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La Sémantique

2019 / 2020
Cours de la Sémantique ; Semestre
V ; Etudes Françaises ; Linguistique.

ABDELAZIZ KRIM
UNIVERSITÉ MOULAY ISMAȈLFACULTÉ
POLYDISCIPLINAIRE – ERRACHIDIADÉPARTEMENT DE
LANGUE ET LITTÉRATURE FRANCAISES-
Réalisé par : Lahcen Kadi
Plan :
 Introduction
- Quelques concepts clés de la linguistique structurale
 Chapitre 1
- La sémantique lexicale
 Chapitre 2
 La sémantique interprétative (L’isotopie)

Références bibliographiques :
 BREAL M ; essai de sémantique
 GREMAS A-J ; sémantique structurale
 KLEDER G ; problème de sémantique, la polysémie en question
Table matère
Introduction ....................................................................................................................................... 3
I. Les paliers de la sémantique ....................................................................................................3
II. Les concepts de base en sémantique .......................................................................................4
III. Le signe linguistique ............................................................................................................4
IV. Langue / parole ...................................................................................................................4
V. Synchronie / diachronie...........................................................................................................5
VI. Axe syntagmatique / Axe paradigmatique............................................................................5
VII. Dénotation / Connotation....................................................................................................5
Chapitre I (la sémantique léxicale) ...................................................................................................... 6
I. Le signe linguistique ............................................................................................................6
II. Le langage / deux axes .........................................................................................................6
III. Les unités de sens ............................................................................................................7
IV. Phonologie ......................................................................................................................7
V. Syntaxe................................................................................................................................7
VI. Sémantique .....................................................................................................................8
VII. Le sème ...........................................................................................................................8
VIII. Le sémème ......................................................................................................................9
IX. Grille sémantique ............................................................................................................9
X. Le Classème ....................................................................................................................... 10
XI. Typologie des constituants sémantiques ........................................................................ 11
XII. Sèmes inhérents ............................................................................................................ 12
XIII. Sèmes afférents ............................................................................................................. 12
Chapitre II (la sémantique interprétative) ......................................................................................... 14
I. L’isotopie ....................................................................................................................... 14
II. Le concept de l’isotopie ................................................................................................. 15
III. Structuralisme saussurien & la sémantique structurale européenne .......................... 15
IV. L’isotopie et le champ lexical ..................................................................................... 16
V. Types d’isotopie............................................................................................................. 16
1) L’isotopie générique .................................................................................................. 17
a) Isotopie microgénérique ........................................................................................ 17
b) Isotopie mésogénérique......................................................................................... 17
c) Isotopie macrogénérique ....................................................................................... 17
2) Isotopie spécifique ..................................................................................................... 17
Introduction
A éviter les confusions terminologiques dans le domaine de la science des significations.
Il est nécessaire de ne pas confondre la sémantique avec la sémiologie ou la lexicologie.
 F. de Saussure : sémiologie « science qui étudie la vie des signes au sein de la vie
sociale » (CLG 1916.)
 La lexicologie : étude de la signification des unités qui constituent le lexique d’une
langue.
 Par rapport à la phonologie et à la syntaxe, la sémantique a toujours été considérée
comme la composante pauvre de la linguistique. Contrairement à la phonologie et à la
syntaxe se caractérisant par un accord sur les méthodes à utiliser, la sémantique
connait une diversité d’approches. Le terme sémantique a été introduit en linguistique
vers la deuxième moitié du XIXe siècle par M. Bréal. Selon Bréal cette discipline se
consacre à l’étude des lois qui gouvernent le changement et l’évolution sémantique
des mots d’une langue.

Caractère diachronique
Vers la moitié du XXe siècle la sémantique connait un renouveau par l’introduction de la
théorie saussurienne (Sa/Sé.) Prise en compte de la perspective synchronique de la
signification. Après Saussure, la sémantique se donne pour tâche une étude scientifique des
signifiés en relation avec les signifiants.
 Qu’est-ce que la sémantique ?
 C’est une discipline scientifique dont l’objet d’étude est : « le sens des mots, phrases
et des énoncés » (P. Lerat)
Elle peut être définie comme « la science ou la théorie des significations » Mais il serait
plus prudent d’ajouter : « des significations linguistiques seulement » La complexité de la
sémantique s’explique par le fait qu’elle met en jeu plusieurs niveaux de données :

Analyse paradigmatique Analyse synchronique


La description des unités les unes par Saisir la manière dont le sens global des
rapport aux autres. unités se compose à partir du sens de leurs
éléments.

I. Les paliers de la sémantique


 On peut distinguer, au sein de l’analyse, plusieurs paliers (niveaux) correspondant à
des complexités croissantes des éléments linguistiques.
palier inferieur
microsémantique • l'objet d'études est représenté par le mot ou le
componentielle ou lexème.
diférentielle

palier intermédiaire • son objet est la phrase ensemble de constituants


reliés entre eux par des relation syntagmatique et
mésosémantique dont le sens constitue un tout indissociable.

palier superieur
macrosémantique • son objet linguistique est le texte.
sémantique textuelle

II. Les concepts de base en sémantique


 Existe trois courants principaux qui se dégagent du langage les théories formalistes.
 1. Le structuralisme (Saussure) qui a donné par la suite 2. Le fonctionnalisme
(Martinet) et 3. La grammaire générative.
 Ces théories présentent les concepts de base de la sémantique.
III. Le signe linguistique
 « l’entité psychique à deux faces » F. de Saussure
 Entité qui unit un concept (signifié) et une image acoustique (signifiant)
 Il faut distinguer le signe du symbole
Caractéristiques
 Le signe est une image mentale liée par la langue et non par la parole.
 Le signe est conçu, seulement, en signifiant et signifié. La réalité matérielle maternelle
ou référentielle n’est pas marquée.
 La relation entre signifiant et signifié est dite arbitraire.
IV. Langue / parole
 Langue « elle est à la fois un produit social de la faculté du langage et un ensemble de
conventions nécessaires, adoptées par le corps social pour permettre l’exercice de cette
faculté chez les individus » F. de Saussure, CLG
 Parole est l’utilisation, la mise en œuvre de la langue par les sujets parlants.
 C’est la partie individuelle du langage.
 Sa nature est selon Saussure psycho-physique
V. Synchronie / diachronie
Deux concepts fondateurs de la linguistique moderne proposés par Saussure :
 L’étude diachronique d’une langue s’attachera à l’étude du système linguistique à
travers le temps.
 L’étude synchronique s’intéressera à une analyse à un moment donné du temps, sans
considération des états antérieurs du système.
VI. Axe syntagmatique / Axe paradigmatique
 L’axe syntagmatique est celui des enchainements, des rapports établis entre les
éléments qui apparaissent linéairement.
 L’axe paradigmatique est l’axe des associations, des invariants susceptibles de se
remplacer l’un l’autre dans un même paradigme.
Les signes linguistiques qui composent un mot ne se laissent découvrir que si l’on place le
mot dans différent environnements.
 Le chasseur a abattu un loup.
 Jean a péché un loup au filet.
 J’ai mangé un loup à midi.
 Marie porte un loup de mer quand elle va à la plage.
 Cette page renferme beaucoup de loups dus à l’inadvertance des imprimeurs.
5 signes différents correspondant aux 5 sens du morphème loup
L’axe syntagmatique permet de lever l’ambiguïté de signification. (Préciser de quel sens il est
question)
Pour Jacobson, l’interprétation de toute unité met en œuvre, à chaque instant, deux
mécanismes intellectuels indépendants :
 Comparaison avec deux unités semblables qui pourraient lui être substituées
appartenant au même paradigme.
 Mise en rapport avec les unités coexistantes qui relèvent des mêmes relations
syntagmatiques.

VII. Dénotation / Connotation


 La Dénotation est le rapport établit entre le signe et l’objet réel désigné (le référent)
 La connotation est un second système de signification décroché à partir d’un signe
premier
- La connotation désignerait le processus de la production du sens sur le plan du
discours.
Chapitre I
La sémantique lexicale

La sémantique lexicale est l’étude du sens des mots d’une langue.


L’appellation « sens lexicale » équivaut par conséquent à « sémantique lexicale ».
Les relations sémantiques lexicales consistent à faire des rapprochements entre différents
mots ou expressions d’une langue à travers leur sens.

I. Le signe linguistique
Le sens linguistique est parmi les aspects les plus compliqués de la connaissance
linguistique. On a tendance à oublier qu’il relève d’une abstraction totale liée au monde
« réel », mais qui projette sur ce monde une grille d’analyse en grande partie arbitraire. La
façon la plus naturelle d’appréhender le sens d’une expression linguistique consiste avant tout
à la mettre en relation avec d’autres expressions. Autrement dit, mettre l’expression en
question en relation d’équivalence ou quasi équivalence avec une autre expression. Ainsi, si
on dit « passer un savon à quelqu’un » cette expression signifie « réprimander quelqu’un » ou
« le gronder ». Le sens d’un mot et d’un énoncé est sa traduction par un autre signe qui peut
lui être substitué.
Ainsi, le sens du lexème crayon est sa traduction par la paraphrase : « petit morceau de divers
minerais propre à écrire, à dessiner ».
Le sens d’un mot est étroitement lié à la valeur de celui-ci
Ex :
crayon se définit par opposition à stylo
Sortir se définit par opposition à entre
 Par ailleurs deux expressions linguistiques ayant (approximativement) le même sens
sont appelées des paraphrases.
 Il n’y a pratiquement d’autre façon de procéder pour décrire le sens que de faire appel
à des paragraphes.
 Le sens d’une expression linguistique est la propriété qu’elle partage avec toutes ses
paraphrases.

II. Le langage / deux axes


Le langage est construit selon deux axes :
1) Horizontal : l’axe syntagmatique
2) Vertical : l’axe paradigmatique
Placer les mots d’une phrase d’une manière aléatoire est fatal pour sa grammaticalité ainsi que
pour son sens :
Ex :
- *Les requins majestueux sont si.
- Les requins sont si majestueux.
Le syntagme est primordial dans le langage. Cependant, s’il n’existe que le syntagme, les
phrases seraient grammaticalement justes mais n’auraient aucun sens (Le choix des mots
serait douteux)
Ex :
- Le chat écrit.
Le syntagme et le paradigme sont par conséquent parfaitement complémentaires puisque
l’absence de l’un ou de l’autre empêche le bon fonctionnement du langage.

III. Les unités de sens


 Une structure nécessite et exige des relations stables
 Une relation requiert deux termes d’un point de vue unique
 Pour aboutir à ce fait, le recours aux axes sémantiques s’avère utile.
Selon A-J Greimas ce qui prime dans une opposition, c’est l’existence d’une dimension à
l’intérieur de laquelle cette opposition se présente. Cette dernière se manifeste sous deux
pôles extrêmes d’un même axe : axe sémantique. Greimas le présente comme le fond sur
lequel se dégage l’articulation de la signification. Ce fond de l'articulation du sens n’est pas
propre uniquement à la sémantique.

IV. Phonologie
L’école de Prague a proposé pour l’analyse phonologique le principe qu’un phonème ne
peut se définir en tant que tel que par les différents rapports qu’il entretient avec les autres.
Soit la paire minimale pas et bas, l’opposition entre ces deux suites est réductible à
l’opposition de [p] (non voisée) vs [b] (voisée) : donc les deux phonèmes ne se distinguent
qu’à partir d’un même axe, celui du voisement.

V. Syntaxe
Dans les études traditionnelles, les constituants syntaxiques d’un énoncé (sujet/objet)
étaient définis intrinsèquement par leur potentiel logico-sémantique.
Sujet : celui qui fait l’action
Objet : celui qui subit l’action
En syntaxe structurale, les constituants de l’énoncé sont constitués selon les critères
relationnels ou structurels abstractions faite de leur sens.
Sujet est défini par :
 Sa position dans l’énoncé par rapports aux autres constituants au SV (forme
canonique)
 Le chien aboie
 Les marques morphologiques qu’il confère au SV (l’accord)
 Les chiens aboient
VI. Sémantique
Considérons les deux unités blanc vs noir sur le plan sémantique, l’opposition permet de
relever un point commun deux lexèmes à savoir la couleur.
La différence de deux sens au sein des paires minimales de mots porte sur l’opposition de
leurs traits sémantiques.
« aboyer » vs « miauler » constituent une paire minimale :
 Ils partagent un trait commun, ils sont « une manifestation sonore buccale »
correspondant à « crier »
 Ils s’opposent par les traits « émise par le chien » / « émise par le chat »
L’ensemble des éléments qui constituent l’axe sémantique {Greimas} se présente sous forme
de relation binaire.

Articulation sémique

Par comparaison des deux lexèmes fille vs garçon, on peut dégager les éléments de
signification qui les opposent à savoir féminité vs masculinité. Ces derniers sont dits des
traits distinctifs ou sèmes.

VII. Le sème
La découverte de l’unité minimale de sens fut le principe le plus important qui confère à
la sémantique son statut de discipline structurale.
Le sens d’une entrée du dictionnaire peut ainsi être décomposé en éléments ou constituants
sémiques.
Les sèmes des traits inhérents du sens.

Primitives sémantiques : éléments les plus basiques qui ne peuvent pas se décomposer.
les sèmes fournissent les critères indispensables à l’ordonnancement et à la structuration des
lexèmes.
L’unité minimale de sens, le trait pertinent du contenu sémantique, l’invariant de sens
s’appelle marque sémique, marqueur sémique ou sème.

Sèmes S1 S2 S3
lexèmes

Homme Humain Male Adulte


Vache Bovin Femelle Adulte

Les sèmes sont des universaux substantiels (action, état, espace, temps…)
Le nombre des sèmes étant très grand, il sera presque impossible de dresser l’inventaire de ces
universaux sémantiques.
Le sème se définit comme l’unité minimale de signification non susceptible de réalisation
indépendante. Il ne se réalise jamais qu’au sein d’une configuration sémantique (un faisceau
de sèmes qui caractérise le sens de morphème)

Sémème
VIII. Le sémème
Contrairement au morphème, qui constitue un signe linguistique autonome, le sème ne se
réalise jamais qu’au sein d’une configuration sémantique.
Faisceau de sèmes qui caractérise le sens du morphème sémème.
Par le biais des sèmes, on peut structurer les ensembles lexématiques. Ils permettent au
linguiste de découvrir les microsystèmes lexicaux.
Le microsystème lexical est un ensemble des mots qui :
 Limitent un domaine conceptuel lexicalisé dans lequel le signifié d’un mot recouvre
partiellement le signifié de tous les autres.
 Tirent leur valeur de leur opposition réciproque.
Dans l’analyse sémique, on oppose les sens des signes qui forment un microsystème lexical à
fin de découvrir :
 Ce qui les rapproche (sèmes identiques)
 Ce qui les différencier (sèmes spécifiques)
L’augmentation du nombre des unités lexicales comparées permet d’affiner le sens de
chacune d’elle.
B. Pottier a décomposé le système des mots formant le microsystème lexical porteur du
signifié « sièges », à l’aide de six sèmes. Les lexèmes de ce microsystème apparaissent
comme marqués par la présence de certains sèmes et l’absence d’autres. A chacun des
morphèmes lexicaux parmi ceux relatifs au champ sémantique « siège » correspond au
sémème constitué par un ensemble de sèmes.

IX. Grille sémantique


Sèmes S1 S2 S3 S4 S5 S6
Pour Sur pieds Pour une Avec Avec bras En matière
s’asseoir personne dossier rigide
lexèmes

Chaise + + + + - +
Fauteuil + + + + + +
tabouret + + + - - +
Canapé + + - + + +
Pouf + - + - - -
X. Le Classème

Les classèmes ou les sèmes contextuels sont des traits sémiques combinatoires
ou des restrictions de sélections relatives à l’environnement syntagmatique. Les classèmes
sont des unités sémiques minimales dues à l’axe syntagmatique, à l’environnement dans
lequel les morphèmes lexicaux apparaissent.
La vocation des classèmes est d’assurer, par excellence, la cohérence sémique d’un énoncé.
Unités prédicatives et redondantes, les classèmes prouvent que le sens s’établit
syntagmatiquement, par un jeu complexe d’itérations et d’ordonnancement.

Ils sont des unités minimales de sens qui concernent des faits combinatoires et
appartiennent au niveau sémantique global.
Leur manifestation garantit l’unité sémantique des messages à communiquer.
Les sèmes contextuels consistent en ce dénominateur à toute une classe de
contexte.
Ce dernier est considéré comme une unité de discours supérieure au lexème.

Sèmes  Relèvent de l’univers immanent du sens.


 De l’univers sémiologique.
 Sont le fait de l’axe paradigmatique.
Classèmes  Appartiennent à l’univers manifesté.
 Ils sont le fait de l’axe syntagmatique.

Cependant, le statut des éléments du contexte entrant dans la constitution du sémème reste à
préciser et à déterminer.
Ex : le chien aboie.
 L’analyse contextuelle du verbe « aboie » permet de fournir le noyau sémique NS1 « sorte
de cri ».
 D’autre part, le NS révèle la possibilité de la mise en relation de deux
catégories de classes contextuelles « Sujet » pouvant se combiner avec le verbe « aboyer ».
1. La classe des animaux :
- Le chien
- Le renard
- Le chacal
2. La classe des humains :
- L’homme
- Le commissaire
- Le commandant
Le sème qui caractérise la 1ère catégorie est « animal » CS1.
Le sème qui caractérise la 2ème classe est « humain » CS2.
En combinant le NS1 avec les sèmes qui se manifestent à l’aide de l’un des contextes
occurrents on constitue d’autres sémèmes différents.
SM1 = NS1 + CS1 : (cas animal) SM = sémème ; NS = noyau sémique
SM2 = NS1 + CS2 : (cas humain) CS = classe sémiqu
XI. Typologie des constituants sémantiques
L’analyse componentielle (Microsémantique) renvoie à deux catégories de concepts :
 Le sémème et sa structure
 L’isotopie
Le sémème est construit par :
Le sémantème Le classème
L’ensemble des sèmes spécifiques du L’ensemble des sèmes génériques du
sémème sémème

A) Sèmes génériques (ou classèmes)


Ils permettent de rapprocher deux ou plusieurs sémèmes voisins par rapport à une classe
sémantique plus étendue.
Ex : « jus d’orange » et « café » ont comme traits génériques /liquide + boisson/.
Ces traits caractérisent d’autres référents comme « thé » et qui font partie d’une même classe
du //boissons//.
Sème générique marque l’appartenance du sème à une classe sémique

Sème microgénérique Sème mésogénérique Sème macrogénérique


Relatif à un taxème Relatif à un domaine Relatif à une dimension
La classe minimale ou les Un groupe de taxèmes tel Une classe de généralité
sémèmes sont interdéfinis. que dans un champ donné il supérieure. Elle inclut des
Ex « cigarette, cigare, pipe » n’existe pas de polysémie. sémèmes comportant un
s’opposent au sein du taxème même trait générique /animé
/tabac/ vs inanimé/

B) Sèmes spécifiques (ou sémantèmes)


Ce sont des traits par lesquels les unités lexicales d’une même classe se distinguent les
uns des autres.
Le thé et le café, appartenant à la même classe, se distinguent par des sèmes spécifiques :
/préparé avec des feuilles/ pour le thé.
/Préparé avec des graines torréfiées/ pour le café.
S1 S2 S3 S4 S5
Véhicule Traction Quatre Transport Transport
Sèmes moteur roues personne marchandise

lexèmes
Automobile + + + + -
Camion + + + - +

/véhicule + traction moteur + quatre roues/ Sèmes génériques


/transport personne + transport marchandise/ Sèmes spécifiques
Les sèmes génériques et les sèmes spécifiques permettent de dessiner une arborescente. A
la lumière de cette représentation, on peut montrer que la position sur le diagramme est la
seule condition qui détermine le caractère du sème. Le fait d’être générique ou spécifique
n’est pas par nature.

Humain (SG : relation d’identité entre


les différents sèmes par inclusion )

-femelle +femelle (SG. SS)

-adulte +adulte -adulte +adulte


(Garçon) (Homme) (Fille) (Femme)

Lexèmes //// sèmes Humain Adule Femelle


Homme + + -
Femme + + +
Garçon + - -
Fille + - +

XII. Sèmes inhérents


Ce sont des traits sémantiques hérités par défaut du type d’occurrence, si le contexte ne
l’interdit pas.
Ex : /noir/ pour corbeau
Mais aucun sème inhérent n’est manifesté en tout contexte.

XIII. Sèmes afférents


Ce sont des traits actualisés par des contraintes contextuelles.
Il existe des sèmes afférents socialement normés qui dépendent de normes sociales
différents de la langue.
(Ex : un corbeau de mauvaise augure)
Il existe des sèmes afférents contextuels qui résultent uniquement de la propagation
des sèmes en contexte.
(Ex : le corbeau apprivoisé)
Les deux notions de sèmes se présupposent. Il faut les penser ensemble. La différence entre
sèmes inhérents et afférents (comme c’est le cas pour les sèmes spécifiques et génériques) est
relative : différence graduelle (de degré plus que de nature)
Ex : soit les termes caviar et arêtes (titre le caviar et les arêtes, le journal « le canard
enchainé ». 30/11/1983)
Un sème microgénérique
1- /partie de poisson/ pour les deux sémèmes « caviar » & « arêtes » qui s’opposent par au
moins un sème spécifique.
2-/comestible/ pour caviar
3-/non comestible/ pour arêtes
L’ensemble de ces traits (1, 2 et 3) sont inhérents (codifiés en langue)
La connaissance des normes sociales ; la prise en compte de l’ensemble des paramètres
pragmatiques et énonciatifs
Construction des sèmes afférents
(À partir de caviar et arêtes)
Inférence contextuelle (entre autres)
Le type du journal –le canard enchainé- qualifié comme satirique (spécialisé dans la critique
socio-politique).
Connaissance des normes sociales à intégrer dans l’extraction des sèmes afférents :
Le prix du caviar (pas à la portée de tout le monde)
- Sème générique afférent /conditions économiques/
- Sème spécifique afférent /luxe/
La qualité des arêtes
- Sème afférent /misère/ & /pauvreté/
Chapitre II
La sémantique interprétative
L’isotopie

Un texte ne peut être considéré comme un signifiant global que si nous pouvons y
déterminer une ou plusieurs isotopies en relation.
Greimas : « l’isotopie est la caractéristique principale d’une unité sémantique permettant
d’appréhender un discours comme un tout de signifiant ».
L’interprétation d’un texte littéraire est une activité dynamique qui met en jeu une suite
d’opérations permettant d’attribuer un ou plusieurs sens à un texte donné. Lecture plurielle
due aux racines historiques des mots et leurs associations avec d’autres unités.
 L’interprétation plausible est celle qui détermine le(s) sens d’une œuvre d’une manière
correspondante aux éléments de preuves pertinents.
 La dissimilation : identifie des contrastes sémantiques faibles et souligne l’apport
sémantique spécifique des occurrences les unes par rapport aux autres.
Ex. « une femme est une femme » pseudo-tautologie
On peut avoir l’impression que l’on dit la même chose (contraste sémantique très faible), pour
interpréter il faut donner un sens différent à la seconde occurrence de « femme ».
Le contexte textuel joue un rôle créateur au cours de l’interprétation. Il permet de valider les
traits inhérents ou d’actualiser par propagation des traits afférents. Le texte n’est pas une suite
arbitraire de mots ou de phrases. On lui reconnait une propriété de cohésion, une certaine
unité thématique se caractérisant par une progression.

I. L’isotopie
 La structuration lexico-sémantique d’une œuvre.
 La construction de thématiques majeures qui la tissent.
Le concept central dans le cadre de la sémantique interprétative « l’isotopie » : productivité et
résultats incontestable. Elle constitue une grille de lecture qui rend homogène la surface d’un
texte.
Celui du contenu invariant quel que soit le contexte. Celui produit par l’interprétation
contextuelle et traitante la structure sémique et les relations intersémique dans la langue
comme en contexte. Tel est le fondement de la sémantique interprétative pour laquelle toute
séparation de ces deux niveaux de description est vouée à l’échec.
La sémantique interprétative ne considère pas les sèmes comme des composants sémantiques
préexistants qu’il conviendra d’assembler pour décrire le sens de chaque signe. On renonce
d’emblée à faire des sèmes des primitifs ils sont relatifs aux contextes qui mettent les signes
en relation. Le niveau de la description en sèmes s’ajuste en fonction du contexte de l’analyse
sémantique.
Pas de lecture unique, complète et définitive.
Ces propriétés se traduisent par deux opérations interprétatives :
 L’assimilation se produit par des contrastes sémantiques forts
Ex. « des fous, des femmes et des fainéants »
Le second terme se trouve influencé par les termes à valeur nettement péjorative qui
l’entourent : « femmes » a acquis le trait négatif propage par les unités lexicales avoisinantes
« fous » et « fainéants » à titre de sème altèrent contextuel.
 La dissimilation : identifie des contrastes sémantiques faibles et souligne l'apport
sémantique spécifique des occurrences les unes par rapport aux autres.
Ex. « une femme est une femme. » pseudo-tautologie.
On peut avoir l'impression que l’on dit la même chose (contraste sémantique très faible)
Pour interpréter correctement, il faut donner un sens différent à la seconde occurrence de «
femme »

II. Le concept de l’isotopie


« La théorie de la sémantique interprétative –dont les progrès accomplis en matière de
traitement des données textuelles- recèlent un potentiel bienfaisant un apport des matériaux et
de réflexion important aux lecteurs confrontes à la complexité des textes littéraires » [R.
Rastier. 2009]
Parmi les concepts clés de cette théorie : l’isotopie (en particulier) réputée comme étant sa
pierre angulaire et un moyen assurant l’unité du texte et sa cohérence.
La sémantique précédée par une distinction entre les similitudes et les différences
phonologiques. Les oppositions permettant de définir les relations de sens sur le plan de l’axe
sémantique. Si la sémantique componentielle traite les composants du sémème, l’analyse
textuelle doit prendre en compte les deux paliers d’une description linguistique.
La sémantique interprétative a pu se disciplinariser grâce aux travaux de son fondateur R
Rastier et aux apports synthétises de Hejlmsles, de Coseriu et de Pottier.

III. Structuralisme saussurien & la sémantique structurale européenne


Contribution à la progression de l’analyse de la signification des unités lexicales
introduction de concept champ lexico-sémantique, sème, sémème, archisémème, scotopie…
Définie comme la récurrence syntagmatique d’un sème dans l’étendu du texte, l’isotopie a
pour objectif d’expliquer ce qui fait l’unité d’un texte. Elle a été employée pour la 1 ère fois en
1966 par A - J Greimas dans la sémantique structurale. Mais la notion s’est étendue à
d’autres domaines par la suite (R. Rastier, M. Arrivé, C. Kerbrat Orcchioni…)
Greimas ; « par isotopie, nous entendons un ensemble redondant de catégories sémantiques
qui rend possible la lecture uniforme du récit, telle qu’elle résulte des lectures partielles des
énoncés et de la résolution de leur ambiguïté qui est guidée par la recherche de lecture
unique ».
Quant au sens (restreint) qu’il revêt en sémantique, l’isotopie désigne la redondance d’un
sème quel qu’il soit dénotatif ou connotatif, générique ou spécifique qu’une fois repéré
assure l’homogénéité sémantique du texte et donc sa lecture comme un tout cohérent.
L’isotopie est un trait sémantique commun qui permet de relier les unités lexicales se
rapportant au même thème. Elles constituent un ensemble non ambigu où le phénomène de
l’isotopie a joué le rôle du réducteur de la polysémie textuelle. La renaissance d’une ou de
plusieurs isotopie dans un texte assure sa cohésion. Lire un texte, c’est identifier la (les)
isotopie(s) qui le parcoure(nt) et suivre le dis(cours) de ces isotopies.
En somme, l’embrayage d’une lecture isotopique dépend de la capacité à détecter la
récurrence des sèmes. Chose qui ne peut aboutir que si le lecteur procède par relecture,
considérée comme étant l’une des formes privilégiées de lecture / construction de sens.

IV. L’isotopie et le champ lexical


L’analyse thématique d’un texte est une méthode traditionnelle qui fait appel à deux
notions : l’isotopie et le champ lexical. Bien qu’elles renvoient à une même conception, se
démarquent l’une de l’autre. La construction des champs lexicaux constitue un 1ere moyen
d’accès à la signification d’un texte :
Il s’agit d’analyser le texte, de ranger les termes de lexique sous des catégories sémantiques
larges qui se dégagent et se précisent à mesure que s’affine la compréhension du sens global.
 Le champ lexical est un ensemble de mots de différentes catégories grammaticales
qui dénotent d’une manière explicite leur appartenance à un même thème, à un même
champ conceptuel.
Ex : fleurs, herbe, foret… renvoient au thème de la nature et ce manière explicite.
 L’isotopie permet une appréhension plus large d’un thème. Elle se définit comme un
ensemble de mots qui renvoient au même thème, mais par un jeu de référence
emprunté au mode d’expression directe et indirecte. Contrairement au champ lexical,
l’isotopie intègre les valeurs connotatives dans la construction du sens.
Ex : blessure, rouge, flèche, douleur, cœur
Termes se caractérisant par une ambigüité qui demande une interprétation contextuelle pour la
lever.

V. Types d’isotopie
Deux isotopies sont à distinguer :
 L’isotopie générique (isotopie sémantique) : récurrence de sème générique.
 L’isotopie spécifique (isotopie sémiotique) : résulte de l’itération de sèmes
spécifiques.
1) L’isotopie générique
Elle se devise en trois classes en fonction de la classe sémantique à laquelle elle est liée :
taxème, domaine et dimension.
a) Isotopie microgénérique
Relative par la récurrence d’un sème microgénérique associant les sémèmes d’un même
taxème.
Exemple :
Le sème microgénérique /couvert/ indique l’appartenance des sémèmes : fourchette, couteau,
cuillère au même taxème //ustensiles//.
b) Isotopie mésogénérique
Elle se caractérise par l’itération du sème mésogénérique indexant les sémèmes d’un même
domaine.
Exemple :
Le sème mésogénérique /maritime/ se répète dans bateau, naviguer, vigie, ancre, matelot…
Les isotopie mésogénériques, associées à des domaines, déterminent le thème ou le sujet du
texte. En plus, elles induisent les impressions référentielles dominantes.
c) Isotopie macrogénérique
Elle est définie par la redondance d’un sème macrogénérique indexant les sémèmes d’une
même dimension.
Exemple :
/animé/ dans femme, mouche, oiseau, rat…
/non animé/ dans pierre, stable, montagne…

2) Isotopie spécifique
Elle se forme à partir de la répétition de sèmes spécifiques dont le rôle est singulariser et
de disjoindre les sémèmes au sein des classes. Rastier cite un vers d’Eluard : [l’aube allume
la source] où la récurrence dus sème spécifique inhérent /inchoativité/, dans l’aube, allume et
source, forme une isotopie spécifique.
L’isotopie spécifique permet d’analyser en détail les isotopies génériques et les articuler entre
elles. Elle peut aussi indexer des sémèmes appartenant au même domaine ou à la même
dimension et participer à des connexions métaphoriques.
Exemple : Quand Hugo parle de la « faucille d’or » pour évoquer la lune, le trait spécifique
/en forme de croissant/ constitue une isotopie entre la lune et faucille.

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