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La Poclzotheque
CLASSIQUES MODERNES
GEORGES
PEREC
R O M A N S ET RÉCITS
Edition é t a b l i e et p r é s e n t é e
par Bernard Magné
La Pochothèque
LE L IV R E DE P O C H E
© Julliard, 196" et 199". p o u r le s Choses.
© Denoël, 1966. p o u r Q uel p e tit vélo à g u id o n chrom é a u f o n d d e la cour y
© Denoël. 196". p o u r Un h o m m e q u i dort.
© Denoël. 1969. p o u r La D isparition.
© Julliard. 19~2. 199-* et 199". p o u r Les R evendîtes.
© Hachette. 19~8, p our l.a Vie m od e d'em ploi.
© Seuil. 1994. p o u r l n cabinet d 'a m a te u r (Première édition Balland,
19"9).
© Seuil. 1993. p o u r Le Voyage d'hiver.
Les C hoses
Q uel petit vélo à guidon chrom é au fond de la cour ?
Un h om m e qui dort
La Disparition
Les Revenentes
La Vie m o d e d ’em ploi
Un cabinet d ’amateur
Le Voyage d ’hiver
La recherche de Vexhaustif
Le recours au x em prunts
La présence d e l ’autobiographie
Le g o û t du rom anesque
Manuscrits
Cahier des charges d e La Vie m ode d ’emploi, présenté par
Hans H a r t j e , Bernard M a g n é et Jacques N e e f s , CNRS-Éditions et
Zulma, collection « Manuscrits », 1993.
Ouvrages en collaboration
Correspondance
«Cher, très cher, a dm ira b le et charm ant ami... », Corres
pondance Georges Perec et Jacques Lederer, Flammarion,
1997.
Traductions
Phonographie
Je m e souviens, interprété par Samy Frey, éd. des Femmes,
coll. « La Bibliothèque des voix », cassette, 1990.
D ialogue avec B ernard Noël, Poésie ininterrom pue, Je me
souviens (extraits), L’écriture des rêves. Tentative d e descrip
tion d e choses vues au carrefour M abillon le 19 m a i 1978,
Coffret de 4 CD, Production André Dimanche/INA, 1997.
M alcolm LOWRY
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
CHAPITRE II
plus vers les assiettes de faïence, vers les chaises d ’église, vers
les bonbonnes de vers soufflé, vers les chandeliers de cuivre.
Certes, il y avait encore, dans l’image un peu statique qu’ils
se faisaient de la maison modèle, du confort parfait, de la vie
heureuse, beaucoup de naïvetés, beaucoup de complaisances :
ils aimaient avec force ces objets que le seul goût du jour disait
beaux : ces fausses images d ’Épinal, ces gravures à l’anglaise,
ces agates, ces verres filés, ces pacotilles néo-barbares, ces bri
coles para-scientifiques, qu’en un rien de temps ils retrou
vaient à toutes les devantures de la rue Jacob, de la rue
Visconti. Ils rêvaient encore de les posséder ; ils auraient
assouvi ce besoin immédiat, évident, d'être à la page, de passer
pour connaisseurs. Mais cette outrance mimétique avait de
moins en moins d ’importance, et il leur était agréable de pen
ser que l ’image qu’ils se faisaient de la vie s’était lentement
débarrassée de tout ce qu’elle pouvait avoir d ’agressif, de clin
quant, de puéril parfois. Ils avaient brûlé ce qu’ils avaient ado
ré : les miroirs de sorcière, les billots, les stupides petits
mobiles, les radiomètres, les cailloutis multicolores, les pan
neaux de jute agrémentés de paraphes à la Mathieu. Il leur
semblait qu’ils maîtrisaient de plus en plus leurs désirs : ils
savaient ce qu’ils voulaient ; ils avaient des idées claires. Ils
savaient ce que seraient leur bonheur, leur liberté.
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
Ils étaient donc de leur temps. Ils étaient bien dans leur
peau. Ils n ’étaient pas, disaient-ils, tout à fait dupes. Ils savaient
garder leurs distances. Ils étaient décontractés, ou du moins
tentaient de l’être. Ils avaient de l’humour. Ils étaient loin
d ’être bêtes.
sur ce qu’ils venaient de boire, sur leur ivresse, sur leur soif,
sur leur bonheur.
Ils étaient épris de liberté. Il leur semblait que le monde
entier était à leur mesure ; ils vivaient au rythme exact de leur
soif, et leur exubérance était inextinguible ; leur enthousiasme
ne connaissait plus de bornes. Ils auraient pu marcher, courir,
danser, chanter toute la nuit.
Le lendemain, ils ne se voyaient pas. Les couples restaient
enfermés chez eux, à la diète, écœurés, abusant de cafés noirs
et de cachets effervescents. Ils ne sortaient qu’à la nuit tombée,
allaient manger dans un snack-bar cher un steak nature. Ils
prenaient des décisions draconiennes : ils ne fumeraient plus,
ne boiraient plus, ne gaspilleraient plus leur argent. Ils se sen
taient vides et bêtes et dans le souvenir qu’ils gardaient de leur
mémorable beuverie s’inséraient toujours une certaine nostal
gie, un énervement incertain, un sentiment ambigu, comme si
le mouvement même qui les avait portés à boire n ’avait fait
qu’aviver une incompréhension plus fondamentale, une irrita
tion plus insistante, une contradiction plus fermée dont ils ne
pouvaient se distraire.
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
« Monsieur,
« M. Podevin, votre oncle, étant mort ab intestat... » et ils se
passeraient la main sur le visage, doutant de leurs yeux,
croyant rêver encore ; ils ouvriraient la fenêtre toute grande.
CHAPITRE X
Ils vécurent sans doute à Sfax les huit mois les plus curieux
de toute leur existence.
Sfax, dont le port et la ville européenne avaient été détruits
pendant la guerre, se composait d ’une trentaine de rues se
coupant à angle droit. Les deux principales étaient l’avenue
Bourguiba, qui allait de la gare au Marché central, près duquel
ils habitaient, et l’avenue Hedi-Chaker, qui allait du port à la
ville arabe. Leur intersection formait le centre de la ville : là se
trouvaient l'hôtel de ville, dont deux salles au rez-de-chaussée
contenaient quelques vieilles poteries et une demi-douzaine
de mosaïques, la statue et le tombeau de Hedi Chaker, assas
siné par la Main Rouge peu de temps avant l’indépendance, le
Les Choses 119
CHAPITRE II
rait pas la parole. Ils resteraient les inconnus, les étrangers. Les
Italiens, les Maltais, les Grecs du port les regarderaient passer
en silence ; les grands oléiculteurs, tout de blanc vêtus, avec
leurs lunettes à monture d ’or, marchant à pas lents dans la rue
du Bey, suivis de leur chaouch, passeraient à côté d ’eux sans
les voir.
Ils n ’avaient avec les collègues de Sylvie que des rapports
lointains, et souvent distants. Les enseignants français titulaires
semblaient ne pas priser tout à fait les contractuels. Même ceux
que cette différence ne gênait pas pardonnèrent plus difficile
ment à Sylvie de n ’être pas bâtie à leur image : ils l’auraient
voulue femme de professeur et professeur elle-même, bonne
petite-bourgeoise de province, de la dignité, de la tenue, de la
culture. L’on représentait la France. Et bien qu’en quelque
sorte il y eût encore deux France - celle des professeurs débu
tants, désireux d ’acquérir au plus vite une maisonnette à
Angoulême, Béziers ou Tarbes ; et celle des insoumis ou réfrac -
taires, qui ne touchaient pas le tiers colonial mais pouvaient se
permettre de mépriser les autres (mais c ’était une espèce en
voie d ’extinction : la plupart avaient été graciés ; d ’autres par
taient s’installer en Algérie, en Guinée), aucune des deux ne
semblait prête à admettre que l’on pût, au cinéma, s ’asseoir au
premier rang, à côté de la marmaille indigène, ou traîner
com me un feignant, en savates, pas rasé, débraillé, dans les
rues. Il y eut quelques échanges de livres, de disques, quelques
rares discussions à la Régence, et ce fut tout. Nulle invitation
chaleureuse, nulle amitié vivace : c’était une chose qui ne
poussait pas à Sfax. Les gens se recroquevillaient sur eux-
mêmes, dans leurs maisons trop grandes pour eux.
Avec les autres, avec les em ployés français de la Compagnie
Sfax-Gafsa ou des Pétroles, avec les musulmans, avec les juifs,
avec les pieds-noirs, c’était encore pire : les contacts étaient
impossibles. Il pouvait leur arriver, pendant une semaine
entière, de ne parler à personne.
Il put sembler bientôt que toute vie s’arrêtait en eux. Du
temps passait, immobile. Plus rien ne les reliait au monde,
sinon des journaux toujours trop vieux dont ils n ’étaient
même pas sûrs qu’ils ne fussent pas que de pieux mensonges,
124 Georges Perec
CHAPITRE III
Ils n ’auront pas trente ans. Ils auront la vie devant eux.
agrémenté
d ’ornements versifiés
tirés
des meilleurs
auteurs
u$
par
l ’auteur de
com m ent
ren d re
service
à
ses am is
(Ouvrage couronné
p a r diverses Académies
Militaires)
Ce récit est dédié à L. G.
en mémoire de son plus beau fa it d'armes
(mais si, mais si).
r
C’était un mec, il s’appelait Karamanlis, ou quelque chose
comme ça : Karawo ? Karawasch ? Karacouvé ? Enfin bref, Kara-
truc. En tout cas, un nom peu banal, un nom qui vous disait
quelque chose, qu’on n ’oubliait pas facilement.
Ç’aurait pu être un abstrait arménien de l’École de Paris, un
catcheur bulgare, une grosse légume de Macédoine, enfin un
type de ces coins-là, un Balkanique, un Yoghourtophage, un
Slavophile, un Turc.
Mais, pour l’heure, c’était bel et bien un militaire, deuxième
classe dans un régiment du Train, à Vincennes, depuis qua
torze mois.
Et parmi ses copains, y’avait un grand pote à nous, Henri
Pollak soi-même, maréchal des logis, exempt d ’Algérie et des
T.O.M. (une triste histoire : orphelin dès sa plus tendre
enfance, victime innocente, pauvre petit être jeté sur le pavé
de la grande ville à l’âge de quatorze semaines) et qui menait
une double vie : tant que brillait le soleil, il vaquait à ses occu
pations margistiques, enguirlandait les hommes de corvée, gra
vait des cœurs transpercés et des slogans détersifs sur les
portes des latrines. Mais que sonne la demie de dix-huit
heures, il enfourchait un pétaradant petit vélomoteur (à gui
don chromé) et regagnait à tire-d’aile son Montparnasse natal
(car il était né à Montparnasse), où que c’est qu’il avait sa bien-
aimée, sa piaule, nous ses potes et ses chers bouquins, il se
métaphormosait en un fringant junomme, sobrement, mais
proprement vêtu d ’un chandail vert à bandes rouges, d ’un pan
talon tire-bouchonnant, d ’une paire de godasses tout ce qu’il
y avait de plus godasses et il venait nous retrouver, nous ses
148 Georges P erec
avaient dans la peau, et, pour lui faire plaisir, l’agent de police
qui règle la circulation au croisement de la rue Boris-Vian et du
boulevard Teilhard-de-Chardin) aurait le temps de voir venir et
que peut-être la paix elle est signée.
Et qu’il (cette fois-ci c’est bel et bien Pollak Henri soi-même,
notre pote) avait dit que - minute papillon - il ( ? q u id est de
çui-là ?) fallait pas faire des bêtises et qu’il (le maréchal des
logis de Montparnasse, notre copain Pollak Henri quoi) allait
en parler à des potes à lui (c’était nous les potes à lui) et leur
demander ce qu’ils (c’est-à-dire nous les potes à Henri Pollak)
en pensaient.
Et que voilà il nous avait tout dit la chose et qu’est-ce qu’on
pensait ?
Eh ben, le moins qu’on puisse dire, c ’est qu’on pensait pas
grand-chose. A vrai dire, on s’en tamponnait le coquillard de
son histoire à la flan du type qui voulait devenir estropied pour
couper à l’Algérie et se la couler douce dans les bras de celle
qu’il avait dans la peau pendant que la paix elle est signée.
Mais comme, d ’une part, on voulait pas lui faire de la peine à
notre grand copain Pollak Henri, et que, d ’autre part, il nous
avait très gentiment demandé de penser et que, c’est bien
connu, la pensée c’est la vie (y’a qu’à voir chez Bergson), il y
en eut deux ou trois qui ruminèrent un bon coup et qui firent,
sans grande conviction :
— Hum, hum !
Ou bien :
— Ouais, ouais.
Le gars Pollak Henri, ça n ’avait pas l’air de lui suffire.
Touchés au cœur par la muette insistance qui émanait de son
intelligent regard, nous nous décidâmes à diversifier nos
appréciations.
Un loustic chanta :
Le g ars Karacho-o
L’ira à l ’hosto-o
L’en au ra d ’ia convalo-o-o...
dante des grandes zones urbaines ; elle avait gardé de ses ori
gines rurales une propension parfois inquiétante au
nomadisme ; elle avait manifesté envers nous, au début, une
hostilité opiniâtre, muette, mais terriblement efficace et il nous
avait fallu presque six mois, six mois de patience, de douceur,
de fermeté - mais nous ne l’avons jamais brutalisée, rassurez-
vous - pour obtenir qu elle nous obéisse, reste une fois pour
toutes à sa place et se tienne tranquille quand on lui mettait le
couvert).
Il était six heures moins dix. Le vent fraîchit. Nous fermâmes
nos fenêtres et nous nous plongeâm es avec ravissement dans
la lecture de la G rande Encyclopédie, article « Fractures et
Complications diverses » pour nous documenter sur la chose
dont ça ne saurait tarder qu’on en parle.
À six heures notre grand ami Hubert entra qui apportait la
lampe à souder qu’il nous avait empruntée onze mois aupara
vant. Il dit :
— Tiens ! C’est propre chez vous.
Nous répondîmes :
— Nous attendons Karasplasch.
Il dit qu’il était des nôtres et s’offrit d ’aller chercher du gin,
ce dont nous le congratulâmes. Il descendit et remonta bien
tôt, accompagné de Lucien que, dit-il, il avait rencontré chemin
faisant.
Et Lucien appela son Émilie, et Hubert appela sa franjine et
nous appelâmes les Dracula, qui étaient sortis, les Cornemuse
qui dirent qu’ils viendraient, et le grand Blerot qui nous faisait
toujours rire, mais que nous ne pûmes joindre.
Et les copains arrivèrent en masse qu’on se serait cru au
Vendôme le jour qu’ils ont sorti Les Parapluies d e Cherbourg
(léger anachronisme que l’indulgent lecteur nous pardonnera
sans mal). Et comme ils étaient pas tous au courant, ceux
qu’étaient déjà au courant mirent au courant ceux qu’étaient
pas encore au courant.
Et alors - fallait s’y attendre - y’en a qui dirent comme ça
qu’il fallait être zinzin pour envisager - ne fût-ce qu’un seul
instant - de casser le bras à Karalahari, que c ’était foutrement
dangereux, que si on lui faisait la piqûre il sentait plus rien et
Quel p e tit vélo à guidon chromé au fo n d de la cour ? 173
c’était pas seulement le bras qu’on lui cassait, mais qu’on lui
démantibulait les poches synoviales, qu ’on lui bousillait les
articulations, qu’on lui pétait les tendons, qu’on lui désincrus-
tait les filaments, qu’on lui caramélisait les ligaments et tout le
tremblement.
Que (de plus) les médecins militaires n ’auraient besoin que
d ’un seul coup d’œ il négligemment lancé sur la prétendue
contusion pour deviner jusque dans ses moindres détails le
stupide com plot qui l’avait perpétrée et que, par suite, partirait
nonobstant le nommé Karapete, avec son bras dans le plâtre
et soixante jours de cachot en guise de prime et que nous, ses
malheureux complices, on aurait les gendarmes à nos trousses
jusqu’à la onzièm e génération.
— Alors quoi ? fîmes-nous tous en chœur et comme un seul
homme, en nous interrogeant les uns les autres du regard.
Sur quoi le président de séance prononça la dissolution tem
poraire de l’Assemblée générale et décréta la constitution de
trois commissions qui siégeraient à huis clos, l’une dans la cui
sine, l’autre dans la chambre, la troisième dans la grande salle
du Conseil, commissions souveraines et ventripotentes qui
auraient à connaître des divers projets dont serait saisi le secré
tariat, lequel les leur ferait parvenir au fur et à mesure de leur
inscription sur le procès-verbal, ne se réservant que le droit de
décider de leur attribution (astuce procédurière qui ne trompa
personne et retarda d ’autant l’instauration du vrai débat).
r
Les principales propositions relatives à l’immédiat avenir de
Karaplouck se trouvèrent à la fin du compte, après quelques
amendements, motions, saisies-arrêts, points d ’ordre, projets,
contre-projets, interruptions, incidents, fausses sorties et
autres faits divers, réduites à cinq, sur lesquelles nous votâmes
à bras raccourci et à main levée.
La première visait à tout compte fait casser tout de même le
bras de Karablast, puisque, soulignait-elle, c ’était pour ça
qu’on était là. Cette proposition formaliste déchaîna l’enthou
siasme de 9 % de l ’Assemblée, ce qui était trop.
La seconde en pinçait pour que, saoulé à mort, Karawann
soit traîtreusement poussé dans l’escalier ; la Nature, était-il
dit, ferait le reste : conclusion pourrie d ’idéologie que le subtil
neurophysiologiste que je suis à mes heures anéantit en quatre
secondes en démontrant que le proverbe : « Il y a un Dieu pour
les ivrognes » a un fondement scientifique précis, ce qui n ’em
pêcha point ladite motion de récolter 13 % des voix.
La troisième ne voyait de salut qu’au sein d ’une prise de
position politique hautement proclamée : courageusement,
Karaniette déclare d ’une voix forte et si possible intelligible
qu’il est contre la sale guerre, et se couche le long de la sale
voie ferrée jusqu’à ce que les sales gardes-barrières l’aient mis
dans un sale état. Cette proposition scélérate mais, reconnais-
sons-le, non dénuée d ’un certain sens de l’humour, fit du bruit
dans la mesure que, laissant entendre qu’il valait mieux pour
nous que le boulot fût fait par des mains assermentées, elle
faisait de nous autres tout simplement des lâches : ce que nous
ne fûmes qu’à concurrence de 23 %■
176 Georges Perec
1. Le lecteur méfiant qui fera le com pte trouvera peut-être que le total
dépasse 100 %. Il n ’aura pas tort d ’en déduire que certains votèrent deux
fois.
Enfin, sur le coup de neuf heures moins le quart, alors que
le désespoir aux doigts crochus et aux dents déchaussées
commençait à envahir la place, Karajeanne fît son entrée, très
applaudi. Précédé du noble et généreux Pollak Henri, son
supérieur hiérarchique, qui avait revêtu la tenue des grands
soirs : jersey lie-de-vin en V, tee-shirt bordeaux, fuseaux outre
mer, chaussures de basket noires à parements de strass ;
c’était, ce Karajeanne, un beau militaire, habillé à la militaire,
avec la tunique kaki à brandebourgs pareils, le calot crânement
posé de traviole sur le sinciput et les grosses écrase-merde
cloutées qui crissaient sur notre plancher fraîchement ciré. Il
entra intimidé, accueilli à grands cris. On lui fit une place. Et
il sentit peser sur lui les regards chaleureux de toute la bande.
un trou noir
un grand trou noir
brrr
il en avait assez de la vie
(à quoi bon vivre)
il avait peur c’était pas normal
il était pas stable
il préférait se fiche à l’eau
enfin quoi, il leur ferait comprendre que s ’il y avait quelqu’un
de zinzin dans le régiment, c’était bien lui, et que les crises de
maspéroclastie bavotante du capitaine Dumouriez, c ’était de la
bibine à côté de ce qu’il avait. Et les psychanalisses diagnosti
queraient une bonne petite paranoia simplex, ou peut-être
mêm e la schizo, et l’enverraient à l’hôpital, il irait pas sur les
pitons rocheux et peut-être que les Algériens, ils finiraient bien
par la gagner leur sale guerre et que le cessez-le-feu il sera
conclu et que la paix elle est signée.
Sur ce, fort ému, Karamega s’enfila un grand verre de gin et
il se mit à rire tout seul.
r
Il passa l’heure suivante à roupiller comme un bienheureux,
cependant que d ’aucuns dont nous étions desquels s ’occu
paient de son salut militaire en déterminant codex en main le
produit qu’il allait se farcir :
le curare aurait été, som m e toute, inefficace ;
l’Achéronate d ’Atropion était interdit aux hommes de troupe
et aux sous-officiers de réserve ;
l ’extrait liquide de Taedium Vitae coûtait les yeux de la tête ;
et nous nous rabattîmes sur la thanatine solucamphrée du
Dr Mortibus :
Q u ’il a it ls o m m e il barbiturique
P our s ’dém an tibu ler l ’p chichique.
Le mec, il dort sur ses deux oreilles. Ses petites affaires sont
bien rangées. Il a laissé sur la table nocturne la photographie
de celle qu’il a dans la peau, le tube délesté de ses pilules
amères, un verre à moitié bu, une lettre qui dit comme ça qu’il
en a eu marre de l’existence, qu’il voulait pas y aller en Algérie,
qu’il aura pris douze comprimés de la thanatine du Dr Kada-
ver, qu’il demande pardon à son papa, à son colonel, à sa
maman, au capitaine qu’avait été si bon, à l’adjudant qu’il
serait plus fâché avec malgré qu’il lui avait mis huit jours un
jour qu’il avait rien fait il le jurait, au margis Pollak qu’eût été
un vrai pote, au brave Falempain (mais y ’avait déjà trois
semaines qu’il avait crevé le brave Falempain) et au petit Laver
rière qu’on a chaleureusement surnommé Brise-Glace.
Et dans le petit jour blême, inquiet du sort de cet étrange
voyageur qui portait l’uniforme de la glorieuse armée française
(la meilleure parce que la plus vendue), l’hôtelier au visage
patibulaire et à la mine défaite, tambourinerait à la porte dudit,
ameuterait de ses grands cris de veau égorgé les voisins, les
flics en bourgeois, la P.J., la S.P.A., la V.S.O.P., la morgue, l’Ély-
sée, le Figaro, Baudelocque et Cochin, et Karaschmurz l’en-
Quel p e tit vélo à guidon chromé au fo n d de la cour ? 189
Après quoi, cachant bien leur jeu et mal leur ém otion, ils
balancèrent Karabesque hors du tacot vénal et intimèrent au
chauffeur l’ordre de faire demi-tour. Et, passant sur la Seine,
Pollak Henri, du geste auguste du semeur, balança les quatre
dragées mauves qui restaient dans le flot noir qui les engloutit.
Et Dieu, qui voit tout, vit que tout cela n ’allait pas servir à
grand-chose.
Et voilà, dîmes-nous, l’est parti. Nous bûmes encore un
verre. Pollak Henri l’alla se coucher, puis les autres. On se
pieuta.
Le lendemain, nous rangîmes. C’était un champ de bataille.
N ou s lavâmes les assiettes, les couteaux, les fourchettes, les
verres, les cendriers. Nous jetâmes les bouteilles et frottâmes
les parquets.
Sur le coup de quatre heures, quelques copains survenirent
à l’improvisse.
— Alors, qu’ils demandèrent. Et Karameraman ? Où qu’il est
Karameraman ?
— Savons foutre pas, qu’on a fait. Faut attendre le Pollak
Henri, qu’on a ajouté.
L’Henri Pollak se fit longtemps attendre. L’arriva sur le coup
de sep t heures, la peau sur les os, bête comme chou, le visage
ravagé de tics, la cravate mal cravatée autour de son long cou
de p ou let mal cuit, la pomme d ’Adam tressautant spasmodi
quem ent.
— Alors, qu’on fit. Et Karavigote ?
— Ah là là, qu’il a râlé le Pollak Henri, m ’en parlez pas, m ’en
parlez pas.
E t, après avoir bu un peu d ’eau de mélisse, de nous raconter
la ch o se qui s’était passée :
Lorsque, le matin même, notre cher grand ami Pollak
(Henri), maréchal des logis, encore mal revenu des ém otions
de la nuit, et l ’estomac tout barbouillé des quatre sortes d ’al
cools dont il avait eu l’imprudence de faire le mélange des
quels, avait enfourché, mélancolique, sa trottinette à pédales
ajourées, avait quitté son Montparnasse natal où que résidaient
à demeure sa promise, sa chambre nuptiale, ses garçons d ’hon
neur, sa corbeille de mariage, avait franchi, lourd de sommeil,
les portes du Fort Neuf, avait salué la garde et tout le bataclan,
qu’est-ce qu’ -
(mais d ’abord, je conseille au lecteur, ou plutôt, je ne saurais
trop lui conseiller de relire, tout le texte, certes, mais plus par
ticulièrement la proposition ci-dessus, et d ’en admirer la bar-
barité : cette implicite autocritique vaudra pour toutes les
autres).
Qu’est-ce que, donc, avait-il vu, le Pollak Henri, dans la cour
de la caserne ? Un petit vélo à guidon chromé ? Non, pas du
tout, vous n ’y êtes pas ! Il avait vu, le Pollak, il avait de ses yeux
vu les camions bâchés, les beaux camions bâchés, qu’atten
daient qu’on les remplisse pour em mener tout ce joli monde
à la gare. Et qu’est-ce qu’il avait encore vu le Pollak Henri ? Un
petit vél- ? Mais non, triple andouille ! Il avait vu, de ses yeux
vu, se dirigeant vers ces camions bâchés, ployant sous le fourbi
du fardeau, ou plutôt sous le fardeau du fourbi arabicide, les
yeux bouffis, le teint jaune, l’air con, le grand Karathoustra, le
vrai Karathoustra, le seul Karathoustra.
Il s’était approché, le pauvre Henri Pollak et il avait dit :
— Ben alors, Karabibine, Kak tu fous là ?
200 Georges Perec
i
Il n ’e st p a s n é c e s sa ir e q u e tu so r te s d e ta m ai
so n . R este à ta table e t é c o u t e . N ’é c o u t e m ê m e
pas, a tte n d s se u le m e n t. N ’a tte n d s m ê m e pas,
so is a b s o lu m e n t s ile n c ie u x e t se u l. Le m o n d e
vien d ra s ’offrir à to i p o u r q u e tu le d é m a sq u e s,
il n e p e u t faire a u tr e m en t, e xtasié, il s e tordra
d ev an t toi.
Franz K a fk a
(M é d ita tio n s s u r le p éch é,
la so u ffra n ce , l ’e sp o ir e t le v r a i c h e m in )
f
i
Dès que tu fermes les yeux, l’aventure du sommeil
commence. À la pénombre connue de la chambre, volume obs
cur coupé par des détails, où ta mémoire identifie sans peine
les chemins que tu as mille fois parcourus, les retraçant à partir
du carré opaque de la fenêtre, ressuscitant le lavabo à partir
d ’un reflet, l’étagère à partir de l’ombre un peu plus claire d ’un
livre, précisant la masse plus noire des vêtements suspendus,
succède, au bout d ’un certain temps, un espace à deux dim en
sions, comme un tableau sans limites sûres qui ferait un très
petit angle avec le plan de tes yeux, com me s’il reposait, pas
tout à fait perpendiculairement, sur l’arête de ton nez, tableau
qui, d ’abord, peut te sembler uniformément gris, ou plutôt
neutre, sans couleurs ni formes, mais qui, assez vite sans
doute, se trouve posséder au moins deux propriétés : la pre
mière est qu’il s’assombrit plus ou moins selon que tu fermes
plus ou moins fortement tes paupières, comme si, plus précisé
ment, la contraction exercée sur la barre de tes sourcils lorsque
tu fermes les yeux avait pour effet de modifier l’inclinaison du
plan par rapport à ton corps, com me si la barre de tes sourcils
en formait la charnière, et, par conséquent, bien que cette
conséquence n ’ait pas l’air démontrable sinon par l ’évidence,
de modifier la densité, ou la qualité, de l’obscurité que tu per
çois ; la seconde est que la surface de cet espace n ’est pas du
tout régulière, ou plus précisément, que la distribution, la
répartition de l’obscurité ne se fait pas d ’une manière hom ogè
ne : la zone supérieure est manifestement plus sombre, la zone
inférieure, qui te semble la plus proche, bien que déjà, évidem
ment, les notions de proche et lointain, haut et bas, devant et
220 Georges Perec
peu près clair : tu te sens peu fait pour vivre, pour agir, pour
façonner ; tu ne veux que durer, tu ne veux que l’attente et
l’oubli.
La vie moderne apprécie généralement peu de telles disposi
tions : autour de toi tu as vu, de tout temps, privilégier l’action,
les grands projets, l ’enthousiasm e : hom m e tendu en avant,
homme les yeux fixés sur l’horizon, homme regardant droit
devant lui. Regard limpide, m enton volontaire, démarche assu
rée, ventre rentré. La ténacité, l’initiative, le coup d’éclat, le
triomphe tracent le chem in trop limpide d ’une vie trop
m odèle, dessinent les sacro-saintes images de la lutte pour la
vie. Les pieux m ensonges qui bercent les rêves de tous ceux
qui piétinent et s’embourbent, les illusions perdues des mil
liers de laissés-pour-compte, ceux qui sont arrivés trop tard,
ceux qui ont posé leur valise sur le trottoir et se sont assis
dessus pour s’éponger le front. Mais tu n ’as plus besoin d ’ex
cuses, de regrets, de nostalgies. Tu ne rejettes rien, tu ne
refuses rien. Tu as cessé d ’avancer, mais c’est que tu n’avançais
pas, tu ne repars pas, tu es arrivé, tu ne vois pas ce que tu irais
faire plus loin : il a suffi, il a presque suffi, un jour de mai où
il faisait trop chaud, de l’inopportune conjonction d ’un texte
dont tu avais perdu le fil, d ’un bol de Nescafé au goût soudain
trop amer, et d ’une bassine de matière plastique rose remplie
d ’une eau noirâtre où flottaient six chaussettes, pour que
quelque chose se casse, s ’altère, se défasse, et qu’apparaisse
au grand jour - mais le jour n ’est jamais grand dans la chambre
de bonne de la rue Saint-Honoré - cette vérité décevante, triste
et ridicule comme un bonnet d ’âne, lourde comme un diction
naire Gaffiot : tu n ’as pas envie de poursuivre, ni de te
défendre, ni d ’attaquer.
Tes amis se sont lassés et ne frappent plus à ta porte. Tu ne
marches plus guère dans les rues où tu pourrais les rencontrer.
Tu évites les questions, le regard de celui que le hasard met
parfois sur ton chemin, tu refuses la bière ou le café qu’il
t’offre. Seules, la nuit, ta chambre te protègent : la banquette
étroite où tu restes étendu, le plafond qu’à chaque instant tu
redécouvres ; la nuit, où, seul au milieu de la foule des Grands
Boulevards, il t’arrive presque d ’être comme heureux du bruit
Un h om m e q u i d o r t 229
Tu n ’as guère vécu, et pourtant, tout est déjà dit, déjà fini.
Tu n ’as que vingt-cinq ans, mais ta route est toute tracée. Les
rôles sont prêts, les étiquettes : du pot de ta première enfance
au fauteuil roulant de tes vieux jours, tous les sièges sont là et
attendent leur tour. Tes aventures sont si bien décrites que la
révolte la plus violente ne ferait sourciller personne. Tu auras
beau descendre dans la rue et envoyer dinguer les chapeaux
des gens, couvrir ta tête d ’immondices, aller nu-pieds, publier
des manifestes, tirer des coups de revolver au passage d ’un
quelconque usurpateur, rien n ’y fera : ton lit est déjà fait dans
le dortoir de l’asile, ton couvert est mis à la table des poètes
maudits. Bateau ivre, misérable miracle : le Harrar est une
attraction foraine, un voyage organisé. Tout est prévu, tout est
Un h om m e q u i d o r t 239
l’eau, les pierres, le ciel, ton visage, les nuages, les plafonds, le
vide.
Tu restes près de l’arbre. Tu ne demandes même pas au
bruit du vent dans les feuilles de devenir oracle.
Un h om m e q u i d o rt 245
par les rues. Suivre les caniveaux, les grilles, l’eau le long des
berges. Longer les quais, raser les murs. Perdre ton temps. Sor
tir de tout projet, de toute impatience. Être sans désir, sans
dépit, sans révolte.
Ce sera devant toi, au fil du temps, une vie immobile, sans
crise, sans désordre : nulle aspérité, nul déséquilibre. Minute
après minute, heure après heure, jour après jour, saison après
saison, quelque chose va commencer qui n ’aura jamais de fin :
ta vie végétale, ta vie annulée.
Ici, tu apprends à durer. Parfois, maître du temps, maître du
monde, petite araignée attentive au centre de ta toile, tu règnes
sur Paris : tu gouvernes le nord par l’avenue de l ’Opéra, le sud
par les guichets du Louvre, l’est et l’ouest par la rue Saint-
Honoré.
Parfois, tu tentes de résoudre l ’énigmatique visage
qu’ébauche peut-être le jeu com plexe des ombres et des g er
çures sur un fragment du plafond, yeux et nez, ou nez et
bouche, front que nulle chevelure n ’arrête, ou bien le d essin
précis de l’ourlet d ’une oreille, l’amorce d ’une épaule et d ’un
cou.
sans doute est-ce l’un des effets de ton extrême jeunesse dans
la vocation de vieillard, tu t’énerves trop vite : malgré toi, ton
pied remue sur le sable, tes yeux errent, tes doigts se croisent
et se décroisent sans cesse.
Plus tard, beau cou p plus tard, tu t ’es réveillé plusieurs fois
peut-être, rassoupi plusieurs fois, tu t ’es to u rn é d u côté droit,
du côté gauche, tu t ’es mis su r le dos, sur le ventre, peut-être
as-tu m êm e allum é la lum ière, peut-être as-tu fum é u n e ciga
rette, plus tard, b ea uco up plus tard, le som m eil devient u n e
cible, ou p lu tô t non, au contraire, tu deviens la cible d u som
meil. C’est u n foyer irradiant, interm ittent. D evant toi, ou, plus
précisém ent, devant tes yeux, parfois p lu tô t à gauche, parfois
p lutôt à droite, jamais au centre, u n e m yriade d e petits points
blancs s’organisent, dessinant, à la longue, q u elq u e chose de
félin, u n e tête de p an th ère vue de profil, qui s’avance, qui gran
dit e n m on tran t deu x crocs acérés, puis disparaît, laissant place
à u n p o in t lum ineux qui grossit, devient losange, étoile, et
fonce sur toi, très vite, t ’évitant au d ern ie r m o m en t en passant
à ta droite. Le p h én o m èn e se re p ro d u it plusieurs fois, réguliè
rem en t : rien d ’abord, puis des points à peine lum ineux, u n e
tête de p an th ère qui s’esquisse, puis se précise, grandit en
rugissant, découvrant deux crocs acérés, puis u n p o in t scintil
lant, p resqu e éclatant, qui s’enfle, losange, étoile, puis boule
266 Georges Perec
vingt-cinq ans. Tu vas attendre dans les halls des hôtels, assis
sur un canapé de faux cuir, tu regardes les gens aller et venir,
tu lis les prospectus, les catalogues, les affiches, tu lis les
dépliants touristiques, Paris la nuit, Croisière aux Indes, les
revues qui traînent, l ’Écho d e l H ôtellerie fran çaise, la Revue
du Touring-Club d e France ; tu vas lire les journaux affichés
sur les placards devant les imprimeries ou les rédactions : le
Monde, le Figaro, le Capital, la Vie fra n ç a ise . Tu traînes dans
les bibliothèques municipales, tu remplis une fiche, tu lis des
livres d ’histoire, des ouvrages d ’érudition, des mémoires
d’hommes d ’État, d ’alpinistes, de curés.
Tu marches le long des trottoirs, tu regardes dans les cani
veaux, dans l’espace plus ou moins large qui sépare les voi
tures garées du rebord de la chaussée. Tu y trouves des billes,
des petits ressorts, des anneaux, des pièces de monnaie, des
gants parfois, un portefeuille un jour, avec un peu d ’argent,
des papiers, des lettres, des photos qui t’ont presque tiré les
larmes des yeux.
Tu regardes les joueurs de cartes dans les jardins du Luxem
bourg, les grandes eaux du Palais de Chaillot, tu vas au Louvre
le dimanche, traversant sans t’arrêter toutes les salles, te pos
tant pour finir près d ’un unique tableau ou d ’un unique objet :
le portrait incroyablement énergique d ’un homme de la
Renaissance, avec une toute petite cicatrice au-dessus de la
lèvre supérieure, à gauche, c ’est-à-dire à gauche pour lui, à
droite pour toi, ou bien une pierre gravée, une petite cuiller
égyptienne devant laquelle tu restes une heure, deux heures
avant de repartir sans te retourner.
sans étonnem ent être étonné, sans surprise être surpris, sans
douleur être assailli par les bourreaux. Tu attends qu ’ils se cal
ment. Tu leur abandonnes volontiers tous les organes qu’ils
veulent. Tu les vois de loin se disputer ton ventre, ton nez, ta
gorge, tes pieds.
tard, toujours trop tard, les ombres, les reflets, les failles, les
esquives, les sourires, les bâillements, la fatigue ou l’abandon.
Le malheur n’a pas fondu sur toi, ne s’est pas abattu sur toi ;
il s’est infiltré avec lenteur, il s’est insinué presque suavement.
Il a minutieusement imprégné ta vie, tes gestes, tes heures, ta
chambre, comme une vérité longtemps masquée, une évidence
refusée ; tenace et patient, ténu, acharné, il a pris possession
des failles du plafond, des rides de ton visage dans le miroir
fêlé, des cartes étalées ; il s’est coulé dans la goutte d ’eau de
robinet du poste d ’eau sur le palier, il a résonné avec chaque
quart d ’heure au clocher de Saint-Roch.
Le piège, c ’était ce sentiment parfois presque exaltant, cet
orgueil, cette sorte d ’ivresse ; tu croyais n ’avoir besoin que de
la ville, de ses pierres et de ses rues, des foules qui t’entraî
naient, besoin seulement d ’un fragment de comptoir à la Petite
Source, d ’une place avancée dans un cinéma de quartier ;
besoin seulement de ta chambre, ton antre, ta cage, ton terrier,
où tu reviens chaque jour, d ’où tu repars chaque jour, ce lieu
presque magique où plus rien désormais ne s’offre à ta
patience, même plus une fissure au plafond, même plus une
veine dans le bois de l’étagère, même plus une fleur sur le
papier peint. Tu étales, encore une fois, les cinquante-deux
cartes sur ta banquette étroite ; tu cherches, encore une fois,
l’improbable solution d ’un labyrinthe informe.
Tu as perdu tes pouvoirs. Tu ne sais plus suivre la lente
dérive des bulles et des brindilles à la surface de ta cornée. Nul
visage, nulle chevauchée victorieuse, nulle ville à l’horizon ne
se laissent déchiffrer au travers des fissures et des ombres.
Le piège : cette illusion dangereuse d ’être - comment
dire ? - infranchissable, de n ’offrir aucune prise au monde
extérieur, de glisser, intouchable, yeux ouverts regardant
devant eux, percevant tout, les plus petits détails, ne retenant
rien. Somnambule éveillé, aveugle qui verrait. Être sans
mémoire, sans frayeur.
Mais il n’y a pas d ’issue, pas de miracle, nulle vérité. Des
carapaces, des cuirasses. Depuis ce jour suffocant où tout a
commencé, où tout s'est arrêté. Tu rases les murs sales des
Un hom m e qu i d o rt 283
Les monstres sont entrés dans ta vie, les rats, tes semblables,
tes frères. Les dizaines, les centaines, les milliers de monstres.
Tu les repères, tu les reconnais à d ’imperceptibles signes, à
leurs silences, à leurs départs furtifs, à leur regard flottant,
vacillant, effrayé, qui se détourne quand il croise le tien. La
lumière brille encore au milieu de la nuit aux fenêtres mansar
dées de leurs chambres sordides. Leurs pas résonnent dans la
nuit.
Les rats ne se parlent pas, ne se regardent pas quand ils se
croisent. Mais ces visages sans âge, ces silhouettes frêles ou
284 Georges Perec
flasques, ces dos ronds, gris, tu les sais près de toi à chaque
heure, tu suis leur ombre, tu es leur ombre, tu hantes leurs
repaires, leurs réduits, tu as les mêmes refuges, les mêmes
asiles, les cinémas de quartier puant le désinfectant, les
squares, les musées, les cafés, les gares, les métros, les halles.
Désespoirs assis com me toi sur les bancs, dessinant et effaçant
sans cesse sur le sable poussiéreux le mêm e cercle imparfait, j
lecteurs de journaux trouvés dans les corbeilles à papier,
errants que nulle intempérie n ’arrête. Ils ont les mêmes
périples que toi, aussi vains, aussi lents, aussi désespérément
compliqués. Ils hésitent comme toi devant les plans aux sta
tions de métro, ils mangent leurs pains au lait, assis au bord
des berges.
Bannis, parias, exclus, porteurs d ’invisibles étoiles. Ils mar- |
chent en frôlant les murs, têtes baissées, épaules tombantes, j
mains crispées s’accrochant aux pierres des façades, gestes las
de vaincus, de mordeurs de poussière.
Tu les suis, tu les épies, tu les hais : monstres tapis dans
leurs chambres de bonne, monstres en chaussons qui traînent
leurs pieds près des marchés putrides, monstres aux yeux j
glauques de lamproie, monstres aux gestes mécaniques,
monstres radotants.
Tu les côtoies, tu les accompagnes, tu te frayes un chemin
parmi eux : les somnambules, les brutes, les vieillards, les
idiots, les sourds-muets aux bérets enfoncés jusqu’aux yeux,
les ivrognes, les gâteux qui se raclent la gorge et tentent de
retenir les tremblements saccadés de leurs joues, de leurs pau
pières, les paysans égarés dans la grande ville, les veuves, les
sournois, les ancêtres, les fouineurs.
Ils sont venus à toi, ils t’ont agrippé par le bras. Comme si,
inconnu perdu dans ta propre ville, tu ne pouvais croiser que
d ’autres inconnus ; comme si, solitaire, tu voyais fondre sur toi
tous les autres solitaires. Comme si seuls pouvaient se rencon
trer, le temps d ’un verre de vin rouge bu à un même comptoir,
ceux qui ne parlent jamais, ceux qui parlent tout seuls. Les
vieux fous, les vieilles saoules, les illuminés, les exilés. Ils s’ac- j
Un hom m e qui dort 285
Et tous les autres, les pires, les béats, les malins, les contents-
d’eux, ceux qui croient savoir, qui sourient d ’un air entendu,
les obèses et les restés jeunes, les crémiers, les décorés ; les
fêtards en goguette, les gominés de banlieue, les nantis, les
connards. Les monstres forts de leur bon droit, qui te prennent
à témoin, te dévisagent, t’interpellent. Les monstres avec leur
famille nombreuse, avec leurs enfants monstres, leurs chiens
monstres ; les milliers de monstres bloqués par les feux rou
ges ; les femelles glapissantes de monstres ; les monstres à
moustache, à gilets, à bretelles, les monstres touristes déversés
286 Georges P erec
u n p aq u et d e gauloises 1,35
u n e boîte d ’allum ettes 0,10
u n repas 4,20
u n e place de ciném a 2,50
u n po urb o ire p o u r l’ouvreuse 0,20
le M onde 0,40
u n café 1,00
1
1
Tu n ’es pas m ort et tu n ’es pas plus sage.
Tu n ’as pas exposé tes yeux à la b rû lu re du soleil.
Les deux vieux acteurs de seconde zone ne sont pas venus
te chercher, ne se sont pas collés à toi form ant avec toi u n tel
bloc q u ’o n n ’aurait p u écraser l’u n d ’en tre vous sans anéantir
les d eu x autres.
Les volcans m iséricordieux ne se sont pas p enchés sur toi.
u n n o n q u ’à to n sty lo tu d o n n a s brûlan t)
qu 'ici o n d it (par u n trait m a n q u a n t p lu s c lo s)
l’art to u jo u rs su d u ch a n t-c o m b a t (n oir p o u r b la n c)
J . R oubaud
a v a n t -p r o p o s
Où l ’on saura p lu s ta rd
qu ’ici s ’inaugurait la D am n ation
clowns, aux garçons, aux putains, aux bougnats, aux typos, aux
tambours, aux syndics, aux Mussipontins, aux paysans, aux
marins, aux milords, aux blousons noirs, aux cyrards.
On pillait, on violait, on mutilait. Mais il y avait pis : on avilis
sait, on trahissait, on dissimulait. Nul n ’avait plus jamais un air
confiant vis-à-vis d ’autrui : chacun haïssait son prochain.
I
Anton Voyl
1
1
Anton Voyl n ’arrivait pas à dorm ir. Il alluma. Son Jaz m ar
quait m inuit vingt. Il poussa u n p ro fon d soupir, s’assit dans
son lit, s’appuyant su r son polochon. Il prit u n rom an, il l’ou-
vrit, il lut ; mais il n ’y saisissait q u ’u n im broglio confus, il butait
à to u t instant sur u n m ot d o n t il ignorait la signification.
Il aban do nn a so n rom an su r son lit. Il alla à son lavabo ; il
mouilla u n gant q u ’il passa su r son front, sur son cou.
Son pouls battait tro p fort. Il avait chaud. Il ouvrit son vasis-
tas, scruta la nuit. Il faisait doux. Un bruit indistinct m ontait
jlu faubourg. Un carillon, plus lo urd q u ’u n glas, plus sou rd
qu’u n tocsin, plus profo nd q u ’u n b o u rd o n , n o n loin, sonna
trois coups. Du canal Saint-Martin, u n clapotis plaintif signalait
un chaland qui passait.
Sur l’abattant d u vasistas, u n anim al au thorax indigo, à l’ai
guillon safran, ni u n cafard, ni u n charançon, mais p lu tô t u n
artison, s’avançait, traînant u n brin d ’alfa. Il s’approcha, vou
lant l’aplatir d ’u n co u p vif, mais l ’anim al prit son vol, disparais
sant dans la nuit avant q u ’il ait p u l’assaillir.
Il tapota d ’u n doigt u n air m artial sur l’oblong châssis du
vasistas.
Il ouvrit son frigo m ural, il prit d u lait froid, il b u t u n grand
bol. il s’apaisait. Il s’assit su r son cosy, il prit u n jou rn al q u ’il
320 Georges Perec
gt son lit d ’au moins vingt façons. Un jour, il loua, à prix d ’or,
0 i dortoir, mais il tâta aussi du lit pliant, du châlit, du lit clos,
du lit à baldaquin, du sac, du divan, du sofa, du hamac.
Il frissonna sans draps, il transpira sous un plaid, il compara
j?alfa au kapok. Il coucha assis, accroupi, à califourchon ; il
consulta un fakir qui lui proposa son grabat à clous, puis un
gourou qui lui ordonna la position yoga : son avant-bras droit
comprimant l’occiput, il joignit son talon à sa main.
Mais tout s’affirmait vain. Il n’y arrivait pas. Il croyait s’assou
pir, mais ça fondait sur lui, dans lui, ça bourdonnait tout
autour. Ça l ’opprimait. Ça l’asphyxiait.
L-
324 Georges Perec
d ’iridium qui avait l’air d ’un gros stylo, puis alla sortir sur un
cadran muni d’un aimant qu’animait la vibration d ’un rotor la
graduation qui analysait l’afflux sanguin :
— L’inscription paraît au maximum, dit l’oto-rhino qui pia
notait sur l’attirail, mâchonnant son cigarillo, il y a constriction
du sinus frontal, il va falloir ouvrir.
— Ouvrir ! s’alarma Voyl.
— Oui, j’ai dit : ouvrir, confirma l’oto-rhino, sinon il va y
avoir un faux croup.
Il disait tout ça d ’un ton badin. Voyl ignorait s’il plaisantait
ou non : mais l’humour noir du toubib l’angoissait. Il sortit
son mouchoir, crachotant du sang, bavotant d ’indignation :
— Maudit Charlatan ! fit-il pour finir, j’aurais plutôt dû voir
un ophtalmo !
— Allons, allons, dit l’oto-rhino, conciliant, quand on aura
fait cinq ou six immuno-transfusions, on aura l’occasion d ’y
voir plus clair, mais d ’abord, analysons tout ça.
Il appuya sur un bouton. Parut son assistant qu’habillait un
sarrau violin.
— Rastignac, lui dit l’oto-rhino, cours à Foch, à Saint-Louis
ou à Broca, il nous faut du vaccin anti-conglutinatif avant midi.
Puis il dicta son diagnostic à la dactylo :
— Nom : Anton Voyl. Consultation du huit avril : coryza
banal, auto-intoxication du naso-pharynx, risquant d ’abolir
plus ou moins tard tout circuit olfactif, constriction du sinus
frontal droit non sans inflammation du mucus irradiant jus
qu’aux barbillons sublinguaux ; l’inoculation du larynx aurait
pour filiation un faux croup. Nous proposons donc l’ablation
du sinus, sinon, tôt ou tard, la voix pâtira.
Puis il rassura Voyl : l’ablation du sinus constituait un travail
long, tatillon, mais tout à fait banal. On la pratiquait sous
Louis XVIII. Voyl n ’avait pas à mollir : d ’ici dix jours, il n’y
paraîtrait plus.
A
328 Georges Perec
contraint à fuir par un tyran qui avait accompli plus vils forfaits
qu ’aucun Caligula, aucun Borgia jadis, qui sait si l’insignifiant
yacht n ’avait pas pour mission son rapt ? Mais il l’ignorait, y
l’oubliait : il aimait Faustina, il la voulait pour lui avant sa mort.
Abandonnant tout compagnon, Faustina allait parfois par
monts ou par vaux. Un jour Ismaïl l’aborda. Faustina lisait un
roman, Orlando, par Virginia Woolf.
— Miss, lui dit-il, pardon, pardon, j’ai voulu vous voir. Tan
pis pour moi si l’on m ’a vu...
Mais Faustina l’ignora, quoiqu’il la suppliât.
Ismaïl comprit, plus tard, trop tard, qu’il vivait dans un film :
M., l’individu barbu qui aurait tant voulu Faustina pour lui,
l’avait pris, vingt ans auparavant, à l’insu du clan, au cours d ’un
tour qu’il avait fait dans l’îlot huit jours durant.
Tandis qu’un mal fatal s’attaquait aux baobabs, tandis qu’un
humus grouillant d ’animaux malfaisants couvrait tout l’aqua-
â
336 G eorges Perec
Mais quoi ?
Plus tard, voulant to ujo urs y voir plus clair, il tint u n journal.
Il prit u n album . Il inscrivit au h au t d u folio initial :
LA DISPARITION
Æ
338 G eorges Perec
Y a-t-il un a n im a l
Q ui a it un corps f a i t d ’un ron d p a s tout à f a i t clos
Finissant p a r un tra it p lu tô t d ro it ?
ajouta : si j’avais mal su, j’aurais fini dans ton jabot stomacal
J’ai su, j’ai vaincu ; suivant la Loi, tu dois mourir.
Il brandit un doigt intimidant.
— Fais donc un saut dans l’à-pic, vilain Sphinx.
— Oh, murmura l’animal, mais tu voudrais ma mort !
— That’s right! hurla tout à coup Aignan sans trop savoir
pourquoi il utilisait l’anglais.
Il prit un bâton, il assomma l ’animal qui, paumant son
aplomb, disparut dans l ’à-pic dans un tourbillon sans fin. Un
cri horripilant, où il y avait tout à la fois un lion qui rugissait,
un chat qui miaulait, un milan qui huissait, un humain qui
souffrait, vibra dans l’air ambiant durant dix-huit jours...
Or, dix-huit ans plus tard, grosso modo, Sibylla, dans son palais
brabançon ou flamand, n ’oubliait toujours pas son si joli frangin,
donc fuyait tout convoi. Un puissant Archiduc, un Bourguignon
qui la trouvait à son goût, la voulut pour son lit. Sibylla fit non.
« Quoi ! » fit l’Archiduc grondant d’un courroux flamboyant. Il
brûla un bon quart du Hainaut, puis marcha sur Cambrai.
Lors arriva à Cambrai, tagadac, tagadac, montant un pur-sang
anglo-normand au poil blanc, à la souris bai brun, qui avait
nom Sturmi, un paladin au frais minois. Il fut introduit au
Palais. Il plut tout à fait à Sibylla qui lui donna pour mission
d’aplatir l’Archiduc. Sitôt dit sitôt fait, dit l’aussitôt vassal, bai
sant la main qu’on lui offrait.
Montant Sturmi qui avait un flançois safran sous un capara
çon indigo, portant un harnois d’or aux incrustations d ’opalin,
camail, cuissard, brassard, plastron, l’Adonis parut sous
l’oblong champ clos. Un poisson blasonnait son gonfanon.
L’ovation du clan brabançon couvrit au moins vingt fois l’insul-
1 tant charivari bourguignon.
&
i
342 G eorges P erec
Or il arriva, dix-huit ans plus tard, qu ’un Paul Six d ’alors soit
tout à fait mourant. Au Vatican, ça fit un joli ramdam : il fallait
garantir la filiation, choisir un suivant. On fit au moins huit
scrutins : ici on nomma un idiot, là un bouffi ; ici un schizo, là
un fada. Au Palais Consistorial, la corruption allait bon train :
l’on offrait du pontificat pour un million. Ça allait mal. La foi
vagissait. Nul n ’adorait plus son Saint-Patron.
Alors, un courroux divin obscurcit l’azur. Puis, un jour, Il
visita un Cardinal ; Il apparut ainsi qu’un Mouton sanglant ; un
lit d ’odorants boutons d ’or L’accompagnait.
— Ô, Cardinal, dit Sa voix, ouïs-moi : tu as un Papa. J’ai fait
mon choix. Il a nom Aignan. Nous l’avons choisi car il croupit
voici tantôt dix-huit ans sur un roc battu par Mon flot.
— Ô, divin Mouton, Ô Tout-Puissant, balbutia l ’adorant Car
dinal, qu’il soit fait suivant Ton bon vouloir !
L’on alla partout s’informant d’un Aignan croupissant sur un
roc. L’on finit, non sans mal, par aboutir au bord du lac ; l’on
frappa à la maison du paysan qui, dix-huit ans plus tôt, avait
conduit Aignan sur l’îlot. Mais d ’abord, il bouda :
— Aignan connais pas, disait-il. îlot connais pas. Y’a pas
d’îlot par ici.
344 G eorges P erec
un p a y s n a ta l d ’adoption,
un fo u m anchot s ’a ccou d a n t au balcon du soir,
un crucifix sans christ,
un sisa l p issa n t du vin d o u x p o u r balad in s sans cam ail ■
voilà qu i a u ra it suffi au sursis d ’A nton Voyl...
Aux Maths :
On Croups.
(Traduction d ’un travail dû à Marshall Hall j r L.I.T. 28,
folios 5 à 18 inclus).
La notion-là, qui la conquit, qui la trouva, qui la fou r
nit ? Gauss ou Galois ?L’on n ’a ja m a is su. Aujourd’hui, tout
un chacun connaît ça. Pourtant, on d it qu ’au fin fo n d du
noir, avant sa mort, dans la nuit, Galois grava sur son p a d
(Marshall H all jr, op. cit. fol. 8) un long chaînon à sa façon.
Voici :
aa 1= bb~‘ = c c 1 = d d '1 =f f ' = gg~' = h h 1 = ir ' = j j ' = kk~‘
= I l 1 = mm~‘ = nn '1 = oo~‘ = pp~‘ = qq~l = r r 1 = ss~' = tir‘
= u u l = v v 1 = ww~’ = xx~‘ =yy~! = zz~l =
Mais nul n ’a ja m a is pu savoir la conclusion à quoi
Galois com ptait aboutir dans son manuscrit non fini.
Cantor, Douady, Bourbaki, ont cru, p a r un, p a r dix biais
352 Georges Perec
(du corps p arfait aux topos, du local ring aux C"", du f(.
functor q u ’on do it à Shih aux □ i' du grand Thom, n'ou.
bliant ni distributions, ni involutions, ni convolutions
Schwartz ni Koszul ni Cartan ni Giorgiutti) saisir un vrai
f il sûr pour franchir l ’abrupt hiatus. Tout fu t vain.
Pontryagin y passa vingt ans, finissant p a r n ’y plus voir
du tout.
Or voici q u ’il y a huit mois Kan, travaillant sur un
adjoint à lui (voir D. Kan Adjoint Functors Transactions
V, 3, 18) montra p a r induction, croit-on, (il raisonnait - a-
t-il d it à Jaulin - sur un grand cardinal, p a r «forcing »pour
part) la Proposition Soit G soit H soit K (H C G, G D Kj
trois magmas (nous suivons Kurosh) où l ’on a a(bc) = (ab) c ;
où, pou r tout a, x xa, x ax sont « sûrs », sont monos,
alors on a G FIxK, si G = H U K ; si H, si K sont inva
riants ; si H, K n ’ont qu ’un individu commun FI fl K = Las !
Kan mourut avant d ’avoir fin i son job. Donc, à la fin, l ’on
n ’a toujours p a s la solution
À l’anglais :
Aux animaux :
c in q c o p a i n s f o u t u s a u tr o u . U n g r o s c a illo u p r is d a n s la
c o u r v o la s u r u n g r a n d c a m io n n o i r g a r n i d ’o r a n g s-o u ta n g s
v a c h a r d s. U n t u m u lu s a p p a r u t a u m ita n d ’u n t r o tto ir ; o n y
v o y a it u n t r o n c a b a ttu d a n s u n fatras n o n c o n c i s d ’au tos
q u ’o n b rû la it. C r a ig n a n t u n m a u v a is parti, G r im a u d o r d o n n a
s o n p o g r o m : l ’a r g o u s in s ’affaira, m a tr a q u a n t, a sp h y x ia n t
s ’a c h a r n a n t s u r m a in t m o r ib o n d k .o .
L’o p i n i o n s ’ala rm a . Un m i ll i o n d ’i n d iv id u s parcourut
Paris, b r a n d is s a n t q u i s o n c h if f o n n o ir , q u i s o n c h iff o n cra
m o is i, h u r la n t v in g t s l o g a n s a n tid ic ta t o r ia u x : « D ix a n s ça
su ffît », « C h a r io t n o s S o u s », « P o u v o ir a u P o p u l o ».
U n sy n d ic a t, g r o u p a n t la p o p u l a t i o n a u travail, o b tin t
q u ’o n s t o p p â t la p r o d u c t i o n . O n o c c u p a t o u t : T ra n sp o rts,
B a s s in s à c h a r b o n , S t u d io s , M a g a sin s, F acs, M o u lin s , D ock s.
D u c a r b u r a n t m a n q u a it a u x s ta t io n s ...
A u x p a t o i s s a r r o is :
M a n sa g t d ir, k o m m d o c h m a l in s L a n d h a u s. M a n sa g t dir,
S ta d tv o lk m u s s a u fs L and , m u s s z u r ü c k z u r N atu r. M an sagt
dir, k o m m b a ld , m ô g l ic h s t a m S o n n ta g . D u b r u m m s t also
lo s , n ic h t z u fr ü h a m T ag, d a s w ill m a n n ic h t. A m N a c h m itta g
fah rst du durchs D o r f, in R ic h tu n g S p o r tp la tz . V orm
S p o r tp la tz fà h r st d u ab . K urz d a r a u f b is t d u d a . D u h à lst am
T or, d u r c h d a s d u n ic h t h i n d u r c h k a n n s t, p a r k st d a s A u to
u n d b lic k st d ic h u m . D u g la u b s t, n u n ta u c h t v o r d ir d a s H aus
a u f, d o c h d u irrst d ic h , d a ist d a s D a c h . R in g s u m W ald,
d ic k ic h ta r tig , W ild n is fast. W a ld , w o h i n d u s c h a u s t. B au m
u n d S tr a u c h s i n d sta r k im W u c h s . A m P fad w â c h s t M in zk rau t
a u c h G ras, frisch , sa ftig u n d g r ü n . In s H a u s , w o v o n d u n u r
d a s D a c h sa h st. D u tr à u m st, d a s s d a s H a u s , w o v o n d u nur
d a s D a c h sa h st, la u b u m r a n k t, g r o s s u n d m à c h t ig ist. Mit
K o m fo r t n a tü r lic h , K lo u n d B a d u n d B ild im Flur. D azu
M a n n u n d F rau s t o lz v o r m K am in . T r à u m st d u , d o c h d a s Tor
ist z u u n d in s H a u s, w o v o n d u n u r d a s D a c h s a h st, k a n n st
d u n ic h t. N a c h ts , a u c h d a s tr à u m s t d u n o c h , l ô s c h t m a n das
L icht u n d d a n n g lü h t r o t u n d id y llis c h d a s H o lz im K am in.
S o tr à u m s t d u v o r d ic h h in , d o c h m a n m a c h t d a s T o r n ic h t
auf, o b w o h l S o n n t a g ist. D a s a g t m a n d ir a ls o , k o m m d o c h
La D isp a ritio n 355
m a l in s L a n d h a u s u n d d a n n k o m m s t d u w ir k lic h z u m L and -
h a u s u n d b is t v o r m L a n d h a u s u n d k o m m s t d o c h n ic h t in s
L a n d h a u s u n d w a r s t u m s o n s t a m L a n d h a u s u n d fa h r st v o m
L a n d h a u s a u s z u r ü c k n a c h H a u s...
pin, un pur-sang rouan qui, fin mars, avait vaincu à Chantilly lors
du Grand Prix Brillat-Savarin, Scarborough, un vrai crack au poil
zain qui, par trois fois, triompha à Ascot, Capharnaüm, un rubi-
can qu’on disait pourtant brassicourt, Divin Marquis, pour finir
favori aussi soudain qu’hâtif, un canasson parfois morfondu
mais dont on disait qu’il allait fortissimo.
Saint-Martin montait Scribouillard. Il partit, magistral, sou s
l ’acclamation du public conquis. Mais, au tournant du Moulin,
Saint-Martin ramassa un gadin colossal. Capharnaüm gagna,
suivi à moins d ’un poitrail par Divin Marquis.
— Hassan Ibn Abbou m ’a l’air d ’un fichu rigolo, dit Amaury
un instant plus tard. Qu’avons-nous appris à Longchamp ?
L’on ôta, qui son panama, qui son schako. Un amiral salua,
bancal au clair. Furtif, Ottavio Ottaviani sortit son mouchoir
blanc. Plus d ’un larmoyait. Un paparazzi mitraillait Amanda
Von Comodoro-Rivadavia qui fondait, ru lacrymal, sur l’acro-
mion d ’Urbain d ’Agostino, son soupirant favori.
L’on vit d ’abord surgir un sacristain au camail citron agitant
un goupillon d ’or massif, puis trois ratichons brandissant sous
un baldaquin à galons froufroutants un crucifix plutôt con,
puis cinq borniols hissant un sapin d ’acajou aux portants d ’ai
rain. L’un fit un faux pas : l’oblong sapin glissa, tomba, s’ou-
vrit : damnation ! Hassan Ibn Abbou avait disparu !
Ça prit cinq ou six jours, mais, pour finir, l’on tint coi l’obs
cur fourbi. On ignorait la disparition - si disparition il y avait -
d’Anton Voyl ; on ignora la disparition d ’Hassan Ibn Abbou.
III
J
10
sin- D ’un contact plus jointif jaillira l’intuition qui nous ouvrira
l’horizon !
.— Bravo ! fit Amaury.
.— Hip hip hip hurrah ! dit la Squaw apparaissant alors
apportant sur un plat rond moult flacons d’alcool.
L’on trinqua.
Amaury voulut offrir d ’abord sa contribution, car, disait-il, a
priori, son propos lui paraissait important. L’on fut surpris,
mais l ’on autorisa Amaury à discourir avant tous.
— Or donc, attaqua Amaury Conson un instant plus tard,
j’ai lu un bon bout, sinon la plupart du Journal d ’Anton Voyl.
Il y fait cinq ou six fois allusion à un roman qui, dit-il, fournirait
la solution. Il y a, par-ci, par-là, tout un tas d ’indications qui,
croyons-nous, ont pour but d’approfondir la signification du
roman, sans pourtant nous affranchir tout à fait.
— Oui, fit Savorgnan, disons qu’Anton tout à la fois m on
trait mais taisait, signifiait mais masquait.
— Larvati ib a n t obscuri sola sub nocta, murmura Olga qui
n’avait jamais su son latin.
— Ainsi, poursuivit Amaury, il s’agit parfois du M oby D ick,
parfois d’un roman qu’aurait fait sur la fin Thomas Mann, par
fois d ’un roman d ’Isidro Parodi paru il y a dix ans à la Croix
du Sud. Mais Voyl citait aussi Kafka, puis parlait du « vol du
bourdon », puis d ’un Roi blanc, ou parfois d ’Arthur Rimbaud.
Dans tout ça, il y a toujours un point commun : l’apparition,
ou la disparition du Blanc.
— Du Blanc ! clama Augustus B. Clifford laissant choir son
hanap d ’akvavit qui macula son blanc tapis.
— Du Blanc ! cria Olga fracassant dans sa com m otion un
lampion.
— Du Blanc ! hurla Arthur Wilburg Savorgnan avalant plus
qu’au quart son cigarillo.
— Du Blanc ! brailla la Squaw d ’un ton suraigu qui brisa
trois miroirs.
— Du Blanc, oui du Blanc, raffirma Amaury : tout tournait
autour du Blanc. Mais quand Anton Voyl dit « Blanc » à quoi
feit-il allusion ?
394 Georges Perec
À BAS L'OBSCUR
(Homo blanchit tout...)
À BAS L'OBSCUR
La D isp a ritio n 395
K uraki y o r i
K uraki m ichi ni z o
Usuzum i ni
Kaku ta m a zu sa to
K ari m iyura kan a
ü
396 Georges Perec
H ors du n oir
D ans un parcou rs noir
D'un crayon si fin
Un signal blanc s ’inscrit :
O, vois d a n s l ’a ir l ’albatros
— T out à fait charm ant, fit Amaury, mais l’o n aurait voulu
plus illuminant.
— Craignons q u ’à m o n to u r m a contribution n ’ait aucun
pouvoir, fit, au b o u t d ’u n long instant où chacun n ’osa l’ouvrir
tant il y avait dans l’air am biant u n inconfort grandissant, Olga.
Craignons, car au m oins y avait-il dans vos journaux, placards
ou tankas, allusion à u n p o in t connu, à u n po in t com m un : au
Blanc. Mais, dans m on cas, to u t paraît dos à dos : autant vos
m anuscrits sont obscurs, pourris d ’allusions, ardus à saisir,
autant m on m anuscrit paraît clair, positif, admis...
— Mais, proposa Amaury, s’il constituait, p ar là, la
solution...
— Mais non, coupa Olga, tu n ’as pas compris. Il n ’y a, dans
m on cas, ni allusion, ni signal. Car il s’agit, n o n d ’u n travail
original, mais d ’u n corpus com pilant cinq ou six travaux d ’au
trui, travaux qui, fort connus, n ’o n t p o u r nous aucun attrait
significatif...
— Si tu racontais ab ovo, l’o n p ou rrait y voir plus clair, fit
Augustus.
La D isparition 397
BRIS MARIN
BOOZ ASSOUPI
Tout som nolait dans Ur, tout dorm ait dans Ganaith,
Orion papillo tait au plus profond du noir ;
L’aigu croissant si clair parm i l ’halo du soir
Scintillait au pon an t ; lors Ruth s ’im aginait
TROIS CHANSONS
par un fils adoptif du Commandant Aupick
ACCORDS
NOS CHATS
VOCALISATIONS
i
1
410 G eorges Perec
L
1
12
Alors, trois jours plus tard, soudain, un fait brutal survint qui
nous catastropha : Othon Lippmann arriva à Azincourt.
Il paraissait fourbu ; son raglan avait l’air d ’un haillon ; il
transpirait. Il courut d ’un trait sur Augustus, l’accablant d ’avi
lissants jurons, l ’insultant, lui lançant un flot d ’incivils gros
mots, allant jusqu’à l’assaillir.
— Butor, l’apostrophait-il, goujat, grand nigaud, corniaud,
dugland, trou du cul, connard, abruti, minus, primitif !
Puis il lui flanqua un horion qui fit mal.
Q uoiqu’il montrât un parfait sang-froid, Augustus, q u ’agitait
La D isp a ritio n 427
— Fi ! poussa Olga.
— Pouah ! fit Amaury.
— Oui, poursuivit la Squaw, Othon Lippmann agonisa huit
jours durant, tombant dans un profond coma dont il sortait
parfois pour nous agonir d ’injuriants propos, nous accusant,
va savoir pourquoi, d ’avoir voulu sa mort, nous damnant à tout
jamais. Nous lui prodiguions tous nos soins. Tout au plus put-
on adoucir sa fin. Il mourut, poussant d ’horrifiants jurons, hur
lant, dans un sursaut final, un cri qui nous fit mal tant il nous
parut inhumain.
Augustus prononça son oraison.
— Othon Lippmann, qui fut mon Gourou, va au paradis où
languit la Houri dont Allah, dans sa compassion, t’a fait don.
Nous avons cru dans la foi q u ’un jour tu nous apportas. Nous
l’abjurons aujourd’hui, pour toujours, à jamais. Car, toi mort,
ta foi s’abolit. Nous sortirons Minuit du bissac puis nous bat
trons l’amadou.
L’oraison finit ainsi sur un propos sibyllin qui, pour moi,
s’illumina au soir quand Augustus, s’inspirant du Canon
paroissial d ’Othon Lippmann, amassa six fagots puis accomplit
l’ignition du corps. La combustion, qui dura tout un long jour,
donna un fraisil blanc qu’un aquilon sifflant charria dans l'azur
noir...
Aucun parmi vous n ’aura jamais l’intuition du grand dam
qui s’abattit alors. Tout à son affliction, tout à sa prostration,
s’abandonnant, portant sa croix, gravissant son Golgotha, s’af
faissant sous l’attristant faix d ’un chagrin larmoyant, Augustus
B. Clifford tomba dans un profond collapsus.
Il nous navrait. Il traînait tout au long du jour, ahanant,
assombri, abattu. Q uoiqu’il fût, par goût, par tradition, plutôt
gourmand, sinon glouton, il n ’avait plus jamais faim. Il n ’arri
vait plus à finir son fricot du midi. Pourtant nous lui mijotions,
non sans amour, un plat qu’il adorait : un aloyau aux oignons
confits, un turbot au court-bouillon, du quasi, du boudin au
raifort, un salpicon. Mais il avalait tout au plus un anchois, du
cantal, un soupçon d ’isard, un doigt d ’amontillado, un abricot
ou un citron doux. Il maigrissait. Il nous faisait du souci.
Parfois, il s’isolait dans son donjon, s’y cloîtrait cinq ou six
La D isp a ritio n 429
SL
430 G eorges Perec
On sait qu’à dix-huit ans, Douglas Haig passa, non sans mal,
son bachot, puis qu ’il prit son parti. Son propos mûrit. Un
jour, il accosta Augustus lui d isa n t.-
— Moi aussi, j’aboutirai à la Scala. Baryton, voilà ma voca
tion !
— Il y a loin d ’Arras à Milan, sourit Augustus.
— Labor om n ia vin cit improbus, dit Haig, montrant qu’il
s’acharnait.
— Tu l’as dit, bouffi, riposta Augustus.
— Mais Papa ! s’indigna Haig qui n ’avait aucun humour.
— Allons, fiston, l’apaisa Augustus. J’applaudis à ton obsti
nation. Mais il faut auparavant fournir un travail colossal, sortir
triomphant d ’un tas d ’ardus concours ! Où irait-on si tout un
chacun s’introduisait d ’un coup à la Scala ?
— Mais j’irai pas à pas, promit Haig.
— Alors travaillons dur, conclut Augustus.
Haig jusqu’au cou s’absorba dans son travail, vocalisant,
filant, lourant, du chant du coq à la fin du jour.
14
Il m ’apprit plus tard qu’il avait voulu alors tout trahir, qu’il
fut un instant au point d ’affranchir Haig sur sa condition d ’An-
glais bâtard, qu’il faillit s’ouvrir à lui, lui parlant du Zahir,
d ’Othon Lippmann, du vagabond au sarrau blanc qui avait
nom Tryphiodorus, du bain lustral, and so, and so. Mais il
n’osa pas.
Un long instant passa. Douglas Haig, sans un mot, fixait
Augustus. Puis soudain il tourna talons, fuyant tout au long du
bruyant corridor.
Augustus s’immobilisait.
J’ai voulu savoir s’il fallait courir sur Haig.
— Non, m ’a-t-il dit, laissons choir. S’il doit partir, il partira.
Sinon, tant pis, nous mourrons tous !
Milord,
J ’a i vu cinq ou six fois, au cours du m ois d ’avril, Douglas
H aig Clifford. A yan t appris, tou t à f a i t p a r hasard, qu ’il a v a it
fu i d ’A zincourt, vous laissan t sans in dication s sur son sort,
j ’a i cru bon, sa u ta n t sur l ’occasion, vous fo u rn ir cinq ou six
inform ations qu i - vo ilà m on sou h ait - concourront à a d o u
cir vos soucis ou vos chagrins.
A rrivant à Paris, D ouglas H aig s ’y con du isit d ’a b o rd p lu tô t
mal. Il tra în a it da n s d ’indignants caboulots ; il s ’acoqu ina à
un trio d ’in dividu s issus du p lu s vil bas-fond, d ’infam ants
sacripants, voyous san s f o i ni loi rom pus a u x p lu s n oirs fo r
faits. Subissant la fa scin a tio n du mal, Douglas H aig p a rticip a
au x larcins d o n t l ’a vilissa n t trio tira it to u t son profit. Ça f a il
lit m a l fin ir p o u r lui : p r is la m ain dan s un sac, l ’a d r o it filo u
qui co m m a n d a it au gan g alla m oisir à Maroni.
Poltron sinon couard, m ais cra in tif à coup sûr, Douglas
H aig s ’im agina a u ssitô t croupissant à Biribi. Il n ’a im a p a s
ça. Q u itta n t illico sa casbah d ’argousins, d ’oustachis, d ’im
m oraux m alandrins, il loua au b o u l’m ich ’ un g a rn i studian-
436 Georges Perec
Olga Mavrokhordatos
▼
15
Albin partit donc. Il apprit plus tard, par un mot succinct qui
arriva au bordj, qu’Anastasia avait fini par aboutir au consulat
ricain à Cattaro. Mais la star avait pris froid durant son long
parcours. Un mois plus tard, il y avait fluxion au poum on droit.
Un toubib lui ordonna l’abandon d ’Hollywood. Anastasia
sanglotant capitula. Au vrai, nonobstant son air « actor’s stu
dio » on la disait sans futur vis-à-vis du film parlant qui faisait
alors son apparition (tout ça arrivait aux abords d ’août vingt-
huit : il avait suffi d ’un film d ’A. Crossland pour qu’à la Colum
bia, à la Rank, on optât pour la mutation).
Ainsi, la vamp qui avait fait maigrir Farouk, grossir Baudoin,
la vamp pour qui soupira Taft, puis Woodrow Wilson, pour
qui sanglota J. Ramsay Mac Donald, la vamp à qui Sir Winston
Churchill offrit un quintal d ’habanas, la vamp dont Vladimir
Ilitch Oulianov avait dit qu’il n’y avait pas plus nocif opium,
tirait, sans point final, un trait au bas d ’un curriculum si bril
lant qu’on n ’imaginait pas qu’il pût finir ainsi : dix-huit Oscars,
six Lions d ’or ! Sic tran sit Gloria M undi !
L’on vit moult fans s ’abîmant dans un chagrin sans fond.
Tout un club d ’Iron Mountain, aux confins du Wisconsin, non
loin du Michigan, suicida d ’un bloc. Un Japonais fit hara-kiri.
Un marin jamaïcain sauta du haut du Radio-City Building, à
Manhattan.
458 G eorges Perec
i
1
18
â
462 Georges Perec
Ba va sa ka ma sar pa ta par da
Bi vi si ki mi sir pi ti pir di
Bo vo so ko mo sor po to por do...
Ja Gra Va Sa La Dâ La Ma Tân
A Ma Va Jas ’A Ta Krat’ Dâ
La Pa Sa Ya Ra Da Ra Cha
466 Georges Perec
J’ai failli, moi aussi, mourir à la mort d ’Haig, dit Olga, pour
suivant sa narration. J’assistai à tout. Quand il tomba, quand
on vit un sillon zigzagant parcourir son staff, j’ai chu, pâmant,
tombant dans un profond coma. On m ’alanguit sur un lit. J’y
agonisai six jours. Puis un toubib m ’inhala un produit qui avait
un fort parfum d ’ammoniac. J’ouvris un cil. Anton Voyl m ’assis
tait, gardant sa main dans ma main. Il m ’apprit, pas à pas, la
situation. S’introduisant dans l’hôpital où l’on avait mis son
fils, Augustus l’avait ravi. J’ai voulu aussitôt courir à Azincourt.
— Non, m ’a dit Voyl, tu n ’as aucun pouvoir. Augustus t’abat
trait ainsi qu’un jaguar malfaisant, car tu as nom Mavrokhorda
tos ; lors, croit-il, tu fis mourir son fils !
Il m ’apprit ainsi ma filiation, la Damnation qui s’attachait à
m on nom. Mais, niant, j’hurlai :
— Il a fait mourir son fils par l’horrifiant cri qu’il poussa.
J’accomplirai donc la Damnation qui m ’agit à mon insu, car
il a fait mourir mon mari d ’un instant !
Mais, six ans durant, Anton Voyl s’attacha à mon pas, m ’ac
compagnant partout, toujours. J’aurais voulu fuir, courir à
Azincourt pour voir sous ma main mourir Augustus. Mais Voyl
avait sur moi un pouvoir fascinant. J’ai cru parfois pouvoir
m'affranchir du soin constant qu'il avait pour moi : mais il
m ’apportait un si amical concours ! J’allais m ’abandonnant à
sa consolation. Il m ’amusait. J’oubliais la mort du si charmant
Douglas Haig. S’il m ’arrivait d ’avoir du chagrin, Anton avait
toujours un mot câlin à m ’offrir. Si, parfois, m ’assombrissant,
m ’assaillait la volition d ’abolir Augustus, Anton savait aussitôt
m ’assagir.
J’avais fui ma vocation ; j’avais banni mon chant. L’important
capital dont Anastasia m ’avait fait l ’ayant-droit avait produit,
La D isparition 471
H3C - CH - CH3
N - CH3 CHO-CO-CHOH-C6H5, BrH
H3C - CH - CH3
Amaury Conson
I&
21
qu’il irait dormir. À coup sûr, ils sont dans la maison, chacun
dans un coin, piquant un bon roupillon.
— Mais pourquoi n ’ont-ils pas accouru quand nous avons
glapi au portail ? Nous avons pourtant fait un boucan assour
dissant !
— À mon avis, dit la Squaw, ils sont par trop abasourdis
pour ouïr tout bruit, fut-il l’hourvari tonitruant d ’un Satan au
soir du grand Sabbat.
— Il faut pourtant qu’on soit tous là, murmura Aloysius.
Nous allons voir : y a-t-il par ici un tuba ou un buccin, un bary
ton saxo ou un clairon, un biniou ou un tam-tam ?
— Non, mais il y a un cor, dit la Squaw, qui prit sur un
lutrin voisin un olifant, un vrai bijou, mi-airain, mi-laiton, qui
datait d ’au moins l ’an Mil.
Où qu ’y a un m ur qu il d it
Hors to u t au to u r y a la cour
Faut q u ’ça p a s s ’fa u t q u ’ça p a rto u t
J ’I’y convois d a n s la Chanson /
J’allai bon train à Arras, mais n’y parvins qu’à la nuit, tant
s ’assortit mon parcours d ’inopportuns coups du sort. J’accou
rus au Commissariat, y fis irruption, mais il n ’y avait pour fac
tion qu’un rond-du-cuir zozotant, bavard, idiot, par surcroît
tout à fait sourd, qui nous tint un discours abracadabrant d ’où
il sortait qu’il voulait avant tout sa gratification, sa commission,
son bakchich. On lui donna du bâton, mais il nous fallut un
fichu laps pour nous saisir du pli confirmant la mort d ’Yvon,
pli q u ’on trouva pour finir dans un tiroir qu’on fractura non
sans un mal canin.
vingt-six photos qui pourront à coup sûr nous fournir pas mal
d’indications !
Toujours à l’affût, Aloysius Swann s’approcha. Un long ins
tant, il scruta l ’intrigant support.
— Mais dis-moi, la Squaw, voulut-il savoir d ’abord, qui nous
dit qu’il s’agit là d ’un carton d ’Amaury ?
— Nul n’a jamais vu ça ici auparavant, affirma la Squaw. Il y
a cinq jours, quand j’ai pourvu à l’installation du duo q u ’Olga
voulait voir accourir à Azincourt, j’ai sorti du cagibi six draps,
trois polochons, un plaid, m oult torchons. Or, crois-moi, il n ’y
avait sur la paroi ni carton, ni photos.
— Il y a là, murmura Aloysius, pas mal d ’individus qu’on
connaît plutôt pas mal, mais il y a aussi cinq ou six quidams
tout à fait inconnus pour moi, dont un, au moins, dont on
voudrait savoir plus.
Il montra du doigt un portrait qui paraissait l’ahurir. Il s’agis
sait d ’un individu aux traits plutôt lourdauds, pourvu d ’un poil
châtain trop abondant, touffu, ondulant, plutôt cotonnant,
portant favoris, barbu, mais point moustachu. Un fin sillon bla
fard balafrait son pli labial. Un sarrau d ’Oxford sans col appa
raissait sous un tricot raglan marron à trois boutons fait du
plus fin whipcord. Ça lui donnait un air u n brin folklorain. On
l’aurait pris pour un zingaro, pour un gitan, pour un forain ou
pour un paysan kalmouk, mais on aurait pu tout autant y voir
(par soumission aux goûts du jour) un hippy grattant son
banjo ou sa balalaïka dans un boxon à Chinatown ou à Big
Sur.
Aloysius Swann apostropha Ottaviani qui fouillait au hasard
non loin. On disait, à la P.J., qu’Ottaviani, robot abruti mais
loyal, n ’oubliait jamais un individu s’il l’avait vu un instant.
— Ottaviani, lui dit-il, lui montrant la photo, n ’aurais-tu pas
jadis vu un poilu aussi distinctif ?
— Ma foi non, fit aussitôt Ottaviani, par surcroît, la photo a
au moins vingt-cinq ans !
— Tu as raison, admit Aloysius, allons donc voir Arthur Wil
burg Savorgnan, puisqu’on fait chou blanc par ici.
D ’un doigt prompt, il arracha la photo qu’un kraft autocol
lant fixait au bristol, puis, suivant la Squaw, suivi d ’Ottaviani,
498 G eorges Perec
— Sinon quoi ?
— Sinon, nous n ’aurons plus jamais l’occasion...
l’imbroglio. J’ai acquis sur mon antan, sur mon jadis, un savoir
global !
Un gamin qui n’avait pas dix-huit ans, avait avant lui six fran
gins, fait qui, a priori, lui prohibait à jamais d ’aboutir au Dau-
phinat. Or il y parvint, ourdissant, mijotant, fignolant puis
accomplissant, coup sur coup, six assassinats n ’ayant, par sur
c r o ît, aucun point commun, sinon par l’imagination dont cha
cun montrait l’infini pouvoir.
Puis vint Parfait. Là, il y avait un hic. Car Parfait, vrai Goliath,
plus fort qu’un Turc, plus mauvais qu’un Troll, brutal, taquin,
fripon, corrompu, sournois, avait la passion du combat. Quand
on s’attaquait à lui, on n ’avait jamais la paix.
Parfait avait, dans un souk, un magasin où l ’on fabriquait
fruits confits, bonbons, fondants, calissons d ’Aix, chocolats,
candis, nougats ou cassatas.
Il y avait mis au point un sabayon au sirop, fort rafraîchissant
à qui Ankara associa aussitôt son nom.
Nul jour n’allait sur sa fin sans qu’un Icoglan, qu’un Vizir,
qu’un Timariot ou qu’un Sirdar n ’allât voir Parfait dans son
souk, lui commandant pour son gala du soir un « parfait au
marasquin » ou un « parfait au cassis » dont partout l ’on raf
folait.
Maximin alla donc voir Parfait. II lui donna vingt sous puis
lui commanda un colossal parfait aux limons doux.
— Parfait, dit Parfait.
La D isp a ritio n 507
Souriant dans son for d ’un mot qu’il trouvait bon, Maximin
s’occupa alors du suivant qui avait nom Quasimodo : un gars
courtaud, un bas du cul, qui avait tout du nigaud. Son I.Q. lui
donnait la raison d ’un garçon n ’ayant pas six ans, alors qu’il
avait cinq fois plus.
Son occupation, sinon sa vocation, consistait surtout à offrir
aux tringas, aux culs-blancs ou aux courlis qu’on voyait gamba
dant au bord du lac du Jardin municipal, d ’inconsistants dis
cours à l’instar d ’un saint François. Un badaud s’amusant lui
lançait parfois un ducaton ou un florin qui constituait tout son
profit.
Son assassinat n ’offrit aucun tracas à Maximin qui l’accom
plit haut-la-main.
Il disposa au fond du lac un fin croisillon qu’un fil liait à un
accu produisant, au contact, un fort courant d ’induction. Puis
508 G eorges Perec
Tobolsk, d ’où l’on partit pour Oslo. Nous avions dix ans. Là,
la nonnain mourut sans avoir l oisir d ’affranchir nos savoirs
quant au fatum obscur qui planait sur nous.
L’on nous dissocia. Tu fus mis dans un sanatorium à Uskub,
d’où tu fuis trois ans plus tard ; mais, passant alors sous un
camion, tu oublias aussitôt tout ton jadis.
Quant à moi, j’allai à Hull, où m ’adoptait un tambour-major
qui, plus tard, voyant qu’à coup sûr j’avais un don pour l’ins
truction, m ’inscrivit à Oxford.
Ainsi, j’avais tout appris sur l ’alarmant sort qui nous poursui
vait, mais j’ignorais toujours où tu vivais !
J’allai partout : à Ajaccio, au cap Matifou, au lac Pontchar-
train, à Joigny, à Stockholm, à Tunis, à Casablanca ; partout
consultant d ’importants bottins, mais n ’y trouvant jamais ton
nom, partout hantant consulats ou commissariats, mais sans
qu’on m ’y donnât jamais un brin d ’information...
24
aimait parmi tous pour son poids imposant, mais aussi pour
son parfait sang-froid, du hussard donc donnant du rhum à
La Disparition 529
Mais il y avait nos six bambins, six gnards non fautifs s’intri-
guant pour l ’instant dans six cordons ombilicaux, y risquant
fort la mort par strangulation ou asphyxiation.
Ça m ’apitoya. Un à un, j’affranchis mon sixain poupon du fil
qui l’unissait au puits tari où il avait crû, m ’affairai à son ablu
tion minimum, puis l’abritai dans l’avion.
J’abordai alors l’ardu tracas du circuit d ’admission à rassai-
nir : quoi qu’on fît, la Marchai s’allumait toujours trop tôt,
530 Georges Perec
Hassan Ibn Abbou lui aussi fut mon fils. Il fut m on initial
abandon, à Agadir où j’arrivai d’abord.
Laissant m on avion dans un hangar, j’accomplis d ’abord, par
un surcroît vigilant, m ’aidant d ’un trocart crypto-coagulant,
l’ustion du signal minus, mais distinctif qui, sur chacun, s’an-
nonçait à l’avant-bras droit, montrant qu’à coup sûr m on sixain
s’appariait au Clan maudit.
Alors, choisissant au hasard, suivant la chanson
Am stram gram
Pic ou Pic ou Coligram
Bour ou Bour ou R atatam
Am stram gram
— Voilà, dit la Squaw, ils sont tous morts. L’on n ’aurait pas
cru. A la fin, ça vous avait un air Much a d o a b o u t nothing
plutôt irritant, ou du moins attristant.
— Chi va p ia n o va sano, sourit Aloysius Swann. Ils sont tous
morts. Donnons à tous l’absolution. Prions pour qu’à son tour
chacun ici-bas soit blanchi. Car, s’ils ont tous commis maints for
faits, au moins chacun nous a-t-il fourni sa collaboration. L’on
connaît plus d ’un protagon à qui l’on n ’aurait pas ainsi imparti
un canon si contraignant. Or chacun l’a subi jusqu’au bout...
— Tais-toi, murmura la Squaw, yo u ta lk too much...
Aloysius Swann rougit.
— Ainsi donc, dit la Squaw, voici sonnant l’instant du Finis
C oronat Opus ? Voici la fin du roman ? Voici son point final ?
La Disparition 551
Ainsi, son travail, pour confus qu’il soit dans son abord
initial, lui parut-il pourvoir à moult obligations : d’abord, il
produisait un « vrai » roman, mais aussi il s’amusait (Ramun
Quayno, dont il s’affirmait l’obscur famulus, n’avait-il pas dit
jadis : « L’on n’inscrit pas pour assombrir la population » ?),
mais, surtout, ravivant l’insinuant rapport fondant la signifi
cation, il participait, il collaborait, à la formation d ’un puis
sant courant abrasif qui, critiquant ab ovo l’improductif
substratum bon pour un Troyat, un Mauriac, un Blondin ou
un Cau, disons pour un godillot du Quai Conti, du Figaro
ou du Pavillon Massa, pourrait, dans un prochain futur, rou
vrir au roman l’inspirant savoir, l’innovant pouvoir d’un atti
rail narratif qu’on croyait aboli !
‘,u..r *u<>^ <i>k! ut) ni.'l m :qnlq kI n;c>q licuiij^nin
no luob :/:u<uit<î|v«iu ,yflfii.v*Jt.in,iivvm^q tiu WJ* uinvwt)
i:l •Ml* V^. ,
i*w W»yiticu< t
Jean Tardieu
Un mot pour un autre
L’a lpbabet magique, l ’biéroglypbe mystérieux, ne nous
arrivent qu 'incomplets et faussés, soit par le temps, soit par
ceux-là mêmes qui ont intérêt à notre ignorance ; retrou
vons la lettre perdue ou le signe effacé, recomposons la
gamme dissonante et nous prendrons force dans le monde
des esprits. '
| I:
Gérard de Nerval
(cité par Paul Eluard.
Poésie involontaire et poésie intentionnelle)
IÏT* '■ /! r
_ - ,W.-..5..-,__ . -, • Ji/i
1 rï & 6 ;.« îjvmii
: tkv -iim ‘l
-r gsr îsdüo-j te
Æs xi":I 1 ■ uwu j!
îi uv. :roV ■ -tï ihtaE’l si hn'v-" v r;,: rn rf :’t
ï* v - '• r [hvtâÈi ih Ci
' .V V ^
fa E SHRVEM LEX EST, LEGEMQVE TENERE NECESSE EST ? -
SPES CERTE NEC MENS, ME REFERENTE, DEEST -,
SED LEGE, ET ECCE EVEN NENTEMVE GREGEMVE TENENTEM
PERLEGE, NEC ME RES EDERE RERE LEVES. ,
rt' . !n«< Lord Holland
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.. . ■ -A. ^
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Üi*” ■
LES REVENENTES
TEXTE
y
E SERVEM LEX EST, LEGEMQVE TENERE NECESSE EST ?
SPES CERTE NEC MENS, ME REFERENTE, DEEST ;
SED LEGE, ET ECCE EVEN NENTEMVE GREGEMVE TENENTEM.
PERLEGE, NEC ME RES EDERE RERE LEVES >.
E ve’s Legend
1. L'épigraphe de ce texte est tirée d'un texte de trois pages, intitulé Eve’s
Legend, publié dans le Keepsake de 1836 ; son auteur est Henry Richard
Vassall-Fox Holland, troisièm e Lord Holland.
J ’ém ets ferm em en t qe
les gens d e ce texte
e t les réels ne présen ten t
d e ressemblence.
Telles des chèvres en détresse, sept Mercédès-Benz vertes,
les fenêtres crêpées de reps grège, descendent lentem ent West
End Street et prennent sénestrement Temple Street vers les
vertes venelles sem ées de hêtres et de frênes près desqelles se
dresse, svelte et em pesé en même temps, l ’Évêché d ’Exeter.
Près de l’entrée des thermes, des gens s’empressent. Qels
secrets recèlent ces fenêtres scellées ?
— Q’est-ce qe c’est ?
— C’est l’Excellence ! C’est l’Excellence l’évêqe !
— Z’ètes démente, c’est des vedettes ! bêle, hébétée, qelqe
mémère édentée.
— Let’s bet three pence ! C’est Mel Ferrer ! prétend qelqe
benêt expert en westerns.
— Mes fesses ! C’est Peter Sellers ! dém entent ensem ble
sept zèbres fervents de télé.
— Mel Ferrer ! Peter Sellers ! Never ! jette-je, excédé, c ’est
Bérengère de Brémen-Brévent !
— Bérengère de Brémen-Brévent ! ! répètent les gens qe
cette exégèse rend perplexes.
— Certes, reprends-je, Bérengère, Bérengère « The Qeen »,
Bérengère « The Legs », celle qe Dresde et qe Leeds révèrent,
celle qe vénèrent et le Rex et le Sélect et Pleyel ! Bérengère,
déesse éthérée des scènes, vedette d’entre les vedettes, fée des
kermesses et des fêtes ! Sept cent trente-sept prêtres l’encen
sent : dès q ’elle entre en scène et entreprend d ’enlever ses
vêtements, cent mecs se pètent le cervelet !
— Et q ’est-elle censée chercher chez l’Évêqe ? Ces messes ne
me semblent de même espèce ! ém et qelqe pète-sec en bérêt et
en spencer.
574 Georges Perec
— Certes.
Elles se rendent chez « Mémé Berthe » ; c ’est le célèbre et
très fermé cercle des self-mède-men d ’Exeter. Le menger est
excellent. Le chef, né près de Besse-en-Chendesse, sert chez
René, près des Ternes, et est l’élève des très grends mètres : le
Père Blenc, de Belley-en-Bresse, les frères Vernet, de Mende,
Bébert Lévèqe, de Clèves, etc...
Elles entrent et Mémé Berthe les précède vers les crédences,
près des fenêtres, cependent qe les serventes revêtent de den
telles le chêne des dessertes et mettent les verres et les ves-
selles de Sèvres.
Mémé Berthe s’empresse près des femmes, tend les chezes,
prend le serre-tête de Thérèse et le béret de tweed d ’Hélène,
et présente ses recettes :
ENTRÉES
RELEVÉS
Les W ennerschnetzel
ENTREMETS
Le Vermeecelle d e Gênes
Les Qenelles d e Cepes
Les Esperges Veenégrètes
Les Bettes, les Ers, les Vesces
et les Fèves des Cevennes
DESSERTS
Sherbet d e Frèzes
Pèche Belle-Hélène
Gelée d e Nèfles
Mereengges en Nège
Crème Renversée
Blenc-Menger
Crêpes Flembées
Les Tendresses d e M émé Berthe
— Kernell Street.
Je rentre derechef près de cette brèle d ’Ernest. Semble se
remettre légèrement et reprendre en même temps qelqe
flegme et qelqe pensée.
— T’es dégénéré, Clément ! Q’est-ce qe c ’est qe cette
dém ence de me descendre mes mecs ? Qend t es entré chez
Bébert, c ’été thésée de te décéder keef-keef ! Je ne te cherche
qerelle, mets je me défends et je me vengeré !
— Entends, mec, ce n ’est le temps des steeple-cheze ! C’est
cler et net ! le trêté de pêt décrète qe tes mecs et tezeeg èdent
Hélène ! Elle les mène dens l’évêché et tes clephtes se démer-
dent et prennent les gemmes de B de BB !
— Certes !
— Ne te méprends ! Même débeele, je flère tes stretegèmes !
Tes Feldwebel et tes mères mecqerelles je te les lesse tels qe !
Ce n ’est très fère-plé de penser me les réserver !
De ses lèvres gercées, Ernest se permet d ’égrener :
— Excrément de merde ! Le préfèt préserve Edmée ! C’est
réglé qe les fleekmen te cherchent et mes mecs de même ! T’es
enterré, Mec !
M’énerve, cet enflé ! Je l ’édente de qelqes bègnes. Les lèvres
ensenglentées, le mec se têt.
— Reste sensé, Ernest, et n’émets de méchentes pensées.
Je trempe qelqes kleenex et j’étenche le seng qe ses lèvres
éjectent. Ernest se lesse fère. Je sens qe c ’est le temps de se
remettre en pêt.
— Je regrette, reprends-je, qe Gégé les Pervenches est
décédé. Persennellement, je le bière, ce mec, mets qe je ne le
descende et j’été crevé séhence tenente !
— T’es crevé qend même, répète Ernest.
— Ferme tes clepets qend je te déterge ! Et te rentre en cer
velle qe le chef c’est Mezeeg ! Le pre de tes mecs q ’entreprend
qelqe menée trétresse, je l’éventre, c’est cler ?
— En ce mement, certes, t’es le chef, mets - beleeve me -
ce temps est bref et je préfère être dens mes sem elles qe dens
tes em pègnes !
— Ne te presse de me mettre en terre !
Les R evenentes 611
est tellement belle, en effet, qe, près d ’elle, les gemmes sem
blent ternes.
— Tent et tent de prêtres et de femmes légères ! Qe qelqe
clephte se lesse tenter et c’en est fé de ces gemmes !
Bérengère ne m enqe de cervelle. Elle pense, et qend elle
pense, elle ne menqe d ’entendem ent : elle décrète q ’elle lesse
ses gemmes et les enferme dens des qessettes de fer. Les clés
pénètrent dens les verterelles, et pèsent près des pênes lesqels
s’enclenchent sèchement. Bérengère cèle les qessettes dens les
renfencements de qelqe crédence q ’elle scelle mêmement. Elle
est prête de céler de même l’ensem ble des clés, qend elle se
remembère l’exem ple des « Lettres menqentes » et, très fren-
chement, presqe négleegemment, elle lesse trèner les clefs
près de ses chevets. Et elle s’empresse de redescendre près de
l’Évêqe chez leqel, présentement, entrent Thérèse et Hélène.
— Très chères nénettes, qel enchentem ent ! Z’ètes belles
telles des déesses, bêle l ’évêqe.
— Excellence, fêt Thérèse, j’espère être servente de tes
eppétences !
— Qe c ’est bellement décrété ! reprend l ’Évêqe. Mest n ’est-
ce Bérengère ?
C’est elle, en effet.
— Bérengère, très chère, je me délecte de l’édéneeqe pré
sence de ces femmes et t’en rends cent dettes !
— Je me plès de détecter, ém èt le Père Spencer, l’entente
serène de ce qertette et en pressens les chences de cette fête !
Et le prêtre d ’émettre ces vers vrément cherments :
THE END
LA VIE
M ODE D ’EMPLOI
Romans
Si d a n s Les Revenentes, le titre, avec sa graph ie «fa u tiv e »
a valeur d e program m e, p o u r La Vie m ode d ’emploi, c ’est le
sous-titre et son p lu rie l insolite qu i déconcertent : non p a s un
« rom an », m ais un « rom ans ». À l ’échelle d e l ’œ uvre entier,
ce « rom ans » n ’est p a s un rom an (parm i d ’autres), m ais sans
aucun d o u te possible le rom an, to u t com m e en son centre se
trouve non p o in t un « chapitre U » m ais « Le chapitre U ». À
m a in ts égards, une p ro d u ctio n exceptionnelle.
Exceptionnelle, La Vie m ode d ’em ploi l ’est d ’a b o rd p a r la
durée de son élaboration. La seule rédaction du m anuscrit
d é fin itif a du ré un p eu m oins d e vingt m ois (du 29 octobre
1976 au 5 a v ril 1978), m ais les prem ières traces du p ro jet
rem on ten t à 1967 : il s ’agissait alors d ’utiliser à des fin s
rom anesques le m odèle d e bi-carré la tin orthogonal d ’ordre
10 que C laude Berge a v a it com m uniqué à l ’OuLiPo cette
année-là. A la fin d e 1969, «p e n d a n t la reconstitution labo
rieuse d ’un gigantesque p u zzle représentant le p o r t d e La
Rochelle », Perec im agine une ébauche d e « ce qu i a lla it deve
n ir l ’histoire d e Bartlebooth. Le nom du personnage,
em prunté à Valéry L arbau d et à Melville, é ta it déjà trouvé ».
Le 2 4 octobre 1972, le p ro jet est suffisam m ent avan cé p o u r
que Perec rédige une prem ière version du d éb u t : « On p e u t
com m encer com m e cela. Entre le 3 e et le 4 e étage, une fem m e
est en train d e m onter les escaliers. Elle p o rte un ensem ble de
tw eed, un g ra n d sac m arqué a u x in itiales du fa b rica n t et elle
tien t da n s sa m ain gauche une feu ille d e p a p ie r su r laquelle
a été dessiné, soigneusement, p resqu e professionnellem ent, le
p la n d e l ’appartem en t qu ’elle va estimer. » La p lu p a rt d e ces
d éta ils se retrouveront dan s la version défin itive : à cette
date, la structure d ’ensem ble du systèm e et la com bin atoire
qu i règle la distribu tio n des élém ents à la fo is dan s l ’im
N otice 643
(Jules V ern e,
M ic h e l S tro g o ff)
?
PR É A M BU L E
les bonshom m es
et les croix
CHAPITRE I
Dans l ’escalier, 1
Beaumont, 1
Troisième droite, 1
MOUSSELINE
AUX FRAISES
Prendre trois cents grammes de fraises des bois ou des
quatre-saisons. Les passer au tamis de Venise. Mélanger
avec deux cents grammes de sucre en glace. Mélanger
et incorporer à l’appareil un demi-litre de crème fouettée
très ferme. Remplir de cet appareil de petites caisses
rondes en papier et mettre à rafraîchir deux heures dans
une cave à glace légèrement sanglée. Au moment de
servir, placer une grosse fraise sur chaque mousseline.
Yoshimitsu lui-même est assis sur ses talons, sans être gêné
par les dés. Il tient entre ses paumes une petite bouteille de
jus d ’orange de laquelle émergent plusieurs pailles enfilées les
unes aux autres de manière à arriver jusque dans sa bouche.
Smautf a calculé qu’il y aurait en 1978 deux mille cent
quatre-vingt-sept nouveaux adeptes de la secte des Trois
Hommes Libres et, en supposant qu’aucun des anciens dis
ciples ne soit mort, un total de trois mille deux cent soixante-
La Vie m o d e d ’em p lo i 669
M arquiseaux, 1
Foulerot, 1
qu’elle rencontra celui qui devait devenir son mari. Mais récla
m ée partout avec de plus en plus d ’insistance, entraînée dans
des tournées triomphales qui duraient parfois une année
entière, elle vécut à peine avec Fernand de Beaumont qui, de
son côté, ne quittait son cabinet de travail que pour aller véri
fier sur le terrain ses hasardeuses hypothèses.
Née en 1929, Elizabeth fut donc élevée par sa grand-mère
paternelle, la vieille com tesse de Beaumont, ne voyant guère
sa mère que quelques semaines par an, lorsque la chanteuse
consentait à échapper aux exigences toujours plus grandes de
son imprésario pour venir se reposer quelque temps dans le
château des Beaumont à Lédignan. Ce n ’est que vers la fin de
la guerre, alors qu’Elizabeth venait d ’avoir quinze ans, que sa
mère, ayant renoncé aux concerts et aux tournées pour se
consacrer à l’enseignem ent du chant, la fit venir à Paris auprès
d ’elle. Mais la jeune fille refusa très vite la tutelle d ’une femme
qui, privée du chatoiement des loges et des galas, et des jon
chées de roses qui clôturaient ses récitals, devenait acariâtre et
autoritaire. Elle s ’enfuit de chez elle un an après. Sa mère ne
devait plus la revoir et toutes les recherches qu’elle entreprit
La Vie m o d e d ’em p lo i 679
Chambres d e bonne, 2
M orellet
Winckler, 1
lait chaque cadre pendant des jours et des jours, les décou
pant, les ajourant sans cesse jusqu’à ce qu ’ils deviennent
d’impalpables dentelles de bois au centre desquelles le petit
miroir poli semblait un regard métallique, un œ il froid, grand
ouvert, chargé d ’ironie et de malveillance. Le contraste entre
cette auréole irréelle travaillée com me un vitrail flamboyant, et
l’éclat gris et strict du miroir créait une impression de malaise
com me si cet encadrement disproportionné, en quantité
com me en qualité, n ’avait été là que pour souligner cette vertu
maléfique de la convexité qui semblait vouloir concentrer en
un seul point tout l ’espace disponible. Les gens auxquels il les
montrait ne les aimaient pas : ils en prenaient un dans leurs
mains, le retournaient deux ou trois fois, admiraient le travail
du bois et le reposaient vite, presque gênés. On avait envie de
lui demander pourquoi il y consacrait tellement de temps. Il
n’essaya jamais de les vendre et il n ’en fit jamais cadeau à per
sonne ; il ne les accrochait même pas chez lui ; dès qu’il en
avait fini un, il le rangeait à plat dans une armoire et il en
commençait un autre.
Ce fut pratiquement son dernier travail. Quand il eut épuisé
son stock de miroirs, il fit encore quelques babioles, des petits
jouets que Madame Nochère venait le supplier de fabriquer
pour tel ou tel de ses innombrables petits-neveux ou pour un
des enfants de l ’immeuble ou du quartier qui venait d ’attraper
la coqueluche, la rougeole ou les oreillons. Il commençait tou
jours par dire non, puis il finissait par faire, exceptionnelle
ment, un lapin en bois découpé avec des oreilles qui
bougeaient, une marionnette de carton, une poupée de chif
fons, ou un petit paysage à manivelle où l’on voyait apparaître
successivement une barque, un bateau à voiles et un canot en
forme de cygne tirant un homme faisant du ski nautique.
Puis, il y a quatre ans, deux ans avant sa mort, il s’est arrêté
tout à fait, a rangé soigneusem ent tous ses outils et dém onté
son établi.
Au début il sortait encore volontiers de chez lui. Il allait se
promener au parc Monceau, ou descendait la rue de Cour-
celles et l’avenue Franklin-Roosevelt jusqu’aux jardins Marigny,
en bas des Champs-Élysées. Il s’asseyait sur un banc, les pieds
692 G eorges P erec
Chambres d e bonne, 3
Chambres d e bonne, 4
à ses deux femmes, ordonna qu’on mît sur le sépulcre, qui fut
ensuite le sien, cette épitaphe qu’il avait com posée :
« Ci-gisent deux femmes rivales, qui s’aimèrent comme des
sœurs, et qui m ’aimèrent également. L’une abandonna Maho
met pour suivre son époux, et l ’autre courut se jeter dans les
bras de la rivale qui le lui rendait. Unis par les liens de l’amour
et du mariage, nous n ’avions qu’un lit nuptial pendant notre
vie ; et la même pierre nous couvre après notre mort. » Un
chêne et deux tilleuls furent, com me il se doit, plantés près de
la tombe.
Le seul autre meuble de la chambre est une mince table
basse occupant le maigre espace disponible entre le lit et la
fenêtre et sur laquelle sont posés un électrophone — un de
ces tout petits appareils appelés mange-disques — , une bou
teille de pepsi-cola au quart pleine, un jeu de cartes et un cac
tus en pot agrémenté de quelques graviers multicolores, d ’un
petit pont de matière plastique et d’une minuscule ombrelle.
Quelques disques sont empilés sous la table basse. L’un
d ’eux, sorti de sa pochette, est posé presque verticalement
contre le bord du lit : c’est un disque de jazz — Gerry M ulligan
Far East Tour — et la pochette représente les temples d ’Ang-
kor Vat noyés dans un brouillard matinal.
Accrochés à un porte-manteau fixé sur la porte, pendent un
imperméable et une longue écharpe de cachemire.
Une quatrième photographie, carrée, de grand format, est
fixée avec des punaises sur le mur de droite, non loin de l ’en
droit où se tient la jeune fille ; elle représente un grand salon
parqueté à la Versailles, entièrement vide de meubles à l’excep
tion d ’un gigantesque fauteuil sculpté de style Napoléon III, à
la droite duquel se tient, debout, une main posée sur le haut
du dossier, l’autre sur la hanche, le menton en avant, un
homme tout petit déguisé en mousquetaire.
CHAPITRE XI
L atelier d e H utting, 1
Réol, 1
Rorschash, 1
BIBLIOGRAPHIE
R o rs c h a s h , R. M ém oires d ’un lutteur, Paris, Gallimard, 1974.
R o rsc h a s h , R. L’o r africain, roman. Paris, Éd. du Tonneau,
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G é n é ra l A. C o s te l lo . L’offensive Schlendrian au rait-elle p u
sau ver Sedan ? Rev. Hist. Armées 7, 1907.
L andès, D. The Cauri System a n d African Banking. Harvard.
J. Économ. 48, 1965.
Z g h a l, A. Les systèm es d ’échanges inter-africains. M ythes et
réalités. Z. f. Ethnol. 194, 1971.
CHAPITRE XIV
D inteville, 1
Chambres d e bonne, 6
M adem oiselle Crespi
D ans l ’escalier, 2
Rorschash, 2
A ltam ont, 1
M oreau, 1
D an s la chaufferie, 1
Juste
1839-1917
épouse
Marie
Bereaux
1852 1888
1 1 .. 1
Fra içois Louis Henri Mire
1900-1948 1898-1943 1904-1938 1907-1944
épouse épouse
Marthe France
Lehameau Lidron
1911-1948 1895-1940
Olivier
1920-
épouse
Ariette
Criolat
1937-1965
Isabelle
1962-
La Vie m o d e d 'em p lo i 757
CHAPITRE XXII
Le h a ll d ’entrée, 1
O O
«ARRÊT
MOMENTANÉ
de
L’ASCENSEUR»
a été accroché ; à droite, le départ de l’escalier. Les murs sont
laqués en vert clair, le sol est recouvert d ’un tapis de corde
d ’une texture extrêmement serrée. Sur le mur de gauche, la
porte vitrée de la loge de la concierge, garnie de petits rideaux
de dentelle.
Debout devant la loge, une femme est en train de lire la
liste des habitants de l ’immeuble ; elle est vêtue d ’un ample
manteau de lin brun que ferme une grosse broche pisciforme
sertie d’alabandines. Elle porte en bandoulière un grand sac
de toile écrue et tient dans sa main droite une photographie
760 G eorges P erec
Quand il eut fini d ’étudier dans tous les sens les documents
réunis par Mandetta — dont la plupart, d ’ailleurs, restaient
pour lui indéchiffrables — , Sherwood était persuadé que l’ita
lien avait retrouvé la trace du Saint Vase. Il lança une armée de
détectives à ses trousses, ce qui ne donna aucun résultat, Lon-
ghi n ’ayant même pas pu lui fournir un signalement correct. Il
décida alors de demander conseil au Professeur Shaw. Il trouva
son adresse dans une toute récente édition du W ho’s Who in
A m erica et lui écrivit. La réponse arriva un mois plus tard : le
Professeur Shaw rentrait de voyage ; entièrement pris par les
examens de fin d ’année, il ne pouvait se déplacer à Boston,
mais il recevrait volontiers Sherwood chez lui.
L’entrevue eut donc lieu au domicile new-yorkais de
J.P. Shaw, le 15 juin 1896. À peine Sherwood eut-il mentionné
la découverte du Quarli que Shaw l’interrompit :
— Il s’agit, n ’est-ce pas, de la Vita brevis H elenae ?
— Précisément, mais...
— Il y a, sur la garde de dos, une pochette contenant la liste
de toutes les reliques du Golgotha ?
— Effectivement, mais...
— Eh bien, cher Monsieur, je suis bien aise de vous rencon
trer enfin ! C’est m on propre exemplaire que vous avez retrou
vé ! A ma connaissance il n’y en a d ’ailleurs pas d ’autre. On me
l’a volé il y a deux ans.
Le professeur se leva, alla farfouiller dans un cartonnier et
revint en tenant quelques feuillets froissés.
— Tenez, voici l’avis que j’ai fait publier dans les journaux
spécialisés et que j’ai envoyé à toutes les bibliothèques du
pays :
766 G eorges P erec
Moreau, 2
O V E R T U RE
/ / / r ////A
^ 0 Q * 0
G I U S E P P E H A Y D E N
of Vienna
and PUBLISHED by his
A U T H O R IT Y . Pr. 2 li.
LONDON
P r in ted fo r aiul Suld hy W.FORSTF.R Violin and ViolooceUo M atrr
to h it Hiiyal Hi^rneA tfc* Duke o f CumWrlaud, tk t Corner « f Dukca
C «ait M artin» Laite.
Wher* W h*4 tW m v Work* o f th e fo llo * t« K A a t l o n
CamMnf» V « r t« tto i O f: l4 . . • - - • • • • • ^
Bunnffirteift If! Op: . . • - • < • *®.C
B ir h \ DiiubU O r rh r f m ( h f i m r n v h h three l l i |l < D£ • • • I* 1*0
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RiihN H ir ^ f lrh o n l C rn< frtoi • . . . • • . • • » 19-0
«Ifo Ihr ibo\« (h v flu n fur th r Hârpfl* hunl K C.F* ••um c*ne» • 1*0
La Vie m o d e d ’em p lo i 783
M arcia, 1
A ltam ont, 2
goutte, un journal du soir a été étalé. Sur une des pages appa.
raît un problème de mots croisés, le même que celui de l ’in fir-
mière de Madame Moreau ; ici la grille, sans être
com plètem ent remplie, a tout de même progressé.
Avant la guerre, bien avant que les Altamont n ’en fissent une
salle à manger, cette pièce fut celle où vint vivre, lors de son
court séjour parisien, Marcel Appenzzell.
Bartlebooth, 1
V o u s ê t e i p r ié d ’a M i r t e r à l'in h u m a tio n
de
G aspard WINCKLER
décédéàParisle29octobre1973dans
sa63*année
la levée de corps u n Uen le S novembre 1973
I 10 beu r ts da m atin devant la morgue de
l'hôpital Bichat. 170, boulevard Ney, P aris 17*
NI FLEURS NI COURONNES
M
Valène mit des années à comprendre ce que cherchait exac
tement Bartlebooth. La première fois qu’il vint le voir, en jan
vier mille neuf cent vingt-cinq, Bartlebooth lui dit seulement
qu’il voulait apprendre à fond l’art de l’aquarelle et qu’il sou
haitait prendre une leçon quotidienne pendant dix ans. La fré
quence et la durée de ces cours particuliers firent sursauter
Valène qui se trouvait parfaitement heureux quand il avait
décroché dix-huit leçons en un trimestre. Mais Bartlebooth
semblait décidé à consacrer à cet apprentissage tout le temps
qu’il faudrait et n ’avait apparemment pas de soucis d ’argent.
Cinquante ans plus tard, Valène se disait d ’ailleurs parfois que
ces dix années, en fin de compte, n ’avaient pas été tellement
superflues, vu la totale absence de dispositions naturelles dont
Bartlebooth avait d ’em blée fait preuve.
La Vie m o d e d 'e m p lo i 801
Rorschash, 3
D an s l ’escalier, 3
C’est là, dans l’escalier, il devait bien y avoir trois ans, qu’il
l’avait rencontré pour la dernière fois ; dans l’escalier, sur le
palier du cinquième, en face de la porte de cet appartement
où avait vécu le malheureux Hébert. L’ascenseur, une fois de
plus, était en panne, et Valène, remontant péniblem ent chez
lui, avait croisé Bartlebooth qui était peut-être allé voir Winck
ler. Il portait son habituel pantalon de flanelle grise, une veste
à carreaux, et une de ces chem ises en fil d ’Écosse qu’il affec
tionnait tellement. Il l’avait salué au passage d’une très brève
inclinaison de la tête. Il n ’avait pas beaucoup changé ; il était
voûté, mais marchait sans canne ; son visage s’était légèrement
creusé, ses yeux étaient devenus presque blancs : c ’est cela qui
avait le plus frappé Valène : ce regard qui n ’était pas arrivé à
rencontrer le sien, com m e si Bartlebooth avait cherché à regar
der derrière sa tête, avait voulu traverser sa tête pour atteindre,
au-delà, le refuge neutre de la cage de l’escalier avec ses pein
tures en trompe-l’œ il imitant de vieilles marbrures et ses
plinthes de staff à effets de boiseries. Il y avait dans ce regard
qui l’évitait quelque chose d e beaucoup plus violent que le
vide, quelque chose qui n ’était pas seulem ent de l’orgueil ou
de la haine, mais presque de la panique, quelque chose comme
La Vie m o d e d ’em p lo i 813
et ensuite :
et enfin :
Troisième droite, 2
M arquiseaux, 2
Beaum ont, 3
Madam e,
Monsieur,
M o n s ie u r,
Je vous écris d e la m a ternité d e Rethel où je viens d e
mettre a u m o n d e m a se co n d e fille, Béatrice. A n n e , la
La Vie m o d e d ’em p lo i 845
M arcia, 2
Caves, 1
Caves.
La cave des Altamont, propre, bien rangée, nette : du sol au
plafond, des étagères et des casiers munis d ’étiquettes larges
et bien lisibles. Une place pour chaque chose et chaque chose
à sa place ; on a pensé à tout : des stocks, des provisions, de
quoi soutenir un siège, de quoi survivre en cas de crise, de
quoi voir venir en cas de guerre.
Le mur de gauche est réservé aux produits alimentaires.
D ’abord les produits de base : farine, sem oule, maizena, fécule
de pom m es de terre, tapioca, flocons d ’avoine, sucre en mor
ceaux, sucre en poudre, sucre glace, sel, olives, câpres, condi
ments, grands bocaux de moutarde et de cornichons, bidons
d ’huile, paquets d ’herbes séchées, paquets de poivre en grains,
clous de girofles, champignons lyophilisés, petites boîtes de
pelures de truffes ; vinaigre de vin et d ’alcool ; amandes effi
lées, cerneaux de noix, noisettes et cacahouètes em paquetées
sous vide, biscuits apéritifs, bonbons, chocolat à cuire et à cro
quer, miel, confitures, lait en boîte, lait en poudre, poudre
d ’œufs, levure, entremets Francorusse, thé, café, cacao, tisanes,
bouillon Kub, concentré de tomates, harissa, noix de muscade,
piments oiseaux, vanille, épices et aromates, chapelure, bis-
850 G eorges P erec
Caves.
La cave des Gratiolet. Des générations ont em pilé là des
rebuts que personne n ’a jamais rangés ni triés. Ils gisent, par
trois mètres de fond, sous la garde inquiète d ’un gros chat
tigré qui accroupi tout en haut de l’autre côté du soupirail,
guette à travers le grillage l’inaccessible et néanmoins pas tout
à fait imperceptible trottinement d ’une souris.
L’œil, s’habituant petit à petit à l’obscurité, finirait par recon
naître sous leur fine couche de poussière grise des restes épars
provenant de tous les Gratiolet : le châssis et les montants d ’un
lit bateau, des skis d ’hickory ayant depuis longtemps perdu
toute leur élasticité, un casque colonial d ’une blancheur jadis
immaculée, des raquettes de tennis prises dans leurs lourdes
presses trapézoïdales, une vieille machine Underwood, de la
célèbre série des Q u atre M illions qui, à cause de son tabula
teur automatique passa en son temps pour un des objets les
plus perfectionnés jamais conçus, sur laquelle François Gratio
let se mit à dactylographier ses quittances quand il décida qu’il
lui fallait moderniser sa comptabilité ; un vieux Nouveau Petit
Larousse Illustré commençant avec une demi-page 71 — ASPIC
n. m. (gr. aspis). Nom vulgaire de la vipère. Fig. Langue d ’as
p ic , personne médisante — et se terminant page 1530 :
MAROLLES-LES-BRAULTS, ch.-l. de c. (Sarthe), arr. de Mamers ;
2 000 hab, (950 aggl.) ; un portemanteau en fer forgé auquel
est encore accrochée une capote de grosse laine brute toute
rapiécée de morceaux de couleurs et parfois même d ’étoffes
différentes : le manteau du deuxièm e classe Gratiolet Olivier,
fait prisonnier à Arras le vingt mai 1940, libéré dès mai 1942
grâce à l’intervention de son oncle Marc (Marc, fils de Ferdi
nand, n ’était pas l’oncle d’Olivier, mais le cousin germain de
son père Louis, mais Olivier lui disait « mon oncle », com m e il
disait, « mon oncle » à l’autre cousin de son père, François) ;
un vieux globe terrestre en carton, passablement troué ; des
piles et des piles de journaux dépareillés : L ’I llustration, P oint
d e Vue, R adar, D étective, Réalités, Images d u M onde, Comœ-
d ia ; sur une couverture de Paris-Match, Pierre Boulez, en
frac, brandit sa baguette, lors de la première de W ozzeck à
l’Opéra de Paris ; sur une couverture d ’H istoria, on voit deux
La Vie m o d e d ’em p lo i 853
Escaliers, 4
La loge d e la concierge
Escaliers, 5
EGYPT y \
ITSSUN H - "
ITS EVENINGS *=• >
ITS FIRMAMENT X
Louvet, 1
Une photo les représente lors d ’une chasse à l’ours dans les
Andes, dans la région de Macondo ; ils posent en compagnie
d’un couple que l’on ne saurait qualifier autrement que d ’ejus-
dem farinae : tous les quatre portent des vareuses kaki avec
beaucoup de poches et des cartouchières. Au premier plan,
Louvet, accroupi, un genou à terre, son fusil à la main ; der
rière lui sa femme, assise dans un fauteuil pliant ; debout der
rière le fauteuil, l ’autre couple.
M achinerie d e l ’ascenseur, 1
Restés seuls dans le petit jour blême, les quatre jeunes gens,
car tous quatre étaient jeunes à l’époque, firent l’inventaire de
leurs richesses. Flora Champigny avait au fond de son sac un
restant de noisettes grillées qu’ils se partagèrent, ce qu’ils
regrettèrent aussitôt car leur soif s’en trouva accrue. Valène
avait un briquet et Monsieur Jérôme des cigarettes ; ils en allu
mèrent quelques-unes, mais de toute évidence ils auraient pré
féré boire. Raymond Albin proposa de passer le temps en
faisant une belote et sortit de ses poches un jeu graisseux, mais
il s ’aperçut aussitôt qu’il y manquait le valet de trèfle. Ils déci
dèrent de remplacer ce valet perdu par un morceau de papier
de format identique sur lequel ils dessineraient un bonhom m e
tête-bêche, un trèfle ( ♦ ) , un grand V, et même le nom du
valet. « Baltard », dit Valène. « Non ! Ogier », dit Monsieur
Jérôme. « Non ! Lancelot ! » dit Raymond Albin. Ils se disputè
rent quelques instants à voix basse puis convinrent qu’il n’était
pas absolument nécessaire de mettre le nom du valet. Ils cher
chèrent alors un morceau de papier. Monsieur Jérôme proposa
une de ses cartes de visite, mais elles n ’avaient pas le format
requis. Ce qu’ils trouvèrent de mieux, ce fut un fragment d ’en
veloppe provenant d ’une lettre que Valène avait reçue la veille
au soir de Bartlebooth pour l’informer qu’en raison de la fête
nationale française, il ne lui serait pas possible de venir le len
demain prendre sa leçon quotidienne d ’aquarelle (il le lui avait
déjà dit de vive voix quelques heures auparavant, à la fin de sa
dernière séance, mais c’était là sans doute un trait caractéris
tique du com portem ent de Bartlebooth ou, plus simplement
peut-être, une occasion d ’utiliser le papier à lettres qu’il venait
de se faire faire, un magnifique vélin nuageux, presque couleur
bronze, avec son monogramme m od em style inscrit dans un
losange). Valène avait évidemment un crayon dans sa poche et
quand ils eurent réussi à découper à peu près proprement avec
les petits ciseaux à ongles de Flora Champigny un morceau
d ’enveloppe d ’un format adéquat, il exécuta en quelques traits
872 Georges P erec
M arcia, 3
« In X an adu d id K u b la ï Khan
A sta tely pleasu re-dom e decree... »
Beaum ont, 4
sur un drap de bain vert. Elle est vêtue d ’une chem ise de nuit
de linon blanc relevée jusqu’au milieu du dos ; sur ses fesses
striées de cellulite repose un coussin thermo-vibro-masseur
électrique, d ’un diamètre d ’environ quarante centimètres,
recouvert d ’un tissu plastique rouge.
Carottes râpées 45
Côtelettes d 'a g n e a u (deux) 192
Courgettes 35
Chèvre frais 190
Coings 70
Anne Breidel a seulem ent dix-huit ans. Elle est aussi douée
que sa sœur cadette pour les études. Mais alors que Béatrice
est une forte en thème — premier prix de grec au Concours
général — se destinant à faire de l’histoire ancienne et peut-
être même de l’archéologie, Anne est une scientifique : bache
lière à seize ans, elle vient d ’être reçue septièm e au concours
d ’entrée à Centrale, où elle se présentait pour la première fois.
C’est à l ’âge de neu f ans, en 1967, qu’Anne découvrit sa
vocation d ’ingénieur. Cette année-là, un pétrolier panaméen,
le Silver Glen o fA lva , fit naufrage au large de la Terre de Feu
avec cent quatre personnes à bord. Ses signaux de détresse,
imparfaitement reçus en raison de la tem pête qui faisait rage
sur l’Atlantique Sud et la mer de Weddell, ne permirent pas de
le localiser précisément. Pendant deux semaines les garde-
côtes argentins et des équipes de la protection civile chilienne,
avec l’aide des navires qui croisaient alors dans les parages,
fouillèrent inlassablement les innombrables îlots du cap Horn
et de la baie de Nassau.
Avec une fébrilité grandissante, Anne lisait tous les soirs dans
le journal le com pte rendu des recherches ; le mauvais temps
les ralentissait considérablement et, semaine après semaine,
les chances de retrouver des survivants diminuaient. Lorsque
tout espoir fut perdu, la grande presse salua l ’abnégation des
sauveteurs qui, dans des conditions épouvantables, avaient fait
l’impossible pour secourir d ’éventuels rescapés ; mais plu
sieurs commentateurs affirmèrent, non sans raison, que le véri
table responsable de la catastrophe n’était pas le mauvais
temps, mais l’absence, en Terre de Feu, et d ’une manière géné-
884 Georges Perec
M arquiseaux, 3
Escaliers, 6
OURS = HORLOGE
PERRUQUE = FAUTEUIL
HARENG = FALAISE
MARTEAU = DÉSERT
NEIGE = CHAPEAU
LUNE = SOULIER
BROUILLARD = CENDRES
CUIVRE = TÉLÉPHONE
JAMBON = SOLITAIRE
Foulerot, 2
Tous ceux qui avaient été pris dans la rafle effectuée dans
l’heure qui suivit l ’explosion furent libérés le lendemain après-
midi après vérification d’identité, à l’exception de cinq étu-
La Vie m o d e d ’em p lo i 893
La seule gomme
qui efface BIEN l'encre
LA SOMME "HEPHAS”
EURope 21-45
Winckler, 2
les b o n shom m es
et les croix
ou bien
Plassaert, 1
et
JL) Y'J
LA FRANCE
ET DES C O L O N I E S
(' ç—^ D’APRÈS IÆS DERNIERS TRAITÉS )
- . ( v )^ N M Q U A iv V v 'x
_X Les Chemins de Fer et leu rs Stations,les Rmites Nationales,
xsffcneres navigables,1rs Canam ,tt lesEtablissements (LEauxThemiales et Minérale
4 \ j Les Cours d’A pp e l , Evêchés et A rchevêchés ( '/f -
( La Traversee des Bateaux à Vapeur sur la Méditerranée et l’Océan. \
< \ / DRESSÉE PAR ^ / /7 - ~ 'Y -/
.. £ a È 'à ^ a d a r '
Hue Caraltnate 6* /
910 Georges Perec
CHAPITRE XLVI
Chambres d e bonne, 7
M onsieur Jérôm e
C’est dans cette chambre que, vers la fin des années cin
quante, revint vivre et mourir Monsieur Jérôme.
pas à réoccuper son ancien logem ent, mais seulem ent une
chambre de bonne s’il y en avait une vacante. Il n ’était plus
professeur ni Attaché culturel, il travaillait à la bibliothèque
de l’institut d ’histoire religieuse. Un « vieil érudit » qu’il avait,
paraît-il, rencontré dans un train le payait cent cinquante
francs par mois pour mettre en fiches le clergé espagnol. En
cinq ans, il rédigea sept mille quatre cent soixante-deux biogra
phies d ’ecclésiastiques en exercice sous les règnes de Philip
pe III (1598-1621), Philippe IV (1621-1665) et Charles II (1665-
1700) et les classa ensuite sous vingt-sept rubriques différentes
(par une coïncidence admirable, ajoutait-il en ricanant, 27 est
précisément, dans la classification décimale universelle — plus
connue sous le nom de C.D.U. — , le chiffre réservé à l’histoire
générale de l’Église chrétienne).
Le «vieil érudit », entre-temps, était mort. Monsieur Jérôme,
après avoir vainement essayé d ’intéresser l’Éducation Natio
nale, le Centre National de la Recherche scientifique (C.N.R.S.),
l’École pratique des Hautes études (6e section), le Collège de
France et quelque quinze autres institutions publiques ou pri
vées, à l’histoire, plus m ouvem entée q u ’on ne pourrait s’y
attendre, de l’Église espagnole au xviie siècle, tenta, tout aussi
vainement, de trouver un éditeur. Après avoir essuyé quarante-
six refus catégoriques et définitifs, Monsieur Jérôme prit son
manuscrit — plus de mille deux cents pages d ’une écriture
incroyablement serrée — et alla le brûler dans la cour de la
Sorbonne ce qui, d ’ailleurs, lui valut de passer la nuit au
commissariat.
Ce contact avec les éditeurs ne fut pas cependant com plète
ment inutile. Un peu plus tard, l’un d ’eux lui proposa des tra
ductions d’anglais. Il s’agissait de livres pour enfants, de ces
petits livres que l’on appelle dans les pays anglo-saxons des
p rim ers et dans lesquels on trouve encore assez fréquemment
des choses du genre de :
D inteville, 2
gur le sol sont soigneusem ent cirés et elle demande à ses visi
teurs de marcher sur des patins découpés dans de la toile à
sac ; ses deux fauteuils sont recouverts de housses en nylon.
Escaliers, 7
Tout cela fait une histoire bien tranquille, avec ses drames
de crottes de chien et ses tragédies de boîtes à ordures, la radio
trop matinale des Berger et leur m oulin à café qui réveille
Madame Réol, le carillon de Gratiolet dont Hutting ne cesse
de se plaindre, ou les insom nies de Léon Marcia que les Louvet
supportent difficilement : pendant des heures et des heures, le
vieil hom m e fait les cent pas dans sa chambre, va dans la cui
sine prendre un verre de lait dans le réfrigérateur, ou dans la
salle de bains pour se passer de l’eau sur le visage, ou met en
marche la radio et écoute, tout bas mais encore trop fort pour
ses voisins, des programmes crachotants venus du bout du
monde.
Foulerot, 3
rik
938 Georges P erec
Æ
940 G eorges P erec
I
en longue blouse grise avec une écharpe violette, sa palette à
la main, en train de peindre la figurine infime d ’un peintre en
train de peindre, encore une fois une de ces images en abyme
qu’il aurait voulu continuer à l’infini com m e si le pouvoir de
ses yeux et de sa main ne connaissait plus de limites.
31 L’e n q u ê te u r v ê tu d e n o ir v e n d a n t u n e n o u v e lle c lé d e s s o n g e s
32 Le m a rch a n d d ’h u ile o u v ra n t à Paris u n restaurant à p o is s o n s
33 Le v ie u x m aréch al tu é par la c h u te d ’u n b e a u lu stre v é n itie n
34 Le stayer d é fig u r é s e m arian t avec la s œ u r d e s o n p a c e m a k e r
35 La c u isin iè r e n ’ayant à faire q u ’u n oeu f e t d u h a d d o c k p o c h é
36 Le je u n e c o u p le s ’e n d e tta n t d e u x a n s d u ran t p o u r u n lit lu x e
37 La fe m m e d u m arch an d d ’art d é la is s é e p o u r u n e star ita lie n n e
38 L’a m ie d ’e n fa n c e r elisa n t le s b io g r a p h ie s d e s e s c in q n iè c e s
1
G eorges Perec
Plassaert, 2
M. et Mme HOCQUARD
de Tours (I. & L.)
ont la joie de vous annoncer
la naissance de leur fils
ADHEMAR
LE PANNEAU METALLISE
S .A .R .L . A U C A P IT A L DE
6 8 1 0 OOO F
ASSOCIATION
DES ANCIENS ELEVES
DU COLLEGE GEOFFROY SAINT-HILAIRE
La Vie m o d e d ’em p lo i 959
SOLDES
fin s d e s é r ie s
ARTICLE EXCEPTIONNEL
NOUVEAUTE
Notre Toute Dernière Création
EXCLUSIVITE
Winckler, 3
sentit attiré par cette femme douce et rieuse qui posait sur le
m onde un regard si limpide. Il aimait le geste qu’elle faisait
pour ramener ses cheveux en arrière ; il aimait la manière
pleine d ’assurance et en m êm e temps de grâce dont elle pre
nait appui sur son coude gauche avant d ’esquisser du bout de
son pinceau fin com me un cheveu une microscopique ombre
verte dans un œil.
De sa famille, de son enfance, de ses voyages, elle ne lui
parla presque jamais. Une seule fois elle lui raconta qu’elle
avait revu dans un rêve la maison des champs où elle avait
passé tous ses étés d ’adolescente : une grande bâtisse blanche
envahie de clématites, avec un grenier qui lui faisait peur, et
une petite charrette tirée par un âne qui répondait au doux
prénom d e Boniface.
Plusieurs fois, tandis que Winckler s’enfermait dans son ate
lier, ils allèrent se promener ensemble. Ils allaient au Parc
Monceau, ou suivaient le chem in de fer de petite ceinture le
long du boulevard Péreire, ou allaient voir des expositions
boulevard Haussmann, avenue de Messine, rue du Faubourg
Saint-Honoré. Parfois, Bartlebooth les emmenait tous les trois
visiter les châteaux de la Loire ou les invitait quelques jours à
Deauville. Une fois même, l’été mille neuf cent trente-sept,
alors qu’il cabotait sur son yacht 1Alcyon le long des côtes
adriatiques, il les convia à venir passer deux mois avec lui entre
Trieste et Corfou, leur faisant découvrir les palais roses de
Piran, les palaces fin-de-siècle de Portoroz, les ruines dioclé-
tiennes de Spalato, la myriade des îles dalmates, Raguse, deve
nue depuis quelques années Dubrovnik, et les reliefs
tourm entés des Bouches de Cattaro et de la Montagne Noire.
C’est au cours de cet inoubliable voyage qu’un soir, en face
des murailles crénelées de Rovigno, Valène avoua à la jeune
femme qu’il l’aimait, n ’obtenant en réponse qu’un ineffable
sourire.
Plusieurs fois, il rêva de s’enfuir avec elle, ou loin d ’elle, mais
ils restèrent comme ils étaient, proches et lointains, dans la
tendresse et le désespoir d ’une amitié infranchissable.
Elle mourut en novembre mille neu f cent quarante-trois, en
mettant au m onde un enfant mort-né.
La Vie m o d e d ’em p lo i 969
Plassaert, 3
refiler des lots dont il n ’y avait rien à tirer et les seuls beaux
coups qu’ils réussirent concernèrent des stocks de vieux vête
ments, blousons d ’aviateurs, chem ises américaines à col bou
tonnant, mocassins suisses, tee-shirts, toques à la Davy
Crockett, blue-jeans, grâce auxquels ils parvinrent ces années-
là sinon à se développer, du moins à survivre.
Au début des années soixante, peu de temps avant qu’ils
n’emménagent rue Simon-Crubellier, ils firent la connaissance,
dans une pizzeria de la rue des Ciseaux, d ’un singulier person
nage : un avocat neurasthénique, d ’origine hollandaise, installé
en Indonésie, qui avait été pendant des années représentant à
Djakarta de plusieurs sociétés commerciales et qui avait fini
par créer sa propre compagnie d’export-import. Connaissant
remarquablement toutes les productions artisanales de l’Asie
du Sud-Est, n ’ayant pas son pareil pour échapper aux contrôles
de douane, court-circuiter les compagnies d ’assurances et les
transitaires, et éviter le fisc, il bourrait à longueur d ’années
trois navires délabrés de coquillages malais, de mouchoirs phi
lippins, de kimonos de Formose, de chemises indiennes, de
vestes népalaises, de fourrures afghanes, de laques cingha
laises, de baromètres de Macao, de jouets de Hong-Kong, et
de cent autres marchandises de toutes espèces et de toutes
provenances qu’il redistribuait en Allemagne avec un bénéfice
de deux à trois cents pour cent.
Les Plassaert lui plurent et il décida de les commanditer. Il
leur vendait sept francs une chemise qui lui en coûtait trois et
qu’ils revendaient dix-sept, vingt et un, vingt-cinq ou trente
francs selon les cas. Ils com mencèrent dans la toute petite
échoppe d ’un ancien cordonnier, près de Saint-André-des-Arts.
Ils possèdent aujourd’hui trois magasins à Paris, deux autres à
Lille et à Cannes, et projettent d ’en ouvrir une dizaine d ’autres,
permanents ou saisonniers, dans des villes d ’eaux, des plages
de l’Atlantique et des stations de sports d ’hiver. Entre-temps
ils ont pu tripler — et bientôt quadrupler— la superficie de
leur appartement parisien et retaper entièrement une maison
de campagne près de Bernay.
Leur propre sens des affaires com plète admirablement celui
de leur associé d ’Indonésie : non seulem ent ils vont chercher
974 G eorges P erec
pain 0 ,9 0
parisiennes 0 ,4 0
2 artichauts M2
jambon 3 .1 5
petits-suisses 1,20
vin 2 .1 5
coiffeur 1 6 ,0 0
pourboire 1 ,5 0
bas 3 ,1 0
réparation du moulin à café 1 5 ,0 0
lessive 2 ,7 0
lames de rasoir 4 .0 0
ampoule électrique 2 ,6 0
prunes 1 ,8 0
café 3 .0 0
chicorée 1 ,8 0
total 5 9 ,4 2
LA MARCHANDE DE COQUILLAGES
« Ah le bigorneau, deu x sous le bigorneau ! »
LE CHIFFONNIER
« Chiffons,
Ferrailles à vendre ! »
LA MARCHANDE D ESCARGOTS
« Les escargots, ils son t frais, ils so n t beaux,
On les ven d six sous la d o u za in e ! »
LA POISSONNIÈRE
«À la crevette,
A la bonne crevette,
J ’a i d e la ra ie to u t en vie,
Tout en vie ! »
LE MARCHAND DE TONNEAUX
« Tonneaux, tonn eau x ! »
LE FRIPIER
« Habits,
M archand d'habits,
H a-bits ! »
LE RÉTAMEUR
« Tarn tam tam
C ’est m o i qu i rétam e
M ême le m acadam
C ’est m oi qu i m ets des fo n d s p a r to u t
Q ui bouche tous les trous
Trou trou trou ! »
LA MARCHANDE D ’OUBUES
« Vlà le plaisir, M esdames, vlà le p la is ir ! »
LA MARCHANDE D ’ORANGES
«La Valence, la belle Valence, la fra îch e orange ! »
LE TONDEUR DE CHIENS
« Tond les chiens
Coupe les chats, les queues et les oreilles ! »
LE MARAÎCHER
«À la rom aine ! À la rom aine ! »
On ne la ven d p a s
On la pro m èn e ! »
LE MARCHAND DE FROMAGES
« Bon fro m age à la cré, from age à la cré, bon from a ge ! »
LE REPASSEUR DE SCIES
« Avez-vous des scies à repasser
Vlà le repasseur ! »
LE VITRIER
« Vitri Vitri-er
C arreaux cassés
Voilà le vitrier
Vitri-er ! »
CHAPITRE LV
Chambres d e bonne, 10
Ils jouaient dans les cours des écoles, ou sous les préaux, ou sur
les places de bourgades improbables, au cœur des Cévennes ou
de la Haute-Provence, réalisant chaque soir de prodiges d’invention et
d’improvisation, changeant six foi de rôle et douze fois de costume
dans une même pièce, avec comme public dix adultes endormis dans
leurs blouses du dimanche et quinze enfants à bérets, emmitouflés dans
des cache-col tricotés, les pieds chaussés de galoches, qui se pous-
982 G eorges P erec
reçut une lettre d ’elle ; elle lui racontait sa vie là-bas, aux anti
podes, une vie triste où elle servait de bonne à tout faire et de
garde d ’enfants à sa bru, dormant dans une chambre sans eau,
réduite à se laver dans la cuisine.
Escaliers, 8
P ie rr e G a n n e v a l : La pharm acopée
médiévale. IV. Les in s ec te s ................... 375
R obin Marr : Die Bedeulung d e r Vokal-
fol ge et le tétragram m e sacré des
H é b r e u x ........................................................ 382
G ratiolet, 1
UN ARBRE
GÉNÉALOGIQUE
DE LA FAMILLE
GRATIOLET
SE TROUVE
PAGE 7 5 6
Hutting, 2
Hutting travaille, non dans son grand atelier, mais dans une
petite pièce qu’il a aménagée dans la loggia à l’intention des
longues séances de pose qu’il inflige à ses clients depuis qu’il
est devenu portraitiste.
C’est une pièce claire et cossue, impeccablement rangée,
n ’offrant absolument pas le désordre habituel des ateliers de
peintres ; pas de toiles retournées contre les murs, pas de châs
sis entassés en piles instables, pas de bouilloire bosselée sur
des réchauds d ’un autre âge, mais une porte capitonnée de
cuir noir, de hautes plantes vertes débordant de grands tré
pieds de bronze et grimpant à l’assaut de la verrière, et des
murs laqués de blanc, nus, à l’exception d ’un long panneau
d ’acier poli sur lequel trois affiches sont maintenues par des
punaises aimantées affectant la forme de demi-billes : une
reproduction en couleurs du Triptyque du Jugem ent dernier
de Roger Van der Weyden conservé à l'Hôtel-Dieu de Beaune,
l'affiche du film d ’Yves Allégret. Les Orgueilleux, avec Michèle
Morgan, Gérard Philipe et Victor Manuel Mendoza, et un
agrandissement photographique d ’un menu fin-de-siècle s’ins
crivant dans des arabesques beardslevennes :
La Vie m o d e d ’em p lo i 1007
‘FveoldeirishI?
MOfFEEHOUSEff
Æ i 4 7 , ru e Bccha rt-d e -S aro n , 4 7 Y V
alors déclaré que Hearst lui avait promis quinze mille dollars
s’il le débarrassait d ’Orson Welles. Lajoie ne put se retenir de
répéter la chose le soir m êm e à son club. Le lendemain matin,
convoqué d ’urgence par le Conseil de l’Ordre, il fut accusé
d ’avoir violé le secret professionnel en répétant publiquement
une confidence qu’il avait reçue dans le cadre d ’une consulta
tion médicale. Reconnu coupable, il fut immédiatement radié.
Il déclara quelques jours après avoir forgé de toutes pièces
cette accusation, mais il était évidemment trop tard et il dut
recommencer toute sa carrière dans la recherche, devenant un
des meilleurs spécialistes des problèmes circulatoires et respi
ratoires liés à la plongée sous-marine. Ce dernier point seul
permet d ’expliquer la présence de Fujiwara Gomoku dans le
tableau : Lajoie, en effet, fut amené à faire des recherches sur
ces tribus côtières du sud du Japon que l’on nomme les Ama,
et dont l ’existence est attestée depuis plus de deux mille ans
puisque l’une des plus anciennes références à ce peuple se
trouve dans le Gishi-Wajin-Den, présumé remonter au mc siècle
avant Jésus-Christ. Les femmes ama sont les meilleures plon
geuses sous-marines du monde : elles sont capables, quatre à
cinq mois par an, de plonger jusqu’à cent cinquante fois par
jour, à des profondeurs qui peuvent dépasser vingt-cinq
mètres. Elles plongent nues, protégées, depuis seulem ent un
siècle, par des lunettes qui sont pressurisées grâce à deux
petits ballonnets latéraux, et elles peuvent rester chaque fois
deux minutes sous l’eau, récoltant diverses sortes d ’algues, en
particulier l’agar-agar, des holothuries, des oursins, des
concombres de mer, des coquillages, des huîtres perlières et
des abalones dont la coquille était jadis très prisée. Or, la
famille Gomoku descend d ’un de ces villages ama, et d ’ailleurs
les montres de plongée sont une des spécialités de la firme.
Les Altamont ont longtemps hésité à commander leur por
trait, vraisemblablement arrêtés par les prix pratiqués par Hut
ting, qui mettaient ces œuvres à la seule portée de très gros
présidents-directeurs généraux, mais ils s ’y sont finalement
résignés. Ils apparaissent dans le tableau n° 2, lui en Noé, elle
en Coppélia, allusion au fait qu elle fut jadis danseuse.
Leur ami allemand, Fugger, figure également parmi les
1016 Georges Perec
Cinoc, 1
Berger, 1
A ltam ont, 3
fin bâtonnet elle se passe du khôl entre les cils et sur les pau
pières. C’est une femme d ’environ quarante-cinq ans, encore
très belle, d ’un maintien impeccable, avec un visage osseux,
des pommettes saillantes, des yeux sévères. Elle est seulement
vêtue d ’un soutien-gorge et d ’une culotte de dentelle noire.
Autour de sa main droite est enroulée une mince bande de
gaze noire.
Monsieur Altamont est lui aussi dans la pièce. Vêtu d ’un
ample manteau à carreaux, il est debout près de la fenêtre et
lit avec un air de profonde indifférence une lettre dactylogra
phiée. À côté de lui se dresse une sculpture de métal qui repré
sente vraisemblablement un bilboquet géant : une base fusoïde
portant à son sommet une sphère.
cieux pour faire expertiser les méthodes que Wehsal lui propo
sait. La plupart de ses conseillers scientifiques se moquèrent
de ces techniques lourdes, inélégantes et dépassées : effective
ment, on avait pu faire voler des fusées avec de la vodka,
com me on avait pu faire marcher des voitures avec des gazo
gènes fonctionnant au charbon de bois ; on pouvait fabriquer
de l’essence avec du lignite ou avec de la tourbe, et même avec
des feuilles mortes, des vieux chiffons ou des épluchures de
pommes de terre : mais cela coûtait tellement cher et impli
quait des dispositifs tellement encombrants qu’il était mille fois
préférable de continuer à se servir du bon vieil or noir. Quant à
la fabrication de sucre à partir de sciure de bois, elle présentait
d ’autant moins d ’intérêt que tous les experts s’accordaient
pour estimer que, à moyen terme, la sciure de bois deviendrait
une denrée beaucoup plus précieuse que le sucre.
Altamont jeta au panier les documents de Wehsal et pendant
plusieurs années il raconta cette anecdote comme un exemple
typique de la bêtise scientifique.
Il y a deux ans, au sortir de la première grande crise du
pétrole, la BIDREM décida de financer des recherches sur les
énergies de synthèse « à partir des graphites, anthracites,
houilles, lignites, tourbes, bitumes, résines et sels organi
ques » : elle y a investi depuis à peu près une centaine de fois
ce que lui aurait coûté Wehsal si elle l’avait embauché. À plu
sieurs reprises, Altamont essaya de recontacter le chimiste ; il
finit par apprendre qu’il avait été arrêté en novembre 1973.
quelques jours après la réunion de l’OPEP à Koweit où il fut
décidé de réduire d ’au moins un quart les livraisons de brut
de la plupart des pays consommateurs. Accusé d ’avoir tenté de
livrer des secrets « d ’importance stratégique » à une puissance
étrangère — en l’occurrence la Rhodésie — Wehsal s’était
pendu dans sa cellule.
CHAPITRE LXIII
L ’entrée d e service
THOMAS KYD’S
IMPEIUAL MIXTURE
KMKSCOTCH WI1ISKIËS
blended and bottled in Scotland
by
BORRELLY, JOYCE & KAHANE
91 Montgomery Lane, Dundee, Scot.
D an s la chaufferie, 2
ou bien
La Vie m o d e d ’em p lo i 1041
ou le fameux
CHAPITRE LXV
Moreau, 3
très vite, Ingeborg se rendit compte que son mari avait sur
scène une présence indéniable mais qu’il était absolument
indispensable qu’il n ’ouvre jamais la bouche, sinon pour
émettre deux ou trois sons inarticulés.
L’idée première de leurs prestations ultérieures naquit de
cette contrainte et s ’affina rapidement : après divers exercices
de divination, Ingeborg entrait en transes et, communiquant
avec l’au-delà, en faisait émerger l’illuminé lui-même, Sweden
borg, « le Bouddha du Nord », vêtu d ’une longue tunique
blanche, la poitrine constellée d ’em blèmes rosicruciens, appari
tion lumineuse, vacillante, fuligineuse et fulgurante, effrayante,
accompagnée de craquements, d ’éclairs, d ’étincelles, d’effluves,
d ’exhalaisons, d ’émanations de toutes sortes. Swedenborg se
contentait de pousser quelques grognements indistincts, ou des
incantations du genre de « Atcha Botatcha Sab Atcha » qu’Inge-
borg traduisait en phrases sibyllines émises d ’une voix sifflante
et étranglée :
«J’ai franchi les mers. Je suis dans une ville centrale, au pied
d ’un volcan. Je vois l’homme dans sa chambre ; il écrit, il porte
une large chemise flottante, noire avec des parements jaunes et
blancs ; il place la lettre dans un recueil de poésies de Thomas
Dekker. Il se lève ; il est une heure sur la pendule qui orne sa
cheminée, etc. »
reste étant masqué par une grande cape noire dont les revers
de soie rouge feu luisaient dans la demi-obscurité.
Méphistophélès ne dit pas un mot. Il se contenta d ’incliner
très lentement la tête en portant sa main droite contre son
épaule gauche. Puis il tendit le bras au-dessus du foyer dont
les flammes semblaient maintenant presque immatérielles et
dégageaient une fumée très parfumée, et il fit signe au candidat
de s’approcher. L’homme se leva, et vint se placer devant
Méphistophélès, de l’autre côté du feu. Le Diable lui tendit un
parchemin plié en quatre sur lequel étaient tracés une dizaine
de signes incompréhensibles ; puis, lui saisissant la main
gauche, il lui piqua le pouce avec une aiguille d ’acier, faisant
perler une goutte de sang qu ’il apposa sur le pacte ; dans le
coin opposé, il traça rapidement avec son index gauche appa
remment couvert d ’une suie grasse et épaisse sa propre signa
ture, qui ressemblait à une grosse main qui n ’aurait eu que
trois doigts. Puis il déchira la feuille en deux, en mit une moitié
dans la poche de son gilet et tendit l’autre à l’homme en s’incli
nant profondément.
Ingeborg poussa un cri strident. Il y eut comme un bruit de
papier froissé et la lueur aveuglante d ’un éclair explosa dans
la pièce, accompagnée d ’un coup de tonnerre et d ’une intense
odeur de soufre. Une fumée âcre et épaisse se forma tout
autour du foyer. Méphistophélès avait disparu et, se retour
nant, l’homme vit de nouveau Ingeborg assise dans son fau
teuil ; il n ’y avait plus, devant elle, de trace du pentacle.
Marcia, 4
Caves, 2
|| ü| t
tritn
*pr
Caves. La cave de Dinteville.
D ’un carton de déménageur débordent des piles de livres
qui n ’ont quitté la cave de l’ancien domicile du docteur à
Lavaur, dans le Tarn, que pour cette cave-ci. Parmi eux une
H istoire d e la Guerre européenne, de Liddell Hart, dont les
vingt-deux premières pages manquent, quelques feuillets du
Traité élém entaire d e p a th ologie interne, de Béhier et Hardy,
une grammaire grecque, un numéro de la revue Annales des
m a la d ies d e l ’oreille et du larynx, daté de 1905, et un tiré à
part de l’article de Meyer-Steineg, D as m edizinische System
d e r M ethodiker, Jenaer med.-histor. Beitràge, fasc. 7/8, 1916.
Sur l’ancien divan de sa salle d ’attente dont la toile de lin,
jadis verte, crevée de partout, achève de pourrir, est posée une
plaque de faux marbre, jadis rectangulaire, aujourd’hui brisée
sur laquelle on peut lire : cabinet de consult.
Quelque part sur une planche, à côté de bocaux fêlés, de
cuvettes cabossées, de flacons sans étiquettes, se trouve le pre
mier souvenir de praticien du docteur Dinteville : une boîte
carrée pleine de petits clous rouillés. Il l’a conservée long
temps dans son cabinet et n ’a jamais pu se résoudre à la jeter
définitivement.
Quand Dinteville s ’installa à Lavaur, l’un de ses premiers
clients fut un jongleur qui avait avalé quelques semaines aupa
ravant un de ses couteaux. Ne sachant pas quoi faire, n ’osant
l’opérer, Dinteville lui donna à tout hasard un vomitif et l’autre
lui ressortit tout un tas de petits clous. Dinteville fut tellement
éberlué qu’il voulut écrire une communication sur ce cas. Mais
les quelques collègues à qui il raconta cette affaire le lui décon
seillèrent. Même s’ils avaient eux aussi entendu parler parfois
de cas semblables ou d ’histoires d ’épingles avalées qui se
retournent toutes seules dans l ’œ sophage ou l ’estomac pour
La Vie m o d e d ’e m p lo i 1067
Escaliers, 9
A ltam ont, 4
CARTE PARTICVLLIERe
DE LAM ER M E D IT E R R A N E E •
F A IC T E P A R M O y
F R A N Ç O IS O L L ÏV E
•A - M A R S E I L L E *
EN L A N N E E 1 6 6 +
La Vie m o d e d ’em p lo i 1071
a b c d e f g h
8 8
7 7
6 6
19. T aldlü DxCf3 5
20. TxCe7 + ü CxTe7
5
21. Dxd7 + Ü RxDd7 4 k
22. F f 5 + et mat en
deux coups 3 3
2 2
1 1
a b c d e i g h
Bartlebooth, 2
Moreau, 4
Caves, 3
1
1094 Georges Perec
M arcia, 5
ÎV
V iistoiiv (fu üoumfietv
desasϟr eb deson tm u'fnw '
M achinerie d e l ’ascenseur, 2
avec ses quartiers, ses districts et ses zones : la cité des tan
neurs avec leurs ateliers aux odeurs infectes, leurs machines
souffreteuses aux courroies fatiguées, leurs entassements de
cuirs et de peaux, leurs bacs remplis de substances brunâtres ;
les entrepôts des démolisseurs avec leurs chem inées de marbre
et de stuc, leurs bidets, leurs baignoires, leurs radiateurs
rouillés, leurs statues de nymphes effarouchées, leurs lampa
daires, leurs bancs publics ; la ville des ferrailleurs, des chiffon
niers et des puciers, avec leurs amoncellements de guenilles,
leurs carcasses de voitures d ’enfant, leurs ballots de battle-
dress, de chemises défraîchies, de ceinturons et de rangers,
leurs fauteuils de dentiste, leurs stocks de vieux journaux, de
montures de lunettes, de porte-clés, de bretelles, de dessous-
de-plat à musique, d ’ampoules électriques, de laryngoscopes,
de cornues, de flacons à tubulure latérale et de verreries
variées ; la halle aux vins avec ses montagnes de bonbonnes et
de bouteilles cassées, ses foudres effondrés, ses citernes, ses
cuves, ses casiers ; la ville des éboueurs avec ses poubelles ren
versées laissant s’échapper des croûtes de fromage, des papiers
gras, des arêtes de poisson, des eaux de vaisselle, des restes de
spaghetti, des vieux bandages, avec ses m onceaux d ’immon
dices charriés sans fin par des bulldozers gluants, ses sque
lettes de machines à laver, ses pom pes hydrauliques, ses tubes
cathodiques, ses vieux appareils de T.S.F., ses canapés perdant
leur crin ; et la ville administrative, avec ses quartiers généraux
grouillant de militaires aux chemises impeccablement repas
sées déplaçant des petits drapeaux sur des cartes du monde ;
avec ses morgues de céramique peuplées de gangsters nostal
giques et de noyées blanches aux yeux grands ouverts ; avec
ses salles d ’archives remplies de fonctionnaires en blouse grise
compulsant à longueur de journée des fiches d ’état civil ; avec
ses centraux téléphoniques alignant sur des kilomètres des
standardistes polyglottes, avec ses salles des machines aux télé
scripteurs crépitants, aux ordinateurs débitant à la seconde des
liasses de statistiques, des feuilles de paye, des fiches de stock,
des bilans, des relevés, des quittances, des états néants ; avec
ses mange-papier et ses incinérateurs engloutissant sans fin des
monceaux de formulaires périmés, des coupures de presse
La Vie m o d e d 'e m p lo i 1111
Marcia, 6
Caves, 4
ORABASe*
ORAL PROTÇCTJVE PASTE
Dab, do not rub, Orabase onto the affected area until the paste
adheres welt (rubbing this préparation on may resuit in a granular,
gritty sensation). After application, a smooth, slippery film devel-
ops. Reapply as needed, particulariy after eating; or as directed
byyour dentist or physicien.
NOTE: Orabase ta not inteoded for use In tti* présent» of infection, ff an
Infection i* suspected, o r if any mouth irritation does »<rt hee> m ttiin 7
days. consuN your dentist o r physicien. If irritation is from dentures that do
not fit property, consult your dentist.
Available tn 0 .1 7 o t . (5 Q ram ) a n d *4 o ï. (1S fi ram ) tu b e s.
Aiso avaiiable a s ORABASEé wrtti B enzocaine for protectio n a n d ra<!ef o f
p a in a sso c ia te d w ith m inor irritatio n s o f th e m o u th a n d gum s.
Louvet, 2
Escaliers, 10
Carel Van Loorens fut l ’un des esprits les plus curieux de
son temps. Né en Hollande mais s’étant fait naturaliser français
par amour des Philosophes, il avait vécu en Perse, en Arabie,
en Chine et dans les Amériques, et parlait couramment une
bonne douzaine de langues. D ’une intelligence évidemment
supérieure, mais très touche-à-tout, apparemment incapable
de s’adonner pendant plus de deux ans à une même discipline,
il exerça au cours de sa vie les activités les plus différentes,
passant avec le même bonheur et la même allégresse de la
profession de chirurgien à celle de géomètre, fondant des
canons à Lahore et une école vétérinaire à Chiraz, enseignant
la physiologie à Bologne, la mathématique à Halle et l’astrono
mie à Barcelone (où il osa émettre l ’hypothèse que Méchain se
fût trompé dans ses calculs du mètre), convoyant des fusils
pour Wolfe Tone, ou, facteur d ’orgues, envisageant de rempla
cer les registres à tirants par des touches à bascule, com m e cela
devait se faire un siècle plus tard. Il résulta de cette versatilité
systématique que Carel Van Loorens se posa au cours de sa vie
plusieurs questions intéressantes, amorça à plusieurs reprises
des ébauches de solutions qui ne manquaient ni d’élégance ni
parfois même de génie, mais négligea presque chaque fois de
rédiger d ’une façon à peu près compréhensible ses résultats.
Après sa mort on retrouva dans son cabinet de travail des notes
pour la plupart indéchiffrables concernant indifféremment l’ar
chéologie, l ’égyptologie, la typographie (projet d ’alphabet uni
versel), la linguistique (lettre à M. de Humboldt sur le parler
des Ouarsenis : ce ne fut sans doute qu’un brouillon ; en tout
cas Humboldt n ’y fait nulle part allusion), la médecine, la poli
tique (proposition de gouvernement démocratique tenant
compte non seulement de la séparation des trois pouvoirs
législatif, exécutif et judiciaire, mais, dans une anticipation
troublante, d ’un quatrième pouvoir qu’il nom m e le publici
taire (d epu bliciste, journaliste), c ’est-à-dire l’information), l’al
gèbre numérique (note sur le problème de Goldbach,
proposant que tout nombre n soit la somme de K nombres
premiers), la physiologie (hypothèses sur le sommeil hivernal
des marmottes, sur le corps pneumatique des oiseaux, sur l ’ap
née volontaire des hippopotames, etc.), l’optique, la physique,
1126 G eorges Perec
Escaliers, 11
Bartlebooth, 3
TE RA COI B IA
bordaient sur quelques centimètres une représentation som
maire mais indéniablement reconnaissable d ’une large portion
du Nouveau Monde : l’Amérique centrale, les Antilles, les côtes
du Venezuela et de la Guyane.
Zaccaria fut le héros du jour et des correspondants du Scots-
m an, du Scottish D aily M ail, du Scottish D aily Express de
Glasgow et du Press a n d Jou rn al d ’Aberdeen, sans oublier
bien sûr le Times et le D a ily M ail, se chargèrent de répandre
la nouvelle dans le monde entier. Mais quelques semaines plus
tard, alors que Zaccaria, de retour à La Havane, mettait la der
nière main à l ’article qu’il avait promis à YAm erican Jou rn al o f
Cartography dans lequel le précieux document, reproduit in
extenso, serait encarté en dépliant, il reçut une lettre qui éma
La Vie m o d e d 'e m p lo i 1143
COI B IA
par
COLUMB I A
et cette interprétation traduisait bien le sentiment général : en
retrouvant une carte où les Indes Occidentales étaient bapti
sées COLOMBIE, géographes et historiens avaient l’impression
de réparer une erreur historique ; depuis des siècles, le monde
occidental faisait grief à Améric Vespuce d ’avoir usurpé le nom
que Christophe Colomb aurait dû donner aux terres qu’il avait
le premier explorées : en acclamant Zaccaria, le Congrès avait
cru réhabiliter le navigateur génois et mettre fin à près de
quatre siècles d ’injustice.
Mais, rappelait le conservateur, dans le dernier quart du
quinzième siècle, des dizaines de navigateurs, des Cabot aux
Cabrai, de Gomes à Verrazano, cherchèrent par l’ouest la route
des Indes, et — c’est là qu’il voulait en venir — une solide
tradition dieppoise, active jusqu’à la fin du dix-huitième siècle,
attribuait la découverte de « l’Amérique » à un navigateur de
Dieppe, Jean Cousin, dit Cousin le Hardy, qui aurait visité les
1144 G eorges P erec
cor b ra
que Zaccaria lisait
COLUMB I A
pouvait mieux encore, du point de vue de l ’écartement des
trois dernières lettres, se lire
COI B I A
pouvait effectivement désigner Colomb, même si celui-ci avait
imposé le mot INDIA. En tout cas, cela ne pouvait désigner
Jean Cousin, dont la renommée ne s ’était fortement établie
qu’à Dieppe même et qui se voyait opposer dès Le Tréport,
Saint-Valéry-en-Caux, Fécamp, Étretat et Honfleur des marins
La Vie m o d e d ’em p lo i 1145
tout aussi hardis ayant à qui mieux mieux ouvert les routes
nouvelles. Si par contre la carte provenait de l’École dieppoise
— cela se vérifierait aisément par la présence d ’un m ono
gramme agrémenté d ’un petit d au centre d’une des roses des
vents — c ’était bien de TERRA CONSOBRINIA qu’il s’agissait.
Si, ajoutait enfin Gilet-Burnachs dans un post-scriptum, le
monogramme était fait de deux R entrelacés, cela voudrait dire
que le planisphère était l ’œuvre de Renaud Régnier, un des
premiers cartographes de l’École, qui passait pour avoir effecti
vement accompagné Jean Cousin dans un de ses voyages. Ce
même Renaud Régnier avait, quelques années plus tard, vers
1520, dressé une carte de la côte nord-américaine, et, par une
coïncidence extraordinaire, avait baptisé TERRA MARIA la terre
qui, un siècle plus tard, allait, à cause d ’Henriette-Marie de
France, fille de Henri IV et femme de Charles Ier d ’Angleterre,
s ’appeler MARYLAND.
A
1148 Georges P erec
Rorschash, 4
Gratiolet, 2
Hutting, 3
i
1162 G eorges Perec
gagnait toujours que vingt-cinq francs par mois. C’est vers cette
époque qu elle fit la connaissance d ’Honoré. Ils se rencontrè
rent à l’Exposition Universelle, au spectacle des Bonshommes
Guillaum e, un théâtre d ’automates où, sur une scène minus
cule, l’on voyait danser et papoter des poupées hautes de cin
quante centimètres, habillées à la dernière mode, et devant son
ébahissement il lui donna des explications techniques avant de
lui faire visiter le M anoir à l ’Envers, un vieux castel gothique
planté sur ses chem inées avec des fenêtres renversées et des
meubles accrochés au plafond, le P alais lum ineux, cette mai
son féerique où tout, des meubles aux tentures, des tapis aux
bouquets, était fait de verre, et dont son constructeur, le maître
verrier Ponsin, était mort avant de la voir achevée, le Globe
céleste, le P alais du Costume, le P alais d e l ’Optique, avec sa
grande lunette permettant de voir la LUNE à UN mètre, les
D ior a m a s du Club A lpin, le P an oram a transatlantique,
Venise à P aris et une dizaine d ’autres pavillons. Ce qui les
impressionna le plus, ce fut, pour elle, l’arc-en-ciel artificiel du
pavillon de la Bosnie, pour lui, l’Exposition minière souter
raine, avec ses six cents mètres de boyaux parcourus par un
chemin de fer électrique et débouchant tout à coup sur une
mine d ’or dans laquelle travaillaient de vrais Nègres, et le
foudre gigantesque de Monsieur Fruhinsoliz, véritable bâti
ment de quatre étages ne comportant pas moins de cinquante-
quatre kiosques dans lesquels se débitaient toutes les boissons
du monde.
Ils dînèrent au Cabaret d e la Belle M eunière, à côté des
pavillons coloniaux, où ils burent du Chablis en carafe et man
gèrent de la soupe aux choux et du gigot que Corinne trouva
mal cuit.
Honoré avait été engagé pour l’année par Monsieur Danglars
Père, un viticulteur de la Gironde, président de la Section bor
delaise du Comité des Vins, qui était venu s’installer à Paris
pour toute la durée de l'Exposition et qui avait loué un appar
tement à Juste Gratiolet. Lorsqu’il quitta Paris, quelques
semaines plus tard, Monsieur Danglars Père était à ce point
satisfait de son maître d ’hôtel qu’il en fit cadeau, en même
temps que l’appartement, à son fils Maximilien qui allait se
La Vie m o d e d ’em p lo i 1167
i
CINQ UIÈM E PARTIE
CHAPITRE LXXXTV
Cinoc, 2
A
1172 G eorges Perec
T a b l e t s , A m e r ic a n E t h y i. G a s o l in e , G r a n g e r r o u g h e u r m a d e f o r p ip e s ,
J o h n D e e r e f a r m i m p l e m e n t s , F in d l a y ' s . e t c .
à
1176 G eorges Perec
Berger, 2
i
1178 Georges Perec
Q u i é ta it l ’a m i d e John L elan d?
Q ui éta it Sheraton ?
les anagrammes
MARIE = AIMER
SPARTE = TRÉPAS
NICOMÈDE = COMÉDIEN
t ’ cea uc tsel rs
n neo rt alu o t
ia ouna s ilel-
-rc o a l ei ntoi
Rorschash, 5
SBerêtormtg
ïm* l)ül)*cl)c (W)itlmüï)d)cu
La quatrième œuvre est un moulage posé sur le large rebord
de la baignoire. Il représente, en pied, une femme qui marche,
à peu près au tiers de sa grandeur naturelle. C’est une vierge
1184 G eorges Perec
Bartlebooth, 4
.1
1192 G eorges P erec
Af/RAj Inde
A/VAFI Grèce (Cyclades)
A/?71GAS Uruguay
V7:’N Œ France
ERBU. Irak
ALYWICK Angleterre
HALLE Belgique
Ü7TOK Autriche (Illyrie)
Hf/TXTLA Mexique
SORIA Espagne (Vieille Castille)
£/VNIS Irlande
SAFAD Israël
/LION Turquie (Troie)
IAÏ/AKEA Mozambique
COIRE Suisse
OSAKA Japon
AR'JY.SIA États-Unis (Nouveau-Mexique)
PEMBA Tanzanie
OZAND Suède
ORLANDO États-Unis (Disneyworld *)
AEROE Danemark
7KOUT Canada
Æ7MEO Archipel de Tahiti
DELFT Pays-Bas
* Apparemm ent les États-Unis sem blent avoir été choisis deux fois — avec
Artesia et avec O rlando — en contradiction avec la décision de construire les
vingt-quatre complexes dans vingt-quatre contrées différentes ; mais, rappela
fort justem ent un des directeurs des Marvel Houses, O rlando n ’est que
superficiellement aux Etats-Unis, dans la m esure où Disneyworld est à soi
seul un m onde, un m onde où Marvel Houses et International Hostellerie se
devaient d ’être représentés.
La Vie m o d e d ’em p lo i 1193
Deux ans plus tard, il avait visité plus de deux mille ateliers
répartis dans quatre-vingt-onze villes et dans vingt-trois pays.
Le problème était désormais pour lui de relire ses notes et de
faire son choix : dans le chalet des Grisons qu’un des direc
teurs d ’international Hostellerie mettait aimablement à sa dis
position, il entreprit de réfléchir sur l ’étrange tâche qu’on lui
avait confiée et sur les curieuses retombées qui s’en étaient
ensuivies. Et c ’est à peu près vers cette époque, alors que face
à ces paysages de glaciers, dans la seule compagnie de vaches
aux lourdes clarines, il s’interrogeait sur la signification de
l’art, que l’aventure de Bartlebooth lui parvint.
Il en fut informé par hasard alors qu ’il s’apprêtait à allumer
un feu avec un numéro vieux déjà de deux ans des Dernières
N ouvelles d e Saint-Moritz, feuille locale qui pendant la saison
d ’hiver donnait deux fois par semaine les potins de la station :
Olivia et Rémi Rorschash étaient venus passer une dizaine de
jours à l ’Engadiner et chacun avait eu droit à une interview :
A ltam ont, 5
i
1208 G eorges P erec
jM êm cheb
fioul M w t à l ’dÙUohe de ma fiicjvie
Véronique est une jeune fille de seize ans, trop grande pour
son âge, au teint très pâle, aux cheveux extrêmement blonds,
au visage ingrat, à l’air un peu morose ; elle est vêtue d ’une
longue robe blanche à manches de dentelle, dont le col large
ment ouvert laisse voir des épaules aux clavicules saillantes.
Elle examine attentivement une photographie de petit format,
striée et cassée, qui représente deux danseuses, dont l’une
n ’est autre que Madame Altamont plus jeune de vingt-cinq
ans : elles font des exercices à la barre sous la direction de
leur professeur, un homme maigre, à tête d ’oiseau, aux yeux
ardents, au cou efflanqué, aux mains osseuses, pieds nus, torse
nu, vêtu seulem ent d ’un caleçon long et d ’un grand châle tri
coté qui lui tombe sur les épaules, et tenant dans sa main
gauche une haute canne à pommeau d ’argent.
Moreau, 5
I
1222 G eorges P erec
Le h a ll d ’entrée, 2
Œufs d e saum on
Bortsch glacé
Tim bale d ’Écrevisses
Filet d e B œ u f Carpaccio
Salade d e Vérone
E dam étuvé
Salade au x Trois Fruits Rouges
Charlotte au Cassis
Vodka au p im e n t
B ouzy rouge
I
CHAPITRE XCI
Caves, 5
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE
DES SOURCES RELATIVES À LA
MORT D ’ADOLF HITLER
DANS SON BUNKER
LE 3 0 AVRIL 1945
Louvet, 3
CHAPITRE XCIII
Troisième d ro ite , 3
Escaliers, 12
O #
o # •
o#
une boîte cylindrique, enveloppée dans un papier provenant
du magasin les Joyeux M ousquetaires, jeux et jouets, 95 bis,
La Vie m o d e d ’em p lo i 1243
Rorschash, 6
etc. — tous ces journaux qu’il n’aimait rien tant que feuilleter
en maugréant quand il prenait son petit déjeuner, et qui désor
mais s’entasseront, leurs bandes intactes, accumulant pour
rien leurs box-offices périmés. C’est la chambre d ’un homme
déjà mort, et il semble déjà que les meubles, les objets, les
bibelots attendent cette mort à venir, l’attendent avec une
indifférence polie, bien rangés, bien propres, figés une fois
pour toutes dans un silence impersonnel : le dessus-de-lit par
faitement tiré, la petite table Empire aux pieds griffus, la coupe
en bois d ’olivier contenant encore quelques pièces étrangères,
des pfennigs, des groschens, des pennies, et une pochette d ’al
lumettes offerte par Fribourg and Treyer, Tobacconists & Cigar
Merchants, 34, Haymarket, London SW1, le très beau verre de
cristal taillé, le peignoir en tissu éponge couleur café brûlé,
accroché à une patère en bois tourné et, à droite du lit, le valet
de nuit en cuivre et acajou, avec son cintre galbé, avec son
système breveté assurant aux pantalons un pli éternel, son
porte-ceinture, son porte-cravate escamotable, et son vide-
poches alvéolé où Rémi Rorschash rangeait consciencieuse
ment tous les soirs son trousseau de clés, sa menue monnaie,
ses boutons de manchettes, son mouchoir, son portefeuille,
son agenda, sa montre-chronomètre et son stylo.
i
1248 G eorges Perec
D inteville, 3
reste étant tendu d ’un papier lavable, jaune clair rayé de stries
vert d ’eau. A côté de la baignoire, partiellement masquée par
un rideau de douche en nylon d ’un blanc un peu sale, est
disposée une jardinière de fer forgé contenant quelques
touffes chétives d ’une plante verte aux feuilles finement vei
nées de jaune. Sur la tablette du lavabo, on voit plusieurs
accessoires et produits de toilette : un rasoir de type coupe-
chou, gainé de galuchat, une brosse à ongles, une pierre
ponce, et un flacon de lotion contre la chute des cheveux sur
l’étiquette duquel une sorte de Falstaff hirsute, hilare et ventri
potent étale avantageusement une barbe rousse exagérément
fournie, sous l’œil, plus étonné qu’amusé, de deux joyeuses
commères dont les poitrines généreuses débordent de cor
sages aux lacets relâchés. Sur le porte-serviettes à côté du
lavabo est négligemment jeté un pantalon de pyjama bleu
foncé.
nem ent plus le sens qu’ils avaient eu pour son lointain ancêtre.
Dinteville néanmoins s’enthousiasma de sa découverte qui, sti
mulant son imagination, réveilla en lui une vocation cachée de
chercheur. Et il décida de préparer une édition critique de ce
texte qui, même s ’il ne contenait rien de vraiment capital,
constituait un excellent exem ple de ce qu’avait été la pensée
médicale à l’aube des temps modernes.
H utting, 4
çaient les uns les autres. C’est ainsi que lors du premier de ces
« mardis », Grillner et Hutting, en présence d ’une quinzaine de
spectateurs attentifs, se relayèrent toutes les trois minutes sur
une même toile, comme s’ils y disputaient une partie d ’échecs.
Mais très vite le protocole des séances devint beaucoup plus
raffiné et l’on se mit à faire appel à des artistes œuvrant dans
des domaines différents : un peintre peignait un tableau tandis
qu’un musicien de jazz improvisait, ou bien un poète, un musi
cien et un danseur interprétaient, chacun avec leur syntaxe
propre, l’œuvre qu’un sculpteur ou un couturier leur pro
posait.
Les premières rencontres furent sages, consciencieuses et
très légèrement ennuyeuses. Puis elles prirent une tournure
beaucoup plus animée avec la venue du peintre Vladislav.
i
1262 G eorges Perec
Réol, 2
que cette aide était tout à fait envisageable dans son cas à
condition bien sûr que les Réol fussent effectivement mariés.
Or, s’ils vivaient ensem ble depuis déjà plus de quatre ans, ils
n ’avaient jamais, com me on dit, régularisé la situation et
n ’avaient jamais eu, même après la naissance de leur fils, l’in
tention de le faire.
Ils se marièrent donc, au début du mois de juin, le plus sim
plem ent possible car, entre-temps, leurs conditions matérielles
n ’avaient pas cessé de se dégrader : leur repas de noce, avec
les deux témoins pour seuls invités, eut pour cadre un self-
service des Grands Boulevards, et ils utilisèrent des bagues de
laiton en guise d ’alliances.
La préparation de la réunion directoriale du deuxième jeudi
de juin mobilisa trop Réol pour qu’il trouve le temps de ras
sembler les nombreux documents nécessaires à la constitution
de son dossier de demande d ’aide sociale. Celui-ci ne fut
com plet que le mercredi 7 juillet. Et du vendredi 16 juillet à
midi au lundi 16 août à 8 heures 45, la CATMA ferma ses portes
sans que, pour Réol, rien n ’ait été décidé.
Il n ’était pas question pour les Réol de partir en vacances ;
tandis que leur petit garçon passait tout l’été à Laval chez ses
grands-parents maternels, les Réol, grâce à leur voisin Berger
qui les recommanda à un de ses confrères, furent engagés pour
un mois, lui comme plongeur, elle com me marchande de ciga
rettes et d ’articles de Paris (cendriers, foulards avec la tour Eif
fel et le Moulin-Rouge, petites poupées french-cancan, briquets
lampadaires marqués « Rue de la Paix », Sacré-Cœur enneigés,
etc.) dans un établissement qui s’intitulait La Renaissance :
c ’était un restaurant bulgaro-chinois, sis entre Pigalle et Mont
martre, où débarquaient trois fois par soirée des arrivages de
Paris by Night qui pour soixante-quinze francs tout compris
faisaient le tour de Paris illuminé, dînaient à La Renaissance
(« son charme bohème, ses recettes exotiques ») et passaient
au pas de charge dans quatre cabarets, Les deu x hém isphères
(« Strip-tease et Chansonniers ; tout l’esprit gaulois de Paris »),
The Tangerine D ream (où officiaient deux danseuses du
ventre, Zazoua et Aziza), Le R oi Venceslas (« ses caves voûtées,
son ambiance médiévale, ses ménestrels, ses vieilles chansons
La Vie m o d e d ’em p lo i 1269
Bartlebooth, 5
Je cherche en m êm e tem ps
l ’éte m e l et l ’éphémère.
FIN
Paris, 1969-1978
Honoré Morellet Simpson Troyan Troquet
ORLOW-
SMAUTF SUTTON ALBIN
SKA
PLASSAERT
HUTTING
Jérôme Fretnel
NIETO
CRATiOLET CRESPI &
ROGERS
BREIDEL VALÈNE
Brodin-Gratiolet Jérôme
RÉOL FOULEROT
RORSCHASH
Speiss Échard
BARTLEBOOTH FOUREAU
Apjwnzzell DE BEAUMONT
ALTAMONT
MOREAU LOUVET
Plan d e l'im m e u b le
les n o m s e n ita lique s o n t c e u x d e s a n c ie n s o c c u p a n ts
1
P IÈ C E S A N N E X E S
INDEX
A Day at the Races, 787 Afrique du Nord, 712, 726, 889, 1266
À la dure, de Mark Twain, 1242 Afrique noire, 714, 715, 738, 974
À la renommée de la bouillabaisse, Agadir, 727
restaurant parisien, 928 A g a m e m n o n , personnage de 1Iphigénie
AB.C. du travailleur, L ’, Edmond de Racine, 1041
About, 930 Agamemnon, tragédie de Népomu-
A.O.F., 715 cène Lemercier, 1115
Aachen, voir Aix-la-Chapelle, 1034 Âge de raison, L ’, de Jean-Paul Sartre,
Aarhus, 1255 1212
Abbaye d ’Hautvillers, 1230 Age doré, L ’, de Mark Twain, 1242
Abbeville, 763 Agen, 910
A b e k e n , conseiller de Bismarck, 1276
Agnat va se m ettre en colère, L ’,
Aberdeen, 1142 roman policier, 916
Abidjan, 1222 A g r i c o l a (Martin Sore, dit Martin),
Abigoz (Iowa), 1053, 1054 compositeur allemand, Schiebus,
Abrégé historique de l'origine et des 1486-Magdebourg, 1556, 1120
progrès de la gravure..., de Hum-
A g u s t o n i (Henri), m etteur en scène
bert, 875
suisse, 1115
Académie de médecine, 1254, 1258
A h m e d III, sultan, 766, 768
Acapulco, 694, 1222
Aiglon, L', (François-Charles-Joseph-
Adamaoua, hauts plateaux du Came
Napoléon Bonaparte, duc de Reich-
roun, 755
stadt, dit), Paris, 1811-Schônbrunn,
A d è l e , cuisinière de Bartlebooth, 799,
1832, 853
800
Aden (Arabie). 713, 714, 715 Aigues-Mortes, 895
A i m é e , Anouk, actrice, 1241
Adriatique, 1081
Aeroe (Danemark), 1192, 1193 Aix-en-Provence, 809
Aesculape, revue médicale, 906 Aix-la-Chapelle, 875
A e t i u s , général romain, v. 390-454, Ajaccio, 910, 1168
764, 948 Akkas, peuple nain d'Afrique, 1022
Afghanistan, 972 Aktuelle Problème aus der Geschichte
Afrique, L ', porcelaine de Saxe, 1188 der Medizin, 1258
Afrique, 714, 715, 725, 878, 942, 967, Alamo, 985
1022, 1040, 1074, 1076, 1077, A l b e r t (Stephen), 989
B onnot (J e a n ) , 9 5 8 B o u lle ( P ie r re ), é c r iv a in f r a n ç a is , 1 1 5 4
B o u n in e (I v a n A le x e ie v itc h ), ro m an
Bonshommes Guillaume, Les. s p e c
c ie r r u s s e , 1 8 7 0 -1 9 5 3 , 1 1 1 9
ta c le d ’a u to m a te s , 1 1 6 6
B o u n ty ( a r c h ip e l d e s ) , 8 8 4
Booz endormi, poèm e de V ic to r
B o u rg -B e au d o in , 1095
H ugo, 998
B o u r g - d ’O is a n s (L e), 1 0 9 8
B o r b e ille , m é d e c in , p e rso n n ag e de
B o u rg e s, 9 1 0
G. B erg er, 8 5 9
B o u rv il (A n d ré R a im b o u r g , d it),
B o r b e ille (I s a b e lle ), s a fille, 8 5 9
a c t e u r fr a n ç a is , 1 9 1 7 -1 9 7 0 , 7 3 7
B o rd e a u x , 850, 9 10, 1023, 1228
B o u v ard , v o ir R a tin e t, 1 0 6 9
B o rg es (J o rg e L u is), 1 3 6 4
B ouzy, 1229
B o rie t-T o ry (J.), c h iru rg ie n s u is s e ,
Bovril, 1 2 1 5
1 0 1 0 , 1013
B ow m an (W illiam ), a n a t o m is t e a n g la is,
Boris Godounov, o p é r a d e M o u s-
1254, 1258
s o rg s k y , 1 1 6 2
B ox (P a tr ic k O liv e r), e x p lo ra te u r
B o rn é o , 725, 925
a n g la is , 1 1 7 2
B o ro tra (J e a n ) , c h a m p i o n d e t e n n is ,
Boxers, 7 4 1
906
B o y er, c o m p o site u r de chansons,
Borrelly, Joyce & Kahane, d is tilla te u r s 1178
d e w h is k y , 1 0 3 8
Bradshaw’s Continental Railway
B osch ( H ie r o n y m u s v a n A e k e n , d it Steam Transit a n d General Guide.
Jérô m e), p e in tre fla m a n d , 1450- 911
1516, 677 Bras d ’or, Le, c a b a r e t d ’A c a p u lc o .
B o s n ie , 1 1 6 6 1222
B osseur y . ) , c r itiq u e d 'a r t , 6 9 8 B rau n (E va), 1 23 1
Bossis ( H é lé n a ) , a c tric e f r a n ç a is e , B rau n (W e rn h e r v o n ), 1033
1267 B re g e n z , 1 1 9 5
B ossius, 1 0 2 1 B re id e l (A n n e ), 6 7 6 , 6 7 9 , 6 9 0 , 8 4 4 .
B ossuet (J a c q u e s - B é n ig n e ) , é c r iv a in 845, 8 7 9 -8 8 1 , 8 8 2 - 8 8 4 , 9 4 6 , 1118 ,
f r a n ç a is , 1 6 2 6 -1 7 0 4 , 9 1 0 1119, 1225, 1226, 1278
B o s to n , 7 6 0 , 7 6 5 , 7 6 6 , 7 7 4 , 8 1 3 B re id e l ( A rm a n d ) , 1 1 1 8
La Vie m o d e d ’em p lo i 1295
B re id e l (B é a tric e ) , 6 7 6 , 6 7 9 , 6 9 0 , 8 4 4 , B u c h e n w a ld , 8 0 6 , 8 9 6
8 7 9 , 881, 946, 1118, 1119, 1225, B u c k le y (S ilas), n é g r ie r , 1 0 6 1
1278 B udoeus, 1021
B re id e l (E liz a b e th , n é e d e B e a u m o n t) , B u e n o s A ires, 1 1 0 4
v o ir B e a u m o n t, 8 2 8 - 8 3 0 , 8 4 1 Bulles secrètes et la question des anti
B re id e l ( F ra n ç o is ), 6 7 9 , 8 2 8 , 8 2 9 , 8 4 2 , papes, Les, 6 6 4
8 43, 844, 1118 Bulletin de l ’i nstitut de Linguistique
B re id e l (le s p a r e n t s ) , 8 2 9 de Louvain, 9 8 9
B re ite n g a s s e r, m u s ic ie n a l l e m a n d d u Bulletin signalétique du C.N.R.S., 9 2 9
xvi' s iè c le , 1 1 2 0 B unuel (L u is), 1 2 4 1
B ré sil, 9 8 3 B u reau c en tra l des P. & T. du
B r e ta g n e , 1 2 6 0 , 1 2 6 5 XVIIe a r r o n d i s s e m e n t , 8 1 6
B re tz le e (G e o r g e ) , r o m a n c i e r a m é r i Burlington Magazine, 8 7 7 , 8 7 8
c a in , 7 9 9 B u rn ac h s (M a rc e l-É m ile ), 9 5 8
B r ia n ç o n , 1 0 9 8 B u to r (M ic h e l), 1 0 3 1 , 1 3 6 4
B rid g e tt (M rs), h ô te liè re a n g la is e , B u z a n ç a is , 1 0 8 9
1214 B y ro n (G e o rg e G o r d o n N o ë l, 6 e b a r o n ,
B rin o n (F e rn a n d d e ), h o m m e p o li d it L o rd ), p o è t e a n g la is, 1 7 8 8 -1 8 2 4 ,
tiq u e , 1 8 8 5 -1 9 4 7 , 1 0 0 1 700
B r is b a n e (A u s tra lie ), 1 1 3 8
B ris s o n (M a th ie u -J a c q u e s ), n a tu r a lis te C’est à l ’amour auquel je pense, c h a n
fra n ç a is , 1 7 2 3 -1 8 0 6 , 1 0 2 1 s o n d e F r a n ç o is e H a rd y , 1 2 3 5
Britannicus , t r a g é d ie d e J e a n R a c in e , C’est si beau, y a c h t d e R o s e lin e T ré-
1 04 1 v in s , 1 2 2 3
Britisb Association fo r tbe Advance- C .N .R .S. ( C e n tr e N a tio n a l de la
ment o f Sciences, 1 1 4 0 R e c h e r c h e S c ie n tif iq u e ) , 9 1 5 , 9 2 9 ,
B riv e , 8 4 3 997
B riz a rd (M a rie ), 6 5 9 , 8 2 0 Cabaret de la Belle Meunière, r e s t a u
B ro a d w a y , 9 8 3 ra n t de l’E x p o s itio n u n iv e r s e lle ,
B ro d in (A n to in e ), 7 5 3 , 7 5 6 , 1 1 7 3 1166
B ro d in ( H é lè n e , n é e G r a tio le t) , 8 1 5 , C abet ( É tie n n e ) , s o c ia lis te fra n ç a is,
1001, 1018, 1039, 1 1 7 2 -1 1 7 6 1 7 8 8 -1 8 5 6 , 1 2 3 8
B ro n d a i. (V igg o ), lin g u is te d a n o is , 7 9 4 C abot (J e a n ) , e n it. G io v a n n i C a b o to ,
B r o u w e r s h a v e n (P ay s-B as), 7 2 3 , 7 2 6 n a v ig a te u r ita lie n , v. 1 4 5 0 -1 4 9 8 ,
B ro w n (Jim ), v o ir M a n d e tta ( G u id o ) , 1143
770 C a b ra i. (D o m P e d r o A lv a re z ), n a v ig a
B ro w n e (S ir T h o m a s ) , é c r iv a in a n g la is , t e u r p o r tu g a is , v. 1 4 6 0 -1 5 2 6 , 1 1 4 3
1 6 0 5 -1 6 8 2 , 1 02 1 C ab ra l (G o n s a lv o V e lh o ), n a v ig a te u r
B r u g e s (B e lg iq u e ), 1 1 3 8 p o r t u g a i s d u XVe s iè c le , 1 1 4 3
Bruges l ’Enchanteresse, film t o u r i s Cadavre va vous jou er du piano, Le,
tiq u e a v ec O liv ia N o rv e ll, 1 1 5 3 r o m a n p o lic ie r, 9 1 6
B ru g n o n (J a c q u e s ), te n n is m a n fra n C a d ig n a n (M a rc -A n to in e C a d e n e t , s e i
çais, 9 0 7 g n e u r d e ), m é m o r ia lis te fra n ç a is,
B ru n ie r, p i s t a r d f r a n ç a is , 1 0 9 8 -1 0 9 9 1 5 9 5 -1 6 3 7 , 7 1 9
B ru x e lle s ( B e lg iq u e ) , 6 9 8 , 8 2 9 , 8 7 5 , C a d o u i n , c h e f -lie u d e c. d e la D o r-
894, 896 d o g n e , 764
1296 G eorges P erec
C e rv a n te s y S aav e d ra (M ig u e l d e ) , é c r i 1022
v a in e s p a g n o l, 1 5 4 7 -1 6 1 6 , 8 8 6 C h a p e lle -L a u z in , La, 7 6 3
C h â t e a u n e u f ( E u d e s d e ) , s o n a n c ê tr e , C h ir ic a c h u a s , t r i b u i n d i e n n e , 1 2 2 7
p e r s o n n a g e d e G. B e r g e r , 8 5 8 C h is h o lm , c la n é c o s s a is , 1 2 7 6
C h â t e a u x d e la L o ire , 9 6 8 C h o le t (M a in e -e t-L o ire ), 8 4 2
Châtiment d ’H itler, Le, e s s a i ( in a C h o p in ( F r é d é r ic ) , m u s ic ie n fra n ç a is,
c h e v é ) d e M. É c h a rd , 1 2 3 1 1 8 1 0 -1 8 4 9 , 7 2 0 , 9 5 0
Châtiments, Les, p o è m e s d e V ic to r C h ris tie (A g a th a -M ary -C larissa M iller,
H ugo, 732 d ite A g a th a ), r o m a n c i è r e a n g la is e ,
C h a to u , 1208 1 8 9 1 -1 9 7 6 , 8 5 9 , 1 3 6 4
C h a u d o ir (b a ro n d e ), n u m is m a te fra n C h ris tin e , r e i n e d e S u è d e , 1 6 2 6 -1 6 8 9 ,
çais, 1 0 9 6 768
C h a u m o n t- P o r c ie n (A rd e n n e s), 679, C h ris to , a r tis te - p e in tr e , 1 2 6 2
828, 8 33, 844, 949, 1054 C h u rc h ill (S ir W in s t o n L é o n a r d S p e n
Chaussons rouges. Les, film de c e r ), hom m e d 'É ta t, 1 8 7 4 -1 9 6 5 .
M ic h a e l P o w e ll, 1 2 1 6 1077
C h a v ig n o lle s , 6 6 9 C h y p re , 7 2 6
C h a z e li.e s (D E), p ro p rié ta ire f o n c ie r, C ic é ro n ( M a rc u s T u lliu s C ic e r o ), o r a
1246 t e u r la tin , v. 106-v. 4 3 , 9 7 2
Chefs-d'œuvre en péril, é m is s io n d e Cid, Le, tr a g i- c o m é d ie d e P ie rr e C o r
té lé v is io n , 7 3 9 n e ille , 8 5 9 , 1 1 1 5
C hénany ( J e a n n e d e ) , g r a v e u r f r a n ç a is C im e tiè r e d u P è re -L a c h a is e , 1 0 6 8
du x v ii' s iè c le , 8 7 5 C in c in n a t i (O h io , U .S.A .), 8 8 0
C h e n a r d e t W a lk e r, m a r q u e d ’a u t o C i n é m a t h è q u e d u p a la is d e C h a illo t,
m o b ile , 8 0 1 , 1 1 2 0 692
Chéops, Le, b o îte d e n u i t p a r is ie n n e , Cinématographie française, La, re v u e
1104 p r o f e s s i o n n e ll e , 1 2 4 5
C h é ri-B ib i, 9 4 9 , 9 6 6 C in n a , 1 0 4 1
Cheval d'Orgueil, Le, ré c it de Cinoc (A lb e rt), 9 0 8 , 9 3 1 , 9 4 6 , LX,
P.-J. H é lia s, 1 0 3 1 1 0 1 7 -1 0 2 2 , LXXXIV, 1171, 1277,
C h e v a lie r (M a u ric e ) , c h a n t e u r fra n ç a is, 1281
1 8 8 8 -1 9 7 2 , 9 5 3 , 9 8 3 C iss a m p e i.o s (M m e ), g é r a n t e d ’u n e p e n
C h e v r e u s e (v a llé e d e ) , 8 0 1 s io n d e fa m ille , 1 1 6 5
C h e y e n n e s , tr i b u in d i e n n e , 1 2 2 7 Citizen Kane, film d ’O . W e lle s , 1 01 1
« C h e z Riri », c a fé -ta b a c , 6 8 6 C la ir (R en é C h o m e tte , d it R e n é ),
« C h e z R u m p e lm a y e r », s a lo n d e th é , c in é a s te fra n ç a is , 8 6 4
839 C la irv a u x , 7 6 3
C h ic a g o (Illin o is . U.S.A ). 7 5 1 , 1 1 3 8 Classification décimale universelle
C h ie f W in n e m u c c a . c h e f i n d ie n . 1 2 2 7 (C .D .U .), 6 6 5 , 9 1 5
Chien français, Le, r e v u e c v n é p h i- Ciaveai (M a d a m e ), a n c i e n n e c o n c ie r g e
liq u e . 1 1 8 0 d e l’im m e u b le , 6 ^ 4 , 7 2 6 , 7 3 2 . 8 1 5 .
Children ’s Corner, d e C la u d e D e b u s s y 8 6 0 . 8 7 0 , 9 2 4 , 9 3 1 . 1 0 18 , 1 1 5 9
(1 9 0 8 ) , 8 6 4 C ia v e a l (M ic h e l), s o n fils, 6 7 4 , 7 2 6 ,
C h ili. 9 6 9 857
Chimère, s c u l p t u r e , 1 2 6 2 C la w b o n n y (T .), b a n q u ie r , 1 1 6 2
C h in e , 1 0 2 7 , 1 0 9 6 . 1 1 25 , 1 1 5 7 . 1 1 9 6 , C lé m e n c e , c u is in iè r e , in v e n te u r du
1253 b e u r r e b la n c . 1 0 8 8
C h ir a z (I ra n ), 1 0 9 5 , 1 1 2 5 C lf.ra y , m a r o q u i n i e r p a r is ie n , 1 1 6 0
La Vie mode d ’emploi 1299
C l e r m o n t (M e u s e ), 6 9 6 C o lo n n e V e n d ô m e, 1247
C le r m o n t- F e r r a n d , 9 1 0 , 1 1 9 5 COLQUHOUN of D a rro c h (S m ig h a rt),
C liffo rd ( A u g u s tu s B ria n ), 8 5 3 s e c r é ta ir e d e la Caledonian Society,
C liffo rd ( H a ig D o u g la s ) , b a r y to n 1142
a n g la is, 9 5 4 C o m b e lle (Alix), s a x o p h o n e -té n o r,
Clocks an d Clouds, r o m a n p o lic ie r , 1113
847 Come in, Little Nemo, c h a n s o n d e
C lo v is , ro i d e s F rancs, 7 6 4 S am H o rto n , 8 8 8
Club Nemo, c a b a r e t d e D e m p le d o r f , Comment épouser un millionnaire,
U.S.A., 12 81 film d e J e a n N é g u le s c o , 1 0 2 9
C ochet ( H e n r i) , t e n n i s m a n fra n ç a is , C o m m e r c y (M e u s e ), 7 3 4
906 C o m m in e (L o u is), b e a u -frè re de
C o c h i n c h in e , 9 1 0 M m e T ré v in s, 1 2 2 3
C o c h is f., c h e f i n d ie n , 1 2 2 7 Comoedia, re v u e th é â tr a le , 8 5 2
Coco weddelliana , 1 0 8 6 C o m o r e s (Ile s), 7 1 4 , 8 1 3
C o c te a u (Jean ), é c r iv a in fra n ç a is , C o m p a g n ie d e s a s s u r a n c e s d e s t r a n s
1 8 8 9 -1 9 6 3 , 1 2 41 p o rts m a r iti m e s (CATM A), 1264,
Code des impôts, Le, 7 0 6 1268, 1269, 1272
Cckur ( J a c q u e s ), 9 1 0 C o m p a g n ie f e r r o v ia ir e du H a u t-
C o ir e (S u is s e ), 1 1 9 2 , 1 1 9 5 D o g o n , 1238
C o i.b k rt (J e a n - B a p tis te ), h o m m e p o l i C o m p a g n ie m in i è r e du H a u t-B o u -
t iq u e , 1 6 1 9 -1 6 8 3 , 9 5 0 , 1 2 3 0 b a n d jid a , 7 5 3 , 7 5 4
C o le rid g f (S am uel T a y lo r ), p o è te C o m p a n a m e jic a n a d e A v ia c iô n , 6 9 4
a n g la is, 1 7 7 2 -1 8 3 4 , 8 7 6 C o m p iè g n e , 8 2 4
C o lin (P a u l), a ffic h is te f r a n ç a is , 7 8 0 Comte de Gleichen, Le, tr a g é d i e d e
C o llè g e C h a p ta l, 8 0 6 , 8 1 1 Y o ric k , 7 01
C o llè g e d e F r a n c e , 9 1 5 , 1 0 1 1 Comtesse de Berlingue aux yeux
C o l l i n d ’F I a k i j ï v i l l e (Je an -F ra n ç o is), a u te u r rouges, p o r t r a i t d e F. H u ttin g , 1 0 0 9
d ra m a tiq u e français, 1 735-1806, 1114 Concerto à la mémoire d'un Ange,
C o llo t ( H e n r i, d i t « M o n s i e u r R iri »), d ’A lb a n B erg , 1 2 8 1
c a fe tie r , 8 1 1 Concini ( C o n c in o C o n c in i, d i t le m a r é
C o llo t (I s a b e lle e t M a r tin e , d ite s « le s c h a l d 'A n c re ), 1 5 7 5 -1 6 1 7 , 7 1 9
p e t i t e s R iri »), 8 1 1 CoNFicii's (K 'u n g T z u , d it) , p h ilo
C o llo t (L u c ie n n e , d ite « M adam e s o p h e c h in o is , 5 5 5 -4 7 9 , 1 1 6 2
R iri» ), 6 9 0 -6 9 3 , 8 1 1 C o n g o (fle u v e ), 7 1 5
C o llo t (V a le n tin , d i t « le j e u n e R iri »), C ongo, 961
811 C o n n e c t i c u t (U .S.A .), 9 8 4 , 1 2 4 2
C o lm a r, 7 6 3 C o n s ta n tin I" le G ran d (F la v iu s V ale-
C o lo m b ( C h r is to p h e ) , n a v ig a te u r , riu s A u re liu s C la u d iu s C o n s ta n ti-
1 4 5 1 -1 5 0 6 , 1 1 4 1 , 1 1 4 3 -1 1 4 4 n u s ) , e m p e r e u r r o m a in , v. 2 8 0 -3 3 7 ,
C o lo m b (M .), é d ite u r d ’a lm a n a c h s , 763
8 7 3 , 9 2 8 , 1 28 3 C o n s t a n t i n e (A lg é rie ), 8 6 1
C o lo m b ie , 1 0 1 4 , 1 1 4 2 -1 1 4 4 C o n sta n tin o p le , 765, 1249
C o lo m b in e , p e r s o n n a g e d e la c o m é S a in te -S o p h ie , 7 6 3 , 7 6 7
d i e ita lie n n e , 8 2 6 Contai (M ic h e l), 1 2 3 6
1300 G eorges Perec
G a llim a rd , é d i t e u r p a ris ie n , 6 7 5 , 7 1 7 , G e rb a u lt (H e n ry ), d e s s i n a t e u r fr a n ç a is
1031 d u d é b u t d u s iè c le , 9 0 7
G a n d , 11 7 2 G é ric a u lt (T h éo d o re), p e in tre fra n
G andhi (M o h a n d a s K ara m ch a n d ), ça is, 1 7 9 1 -1 8 2 4 , 9 1 0
h o m m e d ’É ta t i n d ie n , 1 8 6 9 -1 9 4 8 , G e rm a in e , lin g è r e d e B a r tle b o o th , 7 9 9 ,
914 996
G a n n e v a i. ( P ie r re ), 9 8 9 G e ro n im o , c h e f i n d ie n , 1 2 2 7
G a rd , 8 3 7 , 8 3 9 Gerry Mulligan Far East Tour, d is q u e ,
G a ro ei (B la n c h e ) , v o ir A lta m o n t 702
(B la n c h e ) G e rtru d e , h a m ste r, 1154
Gardens o f Heian-Kyô, b o îte d e n u it G e rtru d e , a n c ie n n e c u is i n iè r e de
d 'A n k a ra , 1 0 4 6 M adam e M o re a u , 1055, 1225-
G a r ig lia n o , fle u v e ita lie n , 6 5 9 1 2 2 8 , 1278
G a rin d e G a rla n d e , é c r iv a in f r a n ç a is d u Gertrude o f Wyoming, d e A.S. Je ffe r-
xnc s iè c le , 1 2 0 7 so n , 661
G a ro u a (C a m e ro u n ), 755 G e rv a i.s e , g o u v e r n a n t e d e M. C o lo m b .
G asco gn e, 723 873, 928
G a s tr ip h é r è s , 1 0 21 G e sn fr (C o n ra d ), n a tu r a lis te s u iss e ,
G a ts e a u (île d ’O lé r o n ) , 8 5 3
1 5 1 6 -1 5 6 5 , 1 0 21
G a ttiè r e s , 9 3 0 , 1 2 5 9
Gestalttheorie, 6 5 3 , 8 9 8
G audi y C o rn et (A n to n io ) , a r c h ite c t e
Geystliches Gesangbuchlein, d e J o h a n n
e s p a g n o l, 1 8 5 2 -1 9 2 6 , 1 2 7 6
W a lth e r, 9 0 8
G a u lle ( C h a rle s - A n d ré -J o s e p h -M a r ie
G h a r d a ïa (A lg é rie ), 1 2 6 6
d e ) , h o m m e d ’É ta t, 1 8 9 0 -1 9 7 0 , 9 5 3
G ib ra lta r, 6 6 3 , 6 9 4 , 1 1 2 6
Gauloises, m a r q u e d e c ig a r e tte s , 1 0 7 7
G ig o u x (J e a n ) , p e in tre d 'h i s t o i r e ,
G a u lt- d u - P e r c h e , 8 9 4
1022
G a u ltie r (L é o n a r d ) , g r a v e u r fr a n ç a is
G ijô n ( E s p a g n e ) , 6 6 5 , 7 2 3 , 1 1 2 0
d u xviie s iè c le , 8 7 4
G ilb e r t (île s ), 1 1 3 7
Gazette de Genève, La, 1 1 9 7
Gilbert & Blanzy-Poure, m a r q u e d e
Gazette médicale, La, 9 0 6
p lu m e s , 965
G é lo n -le -S a rm a te , 6 7 1
G é m a t-L a llè s ( T h o m a s ) , g a s tr o - e n té r o -
Gilda, film d e C h a r le s W a lte rs , 7 6 1
G ile t-B u rn a c h s (F lo r e n tin ) , 1 1 4 3 -1 1 4 5
lo g u e , 9 5 8
G illo t ( C la u d e ) , p e in tre fra n ç a is,
G ê n e s , É g lise S a in t- L a u re n t, 7 6 3 , 7 6 4
G enève, 1032, 1033, 1060, 1072, 1 6 7 3 -1 7 2 2 , 1 18 7
H e n ri IV, ro i d e F r a n c e e t d e N a v a r re , H o lla n d e , 7 6 6 , 1 12 5
1 5 5 3 -1 6 1 0 , 9 1 0 , 1 1 4 5 H o llid a y (D o c), p e rso n n ag e s em i-
H e n r i e t t e d 'A n g l e t e r r e , d u c h e s s e d ’O r lé g e n d a ire de l ’O u e s t a m é r ic a in ,
lé a n s , 1 6 4 4 -1 6 7 0 , 9 3 4 1175
H e n rie tte -M a rie d e F ra n c e , r e i n e d ’A n H o lly w o o d ( C a lifo r n ie ) , 9 4 8 , 1 1 3 8
g le te r r e , fille d e H e n r i IV, é p o u s e Homme à l ’imperméable, L’, r o m a n
d e C h a r le s Ier e t m è r e d e la p r é c é p o lic ie r d e P. W in th e r, 7 4 3
d e n t e , 1 6 0 9 -1 6 6 9 , 1 1 4 5 Homme aux loups, L ’, c é l è b r e c a s p s y
Henriette, L’, tro is -m â ts , 1 2 3 4 c h a n a ly ti q u e , 1 0 1 0
H e p t a e d r a Illim ite d , g r o u p e p o p , 8 2 6 Homme aux semelles devant, L’,
H e rm an (W o o d y ), chef d ’o r c h e s tr e , œ u v r e c o lle c tiv e d e V la d islav , 1 2 6 0
1114 H o n d u ra s, 983, 1144
H e iz e l, é d i t e u r , 1091 H o n f le u r , 1 1 4 4
Hieracium aurantiacium, 1 2 3 2 H o n g K ong, 726, 973, 1045
Hieracium pilosella, 1 23 2 H o n g r ie , 9 1 8 , 1 0 2 8 , 1 1 8 3
H ie ro n y m u s, p s e u d o n y m e d e S ta n le y H o n o lu lu , 693
B lu n t, 1 0 4 5 H o n o ré ( C o r in n e M a r c io n , d ite
H ig h p o o l, 9 8 4 M ad a m e ), 1159, 1 1 6 3 -1 1 6 7
H ilb e rt (D a v id ), m a t h é m a t i c i e n a lle H o n o ré ( H o n o r é M a r c io n , d it) , 1 1 59 ,
m a n d , 1 8 6 2 -1 9 4 3 , 8 7 6 1 1 6 3 -1 1 6 7
H ill (W .E .), c a r ic a tu r is t e a n g la is , 1 0 7 8 H o o k i r J im , c h e f i n d ie n , 1 2 2 7
H o u rcad e (M a d a m e ), 7 0 7 , 7 3 8 , 7 3 9 , île s a n g lo - n o r m a n d e s , 8 3 9
8X5, 8 7 2 , 9 0 4 , 1 0 7 5 , 1 2 0 4 île L in c o ln (« l ’île m y s té r ie u s e »), 6 8 7 ,
H u fh n g , p e i n t r e a m é r ic a i n , m a îtr e d e 1091
VArte Brutta, 7 0 5 , 1 1 9 8 île d e Ré, 1 2 1 6
H ugo (V ic to r), é c r iv a in fr a n ç a is , 1 8 0 2 - Ilio n (T ro ie , T u r q u ie ) , 1 1 9 2
1 8 8 5 , 7 3 1 , 9 1 0 -9 1 1 , 9 5 1 , 9 9 8 , 1 0 2 3 Illustration, L', 6 8 8 , 8 5 2
H u ix tla (M e x iq u e ) , 1 1 9 2 , 1 1 9 6 Illyrie, 1 1 9 2
H u ls tk a m p , m a r q u e d e g e n iè v r e , 8 2 1 Image et Son, r e v u e p r o f e s s i o n n e ll e ,
Humanité, L’, q u o t i d i e n p a r is ie n , 6 9 2 1245
H u m b e rt, h is to r ie n d ’a r t d u x v iii' sièc le , Images de l ’Eté, c a l e n d r ie r , 1 0 1 7
875 Images du Monde, 8 5 2
H u m b o ld t ( G u ill a u m e d e ) , é r u d i t a lle Immortels, Les, c o m é d i e d e b o u l e
m a n d , 1 7 6 7 -1 8 3 5 , 1 1 2 5 v a rd , 1 2 6 7
H u m p h re y ( H u b e r t H o r a tio ) , h o m m e Imperium Japonicum... Descriptum,
p o l i t i q u e a m é r ic a in , 1 2 3 2 c a r te d ’H a d r ie n R o la n d , 1 1 4 6
Iphigénie, d e G u i m o n d d e la T o u c h e , J e m i m a C r e e k ( F lo r id e ) , 7 5 3 , 1 1 7 2
1115 Jerez, 665
Ira k , 1 0 4 6 , 1 1 9 2 Jérô m e (A d rie n ) , 7 3 1 , 8 1 1 , 8 1 5 , 8 7 0 -
Iran, 874, 1014 872, 9 0 8 , XLVI, 9 1 3 , 9 1 5 , 9 1 6 , 9 2 3
I r la n d e , 7 2 3 , 1 1 9 2 , 1 1 9 3 J é r u s a le m , é g lis e d u S a in t- S é p u lc r e ,
Iro n H o rse, c h e f i n d ie n , 1 2 2 7 763, 764
Is a u ra , 1 1 2 8 J é su s-C h rist, 760, 763, 7 64, 7 67, 1015
Isid o re , a c t e u r d e la t r o u p e d e F r e s n e l, J im in i-la - C o n s c ie n c e , p e r s o n n a g e d u
980-982 Pinocchio d e C o llo d i, 9 8 1
Is ra ë l, 1 1 9 2 , 1 2 2 8 J in e m e w ic z (T rim ), p s e u d o n y m e d ’A.Flex-
Ita lie , 1 0 2 1 , 1 0 9 7 , 1 2 3 8 n e r , 880
Iv a n o v (P a u l), c o m p a r a t i s t e lillo is, 9 8 9 Joconde, La, p o r t r a i t d e L é o n a r d d e
Iw o -J im a , 1 1 3 7 V inci, 7 0 5
Johan n o t (T o n y ), g r a v e u r r o m a n t i q u e ,
1 8 0 3 -1 8 5 2 , 1 1 4 1
Jac q u art (J o s e p h -M a rie ), m é c a n ic ie n
Johnson (J a m e s L o u is, d it J a y Jay ),
ly o n n a is , 1 7 5 2 -1 8 3 4 , 9 1 0
tr o m b o n e a m é r ic a in , 1 0 6 9
Jacquet (B ), c r itiq u e d ’a rt, 6 9 8
Joie, La, r o m a n d e G e o r g e s B e r n a n o s ,
Ja d in (G o d e fro y ), p e in tre a n im a lie r ,
1206
1246
J o s e p h d A r jm a th ie , 760, 764, 767, 1011,
J a é n ( E s p a g n e ) , 6 6 3 -6 6 4
1013
Janet ( P ie r re ), n e u ro lo g u e , 1 85 9-
Jo ssera n d ( L a u r e n t) , m a rio n n e ttis te
1947, 1154
ly o n n a is , 1 1 6 5
Ja p o n , 762, 1015, 1081, 1096, 1192,
Jouet français, Le, r e v u e p r o f e s s i o n
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n e lle , 6 8 8 , 9 0 1
Jardin japonais IV, a q u a r e l le d e Sil-
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Jefferso n (A r th u r S ta n le y ), c o m p o s i ro m a n c ie r irla n d a is , 1 8 8 2 -1 9 4 1 .
te u r d e c h an so n s, 661 1364
Jefferso n (B a rry ), v o ir R o rs c h a s h , 7 1 1 Joyeux Mousquetaires, Les, m a g a s in
J e f f e r s o n (M is so u ri, U .S.A .), 1 0 4 4 d e j o u e ts , 1 2 4 2
La Vie m o d e d ’em p lo i 1315
Le C a ire , 7 0 5 , 9 6 6 , 9 7 1
Léman (lac), 1 1 0 6
L e m e rc ie r (N é p o m u cèn e), a u te u r d ra
Le H a v re , 8 9 4
m a tiq u e , 1 7 7 1 -1 8 4 0 , 1 1 1 5
Le M a n s , 7 9 7
L é n a rt, s ta y e r, 1 1 0 1
Le M e ria d e c h (R ic h a rd ), p a y s a g is te
L e n c lo s (A n n e , d ite N i n o n d e ) , 1 6 1 6 -
b re to n , 753
1706, 1156
Le P r a d o , 1 0 5 6
L e n in g r a d , m u s é e d e l ’E r m ita g e , 1 1 9 4
Le R ain cy , 9 0 2
L éo , 9 1 6
Le S o m m e lie r, é d ite u r à C h a lin d r e y ,
L é o n ard , s o m m e lie r d e B a r tle b o o th ,
1172
799
Le T r é p o r t , 1 1 4 4
L é p in e , 7 0 3 , 1 0 91
L e b ra n - C h a s te l, p r o f e s s e u r à la fa c u lté
Les E y zies, 1 1 9 6
d e M é d e c in e , 1254, 1255, 1256-
L es I s le tte s (M e u s e ), 6 9 6
1258
L e sp a g n o l, c h im is te , 8 9 3
L e b ru n -B re ttil, a rc h iv is te , 1 1 4 4
Lettre à Elise, La, d e L. V a n B e e t h o
L e b tit, c a p ita le ara b e en E spagne, ven, 864
6 6 3 -6 6 5 Lettre volée, La, g r a v u r e , 1 1 8 3
L e c o m te , e x p lo ra te u r du L ab rad o r, Lettres d ’amour de Clara Schumann,
1011 1154
Leçon d ’anatomie, La, d e R e m b r a n d t, Lettres nouvelles, Les, r e v u e litté r a ir e ,
705 675
Leçons, r e c u e i l d ’a p h o r i s m e s d ’A. d e L e v a llo is, 6 8 8 , 1 0 9 7 , 1 2 4 7 , 1 2 4 8
R o u tis ie , 1 0 2 1 L e v iit (Al), d r u m m e r . 1 0 6 9
L é d a , 1061 L e w is ( le rr y ), ré a lis a te u r a m é ric a in ,
L ed erer ( J a c q u e s ). 6 7 5 1241
L é d ig n a n , 678, 8 3 7 -8 3 8 , 840, 841, Lexique, d e S u id a s , 1 2 2 3
1118, 1120 L e y d e (P ay s-B as), 1 2 5 3
L e d in a n t ( E liz a b e th ) , v o ir E liz a b e th d e Libération, q u o t i d i e n p a r is ie n , 6 9 2
B e a u m o n t, 8 3 0 Liberté, La, s ta t u e d e B a r th o ld i, 1 2 4 7
L educq (A n d ré ) c o u r e u r c y c liste , 1 0 9 8 L ib ra irie J o s e p h G ilb e r t, 8 9 3
1318 G eorges Perec
980-982 m a r é c h a le L e fe b v re , d ite ) , 7 3 4
L u c e ro , p e i n t r e , p e r s o n n a g e d e G . B e r M adras, 725
g e r, 8 5 6 - 8 5 9 M a d r id , 8 9 0
L u c e tte , a c tric e dans la t r o u p e de Le P r a d o , 7 7 9 , 1 0 5 6
F r e s n e l, 9 8 0 - 9 8 2 M agne (A n to n in ) , c o u re u r c y cliste ,
L u ç o n (P h ilip p in e s ) , 7 2 5 1098
L u c q u e s (Ita lie ), 1 0 1 0 , 1 0 1 4 M a g ritte (R e n é ), p e i n t r e b e lg e , 1 8 9 8 -
L u c u s A s tu ru m , a n c i e n n o m d ’O v ie d o , 1967, 805, 1198
665 M ag ro n ( M a rtin ), p h y s io lo g is te , 6 7 2
Lud (G e r m a in ) , f o n d a t e u r d e l ’im p r i M a h o m e t, 7 0 2
m e r ie d e S a in t-D ié , 1 1 4 0 Mai 68 à la Sorbonne, d i s q u e , 8 2 1
L u d o v ic , h a m s t e r , 1 1 5 4 M a ig re t, h é r o s d e s r o m a n s d e S im e
L u d w ig s h a fe n (A lle m a g n e ), 1 1 3 5 non, 829
L u g a n o (S u is s e ), 8 7 6 M a is o n d e la R a d io , 7 1 6
L u k a sie w ic z (J a n ), lo g ic ie n p o lo n a is , Maison et Jardin, r e v u e d e d é c o r a
1 8 7 8 -1 9 5 6 , 1 0 1 0 , 1 0 1 4 t io n , 7 1 6
Lulu (Jea n - B a p tis te ) , c o m p o s ite u r Maison française, La, r e v u e d e d é c o
fra n ç a is , 1 6 3 2 -1 6 8 7 , 6 8 1 , 1 2 0 9 r a tio n , 7 1 6
1320 G eorges Perec
M a n c h e (L a), 9 5 4 737
M a r g a r ita -T e re s a ( a r c h ip e l) , 8 8 4
M a n c h e s te r (A n g le te rre ), 1 2 6 7
M a rg a te (A n g le te rre ), 1 2 1 4
M a n d e tta ( G u id o , a lia s Théo V an
M arg ay (L in o , d i t L in o le B a v e u r o u
S c h a lla e r t, a lia s J im B ro w n , a lia s ? ) .
L in o T ê te - d e - N œ u d ) , 1 1 0 0 - 1 1 0 6
7 6 2 -7 6 6 . 770
M a rg u e ritte , b rig a d ie r- c h e f, 7 3 1 , 8 6 1
M a n ille ( P h ilip p in e s ) , 6 6 6
M ari d e P r u d e n c e , le , j e u n e h o m m e
Manlius Capitolinus. de L afo sse,
d e 18 a n s , 1 1 7 9
1 11 4
M a r ia n n e s (île s ), 1 1 3 7
M ann ( T h o m a s ) . 1 8 _,5 -1 9 5 5 . 1 3 6 4
M a r ie -A n to in e ite , 951
M a n n h e im (A lle m a g n e ), 1 0 3 3 M arly-le-R oi, 1 2 6 5
Manoir à l'envers, Le. a t t r a c t i o n d e M a rn e , 1 0 0 0
l'E x p o s itio n U n iv e rs e lle . 1 1 6 6 M a ro c , 8 8 8 , 9 6 7 , 9 8 3
M ans (F .H .), p a y s a g is te h o lla n d a is , M a r o lle s -le s -B ra u lts (S a r th e ) , 8 5 2
1188 M a rq u a iz k , p a p e tie r, 9 0 6
M ansa (J.H .), c a r t o g r a p h e d a n o is , 8 9 4 M arq u ez (G a b rie l G a rc ia ) , 1 3 6 4
M akai (J e a n -P a u l). ré v o lu tio n n a ire M a r q u is d e C a r a b a s , Le, p e r s o n n a g e
fr a n ç a is . 1 7 4 3 -1 7 9 3 . 1 0 2 3 d e P e r r a u lt , 7 5 2
La Vie m o d e d ’em p loi 1321
M a rq u is e a u x (C a r o lin e , n é e É c h a rd ), M a ta m o r e , 9 8 0
IV, 7 3 2 , 8 1 6 , 8 2 3 - 8 2 5 , XLI, 8 8 5 , M a th e w s (H a rry ), 1 3 6 4
887, 929, 931, 1230, 1278 M a tm a ta ( T u n is ie ) , 1 1 9 1
M a rq u is e a u x (P è r e ) , 8 2 6 M a u b o is (M m e ), 8 0 2
M a rq u is e a u x ( P h ilip p e ) , XXX, 823- M aupassant (G u y d e ) , é c r iv a in fra n ç a is ,
8 2 6 , 885, 887, 889, 929, 946, 953, 1 8 5 0 -1 8 9 3 , 1 0 7 2
1038, 1063, 1230, 1278 M a u ric e d e S axe (M a u ric e , c o m t e d e
M arr ( R o b in ), 9 8 9 S a x e ), m a r é c h a l d e F r a n c e , 1696-
Marraines de guerre australiennes, 1750, 767, 774
Les, 1 1 3 7 M a u r ita n ie , 9 8 3
Marseillaise, La, c h a n t p a tr io ti q u e , M auss (M a rc e l), s o c io l o g u e e t e t h n o
1180 lo g u e fra n ç a is, 1 8 7 3 -1 9 5 0 , 7 9 2
M a rse ille , 7 1 1 , 7 9 2 , 8 2 9 , 9 1 0 , 9 6 6 , M a x im iije n , em p e re u r du M e x iq u e ,
1070, 1234 1 8 3 2 -1 8 6 7 , 1 0 1 0
M a rs h a ll (île s ), 1 1 3 7 M ayence, 764
Marshall McLuhan et la 3 l révolution M a y e n n e , 1 05 4
copemicienne, c o n f é r e n c e d u p r o M a z a m e t, 8 0 6
f e s s e u r S tro ss i, 1 1 9 5
M a z a rin (J u le s), h o m m e d ’É ta t, 1 6 0 2 -
M a rte n s s e n (J o h a n n e s ), litté ra te u r
1 6 6 1 , 981
d a n o is , 1 2 6 3
McAnguish's Caledonian Panacea,
M a r tib o n i, a r tis te ita lie n c o n te m p o
m a r q u e d e w h is k y , 9 7 0
ra in , 1 1 6 8 , 1 2 5 9
M c A rth u r (D o u g la s ), g é n é r a l a m é r i
M a r tin , h is to r ie n , 9 6 1
c a in , 1 8 8 0 -1 9 6 4 , 1 2 3 2
M a r tin iq u e , 9 1 0
M ’C i . i n t o c h (S ir F r a n c is L é o p o ld ) ,
M a rtin o tti, a g it a t e u r p a n a r c h i s te , 1 1 0 4
n a v ig a te u r irla n d a is , 1 8 2 9 -1 9 0 7 ,
Marvel Houses Incorporated, 1 1 8 9 ,
902
1190, 1204
M cC o rk (F a b e r) , i n d u s t r i e l a m é r ic a in ,
Marvel Houses International, 1 1 9 1 -
1222
1198, 1201, 1204
M c D o n a ld (J.W .), f a b r ic a n t de
M a ry la n d , 1 1 4 5
m e u b le s , 11 7 5
M a s c a te (A ra b ie ), 1 2 4 8
M c In to s h , u ro lo g u e , 1257
Mascotte du Régiment, La, film a v e c
M cL uhan (M a rsh a ll), penseur cana
S h irle y T e m p le , 1 1 3 6
d ie n , 1 1 9 5
Masque, Le, c o lle c t io n d e r o m a n s
M é a n d r e (M a ia n d r o s ) , f le u v e d e T u r
p o lic ie rs , 9 1 6
M a s s in e ( L é o n id e ) , c h o r é g r a p h e a m é q u ie , 1 2 7 4
O 'B r i i n ( B a r to n ) , c r u c iv e r b is te n é o - O r é n o q u e , 1 1 41
z é l a n d a is , 1 2 2 7 Oreste, d ’A lfieri, 1 1 1 5
O 'B rien (B o b b y ), 1 2 1 4 O rfa n ik ( c o m te ) , 6 7 8 , 9 4 8 , 1 1 1 9
O b erk am p f ( C h ris to p h e -P h ilip p e ), in d u s Orgueilleux, Les, film d ’Y ves A llé g re t,
trie l fran ç a is, 1 7 3 8 -1 8 1 5 , 1 27 6 1006
O c é a n A tla n tiq u e , 7 7 0 , 8 8 3 , 8 9 5 , 9 0 9 , Oriental Saloon an d Gambling
9 54, 9 73, 1012 FLouse, m a is o n d e je u x , 1 1 7 5
O c é a n I n d ie n , 7 2 6 , 8 8 4 , 1 2 0 3 Orient-Express, tr a in , 8 5 9
O céan P a c ifiq u e , 985, 1079, 1092, O r l a n d o ( D is n e y w o r ld , U .S.A .), 1 1 92 ,
1146, 1147 1195
O c é a n ie , 7 2 6 , 1 0 9 2 , 1 1 3 7 Orlando, o p é r a d ’A rc o n a ti, 6 7 8 , 9 4 8
Octogone, L ', t r i p o t c la n d e s tin , 1 1 0 4 O r lé a n s , 7 6 3
Ocymum basilicum, 1 0 9 3 O rlo v (S e r g e ila r io n o v i tc h ) , a m b a s s a
Odeon, The, c in é m a d e la b a n l i e u e d e d e u r d e R u ss ie , 8 4 5
L o n d res, 1213 O rlo v ( S te p a n S e r g u e ïe v itc h ) , le
Odes et Chansons, d e J.-P . Uz, 10 2 1 « B o u c h e r d u K o u b a n », 8 4 5
O g ie r, v a le t d e c œ u r (?), 8 7 1 O rlo v a (V é ra ), v o ir B e a u m o n t (V éra
O is e , 9 4 8 , 9 9 7 d e ), 677, 679, 83 7 , 845, 880, 1119
O k in a w a ( J a p o n ) , 1 0 8 1 , 1 1 3 7 O r lo w s k a (E lz b ie ta ), 6 9 0 , 7 2 9 , 8 1 6 ,
Oktoberfest (F ê te d e la b iè re à 9 0 6 , 9 2 3 , 9 2 5 , 9 2 9 , 9 3 1 , 9 3 2 , LVII.
M u n ic h ), 1153 9 9 0 -9 9 7 , 1278, 1281, 1282
O la n d (S u èd e ), 1192, 1193 O rlo w sk i (M a h m o u d ), 906, 9 9 5 , 9 9 7
O ld -M a n -A fra id -O f-H is-H o rse , chef in O r o s m a n e , p e r s o n n a g e d e la Zaïre d e
d ie n , 1227 V o lta ire , 1 1 1 5
O lé ro n (île ), 8 53, 1000, 1040, 1282 O rp h ée, 1010
O liv e t ( B e r tra n d d ), m a r c h a n d d ’a r t , O sak a (Ja p o n ), 1192, 1193, 1196
1162 O s t e n d e ( B e lg iq u e ) , 1 0 0 7
O liv e tti, a d ju d a n t , 8 6 1 O te llo , p e r s o n n a g e d e V e rd i, 1 0 5 0
Olivia Fan Club o f Tasmania, 1 1 3 8 O th e llo , p e r s o n n a g e d e S h a k e s p e a r e ,
O lliv e (F ra n ç o is ), c a rto g ra p h e m a r 1115
s e illa is d u x v ii' s iè c le , 1 0 7 0 O th o n , e m p e r e u r r o m a in , 7 3 7
O lm s te a d (O la v ), g é o g r a p h e n o r v é g ie n O tte n ( R e in e r), c a r to g r a p h e , 1 1 4 6
d u xvnc s iè c le , 1 0 21 O tto k (Illy rie ), 1 1 9 2 , 1 19 3
Onomastica, r e v u e d ’o n o m a s t i q u e , Où sont passés les deux polichi
1145 nelles ?, a s s ie tte d é c o r é e . 9 7 2
O n ta r io , 1 1 9 3 O u a r g la (A lg é rie ), 1 2 6 6
O p h é lie , p e r s o n n a g e d e S h a k e s p e a r e , O u a r s e n is (A lg é rie ), 1 1 2 5
875 O u a r z a z a te (M a ro c ). 1 1 9 4 , 1 1 9 5 , 1 1 9 6
O p t i m u s M a x im u s, b a s s e t, 1 0 1 0 . 1 0 1 3 O u d ry ( J e a n - B a p tis te ), p e i n t r e e t g r a
Or africain, L ', r o m a n de R ém i v e u r , 1 6 8 6 -1 7 5 5 , 9 0 6
R o rs c h a s h , "’l ô , 7 1 7 O u la n - B a t o r ( M o n g o lie ), 9 7 2
O ra n , 8 6 1 , 1130, 1134 O uray-the-A krow , c h e f in d ie n , 1 2 2 7
O r a n g -K u b u s , v o ir A n a d a la m s , 790, O u r c q (c a n a l d e 1 ), 6 9 5
7 9 1 . T9 3 Ouvrier ébéniste de la rue du Champ-
O r a n g e (V a u c lu s e ). 8 4 1 de-Mars, L ’. d e s s i n d e P r io u , 1 0 71
O r d r e d e S a in t-M ic h e l, 1 1 5 3 O v e tu m . a n c i e n n o m d ’O v ie d o , 6 6 5
La Vie m o d e d ’em p lo i 1327
a v e n u e d e M e s s in e , 8 9 4 , 8 9 6 , 9 6 8 r u e d u C h a m p -d e -M a rs , 1 0 7 1
a v e n u e d e s T e rn e s, 708, 808 r u e C u ja s , 8 2 4
a v e n u e d e W agram , 893 r u e d e la Paix, 1 2 6 8
B a la r d , 8 1 8 r u e d e Lille, 8 2 5
B a tig n o lle s , 8 1 8 , 8 7 0 r u e d e M a d r id , 8 9 3
b o u le v a rd H a u ss m a n n , 9 6 8 r u e d e R ivoli, 7 8 8
b o u l e v a r d M a le s h e r b e s , 1 1 8 7 r u e d e s P y r a m id e s , 8 1 5
b o u l e v a r d P é re ire , 9 6 8 r u e A lfred -d e-V ig n y , 9 6 9
b o u l e v a r d S a in t- G e rm a in , 8 0 6 , 8 9 2 r u e B o c h a r t- d e - S a r o n , 1 0 0 7
b o u l e v a r d S a in t-M ic h e l, 1 0 1 1 r u e C a r d in a le , 9 0 9
B u tte -a u x -C a ille s , 8 1 8 r u e D a r c e t, 1 1 6 5
c a r r e f o u r d e l ’O d é o n , 8 9 3 r u e d e C h a z e lle s , 6 5 8 , 6 8 6 , 8 1 1 ,
C h a m p s -É ly s é e s , 691, 733, 872, 1226, 1247
893, 953 r u e d e C o u r c e l le s , 6 9 1 , 9 2 4
C h âte a u -L a n d o n , 9 5 9 r u e d e l ’A s s o m p tio n , 1 2 4 0
C lic h y , 8 1 8 , 8 7 0 r u e d e la F o lie - R é g n a u lt, 1 1 6 5
D e n f e r t- R o c h e r e a u , 9 5 9 r u e d e L ièg e, 1 2 2 4
D ix - n e u v iè m e a r r o n d i s s e m e n t , 9 6 6 r u e d e P ro n y , 7 2 9 , 8 1 6
É to ile -C h a r le s -d e -G a u lle , 8 1 7 r u e d e R ic h e lie u , 9 2 8
F a u b o u r g S a in t-A n to in e , 7 4 5 r u e d e s A cacias, 1 1 0 4
g a r e d ’O rs a y , 9 2 4 r u e d e s C is e a u x , 9 7 3
g a r e S a in t-L a z a re , 8 1 7 , 1 1 3 5 r u e d e s M a th u r in s , 9 7 9
G r a n d s B o u le v a r d s , 1 2 6 8 r u e d u F a u b o u r g S a in t- H o n o r é , 9 6 8
h ô p i t a l B ic h a t, 7 9 9 r u e G a y -L u ssa c , 1 0 0 9
h ô p i t a l L a rib o is iè re , 1 1 0 2 r u e G u y o t, v o ir M é d é ric
ja r d in s d e M a rig n y , 6 9 1 ru e Jaco b , 1068
M é n il m o n ta n t, 8 1 8 r u e J a c q u e s - B in g e n , 1 0 2 1
M o n tm a r tr e , 8 7 0 , 9 3 8 , 1 2 6 8 r u e J a d in , 6 5 8 , 6 8 6 , 8 1 1
N e u v iè m e a r r o n d i s s e m e n t , 9 5 7 r u e J o u ffro y , 1 1 0 2
P a rc M o n c e a u , 6 9 1 , 8 0 1 , 8 0 6 , 8 1 6 , r u e L e g e n d re , 1228
817, 968, 1246 r u e L é o n -J o s t, 6 5 8 , 9 6 0
P ig a lle , 8 7 0 , 8 8 0 , 1 2 6 8 r u e L e p ic , 7 3 1 , 9 0 7 , 9 1 0
p la c e d ’A lig re , 1 1 5 2 r u e L o g e lb a c h , 6 8 7
p la c e C lic h y , 1 0 4 1 , 1 1 6 5 r u e M é d é ric , 6 5 8
p la c e S a in t- S u lp ic e , 1 1 9 1 r u e R o u s s e l, v o ir L é o n J o s t, 9 6 0
p o n t C a r d in e t, 9 6 1 r u e S a in t-A n d ré -d e s -A rts, 9 7 3
p o r t e d e B ercy , 9 2 0 ru e S im o n - C r u b e llie r , 658, 725,
p o r t e M a illo t, 1 0 2 7 877, 903, 914, 923, 924, 963,
p o r t e d ’O r lé a n s , 9 3 1 , 1 0 3 0 967, 9 7 3 , 9 8 6 , 1 0 1 8 , 1 1 0 2 , 1 1 16 ,
p o r t e d e P ic p u s , 9 2 0 1167, 1211, 1246, 1264, 1282
p o r t e S a in t-M a rtin , 9 8 0 S ac ré -C œ u r d e M o n tm a r tr e , 956,
p o r t e d e V in c e n n e s , 9 2 0 1268
q u a i d e s O rfè v re s , 1 1 6 2 S q u a r e A n n a d e N o a ille s , 9 9 7
q u a is d e la S e in e , 8 0 1 Paris-Match, h e b d o m a d a i r e , 8 5 2
q u a r t i e r d e la D é f e n s e , 8 8 5 Pariscope, h e b d o m a d a i r e d e s p e c
q u a r t i e r la tin , 8 2 5 , 8 9 3 ta c le s , 1 1 1 2
La Vie m o d e d ’em p lo i 1329
P h il é m o n et B a u c is , p e rso n n ag e s P itis c u s ( S a m u e l) , p h il o l o g u e h o l l a n
lé g e n d a ir e s , 1 2 0 7 d a is, 1 6 3 7 -1 7 1 7 , 7 6 7 , 7 6 8 , 7 7 1
P h ilip e ( G é r a r d ) , a c t e u r fr a n ç a is , 1 9 2 2 - P iz z ic a g n o u , 1 1 5 4 , 1 1 8 4 , 1 1 8 5 , 1 1 86 ,
1959, 864, 1006 1282
P h ilip p e III, r o i d ’E s p a g n e , 1 5 9 8 -1 6 2 1 , P la n é ta r iu m O r r e r y , 1 0 0 8
915 P la s s a e rt (L es), m a r c h a n d s d ’in d ie n -
P h ilip p e IV, r o i d ’E s p a g n e , 1 6 2 1 -1 6 6 5 , n e r ie s , 6 8 4 , XLV, 9 0 5 , 9 0 7 , 9 3 0 ,
915 9 3 1 , 9 3 2 , 9 4 6 , LU, 9 5 3 , LIV, 9 7 0 ,
P h il ip p in e s (île s ), 1 1 2 1 971, 972, 973, 974, 975
P h ilip s (F e lip e S o la rio , d it S u n n y ), P ia s s a e rt (R é m i), 8 6 3 , 9 0 5 , 9 0 6 , 1 1 5 5 ,
a c t e u r p o r tu g a is , 9 8 8 1278
P h ry g ie , 1 0 6 9 , 1 2 0 7 P ia ttn e r (M m e ), d a c t y lo g r a p h e de
P h u ta to riu s (F re d ry k ), a s tro n o m e B r is b a n e (A u s tra lie ), 1 1 3 8
d a n o is , 1 5 4 7 -1 6 0 2 , 1 0 2 1 P la u te ( T itu s M a c c iu s P la u tu s ) , a u t e u r
P ic a rd ( L o u is - B e n o ît) , a u t e u r c o m i q u e la tin , 2 5 4 -1 8 4 , 9 8 9
f r a n ç a is , 1 7 6 9 -1 8 2 8 , 1 1 1 4 Pi enge, p a s t e u r d a n o is , 7 2 7
P ic a rd ie , 8 2 6 P lin e ( C a iu s P lin iu s S e c o n d u s , d i t l ’An-
P ic a s s o ( P a b lo R u iz y P ic a ss o , d it c ie n ) , n a tu r a lis te r o m a in , 2 3 -7 9 ,
P a b lo ), p e in tre e s p a g n o l, 1881- 972, 1021
1973, 983, 1198 P lo n , é d ite u r, 1031
P ie rn é ( G a b rie l), c o m p o s i t e u r fra n ç a is , Pobieda, c u ir a s s é r u s s e , 1 2 2 0
1 8 6 3 -1 9 3 7 , 1 1 9 5 Poe ( E d g a r A lla n ), é c r iv a in a m é r ic a in ,
P ig e o n ( la m p e ) , 9 4 6 1 8 0 9 -1 8 4 9
P im , Pam , Poum , p e rso n n ag e s de Poésies lyriques, d e J.-P . Uz, 1 0 2 0
b a n d e s d e s s in é e s , 1 1 3 6 Point d ’argent po in t de Suisse, c a r ic a
Pin-Up , r e v u e d é s h a b illé e , 9 1 1 tu r e , 1 1 2 3
P in c h a r t, f a b r ic a n t d e p lia n ts , 8 0 1 Point de vue, h e b d o m a d a i r e , 8 5 2
Pinocchio, d ’a p r è s C o llo d i, 9 8 1 P o is , c o iffe u r, 7 2 9
P in z ô n (le s F rères, M a r tin A lo n s o , P o it o u - C h a r e n te s , 1 2 4 0
F r a n c is c o M a r tin et V in c e n te P o k e r D ic e , c h a t d e G ilb e r t B e r g e r ,
Y a n e z ), n a v ig a te u r s e s p a g n o ls d e la 1038, 1177, 1277
fin d u XVe s iè c le , 1 1 4 1 P o llo c k (P a u l J a c k s o n ) , p e i n t r e a m é r i
P ip , c h a t d e M m e M o r e a u , 7 8 3 , 9 5 1 , c a in , 1 9 1 2 -1 9 5 6 , 6 5 4 , 8 9 9
1038 P o lo g n e , 8 7 6 , 9 9 1 , 9 9 3 , 9 9 4 , 9 9 7
Piqûre mystérieuse, La, r o m a n - f e u ille - P o lo n iu s , h a m s t e r , 1 1 5 4
t o n d e G. B erg er, C. C o û ta n t e t P o lo n o v s k i, c h im is te , 8 9 3
P. H ém on, 856 P o ly n é s ie , 12 4 2
P ir a n (Y o u g o s la v ie ), 9 6 8 P o m p é i, 7 0 4 , 7 8 9
P ira n d e llo (L u ig i), é c r iv a in ita lie n , Pompon et Fifi, c a l e n d r ie r , 1 0 1 7
1 8 6 7 -1 9 3 6 , 6 7 5 , 8 9 7 , 9 5 0 P o n ia to w s k i (M ic h e l, d it P o n ia ),
P iSA N E i.i.o ( A n to n io d i P u c c io d i C er- h o m m e p o liti q u e , 1 0 2 6
re to , d it) , p e in tre ita lie n , 1395- P o n s in , m a îtr e v e r r ie r , a u te u r du
1455, 798 Palais lumineux, 1 1 6 6
P is s a rro (C a m ille ), p e in tre fra n ç a is, P o n t- A u d e m e r (E u r e ) , 9 8 4
1 8 3 0 -1 9 0 3 , 6 5 4 , 8 9 9 Pont de la rivière Kwaï, Le, r o m a n d e
P ith iv ie rs (L o ire t), 9 7 8 P ie r r e B o u lle , 9 3 8 , 1 1 5 4 , 1 1 8 6
La Vie m o d e d ’em p lo i 1331
s iè c le , 1 2 2 0 m and du x v i' s iè c le , 9 1 6
1336 Georges Perec
bûcherons d ’A ustralie, 1 1 3 8 T e b a ld i (R e n a ta ) , c a n t a tr ic e , 9 5 4
« S y n d r o m e d e s T r o is S e r g e n ts », 8 6 1 Technicien du film, Le, r e v u e p r o f e s
S y ra c u s e , 7 6 3 s io n n e l le , 1 2 45
S y rie, 9 2 4 , 9 2 5 Témoins de la Nouvelle Bible, Les,
S y rin x , n y m p h e , 1 1 8 3 s e c te re lig ie u s e , 8 9 1
S z c z y rk (P a la tin a t de C ra c o v ie , Tempesta d i Mare, La, c o n c e r t o e n m i
P o lo g n e ) , 1 0 1 9 b é m o l m a j. o p . 8 , n ° 5, d e V ivaldi,
S z in o w c z , v o ir C in o c , 1 0 1 9 821
T e m p le (S h irle y ), a c tr ic e a m é r ic a i n e ,
T ’ie n -T sin , 1 0 1 0 , 1 0 1 4 1136
T a b a r k a (T u n is ie ) , 8 8 7 T e rre d e Feu, 8 83, 1014
Table de logarithmes, d e B o u v a r d e t T e r r e d u R oi G u illa u m e , 9 0 2
R a tin e t, 1 0 6 9 T e r r e s a n ta r c tiq u e s , 1 1 3 7
Tableau complet de la valeur énergé Terror, n a v ire , 9 0 2
tique des aliments..., 8 8 1 T e s s in , 8 7 5
1340 G eorges Perec
T r é b i z o n d e ( T u r q u ie ) , 1 2 0 3 T u n is ie . ^14. 9 5 1 , 9 9 3 , 9 9 6 , 1 0 7 8 ,
T re n et (C h a rle s ) , 1 0 2 9 1114
Très Riches Heures du Duc de Berry, Tunney (J a m e s Joseph, d it G en e),
Les, é m is s io n d e té lé v is io n , 1 1 3 8 b o x e u r a m é ric a in , 8 7 9
T ré v in s (A d é la ïd e ), n iè c e im a g in a ir e T u r in , 7 6 4
d e M m e T ré v in s , 1 2 2 2 , 1 2 2 3 , 1 2 2 4 T u rn er (Jo se p h M a llo rd W illia m ),
T ré v in s (A rie tte , é p o u s e C o m m in e ) , p e i n t r e a n g la is, 1 7 7 5 -1 8 5 1 , 7 0 6
s œ u r d e M m e T ré v in s, 12 23 T u r q u ie , 7 2 6 . 1 0 4 6 , 1 1 9 2 , 1 2 0 3
T ré v in s (D a n ie l), f r è r e im a g in a ir e d e TV News, p é r i o d i q u e a m é r ic a i n d e
M m e T r é v in s , 1 2 2 1 té lé v is io n , 1 2 45
T ré v in s (M a d a m e ), 7 4 4 , 7 4 6 , 7 7 8 , 7 8 3 , T w a in ( S a m u e l L a n g h o r n e C le m e n s ,
1088, 1089, 1220, 1221, 1223, d i t M ark ), é c r iv a in a m é r ic a in , 1 8 3 5 -
1224, 1228, 1235, 1277, 1282 1910, 9 50, 1241, 1242
T ré v in s ( M a rie -T h é rè s e ) , n iè c e im a g i Twelve Tones, c lu b d e N e w p o r t, 1 2 2 2
n a ir e d e M m e T r é v in s , 1 2 2 2 , 1 2 2 4 T w in k k r (G râ c e , d ite T w in k ie ) , 9 8 3 -
T ré v in s (N o ë lle ), n iè c e im a g in a ir e d e 985
M m e T ré v in s, 1 2 2 3 , 1 2 2 4 T yr. 1 1 2 2
T ré v in s (O d ile ) , n iè c e im a g in a ir e d e
M m e T ré v in s , 1 2 2 2 , 1 2 2 3 , 1 2 2 4 U (île s C a r o lin e s ) , 7 2 3
T ré v in s (R o s e lin e ) , n iè c e im a g in a ir e U .R .S.S., v o ir U n io n s o v ié t iq u e , 7 2 6 ,
d e M m e T r é v in s , 1 2 2 3 815
T r é v o u x (A in), 7 8 6 U c h id a , i n g é n i e u r ja p o n a is , 8 9 5
Tribune médicale, La, 9 0 6 U lv e r s to n ( L a n c a s h ire ), 7 6 0
T r ie s te , 9 6 8 Umetnost, r e v u e d ’a r t y o u g o s la v e ,
T rip to lè m e , g r a m m a ir i e n g re c du 877, 878
viie s iè c le , 1 0 2 1 Un bon p etit diable, r o m a n d e la
T r is t a n D a C u n h a , 8 8 4 C o m te s s e d e S é g u r, 1 0 6 2
Troides allotei, 7 6 1 Un grain de folie, 8 5 9
T r o ie , 1 1 9 2 Un urologue français à la cour de
T r o is H o m m e s L ib re s, Les, s e c te , 6 6 6 , Louis XIV, 1 2 5 8
667, 668, 949 Une mauvaise farce, a s s ie tte d é c o r é e ,
Trom s<â (N o rv è g e ), 1 2 4 8 972
T ro q u e t, f a b r ic a n t de p e tits bons U N E S C O , 11 84
h o m m e s e n liè g e , 7 3 3 , 9 0 8 , 9 5 3 Unicom an d Castle, p u b d e s e n v ir o n s
T ro tsk i (L ev D a v id o v itc h B r o n s te i n , d e L ondres, 1213
d i t L é o n ), 1 8 7 9 -1 9 4 0 , 8 4 5 U n io n s o v ié tiq u e , 1 2 2 9
T ro u t (C an ad a), 1192, 1193, 1196 Untersuchungen über die Taufe Ame-
T ro y a n , lib r a ir e , 7 3 1 , 9 0 7 , 9 1 0 , 9 5 3 . rikas, c o n f é r e n c e d e Z a p fe n -
960 s c h u p p e , 1140
T ro y a t ( H e n r i) , ro m a n c ie r fra n ç a is . U r b a n a (I llin o is ), 6 9 8 , 1 0 0 8
835 U r b in o , 9 5 4
T s ’in g , d y n a s ti e c h in o is e , 8 7 4 U ru g u a y . 1192
T s u i Pên, p h i l o s o p h e c h in o is , 9 8 9 U th k rp a n d ra g o n , ro i, X H
T u n is , 9 9 4 U tre c h t, 7 6 7 - 7 7 1 , 7 7 4
r u e d e T u r q u ie , 9 9 5 C o llè g e S a in t- J é rô m e , 7 6 7 , 7 7 1
1342 G eorges Perec
Yaki, s o r c ie r , 8 9 0 Z ak o p an e, 994
Y alta, 12 32 Z a n z ib a r, 7 1 5
Y a m a m o to . a m ira l ja p o n a is , 1 2 2 1 Z ap fen sch u p p e, p r o f e s s e u r à l'U n iv e r -
Yankee du Connecticut à la cour du s ité d e S tr a s b o u r g , 1 1 4 0 , 1 14 1
roi Arthur, Le, d e M a rk T w a in , 1 2 4 2 Z a r a th o u s tr a , 1 0 1 1 , 1 0 1 3
Y ason, c h e f i n d ie n , 1 2 2 7 Z a z o la , d a n s e u s e d u v e n tr e , 1 2 6 8
Ye Olde Lrish Coffee House, r e s t a u r a n t Z e itg e b e r (O s w a ld ) , p e r s o n n a g e de
1833
Naissance de James Sherwood.
1856
Naissance de la com tesse de Beaumont.
Naissance de Corinne Marcion.
1870
Naissance de Grâce Twinker.
Boom sur les pâtes pectorales Sherwoods’.
1871
Corinne Marcion est placée à Paris.
1875
Début du lotissement de la rue Simon-Crubellier.
1876
Naissance de Fernand de Beaumont.
1885
Lubin Auzère achève la construction de l’immeuble.
1887
Troisième Congrès de l’Union internationale des Sciences his
toriques.
La Vie m o d e d ’em p lo i 1347
1891
Vol du « Vase de la Passion » au musée des Antiquités
d’Utrecht.
1892
Naissance de Marie-Thérèse Moreau.
1896
James Sherwood achète le « Vase de la Passion ».
1898
Arrestation d ’un réseau de faux-monnayeurs en Argentine.
1900
Rencontre de Corinne et d ’Honoré Marcion à l’Exposition uni
verselle.
Mort de James Sherwood.
Naissance de Véra Orlova.
Naissance de Cinoc.
Naissance de Percival Bartlebooth.
1902
Naissance de Léon Marcia.
1903
Caruso fait ses débuts au Metropolitan Opéra.
1904
16 juin : Bloom ’s Day.
Naissance d ’Albert Massy.
1909
Naissance de Marcel Appenzzell.
1348 G eorges Perec
1910
Naissance de Gaspard Winckler.
1911
Naissance de Marguerite.
21 janvier : arrestation des dirigeants panarchistes.
1914
26 septembre : mort d ’Olivier Gratiolet à Perthes-lès-Hurlus.
1916
Naissance d ’Hervé Nochère.
1917
Naissance de Clara Lichtenfeld.
Mort de Juste Gratiolet.
19 mai : Augustus B. Clifford et Bernard Lehameau perdent le
bras droit dans le bombardement de leur Q.G.
1918
Exécution sommaire de tous les mâles de la famille Orlov ; Véra
Orlova et sa mère s’enfuient en Crimée et ensuite à Vienne.
1919
Rémi Rorschash tente, sous divers noms, de faire carrière au
music-hall.
Monsieur Hardy ouvre un restaurant à Paris et embauche
com me cuisinier Henri Fresnel.
Octobre : Serge Valène s’installe rue Simon-Crubellier.
1920
Naissance d ’Olivier Gratiolet.
Naissance de Cyrille Altamont.
Mise en exploitation des gisements du Haut-Boubandjida.
La Vie m o d e d ’em p lo i 1349
1922
Gaspard Winckler entre en apprentissage chez M. Gouttman.
1923
8 mai : Ferdinand Gratioiet arrive à Garoua.
Léon Marcia tombe malade.
1924
Henri Fresnel épouse Alice.
Albert Massy participe au tour d ’Italie, puis au tour de France.
Juillet : Adrien Jérôme passe l’agrégation d ’histoire ; nom m é au
lycée Pasteur, il s’installe en octobre rue Simon-Crubellier.
1925
Naissance de Paul Hébert.
Installation de l’ascenseur.
Bartlebooth com m ence à prendre des leçons d ’aquarelle.
15 octobre : Massy bat le record du m onde de l’heure derrière
moto, mais sa performance n ’est pas hom ologuée ; en
décembre, il échoue dans sa deuxième tentative.
24 décembre : incendie chez les Danglars.
1926
3 janvier : disparition subite des Danglars. Une semaine plus
tard, ils sont arrêtés à la frontière suisse.
Fernand Gratioiet, de retour d ’Afrique, fonde une société de
peausseries exotiques.
Conférence de Jean Richepin au Pflsterhof.
26 novembre : Ferdinand de Beaumont épouse Véra Orlova.
1927
Les pensionnaires du Pfisterhof se cotisent pour permettre à
Léon Marcia de faire des études.
1350 G eorges Perec
1928
Rémi Rorschash entreprend son périple africain.
1929
Mort de Gouttman.
Naissance de Blanche Gardel.
Naissance d ’Elizabeth de Beaumont ; tournée de Véra Orlova
en Amérique du Nord.
Cat Spade vainqueur d'un tournoi de boxe interarmes.
Bartlebooth achète un appartement rue Simon-Crubellier.
Mars : Gaspard Winckler arrive à Paris ; en mai, il s’engage et
part pour le Maroc.
Octobre : Henri Fresnel abandonne son restaurant.
1930
Début des fouilles de Fernand de Beaumont à Oviedo.
Premières publications de Léon Marcia.
Janvier : naissance de Ghislain Fresnel.
Naissance de Mme Nochère.
Naissance d ’Olivia Norvell.
Novembre : Gaspard Winckler, libéré de son service militaire,
rencontre Marguerite à Marseille.
1931
Avril : incendie du dépôt de fourrures exotiques de Ferdinand
Gratiolet.
Mai : Marc Gratiolet est reçu à l’agrégation de philosophie.
1932
Marcel Appenzzell part à Sumatra.
Parution du roman de Rémi Rorschash, l'Or africain.
Mort de Ferdinand Gratiolet en Argentine.
Gaspard et Marguerite Winckler s’installent rue Simon-Cru
bellier.
Dislocation de la troupe d ’Henri Fresnel.
La Vie m o d e d ’em p lo i 1351
1934
Mme Hourcade fabrique 500 boîtes noires pour les futurs
puzzles de Bartlebooth.
Naissance de Joseph Nieto.
Mars : mort d’Émile Gratiolet.
3 septembre : mort de Gérard Gratiolet.
1935
Mort de Madame Hébert.
Janvier : Bartlebooth peint sa première aquarelle à Gijon.
Août : fin des fouilles à Oviedo.
11 septembre : assassinat d ’Antoine Brodin en Floride ; dans
les semaines qui suivent, H élène Brodin-Gratiolet retrouve
et exécute les trois meurtriers.
12 novembre : suicide de Fernand de Beaumont ; le 16, il est
inhumé à Lédignan, en présence de Bartlebooth revenu spé
cialement de Corse.
1936
Bartlebooth en Europe ; en mars il est en Écosse (île de Skye).
Naissance de Michel Claveau.
Naissance du fils de Célia Crespi.
1937
Bartlebooth en Europe ; en juillet, il longe les côtes yougo
slaves entre Trieste et Doubrovnik, à bord de son yacht VAl
cyon avec pour invités Serge Valène, Marguerite et Gaspard
Winckler ; en décembre, il est au cap Saint-Vincent (Por
tugal).
Avril : Henri Fresnel embarque pour le Brésil.
Lino Margay épouse Josette Massy.
1938
Bartlebooth en Afrique ; en février il est à Hammamet ; en juin
il est à Alexandrie.
15 mars : Anschluss.
Mort d ’Henri Gratiolet.
Arrivée de Marcel Appenzzell à Paris.
1352 G eorges Perec
1939
Janvier : Smautf achète un crucifix tricéphale dans les souks
d ’Agadir.
Mars : Marcel Appenzzell repart à Sumatra.
Avril : Josette Margay revient vivre chez son frère ; en route
pour l’Amérique du Sud, Lino Margay fait la connaissance de
Ferri le Rital.
Août : Bartlebooth au Kenya : le 10, Smautf dîne chez
M. Macklin.
1940
Bartlebooth en Afrique.
François-Pierre Lajoie est radié de l’Ordre des Médecins.
Avril : arrivée d ’Henri Fresnel à New York où il est embauché
comme cuisinier par Grâce Twinker.
20 mai : Olivier Gratioiet est fait prisonnier.
6 juin : mort du mari de Marie-Thérèse Moreau.
1941
Bartlebooth en Afrique.
7 décembre : bombardement de Pearl Harbor.
1942
Bartlebooth en Afrique.
Opération « Cyclope » en Normandie.
Bataille de la mer de Corail.
Mort de la sœur de Gaspard Winckler, Anne Voltimand.
18 avril : Marc Gratioiet est nommé chargé de mission dans le
cabinet de Fernand de Brinon ; en mai il intervient pour faire
libérer Olivier.
Juin : Lino Margay sort de prison.
1943
Bartlebooth en Amérique du Sud.
Mort de Louis Gratioiet.
23 juin : attentat contre l’ingénieur général Pferdleichter.
14 juillet : naissance imaginaire des cinq sœurs Trévins.
7 octobre : arrestation de Paul Hébert.
La Vie m o d e d ’em p lo i 1353
1944
Bartlebooth en Amérique du Sud.
Mai : mort de Grégoire Voltimand sur le Garigliano.
Juin : Mme Appenzzell est tuée près de Vassieux-en-Vercors.
Juin : assassinat de Marc Gratiolet à Lyon.
Juillet : Albert Massy revient du S.T.O.
Août : libération de Paris ; mort du fils de Célia Crespi.
Septembre : retour de Troyan à Paris.
1945
Bartlebooth en Amérique centrale.
Elizabeth de Beaumont s’enfuit de chez sa mère.
Naissance de Elzbieta Orlowska.
Libération de Paul Hébert.
Émeutes anti-françaises à Damas ; mort de René Albin.
Le chimiste Wehsal est récupéré par les Américains dans le
cadre de l’opération « Paperclip ».
Lino Margay, transfiguré, revient chercher Josette.
Léon et Clara Marcia s’installent rue Simon-Crubellier ; Clara
rachète la bourrellerie de Massy et en fait un magasin d ’anti
quités.
1946
Bartlebooth en Amérique du Nord.
Naissance de David Marcia.
Naissance de Caroline Échard.
Flora Albin est rapatriée.
26 janvier : Olivia Norvell épouse Jeremy Bishop ; le 7 février,
elle le quitte et part pour les États-Unis.
1947
Mort d ’Hélène Brodin.
Cinoc s’installe rue Simon-Crubellier.
1354 G eorges Perec
1948
Bartlebooth en Amérique du Nord ; en novembre il est en Cali
fornie (Santa Catalina Island).
Incendie du Rueil-Palace : François et Marthe Gratioiet sont
parmi les victimes.
Rencontre d ’Ingeborg Skrifter et de Blunt Stanley.
1949
Bartlebooth en Asie.
Naissance d ’Ethel Rogers.
Novembre : mort des Honoré.
Novembre : le comte Délia Marsa commandite les Ballets Frère ;
en décembre, Blanche Gardel va à Londres pour se faire
avorter ; suicide de Maximilien Riccetti.
1950
Bartlebooth en Asie.
Naissance de Valentin Collot, dit le jeune Riri.
Olivia Norvell tourne ses deux derniers longs métrages.
Juillet : Blunt Stanley part en Corée, quelques semaines plus
tard, il déserte.
1951
Bartlebooth en Asie ; en octobre il est à Okinawa.
Mort de Grâce Twinker.
Avril : mariage de Cyrille Altamont et de Blanche Gardel ; en
mai, ils s ’installent rue Simon-Crubellier ; presque aussitôt
Cyrille Altamont entre à la BIDREM et part pour Genève.
1952
Bartlebooth en Océanie ; en février il est aux îles Salomon ; en
octobre en Tasmanie.
Ingeborg, Blunt et Carlos arrivent à Paris.
Revenu rue Simon-Crubellier après avoir été soigné dans un
sanatorium, Paul Hébert fait la rencontre de Laetizia Gri-
falconi.
La Vie m o d e d ’em plo i 1355
1953
Bartlebooth sur l’océan Indien ; aux Seychelles, Smautf
échange son crucifix contre une statue de la déesse-mère
tricéphale.
11 juin : mort (accidentelle ou provoquée) d ’Eric Ericsson ;
fuite d ’Elizabeth de Beaumont ; suicide d ’Ewa Ericsson ; le
13 juin, Sven Ericsson découvre les deux corps ; à la même
époque, François Breidel quitte Arlon.
27 juillet : armistice de Pan Mun Jon.
1954
Bartlebooth et Smautf traversent la Turquie, la mer Noire,
l’URSS, remontent jusqu’au cercle polaire, longent les côtes
de Norvège ; le 21 décembre, Bartlebooth peint sa dernière
marine à Brouwershaven ; le 24 il est de retour à Paris.
Sven Ericsson identifie Elizabeth de Beaumont.
Avril : assassinat d ’Ingeborg Stanley et d ’Aurelio Lopez.
1955
Bartlebooth com m ence à reconstituer les puzzles de Gaspard
Winckler.
Mort de Michel Claveau.
Kléber entre au service de Bartlebooth.
Elizabeth de Beaumont se cache dans les Cévennes.
Mort d ’Hervé Nochère à Alger.
Octobre : Paul Hébert est muté à Mazamet.
1956
Les Claveau abandonnent la loge qui est reprise par Mme
Nochère.
Rencontre de Lise et Charles Berger lors d ’un récital Gilbert
Bécaud.
Olivier Gratiolet est rappelé en Algérie et saute sur une mine.
Juillet : parution de D ans le gouffre de Luigi Pirandello dans
le n° 40 des Lettres nouvelles.
Juillet : rencontre d ’Elzbieta Orlowska et de Boubaker dans la
colonie de vacances de Parçay-les-Pins.
1356 G eorges Perec
1957
Février : la com tesse de Beaumont meurt à 101 ans.
Juin : rencontre d ’Elizabeth de Beaumont et de François Brei
del ; ils se marient en août à Valence.
1958
Rencontre d ’Olivia Norvell et de Rémi Rorschash à Davos.
Début des recherches de Bernard Dinteville.
27 juillet : naissance d ’Anne Breidel ; 8 août : première lettre
d ’Elizabeth Breidel à Sven Ericsson.
1959
7 septembre : naissance de Béatrice Breidel ; deuxième lettre
d ’Elizabeth à Sven Ericsson ; 14 septembre : assassinat de
François et Elizabeth Breidel ; 17 septembre : suicide de
Sven Ericsson.
Octobre : naissance de Véronique Altamont.
1960
Fondation de la secte des Trois Hommes Libres.
Rémi Rorschash achète à Olivier Gratiolet les deux derniers
appartements que la famille Gratiolet possédait encore dans
l’immeuble.
Naissance de Gilbert Berger.
Olivier Gratiolet épouse son infirmière, Ariette Criolat.
Février : Morellet perd trois doigts à la main gauche.
Mai : Grégoire Simpson perd son em ploi à la bibliothèque de
l’Opéra.
Mai : vernissage des « Brouillards » de Hutting à la Galerie 22.
7 mai : Léon Salini termine son enquête sur la mort des époux
Breidel.
19 décembre : création de M alakhitès de Schmetterling.
1961
Disparition de Grégoire Simpson.
Les Berger viennent s’installer rue Simon-Crubellier.
Fin des recherches de Dinteville.
La Vie m o d e d ’em ploi 1357
1962
Les Plassaert s’installent rue Simon-Crubellier.
Naissance d ’Isabelle Gratioiet.
Début des publications « volées » du professeur LeBran-
Chastel.
1963
Naissance de Rémi Plassaert.
1964
Caroline Échard rompt avec David Marcia.
1965
Winckler com m ence à fabriquer des miroirs de sorcière.
24 décembre : le père d ’Arlette Criolat l’étrangle puis se
suicide.
1966
Caroline Échard épouse Philippe Marquiseaux.
Elzbieta Orlowska arrive enfin à Tunis.
1967
Naufrage du Silver Glen ofA lva.
Naissance de Mahmoud Orlowski.
1968
Mort de Mme Échard.
Mort de M. Marquiseaux.
Mai : Elzbieta Orlowska s’enfuit de Tunisie et arrive à Paris ; la
lingère de Bartlebooth, Germaine, part à la retraite ; Elzbieta
reprend sa chambre.
1969
Hutting vend à un collectionneur américain une « Barricade »
de la rue Gay-Lussac.
1358 G eorges Perec
1970
« Le jeune Riri » rencontre par hasard Paul Hébert à Bar-le-Duc.
Mme Hourcade prend sa retraite ; les Réol s’installent dans
l’appartement qu’elle quitte ; l’achat inconsidéré d ’une
chambre à coucher luxueuse les amène, quelques mois plus
tard, à se marier.
Henri Fresnel revient voir Alice qui, presque tout de suite
après, va rejoindre son fils en Nouvelle-Calédonie.
Février : première réunion com mune de Marvel Houses Incor
porated et de International Hostellerie ; en novembre, fon
dation de Marvel Houses International et de Incorporated
Hostellerie.
1971
Lettre d ’Alice Fresnel à Mlle Crespi.
4 juin : accident de m oto de David Marcia dans le 35e Bol d ’Or.
Décembre : séjour des Rorschash à Saint-Moritz.
1972
Beyssandre est engagé par Marvel Houses International.
Mme Adèle prend sa retraite.
Mort d ’Emilio Grifalconi.
Serge Valène rencontre Bartlebooth pour la dernière fois.
1973
Bartlebooth est opéré d ’une double cataracte.
Sam Horton change de sexe.
Beyssandre découvre le projet de Bartlebooth.
29 octobre : mort de Gaspard Winckler.
1974
Parution des M ém oires d ’un lutteu r, de Rémi Rorschash.
Avril : première lettre de Beyssandre à Bartlebooth ; 11 juillet :
Beyssandre rend visite à Smautf et lance un défi à Bartlebooth.
Août : ruiné par le Festival de Kerkenna, David Marcia revient
vivre rue Simon-Crubellier.
Novembre : Morellet est interné.
La Vie m o d e d 'e m p lo i 1359
1975
25 avril : Bartlebooth apprend la mort du cameraman chargé
de filmer la destruction du 438e puzzle.
Mai : les Marvel Houses abandonnent leur projet.
23 juin : mort de Percival Bartlebooth.
15 août : mort de Serge Valène.
RAPPEL DE QUELQUES-UNES
DES HISTOIRES RACONTÉES
DANS CET OUVRAGE
H istoire d e l ’e x p e r t a u to d id a c te , 39.
H istoire d u faiseu r d e p u z z le , 8.
H istoire d e la fam ille G ratioiet, 21.
H istoire d e la fe m m e d e ch am b re q u i e u t u n fils d o n t o n n e c o n n u t
jam ais le p è r e, 83.
H isto ire d e la fe m m e d u fa iseu r d e p u z z le , 53.
H istoire d e la fe m m e q u i fit apparaître q u atre-vingt-trois fo is le
diab le, 65.
H istoire d e la fe m m e q u i fo n d a u n e im p rim erie e n Syrie, 4 8 .
H istoire d e la fe m m e q u i tin t u n trip ot, 21.
H istoire d e s fêtards q u i d o n n è r e n t u n c o n c e r t m atinal, 9 2 .
H istoire d e la fia n c é e c a p tu r é e par les B arbaresques, 78.
H istoire d e la fille d u b a n q u ie r q u i v o u la it faire d u théâtre, 55.
H istoire d e la fille tr o p g r o s s e e t d e sa tour, 40.
1362 G eorges Perec
J ules V erne
Vingt Mille Lieues sous les mers
Un cabin et d ’a m a teu r, du peintre américain d ’origine alle
mande Heinrich Kürz, fut montré au public pour la première
fois en 1913, à Pittsburgh, Pennsylvanie, dans le cadre de la
série de manifestations culturelles organisée par la com mu
nauté allemande de la ville à l’occasion des vingt-cinq ans de
règne de l’empereur Guillaume II. Pendant plusieurs mois,
sous les triples auspices du quotidien D as Vaterland, de l’Ame-
rikanische Kunst Gesellschaft, et de la chambre de commerce
germano-américaine, ballets, concerts, défilés de mannequins,
semaines commerciales et gastronomiques, foires industrielles,
démonstrations gymniques, expositions artistiques, pièces de
théâtre, opéras, opérettes, revues à grand spectacle, confé
rences, grands bals et banquets se succédèrent sans interrup
tion, offrant aux germanophiles accourus tout exprès des
quatre coins du continent américain la primeur de spectacles
plus ambitieux les uns que les autres, dont les trois clous
furent sans conteste une intégrale en plein air du Second Faust
(que la pluie vint malheureusement interrompre au bout de
sept heures et dem ie), la création mondiale de l’oratorio de
Manfred B. Gottlieb, Am erika, dont l’interprétation exigeait
deux cent vingt-cinq musiciens, onze solistes et huit cents cho
ristes, et la première à Pittsburgh de D as Gelingen, une op é
rette étourdissante spécialement importée de Munich avec ses
deux célèbres créateurs, Théo Schuppen et Maritza Schel-
lenbube.
Au milieu de ces productions colossales dont les publicités
fracassantes couvraient des pages entières de magazines, l’ex
position de peintures, qui se tint d ’avril à octobre dans les
1374 G eorges Perec
fait preuve dans ses choix que du talent avec lequel Heinrich
Kürz a su nous les faire voir. »
« La première, sur le mur de gauche, au-dessus de la tête du
collectionneur, est une V isitation que, pour notre part, nous
attribuerions volontiers à un Pâris Bordone, un Lorenzo Lotto
ou un Sebastiano del Piombo : au centre d ’une petite place
bordée de hautes colonnes entre lesquelles sont tendues des
draperies richement brodées, la Vierge, vêtue d ’une robe vert
sombre que recouvre amplement un long voile rouge, s’age
nouille devant sainte Élisabeth qui est venue au-devant d ’elle,
vieille et à demi chancelante, soutenue par deux servantes. Au
premier plan, à droite, se tiennent trois vieillards entièrement
vêtus de noir ; deux sont debout, se faisant presque face ; le
premier présente devant lui une feuille de parchemin à moitié
déroulée sur laquelle est dessiné d ’un mince trait bleu le plan
d ’une ville fortifiée que le second désigne d ’un doigt déchar
né ; le troisième est assis sur un tabouret en bois doré, à pieds
croisés, recouvert d ’un coussin vert ; il tourne presque com plè
tement le dos à ses com pagnons et semble regarder le fond de
la scène : une vaste esplanade où attend l’escorte de Marie :
une litière fermée par des rideaux de cuir, portée par deux
chevaux blancs que deux pages, vêtus de livrées rouges et
grises, tiennent par la bride, et un chevalier en armure dont la
lance s’orne d ’une longue banderole d ’or. À l’horizon se
découvre un paysage de collines et de bosquets avec, dans le
lointain, les tours brumeuses d ’une ville. »
« Le second tableau est accroché sur le mur de droite. C’est
une petite nature morte de Chardin intitulée Les apprêts du
déjeuner : sur une table de pierre, parmi divers ustensiles d ’of
fice et de cuisine, un mortier, une louche, une écumoire, sont
disposés un jambon entouré d ’un linge blanc, une écuelle
emplie de lait, une jatte contenant des pêches de vigne, et une
large tranche de saumon posée sur une assiette renversée. Au-
dessus, un canard mort est suspendu au mur par une fine cor
delette passée dans sa patte droite. Rarement, nous semble-t-il,
la fraîcheur, la simplicité et le naturel de Chardin nous ont
été montrés avec un tel bonheur, et l’on pourra se demander
longtemps ce qu’il faut ici admirer le plus, du génie du peintre
1378 G eorges Perec
1 . S e p t d ’e n t r e e u x l u i t i n r e n t a s s e z à c œ u r p o u r q u ’il d e m a n d e à K ü rz
d e l e s f a ir e f i g u r e r d a n s s o n Cabinet d ’am ateu r : L’assassinat de Concini.
d e J u l i e n B lé v y , u n e m i s e e n p a g e g r a n d i o s e g â c h é e p a r l ’a b u s d u b i t u m e ;
Le Camp du D rap d ’Or, d e G u i l l a u m e R o r r e t, q u i s e q u a l i f i a i t l u i - m ê m e d e
« p o s t r a p h a é l i t e » ; La m ort d e la servante , d e H e n r y S i l v e r s p o o n , s u r t o u t
c o n n u p o u r s a d é c o r a t i o n d u f u m o i r d u C r y s ta l P a la c e ; Les labours en Nor
vège, d u D a n o i s D o l k n i f S c h l a m p e r e r ( c ’é t a i t le fils d ’u n m a r i n q u i a v a it p é r i
d a n s le n a u f r a g e d u Philoctète e t , e n s o u v e n i r d e s o n p è r e , R affk e l u i c o n s t i
t u a u n e r e n t e à v ie ) ; Lancelot, d e C a m i l l e V e lin -R a v e l, u n e g r a n d e c o m p o s i
t i o n f r o i d e o ù c e t é lè v e d e C o u t u r e e t a m i d e P u v is d e C h a v a n n e s m o n t r a i t
l e C h e v a l i e r à la C h a r r e t t e p é n é t r a n t n u i t a m m e n t d a n s le c h â t e a u d u g é a n t
M é lé a g a n t o ù G u e n iè v r e e s t r e te n u e p r is o n n iè r e ; Le Prince Masqué, d u
T y r o l i e n H o r v e n d i l l L a u t e n m a c h e r , m é d i o c r e é lè v e d e C h a r l e s H a e b e r l i n à
l ’A c a d é m i e d e S t u t t g a r t ; e t La prem ière ascension du m on t Cervin, d u
S u is s e G u s t a v e F e u e r s t a h l , q u i t r a i t a i t a v e c u n r é a l i s m e m é l o d r a m a t i q u e la
t e r r i b l e c h u t e d ’H a d o w , H u d s o n , L o r d D o u g l a s e t M ic h e l C r o z e t la m i r a c u
l e u s e s u r v i e d 'E d o u a r d W h y m p e r e t d e s d e u x f r è r e s T a u g w a l d e r .
2 . L’I ta lie f a is a it a l o r s p a r t i e d e l ’U n i o n L a tin e e t le f r a n c y a v a it c o u r s
lé g a l (1V. de l ’A ).
Un c a b in e t d ’a m a te u r 1395
avait par terre, devant lui, une source d ’eau très limpide
dans laquelle Giorgione peignit le reflet du nu de face ; sur
un des côtés il y avait une légère cuirasse et dans laquelle il
y avait le profil gauche, car dans le poli du métal on décou
vrait tous les détails ; de l’autre côté il y avait un miroir reflé
tant l’autre côté du nu. C’était une chose d’une invention et
d’une fantaisie merveilleuses qui prouvait, en effet, que la
peinture demande plus de talent et de travail, et montre
plus en une seule vue d’après nature que ne le fait la sculp
ture... »
quant sur son sein à demi dévoilé une sorte de cornet acous
tique assez analogue à celui que Laennec « inventa » sous le
nom de stéthoscope près d ’un siècle et demi plus tard ; ceci
explique sans doute que l’œuvre, estimée par les experts à
40 000 $, ait été poussée à un prix plus de deux fois plus élevé
par les acheteurs du Musée d ’Histoire de la Médecine de l’Uni-
versité de Dartmouth).
Les C h o s e s ................................................................................... 43
Première partie....................................................................... 49
Deuxième partie..................................................................... 111
É pilogue.................................................................................... 131
Q u el p etit v é lo à g u id o n ch ro m é au fo n d d e la
co u r ? 139
In dex.......................................................................................... 209
I. A N TO N V O Y L ............................................................................ 317
1 Qui d’abord a l’air d ’un roman jadis fait où il
s’agissait d ’un individu qui dormait tout son
sa o u l......................................................................... 319
2 Où un sort inhumain s’abat sur un Robinson
soupirant................................................................ 327
3 Dont la fin abolit l’immoral futur papal promis
à un avorton contrit............................................ 337
Georges Perec
V. A M A U R Y C O N S O N .......................................................................485
Les R e v e n e n te s.............................................................................563
La Vie m o d e d ’e m p l o i ..............................................................641
P ré a m b u le ....................................................................................653
P re m iè re p a r t i e ........................................................................ ..657
I Escaliers, 1, ......................................................................657
II Beaumont, 1, ............................................................... ..661
III Troisième droite, 1, ................................................. ..666
IV Marquiseaux, 1, ......................................................... ..670
V Foulerot, 1, .....................................................................674
VI Breidel (chambres de bonne, 1), ...........................676
VII Morellet (chambres de bonne, 2), ..................... ..680
VIII Winckler, 1, .............................................................. ..686
IX..Nieto et Rogers (chambres de bonne, 3), ......... ..697
1436 G eorges Perec
D e u x iè m e p a r t i e ....................................................................... ...759
XXII Le hall d ’entrée, 1, .............................................. ...759
XXIII Moreau, 2, ............................................................... 776
XXIV Marcia, 1, ................................................................. 784
XXV Altamont, 2, ........................................................... .. 789
XXVI Bartlebooth, 1, .................................................... .. 798
XXVII Rorschash, 3, .........................................................805
XXVIII Escaliers, 3, ........................................................ ..812
XXIX.Troisième droite, 2, ........................................... ..819
XXX Marquiseaux, 2, .................................................... ..823
XXXI Beaumont, 3, ..........................................................827
XXXII Marcia, 2, ................................................................846
XXXIII Caves, 1, ................................................................849
XXXTV Escaliers, 4, ......................................................... ..855
XXXV La loge de la con cierge,.................................... ..860
XXXVI Escaliers, 5, ......................................................... ..866
XXXVII Louvet, 1, .......................................................... ..868
XXXVIII Machinerie de l’ascenseur, 1, ..................... ..870
XXXIX..Marcia, 3, ...............................................................874
XL Beaumont, 4, ...............................................................879
XLI Marquiseaux, 3, .........................................................885
XLII Escaliers, 6, ...............................................................890
XLIII Foulerot, 2, ........................................................... ..892
Table 1437
111126218
9