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La syntaxe est la branche de la linguistique qui étudie la façon dont les mots se
combinent entre eux pour former des phrases ou des énoncés dans une langue. Elle
traite de toutes les règles reliées à la construction d’une phrase et ses constituants.
C’est la partie de la grammaire qui décrit les règles par lesquelles se combinent en
phrases les unités significatives, et traite essentiellement les fonctions, se distinguant
ainsi de la morphologie qui étudie les formes et les parties du discours, leurs flexions
et la formation des mots. Les deux disciplines représentent la grammaire.
La syntaxe est l’étude des principes et des processus selon lesquels les phrases
sont construites dans des langues particulières. L’étude syntaxique d’une langue
donnée a pour objet la construction d’une grammaire qui peut être considérée comme
une sorte de mécanisme qui produit les phrases de la langue soumise à analyse.
Les théories linguistiques de la syntaxe sont fondées sur la phrase ; nous citons :
- Martinet qui envisage la langue dans sa fonction de communication, où son objet est
délimité en référence au rôle qu’il joue à l’intérieur de cette fonction. Pour lui, la
syntaxe correspond à « l’étude des « fonctions » des monèmes du discours, c’est-à-dire
des relations qui les unissent et qui permettent à l’auditeur de reconstruire, à partir de
l’énoncé linéaire, l’expérience qui a fait l’objet de la communication. » (A. Martinet,
1973, Eléments de linguistique générale, Paris, Colin : 209) ;
II.1. L’énoncé
Le terme énoncé désigne toute suite finie de mots d’une langue émise par un ou
plusieurs locuteurs. La clôture de l’énoncé est assurée par une période de silence avant
et après la suite de mots, silence réalisé par les locuteurs. Il peut être formé d’une ou
de plusieurs phrases.
- est ce le discours même de l’appel téléphonique que j’ai trouvé étonnant, les énoncés
dont il est composé, et qui contenait des indications surprenantes ? Ou
- ai-je été étonné par le fait que cet appel me soit adressé à moi, soit que mon
interlocuteur n’a pas l’habitude de m’appeler ou n’a pas mon numéro de téléphone, ou
que je reçoive des appels de sa part d’une autre nature ? Dans ce cas, c’est
l’énonciation qui m’a surpris et non l’énoncé.
Nous pouvons donc définir l’énonciation en disant que tout énoncé suppose un ancrage
pragmatique, c’est-à dire une insertion dans la réalité extralinguistique : tout énoncé
est produit par un sujet parlant (celui qui dit « je ») à un moment particulier, qui
constitue son présent, « maintenant », et dans un lieu donné, « ici ». Ces coordonnées
spatio-temporelles sont appelées deixis ou embrayeurs.
- des caractéristiques prosodiques telles que l’intonation et la pause : ainsi, une phrase
de base se caractérise par un contour mélodique montant suivi d’un contour
descendant conclusif, puis d’une pause. Ces facteurs correspondent sur le plan
graphique à la présence d’une ponctuation forte comme le point (Gardes-Tamine).
Cependant, les schémas intonatifs et les signes de ponctuation ne permettent pas de
définir la phrase mais servent plutôt à en signaler les limites (C. Blanche-Benveniste,
2010), c’est le cas de la phrase graphique qui n’est pas forcément la phrase syntaxique.
Nous pourrons penser qu’une correspondance existe entre les marques de la
ponctuation et celles de l’intonation, mais lorsque l’intervention s’effectue sur l’oral
(C. Blanche-Benveniste, 2010), ce qui est constaté est qu’une intonation montante
n’est pas réalisée pour segmenter le thème du rhème mais afin de signaler plutôt que le
sujet-locuteur n’a pas fini de parler (Morel). Ainsi, l’intonation intervient sur l’apport
informatif de la phrase plus que sur sa structure syntaxique. (Le Goffic). Ce qui définit
la phrase ce sont les opérations utilisées dans l’analyse syntaxique, nous citons : les
commutations ou les substitutions, les déplacements et l’adjonction d’éléments que
nous développerons lorsque nous aborderons les constituants de la phrase.
- des caractéristiques syntaxiques : de ce point de vue, une phrase est une unité
autonome ce qui signifie qu’elle n’entretient pas de relation de dépendance avec son
entourage. Ainsi dans : Le petit garçon qui pleure est tombé de vélo ; qui pleure ne
saurait constituer une phrase, car il dépend de le petit garçon, tandis que l’ensemble
forme un tout qui ne dépend de rien. Une phrase est ainsi la concaténation ou une
succession d’unités linguistiques d’un rang, ou d’un niveau inférieur, liées entre elles
par des contraintes, telles que l’accord ou l’ordre. Dans la phrase : l’enfant mange une
pomme, nous notons des contraintes d’accord qui s’exercent entre enfant et l’article l’,
entre l’enfant et joue, et des contraintes d’ordre qui font que l’article précède
obligatoirement le substantif et le groupe sujet, le verbe. Les éléments qui composent
la phrase se combinent en phrase simple ou phrase complexe formée de plusieurs
propositions et classées selon la nature de ces propositions ; il s’agit essentiellement de
suites de places, des schémas, qui sont remplies par des éléments du lexique qui
permettent d’en faire des énoncés. Et c’est parce que les schémas sont descriptibles et
en nombre fini que la phrase peut être considérée comme une unité de la description
linguistique. Ces schémas sont :
Sujet Verbe
- des caractéristiques énonciatifs : d’un point de vue énonciatif, la phrase peut avoir
deux envisageassions, la première est liée à la langue, et la seconde au discours.
Lorsque la phrase est liée à la langue, elle est définit par le syntagme sujet, thème et le
syntagme prédicat, rhème, mais lorsqu’elle est liée au discours, elle est considérée
comme prédicat du discours.
Sen effet, selon Benveniste, la phrase n’est pas définie que par des éléments qui la
constituent, à savoir la structure formelle, mais aussi par des relations entre les
éléments. La démarche adoptée pour la définir va des formes au sens : les opérations
qui permettent l’identification de ces éléments sont la segmentation et la substitution
et celle qui permettent d’aboutir aux relations entre ces éléments sont la distribution et
l’intégration : « Le grand changement survenu en linguistique tient précisément en
ceci : on a reconnu que la langage devait être décrit comme une structure formelle,
mais que cette description exigeait au préalable l’établissement de procédures et de
critères adéquats, et qu’en somme, la réalité de l’objet n’était pas séparable de la
méthode propre à le définir. » (E. Benveniste, 1964 repris dans Benveniste, Eléments
de linguistique générale, 1966 :119)
L’identification des éléments et des relations entre ces éléments font intervenir la
notion de niveau qui va permettre d’assigner un rôle à la notion de groupe ou de
constituant : « Entre les éléments de même niveau, les relations sont distributionnelle ;
entre éléments de niveau différents, elles sont intégratives. » (Idem. :124), permettant
ainsi d’articuler forme et sens : « La forme d’une unité linguistique se définit comme
sa capacité à se dissocier en constituants de niveau inférieur. Le sens d’une unité
linguistique se définit comme sa capacité d’intégrer une unité de niveau supérieur. »
(Idem. :126-127). Cela est sémantiquement restrictif dans la mesure où la notion de
sens ne reçoit que la propriété conjointe de la forme à l’intérieur du signe et capacité
signifiante. Autrement dit, il ne faut pas restreindre le sens d’une unité formelle au
sens des éléments constituant cette unité à l’intérieur d’une suite décomposable,
puisque ce qui importe c’est de savoir si une unité ou un élément a un sens et non de
savoir quel est ce sens (Idem : 127) : le sens est lié à l’énonciation et au contexte.
Charles Bally donne à la modalisation et à la visée interactive une place centrale pour
l’analyse d’une phrase, et pour ce faire propose deux principes :
- le principe d’actualisation : tout terme de la phrase doit être actualisé pour que la
langue passe dans la parole (ou le discours) (CH. Bally, Linguistique générale et
linguistique française, 1965)