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INTRODUCTION

1- Contextualisation

Dans l’histoire littéraire : « Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut » est un roman paru en 1731, interdit pour
immoralité en 1733 par les autorités. L’œuvre apparaît en pleine Régence, période historique marquée par un relâchement des
mœurs en France, notamment à Paris. Le libertinage prend son essor au XVIIIème siècle ; la question de l’individu et de son
bonheur individuel émerge à cette époque, allant souvent à l’encontre de la morale et de l’idéal religieux du XVIIème siècle.

Au sein du roman : Nous sommes au début de l’œuvre et notamment au début du récit que fait Des Grieux au marquis de
Renoncour. Dans les pages qui précèdent, le marquis a raconté ses deux rencontres avec le chevalier, à deux ans d’intervalle.
Lors de la 1ère rencontre, le jeune homme suivait le convoi qui transportait sa maîtresse condamnée avec d’autres filles de joie
à être déportée en Amérique. Lors de la 2ème rencontre, le jeune homme est seul et, par gratitude envers le marquis, il
entreprend de lui narrer son histoire. DG remonte à l’époque de ses 17 ans, après qu’il a terminé ses études de philosophie à
Amiens ; rencontre de Manon Lescaut, alors qu’il s’apprête à retourner chez son père.

2- Composition de l’extrait

- Les circonstances de la rencontre : de « J’avais marqué … » (l.1) à « … la curiosité » (l.7)


- Le coup de foudre éprouvé : de « Il en sortit … » (l.7) à « … de mon cœur » (l.14).
- La conversation qui s’engage entre eux : de « Quoiqu’elle fût … » (l.14) à la fin.

3- Projet de lecture : Comment l’auteur renouvèle-t-il le topos de la rencontre amoureuse afin de susciter le plaisir du
romanesque ?

4- Lecture expressive du passage.

5- Explication linéaire.
Texte : Abbé Prévost, Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, 1753 (pages 29-30).

J'avais marqué le temps1 de mon départ d'Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour
plus tôt ! j'aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais
quitter cette ville, étant à me promener avec mon ami, qui s'appelait Tiberge, nous vîmes arriver le
coche2 d'Arras, et nous le suivîmes jusqu'à l'hôtellerie où ces voitures descendent. Nous n'avions
5 point d'autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt. Mais il
en resta une, fort jeune, qui s'arrêta seule dans la cour, pendant qu'un homme d'un âge avancé,
qui paraissait lui servir de conducteur, s'empressait pour faire tirer son équipage des paniers3. Elle
me parut si charmante, que moi, qui n'avais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une
fille avec un peu d’attention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je
10 me trouvai enflammé tout d'un coup jusqu'au transport4. J'avais le défaut d'être excessivement
timide et facile à déconcerter ; mais loin d'être arrêté alors par cette faiblesse, je m'avançai vers
la maîtresse de mon cœur. Quoiqu'elle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses
sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l'amenait à Amiens, et si elle y avait quelques
personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu'elle y était envoyée par ses parents
15 pour être religieuse. L'amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu'il était dans mon
cœur, que je regardai ce dessein5 comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai d'une manière
qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi ; c'était malgré
elle qu'on l'envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s'était déjà
déclaré et qui a causé dans la suite, tous ses malheurs et les miens.

1
Marqué le temps : décidé la date.
2
Coche : grande voiture >rée par des chevaux, servant au transport de voyageurs sur des trajets réguliers.
3
Paniers : grandes malles en osier qui, à l’arrière du coche, servaient de coffre à bagages.
4
Transport : mouvement passionné, qui rend incapable de se maîtriser soi-même.
5
Dessein : projet, inten>on.
Cita%on Analyse Interpréta%on
1er mouvement : le contexte de la
rencontre

« J’avais marqué », ligne 1 Plus-que-parfait à valeur d’accompli. DG porte un regard rétrospec;f sur son passé (analepse). Nous sommes en focalisa;on interne (narrateur autodiégé;que).
(alexandrin) L’accompli montre le côté immuable et volontaire de la décision

« Amiens », ligne 1. Nom propre de ville. CeWe indica;on permet un ancrage géographique au récit. -> Aspect vraisemblable (genre des Mémoires).
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Interrup;on dans le récit

« Hélas ! », ligne 1. Interjec%on -> marque de modalisa;on renforcée par Elle marque la désola;on de DG a posteriori (commentaire). Cela a un aspect élégiaque (forme de lamenta;on).
l’exclama%on.

« Que ne le marquais-je … », lignes 1- Proposi%on exclama%ve qui vaut une subordonnée de Structure qui marque la culpabilité et le regret de DG. Elle montre le poids du des;n puisqu’elle évoque l’idée qu’une
2. condi;on « si je … » conséquence funeste aurait pu être évitée en faisant un autre choix. = tragédie

« J’aurais porté … toute mon Condi%onnel passé à valeur d’irréel du passé : DG réécrit Cela sous-entend le regret de sa corrup;on. Il se présente comme un être ini;alement pur. Cela a une résonance
innocence », ligne 2. une autre histoire posi;ve (possible mais qui n’a pas eu lieu) religieuse : chute d’Adam + bannissement Eden / l’évoca;on du père a un double sens. DG se pose en vic;me ; cela
apporte une forme de drama;sa;on.
Hyperbole L’hyperbole évoque presque la sainteté de DG avant qu’il ne rencontre Manon.
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Retour au récit

« La veille même … Arras », lignes 2 à Compléments circonstanciels de temps qui posent le Le cadre est tout à fait anodin. Le narrateur liste l’enchaînement des causes : il s’agit d’une succession d’événement fortuits,
4. contexte de la rencontre. forme de hasard. La rencontre s’apparenterait à une forme de coïncidence.

« Coche d’Arras » « hôtellerie » Précisions géographiques. Champ lexical du voyage, du Thème qui annonce les errances des personnages. Cela donne une raison au déplacement de DG et, par extension, à la
« voitures », lignes 3 et 4. déplacement rencontre qui va survenir.

« Nous le suivîmes », ligne 4. Verbe suivre : verbe de mouvement. Ce verbe suggère un mouvement dans une direc;on marquée. Il s’agit d’une forme de fatalité ; le relais est un endroit animé
qui adre l’aWen;on, où l’on se rend nécessairement. Il provoque une sorte d’aWrac;on.

« Nous n’avions pas d’autre moEf que Présence d’une néga%on restric%ve Il s’agit d’une jus;fica;on qui met en avant l’innocence de ses inten;ons. DG inclut Tiberge (dans le pronom) dont le
… », lignes 4-5. et de la P4. portrait vertueux a été fait dans les lignes précédentes ; il est comme une cau;on morale.

Ce mouvement présente les regrets de DG et il nous montre, Ø L’auteur renouvelle le topos de la rencontre amoureuse car le narrateur commence par exprimer ses regrets avant
But de ce mouvement a posteriori, que le malheur subi est injus;fié et inexplicable, même d’évoquer le premier regard et la naissance de l’amour, ce qui est atypique pour une scène de 1er regard.
si ce n’est par le des;n. C’est peut-être une manière pour le
narrateur une manière de se déresponsabiliser.
Plaidoyer ?
2ème mouvement : un coup de foudre
bouleversant
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L’évoca;on de Manon

« Quelques femmes (…) une », l.5-6 An%thèse entre le déterminant indéfini « quelques » et Le déterminant « quelques » montre l’indis;nc;on des silhoueWes. Il s’agit d’une appari;on banale ; la singularité de
l’ar;cle indéfini « une » Manon s’oppose à la pluralité de ces femmes.

« qui se reErèrent aussitôt », ligne 5. Subordonnée rela;ve « qui … aussitôt » La subordonnée insiste sur l’aspect fur;f, et décep;f de ce surgissement. Cela est fait pour préparer l’entrée de Manon.
« il en resta », ligne 6. Opposi%on séman;que : s’arrêta / re;rèrent. Le 1er verbe montre la brièveté, tandis que le second marque la durée. A nouveau, Manon se dis;ngue.

« Mais … », ligne 6. Conjonc%on de coordina%on = rupture Il s’agit là d’un spectacle qui se dis;ngue du précédent.
« qui s’arrêta seule dans la cour », Adjec%f qualifica%f. L’adjec;f « seule » souligne l’adtude marginale de M. qui reste seule dans un lieu public, ce qui est peu conven;onnel (pas
lignes 5-6. de pudeur)
Lieu symbolique. L’évoca;on de ce lieu confère un côté théâtral à la scène.

« fort jeune … », ligne 6. Adverbe intensif « fort » Il s’agit du 1er trait physique de Manon. Cela reste vague, mais l’adverbe insiste sur la jeunesse de la femme, qui contraste
avec l’âge de celui qui l’accompagne, ce qui est une autre manière de la singulariser.
« pendant qu’un homme d’âge Subordonnée circonstancielle de temps. La subordonnée et les imparfaits permeWent une descrip;on d’arrière-plan. C’est une autre manière d’isoler Manon
avancé, qui paraissait … », lignes 6-7. Présence de verbes à l’imparfait. (évoquée avec des verbes au p. simple) qui fait par;e du premier plan.
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La métamorphose du narrateur

« Elle me parut si charmante que… », Verbe de percep%on « paraître ». Il évoque l’idée d’un spectacle. Il suggère importance du regard et montre l’intérêt de DG. (Figurants ont quiWé la scène).
lignes 7-8. D’ailleurs, elle est sujet du verbe, sans même agir, ce qui est une preuve de son pouvoir.
Polysémie de « charmante » Beauté physique de M ainsi qu’étymologiquement son côté enchanteur = sor;lège magique. Forme de trouble par ailleurs.
Conjonc%on de subordina%on :« si … que » Corréla;on de conséquence. Elle évoque un lien de cause à effet : la beauté engendre l’envoûtement. Cela cons;tue le
point de bascule dans la transforma;on de DG.

« Je me trouvai enflammé tout d’un Lexique de la passion amoureuse : métaphore du feu et Ces termes montrent les effets du charme évoqué précédemment. Emo;on intense suscitée en lui. « Jusqu’au transport »
coup jusqu’au transport », lignes 9-10. hyperbole (transport) = grada;on ? montre l’évolu;on de ses sen;ments et le fait qu’ il est dépossédé de sa volonté, il ne s’appar;ent plus. Amour qui
consume et dévore. Le lexique du feu est aussi un signe de l’Enfer vers lequel il s’engage.
Locu%on adverbiale « tout d’un coup » + passé simple Ces éléments meWent en évidence le côté immédiat du coup de foudre. Ils closent le changement qui s’est opéré en lui.
Verbe pronominal : « me » fonc;on COD. DG est ici objet de séduc;on, comme le prouve le pronom COD. DG se construit un ethos de vic;me de l’amour.
Récit du coup de foudre entrecoupé
de commentaires a posteriori. ↓

« Que moi … qui n’avais … moi dont Phrase complexe avec plusieurs subordonnées La longueur de la phrase révèle le trouble de DG et, d’autre part, elle peut mimer le processus de métamorphose de DG.
tout le monde … sagesse et retenue »,
l.8-9. Néga%ons : « n’avais jamais … ni » Elles révèlent le côté inexpérimenté de DG et soulignent son ingénuité et sa sagesse ini;ales.
Hyperbole : « tout le monde admirait … » Portrait méliora;f qui accentue la pureté de DG déjà évoquée au début de l’extrait. Il évoque le point de départ de sa
transforma;on.
Répé%%on du pronom « moi » Il montre la fracture qui s’opère en lui : le « moi » du passé s’oppose au « moi » amoureux de Manon.
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Un nouveau Des Grieux On constate une nouvelle percep;on de lui-même et un revirement de ses valeurs : ce qu’il considérait comme une vertu
« J’avais le défaut … Emide », l.10-11. Reprise nominale « ceWe faiblesse » est à présent un défaut.

Ce verbe montre l’audace du nouveau DG. Evolu;on et contraste dans son adtude puisqu’il prend une ini;a;ve
«Je m’avançai vers la maîtresse de Verbe d’ac%on au p.simple. amoureuse. Aspect galant (piédestal) : Elle suggère le pouvoir qu’elle a sur lui. Elle annonce, par ailleurs, le lien spécifique
mon cœur », lignes 11-12. Périphrase galante. qu’ils auront.
But de ce mouvement. Ce mouvement présente une scène de bascule essen;elle dans le roman qui L’auteur renouvelle le topos de la rencontre amoureuse puisque le coup de foudre n’est raconté que du point de vue de DG.
suscite le plaisir du romanesque. C’est la scène du coup de foudre et de ses
effets immédiats sur DG. Très peu d’informa;ons sont données concernant Manon, si bien que ce coup de foudre est empreint de mystère.
DG se singularise lui-même en devenant différent de ce qu’il était.
3ème mouvement : Manon, une
femme à part.
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Le début du dialogue

« Quoiqu’elle fût … », ligne 12. Subordonnée concessive /d’opposi;on. Elle met en évidence un décalage : l’adtude de Manon ne correspond pas à la pudeur qu’elle devrait laisser paraître pour
son âge. Inversion des rôles. Cela sous-entend l’étonnement du narrateur.

« Elle reçut mes politesses », ligne 12. Discours narra%visé Conven;on d’un premier dialogue respectées . DG engage convenablement le dialogue. Le verbe « recevoir » montre
qu’elle est objet de l’ac;on, ce qu’elle sera plusieurs fois au fil de l’œuvre.

« Sans paraître embarrassée », ligne Verbe d’état / litote. Le verbe sous-entend possiblement une idée de « jeu ». La litote nous laisse deviner une forme d’exper;se, voire une
13. no;on d’habitude.

« Je lui demandai » Verbes de paroles + discours indirect Rencontre qui passe par la parole. Cela prend presque une dimension théâtrale. Les verbes confirment la métamorphose
« Elle répondit », lignes 13 et 14. de DG : Forme d’audace. Ils par;cipent aussi du mystère : il est peu habituel qu’une jeune fille voyage seule.

« Ingénument », ligne 14. Adverbe de manière. L’adverbe traduit un double regard : DG jeune perçoit une forme de candeur. Ironie de DG narrateur qui sait que
La naïveté est feinte. Cela montre l’ambivalence de Manon. L’adverbe suggère forme de liber;nage. (ironie ?)

« Elle y était envoyée par ses … », Voie passive. Cela évoque sa soumission à l’autorité familiale. Son des;n est symétrique à celui de DG. Cela crée un obstacle ; la morale
lignes 14-15. religieuse / l’autorité face aux sen;ments amoureux.

L’expression de l’amour 1ère fois qu’il nomme ce sen;ment.

« L’amour me rendait … », ligne 15. Allégorie ? Métaphore de la lumière. Sen;ment qui domine DG. CeWe image évoque une forme d’inspira;on pour DG jeune. C’est le topos de l’amour maitre :
on apprend vite grâce à l’amour. Mais, on observe une forme d’ironie a posteriori

« Depuis un moment », ligne 15 Figure d’an%phrase. Marque d’ironie de DG narrateur, d’autant que les discours narra;visés et indirects accélèrent l’échange.
« Coup mortel », ligne 16. Hyperbole Elle traduit ‘l’intensité de sa passion et les excès qui y sont liés. Cela suggère une idée de fatalité (annonce malheurs à
venir) et l’impossibilité tragique d’y résister. + idée d’un amour physique à travers le terme « désirs »(même pour DG)

« Bien plus expérimentée », ligne 17. Compara%f de supériorité, accentué par l’adverbe « bien ». Aveu d’un manque de vertu. Image de débauchée. Précocité qui la rend marginale. Cela confirme son caractère et cela
invite à relire l’adverbe ingénument. On poursuit l’inversion des rôles évoquée précédemment.

« C’était malgré elle … », lignes 17-18 Discours indirect libre Cela marque son refus de se laisser enfermer au couvent et, par opposi;on, son refus de la norme.

« Son penchant au plaisir … et les Euphémisme Cela confirme la descrip;on faite plus haut. Mais le narrateur aWénue la réalité (peut-être en signe d’amour ?)
miens », ligne 19. Subordonnée rela;ve « qui s’était déjà déclaré » Cela évoque le péché de chair. On a l’image d’un passé sulfureux. Déca

Prolepse Elle place leur histoire d’amour sous le signe du malheur. Cela évoque la scène de la Chute (fruit défendu). C’est aussi une
manière de se dédouaner pour le narrateur. + adse aWente du lecteur (et par;cipe du plaisir du romanesque).
But de ce mouvement Ce mouvement se clôt sur toute l’ambiguïté de Manon et L’auteur renouvelle le topos de la rencontre amoureuse dans son traitement même : l’extrait glisse sub;lement du
sur le regard qui est porté sur elle. Loin d’être une enfant, sen;ment amoureux à une forme de plaisir, voire de liber;nage assumé. C’est en cela que l’on peut dire que le topos est
elle adse une certaine curiosité. Elle est une marginale, renouvelé.
parmi les marginales.
2ème mouvement : un coup de foudre
bouleversant
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L’évoca;on de Manon
…………………………………………………………………………………………… Cela montre l’indis;nc;on des silhoueWes. Il s’agit d’une appari;on banale ; la singularité de Manon s’oppose à la pluralité
« Quelques femmes (…) une », l.5-6 …………………………………………………………………………………………… de ces femmes.

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« qui se reErèrent aussitôt », ligne 5. …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
« il en resta », ligne 6. …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………. Conjonc%on de coordina%on = rupture ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………


…………………………………………………………. Adjec%f qualifica%f. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
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…………………………………………………………. Lieu symbolique. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

« fort jeune … », ligne 6. …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………


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…………………………………………………………. Subordonnée circonstancielle de temps. La subordonnée et les imparfaits permeWent une descrip;on d’arrière-plan. Cela permet d’isoler Manon, qui fait par;e du
…………………………………………………………. Présence de verbes à l’imparfait. premier plan.

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La métamorphose du narrateur ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
Verbe de percep%on « paraître ». ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
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…………………………………………………………. Polysémie de « charmante » ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
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Conjonc%on de subordina%on :« si … que » ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………………………………………………………………………………………… Ces termes montrent l’émo;on intense suscitée en lui. L’un montre l’évolu;on de ses sen;ments et le fait qu’il ne s’appar;ent
…………………………………………………………………………………………… plus. L’autre présente un amour qui consume et dévore ; cela peut aussi être un signe de l’Enfer vers lequel il s’engage.
« Je me trouvai enflammé tout d’un
coup jusqu’au transport », lignes 9-10. …………………………………………………………………………………………… Ces éléments meWent en évidence le côté immédiat du coup de foudre. Ils marquent le changement qui s’est opéré en lui.
…………………………………………………………………………………………… DG est ici objet de séduc;on. Il se construit un ethos, une image de vic;me de l’amour.

Récit du coup de foudre entrecoupé


de commentaires a posteriori. ↓
…………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
« Que moi … qui n’avais … moi dont …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
tout le monde … sagesse et retenue », …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
l.8-9. ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
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Un nouveau Des Grieux

« J’avais le défaut … Emide », l.10-11. Reprise nominale « ceWe faiblesse » ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………


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«Je m’avançai vers la maîtresse de …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………


mon cœur », lignes 11-12. …………………………………………………………………………………………… ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
En conclusion, il s’agit d’une scène de rencontre amoureuse tout à fait originale : qu’il s’agisse de la manière dont elle est relatée, des caractéris;ques des personnages ou
encore des sen;ments exprimés, il s’agit bien d’une rencontre à la marge des autres rencontres liWéraires. Elle par;cipe pleinement du plaisir du romanesque puisque le
lecteur est adré par le mystère Manon, dont il ne sait guère de choses, et par ceWe histoire tragique, dont il connaît déjà l’issue fatale.

Prolongement : la rencontre amoureuse dans La Princesse de Clèves, de Madame de La FayeWe en 1678.

Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa
beauté et sa parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec M. de Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui
entrait et à qui on faisait place. Mme de Clèves acheva de danser, et pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le Roi lui cria
de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui passait par-dessus quelque siège pour
arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin
qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans
avoir un grand étonnement.

M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de
son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges.

Prolongement : la réac;on de Cécile face à un inconnu dans Les Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos en 1782.

La jeune Cécile de Volanges, fraîchement sorEe du couvent pour être mariée à un homme qu’elle n’a encore jamais vu, raconte dans une le`re à une amie l’épisode suivant.

En entrant chez maman, j’ai vu un Monsieur en noir, debout auprès d’elle. Je l’ai salué du mieux que j’ai pu, et suis restée sans pouvoir bouger de ma
place. Tu juges combien je l’examinais ! « Madame, a-t-il dit à ma mère, en me saluant, voilà une charmante demoiselle, et je sens mieux que jamais le prix de
vos bontés. » À ce propos si positif, il m’a pris un tremblement tel que je ne pouvais me soutenir : j’ai trouvé un fauteuil, et je m’y suis assise, bien rouge et bien
déconcertée. J’y étais à peine, que voilà cet homme à mes genoux. Ta pauvre Cécile alors a perdu la tête ; j’étais, comme dit maman, tout effarouchée. Je me suis
levée en jetant un cri perçant ; … tiens, comme ce jour du tonnerre. Maman est partie d’un éclat de rire, en me disant : « Eh bien ! qu’avez-vous ? Asseyez-vous,
et donnez votre pied à monsieur. » En effet, ma chère amie, le monsieur était un cordonnier : je ne peux te rendre combien j’ai été honteuse ; par bonheur il n’y
avait que maman. Je crois que quand je serai mariée, je ne me servirai plus de ce cordonnier-là.

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