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Résumé
Dans cette analyse, nous allons traiter les questions liées à la diathèse et à
la voix en arabe marocain. Notre objectif est de distinguer ces deux
catégories qui interviennent dans la description sémantico-syntaxique du
verbe. D’abord, nous allons définir chacune d’elles, ensuite, en nous basant
sur les réflexions récentes faites sur ces deux notions, nous allons dégager
leur relation d’interdépendance en précisant ce qui relève de la diathèse et ce
qui relève de la voix. Par la suite, nous fournirons une description du verbe
en fonction de ces deux catégories en établissant, dans un premier temps, le
rapport entre la voix active et la diathèse de base du verbe, et dans un
deuxième temps, en mettant l’accent sur les voix et diathèses qui modifient
l’organisation de la structure de base du verbe en AM, notamment le passif,
le moyen et le causatif.
Mots clés. Verbe- Sémantique- Syntaxe- Valence- Diathèse- Voix-
Arabe marocain.
Abstract
In this analysis, we will describe the relation between the diathesis and
the voice in moroccan arabic. Our aims are to distinguish between these two
categories that intervene in the semantico-syntactic description of the verb.
We will first define each of them, then, based on recent reflections made on
these two notions, we will identify the relation of interdependence between
them by specifying what the diathesis and what the voice. Subsequently, we
will give a description of the verb according to the different voices and
diatheses that it can realise by establishing, at first, the relation between the
active voice and the basic diathesis of the verb, and in a second time, by
describing the voices and diathesis that modify the organisation of the basic
structure of the verb in MA, in particular the passive, the middle and the
causative.
Key-words. Verb – Semantic – Syntax - Diathesis- Voice- moroccan
arabic
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Introduction
Notre objectif, dans cette contribution, consiste à décrire l’organisation
actancielle du verbe - ce qui renvoie à la diathèse - et à représenter cette
dernière en syntaxe par ce qu’est appelée communément la voix. Plus
particulièrement, nous allons établir la relation entre ces deux catégories en
précisant comment la diathèse organise la valence du verbe et comment
cette organisation est supportée par la voix au niveau syntaxique. Pour cela,
nous allons d’abord présenter une définition du verbe et nous serons
amenée, par la suite, à définir la diathèse de base du verbe ainsi que celles
qui modifient la disposition de ses actants, essentiellement, la diathèse
passive, moyenne et causative.
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1. Hmed Za.
Ahmed venir acc 3è p sing masc.
Ahmed est venu.
2. Zaw D-Dyaf.
Venir acc 3è p plur les invités.
Les invités sont venus.
3. fatima Zat.
Fatima venir acc 3 è p sing fém.
Fatima est venue
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- Trivalent, s’il a trois actants : Hmed 3Ta l-flus l xu-h (Ahmed a donné
l’argent à son frère.)
- Quadrivalent, s’il a quatre actants : Hmed terZem l-ktab men l-frunsi l l-
3erbiya (Ahmed a traduit le livre du français à l’arabe.)
Nous venons de considérer que les verbes à contenu sémantique ont une
structure actancielle décrite en termes de valence qui spécifie le nombre de
participants intervenant dans la réalisation du procès. La diathèse, du grec
diathesis, « disposition, état, condition » intervient pour organiser cette
structure, plus particulièrement, elle identifie le rôle sémantique que joue
chacun des actants dans l’évènement que désigne le prédicat et elle prévoit
la position qu’ils peuvent occuper en syntaxe. Elle renvoie ainsi à « la
disposition dans laquelle se trouve le sujet vis-à-vis de l’action énoncée par
le verbe, suivant qu’il l’accomplit ou qu’il la subit. » (Marouzeau, 1969 :
75). À ce niveau, la voix intervient en ce qu’elle « décrit la forme (active,
passive, etc.) prise par le verbe pour exprimer une diathèse » (Muller, 2002 :
125). Elle est ainsi une catégorie qui relève plus de la morphosyntaxe que
du sens du verbe. Nous dirons plus particulièrement qu’elle est la forme que
revêt le verbe pour exprimer la diathèse, ou bien le signifiant qui permet de
signifier cette dernière. Vu le rôle de chacune de ces catégories, nous
considérons qu’il n’y a pas lieu de les confondre, car elles sont tout à fait
distinctes, quoiqu’étroitement liées, comme il sera démontré, dans le point
suivant.
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8. l-Hdid SeDDa.
Le fer a rouillé.
9. l-Hdid tSedda.
Le fer a été rouillé
Le verbe SDDa, dans (8), a une diathèse passive dans le sens où le sujet
de la phrase, l-Hdid a le rôle thématique de patient, qui subit l’action, mais
au niveau syntaxique, cette diathèse se réalise avec la voix active. Ainsi,
nous constatons qu’il y a association de la diathèse passive avec une voix
active du verbe. Alors que dans (9), nous avons une diathèse et une voix
passives. Cette dernière est marquée morphologiquement par l’ajout du
préfixe t, en AM. Nous dirons que, dans les deux exemples, le sujet l-Hdid
est un patient qui subit l’action d’un causeur qui peut être restitué en
syntaxe.
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Selon cet exemple et ceux cités ci-haut, le passif verbal peut être de deux
types :
- Celui issu d’un procès agentif et dont l’agent, qui est sous-entendu,
contrôle la situation, le cas de (15 et 17).
- Celui lié à un phénomène extralinguistique dont la cause, plutôt que
l’agent, est restituée grâce à nos connaissances du monde extérieur, le cas de
(18). Il s’agit, dans ce cas, de constructions neutres ou médio passives « où
l’agent perd plus ou moins sa capacité de contrôle au profit d’un rôle
causal ». Desclérs et Guenchéva (ibid : 97), plus précisément, « avec les
constructions neutres, il n’y a aucun agent [ ] il est bien possible qu’un
instrument naturel [ ] ait joué un rôle, mais l’évènement a lieu sans aucune
intervention délibérée.» Lyons (1989 : 172). Par exemple, dans (18), il peut
s’agir d’une panne d’électricité causée par un orage, des pluies, etc.
Nous verrons, dans ce qui suit, la diathèse moyenne en arabe marocain et
ce qui la caractérise et la différencie du passif.
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ayant une propriété qui la caractérise. Autrement dit, le moyen ne traduit pas
le passage d’un état à un autre ou le résultat de l’action, mais il décrit une
propriété du sujet qui est ou qui n’est pas. Il se démarque ainsi du passif qui
sous-entend la présence d’un agent qui a pour rôle de contrôler l’action en
affectant le patient et en faisant en sorte que celui-ci « passe d’une position
stative initiale ou d’un état initial à une autre position stative finale ou à un
autre état final. » (Desclès et Guenchéva, Ibid : 96)
Ainsi, nous pouvons dire que le morphème t est homonymique, en ce
qu’il réalise la voix passive et moyenne, mais cette dernière dépend de
l’aspect inaccompli marqué par le morphème ka, autrement dit, c’est
l’association de ce dernier avec le morphème t qui engendre l’interprétation
du moyen.
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Dans cet exemple, le sujet Ahmed tolère que Fatima fasse quelque chose,
notamment voyager, et non il lui fait faire quelque chose. Nous avons le
sens d’autorisation et de permission.
Ainsi, dans le sens du factitif, l’agent ou le causateur est actif, c’est lui
qui agit, alors qu’avec le semi-auxiliaire xella (laisser), il est en quelque
sorte passif, dans le sens qu’il ne participe pas activement à l’action, il se
contente de tolérer ou de veiller à ce qu’un autre la réalise. Plus
particulièrement, la forme tolérative est choisie « lorsque l’initiative de
l’action doit rester du côté de l’objet, le sujet ne faisant que s’y consentir. »
(Weinrich, 1989 : 97). Dans les deux cas, la valence des verbes en question
s’enrichit par l’ajout d’un autre actant. Nous observons également un
changement dans l’organisation et la disposition des actants : l’actant qui
s’ajoute occupe la position de sujet de la construction causative, alors que
l’actant/sujet de la forme active occupe la position d’objet direct du verbe à
la forme causative.
Notons, par ailleurs que le causatif n’a pas de contraintes aspectuelles, le
procès peut être aussi bien à l’accompli qu’à l’inaccompli.
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Conclusion
Nous venons de préciser avec le traitement des notions de voix et de
diathèse que ces catégories sont étroitement liées, dans la mesure où la voix
permet de réaliser syntaxiquement les différentes diathèses du verbe et que
cette dernière ne prend forme que par et à travers la voix. Nous avons établi
la distinction entre la voix active qui est la forme neutre du verbe et la voix
passive, moyenne et causative qui sont marquées parce qu’elles changent sa
forme de base par des opérations morphologiques et syntaxiques.
Nous avons aussi soutenu l’idée que la diathèse est liée à la modalité et
qu’elle traduit le choix du locuteur qui vise à mettre en relief ou à se
focaliser sur certains actants et pas d’autres et par conséquent, elle contribue
à modifier la valence du verbe et à réorganiser la disposition de ses actants.
C’est ainsi que nous avons traité deux types de diathèses qui sont
susceptibles de faire varier le nombre d’actants, notamment la diathèse
causative qui permet d’augmenter, aux moyens morphologique et
syntaxique, la valence du verbe d’un actant et la diathèse récessive qui
réduit d’une unité le nombre d’actants, le cas du passif et du moyen. Enfin,
nous avons noté que différents moyens grammaticaux, notamment
morphologique, syntaxique et aspectuel, interviennent pour déterminer et
définir la diathèse du verbe, en arabe marocain.
Zahra ZAID
Université Chouaib Doukkali, El Jadida
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