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Le roman 

Les liaisons dangereuses ne se limite pas un simple exercice


littéraire. Ce texte évoque surtout les enjeux de l'amour, de la
séduction, de la liberté et du refus des contraintes.
L'amour selon Laclos
 
Les liaisons dangereuses apparaît comme un roman largement plus connu
que son auteur, Choderlos de Laclos, un obscur officier militaire. Considéré
longtemps comme un texte immoral et licencieux, son ouvrage sort de l’oubli
uniquement à partir des années 1930. Laclos écrit son unique roman à 40
ans. Ce militaire à la vie conventionnelle n’est donc pas animé par la passion
littéraire. Son roman s’apparente à une mécanique de précision, avec
datations précises et méthodiques, à une machine de guerre implacable.
La vie de Laclos, malgré la popularité relative de son roman, n’a pas basculé
dans la célébrité. La routine de la vie militaire, ponctuée par les conversations
sur les femmes et les intrigues amoureuses, explique le désir d’écrire ce
roman. Laclos rencontre et épouse Marie Soulange en raison de l’innocence
et de la sensualité spontanée de la jeune femme. Dans son roman, la
présidente Tourvel présente ses caractéristiques. Même si sa naïveté la
conduit vers sa perte, ce personnage apparaît comme un idéal féminin pour
Laclos.
Les lettres des Liaisons dangereuses reflètent une préoccupation méthodique
de l’organisation, probablement inspirée du rapport militaire. Malgré ce ton
similaire, les lettres de Laclos envoyées à sa femme n’ont pas la froideur de
Valmont. Laclos expose des sentiments sincères. Pour Laclos, l’amour est un
champ de bataille. Les stratégies de séduction sont comparées à des
manœuvres militaires. Le combat et le conflit caractérisent alors les relations
amoureuses et sexuelles.
Toute une littérature du XVIIIème siècle insiste sur le danger des liaisons, sur
la séduction et l’importance de la morale. Mais la peur traverse le roman. Les
libertins renoncent au bonheur et ne craignent pas la mort. Le danger
provient alors de l’esclavage. La marquise de Merteuil cultive le libertinage
car elle refuse la condition d’esclave assignée aux femmes. La véritable
morale repose alors sur la liberté et l’autonomie.
La destruction des relations humaines et amoureuses provient de l’ordre
social. Laclos semble proche des idées de Rousseau. Les hommes
naturellement libres subissent l’oppression dès que la société se construit. Il
condamne la soumission des femmes. Laclos dénonce surtout l’appareil de
contrôle social et la répression sexuelle. Les individus doivent se soumettre
aux codes, aux conventions, aux normes sociales et se conformer au rôle
auquel la société les assigne. L’éducation et la famille imposent la morale
sexuelle. Dans Les liaisons dangereuses, la vertu est tournée en dérision et
devient objet de transgression. La vertu s’apparente à une façade morale
hypocrite associée à la chasteté et à l’innocence de la femme qui doit rester
dans l’ignorance et l’inexpérience. La religion masque les désirs libidineux. Le
christianisme encourage un comportement soumis et crédule dans un monde
de brutalité. La marquise estime que le christianisme est une religion pour les
esclaves.
Pour Laclos, la morale exigeante conduit au désastre. Il dénonce la
corruption sociale et l’hypocrisie. Dans ce contexte, la véritable vertu ne
réside pas dans la soumission, mais dans la lutte. Le courage du vertueux
consiste à se rebeller contre ses oppresseurs.
Le libertinage et la libération des désirs
 
Les Liaisons dangereuses attire le lecteur pour son érotisme transgressif.
Mais le libertinage intellectuel et calculateur de Valmont et Merteuil peut aussi
détruire les sentiments spontanés. Même si Laclos dénonce la société
patriarcale et l’aliénation des femmes, les féministes rejettent ce roman qui
insiste sur le désir masculin. Pourtant l’érotisme n’est jamais explicite. Les
relations sexuelles évoquées ne font jamais l’objet de descriptions.
La pensée libertine attaque la religion pour rechercher le plaisir. Mais le
libertinage, qui permet de jouir en évitant les souffrances de l’amour,
demeure réservé à une minorité. Des philosophes estiment au contraire que
la satisfaction sexuelle demeure un besoin humain de base, et non le choix
esthétique d’une minorité.

Derrière la mondanité, c’est l’éthique chrétienne qui est attaquée par Laclos.
Cette morale repose sur la répression des désirs. Le contrôle social et l’ordre
moral peuvent difficilement être transgressés. L’éducation répressive détruit
fortement les individus. Cécile de Volange, innocente et inexpérimentée,
bénéficie d’une éducation érotique et sensuelle de la part de Valmont, mais
aussi de la marquise. Lorsque son ignorance disparaît, elle s’ouvre avec
appétit à la découverte de la sexualité. Ce thème rejoint la pensée des
philosophes qui estiment que la soumission et la répression proviennent de
l’ignorance. L’éducation répressive ne permet pas aux individus de prendre
conscience de leurs besoins affectifs.
Mais le roman de Laclos évoque également la limite de la libération des
désirs. Le séducteur Valmont ne considère pas les femmes comme égales à
lui. Il ne peut alors pas atteindre la plénitude affective pour se contenter d’un
sentiment de domination. La relation entre le maître et l’esclave semble alors
corruptrice pour les deux parties. L’utilitarisme, le calcul rationnel et la
manipulation sont alors voués à l’échec. La liberté sexuelle doit donc
s’articuler avec l’égalité.
Merteuil finit par se venger d’un Valmont dominateur. Sa vengeance semble
celle de toutes les femmes. Merteuil « considère que le malheur de tant de
femmes résulte d’un abus social, d’une injustice », indique Biancamaria
Fontana. Cette guerre des sexes n’a pas d’issue dans la situation présentée
dans le roman. Seule une révolution amoureuse et sexuelle peut permettre
d’abattre la société patriarcale et ses conséquences. Valmont semble jaloux,
arrogant et possessif. Merteuil refuse de reprendre une relation avec lui, car
elle se rebelle contre la domination masculine incarnée par ce comportement
conventionnel des hommes qu’elle juge méprisable. « Il est probable que,
dans Les Liaisons dangereuses, l’amour et le pouvoir, le désir et la
destruction sont inextricablement liés », observe Biancamaria Fontana. La
passion amoureuse comprend des comportements destructeurs comme la
jalousie, la possessivité, l’égoïsme, l’inconstance. Ses sentiments doivent
être éradiqués pour permettre de réinventer l’amour. Au contraire, la
littérature et la société encouragent un amour absolu avec sa possessivité
destructrice, malgré son effet fatal.

 Le roman libertin :


Des le XVIIe siècle, des auteurs considérés comme libertins
semblent se faire connaître.

Cette écriture met en scène une liberté de penser et d’agir qui se


caractérise le plus souvent par une perversion morale ainsi qu’une
quête égoïste du plaisir.  
La vie en société est présente comme un jeu de dupe dont les
libertins maîtrisent à la perfection les codes et enjeux.

La séduction y est un art complexe que l’on entreprend comme un


défi (Dom Juan), un désir ou un amour propre.
La femme est identifiée comme une proie à « entreprendre » et à «
conquérir », qui finit plus au moins rapidement par céder devant
son « chasseur ».

Le libertinage de pensée
Le libertinage de pensée est un courant de pensée qui est apparu
au XVIIème siècle qui a pris son essor en Italie.  
Il est caractérisé par la prépondérance du matérialisme selon
lequel tout dans l’univers répond de la matière et non d’un
quelconque créateur. 
Les libertins sont pour la plupart athées et considèrent que la
raison est primordiale par rapport à la religion.

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