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Analyse Acte ІІ scène І

Questions :

1) La situation de l’extrait

La situation permet de mettre le lecteur dans l’ambiance de la scène en l’informant des


événements importants qui précèdent l’extrait en question.

-On doit éviter les digressions : les détails qui n’ont aucun rôle dans la compréhension de
l’extrait ;

- si l’extrait se trouve dans l’acte 3, il ne faut pas remonter trop an arrière pour le situer.

1)La situation

Après sa violation de l’intimité de Dona sol et son affrontement à Hernani, le Roi justifie
sa présence au palais de Don Gomez pour une cause politique. Néanmoins, il arrive à
entendre les paroles des deux amoureux qui se donnent rendez-vous demain minuit. Le
signal de la rencontre sera de taper trois fois des mains. Dona sol compte s’enfuir avec
Hernani évitant un mariage forcé avec son oncle (protecteur).

Le second acte s’ouvre sur le personnage du roi qui devance Hernani, voulant ainsi
enlever la belle jeune femme avant l’arrivée de son amoureux. Sa suite composée de
quatre seigneurs l’accompagne pour l’aider à exécuter son plan.

2) l’intrigue de l’extrait doit être évoquée brièvement.

L’intrigue de cet extrait concerne l’un des files de l’intrigue principale : Il s’agit de
l’amour de Don Carlos pour Dona sol. Une passion physique qui accompagne la majorité
des événements et ne s’arrête que dans l’acte quatre, quand le Roi est sacré empereur.

Cet amour rencontre l’obstacle du non partage de la part de Dona Sol, on peut aussi
évoquer qu’Hernani est un obstacle pour D. Carlos.

3) Relevez les contradictions dans l’extrait

La première contradiction concerne le changement de rôle. Le roi prend le rôle du


bandit.

Ce changement imprègne la totalité de la scène première. V. Hugo vise à mettre le roi


dans des situations indignes de son rang. Il s’agit d’une critique des modèles du théâtre
classique. Au lieu de montrer des qualités qui se rapprochent de celles des dieux, D.
Carlos laisse voir sa condition humaine.

a) Il prend la place du bandit. Le titre du second acte annonce l’apparition du héros,


Hernani, le vrai bandit. Toutefois, la levée du rideau laisse voir D. Carlos accompagné
de sa suite.
L’accoutrement du groupe : chapeaux rabattus, enveloppés de longs manteaux, épées
soulevant le bord des manteaux. En plus, il fait nuit.
Le roi et sa suite se mettent dans la peau d’un bandit accompagné de sa bande.
Ce changement se lit dans ses propos. Les vers 436, 437, 438, vont nous exprimer
cette nouvelle personnalité.
Il veut transmettre l’idée de sa noblesse et sa grandeur face à la bassesse, à la
monstruosité d’Hernani. Pour cela, il dévoile la vérité de ce personnage qui est un
bandit dont l’apparence est celle d’un homme galant : « à mine de galant ». Ce
dévoilement qui vise à rabaisser Hernani en montrant l’écart entre l’apparence et le
fond par l’antithèse : mine de galant et creuser quelque tombe, s’attarde à quelque
meurtre ; crée aussi un comique puisque Don Carlos expose son geste d’enlèvement
comme normal.
La moquerie et le sens de l’humour que D. Carlos provoque par l’opposition entre les
actions du bandit et son apparence ; se retourne contre lui qui planifie un enlèvement.
La noblesse apparente cache un malfaiteur et un brigand. Le roi équivaut le bandit.
b) Le changement affecte aussi les rapports du roi avec les hommes de sa suite.
Les vers 427, 428, Don Sancho s’adresse à D. Carlos dans les termes qui suivent :
« Mais pourquoi le lâcher lorsque vous le tenez ? »
Avant ce vers D. Sancho interrogeait le roi à propos de quelques détails de sa
rencontre avec Hernani. Le roi, désintéressé, répond vaguement. D. Sancho change de
ton, il reproche au roi d’avoir laissé partir le bandit. Ce reproche prend la tournure
d’une interrogation. D. Sancho revêt le rôle d’un personnage supérieur au roi.
Au vers 428, le roi reprend d’abord la posture qu’il faut (se tourne gravement et le
regarde en face). Le ton ferme, il lui rappelle qu’il est un comte. Donc, il reste un sujet
du roi. Le vouvoiement ne signifie pas le respect, mais plutôt la distance qui les
sépare : distance entre un roi et un comte.
Il le rappelle à l’ordre en soulignant la nature de son discours : qui est la question.
Le reproche qu’il adresse à D. Sancho c’est d’oser interroger le roi. La phrase
affirmative « vous m’interrogez » laisse voir une litote qui est une figure de pensée
qui dit moins pour signifier plus. Le reproche très atténué signifie le mépris d’un sujet
qui ose l’interroger. Toi, un comte tu oses m’interroger.
Par cette réaction, le roi reprend sa place qui est d’être au-dessus de toute action
indigne de sa classe sociale. L’interlocuteur doit choisir un discours approprié.
La réaction du roi porte sur le discours lui-même, sa forme qui est l’interrogation et
non pas le contenu puisqu’il va lui répondre juste après.
- Nous aurons presque la même situation avec Don Ricardo qui se permet dans
les vers 439 et 440 de conseiller le roi en ce qui concerne l’attitude à prendre
face à Hernani.

D. Ricardo : « Altesse, il eût fallu, pour compléter le tour, / Dénicher la


colombe en tuant le vautour »

D. Carlos : « Comte !un digne conseil ! vous avez la main prompte »


-Le roi tourne le conseil contre D. Ricardo en utilisant les points d’exclamation qui
inversent le sens des mots :

En l’appelant comte, le roi souligne son rang inférieur (même s’il se trompe sur
son rang. Donc, D. Ricardo n’est pas dans une situation qui lui permet de
conseiller le roi. Le roi élimine le fondement de ce conseil par l’adjectif « digne »
qui devient par l’exclamation le contraire « indigne, déraisonnable, insensé ».
Pourquoi donc ? Le roi critique D. Ricardo en usant de l’ironie cette fois-ci,

L’ironie est une figure qui dit le contraire de ce qu’elle signifie. Autrement-dit, si
le roi s’adresse à D. Ricardo en décrivant le mouvement rapide de sa main, il
signifie le contraire, c’est-à-dire, que D. Ricardo qui lui conseille de tuer Hernani
sera, lui, incapable d’exécuter ce conseil car il est lent. Donc, il n’a pas la rapidité
et dextérité nécessaires pour tuer le bandit.

Cette lenteur du comte va devenir visible au vers 553 :

« Hernani répond à Don Carlos :

Vos amis sont au pouvoir des miens/ Et ne réclamez pas leur épée impuissante »
(P : 53).

c) Contraste entre la position sociale et les comportements et les sentiments


Le premier aspect relève du libertinage.
Le roi est homme libertin, débauché que V. Hugo place dans des situations risibles
(loufoques, grotesques) afin de souligner qu’il reste un être de chair et de sang.
Dans le vers 415, son expression : « mon sang bout » montre d’abord son impatience,
lorsqu’il s’aperçoit que l’instant de la rencontre n’est pas encore arrivé : « Des
lumières partout où je n’en voudrais pas, hors cette fenêtre ». L’impatience, l’attente
sont des sentiments qui laissent voir sa faiblesse comme étant un homme tout
simplement qui aime une femme.
- La passion et l’amour

Les vers 431, 432 expriment la passion face à la beauté de Dona sol

« J’en suis amoureux fou ! Les yeux noirs les plus beaux,
Mes amis ! deux miroirs ! deux rayons ! deux flambeaux !
L’amour qu’exprime le roi se montre à travers l’éloge qu’il fait à Dona sol :
« deux miroirs ! deux rayons ! deux flambeaux » Ici la gradation au niveau de
l’intensité de la lumière laisse voir sa passion pour l’héroïne.
Cette passion pour une femme qui n’est pas de son rang malgré qu’elle est noble,
montre sa faiblesse (toute humaine d’ailleurs). De plus, ces vers soulignent que le
roi s’occupe d’assouvir ses activités sentimentales au lieu de s’occuper des affaires
de l’état. L’une d’elles consiste à sécuriser les terres sous son pouvoir.
On le voit négliger ses charges, le vers 429 : « Et d’ailleurs ce n’est point le souci
qui m’arrête/ J’en veux à sa maîtresse et non point à sa tête.
« pendant que ce bandit/ …/ s’attarde à quelques meurtre/ Je viens dénicher sa
colombe ».
Le roi s’adresse à sa suite en exposant la fierté et la malice, en donnant à son geste,
celui d’enlever la jeune femme, beaucoup d’importance et en le considérant
comme un exploit. On peut constater que le roi se place au niveau du bandit.
Pour plusieurs raisons : il le remplace au rendez-vous : il se retrouve au lieu et en
temps voulu ;
- il donne le signal qu’attend D. sol pour sortir ;
- il commet un crime qui est de préparer un enlèvement.
L’extrait n° : 2. Acte 3, scène 1.
Du vers 726 au vers : 748.
La situation
Cet extrait annonce l’arrivée du jour du mariage de Doña Sol et de Don Gomez. Malgré les
tentatives de la fuite de la jeune femme avec son amoureux, Hernani, l’échec était au rendez-
vous. Tout d’abord, Don Carlos, le roi, essaie de la kidnapper plusieurs fois sans succès grâce
à l’intervention d’Hernani.
D’autre part, la vengeance d’Hernani de Don Carlos, dont le père a tué celui d’Hernani,
empêche l’aboutissement de l’intrigue d’amour entre les deux héros : Doña Sol et Hernani.
L’intrigue
Cet extrait relate un seul fil d’intrigue : il s’agit de l’amour de Don Gomez pour Doña Sol qui
s’avère être un obstacle face aux projets sentimentaux des deux héros.
Les contradictions
Dans cette tirade, Don Gomez veut justifier son comportement d’avant, il vise aussi à
persuader Doña Sol de son grand amour à son égard.
Pour cela, il use d’une comparaison entre lui et le jeune pâtre pour lui montrer l’intensité de
ses sentiments.
Cet extrait dévoile la faiblesse de Don Gomez, causée par sa passion pour la jeune femme.
Une faiblesse qu’il affiche sous le couvert de la confidence et qui l’amène à considérer ses
propriétés, son nom, son titre et ses richesses comme inutiles puisqu’ils n’arrivent pas à lui
rendre sa jeunesse.
Au début, il essaie de justifier sa jalousie et sa méchanceté comme étant la démonstration de
son amour. Ce sentiment qu’il va placer comme l’origine de deux tendances paradoxales :
l’amour rajeunit le cœur (donc, il est heureux) mais la vieillesse l’engage dans des sentiments
comme la jalousie, la peur, la tristesse.
La première réaction est la perte du contrôle : « Ecoute, on n’est pas maître de soi-même,
amoureux comme je suis de toi/ Et vieux ». Ce comportement libère la jalousie et la
méchanceté qui deviennent des réactions normales et légitimes, puisqu’elles sont la preuve de
son amour.
Mais elles compensent sa vieillesse. Cette tare, qui reflète la réalité, le pousse à défendre son
amour en soupçonnant tous les jeunes hommes que la grâce et la beauté peuvent rapprocher
de Doña Sol. Ces atouts qu’il a perdus représentent, chez les autres jeunes hommes, une
menace constante qui éveille sa peur de perdre la jeune femme.
Cet état de faiblesse et d’instabilité qui s’extériorise par la jalousie et la méchanceté à l’égard
des autres expose, dans un mouvement introspectif, la honte de soi. Don Gomez se dévoile
face à doña Sol, l’appelant à plus de compassion à son égard. Sa vieillesse, de laquelle beauté
et jeunesse sont perdues, devient plus douloureuse sachant qu’elle flétrit le corps. A ce niveau,
l’amour qu’il ressent et qui a rajeuni son cœur a oublié son corps.
A ce stade de la confidence, Don Gomez essaie de tourner en dérision sa vieillesse en
proposant la métaphore de l’amour boiteux. Il ressemble à un homme à deux pieds : « remet
au cœur tant d’ivresse et de flamme/ ait oublié le corps », le cœur ivre et enflammé alors que
le corps est laissé à son état. Le corps est incapable de marcher à la même cadence que le
cœur jeune. Donc, il boite.
Le duc raconte à Doña Sol des détails qui visent à lui transmettre la force et la puissance de
son amour. Pour cela, il engage un parallélisme entre deux phrases : lui dans son près vert,
moi dans mes noires allées. Cette comparaison entre le pâtre et le Duc déshonore ce dernier :
« oui, c’en est là ! Souvent ». Vérité dont il a pleinement conscience, mais il avoue que la
comparaison le défavorise. Car face à la jeunesse du pâtre « son jeune front/ ses cheveux
sont noirs/ son œil reluit comme le tien » ; il est vieux « Et puis penser à moi qui suis vieux.
Je le sais !/ Pourtant j’ai nom Silva, mais ce n’est plus assez ! ». Et rien ne peut remplacer la
jeunesse.
Sa noblesse qui s’expose à travers son nom, son titre et toutes ses richesses n’a aucune valeur.
La répétition de l’adjectif vieux « mon vieux nom, mon vieux titre, toutes mes ruines, et tous
mes vieux aïeux » condense le sens de la vieillesse qui devient un défaut insurmontable.
- Dans ce passage, V. Hugo place le Duc dans une situation comique qui laisse
voir un amour impossible et déséquilibré quand un vieillard aime une jeune
femme. Ce comique est plus palpable puisque le Duc lui-même est conscient de
cette différence d’âge et de l’état de son corps en même temps qu’il essaie par
tous les moyens d’exprimer son amour à la jeune femme.
L’aspect romantique
Le propre de l’amour est d’être en contradiction avec la raison. Don Gomez, fou amoureux de
la jeune femme, est confronté à trois handicaps :
-Les jeunes hommes qu’elle peut rencontrer à tout moment sont une menace constante pour
lui ;
-Sa vieillesse qui est une réalité présente qu’il n’arrive pas à accepter ;
-L’impossible vœu qu’il espère est d’obtenir l’admiration de Doña Sol et son amour, et il sait
qu’il ne peut les recevoir.
Cette situation compliquée explique le malheur de Don Gomez alors que, normalement, tout
amour se vit dans le bonheur. Son malheur se lit dans cette phrase « mes noires allées »
L’obscurité se réfère à la nuit, et ce moment indique sur l’axe du temps : les dernières années
de la vie d’un être humain. Don Gomez appréhende la mort qui s’approche et menace de
l’emmener à chaque instant.
Le temps qui passe provoque chez le vieil homme le désespoir car il est tiraillé entre son
vieux corps et sa passion. Ce corps qui lui rappelle constamment le passage du temps et
l’amour qui lui rappelle une jeunesse impossible à retrouver. Don Gomez est confronté à cet
écoulement temporel qui ne peut s’arrêter malgré la jeunesse de son cœur.
Le paysage appuie ce passage du temps : la jeunesse du pâtre, la vieillesse de ses châteaux.
Ces paysages l’invitent à un rêve impossible : celui de retrouver la jeunesse, fuir la vieillesse.
Le présent s’impose avec son côté sombre et irréversible.

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