Vous êtes sur la page 1sur 3

31/03/2024 01:43 L'Appel à l'Humanisme - ALBAYANE

L’Appel à l’Humanisme
Arts & culture 1 février, 2024 - 6:00

« L’Amour est Paradis » de Mokhtar Chaoui

Par El Khamlichi Mohamed

L’amour, thème universel, a été défini de manière variée par de nombreux écrivains. Certains
considèrent la littérature comme un art privilégié pour dépeindre les multiples facettes de
l’amour. Selon Voltaire : « Il y a tant de sortes d’amour que l’on ne sait à qui s’adresser pour le
définir ». Aristote lui attribue un effet de « purgation des passions » lors des représentations
dramatiques, un concept qui, au XVIIe siècle, évolue vers une dimension morale et qui aspire à
instruire plutôt qu’à simplement divertir.Au fil des siècles, la description de l’amour dans la
littérature française a évolué en fonction des mutations politiques, sociales, philosophiques et
religieuses.

Le XVIIIe siècle voit l’émergence d’un amour subtil et raffiné, illustré par Marivaux, qui va jusqu’à
forger le terme « marivaudage » pour décrire la délicatesse des mots dans le contexte amoureux. Au
XIXe siècle, oscillant entre réalisme et romantisme, Stendhal brise les barrières de la fiction en
intégrant ses propres expériences amoureuses dans ses œuvres. L’amour cesse d’être une chimère
pour devenir une réalité complexe et universelle, Stendhal énonçant même des règles générales en la
matière. Au gré des époques, la littérature devient le miroir des multiples expressions de l’amour,
fournissant une catharsis morale.

Aujourd’hui, au cœur d’une réalité éclaboussée par l’obscurité, la cruauté et la violence, l’écrivain
marocain Mokhtar Chaoui, dans son huitième opus, « L’Amour est Paradis« , exploite l’amour en tant
que symbole de tolérance, de fraternité et d’acceptation, dans un esprit d’humanisme.

https://albayane.press.ma/lappel-a-lhumanisme.html 1/3
31/03/2024 01:43 L'Appel à l'Humanisme - ALBAYANE

L’auteur cherche à transmettre à travers son œuvre l’idée que pour contrecarrer la haine,
ladiscrimination, le sectarisme et l’injustice qui prédominent de nos jours, il est impératif de
promouvoir l’amour et la tolérance, car la seule alternative serait de s’entre-haïr. En effet, c’est dans
ce contexte complexe que Chaoui sonde la puissance rédemptrice de l’amour comme ultime remède
pour une humanité en quête de rédemption.

Dès le début du récit, l’auteur lance un appel vibrant à sauver l’humanité par l’entremise de l’amour, le
présentant tel le dernier rempart d’espoir dans un monde assombri par l’animosité : « l’amour, l’amour,
l’amour… Seul philtre qui ne sèche jamais » (P. 9). Chaque réitération du mot ‘amour’ agit comme la
seule panacée face à l’hostilité omniprésente, équivalant à un philtre miraculeux capable non
seulement de dissiper les ombres, mais aussi de restaurer la foi et de répandre la lumière dans
l’univers qui nous entoure

Le roman dénonce l’ampleur de la violence sous toutes ses facettes qui prévaut dans lemonde
contemporain. La question posée dénote un sentiment d’incompréhension et d’angoisse, voire de
désarroi, face à l’évolution négative de la société, comme si l’auteur cherchait à saisir la nature de
cette atrocité généralisée et banalisée : « Pourquoi le monde est-il devenu aussi sanguinaire ? »
(p.13). Il est probable en effet que cette interrogation renvoie à des actes de barbarie, à l’injustice
sociale, à des actes homophobes, à des comportements fanatiques, ou à d’autres formes de violence
qui caractérisent malheureusement notre époque.

La progression du texte dévoile une profonde inquiétude et un cri de désespoir quant à la disparition
des principes moraux qui devraient guider la société : « Et l’amour ? Et la fraternité ? Et l’humanisme
dans tout ça ? » (P. 14). Le ton accusateur de la question finale, « Pourquoi l’Homme est-il devenu un
monstre ? » (P. 14), signale la désillusion de l’auteur devant une éventuelle dégénérescence de
l’humanité. Par ailleurs, l’usage du mot « monstre » intensifie la déshumanisation de l’Homme et
révèle une métamorphose sinistre de notre essence. Par conséquent,Mokhtar Chaoui convie
urgemment le lecteur à réfléchir à la manière de préserver ces valeurs et de rétablir l’équilibre dans le
tissu social.

Lors d’un échange, Michel Charme, le personnage principal, déclare à Mehdi, le jeune soufi : « Il faut
agir, il faut agir pour sauver l’humanité » (p.14). L’appel à l’action, répété de manière immédiate, met
en relief le caractère urgent de la situation. Cette injonction implique sans doute une responsabilité
collective en vue d’instaurer un changement, que ce soit sur le plan politique, social, culturel ou
religieux, afin de contrer la réalité teintée d’aversion.

Mehdi rétorque en affirmant que « La seule façon de la sauver est de s’aimer. Seul l’amour peut
sauver l’humanité. » (p.14). L’amour est défini ici comme une force d’empathie et de bienveillance.
Ainsi, la purification par l’amour s’impose comme le chemin unique pour parvenir à une réconciliation
tant individuelle que collective.

Il est à noter enfin que « L’Amour est Paradis » n’est pas simplement une histoire divertissante, mais
plutôt une invitation à se purifier à travers l’amour. Avec une narration épisodique, une écriture
fragmentée et polyphonique, Chaoui met en avant que le respect de l’autre, l’harmonie et la
compréhension demeurent les clés à la construction d’une société inclusive et équitable. Ainsi,face à
la régression inquiétante de l’évolution humaine, l’auteur rappelle les paroles de Louis Aragon : « Il est
temps d’instaurer la religion de l’amour ».

Ne serait-il pas temps de considérer la diversité comme une source d’enrichissement plutôt que
comme une cause de division ?

https://albayane.press.ma/lappel-a-lhumanisme.html 2/3
31/03/2024 01:43 L'Appel à l'Humanisme - ALBAYANE

Et si la clé pour un monde meilleur résidait dans notre capacité à embrasser la pluralité des
expériences humaines ?

https://albayane.press.ma/lappel-a-lhumanisme.html 3/3

Vous aimerez peut-être aussi