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ANALYSE DU DISCOURS Semestre 5

REPÈRES THÉORIQUES :
ESSAI DE DÉLIMITATION DE LA NOTION DE DISCOURS :
Qu’est-ce-ce que le discours ?
Sens courant : « Propos que l’on tient » ou « paroles prononcées » (Petit Robert).
A partir des années 1960 (le « tournant linguistique »), diverses théories philosophiques,
linguistiques et sociologiques ont tenté de fonder une théorie de l’analyse du discours pour en
faire une discipline ou du moins une approche théorique des relations sociales.
Les travaux du début du XXème siècle ont marqué la réflexion sur le discours : l’anthropologie de
Bronislaw Malinowski, la linguistique de Ferdinand de Saussure et Harris, les analyses littéraires
de Mikhaïl Bakhtine; et plus tard, la philosophie de Ludwig Wittgenstein, les réflexions du
cercle linguistique de Prague, les travaux de Roman Jakobson… (Les sciences du langage).
Dans tous ces travaux nous trouvons des éléments de réflexion qui ont participé à la naissance
des différents courants de l’analyse du discours.
La notion de discours : quelle définition?
Tous les ouvrages d’introduction s’attardent plus ou moins, avec la même rigueur, sur cette
question, que ce soit pour en souligner la complexité ou pour en montrer la richesse.
On emploie « discours » dans deux acceptions (Maingueneau) :
 Comme substantif non comptable (« cela relève du discours », « le discours structure nos
croyances »…);
 Comme substantif comptable qui peut référer à des événements de parole (« chaque
discours est particulier », « les discours s’inscrivent dans des contextes »…) ou à des
ensembles textuels plus ou moins vastes (« les discours qui traversent une société », « les
discours de la publicité »…).
Cette polysémie nous pousse à appréhender la notion de « discours » à la fois comme une
référence à des objets expérimentaux (« il y a des discours ») et comme une notion qui va au-
delà de tout acte de communication particulier (« l’homme est soumis au discours »).
On peut parler d’une double adaptation de la notion par :
 des théories d’ordre philosophique;
 des recherches empiriques sur le fonctionnement des textes.
Pour les linguistes, qui opposent habituellement le système linguistique à son adaptation au
contexte, la notion de discours est couramment défini comme: « l’emploi de la langue ».
Certains linguistes parlent de « dimension communicationnelle » selon laquelle le discours est
« le langage au-delà du mot, du groupe de mots et de la phrase », agencé de telle façon que « l’acte
de communication réussisse ».
En linguistique, notamment, le vocable « discours » entre dans trois oppositions majeures :
entre discours et phrase, entre discours et langue, entre discours et texte.
Par exemple, Benveniste oppose deux systèmes d’énonciation, le récit et le discours.
Dans l’optique de l’opposition entre discours et phrase, le discours est envisagé comme une
unité linguistique « transphrastique » composée d’une succession de phrases.

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Beaucoup de chercheurs s’appuient aujourd’hui sur cette interprétation de la notion de
« discours » que l’on peut qualifier de perspective cognitive. Cette dernière s’intéresse à la
manière dont un énoncé s’interprète à la lumière des énoncés antérieurs et postérieurs. Mais,
selon Maingueneau, ce n’est pas là l’emploi le plus fréquent du vocable « discours ».
L’opposition discours / langue :
La langue est conçue comme système mis en œuvre dans un contexte. (Le couple « langue »/«
parole » du Cours de linguistique générale de F. de Saussure).
Saussure distingue entre : La langue (abstraite) et la parole (concrète);
Discours signifie « énoncé linguistique observable […] par opposition au système abstrait que
constitue la langue » (Petit Robert)
La question du discours n’est pas exprimée dans Cours de linguistique générale de Ferdinand
de Saussure. Pour ce dernier, le domaine de la linguistique consiste à étudier la langue elle-
même, définie comme un «système de signes ».
Sa théorie repose sur l’opposition langue / parole qui recoupe l’opposition société / individu.
Sa réflexion s’oriente plus vers l’étude du système de la langue par opposition aux
manifestations individuelles de la parole.
La séparation entre langue et parole présuppose une opposition entre ce qui est social et ce qui
individuel. Par rapport à cette opposition, le discours est le tiers-exclu.
La première mise en cause de l’opposition saussurienne qui a tenté de réhabiliter la parole
apparaît en 1909 chez Charles Bally, dans son Traité de stylistique française. Celui-ci présente les
principes d’une linguistique de la parole qui a ouvert la voie aux recherches sur la relation entre
le sujet parlant, son discours et le contexte.
Chez Guillaume, on trouve la notion d’« acte de discours », qui tente d’apporter davantage
d’éclaircissements sur la place qu’occupe le sujet parlant ; mais cette théorie n’a pas pu
dépasser celle de De Saussure.
A partir de 1915, les formalistes russes développent une théorie sur les structures narratives
de la littérature orale et écrite. En 1928, l’ouvrage de Vladimir Propp Morphologie du conte
témoigne de l’ambition de l’auteur de surpasser le principe de l’immanence pour se consacrer
aux vastes ensembles discursifs que représentent les textes, afin de rendre compte de leur
organisation syntaxique et sémantique.
Benveniste, qui a effectué des recherches sur l’énonciation et la sémiologie de la langue, en
partant de la philosophie analytique et en particulier de la théorie des actes de parole de l’anglo-
saxon Austin, a contribué à l’introduction de l’analyse de discours dans la linguistique française.
Dans Initiation aux méthodes de l'analyse du discours, Maingueneau a relevé 6 définitions du
mot discours :
o variante de la parole saussurienne;
o unité de dimension supérieure à la phrase, l’énoncé, message;
o unité transphrastique intégrée à l'analyse linguistique, qui étudie les règles liant les unes
aux autres, les phrases qui la composent;
o "L'énoncé, c'est la suite des phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de
la communication" // le discours, c'est l'énoncé considéré du point de vue du mécanisme
discursif qui le conditionne.

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o dans le cadre des thèmes de l'énonciation , le discours c'est l'énoncé linguistique intégré à
un acte d'énonciation; par exemple, E. Benveniste entend ainsi « discours » : « toute
énonciation suppose un locuteur et un auditeur, et chez le premier l'intention
d'influencer l'autre en quelque manière » ; ce qui lui fait dire que « l’énonciation suppose
la conversion individuelle de la langue en discours ».
o on oppose souvent en sémantique la langue entendue comme ensemble d'unités aux effets
de sens virtuels au discours conçu comme lieu d'une contextualisation imprévisible.
Maingueneau Dominique. "L'analyse du discours".
In: Repères pour la rénovation de l'enseignement du français à l'école élémentaire ,
n°51, 1979. Analyse des discours. pp. 3-27.

Le discours est une organisation qui dépasse la phrase…


Cela ne veut pas dire pour autant que tout discours se concrétise nécessairement par une
succession de mots supérieure à la phrase. Il mobilise des structures d’un autre ordre que celles
de la phrase.
Par exemple : une mise en garde comme « fumer tue » est un discours qui forme une unité
complète même s’il n’est constitué que d’une phrase unique.
Les discours, quand ils sont des unités transphrastiques, comme c’est le cas le plus souvent,
sont soumis à des normes d’organisation. Celles-ci interviennent à deux niveaux :
 les genres de discours en vigueur dans un groupe social (rituels, contes, thèse de doctorat…);
 les normes transversales aux genres qui régissent un récit, une conversation, une
argumentation, une explication…
Parler est non seulement une forme d’action sur autrui, mais aussi une représentation du
monde. Sur ce point, la linguistique converge avec la tradition rhétorique qui a toujours mis
l’accent sur le pouvoir de la parole.
La problématique des « actes de langage » (dits aussi « actes de parole », ou « actes de discours
») développée à partir des années 1960 par le philosophe du langage J. L. Austin (1962), puis
par J. R. Searle (1969) a montré que toute énonciation constitue un acte (prévenir, conseiller,
attester, demander…) qui vise à changer une situation.
À un niveau supérieur, ces actes élémentaires s’intègrent eux-mêmes dans des genres de
discours déterminés qui sont autant d’activités socialement admises.
Le discours est interactif :
Cette activité verbale est en fait une inter-activité qui mobilise deux ou plusieurs partenaires.
L’échange oral est l’expression la plus manifeste de cette interactivité, où les interlocuteurs
accordent leurs énonciations, s’expriment en fonction de la réaction de l’autre et perçoivent
instantanément l’effet qu’a sur lui leurs paroles.
On pourrait avancer l’idée selon laquelle il existe aussi des types d’énonciation orale qui ne
sont pas tout à fait interactives ; c’est le cas par exemple d’un orateur qui s’adresse à un public,
et a fortiori des textes écrits. A vrai dire, on ne peut pas ramener l’interactivité essentielle du
discours à la conversation. Toute énonciation, même en l’absence d’un destinataire ou en la
présence d’un destinataire qui semble inactif, s’inscrit dans une interactivité constitutive.

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Le discours est contextualisé :
Le contexte du discours n’est pas uniquement un cadre ou un décor. Hors contexte, on ne peut
attribuer un sens à un énoncé. Dans ce cas, on parle d’« indexicalité » (Maingueneau).
En philosophie du langage, des expressions indexicales comme je, tu, hier et là-bas sont
sémantiquement incomplètes et n’ont de référent que par le biais de l’énonciation singulière où
elles sont employées.
Par extension, l’indexicalité permet de qualifier l’incomplétude foncière des mots, qui doivent
être rattachés à une situation de communication linguistique et à un contexte spécifique pour
avoir un sens « complet » qui n’est pas, néanmoins, toujours nettement déterminable.
Le discours est pris en charge par un sujet :
Le discours se rapporte à un sujet, un Je. Ce dernier:
 Est la source des repérages personnels, temporels et spatiaux (Je, Ici et Maintenant);
 Il manifeste une attitude à l’égard de ce qu’il dit;
 Il manifeste une attitude vis-à-vis de son destinataire (la modalisation).
Exemple : Un énoncé très simple comme « Il fait chaud » est posé comme vrai par l’énonciateur
qui en prend la responsabilité. Mais l’énonciateur aurait pu moduler son degré d’adhésion
« Peut-être qu’il fait chaud », en attribuer la responsabilité à quelqu’un d’autre « Selon Khadija il
fait chaud », commenter sa propre parole comme suit : « Franchement, il fait chaud », etc.
Le discours est régi par des normes :
L’activité verbale, comme tout autre comportement social, est soumises à des normes.
Au niveau élémentaire, chaque acte de langage fait appel à des normes particulières ; un acte
apparemment simple comme la question, à titre d’exemple, suppose que le locuteur ignore la
réponse, que cette réponse l’intéresse, qu’il croit que son interlocuteur peut la lui fournir, etc.
Il existe par ailleurs des normes (« maximes conversationnelles », « lois du discours »,
« postulats de conversation »…) qui influent sur tout échange verbal : clarté, répétition,
pertinence…
Par ailleurs, les différents genres de discours constituent des ensembles de normes qui créent
des attentes chez les sujets impliqués dans l’activité verbale.
Le discours et l’interdiscours :
Pour interpréter le moindre énoncé, il faut le mettre en rapport, intentionnellement ou non,
avec d’autres sur lesquels il s’appuie de différentes manières.
Le seul fait de classer un texte dans un genre déterminé (conférence, journal télévisé, débat
télévisé…) exige qu’on le mette en relation avec les autres textes du même genre.
Par exemple, une simple intervention politique ne peut être comprise si l’on méconnaît les
discours des adversaires, les discours antérieurs et les énoncés qui circulent alors dans la
presse écrite et les médias audiovisuels.
Certains courants affirment la prédominance de l’interdiscours sur le discours. C’est en
particulier le cas des chercheurs d’obédience Bakhtinienne, qui inscrivent tout énoncé dans un
« dialogisme » généralisé. Ce dernier conteste la clôture du texte, ouvert aux énoncés extérieurs
et antérieurs. Chaque énoncé fait partie d’une chaîne verbale interminable.

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Le discours et la construction sociale du sens :
Ce principe concerne aussi bien les interactions orales entre deux personnes que les
productions collectives destinées à un large public.
Le sens dont il est question ici n’est pas un sens directement accessible, fixe, inhérent à un
énoncé ou à un groupe d’énoncés que l’on est amené à déchiffrer : il est constamment construit
et reconstruit à l’intérieur des pratiques sociales préétablies.
Cette construction du sens est, certainement, l’action d’individus, mais qui sont inscrits dans des
structures sociales, à différents niveaux.
Conclusion :
Avec le développement des terrains d’investigation, toute production verbale ou non verbale,
orale ou écrite est susceptible de devenir un objet d’analyse du discours.
C’est pour cette raison que la diversité des corpus est inséparable de la diversité des approches
et des présupposés théoriques.

Approches de l’analyse du discours :


Actuellement, le vocable discours désigne non seulement le discours oral mais aussi le texte
écrit :
Il s'applique aux énoncés oraux et écrits produits dans une situation déterminée sous
l’influence de facteurs extralinguistiques complexes (facteurs sociaux, idéologiques, culturels…).
Le discours peut être considéré comme un prolongement de la linguistique.
Le discours a aussi un prolongement dans la grammaire textuelle (la dimension
transphrastique du discours/ trans = préfixe du latin trans, au-delà, exprimant l’idée de
changement, de traversée (Larousse)).
Il renvoie aussi à d'autres concepts comme « cohérence discursive » et « cohérence textuelle »
qui résultent de la combinaison d'une pluralité de structures transphrastiques réalisées dans des
conditions de communication particulières.
Par conséquence, le discours (verbale et non verbale) est défini comme toute production
d'énoncés accompagnés de leurs circonstances de production et d'interprétation. Dès lors, l’objet
de l’analyse du discours n’est plus ce que dit l’énoncé et le texte, mais la façon dont ils le disent.
Du point de vue de la pragmatique (entre autres disciplines et approches), dont l’analyse du
discours puise ses outils, le discours/texte a des origines diverses qui dépassent celles d’origine
linguistique.
Dans cette optique, le texte tout comme le discours consiste à combiner et à utiliser des
énoncés pour réaliser des actes sociaux.
Ainsi, le discours remplit-il trois fonctions :
 une fonction propositionnelle (ce que disent les mots);
 une fonction illocutoire (ce que l'on fait par les mots : féliciter, reprocher, ordonner,
interroger....). Cette fonction permet d'établir une relation entre les interactants;
 une fonction perlocutoire (ou l’intention) dont l’objectif est d’agir ou chercher à agir sur
l'interlocuteur.
Compte tenu de ce qui précède, le discours est considéré par les théoriciens de l'énonciation et
de la pragmatique comme un ensemble d’énoncés envisagés dans leur dimension interactive,

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leur pouvoir d'action sur autrui, leur ancrage dans une situation d'énonciation dont les
paramètres sont : l'énonciateur, l'allocutaire, le moment et le lieu de l'énonciation.
Selon Dominique Maingueneau « tout discours peut être défini comme un ensemble de
stratégies d'un sujet dont le produit sera une construction caractérisée par des acteurs, des
objets, des propriétés, des événements sur lesquels il s'opère… ».

Les différentes approches en analyse du discours :


L'approche énonciative :
L'intérêt accordé à l'énonciation s'explique par l'extension de l'objet même de la linguistique.
La prise en compte de tous les phénomènes liés aux conditions de production du discours
apparaît comme pertinente pour la compréhension du fonctionnement de la langue.
À l'origine de cette approche, Émile Benveniste qui :
1- propose une définition de l'énonciation : « mise en fonctionnement de la langue par un acte
individuel d'utilisation »;
2- sous-tend cette définition par une théorie générale des indicateurs linguistiques (pronoms
personnels, formes verbales, déictiques spatiaux et temporels, modalisateurs…) par le biais
desquels le locuteur s'inscrit dans l'énoncé.
Benveniste parle d’« appareil formel de l'énonciation », qui permet le passage de la langue au
discours.
Ainsi, selon lui, il suffirait à l’analyste d’être attentif à un acte par lequel le discours est produit
pour se rendre compte que le locuteur est le paramètre essentiel dans la mise en fonctionnement
de la langue.
En d’autres termes, « Le locuteur s'approprie l'appareil formel de la langue et il énonce sa
position de locuteur par des indices spécifiques d'une part, et au moyen de procédés accessoires
de l'autre ».
L'appareil formel de l'énonciation contient les éléments d'ancrage des relations
intersubjectives. « Dès qu’il (l’énonciateur) se déclare locuteur et assume la langue, il implante
l'autre en face de lui (...), postule un allocutaire (...). Ce qui, en général, caractérise l'énonciation
est l'accentuation de la relation discursive au partenaire, que celui-ci soit réel ou imaginé,
individuel ou collectif ».
Le sujet parlant : est le producteur effectif de l'énoncé, un être physique qui n'est pas réalisé
dans l'énoncé lui-même (Maingueneau).
Locuteur : il représente la personne à qui on impute la responsabilité d'un énoncé. Selon
Ducrot, il est désigné par les marques de la première personne.
Enonciateur : C'est l'instance qui accomplit l'acte illocutoire, c'est-à-dire qui prend la
responsabilité de l'intention exprimée par cet acte.
Malgré les confusions qui peuvent exister, l’on peut dire qu’il y a une nette distinction entre le
sujet parlant, le locuteur et l'énonciateur.
Le sujet parlant, être empirique, produit effectivement l'énoncé.
Le locuteur, quant à lui, parle dans le même sens que le narrateur raconte ; mais il ne présente
pas toujours les événements, les attitudes de son point de vue, dans la mesure où il a souvent
recours à l'énonciateur dont il présente le point de vue.

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L'approche communicationnelle :
Appréhender un discours et en saisir l'intention, ne consiste pas à extraire ou restituer des
informations pour les intégrer à ce que l'on connaît déjà. C'est plutôt identifier la fonction de
cette information dans la situation de discours où elle est produite.
Le schéma de la communication selon Jakobson est à l'origine de l'approche
communicationnelle ou fonctionnelle. Son hypothèse consiste à synthétiser les échanges sociaux
sous la forme d’un schéma de communication construit à partir des paramètres présents dans
un acte de communication : l'émetteur, le destinateur, le contexte, le canal de transmission, le
code linguistique et le message réalisé.
À ces six éléments Jakobson associe six principales fonctions : la fonction référentielle, la
fonction émotive, la fonction conative, la fonction phatique, la fonction poétique, la fonction
métalinguistique.
Il précise, par ailleurs, qu’il serait difficile de trouver des messages qui remplieraient
seulement une de ces fonctions. La diversité des messages réside non dans la prédominance de
l’une ou l’autre fonction, mais dans la hiérarchie qui peut exister entre celles-ci.
L'approche conversationnelle :
La sociolinguistique considère le langage comme activité d'interaction sociale. L’analyse
conversationnelle s’inscrit dans cette conception qui a vu le jour aux États-Unis.
L’avènement de l’analyse conversationnelle est le résultat de la rencontre de trois grands
courants de recherche : l'interactionnisme symbolique, l'ethnographie de la communication et
l'ethnométhodologie.
1. L'interactionnisme symbolique :
Il peut être défini comme l'étude des échanges individuels en tant que comportement
symbolique résultant d'un processus d'interaction sociale.
Ce courant né dans les années quatre-vingts est à l'origine d’un ensemble de recherches
microsociologiques qui abordent les mécanismes de l'interaction au cours desquels se construit,
se négocie et se modifie la réalité sociale. En d’autres termes, les faits sociaux ne sont pas
considérés comme des produits extérieurs aux pratiques sociales, mais comme des procès que les
acteurs réalisent journellement.
2. L'ethnographie de la communication :
Il s’agit d’un courant de pensée qui étudie plus particulièrement les relations entre le langage
et les contextes sociaux de sa réalisation.
En plus de la notion de compétence linguistique de Chomsky, Hymes développe la notion de
compétence communicative qui permet au locuteur de produire des énoncés adaptés aux
contextes sociaux.
L'ethnographie de la communication met en avant deux types de compétences : la compétence
qui permet de produire des phrases grammaticalement correctes et celle qui permet de produire
des phrases socialement admises.
La compétence qui permet de produire des phrases socialement admises se réalise en
fonction :

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o de la compétence linguistique dont dispose le locuteur appartenant à une « communauté
donnée de parole » ;
o des types discursifs plus ou moins codifiés ;
o des règles d'interprétation permettant d’attribuer une valeur communicative à des
éléments linguistiques dans un contexte social donné ;
o des normes qui structurent les interactions.
3. L'ethnométhodologie des conversations quotidiennes :
Elle porte sur le sujet social, créateur de l'acte communicatif, à travers ses savoirs, ses
représentations et ses stratégies discursives pour atteindre un objectif communicatif.
Elle ne porte pas sur un acte de langage isolé, mais sur les suites interactionnelles à travers les
compétences mises en œuvre dans la perspective d'un processus de réalisation des activités
conversationnelles entre les membres d'une société.
La polyphonie chez Bakhtine :
Bakhtine jugeait inconcevable l'analyse de la langue comme un système abstrait. Le rejet de la
conscience individuelle de l'énonciation et l'adoption du concept de « dialogisme » l’amènent à
faire de l'interaction verbale de l'élément central de toute théorie portant sur le langage.
La polyphonie a été introduite par Bakhtine dans ses recherches sur la littérature (les romans
de Dostoïevski), où plusieurs « voix » s'expriment sans qu'aucune ne soit dominante.
Les linguistes ont exploité cette notion, en particulier Ducrot qui rend compte des multiples
cas où celui qui produit matériellement l'énoncé n’en prend pas toujours la responsabilité. Ducrot
distingue sujet parlant, locuteur et énonciateur.
Le sujet parlant est un être empirique, l'individu qui énonce physiquement l'énoncé; le
locuteur est un être de discours, l'instance à qui est attribuée la responsabilité de l'énoncé.
Dans un cadre plus large, on intègre à la problématique polyphonique des phénomènes d'ordre
textuel comme le pastiche, la parodie, le proverbe ...
Exemple : quand on énonce un proverbe, on part du principe que son énoncé est attesté par une
autre instance, la « Sagesse des nations », que l’on actualise dans sa parole et dont on participe
indirectement en tant que membre de la communauté linguistique.
Dans la théorie de Bakhtine, la question du dialogue (dialogisme) suppose que tout discours,
quelle qu'en soit la nature, se présente comme une reprise-modification, consciente ou pas, de
discours antérieurs.
Ces relations interdiscursives découlent du fait que toute forme de conscience ou de
connaissance empruntent la voie discursive, de telle manière que chaque discours « (...) répond
à quelque chose, il réfute, il confirme, il anticipe sur les réponses et les objections potentielles,
cherche un soutien (...) ».
Autrement dit, « la véritable substance de la langue n'est pas constituée par un système abstrait
de formes linguistiques ni par l'énonciation-monologue isolée, ni par l'acte psychophysiologique
de sa production, mais par le phénomène social de l'interaction verbale, réalisée à travers
l'énonciation et les énonciateurs ».

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L'approche sociolinguistique:
La sociolinguistique est considérée comme un champ de recherche qui aborde les divers usages
linguistiques dans une communauté linguistique.
Son objet d'étude s'applique à des phénomènes très variés : les fonctions et les usages du
langage dans la société, la maîtrise de la langue, l'analyse des discours, les représentations que les
communautés ont de leur(s) langue(s), la planification et la standardisation linguistiques…
Elle considère que l'objet de son étude ne doit pas être tout simplement la langue comme
système de signes ou de règles.
L'analyse automatique (informatique) du discours:
Introduite par Michel Pêcheux (1969), elle se propose de rattacher les discours à l'idéologie de
leur époque. Grâce au stockage des données sur ordinateur, un travail d'analyse automatique
des constantes sémantiques et des formations « imaginaires » est réalisé.
Actuellement, avec le développement de l’informatique, cette approche a connu une évolution
importante. En effet, elle dépasse le cadre étroit de la fréquence des occurrences des
composantes principales pour s’intéresser aux réseaux associatifs qui se tissent entre les mots
dans les textes.
L'approche pragmatique :
Les concepts de la Pragmatique empruntent plusieurs voies. C’est pourquoi elle est loin d’être
une discipline indépendante et unifiée. Les chercheurs ne sont pas unanimes sur une
délimitation claire et précise de ses hypothèses et sa terminologie.
Néanmoins, la Pragmatique constitue un croisement interdisciplinaire pour les linguistes, les
logiciens, les sémioticiens, les philosophes, les psychologues et les sociologues.
- Le concept d'acte de langage : parler c'est agir sur autrui. Cette conception met en avant les
effets que les discours peuvent exercer sur les locuteurs-auditeurs. A ce niveau l'attention est
centrée sur la dimension interactive et interactionnelle que toute production langagière
présuppose : définir les actes de langages en caractérisant le contexte de l’échange et en
déterminant quelle proposition est exprimée par un énoncé donné.
- Le concept de contexte : c'est la situation concrète dans laquelle le discours est émis; il
englobe toutes les variables que sont : l’espace, le temps, l'identité et la nature des relations qui
lient les partenaires.
- Le concept de performance : il s’agit de la réalisation de l'acte de langage en contexte, tout en
ayant présent à l’esprit que la compétence des locuteurs (savoirs partagés, règles
grammaticales…) s'y actualise.
L'approche sémiotique :
Elle découle de la convergence de deux courants de pensée : la sémiologie née du projet de
Ferdinand De Saussure et de la sémiotique qui s'est constituée en discipline avec Peirce.
La sémiotique discursive est aussi une sémiotique de l’énonciation conçue comme l’acte qui
donne lieu à l’ensemble signifiant du discours et aux conditions de sa cohérence.

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Les types de discours : Repères théoriques
Les types de discours :
Il existe différents types de discours selon la question principale à laquelle ils répondent
(quand, comment, où, pourquoi…), selon l’énonciation (les conditions de la production écrite et
orale) et selon l’énoncé (le résultat de l’énonciation).
On distingue quatre types de discours:
1. Le discours narratif :
Les questions à se poser sur le discours narratif :
 Le caractère littéraire (roman, nouvelle…) ou informatif (reportage, information…) de ce
récit. Pourquoi ce discours narratif est-il tenu?
 Le caractère véridique ou non de ce discours (s’agit-il d’un événement réel relaté ou d’une
fiction, et quelles en sont les marques?).
 Le narrateur (qui raconte l’histoire ? Comment se situe-t-il par rapport à l’histoire
racontée? Comment s’adresse-t-il aux narrataires?).
 Le point de vue adopté (qui voit? Qui sent ce qui se passe? Un personnage? Lequel?...).
 Le traitement du temps (l’ordre? La durée? La fréquence des événements relatés?...).
2. Le discours descriptif :
Les questions à se poser sur le discours descriptif :
 Le caractère littéraire (description ou portrait dans un récit, un poème descriptif…) ou
informatif (descriptif de vente, notice détaillée…); l’intention de ce discours (intention
esthétique, utilitaire…).
 Le caractère véridique ou non de la description (s’agit-il d’objets réels décrits ou d’éléments
fabriqués par le discours lui-même).
 L’identité du spectateur de la description: qui voit le spectacle qui nous est soumis et
pourquoi? Cherche-t-il à nous faire aimer ou détester ce qu’il décrit?
 La fonction de ce discours descriptif (rendre compte d’une réalité, fixer la mémoire d’un
personnage, d’un paysage, nous faire connaitre des lieux, un être, un objet, préparer une
histoire, nous enchanter en nous faisant entrer dans un univers imaginaire…).
La description sera toujours différente d’un tableau, dans la mesure où elle déploie dans les
phrases et dans le temps ce qu’une vision peut nous donner d’un seul coup d’œil.
3. Le discours explicatif :
Les questions à se poser sur le discours explicatif :
o Le caractère littéraire (digression dans un récit, intrusions du narrateur, actes d’orateur…)
ou informatif (mode d’emploi); l’intention de ce discours explicatif (intention esthétique,
fonctionnelle…).
o Le caractère véridique ou non de ce discours (s’agit-il d’éléments réels expliqués ou
d’éléments que le discours fabrique en les expliquant?).
o Les indices de subjectivité; l’identité -souvent cachée- de celui qui explique et de ceux à qui
il s’adresse.
o Le caractère orienté de cette explication (pourquoi expliquer et dans quelle intention?).
L’acte d’explication est souvent un acte également argumentatif, qui vise à défendre une thèse.

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4. Le discours argumentatif :
Les questions à se poser sur le discours argumentatif :
Le discours argumentatif demande que l’on s’intéresse à :
 La thèse (que faut-il faire accepter?).
 Les défenseurs de cette thèse (quelles sont les marques de l’implication du locuteur, de la
subjectivité de celui qui parle, pronoms, adjectifs de premières personnes, verbes
d’opinions…).
 Son destinataire (qui entend-on convaincre? Comment s’adresse-t-on à l’autre, pronoms et
adjectifs de deuxième personnes, apostrophe, prise à témoin…).
 Les adversaires (quelles sont les thèses rejetées, le vocabulaire péjoratif qui les
discrédite?).
 Les moyens utilisés (jeu du présupposé ou de l’implicite, raisonnement logique inductif ou
déductif, recours à l’exemple, à la situation…).
Présupposé : dans l'énoncé « Jean a cessé de fumer », on dit que la proposition « Jean fumait
auparavant » est présupposée, puisque l'on peut l'inférer également à partir de « Jean n'a pas
cessé de fumer »·
Implicite : On peut déduire d'un énoncé des messages qui ne constituent pas en principe l'objet
exacte de l'énonciation mais qui apparaissent à travers les contenus explicites. On distingue les
implicites sémantiques et les implicites pragmatiques. Les premiers sont attachés uniquement au
matériel linguistique de l'énoncé; pour repérer les seconds le coénonciateur met en rapport
l'énoncé avec son contexte en faisant appel particulièrement aux lois du discours.
Exemple : « Jean ne vit plus à Rabat mais à Paris », on peut tirer par exemple ces deux implicites
sémantiques : « Jean vit actuellement en France » et « Jean vivait auparavant à Rabat ». Dans un
contexte donné le coénonciateur peut aussi en extraire des implicites pragmatiques, par
exemple « Jean ne pourra pas se rendre à notre invitation » ou « Jean n’a pas pu recevoir ta
lettre »·
Inductif : opération mentale qui consiste à remonter des faits à la loi (du particulier au général).
Déductif : raisonnement par lequel on fait sortir d’une vérité ou d’une supposition admise
comme vérité la conséquence logique qu’elle contient implicitement (du général au particulier).

L’énonciation : Repères théoriques


L’énonciation : est l’action d’émettre un énoncé.
La situation d’énonciation : est la situation dans laquelle est produit un énoncé.
L’énoncé : est le texte oral ou écrit produit dans une situation d’énonciation.
On produit un énoncé à chaque fois que l’on s’adresse à quelqu'un. La distinction énoncé /
énonciation suppose acquise une autre distinction entre énoncé-type et énoncé-occurrence.
Exemple :
L’énoncé « les mammifères allaitent leurs petits », selon qu’il est émis par telles personnes en
telles situations correspond à autant d’occurrences distinctes, mais au-delà de toutes ces
occurrences on considèrera qu’il s’agit du « même » énoncé, du même type ; dans ce dernier cas,
il est perçu indépendamment des diverses énonciations qui peuvent le prendre en charge.

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Pour analyser un énoncé, il faut se demander :
- Qui parle ? C'est-à-dire qui produit l’énoncé. On parle de l’énonciateur.
- À qui l’énonciateur s’adresse-t-il? C'est-à-dire à qui parle l’énonciateur. On parle du récepteur.
- À quel moment a lieu l’énonciation?
- Dans quel lieu l’énoncé est-il réalisé?
On trouve deux types d’énoncé :
L’énoncé ancré : lorsqu’on est en mesure de déterminer l’énonciateur, le récepteur, le moment
et le lieu, grâce à la présence d’indices. Ces derniers concernent la personne qui émet et reçoit
l’énoncé. Les pronoms utilisés (je, tu, nous, vous,…) permettent de les repérer. On trouve
également des indices de lieu et de temps qui permettent d’ancrer l’énoncé dans une situation
particulière. Des indices tels que « ici », « maintenant », « aujourd’hui », …
Un énoncé ancré dans une situation nécessite l’utilisation de temps particuliers tels que le
passé, le présent ou encore le futur.
Par exemple, dans la phrase « demain nous nous retrouverons ici pour discuter », nous avons des
indices de l’énonciateur et du récepteur dans le pronom « nous ». On trouve aussi des indices de
temps qui ancrent l’énoncé dans le moment présent et futur avec « demain » et des indices de
lieu avec le mot « ici ».
L’énoncé coupé : (qui n’est pas ancré dans la situation d’énonciation). Il ne dépend pas
d’une situation d’énonciation particulière. On n’a pas besoin de la situation pour comprendre
l’énoncé. Il n’y a pas de présence d’énonciateur ou de récepteur. Ce genre d’énoncé se présente
le plus souvent sous la forme d’un récit à la 3ème personne.
Par exemple, dans la phrase « dans la nuit du 5 au 6 juin 2020, les touristes sont arrivés à
Marrakech », on n’a pas d’indice de l’énonciateur ou de l’émetteur. Le message ne s’adresse pas à
quelqu'un en particulier. De même, les indices de temps n’ancrent pas l’énoncé dans un moment
particulier. Ils situent le moment dans l’histoire, d’une façon générale.
On appelle embrayeurs (Jakobson) des unités linguistiques dont la valeur référentielle est liée
à l'environnement spatio-temporel de leur occurrence. Ainsi je est un embrayeur parce que son
référent est identifié comme l'individu qui, à chaque occurrence, à chaque événement
énonciatif, dit « je ». On parle aussi d'éléments déictiques. Cette catégorie recouvre en
particulier les personnes linguistiques (je - tu), les démonstratifs (ce, cette, cela, etc.), les temps
du verbe (passé, présent, futur).
Du point de vue de l'analyse du discours, les embrayeurs permettent d'opposer les énoncés qui
organisent leurs repérages par rapport à la situation d'énonciation et ceux qui construisent des
repérages par un jeu de renvois internes à l'énoncé. On retrouve ici la classique distinction entre
plans embrayé et non embrayé, introduite par Benveniste, entre discours et histoire pour rendre
compte de l'emploi du passé simple (qu'il nomme « aoriste ») en français.
Dans le plan d'énonciation du discours « quelqu'un s'adresse à quelqu'un, s'énonce comme
locuteur et organise ce qu'il dit dans la catégorie de la personne », alors que dans le plan
d'énonciation de l'histoire « les événements semblent se raconter eux-mêmes ».

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Autres indices de l’énonciation :
Les modalisateurs ou indices de jugement et de sentiment:
Ils témoignent de la subjectivité du locuteur.
Ils expriment :
 un jugement valorisant ou dévalorisant (suffixes péjoratifs, adverbes de jugement (hélas),
lexique appréciatif…) ;
 une nécessité ou une volonté (il faut, je veux, c’est interdit…) ;
 une émotion ;
 une certitude ou un doute (il me semble, je crois…);
 etc.
Les indices du sentiment et du jugement :
a) Les marques de l'émotion : ils expriment les sentiments du locuteur et sont identifiables à
travers les termes affectifs, à connotations positives ou négatives. L'émotion du locuteur
s’exprime par l'intonation, souvent liée au type de phrase : « Ah ! Si je l'avais lu il y a dix ans ! » ;
b) Les marques du jugement : Le locuteur peut exprimer un jugement de valeur, à travers l'emploi
de termes mélioratifs ou péjoratifs : « La civilisation numérique a tué la sociabilité » ;
c) Les termes modalisateurs : Le locuteur exprime son degré d'adhésion au contenu de son énoncé.
Il emploie pour cela des termes modalisateurs qui marquent le doute ou la certitude comme
les verbes (douter, sembler, croire, assurer que...), les adverbes et les locutions adverbiales
(peut-être, sûrement, sans doute, probablement, de toute évidence...) et le conditionnel.
Le pronom On :
Il peut représenter :
o Une personne dont ne connait pas l’identité : « on m’a indiqué la direction » ;
o Un groupe de personnes dont le locuteur fait partie (il équivaut à nous) : « on travail
toujours là-bas » ;
o Un groupe de personnes dont celui qui parle ne fait pas forcément partie (le contexte peut
aider à définir le on) : « dans un petit hôtel on est mieux traité que dans un grand » (on = les
clients, les touristes) ;
o Les hommes en général, tout le monde, comme dans les proverbes « on a toujours besoin
d’un plus petit que soi » ;
o Quelqu’un qu'on ne veut pas nommer pour n’importe quelle raison, ou lorsqu’on veut attirer
l’attention sur le fait non sur l’acteur : « alors on ne dit plus bonjour !» (On= mépris) , « on
bat ensuite les œufs » (on = l'action).
Les niveaux de langue :
En fonction de la situation d'énonciation dans laquelle il se trouve, le locuteur dispose de trois
niveaux de langage différents pour s'exprimer : familier, courant, soutenu.
Les discours rapportés :
o Le style direct :
o Le style indirect :
o Le style indirect libre : Il partit en songeant aux paroles qu'il avait prononcées. Il avait été
convaincu. Il reviendrait le lendemain et personne ne pourrait l'en empêcher.
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o Discours narrativisé : Il partit en soulignant qu'il était convaincu. Il annonça son retour
comme un événement absolument certain.
Cohésion et cohérence :
La cohésion : a un fondement lexico-grammatical, elle fait l’objet d’études exclusivement
linguistique. À l’intérieur du texte, unité sémantique, les liens de cohésion conservent la structure
textuelle et assurent au texte sa trame. Ces liens agissent principalement au niveau phrastique et
interphrastique, ils renvoient aux relations sémantiques et permettent la connexion entre les
phrases du texte à l’aide de certains procédés tels que l’anaphore, les connecteurs, la progression
thématique, etc.
La cohésion joue un rôle important mais elle n’est pas suffisante en elle-même.
La cohérence : ne se trouve pas dans le texte, dans la mesure où elle constitue une interaction
entre le texte et le hors-texte assurée par les interlocuteurs. Elle se construit par l’énonciateur et
se reconstruit par le destinataire. Mais pour qu’on puisse partager la cohérence, il doit y avoir
un savoir implicite, partagé entre les deux, sur les relations du monde que l’acte de langage fait
intervenir.
 La cohésion est d’ordre textuel.
 La cohérence est d’ordre discursif et pragmatique.
Discours/ récit :
1. Le discours :
Face à un ou plusieurs interlocuteurs, un locuteur peut choisir de tenir des propos sur une
situation à laquelle il contribue lui-même. Il énonce selon le mode du discours.
Exemple : « L’averse menace, je vais couvrir une partie de la récolte et ensuite je vais me reposer
un peu ».
On remarque que le locuteur intervient par le biais de « je », qu'il exprime ses idées et ses
sentiments pour relater la situation telle qu'elle se présente à l'instant où il parle.
À l’écrit (fables, poèmes, autobiographies, articles de presse…)
À l’oral (les genres oratoires…)
Il ne faut pas confondre ce sens du mot discours avec son sens oratoire : prononcer un discours.

2. Le récit :
C'est lorsque le locuteur raconte un événement (ou une série d'événements) auquel il ne
participe pas, mais qu'il se contente de rapporter. Il s'efface devant les faits pour dire seulement
comment ils se sont produits : c'est le mode du récit. Il est coupé de la situation d’énonciation.
Exemple : « L’averse menaçait, il avait recouvert une partie de la récolte et alors il se reposa un
peu ».
Contrairement au discours, la narration est ici « neutre » et ne se trouve pas influencée par les
sentiments et les opinions du locuteur ou du scripteur.

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Les progressions thématiques :
On appelle progression thématique la façon dont les thèmes s’enchaînent d’une phrase à
l’autre. Il en existe trois types : la progression à thème constant, la progression à thème linéaire
et la progression à thème éclaté.
1. La progression à thème constant :
Dans la progression à thème constant, le thème ne change pas d’une phrase à l’autre, le même
thème est repris en début de chaque phrase.
Exemple : Les chiens sont des animaux domestiques. Ils vivent avec les hommes. Ces animaux
sont carnivores. Ils dont fidèles à leurs maitres.
2. La progression à thème linéaire :
Dans la progression à thème linéaire, la phrase qui suit à pour thème un élément du propos de
la phrase précédente.
Exemple : Dans une chambre, il y avait une table. Sur cette table étaient disposées des livres. A
côté de ces livres il y avait un cartable.
3. La progression à thème éclaté :
Dans la progression à thème éclaté, la 1ère phrase donne un thème central, chaque thème des
phrases suivantes est un sous thème de ce thème central.
Exemple : Cette chambre était garnie d’un riche mobilier. A droite en entrant, se trouvait un
fauteuil style Napoléon III. Au dessus, était accroché au mur un tableau représentant une scène
de chasse à coure. Sur la gauche, un meuble en bois vernis, très imposant, laissait un faible
passage pour accéder à la pièce suivante.

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