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LA NÉGATION
Attention ! Pas et point se trouvent parfois employés sans ne : ils concurrencent alors non.
Point peut être employé seul, mais pas doit être complété par un verbe de renforcement
(absolument pas, pas du tout…), par un adverbe de quantité (pas beaucoup) ou par un terme
renvoyant à la situation spatio-temporelle (pas ici).
Négation partielle : elle porte sur une partie seulement de la proposition. Elle s’exprime au
moyen de mots négatifs associés à ne, qui identifient explicitement le constituant visé par la
négation.
Guère
Il indique une quantité très minime. La proposition n’est pas totalement niée, mais
l’orientation argumentative de guère conduit vers la négation totale. Guère est ainsi apte à la litote.
Il peut indiquer une fréquence temporelle faible.
Ex : Je n’aime guère ces machins. Il ne sort guère.
Plus
Il indique la rupture d’une continuité temporelle, en distinguant un avant et un après.
Ex. Je n’y vois plus clair.
Il s’emploie sans ne dans une phrase nominale pour nier l’existence du référent, avérée
antérieurement.
Ex. Plus de munitions !
Personne, nul.
Il servent à l’expression de la quantité nulle pour les animés.
Rien.
Étymologiquement positif (issu du latin rem, « chose »), rien sert à l’expression de la
quantité nulle pour les inanimés.
1. Adverbe de négation.
Ne est un mot atone, toujours adossé au verbe qu’il précède : c’est un mot clitique. La
négation s’exprimant en français le plus souvent sous la forme d’une structure corrélative, les
emplois de ne seul sont limités à des cas précis, constituant une survivance historique.
- après certains verbes d’aspect ou de modalité suivis d’un infinitif : savoir, oser, pouvoir,
savoir.
- après un si hypothétique Je ne m'engagerais à rien si tu ne promettais de garder le secret.
- après qui ou quel dans une interrogation rhétorique. Qui n’en conviendrait ? et après le
que interrogatif ou exclamatif employé au sens de pourquoi. Que ne l’ont-ils dit plus tôt ?
- dans une proposition subordonnée relative ou consécutive, après une principale
interrogative ou négative. Y a-t-il quelqu'un dont il ne médise ?
- expression de temps indiquant le temps écoulé, introduite par voilà ou il y a associés à que,
ou dans une subordonnée introduite par depuis que. Il y a trois mois que je ne l’ai vu.
- dans les locutions ou expressions proverbiales. Qu’à cela ne tienne. Je n’ai que faire.
2. Ne explétif.
Sa présence n’est pas indispensable. Le ne manifeste la valeur négative implicitement
contenue dans le verbe recteur, par exemple.
On le trouve dans les propositions subordonnées :
- après un terme recteur marquant le désir négatif (crainte, précaution, empêchement)
Ex. J'ai peur qu'il ne puisse venir ce soir.
- après les locutions conjonctives de peur que, crainte que, à moins que (hypothèse d’une
exception contraire à l’hypothèse que soutient l’énonciateur), avant que (le procès subordonné n’est
pas encore arrivé).
Ex. Les amis pourront l'aider à moins que cela ne leur soit défendu.
- en structure comparative posant l’inégalité ou la différence.
Ex. Il est plus rapide que ne l’est son frère.
La négation est une opération complexe ; elle peut aussi se porter sur les constituants de la
phrase pour désigner divers aspects de la quantité nulle. Ce qui peut se réaliser autrement que par
les adverbes de négation. La langue française dispose d’affixes qui permettent d’inverser la valeur
des éléments lexicaux.
Ainsi des adjectifs comme inconsolé, infidèle, inconnu : le préfixe in-, toujours négatif, sert
à créer un dérivé endocentrique = de même classe que sa base. ! D’autres adjectifs, comme ingrat,
inquiet, sont en latin des dérivés à préfixe négatif ; mais en français, ils ne sauraient être considérés
comme construits, puisqu’il n’existe plus de base, c’est-à-dire d’élément susceptible d’être employé
seul.