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La dérivation

En amazighe de azilal
Introduction

I. Définition de la dérivation
1. La morphologie dérivationnelle
2. La dérivation et composition
3. Les affixes (préfixe, suffixe, infixe)
4. Les types de dérivation

II. L'étude d'un corpus en Amazighe


1. Sur le plan sémantique
2. Sur le plan syntaxique
3. Sur le plan morphologique

Conclusion
I. La définition de la dérivation
Selon le Dictionnaire de la linguistique Larousse le terme de dérivation
peut «  designer de façon générale le processus de formation des unités
lexicales. Dans un emploi plus restreint et plus courant, le terme de
dérivation s'oppose à composition (formation des mots composés).

La dérivation consiste en l'agglutination d'éléments lexicaux, dont un au


moins n'est pas susceptible d'emploi indépendant, en une forme unique.
Refaire, malheureux sont des dérivés ꓼ on remarque que les éléments ˗re,
˗eux ne sont pas susceptibles d'emploi indépendant, pendent que faire
et malheur sont des unités lexicales par elles- même1. Les éléments d’un
dérivé sont ꓼ

−Le radical, constitué par un terme indépendant (faire dans refaire) ou


dépendant*(-fec dans réfection) ꓼ

−Les affixes, éléments adjoints appelés préfixes s'ils précèdent le radical


re-, de dans refaire, défaire ou suffixes s'ils le suivent (-eux, ˗iste dans
malheureux, lampiste). On remarquera toutefois que les préfixes peuvent
correspondre à des formes ayant l'autonomie lexicale (contre, adverbe
préposition, est préfixe dans contredire ꓼ bien, adverbe et substantif, est
préfixe dans bienfaisant), alors que les suffixes ne sont pas susceptibles

1
Jean Dubois. Dictionnaire de Linguistique PP : 136˗ 137
d'emploi indépendant, c'est dire les limites d'une opposition entre
dérivation et composition reposant le critère de l'autonomie lexicale des
composants ꓼ dans contredire, ou bienfaisant , l'autonomie des termes n'est
pas moindre que dans le mot composé portefeuille, en outre les préfixes ne
jouent aucun rôle sur la catégorie grammaticale de l'unité de signification
résultante (˗dé, permet de dériver un verbe ꓼ défaire ou un substantif ꓼ
défection un participe-adjectif ꓼ défait), alors que les suffixes permettent le
changement de catégorie grammaticale ꓽ l'adjectif noir aura aussi une série
de dérivés verbaux et nominaux noircir, noirceur.

La lexicologie traditionnelle, fait également usage du concept de dérivation


impropre(ou hypostase), pour désigner le processus lequel une forme peut
Passer d'une catégorie grammaticale à une autre sans modification
formelle, la substantivation du verbe ou de l'adjectif par exemple ꓽ sera un
cas de dérivation impropre ꓼ boire, manger dans le boire et le manger.

Composés et dérivés ont en commun de se comporter dans l’énoncé comme


les unités lexicales simples susceptibles d'apparaitre dans les mêmes
contextes, par exemple un vieux gentilhomme n'est pas un homme vieux et
gentil, mais bien un gentilhomme qui est vieux ꓼ pour un beau portefeuille,
on voit plus clairement qu'il est impossible de faire porter l'adjectif sur
aucun des deux éléments du composé pris séparément.

La lexicologie a exploré les champs dérivationnels* des unités lexicales


avec l'espoir d'y trouver un critère objectif proprement linguistique pour la
structuration du lexique. Ainsi, l'on distinguera deux unités justes selon le
champ dérivationnel : 2

Juste1 adv. juste, subst. Justesse (une pensée juste, penser juste, jouer juste)

Juste2 justement, injustement, justice injustice (un homme juste).

Cependant, les différences des sous-sens des unités lexicales ne se


manifestent pas nécessairement par une différence du champ dérivationnel.

En grammaire générative, la dérivation est un processus par lequel les


règles de la base, génèrent des phrases à partir de l'élément initial et en leur
assignent une description structurelle de telle manière que chaque suite
découle de la précédente par l'application d'une seule règle de grammaire.
La dérivation est dite terminale quand on arrive à une suite terminale*
d'élément à laquelle on ne peut plus appliquer de règles de grammaire. La
dérivation peut être représentée par un arbre*ou une parenthetisation
étiquetée. On appelle aussi dérivation l’ensemble des unités ainsi générées,
de l’élément initial à la suite terminale en passant par les suites
intermédiaires ».

Nous constatons que la dérivation est un procédé qui consiste à partir du


radical d’un mot, à fabriquer un mot nouveau de catégorie différente
(adjectif, nom,

2
Jean Dubois. Dictionnaire de Linguistique P : 137
Verbe ou adverbe) en ajoutant un affixe (suffixe et préfixe) à une base
adjectivale, nominale verbale ou adverbale, les préfixes et suffixes ont
diversifié les significations qui modifient celle de radical, il est donc
important de savoir décomposer un mot pour retrouver sa racine et en
détruire le sens du terme dérivé.

1. La morphologie dérivationnelle

En linguistique le terme morphologie dénomme traditionnellement la


branche de la grammaire qui étudie la forme des mots, par opposition à la
syntaxe, qui s’occupe de la fonction des mots et d’entités plus grandes. En
d’autre terme, la morphologie étudie les paradigmes des mots et
l’organisation des catégories grammaticales. Du point de vue des stades
d’une langue qu’elle étudie, on distingue alors la morphologie descriptive
(synchronique), qui décrit la langue à un moment donné de son
développement et la morphologie historique (diachronique), qui étudie
l’évolution de la structure morphologique de la langue et ses perspectives
de développement.

a) La dérivation verbale

« C’est l’aspect le plus étudié se la morphologie de l’Amazighe, et tous les


dialectes sont couvert. Nos corpus révèle trois processus de construction
d’un verbe : à partir d’un verbe, à partir d’un nom ou d’une onomatopée,
mais c’est le premier qui est au moins le plus important. Le processus de
dérivation d’un verbe à partie d’un adjectif est rare en Amazighe sans doute
pace que la classe de l’adjectif est plus développée dans cette langue et
qu’en général à côté de l’adjectif il existe un verbe qui lui correspondant et
qui sert de base à la formation des différents dérivés ».

 Dérivation d’un verbe à partir d’autres mots que le verbe ꓽ

A Partir d’un nom : au niveau de forme, l’opération morphologique


s’effectue dans la majorité des cas au moyen du schème verbalisateur S+N
(Chaker 1984.P.191) et au niveau sémantique, ce schème donne
généralement au verbe obtenu le sens exemple : awal, « parole » sawel, «
parler ».

• A partit d’une onomatopée au moyen du schème verbalisateur (S˗+


onomatopée), le verbe ainsi dérivé à la valeur sémantique « faire sens de
l’onomatopée »exemple : mmuh˃ semmuh, « beugler ».

• A partir d’un nom, d’un adverbe, d’une préposition, d’une


conjonction au moyen du schème (n˗ ou3 nn˗), avec parfois le sens
idiosyncrasique exemple : mnid, « devant »˃ nnemnad, « se mettre en
position droite ». Mais il existe des verbes de sens prédictible obtenus au
moyen d’un autre processus exemple : tama « côté » ˃ atem « se mettre
sur le côté ».

3
Ali Barakate. Propriétés morphologiques et potentialités de l’amazighe P : 103
Préposition « entre » ˃ ngara, « se séparer » et même un cas de
conversion ex : zund,4 préposition ou conjonction, « comme ».

 Dérivation d’un verbe à partir d’un verbe :

La forme de base du verbe peut donner lieu à un ensemble de formes


dérivés, correspondant chacune à un sens de base bien déterminé, au moyen
d’un ensemble de schèmes parfois appelés « morphèmes » d’orientation
(Chaker 1984, P 184). La forme nue à l aoriste est généralement considérée
comme la forme de base parce qu’elle est la moins marquée de toutes. On a
certaines formes de dérivation d’un verbe à partir d’un verbe :

− La forme factitive ou transitivité : elle s’obtient au moyen d’un schème


ayant une forme préfixe S˗ l’opération permet la factitive de verbes
transitifs Ex : lmed, « apprendre » ˃ sselmed et les verbes intransitifs
comme : kchem, « entrer » ˃ cekchem.

− La forme passive : s’obtient au moyen d’un schème constitue d’un


élément préfixe TT, qui peut se réaliser TTEW Ex : isan, « connaitre » ˃
ttewassen.

− La forme réciproque : elle s’obtient au moyen d’un schème ayant une


forme préfixe M˗, qui peut se réaliser sous la forme des variantes MM˗ et
MY˗, l’opération s’accompagne d’un changement vocalique Ex : sawel, «
parler » ˃ msawal.
4
Ali Barakate. Propriétés morphologiques et potentialités de l’amazighe PP : 103˗104
b) La dérivation nominale

« C’est l’aspect le plus moins étudié de la morphologie dérivationnelle de


l’Amazighe. La dérivation nominale concerne la formation des différentes
sous-classes du nom à partir d’une base verbale, adjectivale ou nominale,
par l’association d’une base et d’une marque morphologique. La dérivation
du nom sur base adjectivale est extrêmement rare en Amazighe et la
dérivation du nom sur base nominale y est réduite. Par contre la dérivation
verbo˗nominale y est très bien représentée ».

 Dérivation d’un nom à partir d’un nom

La formation du nom de qualité de profession à partir du nom d’agent


exerçant un métier, ce type de nom prend toujours la forme de base Ex :
amedyaz, « poète » > tamdyazet.

Dérivation5 d’un nom à partir d’un adjectif

Ce processus est rare, car si la plupart des adjectifs attestes ont un nom qui
leur correspondant, celui-ci est dérivé plutôt directement du verbe. Ex :
zegzaw, « être vert » > tazgzut, n > azgzaw, adj.

 Dérivation d’un nom à partir d’un verbe

Seuls le nom d’action, le nom d’agent, le nom d’instrument et encore


moins le nom de lieu et le nom de patient ont été étudiés et le plus souvent
par référence uniquement à la forme nue des verbes.
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Ali Barakate. Propriétés morphologiques et potentialités de l’amazighe P : 111
− Nom d’action d’état, construit à partir d’un verbe transitif ou intransitif
qui peut être :

*Basique exemple : kchem, « entrer » ; renter / akchum

*Factitive exemple : cekchem, «faire enter » ; renter / acekchem

*Passif exemple : tteyamaz, « être pris » / atteyamaz

− Nom d’agent : le nom d’agent est un nom qui jouit d’une autonomie
référentielle et qui désigne la personne qui accomplit une action, il se forme
à partir d’un verbe transitif ou intransitif à sujet animé humain et
exprimant une action.

*Verbe à la forme basique exemple : lmed, « apprendre » / amelmad

*Verbe transitif exemple : sniy, « faire monter à cheval » / amsnay

− Non de patient : El Moujahid, l’un des rares linguistes à avoir mentionné


cette catégorie (El Moujahid 1997, P. 125), la regroupe cependant avec
celle du nom d’agent sous une même définition : les noms d’agent «
expriment l’idée d’un agent accomplissant une action signifiée le verbe de
base, ou l’idée d’un patient subissant cette action » exemple : azen, «
envoyer / amazan, « l’envoyer ».

− Non d’instrument : dérivé d’un verbe au moyen d’un schème à forme


préfixale AS˗, il désigne normalement l’instrument qui sert à accomplir
l’action exprimée par le verbe ; il se construit à partir d’un verbe transitif,
basique ou factitif, au moyen d’un schème comportant souvent la forme
préfixale AS˗ exemple : kres, « labourer » / tamkrazt.

− Nom de lieu : c’est un nom dérivé à partir d’un verbe transitif ou


intransitif, au moyen d’un schème à forme préfixale AS˗ et qui permet de
désigner le lieu où s’effectue l’action exprimée par le verbe exemple : gen
« dormir » / asgwen.

c) La dérivation adjectivale
 L’adjectif qualificatif

« La fonction épithète est assurée dans plusieurs langues par l’adjectif, le
nom complément déterminatif, le participe et la proposition relative. Mais
il semble que l’adjectif en tant que classe caractérisée morphologiquement,
syntaxiquement et lexicalement, n’est pas une catégorie universelle : Le
Marechal ; qui défend « la nature catégorique » des parties du discours ne
semble expliquer tout naturellement leur comportement syntaxique qu’à
l’intérieur du système d’une langue particulière. D’ailleurs l’adjectif
qualificatif est une « partie du discours » d’apparition très récente même
dans la traduction grammaticale occidentale. En ce qui concerne
l’amazighe, l’évidence des « données linguistique de base », on contraint
Chaker à admettre qu’ « en tant que catégorie sémantique et
morphologique, l’adjectif existe dans la totalité du domaine amazighe ».
(Chaker1984, P.129), l’amazighe possède en effet une classe de mots qui,
tout en partageant les propriétés avec celle des verbes d’états ou de qualité,
et certains autres avec la classe des noms, s’on distingue par les propriétés
sémantiques, syntaxiques (distributionnelles)et en partie
formelles(morphologiques), mais c’est surtout leur nom autonomie
référentielle et la possibilité de les envoyer comme épithète(comme
adnominaux) dans des constructions endocentriques qui les distingue
nettement des noms de propriétés radicaux (argaz, «homme »), et des noms
d’agent(asyad, « chasseur ») ».

 Les processus de formation des adjectifs

La création d’un adjectif à partir d’un adjectif se fait au moyen d’un préfixe
et révèle de ce fait plutôt de la composition. C’est le cas de l’expression des
nuances des couleurs exemple : umlil / amellal, « blanc ».

Les majorités des adjectifs de la langue Amazighe sont construits attestés


sont dérivés d’un nom ou d’un verbe.

 La dérivation d’adjectif de relation à partir d’6un nom

Ce types d’adjectif est très rare puisque nous n’en avons relevé que
quelques spécimens dans le parler Amazighe exemple : ammas, « le milieu
» / anamas.

La dérivation d’adjectif qualificatif à partir de verbes

6
Ali Barakate. Propriétés morphologiques et potentialités de l’amazighe P : 117
• Adjectif de sens objectif ou neutre : ils correspondant à des verbes
transitifs tels que : xater ; « être grand » / axatar ; zeggagh, « être rouge » /
azeggagh.

• Les adjectifs formes à partir des verbes dans lesquels le


redoublement marque la continuité la répétition tels que : fetattah « être
aplati » / afetattah, sont aussi des adjectifs neutres et doivent donc pas être
confondus avec les adjectifs auxquels le redoublement donne un sens
expressif.

2. La composition

La composition « désigne la formation d’une unité sémantique à partir


d’éléments lexicaux susceptibles d’avoir par eux-mêmes une autonomie
dans la langue. A ce titre, la composition est généralement opposé à la
dérivation*, qui constitue les unités lexicales nouvelles en puisant
éventuellement dans un stock d’élément non susceptibles d’emploi
indépendant. On oppose ainsi des mots composés comme timbre-poste
portefeuille et des dérivés comme refaire, chaleureusement etc.

La nomenclature traditionnelle ne reconnaît comme composés que les


termes dans les composants sont graphiquement soudés (portefeuille) ou
reliés par un trait d’union (chou-fleur). Mais cette limitation est purement
graphique et certains linguistes ont étendu le terme de composition à toute
suite de morphèmes plus ou moins figés correspondant à une unité
significative dans la langue courante ou les langues techniques : On
appelle alors d’adjectif composé (rouge comme une pivoine), d’adverbe
composé (à la vitesse grand V) ou de nom composé (onde de choc). Les
unités composés complexes (synapsie*, synthèmes), sans cesse plus
fréquente, en particulier dans les vocabulaires techniques peuvent entrer
dans un processus de surcomposition : On obtient ainsi des composés par
emboîtement. Par exemple ; chemin de fer est un composé par synapsie*,
qui entre à son tour dans un composé par emboîtement dans l’unité société
nationale des chemins de fer français ».

La composition est un « processus morphologique qui forme, par


association de lexème, des unités lexicales complexes pouvant figurer de
façon autonome dans une phrase et susceptible de fonctionner comme un
élément simple ou indépendant ».

D’après ces définitions nous remarquons que la composition permet de


créer des items lexicaux complexes formés de plusieurs autres items
lexicaux sans pour autant faire intervenir d’affixes7, dont l’utilisation et
caractéristique de la construction, permet également de créer des termes en
mélangeant deux langues 8différentes, on dénombre ainsi en français des
composés exemple : grec- latin, latin-grec, latin-français.

La composition oppose traditionnellement à la dérivation. En principe tous


les éléments entrant dans la formation d’un mot composé sont des unités
lexicales autonomes par ailleurs. Ainsi l’élément de timbre-poste peut
s’employer séparément comme des noms dans une phrase ; ceux de petit
7
Esso, J. M, précis de linguistique générale, l’Har˗ Mattan 1998
8
Jean Dubois. Dictionnaire de Linguistique P : 106
beurre respectivement, le premier comme l’adjectif et le second comme un
nom.

 En ce qui concerne la langue Amazighe, beaucoup de noms composés


«procèdent le plus souvent du figement d’un syntagme » (Chaker, 1984,
P.182), si bien qu’ils sont fossilisés au point de ne plus être reconnaissables
comme tels. Mais d’une manière générale, excepté Bentolila
(Bentolila ,1981), qui ne fait aucune mention du processus, l’ensemble des
grammairiens de l’Amazighe (Sadiqi 2004, Chaker 1983 et 1984, El
Moujahid 1981 et 1997) ont fait figurer la composition dans leurs travaux,
l’amazighe connais la composition et ce procédé concerne aussi bien la
classe des verbes et la classe de l’adjectifs. Mais c’est la classe des noms
qu’elle est la plus important en généralement. 

a) Les types de la composition


 La composition populaire

La composition populaire comporte des mots qui peuvent exister ailleurs


dans la langue sous leur forme isolée, ces mots composés peuvent aboutir à
un nouveau sens qui dépasse la somme des significations de leurs
constituants, il peut y avoir des noms composés, des adjectifs composés et
des verbes composés, ainsi la composition populaire à partir de mots
français se fait par juxtaposition de deux mots(ou plus).

 La composition savante
Les noms composés peuvent être d’origine savante d’origine mixte ou
d’origine entièrement français. Mais contrairement à beaucoup d’autres
langues qui forment leurs termes techniques et scientifiques nouveaux à
partir d’éléments existant dans la langue, le français favorise la
composition par emprunts aux langues anciennes, dans ce cas en partie la
composition savante. Ainsi les composés savants sont souvent crées par la
fusion des bases grecques ou latines, qui ne constituent en général par
d’unités lexicales autonomes, la spécificité de la composition savante tient
à l’emploi presque exclusif d’éléments empruntés directement au latin et
grec et à une formation qui tient à respecter les règles de la composition
dans les deux langues.

 La synapsie

La synapsie est un mode de formation de mots. Ce terme a été proposé par


Emile Benveniste « tous les éléments sont en principes idiomatiques et de
forme libre et peuvent être eux-mêmes des synapses, ils sont reliés par des
jonctions, principalement de et à et leur ordre est toujours déterminé +
déterminant ».

« Dans la terminologie d’Emile Benveniste, la synapsie est une unité de la


signification composé de plusieurs morphèmes lexicaux. La synapsie
(machine à coudre, hirondelle de mer) se distingue des mots composés
(timbre-poste, marceau, pilon) ou du dérivés (antipoète, archiecriture,
maoïste, ferblanterie) par des critères suivantes :
˗La liaison entre les éléments et de nature syntaxique à l’opposé du critère
morphologique de la composition par le trait d’union ou le ˗o finale du
premier terme : timbre-poste ;

˗La synapsie se fait avec des éléments de jonctions particuliers (en français
de et à) ;

˗L’ordre suivi est en français du déterminant vers le déterminé ;

˗Les éléments gardent leur forme lexicale pleine (opposer pied de table,
unité syntaxique et pédicure, potomètre, dérivés) ;

˗Déterminant ne reçoit pas l’article (opposer chemise de nuit et il met une


chemise pour la nuit) ;

˗Les deux membres gardent possibilité9 d’expression (bête à cornes) ;

˗Le signifié à un caractère unique : On remarque la monosémie de fil de fer


par opposition à polysémie de fil (de

Coutière de métal, du rasoir→ téléphone→ lien logique de la conversation,


etc. »

3. Les affixes (suffixe, préfixe, infixe)


a) Les affixes :

En morphologie domaine de la linguistique, un affixe est un morphème en


théorie lié qui s’adjoint au radical ou au lexème d’un mot. Des affixes

9
Jean Dubois. Dictionnaire de Linguistique P : 463
peuvent se lexicaliser et donc devenir des morphèmes libres. D’autre terme
un affixe est une suite de lettres que l’on place avant et après un mot ou un
radical ou à l’intérieur de celui-ci, on obtient alors un nouveau mot
exemple :

*Immobile ; on a ajouté l’affixe « ˗im » devant le mot « mobile »

*Passage ; on a placé l’affixe « age » après le radical « pass » du verbe «


passer

*Boitiller ; on a ajouté l’affixe « ill » à l’intérieur du mot « boiter ».

Les affixes sont principalement de deux natures, Les affixes flexionnels et


les affixes dérivationnels.

−Les affixes flexionnels :

Les affixes flexionnels ne provoquent pas de changement de catégorie, ils


provoquent toujours le même effet de sens et ont pour fonction de donner
des informations sur le rapport qu’entretient la base du mot avec les autres
mots de la phrase.

−Les affixes dérivationnels :

Les affixes dérivationnels provoquent presque toujours un changement de


catégorie ; la construction des mots dérivés n’est pas régulière (pas toujours
possible ou pas toujours le même effet de sens), il a pour fonction d’une
variation sémantique.
Nous remarquons que les deux types d’affixes ne remplissent pas les
mêmes fonctions. L’affixe flexionnel donne des informations sur le rapport
qu’entretient la base avec le mot, tandis que l’affixe dérivationnel a une
fonction sémantique, dans ce sens ou les mots dérivés sont complétement
indépendant des autres éléments d’un énoncé sur le plan syntaxique.

b) Préfixation
On appelle préfixe un morphème de la classe des affixes figurant à
l’initiale d’une unité lexicale, position dans laquelle il précède
immédiatement soit l’élément radical ou lexème (˗re dans refaire), soit un
second préfixe (˗in dans indéracinable), on remarque qu’une séquence de
trois préfixes est parfois possible par exemple : in, dé, com. Dans
incomptable à la différence du suffixe, le préfixe ne permet pas à l’unité
lexicale nouvelle le changement de catégorie grammaticale : défaire est
verbe comme faire, déraison est substantif comme raison, etc. Alors que la
suffixation de malheur aboutit à l’adjectif malheureux et à l’adverbe
malheureusement. En outre, si le suffixe est incapable d’autonomie, il n’en
va pas de même de tous les préfixes ; contre est préfixe dans contredire,
contradiction, mais forme libre dans parler contre (adverbe) ou contre le
mur (préposition) ; de plus la troncation (abréviation syntagmatique) peut
amener le préfixe ç assumer la charge sémantique de l’unité entière (une
auto, une mini, pour automobile, minijupe, etc.) ; le phénomène est
beaucoup plus rare pour les suffixes : On peut citer ˗ase, par troncation de
diastase, etc. Mais le mot simple obtenu fonctionne comme archilexème
d’un groupe et non comme abréviation.

On constate que la préfixation s’agit d’un procédé de la formation des mots


qui consiste à faire procéder la base d’une particule (d’un morphème
dérivationnel) nommée un préfixe. Dans le système préfixe, on retrouve la
particule « pré » qui veut dire avant et la base « fixe » qui veut dire ce qui
est « fixe », ainsi le préfixe est antéposé à la base, et le mot construit est
nommé dérivé.

 La fonction du préfixe

•Au niveau sémantique

Le préfixe introduit un changement de sens au niveau de la base exemple :


légal→ illégal dans cet exemple le mot illégal permet de changer le sens.

•Sur le plan grammatical

A ce niveau le préfixe est HOMOCATEGORIEL autrement dit, le préfixe


ne permet pas de changer la classe grammatical de la base exemple :
avoir→ ravoir

 Les valeurs des préfixes

Chacun des préfixes constituent d’un ou plusieurs valeurs qui lui


permettent de changer le sens de la base. En voici quelques exemples
suivants :
˗Mis → a le sens de contradiction exemple : misogyne

˗Para→ a le sens de contre, exemple : parapluie

˗Hypo→ a le sens d’intensif exemple : hypotension

˗Mal→ a le sens de négation exemple : mal chance

˗Péri→ a le sens de autour exemple : périphrase

˗É→ a le sens de enlever exemple : étêter

˗Pré→ a le sens de avant exemple : prénatal

˗En→ a le sens de factitif exemple : enformer, enfourné

˗R→ a le sens d’itératif exemple : revoir ravoir

˗Bi→ a le sens de quantitatif exemple : bicyclette

˗Dé→ a le sens de privatif exemple : déstabiliser, désordonné

 La polysémie préfixale

Par polysémie préfixale, on entend la capacité qui a un préfixe à prendre en


charge plusieurs sens. Considérons à ce sujet les exemples suivants :

En = (rendre) → embellit et= (mettre dans) → enformer

A = (rendre) → alourdir et= (qui n’est pas ou contre)→ agrammatical

Archi= (qui vient avant)→ archiprêtre et = (haut degré) → archicomble


 La monosémie préfixale

Il s’agit de la relation de sens qui caractérise des préfixes qui rendent


toujours le même sens, c’est par exemple le cas du préfixe « pré » qui a le
sens d’avant dans préavis, préhistoire, prénatal.

 La synonymie préfixale

Par synonymie préfixale, les sémanticiens entendent la capacité qu’ont


deux ou plusieurs préfixes à rendre la même acception :

En et a (rendre) exemple : alourdir, enfiler

Pré, anti et (avant) exemple : préhistoire, antichambre

 L’homonymie préfixale

Par homonymie préfixale, on entend des préfixes homonymes,


homographes et homophones .Autrement dit des préfixes qui s’écrivent et
se prononcent de la même façon mais qui ont des sens différents :

Anti : (latin) exemple : antivirus est un mot au sens de contre

Anti : (grecque) exemple : antichambre est un mot au sens d’avant

 L’autonomie préfixale ou grammaticale

Il s’agit des préfixes qui permettent de former des autonomes, c’est le cas
des préfixes comme : in, a, dé, mal, hypo, hyper, exemple : indépendant,
anormal, désagréable, malheureux, hyperbole, hypotension.
c) La suffixation
 Le suffixe est un affixe qui suit le radical auquel il est étroitement lié. On
distingue les suffixes flexionnels, ou désinentiels, qui forment les marques
casuelles ; celles de genre et de nombre de la flexion des noms, et les
marquent de temps. De nombre et de personne des verbes et les suffixes
dérivationnels, qui servent à former de nouveaux terme à partir des
radicaux. Ainsi ˗esse dans duchesse (féminin du duc) est un suffixe
flexionnels ; et ˗age dans l’asphahage des routes (issu de les routes
asphahées) est un suffixe dérivationnel.

La suffixation est la dérivation lexicale qui consiste à ajouter un suffixe,


petit élément derrière le radical (on dit aussi la racine ou la base) d’un mot
pour former un mot nouveau ayant un sens différent ainsi, les suffixes
modifient la nature grammatical du mot d’origine et peuvent donc
transformer un adjectif en nom, en adverbe. Le suffixe se lie au radical
pour former un seul mot, mais parfois la racine peut perdre quelques lettres
ou être légèrement modifiée exemple : mer/ marin, la racine « mer » est
devenue « mar »

D’autre terme la suffixation s’agit du procédé de la formation d’un nouveau


système par l’adjonction d’un suffixe à droite de la base qui est l’élément
minimal porteur du sens principal du mot construit.

 La fonction du suffixe

•La fonction sémantique :


Le suffixe, comme le préfixe a une fonction sémantique. Autrement dit, il
permet d’ajouter un sens nouveau à celui de la base exemple : chaton 
« chat », est la base « on », c’est le suffixe.

•La fonction grammaticale :

Le suffixe est transcatégoriel, c’est-à-dire qu’il permet de changer la


catégorie grammaticale de la base exemple ; vert→ verdir ; vert est un
nom, verdir est un verbe.

Dans d’autre cas le suffixe est homocatégoriel. Autrement dit, le suffixe à


une base, celle-ci garde sa catégorie grammaticale exemple : maison,
maisonnette se sont des noms.

 Les valeurs des suffixes

On a beaucoup des suffixes de différentes formes :

•Parmi les suffixes les plus fréquents servant à former des noms :

Les suffixes ˗EUR+ ˗EUSE, ont sens de machine exemples : tracteur,


moissonneuse.

˗Ade→ a le sens d’action exemple : baignade

˗Ment→ a le sens de l’action exemple : éloignement

˗aison→ a le sens d’action exemple : fenaison, livraison, salaison

˗ison→ a le sens d’action exemple : trahison


˗Isme→ a le sens d’opinion exemple : idéalisme

˗Istre→ a le sens de partisan d’une opinion exemple : royaliste, activiste

˗Er, ère et iste, ont sens d’agent de l’action exemples : boucher, boulangère,
artiste ; artiste

•Parmi les suffixes les plus fréquents servant à former des verbes :

Er, Ir, ifier, iser et oyer ont sens de l’action ou résultat de l’action
exemples : labourer, rougir, intensifier, établiser et foudroyer

˗Asser, ˗ater, ˗ailler, ˗oter et ˗iner, ont sens de valeur péjorative exemples :

Écrivasser, frelater, écrivailler, buvoter et trottiner

Parmi les suffixes les plus fréquents servant à former des adjectifs :

˗Ant→ ce suffixe signifie pour créer le participe présent exemple : jouant


du verbe jouer

˗Able et ˗ible→ ont sens de la capacité de subir l’action exemples : capable


et visible

˗Et, et ˗ot→ indiquant le degré diminutif exemples : simplet et palot

•Parmi les suffixes les plus fréquents servant à former des adverbes :

Ment a le sens de la manière de façon exemple : lourdement, doucement

•Ainsi il y a certains suffixes sont d’origine grecque et latine


˗ment→ suffixe d’origine latine qui signifie l’action exemple : chargement

˗logue→ suffixe d’origine grecque signifie qui étudie exemple : astrologue

 Les types de suffixes

En français il y a deux types de suffixe : les suffixes flexionnels et les


suffixes dérivationnels

−Les suffixes flexionnels :

Quand un suffixe flexionnel se rattache à un mot, le sens est préservé. Le


suffixe sert à fournir l’information grammaticale pour un mot spécifique,
les informations qui sont indiquées par les suffixes flexionnels sont le
genre, le nombre, le temps verbal et l’accord du mot. Les mots qui
changent avec les suffixes flexionnels ne sont pas considérés des mots
différents, ils sont tout simplement une autre forme du même mot, la
suffixation flexionnelle ne modifie jamais la catégorie grammaticale du
mot.

En Français et d’autres langues comme l’Amazighe, les suffixes


flexionnels se rattachent à des verbes exemple : verbe, parler ; la racine,
parler

Les suffixes flexionnels peuvent décrire un verbe : le temps, la personne, le


nombre ˗ons, est un amalgame qui donne trois morceaux d’informations,
qui indique que le verbe est à la forme de la première personne à la forme
plurielle et au temps du présent de l’indicatif. Alors chaque suffixe
flexionnel donne l’information différente de son verbe. Mais les verbes ne
sont pas les seuls mots grammaticaux auxquels les suffixes se rattachent.

−Les suffixes dérivationnels :

Le suffixe dérivationnel se rattache à un mot, il conduit toujours à la


création d’un nouveau mot. Les suffixes dérivationnels forment un mot
différent de la base, mais la catégorie grammaticale du mot n’est pas
toujours différente. Le suffixe peut changer la catégorie ou il peut la
préserver, mais chaque fois le suffixe dérivationnel donne un10 nouveau
sens en créant un nouveau mot.

En français et d’autres langues comme l’Amazighe, Les suffixes


dérivationnels se rattachent à la fin d’un mot exemple : mot amour(n)
suffixe dérivationnel « eux » dans amoureux.

d) L’infixe ou parasynthétique

« Les dérivés parasynthétiques ont été formés «  syntaxiquement, tout d’un


jet, par l’union simultanée du préfixe et du suffixe au radical » (A.
Darmesteter, de la création actuelle de mots nouveaux, P. 129) : câble/
encablure, rat/ dératiser. Le caractère simultané des deux affixations est
marqué par l’absence du préfixé ou du suffixé correspondant (*ensablé
ou*ensabler, *câbleur ».

10
A, Lehmann, Françoise Martin Berthet. Introduction à la lexicologie P : 150
On appelle la dérivation parasynthétique : la formation d’un mot
directement avec préfixe et suffixe ; l’étape intermédiaire n’existe pas
exemple : imbattable (*battable n’existe pas) ; embourgeoiser
(*bourgeoiser n’existe pas). On remarquera pour ce dernier mot comme
pour beaucoup d’autres que la désinence d’infinitif, bien que cette opinion
puisse être discutée, se comporte syntaxiquement comme suffixe, et
pourrait être considéré comme un suffixe verbal de niveau zéro, puisqu’elle
sert à changer la catégorie grammaticale, ce qui est une particularité des
affixes, sans apporter d’élément sémantique ou morphologique significatif
(il existe d’authentique suffixes verbaux, comme ˗iser ; ˗ifier.

La base peut assez être diverse dans un certain nombre de cas il est
facilement identifiable ; fierté vient de fier (adj.) dans d’autres cas, danseur
vient ˗il de danser(v) ou de dance ; le danseur est celui qui danse ; la danse
est le fait de danser, le verbe a donné un nom par dérivation, d’autre part
dérivation inverse.

On peut former des mots sur les bases étrangères ce mode de formation
combine la préfixation et la suffixation, il se définit comme l’adjonction
simultanée verbe.

La base sur laquelle peut se former un parasynthétique soit un nom, soit un


adjectif, soit un verbe. Ainsi la base substantive (nominale), peut entrainer
la création du nom, d’adjectif ou du verbe exemple : en ˗ table˗ ment / a ˗
dent ˗ er / dé ˗ myth ˗ ifier à EX : une base adjectivale, on peut entrainer la
création d’un verbe EX : a ˗ moind ˗ ir. A la base d’un verbe, on peut créer
un adjectif exemple : im ˗ batt ˗ able / in ˗ manqu ˗ able.

4. Les types de dérivation 

Comme nous savons tous que la dérivation est le procédé qui consiste
depuis un mot de base à former un mot nouveau soit par addition, soit par
suppression, soit par remplacement d’éléments appelés préfixe et suffixe et
parasynthétique, en effet en français, on peut voir au moins trois types de
dérivation :

 La dérivation impropre :

Par dérivation impropre, il faut comprendre le procédé qui consiste à


transférer un mot d’une classe grammaticale vers une autre. Cette
catégorisation ne change pas la structure, la morphologie la forme du mot
mais il change le sens. Il est à noter que cette catégorisation affecte toutes
les classes de mots exemples :

Manger → le manger

Lourd → un lourd

Avant → un avant

Moi → le moi

La dérivation impropre « est non affixale ; elle modifie la classe syntaxique


sans affixation : le changement de classe se fait sans changement de forme.
Ainsi le mot personne est par son étymologie, un substantif, issu de latine
persona « personnage », le français en a fait un prenom indéfini lié à des
tournures négatives : je n’ai vu personne ».

 La dérivation régressive ou inverse :11

La dérivation régressive « se fait par la suppression d’un suffixe ; par


exemple le nom somnolence et l’adjectif somnolent sont des mots savants
empruntés au 15 siècle au latin somnolentia et somnolentus, le verbe
somnoler est dérivé au 19 siècle. De même agresser a été tiré de agression
(latin agressio) ».

La dérivation inverse consiste à tirer un mot plus simple d’un mot plus
long ; dans la pratique, on parle souvent d’un verbe, qui donne la notion de
base (fait, action) et pour former un nom, on enlève tout simplement la
désinence d’infinitif, enformant ce qu’on appelle alors un déverbal
exemple :

Porter → port

Refuser → refus

Gouter → gout

Donner → don

La dérivation régressive n’est perceptible que dans une perspective


diachronique : seule l’histoire de la langue permet de déterminer que le
11
A, Lehmann, Françoise Martin Berthet. Introduction à la lexicologie P : 149
nouveau mot à bien été obtenu par suppression du suffixe d’un mot déjà
existant et non l’inverse.

Les nombreux noms déverbaux, substantifs obtenus par suppression de la


marque de l’infinitif, comme port qui vient porter et refus qui vient refuser,
on longtemps été analysés comme des cas de dérivation régressive.

 La dérivation propre :

C’est le procédé de la créativité lexicale qui consiste à construire des


synthèmes nouveaux par l’adjonction d’un affixe (suffixe, préfixe) selon la
distribution par rapport à la base qui est le noyau central de la dérivation
exemple :

Ravoir → interminable

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