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L’adverbe

Définition

L'adverbe est une des parties du discours, dont la liste n'est pas fermée. La définition de
l'adverbe s'opère généralement par la négative : ne sont ni des prépositions, ni des conjonctions, ni
des interjections. D'où sa solide réputation de « pervers polymorphe », selon la formule de J. (Goes
2005). En fait la perversité catégorielle des adverbes réside moins dans la variabilité de leur forme
(invariables, ils ne changent de forme qu’en cas de liaison ou d’élision, et morphologiquement leur
formation n'est pas plus diversifiée que celles des autres catégories grammaticales) que dans leur
polyfonctionnalité.

La définition étymologique de l'adverbe (adverbum : modifieur du « verbe » : même si


verbum peut signifier « verbe » ou « mot ») est insuffisante : l'adverbe peut être incident à d'autres
termes que le seul verbe. Or, les adverbes entrent dans plusieurs autres types de constructions
irréductibles à la modification d'un verbe ou au fonctionnement d'un circonstanciel : soigneusement,
probablement, oui et ne... pas, par exemple, ont une distribution totalement ou partiellement
différente de très, modifieur adjectival et adverbial par excellence, et du circonstanciel temporel
demain (susceptible en outre d'un emploi nominal : Demain sert un autre jour).

Si l'on s'en tient à leur point d'ancrage syntaxique, qui commande leur portée, les adverbes
se comportent, dans le cadre phrastique (ou intraprédicatif) tantôt :
- comme l'ajout à un verbe (Jean comprend vite),
- à un adjectif Jean est très rapide)
- à un autre adverbe Jean court moins vite)
- à une préposition ou à une conjonction de subordination (la voiture juste devant la mienne /
arrivé exactement / juste / précisément quand Paul est parti)
- à des déterminants quantificateurs (Il avait environ / juste / à peine vingt ans)
- ou à des noms et à des pronoms (Même Jean / lui a renoncé - Jean / lui aussi a renonce) ;
- et hors phrase (en position extraprédicative), soit comme un élément périphérique de la phrase,
de nature circonstancielle (Heureusement / Évidemment, il l'a ratée - Franchement, votre
argent nous intéresse, slogan publicitaire d'une banque) ou comme un connecteur assurant toutes
sortes d'enchaînements d'une phrase dans son environnement textuel.

I. Propriétés morphosyntaxiques :

1. Invariabilité

Morphologiquement invariable, il n’est pas soumis au phénomène de l’accord


Invariable mais : certains mots employés occasionnellement comme des adv. peuvent garder la
propriété de varier :
EX. Seul, tout
Elle est toute contente
Seule Marie a trouvé la solution

2. Dépendance

Syntaxiquement et sémantiquement dépendant ; généralement il modifie la relation d’un


constituant de phrase à un autre, et parfois peut modifier une phrase toute entière. Sémantiquement ,
il modifie donc la relation :
- du verbe à son sujet Elle parle bien (modification d’un procès verbal)
- Il est rarement / toujours / parfois ivre (modification d’un rapport de caractérisation)
- de l’adjectif au nom Un homme très pauvre (l’indication de degré d’intensité de la propriété
dénotée par l’adjectif)
- de l’adverbe à un autre adverbe Elle écrit trop vite (l’indication de degré d’intensité de la
propriété dénotée par l’adjectif)
- d’une préposition à un autre constituant Elle se tient tout contre mur / j’écrirai aussitôt après
votre départ (modification d’un rapport de caractérisation)
- d’une conjonction à un autre constituant (ou une subordonnée) : Elle part bien avant que l’heure
sonne / Il arrive longtemps après que le spectacle est fini (l’indication de degré)
- d’un pronom / (Il a mangé presque tout) un nom (il a mangé la totalité du gigot) / un GN à un
autre constituant (modification d’une expression quantifiée)
- un GP à un autre constituant Il est arrivé juste à temps (l’indication de degré)
- Modification globale de la phrase ou de l’énoncé :
- Heureusement jean n’est pas venu (que jean ne soit pas venu est heureux) = adverbe
de commentaire phrastique
- Franchement, il a agi comme un tartuffe. (qu’il ait agi comme un tartuffe est franc*) =
adverbe de commentaire énonciatif
- la marque d’une propriété globale de la phrase :
- indiquent le type de phrase (et lui confèrent une valeur illocutoire) :
Comment viendra-t-il ? - interrogative
Il ne viendra pas - négative
- marque des connexions sémantico-logiques au sein des phrases - les adverbes de liaisons /
les connecteurs : c’est pourquoi, en effet, ainsi, aussi, néanmoins, au total,
- orientation argumentative : Il a même visité la Chine (augmente la force de l’argument)
- balisage textuel : d’abord, ensuite, puis, alors, enfin, finalement (soulignent l’organisation
générale du discours)
Dépendant, mais : Il y a des cas où il peut bien être syntaxiquement autonome, notamment dans le
cas des adverbes phrase : Oui, non, si
Tu ne viens pas ?
Si !
Ici on ne peut pas parler de dépendance d’ordre syntaxique, mais plutôt d’une cohésion discursive.

REMARQUE

À relever mais à exclure des analyses :


- En emploi adjectival, épithètes Un type bien, la roue arrière, la voiture là-bas
- En emploi nominal CDN : les gens d’alors, d’ici, musique d’autrefois
- En emploi pronominal (indéfinis quantifieurs ) Beaucoup sont partis, peu sont restés.

3. Intransivité

L’adverbe n’est pas apte à recevoir un complément, ou un régime (ce qui le distingue de la
préposition et de la conjonction)
Il est placé devant nous : nous, régime de la préposition
Il est placé devant : adverbe intransitif

Il peut accepter des expansions :

- à gauche
le plus souvent d’autres adverbes : très bien, bcp plus (Les Groupes adverbiaux - dont le noyaux est
un adverbe)

- à droite :
élargissement par des subordonnées dans le cas de la corrélation : c’est le cas des adverbes au
comparatif (plus rapidement que...) ou qui servent de corrélatifs à des conjonctions de subordination
ouvrant des subordonnées avec lesquels l’adverbe forme un groupe adverbial (si + que…) :

Elle agit autrement qu’elle ne parle


Pierre est plus grand que je ne l’étais à son âge

ou des subordonnées relatives qui on comme antécédent un adverbe :

On se moque de lui partout où il va.


Aujourd’hui où il ne pleut pas, nous pouvons nager.

REMARQUE :

—> les cas où l’expansion d’un adverbe est un groupe prépositionnel (on peut même parler des
compléments prépositionnels :
beaucoup d’enfants, trop de paroles, tant de larmes etc.
On peut considérer que dans ce cas les formes adverbiales entrent dans la construction des locutions
prépositionnelles beaucoup de, trop de, tant de, et donc on parle de changement de catégorie : dans
ce cas, il convient de les relever, de les exclure de l’analyse mais de justifier.

II. Morphologie des adverbes

1. Des formes simples en synchronie


- ainsi, aussi, hier, là oui, non, si, peu etc.

2. Des formes construites par dérivation

gravement, doucement, etc.

3. Adverbes formés par conversion (changement de classe grammaticale)

- en diachronie : pas, mie, goutte -,des anciens noms, devenus des forculsifs
- en synchronie : des adjectifs employés comme adverbes : sentir bon, voler bas, consommer
local, couper court etc.

4. Des formes composées en synchronie (par soudure ou trait d’union)

autrefois, beaucoup, désormais, jamais, là-dedans, parfois, par-dessus, sur-le champ etc.

5. . Les locutions adverbiales


au travers, au fur et à mesure, tout à fait etc;

III. Les degrés de l’adverbe

Tout comme l’adjectif, l’adverbe peut connaitre des degrés d’intensité ou de comparaison

La formation du degré de l’adverbe est généralement analytique : adv + adv.


D’intensité : il dort très bien, fort bien, assez bien
De comparaison : plus bien, moins bien, aussi bien, le plus bien

Formation synthétique :
Cela concerne 4 adverbes qui ont une forme particulière :
Il mange beaucoup / il mange plus (comparatif de supériorité) / il mange le plus (superlatif
relatif)
Bien : mieux , le mieux
Mal : pire, le pire pis (littéraire)
Peu : moins, le moins

IV. Syntaxe de l’adverbe (surtout pour le classement des occurrences)

Pour le classement des occurrences, puisque la question est syntaxique, il convient de


proposer un plan fonctionnel, tout en précisant au cas par cas les valeur sémantiques, pour les cas
qui méritent commentaire, leur distribution (place dans la phrase)

I. Adverbes qui dépendent d’un constituant de phrase


II. Adverbe de phrase ou de proposition
III. Les adverbes-phrase (averbale)

I. Adverbes qui dépendent d’un constituant de phrase

1. ADV dépendant d’un verbe


Il chante joyeusement / beaucoup / fort - CCManière (non essentiel) - il modifie la relation du sujet
à son verbe
Ce piano coûte cher - C essentiel
J’ai longtemps vécu là-bas - l’adv. peut se placer entre le sujet et le vb, pas seulement après

REMARQUE : à exclure en et y, qui sont des pronoms adverbiaux et se comportent comme des
pronoms anaphoriques.

2. ADV dépendant d’un adjectif / participe passé


Il a pourf onction de modifier la relation que l’adj. entretient avec le nom / le pron. auquel il se
rapporte (en intensité, ou pour construire une comparaison)

Une personne très douce, toujours souriante


C’est la personne la plus désagréable

3. ADV dépendant d’un adverbe

A pour fct de modifier la relation que l’adv. entretient avec un autre constituant (en intensité, ou
pour construire une comparaison)

Elle court aussi vite que son frère.


Elle court incroyablement vite.
Je suis contre les femmes, tout contre.

Autres dépendances :

4. ADV dépendant d’un GN ou équivalent

Les adv. signalent une intervention de l’énonciateur pour indiquer une surenchère dans
l’argumentation ou pour apporter une précision, effet d’insistance, modalisateurs :

C’est bien toi ! C’est tout lui. C’est notamment lui.


Il poussait presque des cris
Même les voitures dormais.

5. ADV dépendant d’un déterminant


Peut modifier la relation quantitative que le dét. entretient avec le nom qu’il détermine
Presque toutes les filles
Il marcha quelque deux cents pas dans le sentier.

6. ADV dépendant d’un GP

Il peut modifier un GP dans sa relation à un autre constituant de la phrase :

Je suis tout à toi.


J’y suis arrivé presque sans aide.
L’air de fausseté et presque de friponnerie

7. ADV dépendant d’une conjonction de coordination

Même peut modifier une conjonction de subordination dans sa relation d’introducteur de


proposition :

Avant même que sa vision pût se formuler en pensée, il reconnut que…


Les vices se gagnent vite, lors même que c’est un fils qui débauche son père

II. Adverbe de phrase ou de proposition

1. ADV de cadrage événementiel


ADV susceptibles d’être des C non essentiels (circonstanciels/ scéniques) du vb. mais détachés
souvent en tête de proposition ; souvent de temps et de lieu, précisent le cadre spatio-temporel

Ici s’est livrée la bataille


Longtemps je me suis couché de bonne heure
Le lendemain, j’arrive à midi..

De manière, mais toujours détachés ! mettent en lumière la manière dont le procès est effectué par
l’agent, mais en position détaché sont incidents à toute la phrase :

Lentement, il monta à son tour.


Brusquement, dans la soirée du 7, elle avait cessé de voir et d’entendre.

2. ADV connecteurs de phrases et propositions

ADV dits de liaison, ont un rôle proche des conjonctions de coordination : pas de fonction
syntaxique

Et alors il partit sur ses traces


Ensuite elle trouva la réponse
Ainsi les deux se réconcilient.

3. ADV marquant un type de phrase

- ADV de négation : ne + pas, jamais, plus, personne - locution adverbiale


- ADV interrogatifs / exclamatifs (amalgame entre la marque d’un type de phrase et une
fonction (complément de temps, de lieu etc.)
Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? il est parti
Comme il est beau !

4. Adv de commentaire phrastique

Complément modalisteurs d’une phrase assertive : probablement, peut-être, sans doute,


heureusement, naturellement
Il servent à commenter le contenu informationnel de la phrase :

Heureusement / sans doute, peut-être, en effet, il a gagné.

4. Adverbes de commentaire énonciatif


Ils servent à commenter non pas le contenu de la phrase, mais l’acte énonciatif même :

Franchement / sérieusement, honnêtement, simplement, bref, il a gagné.

Ils apparaissent soit détachés en début ou à la fin, ou bien intercalé (mais après le verbe, car il
change de sens dans ce cas)

III. Les adverbes-phrase (averbale)

Oui, non, si, peut-être, probablement

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