la période de
Résistance. Comme dirait Jacques Prévert « La poésie, c’est ce
qu’on rêve, ce qu’on imagine, ce qu’on désire et ce qui arrive,
souvent ». Ainsi, elle met en valeur notre monde tout en lui
donnant un aspect neuf, idéal, le rendant ainsi imaginaire. Cela
permet aux auteurs, de souligner et de faire ressortir les
différents aspects de la société dans laquelle ils sont plongés.

L’anthologie que je vous propose de découvrir, intitulée


« Le voyage à travers les vers », est composée de quatre

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poèmes. Pour commencer, vous vous plongerez dans
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » de
Joachim du Bellay. Vous poursuivrez par « J’ai longtemps
voyagé, courant toujours fortune » de Philippe Desportes
avant de vous intéresser au XIXème siècle avec Victor Hugo
et son poème « Demain dès l’aube ». Enfin votre lecture
s’achèvera sur « Bohémiens en Voyage » de Charles
Baudelaire.

Comme nous l’indique le titre, l'ensemble de ces œuvres


portent sur le thème du voyage. Outre le fait que je l’apprécie,
je pense que le voyage est un sujet permettant d’apprécier
d’une manière différente la poésie. Il est avant tout une
volonté de découvrir d’autres mondes et d’autres cultures. Il
ne s’arrête pas à un déplacement physique, il peut également
être abstrait. J’ai donc choisi quatre auteurs différents, de
manière à comparer leur vision personnelle du voyage et j’ai
choisi de me focaliser non sur un mais plutôt sur trois siècles
afin de voir comment cette notion de voyage évolue. De plus,
le fait de mêler à la fois le voyage et la poésie nous permet de
mieux voyager que ce soit à travers le genre, ou bien à travers
la poésie

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Dans l’espérance que vous partagerez une vision de la
poésie s’inscrivant dans ma lignée et que ce thème saura vous
toucher, je vous souhaite, amis lecteurs, une très agréable
lecture.

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« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage »

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,


Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village


Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?

Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux,


Que des palais Romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine :

Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,


Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.

Joachim du Bellay, Les


Regrets (1558)

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« J'ai longtemps voyagé, courant toujours fortune » 

J'ai longtemps voyagé, courant toujours fortune 


Sur une mer de pleurs, à l'abandon des flots 
De mille ardents soupirs et de mille sanglots, 
Demeurant quinze mois sans voir soleil ni lune.

Je réclamais en vain la faveur de Neptune 


Et des astres jumeaux, sourds à tous mes propos, 
Car les vents dépités, combattant sans repos, 
Avaient juré ma mort sans espérance aucune.

Mon désir trop ardent, que jeunesse abusait, 


Sans voile et sans timon la barque conduisait, 
Qui vaguait incertaine au vouloir de l'orage.

Mais durant ce danger un écueil je trouvai, 


Qui brisa ma nacelle, et moi je me sauvai, 
À force de nager évitant le naufrage.

Philippe Desportes, Les


Amours de Diane (1673)

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Cimetière au bord d’un lac, Gustave Doré

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« Demain dès l’aube »

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,


Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,


Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du noir qui tombe,


Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo, Les Contemplations (1856)

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Vincent Van Gogh, Les roulottes, campement de
bohémiens (Musée d'Orsay)

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« Bohémiens en Voyage »

La tribu prophétique aux prunelles ardentes


Hier s'est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes


Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,


Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert


Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.

Charles Baudelaire, Les
Fleurs du Mal (1857)

Biographies :

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Joachim du Bellay : Né en1522 à Liré, il étudie d’abord le
droit avant de rencontrer Ronsard avec qui il se lie d’amitié et
commence à s’intéresser à la poésie. Il devient par la suite
membre de la Pléiade. Malade, il décède en 1550 sur sa table
de travail, à Paris.

Philippe Desportes : Né à Chartres en 1546, il est considéré


comme un poète baroque en marge avec la Pléiade. Après
avoir suivi de solides études classiques, il découvre la poésie
lors d’un séjour à Rome et commence alors à écrire. Il est
surnommé le « Tibulle français » pour la douceur de ses
vers. Il décède en 1606 à Bonport.

Victor Hugo : Considéré comme l’un des plus grands poètes


de tout son temps, il né en 1802 à Besançon et étudie à Paris
par la suite. Dès 1816, il affirme sa vocation littéraire. C’est
un chef de file du mouvement romantique ainsi qu’un grand
défenseur de la République. Il décèdera en 1885 à Paris.

Charles Baudelaire : Né en 1821 à Paris, il est connu pour sa


vie de Bohème. Il rencontre l’écrivain Edgar Poe et s’intéresse
alors à l’écriture. Son recueil Les Fleurs du mal est condamné
et censuré dès sa sortie pour ses propos choquants envers la
bourgeoisie. Il est considéré durant toute sa carrière comme
étant un auteur torturé. Il décède à Paris en 1866 de l’abus
d’alcool et de drogues.

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Lexique

Préface…………………………………………………………
………………………….. 3
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage »
………………………….……… 5

« J'ai longtemps voyagé, courant toujours fortune »


………………………………...…... 6

« Demain dès l’aube »


…………………………………………………………….
………8

« Bohémiens en Voyage »
……………………………………………………………..10
Biographies……………………………………………………
…………………...……11

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