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GRAMMAIRE

LA NEGATION
Introduction : définition générale


la négation est souvent définie comme l'acte de rejeter l'existence
de qqch ou de qqn. Le traitement de la négation se réalise sous
diverses formes : par des adverbes, des déterminants, des
pronoms, des noms, des expressions. Elle est compatibles avec
les autres modalités (interrogative, assertive (=tenir qqch pour
vrai, être sincère), exclamative et impérative).
La négation expliquée à travers un texte


Pour ce cours sur la négation, en autonomie parfaite coronavirus oblige),
je vous ai préparé des explications en lien avec un texte, un texte théâtral
du XVII, de Corneille, intitulé Suréna. Il est particulièrement adapté à
l‘analyse de la négation. (Ceux qui m‘ont eu en 2nde l‘ont déjà rencontré).

C‘est une tragédie classique. Le passage qui nous est proposé fait état
d'un interrogatoire caché que mène Orode, roi, pour essayer de percer à
jour ce que sait Palmis au sujet de Suréna.

Vous avez le texte sur Pronote en pièce jointe dans le cahier de texte, et
aussi sur Moodle. Vous devez l‘avoir en permanence avec vous pour
suivre le cours.

1er exercice très facile : « ne...pas » et « ne...point » : relevez cinq occurrences dans le texte de Corneille.


« ne » est appelé un discordanciel. « pas/point » sont des forclusifs. Le forclusif « point » a disparu de l'usage
aujourd'hui, on ne l'utilise plus mais il a subsisté jusqu'au XXe. Le forclusif « pas » a la primauté à tel point que
dans la langue orale, « ne » est élidé, supprimé ; cependant, on le conserve à l'écrit. Les forclusifs de l'Ancien
Français ont totalement disparu (ça va vous faire sourire mais à l‘époque on trouvait ne… goutte,ne... mie,ne...
mot).


Dans le texte, on s'aperçoit que les deux dont présents : « pas » et « point ». Or, quelle différence ? Ici, « pas »
est utilisé par Orode, « point » chez Palmis. Le choix du forclusif opère donc d'une distinction entre les deux
personnages.


La place de la négation : parfois, le discordanciel et le forclusif peuvent encadrer un pronom : « pour ne s'en
point vanter »
Les 2 grands types de négation


Comme pour les interrogations, il existe deux types de négation :


La négation totale : elle nie l‘ensemble des éléments de la phrase.

La négation partielle : elle ne nie qu‘une partie des éléments de la phrase, voire
qu‘un seul élément.

Pour chaque négation rencontrée dans un texte, il est bien de toujours préciser
s‘il s‘agit d‘une négation totale ou partielle, et de dire rapidement mais clairement
pourquoi évidemment. C‘est en lisant la phrase, ou le segment de phrase, qu‘on
comprend de quel type de négation il s‘agit. N‘oubliez pas que la grammaire est
liée directement au sens des phrases, du texte. L‘un n‘existe pas sans l‘autre.
La négation partielle et ses adverbes


La négation partielle dans le domaine temporel : « ne...jamais ». On
relève deux occurrences dans le texte.

« mon âme charmée (…) n'étouffera jamais l'éclat de ces beaux
feux » et « cette fausse douceur est au-dessus de moi / Et ne
vaudra jamais que je néglige un roi ». On remarque que la négation
ici s'exerce sur l'ensemble formé par le pivot verbal et le COD.

La particularité du forclusif « jamais » est sa mobilité : on peut
déplacer ce mot dans la phrase sans qu'elle perde son sens :
« cette fausse douceur (…) jamais ne vaudra que je néglige un roi »
La négation exceptive (ou restrictive, c‘est pareil)


« ne...que ». On relève une occurrence : « Et ne me regarder,
dans ce chagrin profond,/ Que le remords en l'âme, et la rougeur
au front ».


La négation restrictive consiste à soustraire de la négativité
l'élément sur lequel elle porte. Cela équivaut à l'expression
« exclusivement ». ex : « me regarder exclusivement le remords
en l'âme »
„Non“ en emploi adverbial (=utilisé comme un adverbe
dans la phrase)


On relève deux occurrences : « c'est une grandeur d'âme et non
une faiblesse », et « je veux toujours le revoir, cet ingrat qui me
tue, / non pour le triste bien de jouir de sa vue ».


Ici, « non » fonctionne comme un adv. Dans la 1ere phrase,
« non » sert d'opposition entre « grandeur d'âme » et
« faiblesse ». dans la seconde phrase, on attendrait un « mais »
juste avant le « non ». Il n'apparait pas, « non » joue le rôle de
suspension de la phrase
„Non“ dans une expression


« Non seigneur » fait figure d'expression figée. Ce « non » nie
pleinement le contenu énoncé précédemment. Ici, l'énoncé
précédent n'était pas une question, ce qui signifie que l'utilisation
du terme « non » sert à réfuter l'argumentation proposée. « non »
apparaît essentiellement en début de réplique et assure
l'enchaînement des tours de paroles entre les personnages.
La négation exprimée par un pronom


« rien » : « j'ai cru qu'il n'aimait rien ». « lui garder un cœur n'a rien
d'assez honteux ».

« rien » sert à l'expression d'une quantité nulle pour les inanimés (=les
objets, ce qui n'est pas vivant). Etymologiquement, « rien » vient du latin
« rem » qui signifie « chose ». «rien » est le terme symétrique de
« personne » pour les animés (=êtres vivants, les sujets).

Dans « j'ai cru qu'il n'aimait rien », « rien » est le COD du verbe
« aimer ». il faut remarquer ici que du point de vue du sens, il faut
comprendre « j'ai cru qu'il n'aimait personne », car au XVIIe, on
employait sans différenciation « ne...rien/ne... personne »
Attention : „ne...rien...que“ !


Il est possible de rencontrer une phrase du type : « il ne boit rien
que de l'eau ». Ce n'est pas le cas dans notre texte, mais il faut
en avoir connaissance. Dans ce genre de phrase, « rien » est lié
à la fois au discordanciel « ne » et au restrictif « que » pour
exprimer l'exclusivité. (=il ne boit que de l'eau et pas autre chose,
l'eau est une exclusivité)
La négation exprimée par un préfixe


On relève deux occurrences dans le texte. « indigne »,
« infidèle ».


La langue française dispose d'affixes (ce sont les préfixes et les
suffixes) pour inverser la valeur des éléments lexicaux. in- est un
préfixe toujours négatif.


in+base : in+fidèle in+digne.

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