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Définitions
Le mot structure vient du latin struere qui signifie construire. En français, le mot structure
est utilisé dans des domaines divers et variés. Dans la construction (l’architecture) on parle,
par exemple, de la structure d’une charpente ; en géologie, de la structure des sols... Tous ces
usages du mot évoquent, d’une façon générale l’idée d’agencement, d’articulation. On
retrouve parfois, le même mot dans le vocabulaire des arts plastiques pour désigner une
forme ou un profil.
La différence, ou peut-être la nuance, qu’on peut relever entre le mot forme et le mot
structure, c’est qu’avec l’un, nous avons tendance à percevoir l’objet ou la réalité comme
une entité globale, tandis qu’avec l’autre nous saisissons la réalité à partir de ses
composantes.
Le structuralisme en tant que théorie littéraire est né et s’est surtout affirmé dans le courant
du vingtième siècle. Il a bénéficié des bases théoriques de Ferdinand de Saussure lorsqu’il a
posé les fondements de la linguistique comme discipline scientifique.
« La langue, distincte de la parole, est un objet qu’on peut étudier séparément… Non
seulement la science de la langue peut se passer des autres éléments du langage, mais elle
n’est possible que si les autres éléments n’y sont pas mêlés »1
Pour expliquer simplement les choses, nous allons essayer de définir brièvement des concepts
liés au langage et au discours et relever des nuances susceptibles d’établir une distinction
entre l’un et l’autre afin de bien comprendre le fonctionnement des éléments à partir desquels
nous pouvons établir la structure d’un texte. Il s’agit des concepts suivant : le langage, la
langue et la discours / l’énonciation, l’énoncé et le texte.
Le langage
Une première définition présente le langage comme une faculté humaine. Il désigne cette
capacité de l’homme à associer de son vocaux pour leur donner un sens.
Si je choisis le son (phonétique) m et que je lui associe le son a, tout auditeur qui m’entendra
prononcer cette association des deux sons entendra le son ma. Mais, que signifie ce son ma ?
En dehors de tout contexte, nous pouvons dire que ce n’est qu’un son. Mais si nous
l’intégrons dans l’environnement de la langue française, le même son que nous percevons
peut-être orthographié de façons différentes et donner des sens différents. Nous en relevons
deux, ici :
ma :
Mât une pièce de bois plantée de façon verticale qui sert à porter un drapeau.
Si nous prospectons dans les différentes langues de Côte d’Ivoire, nous relèverons l’existence
de cette association des sons m + a - (ma), mais avec des sens tout à fait différents.
Ce système d’association est une des bases du langage humain, dans la mesure où toutes les
associations de sons élaborées au sein d’une communauté donnée et auxquelles un sens a été
attribué constituent, dans leur ensemble, le lexique propre à cette communauté (ou
précisément le dictionnaire de cette commuté). Celui de langue française, par exemple,
commence par la voyelle ou le mot a et se termine par le dernier mot de la lettre Z.
Mais un lexique n’est utile et fonctionnel que lorsqu’il est associé à un deuxième système
du langage : celui qui définit le mode d’organisation des éléments lexicaux. C’est la syntaxe.
La langue
Lorsque ces deux systèmes fonctionnent parfaitement au sein d’une communauté donnée, on
quitte le domaine « presque virtuel » du langage pour parler de langue. Une langue, c’est
avant tout un lexique et une grammaire. Dans un contexte différent on les schématise sur
deux axes que l’on nomme axe paradigmatique et axe syntagmatique.
A Axe paradigmatique
Z Axe syntagmatique
Ces deux systèmes ainsi réunis constituent la base de la langue qui, de ce point de vue, se
présente comme un outil de communication à la disposition de chacun des membres de la
communauté.
Le discours
Lorsqu’on sélectionne des éléments de l’axe paradigmatique et qu’on les combine sur l’axe
syntagmatique, en suivant les normes de la syntaxe (ou de la grammaire), on produit un
discours (qui est aussi appelé une parole). Mais, l’acte de parole dépasse le cadre stricte de la
linguistique dans la mesure où il intègre un autre « système », précisément un environnement
(culturel) qui permet de comprendre les unités articulées pour produire le discours.
« Le discours de la vie privée fait fi de tout formalisme lexical ou grammatical. Très souvent
allusif, il fait la part belle à toutes sortes d’éléments paralinguistiques s’ajoutant aux mots ou
se substituant à eux, sans entrainer de gêne apparente. Il dénote une référence fantaisiste et
parcellaire à la compétence linguistique, d’où la nécessité de remédier à la non
grammaticalité des énoncés, par l’intonation, par exemple ». 2
Cette citation nous amène à examiner les trois autres notions que sont : l’énonciation,
l’énoncé et le texte.
L’énonciation et l’enoncé.
Mais la notion de phrase, au sens grammatical du terme, peut paraitre restrictive pour
désigner l’énoncé. Comme processus de mise en forme, l’énonciation actualise la ou les
phrases par rapport à une situation précise, en y intégrant tous les paramètres
extralinguistiques qui permettent de donner un sens à l’énoncé. C’est d’ailleurs dans ce sens
que le mot énoncé et le mot le texte peuvent, parfois, être appréhendés comme des
synonymes.
Cette phrase, en fonction de son environnement peut donner des énoncés ou des textes
complètement différents :
Le texte
Le mot texte tire sa source de deux mots latins : textus, tissu et texte et du mot textere, tisser.
Il partage la même racine que le mot textile qui évoque cette image d’étoffe constitué par une
multitude de fils imperceptibles et qui cependant, forment une seule entité.
« La notion de texte ne se situe pas sur le même plan que celle de la phrase (ou de
proposition, syntagme, etc.); en ce sens, le texte doit être distingué du paragraphe, unité
typographique de plusieurs phrases. Le texte peut coïncider avec la phrase comme avec un
livre entier ; il se définit par son autonomie et par sa clôture (même si, en un autre sens,
certains textes ne sont pas « clos ») ; il constitue un système qu’il ne faut pas identifier avec le
système linguistique mais mettre en relation avec lui : relation à la fois de contigüité et de
ressemblance. En terme hjelmsleviens, le texte est un système connotatif, car il est second par
rapport à un autre système de signification. Si l’on distingue dans la phrase verbale ses
composants phonologique, syntaxique et sémantique, on en distinguera autant dans le texte
sans que cependant ces composants soient situés au même plan. Ainsi, à propos du texte on
parlera de l’aspect verbal, qui sera constitué par tous les éléments proprement linguistiques
des phrases qu'ils composent (phonologique, grammaticaux, etc.) ; de l’aspect syntaxique, en
se référant non à la syntaxe des phrases mais aux relations entre unités textuelles (phrases,
groupes de phrases, etc.) ; de l’aspect sémantique, enfin, produit complexe du contenu
sémantique des unités linguistiques. Chacun de ces aspects a sa problématique propre, et
fonde l’un des grands types d’analyse du texte : analyses rhétorique, narrative et
thématique ». 3
Le texte se présente donc comme une entité construite avec des « outils » divers et variés : des
sons, des mots, des images, des phrases, des paragraphes ou des strophes, etc. C’est donc à
ces différents niveaux qu’il faut les moyens de sa structuration.
3 Oswald Ducrot / Tzvetan Todorov : Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage ; Editions du Seuil,
1972, PP 375-376
Théories structuralistes
Barthes préconise comme préalable à toute étude formelle du récit, la définition des plus
petites unités narratives. Il en identifie deux types : Les fonctions et les indices.
Les fonctions
Le mot fonction désigne l’action d’un personnage dans le déroulement d’une intrigue.
Les indices
Les indices sont des unités qui renvoient au temps, aux personnages, aux lieux, etc.
Le tableau suivant montre le mode de structuration du récit suivant le modèle proposé par
Roland Barthes.
Fonctions Indices
Acteurs Cardinale Catalyse Indications Temps Lieu Manière
actants
Exemple.
« Un beau matin, les envoyés de Wangrin revinrent de Koumasi chargés de
marchandises… »7
Fonctions Indices
Acteurs Cardinale Catalyse Indications Temps Lieu Manière
actants
les envoyés revinrent de chargés de Un beau - -
de Koumasi marchandises matin
Wangrin
Structuralisme et stylistique
Selon Riffaterre, « ce qui fait la structure stylistique d’un texte, c’est une séquence d’éléments
marqués en contraste avec des éléments non marqués, de dyades, de groupes binaires dont les
pôles … sont indispensables, inexistants indépendamment l’un de l’autre »9
Pour Riffaterre, le mot contexte désigne une unité énonciative par rapport à laquelle
s’apprécie, dans l’articulation des éléments syntaxiques, sémantiques ou grammaticaux du
discours, un fait perceptible comme singulier, imprévisible. Et, c’est cet élément imprévisible
qu’il définit comme unité de « contraste ».
Voilà l’exemple par lequel l’auteur illustre sa théorie : « cette obscure clarté qui tombe des
étoiles ».
L’effet de contraste dans l’association de deux termes qui, dans l’absolu, ont une valeur
sémantique antinomique. En tant que pôle complémentaire d’un même procédé stylistique,
« clarté vient contraster avec le contexte obscure ».
Micro-contexte et macrocontexte
Le micro contexte
Le micro contexte « est limité dans l’espace par sa relation avec ce pôle (contraste). Il
n’intègre pas d’élément non pertinent par rapport à l’apposition et peut être limité à une
seule unité linguistique. ».
Quand toute les têtes coupées
Quand tous les mains coupées
Quand tous les pieds coupés
Quand toute les rêves coupés.10
Le mot rêve, inattendu dans cet environnement, constitue l’élément de contraste et le mot
coupé, le micro-contexte.
Textes
Textes 1
LE REPOS
Tibo,
Tu répondras à l’appel !
Tibo,
Tu ne répondras qu’à l’appel,
La tête haute,
Le poing droit, là,
Frappant ta poitrine !
C’est ainsi qu’on quitte la terre de ses pères.
Tibo,
Les larmes
Ne perlent que sur la conscience des pauvres ;
Tibo,
Ces chants du coq
Annoncent le repos des vieillards ;(…)
(Extrait de Refrains sous le Sahel de Pacéré Titinga)
Textes 2
Toi
Ta chevelure
Aux senteurs du premier matin
Ton nom
Au gazouillis de roucoulier.
Ton sourire
A la nudité d’éclair et d’aurore.
Tes mains
Porteuses d’aras et de manakins
Doucement vers mes intimes palmiers.
Qu’ai-je souhaité,
Qu’ai-je donc désiré
Avant toi ?
Or le monde est si riche,
si beau,
Et moi je l’ignorais !
(Extrait de Chaque Aurore est une chance de Fatho Amoy)
Textes 3
Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir :
Valse mélancolique et langoureux vertige !