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LA LUTTE CONTRE
LE TRAFIC ILLICITE
DES BIENS CULTURELS:
Le cas du Maroc
Editeur :
Editions Universitaires Européennes
est une marque déposée de OmniScriptum GmbH & Co. KG
Heinrich-Böcking-Str.6-8, 66121 Saarbrücken, Deutscland
E-mail: info@editions-ue.com
Introduction………………………………………..….p.8
I. Le cadre conceptuel…………………………….p.10
1.1. Les biens culturels……………………….p.10
1.2. Le trafic illicite……………………………p.14
II. Sources et fondement……………………..…p.16
III. Les instruments juridiques : Eléments
normatifs et de répression………………..…….p.19
3.1. Les Conventions……………………….…p.19
3.1.1. La Convention de I’Unesco de
1970…………………………………………….…..p.21
3.1.2. La Convention d’Unidroit de
1995……………………………………………..…p.24
3.1.3. Complémentarité entre les deux
Conventions……………………………………..p.28
3.2. Les Recommandations de
I’Unesco…………………………………………..p.28
3.3. Les législations nationales……..……p.29
IV. Les organes institutionnels……………..…p.31
4.1. Les organes gouvernementaux….…p.31
4.2. Les organismes
intergouvernementaux…………………p.33
4.2.1. Le Comité
intergouvernemental de I’Unesco….p.33
4.2.2. L’Interpol……………………...p.35
4.2.3. L’Organisation Mondiale des
Douanes…………………………………p.36
4.3 Les ONG : le cas le l’ICOM…..….p.37
V. Les outils d’information……………………..p.40
VI. Le cas du Maroc en matière de lutte contre
le trafic illicite des biens culturels…………...p.43
6.1. La législation nationale……………...p.43
6.1.1. La loi 22-80…………….…..……...p.45
6.1.2. La loi 19-05…….………………..…p.48
6.1.3. Le décret d’application de la loi
22-80…………………………………………..p.50
6.1.4. Le décret sur les musées
(1995)………………………………………….p.50
6.2. La mise en œuvre……………………….p.50
6.2.1. Le contrôle des services
douaniers…………………………………..…p.50
6.2.2. Les accords bilatéraux : le cas
maroco-français………………………..….p.51
Conclusion…………………………………………….p.53
Bibliographie…………………………………………p.55
INTRODUCTION
Face aux mutations économiques et
technologique actuelles, qui ouvrent de vastes
perspectives pour ma création et l’innovation, une
attention particulière doit être accordée a la
diversité de l’offre créatrice, à la juste prise en
compte des droits des auteurs et des artistes ainsi
qu’à la spécificité des biens et services culturels
qui, parce qu’ils sont porteurs d’identité, de
valeurs et de sens, ne doivent pas être considérés
comme des marchandises ou des biens de
consommation comme les autres .
(Article 8 de la Déclaration universelle
sur la diversité culturelle, 2003)
L
e trafic illicite des biens culturels s’accroît de
jour en jour et n’épargne aucune région du
globe, L’ouverture des frontières, la
multiplication des conflits, la pauvreté et la
misère, l’essor du marché de l’art sont autant de
facteurs qui expliquent pourquoi le trafic des biens
culturels – œuvres d’art surtout – se situe en
second place après celui de la drogue.
Mais fort heureusement, le combat mené à
l’échelle internationale contre ce trafic s’intensifie
également et se diversifie. Au niveau du cadre
normatif, l’adhésion des Etats aux instruments
internationaux dont l’objet est de garantir la
protection du patrimoine connaît une nette
ascension. A ce jour, deux Conventions régissent la
lutte contre le trafic illicite des biens culturels: la
première – à portée universelle – est la Convention
concernant les mesures à prendre pour interdire
et empêcher m’importation, l’exportation et le
8
transfert de propriété des biens culturels (adoptée
à Paris, le 14 novembre 1970). La seconde,
parallèlement à ce texte et de concert avec lui, est
la Convention d’Unidroit sur les biens culturels
volés ou illicitement exportés (adoptée à Rome, le
24 juin 1995) qui vient combler opportunément le
vide juridique laissé par la première sur les
questions de droit international privé.
Au niveau de la mise en œuvre, stimulée par
ces deux Conventions la communauté
internationale connaît une mobilisation plus
accentuée grâce à des institutions qui agissent tant
sur le plan international, régional que national, à
l’image d’organismes intergouvernementaux dont
l’action – aussi bien préventive que répressive –
s’inscrit de plus en plus dans des réseaux
professionnels, et axée davantage sur
l’information.
Mais l’effort qui mérite d’être renforcé est la
recherche d’adhésion à ces deux Conventions et
surtout l’intégration de leurs dispositions dans les
législations nationales.
Tant de questions et de problématiques
auxquelles sont confrontés les pays et les acteurs
de lutte contre le trafic illicite des biens culturels,
et que ce travail se propose de traiter à travers un
tour d’horizon des instruments normatifs qui ont
trait à la matière, des instruments institutionnels
qui en assurent la mise œuvre, et de certains outils
d’information adéquats, pour aboutir enfin à la
présentation d’un cas de figure: celui du Maroc.
9
I. LE CADRE CONCEPTUEL:
10
Dans le contexte du trafic illicite, la
principale source qui définit la notion des biens
culturels est la Convention de l’Unesco de 1970.
Ainsi, à l'article premier:
11
ii) productions originales de l’art statuaire
et de la sculpture, en toutes matières ;
iii) gravures, estampes et lithographies
originales.
iv) assemblages et montages artistiques
originaux, en toutes matières.
h) manuscrits rares et incunables, livres,
documents et publications anciens d’intérêt
spécial (historique, artistique, scientifique,
littéraire, etc.) isolés ou en collections.
i) Timbre-poste, timbres fiscaux et analogues,
isolés ou en collections.
j) Archives, y compris les archives
phonographiques, photographiques et
cinématographiques.
k) Objet d’ameublement ayant plus de cent ans
d’âge et instruments de musique anciens.
12
artistiques, les œuvres d’art , les
manuscrits, livres et autres objets d’intérêt
artistique, historique ou archéologique,
ainsi que les collections scientifiques et les
collections importantes de livres,
d’archives ou de reproduction des biens
définis ci-dessus.
13
La notion de trafic illicite se décline sous
différentes formes: allant du commerce des biens
marchands ordinaires échappant à la légalité
(contrebande) au trafic d’objets prohibés (armes,
stupéfiants, etc.…) et voire même celui des êtres
humains (réseau d’immigration clandestine, Traite
des blanches). Le caractère illicite concerne surtout
la manière et non la nature des biens. Ainsi, les
biens culturels, de point de vue leur nature, sont
voués à circuler entre les sociétés, mais en raison
de leur spécificité leur circulation est vue sous un
angle différent: car la circulation des biens
culturels est d’autant nécessaire (pour la
connaissance des peuples) qu’il est impératif d’en
contrôler le flux (par crainte de l’appauvrissement
culturel des peuples auxquels ils appartiennent).
Le trafic illicite des biens culturels est défini
selon les termes de la Convention de l’Unesco de
1970 qui régit cette matière au niveau international
comme étant : l’importation et le transfert de
propriété des biens culturels, effectués
contrairement aux dispositions prises par les
Etats parties en vertu de la présente Convention
(art.3)
Ces termes font référence à des rapports
d’échange aussi bien inter-étatiques (importation,
exportation) qu’intra-étatique puisque le transfert
de propriété peut intéresser des personnes
appartenant à un même pays ; on a tendance à
considérer le trafic illicite des biens culturels dans
sa dimension internationale, mais la Convention de
1970 consacre ici un concept plus fédérateur ; celui
du transfert de la propriété.
A un second niveau, on fait référence à des
actions contraires aux dispositions prises par les
Etats parties à la Convention de 1970. Le plus
14
souvent, il s’agit du droit interne qui régit cette
matière. A défaut, les pays signataires de la
Convention se voient contraints de se référer aux
termes de la dite Convention. Lesquels termes
laissent toujours penser que le trafic illicite ne
concerne que les Etats parties à la Convention
1970.
L’article 11 de la Convention de l’Unesco de
1970 relatif au trafic illicite précise également que :
sont considérés comme illicite l’exportation et le
transfert de propriété forcés de biens culturels
résultant directement ou indirectement de
l’occupation d’un pays par une puissance
étrangère.
15
II. SOURCES ET FONDEMENT DU
MOUVEMENT
D
epuis de longs siècle, voire même des
millénaires, la mobilité des biens et des
hommes obéissait à la nature des sociétés
humaines : le besoin d’explorer, d’exploiter de
nouvelles terres et de nouvelles ressources, de
communiquer et d’effectuer des échanges. Parmi
les biens, figuraient bien entendu des objets d’art,
des reliques et des éléments du savoir humain.
Avec la naissance du collectionnisme et
l’émergence des musées (anciennement connus
sous l’appellation de Cabinets de curiosité) et le
développement de la recherche sur l’histoire de
l’art, sur les civilisations anciennes (archéologie),
et sur les sociétés nouvellement découvertes
(ethnologie), un marché de ces biens commençait à
ce développer et ses enjeux ne cessait de
s’amplifier. Le pillage des tombes et les fouilles
clandestines était devenu monnaie courante. La
notion d’illicite – dans le sens juridique de terme –
n’était pas encore connue.
C’est avec le développement du concept du
patrimoine et l’émergence des Etats Nations ainsi
que son corollaire patrimoine national qu’une
prise de conscience du fléau s’est faite sentir,
surtout que le monde connaissait la chute de
certains empires (ottoman, austro-hongrois
notamment) et l’apparition de conflits mondiaux
(la Première et la Seconde Guerre Mondiale). La
naissance des organismes internationaux et
régionaux à la suite de la Seconde Guerre Mondiale
fût une conséquence logique du besoin des nations
de coopérer pour maîtriser les effets de certains
phénomènes dont le trafic anarchique des biens
16
culturels à caractère patrimonial et surtout le
commerce des objets d’art qui devenait de plus en
plus dominé par des réseaux clandestins, et qui
s’inscrit le plus souvent dans le crime organisé.
La dynamique internationale en matière de
coopération dans le domaine des biens culturels
devait obéir à un double souci sans que l’un exclue
l’autre :
1. Dynamiser et amplifier l’échange de biens
culturels entre nations à des fins scientifiques,
culturelles et éducatives pour approfondir la
connaissance de la civilisation humaine, et
enrichir la vie culturelle de tous les peuples et faire
naître le respect et l’estime mutuels entre les
nations (Préambule, Convention de 1970).
2. Prévenir toute forme d’échange susceptible
d’altérer l’identité culturelle des peuples (surtout
les pays économiquement inférieurs ou faible) car
d’une part l’importation, l’exportation et le
transfert de propriété illicite des biens culturels
constituent l’une des causes principales de
l’appauvrissement des ressources culturelle et
patrimoniales des pays d’origine de ces biens
(Convention de 1970, art.2) et que ceux-ci
entravent la compréhension mutuelle des nations
(Préambule, Convention de 1970) ; et d’autre part,
parce que les biens culturels sont – par leur nature
– des éléments fondamentaux de la civilisation et
de la culture des peuples, et qu’ils ne prennent leur
valeur réelle que si leur origine, leur histoire et
leur environnement sont connus avec la plus
grande précision (Préambule, Convention 1970).
Ces deux critères constituent le bien-fondé
d’une action Internationale en matière de
prévention et de lutte contre les effets
préjudiciables du phénomène. La coopération
17
internationale devenait un impératif
incontournable. Laquelle coopération allait se
manifester à travers de nombreux instruments
conventionnels à l’image de :
La charte Universelle des Droits de
l’Homme de 1948.
L’Accord de Florence de 1950 (et son
Protocole de Naïrobi, 1976)
La Convention de 1954 (La Haye) pour la
protection des biens culturels en cas de
conflit armé (et ses deux Protocoles : 1954
et 1999).
Le Pacte international des 1966 relatif aux
Droits économiques, sociaux et culturels.
Ces instruments conventionnels ne
manquant pas de souligner l’importance des
échanges culturels ainsi que ses aspects
occultes qui constituent le revers de la
médaille. Ils allaient former par la suite une
assise pour d’autres instruments bien précis
qui essaient de concrétiser cette dynamique ; à
savoir : La Convention concernant les mesures
à prendre pour interdire et empêcher
l’importation, l’exportation et le transfert de
propriété illicite des biens culturels (1970) et la
Convention Unidroit (1995).
18
III. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES:
Eléments normatifs et de répression
L
es éléments normatifs qui régissent le
contrôle du trafic des biens culturels à
l’échelle internationale varient en fonction
du degré de la force contraignante et s’échelonnent
sur différents niveaux selon qu’il s’agisse de
conventions, de recommandations, ou le cas
échéant de réglementations internes (Droit
interne).
19
*favorisant l’échange d’informations
concernant la sauvegarde de ce patrimoine.
* fournissant une assistance pour certaines
activités de conservation.
* menant une action normative.
L’action normative de l’Organisation consiste
dans l’élaboration de conventions internationales,
c’est-à-dire d’accords internationaux visant à
renforcer la solidarité internationale et à faciliter la
coopération.
Les conventions internationales
« contraignent » - sous réserve de souveraineté -
les Etats signataires à respecter les termes de
l’accord dans les domaines concernés. La raison
d’être des conventions de l’UNESCO, quelles
qu’elles soient, est de proposer dans tel ou tel
domaine des normes et critères internationaux
dont les législations et réglementations nationales
puissent s’inspirer. Ces normes n’ont un caractère
contraignant que pour les pays qui ont
expressément notifié leur volonté de se voir ainsi
liés, d’une part, en accédant à la convention ou la
ratifiant et, de l’autre, en inscrivant les normes en
question dans la législation nationale .
L’UNESCO a élaboré une série de conventions
afin d’aider ses Etats membres à protéger leur
patrimoine culturel, dont celles qui nous
intéressent dans le contexte du trafic illicite des
biens culturels : La convention concernant les
mesures à prendre pour interdire et empêcher
l’importation, l’exportation et le transfert de
propriété illicite des biens culturels (1970) et la
Convention Unidroit (1995).
20
3.1.1 La Convention de l’Unesco de 1970 :
21
à ce qu’elles soient bien compatibles avec son
système juridique national.
Les modalités de la coopération
internationale visant à empêcher le trafic illicite
des biens culturels et les obligations réciproques
des pays signataires sont bien sûr également
stipulées dans la Convention même. Aussi, tout
Etat dont le patrimoine culturel est mis en danger
par certains pillages archéologiques et
ethnologiques peut faire appel aux Etats parties à
la Convention de l’UNESCO de 1970 qui sont
concernés et ces Etats s’engagent alors à participer
à toute opération internationale concertée en vue
de déterminer quelles seraient les mesures les plus
appropriées dans la situation considérée et à veiller
à ce que leurs services compétents contribuent à en
faciliter l’exécution3.
Le texte de la Convention de 1970 en
répondant à un double souci émanant de la
communauté internationale – celui de la
prévention et la restitution des biens culturels
(art.5-a) ; Renforcement des capacités des acteurs
institutionnels nationaux (art.5-c) ; Ressources
financières (Art.14) ; Inventaire des biens du
patrimoine culturel (art.5-b) ; Mesures de sécurité ;
Education et sensibilisation (art.5-f et art.10) ;
Coopération (art.17) ; Peines et sanctions (art.8) ;
Règlements d’exportation (art.6) et d’importation
(art.7-a-b-i) ; Restitution (art.7-b-ii).
Ainsi, la Convention de 1970 invite les Etats à :
22
- élaborer et adopter des textes législatifs
nationaux appropriés ;
- établir un système national d’inventaire et
une liste des biens culturels protégés ;
- promouvoir le développement ou la création
d’institutions telles que musées, bibliothèques et
archives ;
- mettre en place des services de protection ;
-contrôler les fouilles archéologiques et
empêcher les fouilles illégales ;
- établir des codes déontologiques à l’intention
des conservateurs, des collectionneurs et des
antiquaires ;
- adopter des mesures éducatives afin d’éveiller
et de développer le respect du patrimoine culturel;
- veiller à ce qu’une publicité appropriée soit à
tout cas de disparitions d’un bien culturel ;
- Instituer un certificat d’exportation devant
accompagner tous les biens culturels exportés ;
interdire l’exportation des biens culturels non
accompagnés d’un tel certificat et porter cette
interdiction à la connaissance du public, et en
particulier des personnes susceptibles d’exporter
ou d’importer des biens culturels.
23
l’obligation générale de respect des lois relatives au
contrôle des exportations des autres pays qui est
stipulée par la Convention. Il a aussi été estimé que
le champ d’application de cette dernière (par
exemple, la relation exacte de l’article premier avec
le reste du texte de la Convention) n’était pas assez
clairement défini et qu’une interprétation large
conduirait à des interférences ingérables avec le
commerce licite des biens culturels. C’est pourquoi,
en 1984, l’UNESCO a sollicité l’Institut UNIDROIT
pour qu’il réfléchisse aux règles applicables au
trafic illicite d’objets culturels afin de compléter la
Convention de l’UNESCO de 1970 4.
Une dizaine d’année plus tard, Unidroit est
finalement parvenu à mettre au point un texte, qui
a été adopté le 24 juin 1995 par les délégués de 70
nations, lors d’une conférence diplomatique
organisée par le gouvernement italien.
5 Source : www.unidroit.org
24
deux difficultés majeures qui, dans le commerce
contemporain de l’art, empêchent effectivement les
propriétaires légitimes de retrouver et de récupérer
les biens qui leur ont été volés.
La première de ces difficultés réside dans les
obstacles juridiques qui empêchent de déterminer
le lieu où se trouvent les biens volés et d’identifier
leurs détenteurs. Dans l’état actuel de la plupart
des législations nationales, ceux qui participent au
commerce d’objets d’art ne sont pas tenus de
révéler le parcours des biens qu’ils mettent en
vente. Les biens culturels et les objets d’art sont les
seuls biens négociables de valeur importante qui ne
sont pas soumis à cette obligation, comme c’est le
cas pour les biens immobiliers, les automobiles et
les bons du trésor, à chaque fois qu’ils changent de
main6.
La seconde difficulté réside dans les
obstacles juridiques qui s’opposent à la
récupération des biens volés une fois qu’ils sont
entrés sur le marché de l’art. Dans la plupart des
législations en vigueur à l’échelle nationale, il est
pratiquement impossible aux propriétaires
légitimes de rentrer en possession d’un bien volé
dès lors qu’il été revendu à un tiers. Les pays dont
la législation est favorable aux propriétaires
légitimes, comme l’Australie, le Canada, les Etats-
Unis, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et
quelques autres pays anglophones, font exception7.
7 Id. p.52
25
La Convention d’Unidroit s’attaque à ces
deux obstacles en assignant tout bonnement la
charge de la preuve aux détenteurs des biens
culturels réputés volés.
La Convention établit que le possesseur
d’un objet culturel volé doit restituer celui-ci, qu’il
ait ou non été impliqué dans le vol ou qu’il en ait
ou non eu connaissance.
La Convention ne prévoit de
dédommagement en cas de restitution d’objets
culturels qu’à condition que « le possesseur n’ait
pas su ou dû raisonnablement savoir que le bien
était volé » (article 6). Aucun texte international
antérieur ne va aussi loin pour persuader les
acheteurs potentiels d’art à chercher à savoir par
quelles mains sont passés des objets qui les
intéressent. En fait, cette disposition devrait
convaincre les négociants en œuvres d’art et les
salles de vente d’établir une documentation précise
pour chacun des objets qu’ils se proposent de
revendre. Par ce moyen, la Convention d’Unidroit
pourrait exercer à l’avenir une influence majeure,
quoiqu’indirecte, sur le marché de l’art.
La Convention d’Unidroit offre un cadre
international pour la contestation des transactions
privées portant sur des œuvres d’art et des biens
culturels volés, ceci permet entre autres aux
demandeurs des Etats parties à la Convention de
saisir la justice dans d’autres pays signataires en
vue de la restitution des biens culturels volés ou
illicitement exportés. Le plus significatif peut-être
est que la Convention d’Unidroit exige sans
équivoque la restitution de tous les objets dont il
est prouvé qu’ils ont été volés et, en cas de
restitution, limite les possibilités d’indemnisation à
ceux qui prouvent leur bonne foi (bona fide) et ont
26
cherché avec diligence à savoir qui était le
propriétaire légitime des biens considérés.
La Convention d’Unidroit ne cherche
nullement à entraver le commerce licite de biens
culturels. Son but est de lutter contre les abus dans
la circulation internationale des biens culturels et
d’asseoir ainsi le crédit et la réputation du
commerce de ces biens.
La Convention contribue par conséquent à
la sécurité du droit dans le commerce international
des œuvres d’art. Le respect de la diligence,
conformément à la Convention, favorise les
rapports de confiance entre pays importateurs et
pays exportateurs, facilitant par la même occasion
les échanges de biens culturels à l’échelle
internationale. Par ailleurs, la Convention donne
au propriétaire légitime, qu’il s’agisse d’un Etat,
d’un musée ou d’un collectionneur privé, la
possibilité de récupérer un objet volé ou
illicitement exporté, car il peut saisir une
juridiction ordinaire.
Pour les musées, la Convention d’Unidroit
s’inscrit dans la philosophie du code de déontologie
de l’ICOM (Conseil international des Musées). De
nombreux musées agissent déjà dans le sens de la
Convention en n’acquérant que des pièces dont la
provenance est établie. Ils procèdent aux
vérifications nécessaires lors de dons ou de legs en
consultant par exemple le « Art Loss Register »8 ou
d’autres banques de données.
27
3.1.3 Complémentarité entre les deux
Conventions
28
dans tel ou tel domaine. Les Etats sont donc invités
à s’en inspirer lors de la rédaction des dispositions
législatives et réglementaires nationales.
Plusieurs de ces recommandations peuvent
contribuer à faciliter l’adoption de mesures de lutte
contre le trafic illicite des biens culturels, par
exemple, la Recommandation de 1956 définissant
les principes à internationaux à appliquer en
matière de fouilles archéologiques, la
Recommandation de 1976 concernant l’échange
international de biens culturels et la
Recommandation de 1980 pour la protection des
biens culturels mobiliers.
29
il est indispensable que chaque Etat prenne
davantage conscience des obligations morales
touchant au respect de son patrimoine culturel
comme de celui de toutes les nations.
Les pays signataires sont tenus d’adopter
les mesures énoncées dans la Convention et de
mettre leur législation nationale et autre
disposition en conformité avec celle-ci. Il
appartient à chacun de décider souverainement
des mesures à adopter et de veiller à ce qu’elles
soient bien compatibles avec le système juridique
national.
30
VI. LES ORGANES INSTITUTIONNELS
31
processus du trafic devient réel : leur action est
répressive.
La gestion des musées dans le monde tend
vers une mise à niveau en termes de méthodes de
conservation et d’acquisition. Dans la plupart des
pays qui souffrent du phénomène du trafic illicite,
les organes chargés du patrimoine culturel ne
disposent pas de pouvoir de police. Le plus
souvent, l’inventaire de ces biens leur fait défaut,
ce qui fausse l’appréciation de l’impact du
phénomène car ces biens échappent à leur contrôle
et c’est alors aux services de police qu’incombe la
tâche de répression au niveau interne.
Malheureusement, ces services sont incompétents
quant à la détermination de la qualité patrimoniale
de ces biens et leur compétence est limitée aux
frontières nationales. D’où le recours aux services
de Douane qui sont souvent les plus aptes à agir
dans ce sens, d’autant plus qu’une mise à niveau au
niveau international commerce à s’instaurer quant
à leurs méthodes de travail.
En effet, On considère généralement le
contrôle douanier comme le principal moyen de
détecter le trafic de biens culturels et de faire
respecter la législation visant à l’interdire. Il faut
organiser les programmes spéciaux de formation
afin de faire prendre davantage conscience aux
fonctionnaires de la police et aux agents de la
Douane de la gravité de ce type de trafic.
Pour faire échec à ce trafic, policiers et
douaniers doivent avoir de solides connaissances et
être en fait capables de reconnaître les objets
protégés. Il faudrait donc faire en sorte que des
archéologues et des conservateurs de musées
puissent communiquer de l’information détaillée
32
aux agents susceptibles d’être confrontés à ce
problème.
Une autre possibilité consisterait à
renforcer la collaboration entre les services de
Douane et les services culturels, par exemple, en
affectant un archéologue ou un historien de l’art
aux services de Douane.
33
souvent, le différend oppose d’anciennes colonies à
d’anciennes puissances coloniales. Pour
promouvoir l’instauration d’un dialogue plus
constructif dans ce type de cas, la Conférence
générale de l’UNESCO a créé, en 1978, le Comité
intergouvernemental pour la promotion du retour
de biens culturels à leur pays d’origine ou de leur
restitution en cas d’appropriation illégale. Il s’agit
d’un organe subsidiaire de la Conférence générale
de l’UNESCO. Ses membres représentent 22 Etats
et sont renouvelés par moitié lors d’élections qui
ont lieu tous les deux ans pendant la session de la
Conférence générale. Le comité remplit une
fonction consultative et offre un cadre de
discussion et de négociation. Avant de lui
soumettre un cas, l’Etat demandeur doit engager
des négociations bilatérales avec l’Etat entre les
mains duquel se trouve l’objet réclamé. Le Comité
ne peut être saisi qu’en cas d’échec ou de
suspension de ces négociations. La procédure est
exposée dans les statuts du Comité, qui définissent
également la composition de ce dernier, ses
objectifs et ses compétences.
Cependant, le pays demandeur peut
toujours consulter le Secrétariat de l’Unesco qui le
conseillera sur la démarche à suivre.
A sa deuxième session (1981), le Comité a
élaboré un formulaire type pour les demandes de
retour ou de restitution. Pour saisir le Comité, les
deux parties concernées doivent remplir le
formulaire en coopération. Cette procédure permet
d’obtenir une description objective du bien et un
historique susceptible de servir de base aux
négociations.
34
4.2.2 L’ Interpol 11
35
aux services de police et de Douane, aux musées,
aux salles de vente, aux antiquaires et aux prêteurs
sur gages. Plus la diffusion est large, plus efficace
est la recherche, L’effet potentiel de ces notices est
considérable dans la mesure où leur publication
peut rendre impossible la vente de certains objets.
Malheureusement, les vols commis sont loin d’être
déclarés en assez grand nombre à l’Interpol.
Outre la coopération internationale entre
services de police, l’Interpol estime qu’il est très
important d’encourager des contacts plus larges
entre services de Douane, professionnels des
musées et organisations internationales. C’est
pourquoi elle joue maintenant un rôle actif dans les
conférences et les ateliers de formation organisés
par l’Unesco et l’ICOM.
36
rédaction d’une série de conventions
internationales concernant l’importation et
l’exportation de matériel éducatif, scientifique ou
culturel parmi lesquelles la Convention de l’Unesco
de 1970.
En 1970, l’OMD a adopté la Convention de
Nairobi, qui traite, dans l’une de ses annexes, de
l’assistance que les pays peuvent s’apporter
mutuellement dans la lutte contre la contrebande
d’objets d’art, d’antiquités et autres biens culturels.
Les dispositions de l’annexe XI complètent celles
de la Convention de l’Unesco de 1970 eu égard en
particulier à la coopération internationale entre
autorités douanières.
L’annexe XI de la Convention de Nairobi
instaure un fichier central de renseignements (en
d’autres termes, une base de données
internationale) où sont réunies des informations
sur les personnes qui font de la contrebande ou qui
sont soupçonnées d’en faire et sur les méthodes
utilisées par elles. Ce fichier est établi et géré par le
Secrétaire de l’OMD sur la base de l’information
reçue des parties contractantes. La base de
données de l’OMD diffuse et fournit de
l’information à ses membres ainsi qu’aux autres
parties concernées, comme l’Unesco et l’Interpol.
37
d’un statut consultatif auprès du Conseil
économique et social des Nations Unies.
L’ICOM aborde en général les problèmes du
vol et du trafic illicite de biens culturels par le biais
de mesures préventives comme la promotion d’une
éthique professionnelle et le renforcement de la
sécurité dans les musées, ou par des interventions
directes qui consistent, par exemple, en des
activités de mobilisation ou de collecte de fonds. Il
compte environ 10 000 membres partout dans le
monde. Ses activités de publication sont très
importantes, il publie entre autres des listes et des
photographies d’objets volés ou disparus. Il dispose
également d’un site Web ou sont accessibles un
grand nombre de ses publications ainsi que toutes
sortes d’informations.
L’ICOM participe activement aux ateliers
internationaux et aux activités de formation
concernant l’élaboration de normes internationales
pour les professionnels des musées, notamment
dans les domaines de la sécurité et des inventaires.
L’ICOM a principalement pour mission de
contribuer à l’élaboration d’une éthique
professionnelle, et sa plus grande réalisation à ce
jour réside probablement dans l’établissement d’un
code déontologique et la promotion d’une série
bien définie de règles d’éthique à l’intention des
professionnels des musées. Mis au point et adopté
par l’ICOM à sa 10e Conférence générale, et traduit
dans de nombreuses langues, ce code a servi de
modèle pour des codes similaires adoptés partout
dans le monde.
Il convient également de souligner l’effort
de cette institution quant à la recherche de
coopération avec d’autres organismes notamment
l’Interpol. Ainsi, en 2000, les deux organismes ont
38
signé un protocole d’accord sur la lutte contre le
trafic illicite de biens culturels. Cet accord
comporte plusieurs volets qui ont trait aux
consultations mutuelles, à l’échange
d’informations, à la représentation réciproque, et à
la coopération technique13.
39
V. LES INSTRUMENTS D’INFORMATION
40
figurent des listes d’objets en péril. Jusqu’à présent
l’ICOM a publié :
- La liste rouge des objets archéologiques
africains en péril ;
- Liste rouge des biens culturels
d’Amérique latine en péril ;
- Catégories d’objets en péril et
susceptibles d’être volés en Irak.
41
textes sur le trafic illicite des biens culturels, à
l’image de la Convention de 1970, celle d’Unidroit,
un Guide pratique pour la mise en œuvre de la
Convention de l’Unesco de 1970 (1997), un Manuel
sur les mesures juridiques et pratiques (2006),
une Note d’information sur la coopération dans la
lutte contre le trafic illicite des biens culturels, une
Base de données des législations nationales sur le
patrimoine culturel, ainsi que les Rapports
périodiques du Conseil intergouvernemental pour
la promotion du retour de biens culturels à leur
pays d’origine ou de leur restitution en cas
d’appropriation illégale.
42
VI. LE CAS DU MAROC EN MATIERE DE
LUTTE CONTRE LE TRAFIC ILLICITE DES
BIENS CULTURELS
Constitution (2011).
43
régis par des textes qui varient selon le régime de
propriété de ces biens (privée, collective, du
domaine public, waqf..). Tout laisse penser qu’il
s’agit de biens ordinaires dont la seule
considération et leur rapport juridique avec leurs
propriétaires.
Toutefois, dans la pratique on a tendance à
considérer les biens ayant un aspect culturel
comme des biens culturels (qu’ils soient des biens
mobiliers ou immobiliers) créant une confusion
par rapport aux services culturels existant sous la
tutelle de l’autorité chargé des affaires culturelles
(musée, bibliothèque, conservatoire, etc..) qui sont
moins considérés le plus souvent comme tels.
Néanmoins, la distinction est accentuée quand il
s’agit du patrimoine culturel.
Quatre textes majeurs régissent
actuellement la protection du patrimoine culturel
au Maroc. Au sommet, se trouvent la loi 22-80 et
sa version révisée : la loi 19-05 en l’occurrence16. Il
faut dire que cette dernière (celle qui nous
intéresse le plus) n’exclut pas l’autre puisqu’elles
coexistent, mais elle en constitue le prolongement;
Seules certaines dispositions concernant le
patrimoine mobilier ont été modifiées. En second
niveau, se trouvent le Décret d’application de la Loi
22-80, le Décret de 1995 sur l’organisation des
musées, et la Dahir de 2000 portant création de la
commission marocaine de l’histoire militaire.17
44
6.1.1. La loi 22-80 :
45
sciences du passé et les sciences humaines
en général,
Sont assimilées aux monuments
historiques et comme telles susceptibles
d’être inscrites ou classées, lorsqu’elles
présentent un intérêt artistique, historique,
légendaire , pittoresque ou intéressant les
sciences du passé et les sciences humaines
en général, les gravures et peintures
rupestres, les pierres écrites et les
inscriptions monumentales, funéraires ou
autres, à quelqu’époques qu’elles
appartiennent, en quelque langue qu’elles
soient écrites et quelles que soient les lignes
ou formes qu’elles représentent ;
2) Au titre des meubles :
Les objets mobiliers à caractère artistique,
historique ou intéressant les sciences du
passé et sciences humaines en général.
46
historique, archéologique, anthropologique ou
intéressant les sciences du passé et les sciences
humaines en général) et appartenant aux
catégories énumérées à l'article 26 (c’est-à-dire les
immeubles classés entre autres) sont inaliénables
et imprescriptibles.
Toutefois, si le droit de préemption exercé
par l’Etat et consacré par cette loi offre une
garantie contre les dérives du libre transfert de
propriété des biens culturels, il reste subordonné
au statut de biens inscrits et classés. Autrement dit,
les biens qui ont échappé à ces mesures de
protection- le classement étant une procédure
longue et compliquée et l’inscription étant moins
rigoureuse - se voient exclus de ce droit, et sont
susceptibles de transfert aussi bien légal qu’illicite
à l’intérieur du pays et éventuellement hors du
pays.
La seule restriction qui existe dans cette loi
concerne les objets d’art et d’antiquité mobiliers
qui présentent pour le Maroc un intérêt historique,
archéologique, anthropologique ou intéressent les
sciences du passé et les sciences humaines en
général (art.42). En vertu de l’article 44, ces objets
ne peuvent être exportés. Toutefois, des
autorisations d’exportations temporaires peuvent
être accordées, notamment à l’occasion des
expositions ou aux fins d’examen et d’étude.
Même les sanctions prévues dans les
articles 53, 54 et 55 qui ont une portée générale (les
amendes étant fixées entre 2.000 et 20.000 Dhs et
plafonnées en cas de récidive à 40.000 Dhs) n’ont
pas pu dissuader les commerçants de mauvaise
foi ; en outre il n’y a pas de relations d’équivalence
entre l’infraction et la sanction ce qui laisse le
47
champs libre à l’appréciation du juge, une
appréciation qui demeure arbitraire.
Une nouvelle réglementation s’imposait
donc, surtout avec l’adhésion sans équivoque en
2003 à la Convention de 1970.
48
Les sanctions fixées par cette loi sont
modulées en fonction de certaines infractions et
vont de la confiscation à l’amende ou
l’emprisonnement et le cas échéant à des
dommages-intérêts.
Le manquement à la tenue d’inventaire ou à
la notification des tiers du statut des biens est
passible d’une amende allant de 5.000 à 20.000
dhs (art.54, I). Alors qu’une peine
d’emprisonnement (de 3 mois à 2 ans) et une
amende de 20.000 à 200.000 dhs sont prévues
pour toute personne ayant cédé un objet mobilier
inscrit ou classé sans en avoir informé
l’administration compétente, ou ayant exporté
illégalement les objets mobiliers visés aux articles
32-3, 44 et 58, ou ayant « mutilé, détruit, modifié,
dénaturé ou contrefait un objet mobilier en
violation des dispositions de l’article 32-1. La
sanction pénale s’étend même aux personnes ayant
empêché ou entravé la mission des agents
habilités, elle se décline en emprisonnement (de six
mois à une année) et/ou en amende de 10.000 à
20.000 dhs (art. 54-2).
Si l’infraction donne lieu à un préjudice, le
montant d’indemnisation est fixé à dix fois la
valeur du bien objet de l’infraction (article 54-1),
mais le législateur ne s’est pas encore prononcé
clairement sur les modalités de fixation de ces
valeurs, ce qui rend cette démarche purement
arbitraire de la part de l’administration et
potentiellement spéculative de la part de la partie
lésée. Toutefois, ce même article indique que
l’amende « a le caractère de réparation civile », ce
qui laisse supposer que le recours à une juridiction
compétente et à une expertise est assez
envisageable. Le législateur reste réticent à propos
49
des auteurs d’infraction d’import illicite des biens
culturels.
50
et d’importations des biens, le contrôle avec
vigilance des entrées et sorties des biens culturels
quelque soit leur nature. Une fois formés
davantage, les agents douaniers seront en mesure
de développer avec l’expérience leur capacité de
contrôle.
Force est de signaler que le Maroc accueille
en permanence le Bureau régional de l’OMD pour
l’Afrique du Nord. Ce statut lui confère une place
privilégiée en matière de coordination, de contrôle
et de lutte contre le trafic illicite des biens
culturels, et lui offre une opportunité de
développement de ses capacités douanières.
51
lutte contre la criminalité internationale dont celle
qui concerne le trafic des biens culturels et des
objets d’art volés (art.1er et art.2) ;
52
CONCLUSION
A
la lumière de ce qui a été énoncé, on est en
mesure d’affirmer que l’idée selon laquelle
les biens culturels meubles devraient, de
par leur nature et leur valeur, être soumis
à d’autres règles du Droit que celui des biens
ordinaires, a donc tracé son chemin.
On assiste à l’édification d’un véritable
système de lutte contre le trafic illicite des biens
culturels. Depuis 1970, plusieurs instruments
juridiques et conventionnels se sont greffés à ce
système à l’image – par exemple – de la
Recommandation de l’Unesco concernant
l’échange international de biens culturels (Nairobi
novembre 1976), de la Recommandation de
l’Unesco pour la protection des biens culturels
mobiliers (Paris,1978), du Code Déontologique de
l’ICOM (Buenos-Aires, 1986 et modifié en 2001 à
Barcelone), de la Convention sur la protection du
patrimoine culturel subaquatique (2001) et de la
Déclaration Universelle de l’Unesco sur la
Diversité Culturelle (en 2003) qui est venu
renforcer les assises de la dynamique de lutte
contre le trafic illicite des biens culturels. Sans
parler de la Convention d’Unidroit qui constitue
l’innovation du système.
Toutefois, ces instruments conventionnels
sont toujours à la recherche de nouveaux
adhérents, car les pays n’ont pas tous adhéré à la
Convention de l’Unesco 1970 et encore moins à
celle d’Unidroit, de sorte que l’application des
règles qu’elles énoncent pour le retour ou la
restitution de biens culturels est faussée par cette
carence. Même entre Etats parties, il arrive que la
Convention ne s’applique pas, parce que l’objet en
53
litige a été exporté avant son entrée en vigueur, et
assez souvent, le différend oppose d’anciennes
colonies à d’anciennes puissances coloniales.
Mais ce système ne se veut nullement
porteur de solutions absolues et parfaites à ce
problème, tant que les concepts qui animent cette
dynamique sont en perpétuelle évolution, et tant
qu’il y aurait des riches collectionneurs d’objets
d’art – Homme d’affaires et voire même des
diplomates – qui échappent à la légalité et ne
reconnaissent aucune éthique, en
« s’approvisionnant » sur le marché occulte, et tant
que les technologies évoluent à une vitesse
extraordinaire.
Le système de lutte contre le trafic illicite
des biens culturels est appelé lui aussi à se
développer pour contrecarrer cette pratique de
plus en plus dénoncée par la communauté
internationale.
54
BIBLIOGRAPHIE
55
Dossier : Contre les pilleurs et les vandales,
sauvons nos trésors », in Le Courrier de l’UNESCO,
Paris, vol.54, n°4, avril 2001 (pp.16-37).
« Dossier consacré au trafic illicite des biens
culturels », in ICOM Maroc, Rabat, Comité
national marocain de l’ICOM, n°3, 1997 (pp.3-17).
56
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