Vous êtes sur la page 1sur 13

LA LITTÉRATURE FRANÇAISE

CONTEMPORAINE

L’OULIPO

Doc. dr Nikola Bjelić


Faculté de philosophie de l’Université de Niš
Département de langue et littérature françaises
Histoire
 L’Ouvroir de littérature potentielle (acronyme OuLiPo ou Oulipo),
est un groupe d’écrivains qui naît au XXe siècle.
 Il s’agit d’une littérature inventive et innovante. 
 L’OuLiPo a été fondé le 24 novembre 1960, par François Le Lionnais,
Raymond Queneau et une dizaine de leurs amis écrivains et/ou
mathématiciens et/ou peintres : Albert-Marie Schmidt, Jean Queval,
Jean Lescure, Jacques Duchateau, Claude Berge et Jacques Bens.
 La réunion fondatrice a eu lieu au restaurant „Le Vrai Gascon“, 82 rue
du Bac à Paris.
 L’Ouvroir fut d’abord baptisé Sélitex (Séminaire de Littérature
Expérimentale), puis Olipo.
 Albert-Marie Schmidt lui donne son nom définitif, OuLiPo, le 13
février 1961.
 Les membres de l’Oulipo se réunissent une fois par mois pour
réfléchir autour des notions de contrainte, de littérature potentielle, et
produire de nouvelles structures destinées à encourager la création.
But
 Le propos était d’inventer de nouvelles formes poétiques ou
romanesques, résultant d’une sorte de transfert de technologie
entre Mathématiciens et Écrivains.
 L’OuLiPo a pour but de découvrir de nouvelles potentialités du
langage et de moderniser l’expression à travers des jeux
d’écriture.
 Le groupe est célèbre pour ses défis mathématiques imposés à la
langue, obligeant à des astuces créatives.
 L’Oulipo est fondée sur le principe que la contrainte provoque et
incite à la recherche de solutions originales. Il faut déjouer les
habitudes pour atteindre à la nouveauté.
 Les membres fondateurs se plaisaient à se décrire comme
des « rats qui construisent eux-mêmes le labyrinthe dont ils se
proposent de sortir. » (Queneau)
 L’OuLiPo se définit d’abord par ce qu’il n’est pas, selon
Raymond Queneau :
 Ce n’est pas un mouvement littéraire.
 Ce n’est pas un séminaire scientifique.
 Ce n’est pas de la littérature aléatoire.
 C’est un groupe des écrivains, dont les plus célèbres
sont Raymond Queneau, Italo Calvino et Georges
Perec, mais aussi des personnalités ayant une double
compétence comme les compositeurs de mathématique
et de poésie Jacques Roubaud et Olivier Salon, ou encore
de (presque) purs mathématiciens comme Claude Berge.
Recherches
 Considérant que les contraintes formelles sont un puissant
stimulant pour l’imagination, l’OuLiPo s’est fixé à ses
débuts deux directions de travail :
1) un travail synthétique (synthoulipisme), qui consiste en
l’invention et l’expérimentation de contraintes littéraires
nouvelles, avec éventuellement un exemple de texte pour
chaque proposition ;
2) un travail analytique (anoulipisme), qui consiste en la
recherche de ceux qui sont appelés, avec humour, les
« plagiaires par anticipation », soit un recensement de tous
les écrivains qui ont travaillé avec des contraintes, de
façon plus ou moins consciente, avant la création de
l’OuLiPo.
Synthoulipisme
 Les recherches en synthoulipisme constituent la face
la plus connue du grand public et surtout la plus
spectaculaire.
 Sont célèbres aujourd’hui les contraintes suivantes:
1) la méthode « S + 7 » mise au point par Jean
Lescure dès 1961 – la littérature combinatoire, qui
permit à Raymond Queneau d’écrire Cent mille
milliards de poèmes.
 C’est une méthode de création de textes littéraires
consistant à remplacer dans un texte source chaque nom
par le septième nom qui le suit dans un dictionnaire
donné.
 L’arbitraire du procédé conduit à des résultats d’une absurdité
cocasse et amusante.
 Le plus intéressant est encore de constater qu’on obtient par un
processus calculatoire systématique le même genre de
rencontres de mots et d’idées que ce que
les surréalistes pratiquaient en explorant l’inconscient
 Cette méthode peut également être variée à l’infini, avec des
résultats similaires.
 Les exemples les plus connus sont La cimaise et la fraction, à
partir de la fable de La Fontaine La cigale et la fourmie, ou El
desecativo et El desdonado, à partir du poeme El desdichado
de Nerval, écrits par Raymond Queneau en 1973.
 Queneau applique, en plus de la méthode S+7, la méthode V+7
qui consiste à remplacer chaque verbe par le 7e suivant dans le
dictionnaire choisi.
2) le lipogramme : c’est une figure de style qui consiste à produire
un texte d’où sont délibérément exclues certaines lettres de
l’alphabet.
 Le mot vient du grec λείπειν, leipein  (« enlever, laisser ») et
gramma (« lettre ») : ça veut dire « à qui il manque une lettre »
 Le lipogramme est un texte dans lequel l’auteur s’impose de ne
jamais employer une lettre, parfois plusieurs. Se trouvent ainsi
proscrits les mots qui contiennent cette lettre ou ces lettres.
 L’exemple le plus connu : le roman de Georges Perec La
Disparition (1969) est entièrement écrit sans la lettre e :
« Là où nous vivions jadis, il n’y avait ni autos, ni taxis, ni autobus : nous allions
parfois, mon cousin m’accompagnait, voir Linda qui habitait dans un canton voisin.
Mais, n’ayant pas d’autos, il nous fallait courir tout au long du parcours ; sinon
nous arrivions trop tard : Linda avait disparu.
Un jour vint pourtant où Linda partit pour toujours. Nous aurions dû la bannir à
jamais ; mais voilà, nous l’aimions. Nous aimions tant son parfum, son air
rayonnant, son blouson, son pantalon brun trop long ; nous aimions tout.
Mais voilà tout finit : trois ans plus tard, Linda mourut ; nous l’avions appris par
hasard, un soir, au cours d’un lunch. » (La Disparition, pp. 60-61)
3) Le tautogramme : texte dont tous les mots commencent par la même
lettre)
4) Le monovocalisme : une variante du lipogramme. Il consiste pour un
texte à ne s’autoriser qu’une seule voyelle.
 le roman Les Revenentes (1972) de Georges Perec est l’exemple du
monovocalisme en e le plus connu.
5) Le monoconsonnantisme : un texte utilisant une seule consonne :
Mimi, ma mie, aime-moi !
Aimée, même moi ?
Ah ! Emma, amie, ma môme émue.
Mamma mia !
6) Le palindrome : texte qui peut se lire indifféremment à de gauche à droite
et de droite à gauche.
 Il existe des palindromes de syllabes, des palindromes de mots, de
phrases ou de sons.
 Le Grand Palindrome publié en 1969 par Georges Perec sous le titre 9691,
resta pendant longtemps le plus long existant connu en français, avec
5566 lettres, soit le produit de la multiplication palindromique 11*23*2*11.
 Exemple : « À révéler mon nom, mon nom relèvera » (Cyrano de Bergerac).
Anoulipisme
 Les recherches en anoulipisme se poursuivent
néanmoins, et l’on peut lire certains résultats de
ces recherches dans les deux premiers ouvrages
collectifs du groupe La Littérature
potentielle (Gallimard, 1973) et l’Atlas de
littérature potentielle (Gallimard, 1981), comme
une « Histoire du lipogramme » par Georges
Perec.
 C’est la recherche de ceux qui sont appelés, avec
humour, les « plagiaires par anticipation ».
 Les « plagiaires par anticipation » les plus importants
sont :
1) les Grands rhétoriqueurs du début de la Renaissance (fin
du XVe siècle). Ils ont en effet expérimenté beaucoup des
possibilités de la langue : jeux de mots, techniques
lettristes et contraintes oulipiennes avant la lettre, par
exemple des poèmes mots-croisés pouvant se lire dans
tous les sens. 
2) Paul Valéry, plagiant l’OuLiPo par anticipation, avait ainsi
manipulé l’une des Pensées de Pascal : « Le silence éternel
de ces espaces infinis m’effraye » a donné naissance à cette
traduction antonymique : « Le vacarme intermittent de ces
petits coins me rassure. » 
Bibliographie oulipienne
 Les premiers travaux de littérature potentielle ont été publiés par
le Collège de Pataphysique, dont l’OuLiPo est une sous-commission.
 Ouvrages collectifs :
 La Littérature potentielle (1973)
 Atlas de littérature potentielle (1981)
 Abrégé de littérature potentielle, 
 La Bibliothèque oulipienne
 Moments oulipiens, recueil de courtes anecdotes et réflexions,
présentées par les oulipiens eux-mêmes
 Genèse de l'Oulipo, qui rassemble les comptes rendus des premières
réunions de 1960 à 1963, par l'oulipien Jacques Bens
 Esthétique de l'Oulipo, publié par l'oulipien Hervé Le Tellier
 Anthologie de l'Oulipo dans la collection « Poésie » de Gallimard (2009)
 Œuvres de Georges Perec :
 Les Choses (1965)
 La Disparition (1969)
 Les Revenentes (1972)
 W ou le Souvenir d’enfance (1975)
 La Vie mode d’emploi (1978)
 Je me souviens (1978)

 Œuvres de Raymond Queneau :


 Pierrot mon ami (1942)
 Exercices de style (1947)
 Bâtons, chiffres et lettres (1950)
 Zazie dans le métro (1959)
 Cent Mille Milliards de Poèmes (1961)

 Site :
https://www.oulipo.net/fr/une

Vous aimerez peut-être aussi