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2018-

2019

HISTOIRE DE LA
LITTÉRATURE FRANÇAISE

LUCÍA MARTÍN GARCÍA

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LEÇON 1 : Romantismes. Formes et aspects littéraires de l’intimité.
Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Nerval, Mérimée, Musset, Sand
Le romantisme apparaît au début du XIX siècle après la révolution française. Les écrivains se
débattent entre l’exaltation et un sentiment de découragement, de vide, d’ennui. La littérature
romantique se caractérise par les hauts et bas de l’esprit. Ce qui arrive dans le cœur
romantique est raconté par Musset dans « les confessions d’un enfant du siècle ». Le terme
romantique recouvre la sensibilité plus que l’exaltation.

Le romantisme commence à apparaître avec Rousseau et son œuvre « Les rêveries du


promeneur solitaire ». On voit des caractéristiques romantiques depuis le titre : la solitude, la
rêverie et la relation avec la nature. Rousseau serait la partie sensible du romantisme.

Le romantisme a aussi un caractère exalté et le modèle, on peut considérer que c’est


Robespierre, diligent de la Révolution française. Le romantisme a eu une relation avec
l’histoire et la politique de son temps. Le XIX siècle bouge des régimes. Le romantisme n’est
pas associé à des idées politiques fixes.

Le romantisme est né près du christianisme et d’un esprit monarchique, d’Ancien Régime. Le


romantisme devient libéral avec un poète comme Lamartine. Le XIX siècle, c’est le moment de
l’industrialisation qui provoque le développement d’une nouvelle classe sociale : la
bourgeoisie. Victor Hugo est un écrivain qui a vécu tout le siècle. Il a commencé conservateur,
monarchique et puis, il est devenu libéral et socialiste. C’est une esthétique qui participe
beaucoup de la politique.

L’art pour l’art considère que l’art n’a pas une utilité. Baudelaire qui est des derniers poètes du
romantisme est plus proche de l’esthétique de l’art pour l’art.

En peinture, nous avons Théodore Géricault avec Le radeau de la Méduse (la désespération),
Delacroix avec La liberté guidant le peuple (la liberté, la lutte).

 Romantiques français :

o Chateaubriand : Les mémoires d’Outre-tombe et Le génie du christianisme. Le premier


romantisme nait dans les idées monarchiques et catholiques.

o Lamartine : langoureux, représente la partie amoureuse du romantisme. Méditations


poétiques dont la couverture est la peinture … où on voit l’homme devant la nature
qui reflète l’âme passionnel, la solitude…

o Victor Hugo : importance de ses filles.

o Nerval : tourne la maladie mentale en création poétique. Il se sert de certains troubles


mentaux et fait une littérature romantique et parfois secrète dans la signification.

o Bizet : compositeur français avec une opéra Carmen.

o Berlioz : un autre musicien.

o Alfred de Musset : il a été avec George Sand. Ils ont eu une relation passionnelle,
tourmenté.

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o George Sand : elle avait un prénom masculin pour publier. Elle se déguisait en homme.

o Villiers de l’Isle Adam : aspects inquiétants du côté de la fantaisie et de la cruauté.

o Nodier : il était bibliothécaire.

o Mérimée : auteur de Carmen. Un homme qui avait de responsabilités politiques. Il a


créé un personnage écrivaine Clara Gazul qui avait écrit l’œuvre de Carmen.

 Caractéristiques du romantisme :
Le romantisme est centré sur l’idée d’individu qui réclame une importance qui le distingue de
la masse et qui revendique l’importance de son autobiographie. C’est le règne du moi et du
monde de moi, des relations de moi avec le monde. Dans le temps classique, c’est qui était
important est la raison. Avec le romantisme, c’est la sensibilité et l’émotion qui prennent la
place la plus importante. L’homme romantique ne cherche pas à explorer la raison, mais ses
émotions. L’homme du XVIII siècle se sentait organisé par ses raisonnements (linéarité à la
nature humaine, la raison on peut la suivre). Dans le cas de romantique, la sensibilité
revendique la différence face aux autres. L’homme se considère plus complexe que s’il était
dirigé par la raison. Goût pour ce qui est caché. Le romantique se sent en danger de
déséquilibre, jeté par la folie, il ne se comprend pas lui-même, éprouve une intimité secrète et
est à la recherche d’une unité individuelle qu’il n’éprouve pas. La littérature est un moyen
d’expression pour la recherche de cette unité. Le domaine de subjectif est plus forte que celle
du raisonnable. L’individuel prend une valeur exceptionnelle.

Quant au contexte, c’est la révolution industrielle. L’homme romantique a un refus pour ce


monde, déteste la masse de la ville et préfère la nature. Baudelaire, qui est le dernier, est déjà
un poète moderne qui défend la vie de la ville. Les romantiques ne sont pas modernes. Ils
détestent le monde bourgeois, l’argent et le progrès. Les romantiques ont un compromis avec
leur entourage. Cette idée de l’exaltation du moi et de l’individu explique l’aspect énergique du
romantique.

Il faut souligner l’importance de la vie affective. Il y a une certaine idée d’amour. Au XVIII
siècle, c’est un amour raisonnable : on trouve des raisons pour aimer et mériter l’amour de
quelqu’un. Le XIX siècle rompt avec la notion érotique de l’amour. L’idée d’amour des
romantiques est considérée comme une maladie de l’âme : amour en solitude, amour
contrarié, amour perdu…donc, la passion amoureuse est toujours douloureuse. Le corps
romantique souffre : la tuberculose.

Le romantique sent qu’il est le jouet de ces forces passionnels et obscures, une victime de
l’amour. Le romantique n’est pas un héros comme au XVIII siècle (conçu comme un exemple à
suivre). Il est admiré et respecté, mais pas à imiter.

Un des sentiments plus présents est l’ennui et l’angoisse, le vague à l’âme →le mal du siècle.
Le romantique développe un caractère bipolaire. C’est une maladie légère, sauf certains cas. Le
romantique se plaît dans les thèmes qui touchent à la mélancolie : idée d’enfermement, les
tombeaux, l’enfer… Le romantique est démesuré dans l’exaltation et dans l’abattement.

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La nature est un endroit aimé pour les romantiques. C’est un lieu où se recueillir en solitude.
La nature reflète l’état d’âme du romantique. Le romantique avait hérité de Rousseau les idées
de contact avec la nature et de rêverie. Le romantique ajoute l’aspect trouble et violente.

 Les genres littéraires du romantisme :


Le grand genre est le roman, associé à la bourgeoisie. Le roman est un genre associé au
réalisme, mais le romantisme se sert également du roman. Il s’intéresse à l’introspection et à la
mémoire. Le roman romantique hérite des caractéristiques de Rousseau et met la subjectivité
au premier plan. Très souvent, il s’agit d’un miroir de l’auteur et il se reconnait dans l’intimité
de ce personnage.

Autre genre c’est les mémoires. Souvent elles ont un engagement politique. Il se présente le
moi intime à côté d’un moi publique et avec un fond d’histoire. Un exemple est Chateaubriand
avec Les mémoires d’Outre-Tombe ou Stendhal dans La chartreuse de Palme.

Un roman moderne dans le contexte du romantisme est un roman qui sait traduire une variété
des points de vue dans la narration. Par exemple, l’épisode de la bataille de Waterloo dans La
chartreuse de Palme. Elle est décrite par un personnage qui voit fragmentairement la bataille
et ne comprend rien de ce qui se passe.

On associe le romantisme à la poésie. On pense que la subjectivité se fait surtout en poésie. Au


XVIII siècle il y avait une poésie intellectuelle. Le romantisme a récupéré la poésie comme
genre lyrique. Après, le parnasse refuse le lyrisme. A la fin du siècle, nous aurons Mallarmé qui
écarte le lyrisme de la poésie. Les romantiques n’ont pas inventé une théorie littéraire. Ils ont
développé le lyrisme, mais ils ne se sont pas occupés de la forme.

Pour le théâtre, ils ont écrit le drame romantique. Il faut parler de Victor Hugo. Ils ont écarté la
figure du héros et ils ont rendu plus réel le héros. Normalement le théâtre était en vers et il
commence à être plus flexible. Il y a la comédie romantique aussi avec par exemple Musset.

Un autre genre est le récit fantastique. On voit aboutir les courants irrationnels. Par exemple,
le goût pour la rêverie, c’est de s’abandonner aux caprices de l’imagination. Dans la rêverie on
n’invente pas un autre monde. Dans le fantastique il y a l’invention d’un monde imaginaire. Il y
a un aspect mystérieux et on fait venir des paysages d’orient. Il y a aussi des aspects qui
viennent de la drogue. Il y a une imagination noire et maléfique (des objets de talisman, des
filtres, le vampirisme… Ils croient à des forces occultes et étaient affamés de mystères. Le
visionnaire c’est un monde fantastique organisé par des lois secrètes.

Les romantiques cultivent l’inconnu. Même s’ils s’occupent d’eux, c’est pour chercher la partie
de l’inconnu. Les œuvres des romantiques parlent plutôt à la sensibilité. Il y a aussi un
développement de la science et la technologie, mais les romantiques tournent le dos au
progrès. Ils voulaient une science poétisée.

1.3. CHATEAUBRIAND (1768- 1848)


Il se trouve entre les Lumières et le romantisme. Il y aura des caractéristiques romantiques,
mais il garde un esprit de XVIII siècle. En ce qui concerne l’amour, dans sa vie privée il se
montre comme quelqu’un qui appartient au XVIII siècle (libertinage). Il va inventer l’amour
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romantique. Il est un écrivain chrétien (le génie du christianisme). Né avant la révolution
française, il va demeurer fidèle à la tradition. Il défend la monarchie et la tradition. Le
romantisme naît dans le contexte conservateur et monarchique. Lors de la révolution
française, il s’éloigne de la France. Il va s’en aller en Amérique. Ce voyage va être marquant
pour ses romans postérieurs. Il apprécie plus ses paysages et les fait entrer dans ses romans :
Atala et René. La nature se montre vierge et on voit l’importance de la nature dans le
romantisme.

Il rentre en France et repart à l’étranger, à Londres. Il est nommé ambassadeur à Rome. Il va


être ambassadeur à d’autres villes et après, il devient ministre d’étranger. Il finit par se
désintéresser de la politique et se consacre à la littérature à Paris.

Personnage double et paradoxal qui donne toutes les clés du romantisme : la relation à la
religion chrétienne, la présence de la nature sauvage, l’idée de l’amour romantique (passion et
mélancolie), le mal du siècle (l’ennui, le vague de l’âme), l’importance du moi et la relation à la
politique et à l’histoire.

Il a écrit des romans, pas de poésie. Ses œuvres :

o Atala : récit court. Il y a un vieillard qui habite près du Mississipi qui raconte sa vie. Il a
été fait prisonnier par les indiens. Une jeune fille lui a sauvé. Elle s’appelait Atala et elle
était chrétienne. Ils vivent ensemble et de manière fraternelle. L’amour avance, mais
elle avait promis à sa mère de ne pas épouser un paysan. Elle va se suicider. Thèmes :
idée d’un amour qui a lieu dans la nature et en relation avec les idées du bon sauvage
de Rousseau. Il y a un conflit entre l’état naturel et l’idée même de la nature. C’est un
amour qui n’a pas un fond sensuel. Les amants sont comme des frères. La religion et la
sensualité troublent cet amour et le rendent malheureux et fatal.

o René : reprend certains personnages d’Atala. C’est un homme qui écoute le récit du
vieillard. Son histoire se passe à Bretagne. Il raconte son enfance avec sa sœur Amélie.
Ils sont liés par un amour fraternel qui se distingue mal de l’autre amour. Il y a le
fantôme de l’inceste. René est habité par un sentiment d’ennui. Il représente la
maladie du siècle. Il se trouve près du suicide lorsque sa sœur décide d’entrer dans un
couvent. Il va trouver son salut dans la religion. La solution romantique de suicide est
rejetée et trouve la solution dans la religion.

o Le génie du christianisme : Chateaubriand veut raconter que le christianisme est la


religion la plus favorable aux arts et aux lettres. Il veut convaincre ceux qui ont fait la
révolution et la population française. Il a eu un immense succès. Il y a une relation
entre Chateaubriand et Napoléon.

o Mémoires d’Outre-Tombe : ce sont des mémoires qui racontent la vie des personnes
importantes en menant les évènements personnels et historiques. Sa vie est entre le
réel et le rêve. C’est un livre qu’il reprend toute sa vie et qui est publié après sa mort.
le livre est divisé en quatre parties. La première partie est sa carrière de soldat et
militaire. La deuxième partie c’est la carrière littéraire. La troisième est la carrière
politique. La quatrième est un mélange des précédentes. C’est une réflexion vers la
mort et le temps. Il présente la figure de Napoléon en parallélisme avec lui. C’est une
relation de concurrence entre eux. C’est un livre mélancolique. Il a conçu la littérature
de manière thérapeutique, une manière de guérison de l’ennui. Il évoque des

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souvenirs et ce procédé va être utilisé dans la littérature française. Il trouve cette façon
d’évocation dans Rousseau et il va le laisser chez Proust (qui s’appelle la mémoire
involontaire). Il part de la reconnaissance d’une sensation du présent qui est
équivalant à une sensation du passé. Ce registre alterne la rêverie romantique et la
méditation qui se mélange. On remarque la présence de la nature, le thème du
passage de temps, de la nostalgie et la mélancolie et la langue de Chateaubriand.
Toute sa prose est poétique : rime, harmonie imitative, onomatopées. C’est un
romantisme associé aux temps passés.

1.4. LAMARTINE (1790-1869)

Plus jeune. Il était considéré un homme rêveur. C’est l’aspect passive du romantisme. Il
devient ministre des affaires étrangères. Sa poésie est une élégie. Il a eu une maladie et il a
connu une fille qui était aussi malade.

Type caractéristique du poète romantique qui a pour ainsi dire le plus perdu de prestige dans
notre contemporanéité. La poésie a vieilli le plus. Il n’a pas été très apprécié des grandes
poètes, par exemple, Chateaubriand ne l’aimait pas. Un autre type de poète : poète rêveur,
donné aux larmes et aux espérances vaines.

Lamartine a les caractéristiques de beaucoup des romantiques : il a voyagé en Orient, en


Europe et il a eu des charges politiques à l’étranger. On voit les romantiques toujours près du
suicide mais vraiment ils étaient plus proches du pouvoir, ils avaient un esprit pragmatique
pour la vie.

Lamartine est l’auteur de Le Lac (studium). Il rencontre une jeune fille malade au bord de la
rivière et ils se donnent un rendez-vous, mais la fille ne va pas apparaitre parce qu’elle est
morte.

1.5. NERVAL (1808-1855)

Il s’appelait Gérard la brunie. Il aborde des zones obscures de l’Âme et il peut être considéré
un précurseur du surréalisme. Nerval est un poète habité par la folie. Il avait une maladie
mentale. Sylvie n’appartient pas vraiment à la littérature qu’il a écrit sur la maladie. Il était
considéré un écrivain mineur. Il a perdu sa mère très tôt. Il a mené une vie de dandy.

Il finit par écrire du théâtre parce qu’il tombe amoureux d’une actrice. Elle va devenir la figure
d’Aurèlie. Elle est une créature céleste pour Nerval. Elle va incarner un idéal féminin. Elle parle
de la figure féminine idéalisé.

Nerval voyage et il s’en va en orient au goût de l’exotisme, d’autres religions, de l’exotérisme…


il va écrire Voyage en Orient qui publie après son retour et qui montre ce voyage intérieur aux
couches sécrètes de son esprit et à la relation de son esprit avec ses croyances. Tout ce qui est
décrit est symbolique. Nerval va revenir en France et va retrouver les paysages de son
enfance : les Valois. Il meurt à Paris, suicidé de manière dramatique. C’est le seul romantique
qui s’est suicidé vraiment. Il était un homme avec beaucoup d’amis et sympathique.

Comment Nerval a concilié sa maladie et son travail d’écrivain ? il concevait sa maladie comme
l’épanchement du songe dans la vie réelle. On ne fait pas la distinction entre le rêve et la vie.
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Les rêves sont plus crédibles que la vie réelle elle-même. Le songe, c’est la folie et le délire
mais aussi les rêves qu’il a la nuit. Les deux choses du rêve entrent dans la réalité. Il était un
poète onirique.

Œuvres :

- Les filles du feu : il apparait un groupe des poètes appelé Les Chimères. Ce sont douze
sonnets qui ont été considérés comme très secrets et hermétiques. Ce sont des
poèmes qu’on ne comprend pas du tout. Il y a des idées panthéistes, le tarot, la
nature. Le premier s’intitule « el desdichado ». On voit l’idée du malheur qui
accompagne l’esthétique romantique. « Vers dorés » : poème qui récupère l’idée que
toute la nature est sensible, il y a une âme et une sensibilité qui traverse l’univers
entière.

- « Aurelia » : est une œuvre faite de manière lente au long de la vie de Nerval. C’est
une œuvre en prose. Il s’agit d’un personnage à la première personne qui se voit
comme un héros de l’humanité, un héros très souffrant, parfois immortel qui est
assiégé par tout une sorte d’images. Il y a l’apparition de la femme Aurelia qui est une
divinité qui s’associe à la vierge qui vient compenser les présences maléfiques d’autres
esprits. Il dessine un monde plein des épreuves. Il est en train de traduire ce qui arrive
dans sa vie réelle. L’expression de cette écriture est assez organisée. Nous sommes
devant un récit du délire.

- Voyage en Orient : voyage sans chronologie, itinéraire fantaisiste, qui ne reproduit pas
un voyage vraiment réel et qui est compris pour lui comme un chemin initiatique
spirituel. Plein de préoccupations mystiques et plein d’intérêt par les autres religions.
Idées du double : idée de l’autre dans soi-même, idée de la folie. C’est un pèlerinage
intérieur. Le féminin comme une figure de l’impossible, du mystique, du rêve en lui-
même.

- Sylvie : c’est l’obsession du temps. Jeu très créatif pour comprendre autour du temps
et il y a également la multiplication des figures féminines qui se matérialisent dans une
seule. Donc, problème du double devenu le triple : parce qu’il y aura trois femmes
dans le roman. L’ensemble des trois nouvelles (Sylvie, Octavie et Angélique) s’appelle
Les filles du feu. Avec le titre on est déjà en train d’évoquer une naissance mythique à
travers le feu, alchimique. Donc, on place le féminin dans ce domaine (mythique,
mystique, magique, etc.). À la fin de Les filles du feu, on reproduit douze sonnets qui
sont intitulés Les Chimères. Très secrets, très hermétiques. Parfaits formellement,
difficiles à comprendre de sorte que les critiques ont souvent essayé de les analyser à
travers des points de vue très divers.

- Aurélia : Essentiel dans l’écriture de Nerval. Parle d’une femme aimée, qui a été
perdue à cause d’une faute de nature très incertaine. Cette idée de faute est éveillée
par des rêves, des sentiments de péché d’un homme (le narrateur, c’est-à-dire, Nerval)
qui est assiégé par des idées psychotiques. On ne va pas retrouver les raisons de cette
faute. C’est une œuvre qui a été reprise plusieurs fois par Nerval et qui a été fini dans
un moment très proche à sa mort. Vaste poème onirique (c’est de la prose mais dans
un registre poétique très important). L’onirisme dans le Romantisme est
essentiellement représenté par Nerval.

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Femme transfigurée, divinisée. Conception du temps et de l’espace qui n’est pas du tout
réaliste. Mélange de réalisme et perceptions hallucinatoires. Dans ce récit, les éléments venant
de la vie réelle et les éléments venant de ce qu’il appelle rêve mais qui est une hallucination, se
mélangent au même niveau. Le lecteur peut participer dans ces deux côtés. Dans une
hallucination, la réalité ne disparait jamais, les hallucinations se forment à la perception du
réelle.

C’est donc bien un exemple de ce que Nerval appelait le « penchement du rêve dans la vie
réelle ». D’ailleurs, Nerval est très précis et très pointilleux avec la reproduction des détails
réels. Il commence très souvent avec une analyse scrupuleuse de ce qu’il a vu et puis les
perceptions sont prises par les hallucinations et nous voyons clairement comment arrive
l’hallucination sur le réel.

Ce que voudrait Nerval c’est diriger ce rêve, puisqu’il ne peut pas les éviter. Il y a même un
endroit de son œuvre où il demande à Dieu pouvoir conduire le cheminement de ce rêve dans
la vie réelle, pouvoir le maîtriser. Nous voyons tout de même que souvent la nature de ce rêve
hallucinatoire est une source de souffrance énorme pour le narrateur. Il y a des éléments que
viennent régulièrement s’introduire dans ces hallucinations, souvent des éléments religieux,
sentiment de condamnation à cause d’une faute commise. Dans les hallucinations il y a
également des éléments fantastiques : il y a des hommes qui volent, des êtres qui se
métamorphosent, des couloirs, des tours, des escaliers, aussi des éléments visionnaires
relevant d’une compréhension du cosmos. Eléments usuels chez les romantiques, mais ici sont
le fruit d’une hallucination, no de l’imagination.

En même temps, c’est une prose avec une grande plastique, où il y a beaucoup des notations
sur la lumière, et c’est intéressant parce que la lumière est l’un des nuances très
caractéristiques des romantiques, l’observation de variations de la lumière. La sensibilité de
l’âme à la lumière fait partie de la sensibilité de l’âme à la nature tout à fait romantique. Il y a
aussi un registre de croyance de Nerval dans ce texte : nous avons par exemple le manietisme :
croyance pseudo scientifique de l’époque, appelé aussi mesmérisme, c’était une pratique
thérapeutique développée au XIX siècle, basée sur la croyance qu’il y a un fluide manietique
universel dont on peut faire usage.

Influence de Nerval sur Rimbaud, de même que sur Baudelaire, sur son idée de ce que doit
être la poésie.

La volonté de Nerval a été de contrôler ses sensations et actions au lieu de les succomber.
Nerval organise son récit de manière cohérente. C’est un monde changeant et il y a un aspect
du merveilleux. Ce monde est parfois un cauchemar et d’autres fois un paradis. L’exploration
de Nerval est celle d’un monde des signes. L’écriture de Nerval a aussi un autre grand thème :
la recherche du temps et la fondue des temps différents. La complexité du temps qui se plie
sur lui-même, c’est un grand thème qui va être hérité par Proust dans son livre « à la recherche
du temps perdu ».

1.6. VICTOR HUGO (1802-1885)

Sa vie est très longue et son œuvre aussi. Il se voit comme un géant et une montagne. Dans
son écriture il a été un géant. Il a été poète épique, poète satirique, romancier, historien,

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critique, auteur de théâtre, dessinateur, membre de l’Académie, Pair de France, député,
sénateur…

Politiquement, Victor Hugo fait le même trajet que le romantisme. D’abord est de droite et
chrétien et après va devenir dans le socialisme et il est proche des idées de défense du
peuple… lorsqu’il était jeune, il était aristocrate et est du côté de la restauration monarchique.
Vers 50 ans, il devient libéral. Sa vie commence à être pleine de malheur et drame personnelle.

Il était lié à l’Académie de France. Il n’a pas été ministre. Il avait des aventures amoureuses qui
lui prennent du temps.

Il est resté en exile longtemps. Il n’arrête pas d’écrire. Finalement il revient en France presque
au moment de la révolution de la commune. Il va devenir le poète officiel de la troisième
république. Il a été sénateur et député mais après renonce. Il est considéré comme le grand
poète national. Il s’agit d’une poésie attachée aux vers rimés classiques, même s’il a réussi à
délier les vers et les rendre moins étriqués, strictement mesurés, souvent à travers les
enjambements.

L’esthétique dans l’ensemble de ses œuvres : c’est un homme des contrastes et contradictions
qui s’expriment à travers des figures d’antithèses, oxymorons (le soleil noir, p.ex). Un autre
trait est la réunion des tons opposés : le grotesque (le démesure ridicule) et le sublime. Il est
capable de réunir ces deux tons différents. Il a un ton familier, intime, populaire et en même
temps épique et grandiloquent. Il est capable de parcourir des extrêmes. Il utilise le procédé
de l’amplification, il commence par un point et est capable de l’élargir. Il a un vocabulaire
riche, plein des contrastes et caractéristiquement romantique : plein d’adjectifs qui donnent
du mystère.

Du côté des idées philosophiques il faut signaler que c’est un hétérodoxe qui mélange des
croyances diverses. D’un côté, les croyances exotériques, lois et organisations secrètes. Par
exemple, il croit à la table tournante (la ouija…). D’un autre côté, il participe de certains traits
de la religion orientale, comme la réincarnation. L’univers est un continu et selon l’envie
morale de l’individu on passe à une existence postérieure. Cela détermine une morale
personnelle qui se décrit comme une possibilité de rétention universelle à travers l’amour des
autres. Il y a dans son romantisme l’idée de la charité romantique, c’est l’amour humanitaire
que les romantiques conçoivent comme moteur du monde et de la civilisation au niveau
individuel et aussi permet d’améliorer l’humanité. On doit exercer cet amour romantique aussi
bien avec les pauvres et les indignes et cet amour réussira à les rendre meilleur.

Il y a aussi des idées du christianisme, mais plus généralement sont des idées plus mythiques.
C’est une idée panthéiste.

Il faut aussi signaler d’autres caractéristiques de Victor Hugo :

o Le génie visuel : il déploie ce génie sur trois plans :

 L’observation : il est doué d’une grande capacité d’observation et dessinait des


choses qu’il avait vues. Il avait une grande capacité de précision pour fixer les
détails dans la mémoire. C’est un grand avantage pour la description réaliste
et romantique. Il retient les détails et les couleurs et nuances des objets. Il
composé les paysages en plans et divers. Il réunit en lui-même le romantique

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et aussi des capacités réalistes. Il a cohabité avec des écrivains réalistes
comme Zola ou Balzac.

 La contemplation : il découle de l’état de rêverie. L’imagination est affective et


très visuelle. Il récupère cette grande capacité d’espaces et sensations pour
son écriture. Il a un grand recueil des poèmes intitulé Les Contemplations où il
laisse vaguer l’imagination à partir d’une rêverie.

 La vision : elle donne le caractère visionnaire que nous avions attaché au


romantisme dans l’introduction. Le visionnaire c’est l’imagination d’un autre
monde au-dehors du monde réel. C’est une capacité visuel ajouté à
l’imagination d’un autre mondé. Nous avons des images fantastiques des
hallucinations. On le voit dans le poème La légende des siècles.

Certains œuvres de Victor Hugo :

1. Cromwell : c’est une pièce de théâtre qu’il a écrit dans sa jeunesse. Il est très
important la préface. Il va donner le manifeste de la révolution romantique. C’était un
romantisme monarchique et conservateur, mais c’est déjà la manifestation que la
poésie ne doit pas être complètement classique. Le romantisme présente la bataille au
classicisme. Ce sont des idées comme l’éloignement du vers classique et l’éloignement
des thèmes de la tragédie classique, même s’il n’abandonne pas les thèmes
historiques. Il remplace le mythique par l’histoire.

2. Hernani : c’est une histoire qui contient les amours entre Hernani et une femme Doña
Sol. La bataille d’Hernani c’est le soir de la première (el estreno). Les romantiques se
sont donnés rendez-vous dans la salle de théâtre. Lorsque la pièce commence, le
public, habitué à un théâtre plus classique, la refuse, et après, les romantiques
défendent la pièce de Hugo.

3. La légende des siècles : c’est une œuvre en vers d’un ton épique. Il raconte l’histoire de
l’humanité comme s’il voyait des visions terribles qui évoquent des types d’hommes
qui ont existé pendant l’histoire comme le tyran, le révolté ou le combattant. Il est
capable de se tenir ce poème qui évoque des batailles et des mouvements historiques.
C’est une œuvre qui a été très louée.

4. Notre dame de Paris et Les Misérables : ce sont des romans qui parlent du peuple de
Paris. On voit la proximité avec les pauvres, les méchants et les indignes. La première
est proche d’avantage du romanesque, alors que Les Misérables est un roman qui tient
du réalisme sans cesser d’être romantique. C’est un portrait de la misère du peuple
parisien et aussi de la France provincienne.

Le roman a des aspects d’une certaine épique du peuple par exemple au cœur de cette
révolution de 1832. Il y a l’attitude épique du peuple. Il y a un roman presque d’aventures
quand Jean Valjean traverse les égouts de Paris. Il y a aussi un roman historique lors qu’il
aborde la bataille de Waterloo. L’histoire a aussi un aspect éthique et moral important. C’est la
description d’un combat entre le bien et le mal à un niveau d’humanité, de la justice contre
l’injustice. On voit des questions politiques, Victor Hugo est tourné vers le socialisme, vers la
compression de la misère, de la force du travail…

Les Misérables c’est aussi un hymne à l’amour. On trouve tous les types d’amour qu’un
romantique peut imaginer : un amour malheureux, un amour partagé, un amour paternel,
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l’amour chrétienne (la charité). C’est aussi un livre national qui donne à la France une idée de
ce qu’elle est. La plupart du livre est écrit dans l’exil. Donc, il y a de la nostalgie. Le roman est
une grande fresque de la société et de l’âme du XIX siècle.

5. Notre Dame de Paris : c’est un roman très connu d’Hugo et c’est l’histoire de
Quasimodo et Esméralda. C’est le XV siècle, exotisme espagnol (gitane Esméralda).
L’exotisme c’est important pour le Romantisme. Esméralda plait beaucoup à
l’archidiacre de Notre-Dame, donc il veut la faire lever par Quasimodo. Esméralda est
sauvée par des archers commandés par un tel Fabus qui est très beau et dont
Esméralda se sent attirée. Ils ont un rendez-vous. Frollo tue Fabus. Esméralda est
accusée de l’assassinat. Elle ne cède pas à l’amour de Frollo et elle est condamnée à
mourir, mais à ce moment-là Quasimodo la sauve et la mène à la tour de la cathédrale.
Il espère séduire Esméralda, mais les autres gitans viennent la délivrer et Frollo profite
pour la prendre à ce moment-là. Esméralda ne cède pas à l’amour de Frollo et elle est
condamnée, donnée à une vieille féroce. Mais cette vieille reconnait dans Esméralda
sa propre fille. Donc, elle n’agresse pas Esméralda. Les autorités de la ville conduisent
Esméralda à la mort et Quasimodo, qui est désespéré, jette Frollo de la tour et il va se
laisser mourir avec le cadavre d’Esméralda, en l’embrassent. Beaucoup de
romanesque, de changement de situations. Ce romanesque plein de romantisme, des
tensions de cet amour désespéré. Le véritable amour c’est celui de Quasimodo.

LEÇON 2 : STENDHAL ET LA CONSCIENCE NARRATIVE


Stendhal est son pseudonyme. Son nom est Henri Beyle. Stendhal filtre tout à travers sa
conscience comme narrateur. Il se déguise à travers les pseudonymes et à travers les
personnages. Il se cache y se dissimule. Cette attitude est reliée avec un trait romantique : la
présence continuelle du moi. Stendhal est l’exemple du culte du moi. Il se consacre à la
connaissance de son moi. On a parlé par rapport à lii du mot égontisme. Il pense que la
connaissance de lui-même est la clé pour trouver le bonheur. Il est plein d’énergie et de
passion amoureuse et guerrier. Il est le prototype du romantique énergique, non pas
nostalgique. L’énergie module le romantisme de Stendhal et fiat que dans son écriture nous ne
trouvons pas le goût de la rêverie, c’est un style d’écriture bref et concis qu’on a associé au

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code civil napoléonien. Il est un grand admirateur de la figure de Napoléon, le modèle
énergique et pour ces romantiques qui sont dans la carrière militaire.

« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route et qui reflète tout ce qui se
passe « : à cause de cette phrase il a été associé avec le réalisme. Stendhal voulait signifier que
ce miroir reflet le réel mais d’une manière déformée.

Il ne reflète pas dans ces romans le réel avec exactitude, mais avec le besoin d’idéaliser et de
sublimer. Il est toujours un écrivain romantique.

D’un autre côté, Stendhal n’aimait pas s’attarder dans les descriptions. En général, il veut aller
très vite dans la narration. Il fuit l’enfase des écrivains romantiques. Il est rapide et concis.

Ses personnages sont très rêveurs, langoureux, passionnés, ironiques, sensibles et quelques-
uns énergiques comme lui. Le contenu de ses romans est romantique et il parle d’amour. Il
parle d’art de vivre qu’il a appelé beylisme qui consiste à la recherche de bonheur à travers
l’art, l’individualisme et le culte du moi. Il est passionné de l’Italie et de l’art. on a donné son
nom à un malaise qu’on prend quand on contemple de manière excessive l’art.

Il est né à Grenoble et il a rejoint l’armée de Bonaparte. Il entre dans la carrière militaire et va


en Italie. Il revient en France et mène une vie de bohème. Il va autrefois à la vie militaire et se
fixe à Milan où il est mêlé à des questions politiques. Il passe de la carrière militaire à la
carrière diplomatique : il devient consul et il écrit pendant tout ce temps des romans comme
« Le rouge et le noir ».

Mélange de l’expression de l’amour et l’idée de conquête, de bataille pour exprimer les


sentiments.

Il va écrire des romans mais aussi un essai sur l’amour intitulé : « De l’amour ». Stendhal
présent une théorie de l’amour mais c’est plus ample qu’une théorie romantique. Il présent la
théorie de la cristallisation qui consiste à faire la description de l’être aimé à travers une
métaphore : il est comme l’aimé est un morceau de bois qui est humide et qui a des cristaux
qui brillent. Cela rend précieux ce bois. Cette métaphore veut dire que l’amour donne l’Être
aimé d’une beauté qui ne l’appartient pas. C’est une idée d’amour courtois qui était un amour
de mérite. Stendhal va passer par la définition de tous sortes d’amour : l’amour passion,
l’amour physique, l’amour de vanité… Il va donner une grande variété à l’idée de l’amour
romantique.

L’amour romantique était essentiellement une maladie. Stendhal a eu beaucoup des femmes
mais il dit qu’il est toujours malheureux. Il a toujours besoin de la présence du sublime dans la
recherche de l’amour qu’on voit dans deux œuvres.

Stendhal écrivait sans plan préconçu. Il a deux romans achevés :

o Le rouge et le noir : il présente des cas des jeunes hommes qui ne finissent pas
assassiner leur maîtresse. Un jeune homme qui devient l’amant d’une femme mariée.
L’histoire de Julien Sorel qui devient précepteur dans la maison de Madame de Rênal.
Il est très ambitieux et intelligent et devient son amant. Julien va quitter cette maison
pour entrer dans la maison du marquis. Stendhal n’aimait pas la bourgeoise, il était
plus proche de l’aristocratie ; mais on voit les deux côtés. Il y a des histoires de
jalousie. Ce n’est pas une histoire autobiographique mais le personnage de Julien a des
ressemblances avec Stendhal. Julien est plein des contradictions, d’ambition d’un côté
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et de sensibilité d’un autre. Il y a un portrait social même si c’est un roman
essentiellement romantique.

o La chartreuse de Parme : c’est un roman écrit très rapidement en opposition avec


l’antérieur. Son personnage est un jeune noble, Fabrice et c’est un personnage plus
naïf que Julien. Il est aussi un homme entre deux femmes. Il y a toujours une femme
jeune et une femme vielle. L’idée de l’attirance par deux types des femmes est un
motif romantique. Il y a beaucoup d’aventures romanesques : emprisonnement,
évasion, lutte… beaucoup plus que dans Le rouge et le noir. Dans ce roman nous
assistons à une nouveté du point de vue de la narration : la restriction du point de vue.
C’est une constante dans l’œuvre de Stendhal et dans ce roman on le voit dans la
bataille de Waterloo. Toute la description est faite du point de vue de Fabrice de sorte
que le lecteur n’a pas accès à une compréhension totale de la bataille, seulement à la
vision du personnage. Du point de vue narratologique c’est une découverte : le roman
est une recherche narratologique autour de la condition de ce narrateur. C’est une
marque de la modernité du roman.

LEÇON 3 : BALZAC. La modernité réaliste de Balzac


On passe de l’esthétique romantique à l’esthétique réaliste. On trouve des côtés qui ne sont
pas réalistes. Le mot modernité : moderne on l’attribue premièrement à Balzac et après
l’étiquette pour la poésie de Baudelaire par exemple.

Il a fini 91 romans en 19 ans. C’est une œuvre qui se déploie en profondeur. Nous avons un
tableau de la société en passant par ces personnages qui évoluent. Les personnages se
trouvent en évolution psychologique et ne sont pas fixés à un état immobile.

Balzac voulait faire un portrait social de son époque. Il s’ouvre à la bourgeoisie et l’aristocratie.
Balzac vient d’une famille bourgeoise de Tours. Il a passé son enfance en pensions, aux
collèges sans sortis. Il s’est consacré à l’écriture. Il menait aussi des affaires, mais il avait des
dettes. Il aimait fréquenter les salons. De sa vie privée on dit qu’il a entrepris une
correspondance avec une admiratrice polonaise qui était mariée et quand elle est devenue

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veuve, ils se sont mariés, près de la mort. Il conforme une admirable explication de l’œuvre de
Balzac. Ce sont des commentaires à l’ensemble de l’œuvre de Balzac.

Donc nous sommes face à un personnage extraordinaire. Il amenait une vie assez solitaire du
point de vue affectif. Il a connu Mme Hanska, une polonaise, actrice très admirative pour lui,
mais qui était mariée. Quelques mois avant sa mort, Balzac a réussi à marier Mme Hanska. Par
contre, ceci nous a donné à nous, lecteurs, la possibilité d’avoir accès à une correspondance
entre eux dans laquelle Balzac se livrait et donnait toutes ses impressions et secrets de
créateur. La correspondance entre Balzac et Mme Hanska est essentielle pour comprendre son
œuvre.

La position de Balzac par rapport à la religion. Le romantisme jusqu’ici avait une position
complexe par rapport à la religion. Balzac a une volonté de se montrer chrétien catholique.
Après sa mort, toute l’œuvre a été inscrite à l’index librorum probitorum, l’index de livres
interdits. Premièrement, il reçoit les influences des courants illuministes de XVIII siècle, une
philosophie spiritualiste qui croit à la transmigration des âmes. Balzac a transporté ces
croyances dans l’une de ses œuvres : « Séraphida ». Ce récit donne la voix à un ange qui n’a
pas de sexe. Il a deux sexes et il va affirmer cette transcendance, transmigration des âmes et
union du visible et l’invisible. Le catholicisme n’est pas effacé de son œuvre.

« Le lis dans la vallée » : volonté de s’en tenir aux règles sociales et religieuses ; mais un fond
d’esprit romantique qui lui rend visionnaire.

Pour résumer, c’est un écrivain réaliste et aussi visionnaire. Il veut montrer la société de son
temps et s’intéresse à la montée de certaines classes sociales comme la bourgeoisie. On voit la
naissance de la classe sociale du prolétariat à partir de l’industrialisation qui provoque une
nouvelle société urbaine.

Les idées politique et monarchiques de Balzac vont être exposés dans une œuvre : « un
médecin de campagne ». On voit déjà la présence des idées de saint Simon, un socialiste
utopique.

Faire le portrait d’une société de l’argent ne veut pas dire qu’il éprouve cette société.
Monarchique qu’il était, il préfère le monde aristocrate. Il va montrer les injustices qui engage
ce pouvoir de l’argent. Balzac n’est pas un combattant avec une conscience d’oppression et de
classe, il n’est pas socialiste ; mais il est monarchique. Il se distingue à cause de cela de Zola.

Il aime le monde des aristocrates et il a un côté Rastignac. Il se documente énormément pour


écrire ses romans. Il va décrire l’Ancien Régime. L’écrivain réaliste lorsqu’il parle d’histoire il
devient historien. Il entre dans le savoir. Incapacité visuelle qui se traduit dans les descriptions.

Les objets sont très importants dans les descriptions. Quand il commence un roman, il aborde
les lieux premièrement. C’est le cadre pour après aller aux personnages et les aborder comme
des espèces d’animaux. Il va utiliser pour la description des hommes la physiognomonie
(croyance qui prétendait être une science et défendait que les caractéristiques du physique
reflètent la manière d’être des hommes) et la phrénologie (c’est une pseudoscience qui dit que
la forme du crâne donne une idée de l’intelligence de l’homme).

Balzac applique cela à la description de ses personnages. La véritable application du


naturalisme scientifique sera faite par Zola. Balzac pense que les différents milieux produisent
des types différents d’hommes. Les climats ont une influence sur la manière d’être.

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Il y a dans les romans de Balzac une certaine tendance à présenter des personnages types. Ils
incarnent une certaine passion qui embrase tous les espaces de leurs actions. La différence des
types de Molière est la modernité du roman de Balzac. Derrière l’avare de Molière on ne
reconnaît un personnage vrai. Dans le roman de Balzac d’Eugénie Grandet c’est un vrai
personnage qui peut représenter quelqu’un de réel. Il est enserré dans une situation réelle et
même s’il est toujours avare, il y a des événements qui ont une relevance psychologique.

Les personnages de Balzac se distinguent par une passion ou une conviction ou volonté et il va
passer un revue une grande partie des passions humaines reflétées dans une ambiance sociale.

o La comédie humaine : une cinquantaine des romans organisés dans une structure faite
par Balzac lui-même. Il divise en :

- L’étude des mœurs : se divise en scènes de vie privée (Le père Goriot), scènes de la
vie de province (Eugénie Grandet), scènes de la vie parisienne, scènes de la vie de
campagne (Le Médecin de Campagne et Le lis dans la vallée), scènes de la vie
politique et scènes de la vie militaire.

- Etudes philosophiques : deux romans importants La peau de chagrin et Le chef


d’œuvre inconnu.

- Etudes analytiques : Physiologie du mariage.

ŒUVRES :

- La peau de chagrin (la piel de zapa) : chagrin veut dire un type de cuir. On voit le
Balzac visionnaire. Il y a un personnage Raphaël qui est un jouer. Il perd beaucoup
d’argent et veut se suicider mais quelqu’un lui donne la peau de chagrin qui est
magique et fait réalité tous les désirs du personnage. La peau devient la santé de
Raphaël. La peau disparaît et il va mourir. La construction du roman porte un
message moral et c’est en même temps l’exposé des idées magiques et
philosophiques. L’excès du désir finira par nous détruire. C’est un mélange de
pensée ésotérique, magique, morale et philosophique.

- Le chef d’œuvre inconnu : c’est l’histoire des trois peintres qui conçoivent la
peinture de manière différente : la peinture mimétique du réel et une manière
visionnaire de peinture. Il voit dans la peinture quelque chose qui n’est pas là. Ce
peintre qui est dans ses idées finira par se suicider. Ce sont des idées du monde : le
réalisme et le visionnaire. Le troisième peintre est un témoin et est celui qui
apprend. Son œuvre est en même temps réaliste et visionnaire.

- Eugénie Grandet représente l’avarice même avec sa famille. Eugénie Grandet c’est
la passion de l’avarice. Sa fille est en train de gaspiller l’argent avec un cousin
dandy ruiné. Analyse minutieuse d’un milieu autour d’une figure qui incarne une
passion, la passion de l’avarice. Le père Grandet est un grand avare. Sa famille va
subir son avarice. Il va finir par mourir consolé par son argent et sa fille va se
contenter d’un mariage sans amour. La question cette fois c’est la manie de Balzac
pour critiquer cette société concentrée sur l’argent. C’est le roman ou Balzac fait
sa grande critique à l’argent.

- Le père Goriot :

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Les personnages ne sont pas complètement bons et complètements mauvais. il y a des
personnages qui sont des types mais il y a aussi d’autres qui sont plus nuancés et reviennent
dans d’autres romans. Vautrin a la confiance de ses amis même s’il est un criminel. Il est très
séducteur. Il séduit la patronne de la pension. Nous avons des personnages complexes. dans la
pension vit un jeune étudiant qui est très ambitieux et qui s’appelle Rastignac. Et il y a
également un personnage très énigmatique et obscur au début (puis on découvre que c’est un
assassin), Vautrin. Les deux sont là et celui qui arrive c’est le père Goriot, un marchand qui se
retire de sa maison et il va habiter à la pension. Il a deux filles qui sont bien mariées. Nous
voyons évoluer ces personnages dans la pension, nous assistons le malfaiteur ou assassin, la
noblesse… des strates différents de cette société, des strates qui sont mises en relation par
cette pension par laquelle circulent tous ces personnages. Le père Goriot aime beaucoup ses
filles et il va leur donner petit à petit tout son argent. Elles sont méchantes et elles veulent
seulement son argent. Rastignac va assister à tout cela en éprouvant une certaine pitié pour le
père Goriot et il va assister à sa mort, tandis que les filles n’assistent pas.

Le père Goriot est un personnage d’une seule pièce, mais Rastignac et Vautrin sont des
personnages complexes qui vont apparaitre dans d’autres romans de Balzac. Rastignac va
devenir amoureux de l’une des filles du père Goriot. En même temps, il y a d’autres
personnages dans la pension, une jeune fille sans un attrait particulier mais Vautrin a
découvert que cette fille est la sœur d’un jeune homme qui va hériter beaucoup d’argent.
Donc il propose à Rastignac l’affaire suivant : il va tuer le frère de cette jeune fille, elle va
hériter de tout son argent, Rastignac va séduire cette jeune fille et ils vont partager son argent.
Par ailleurs, on sait que le roman à la fin nous raconte que Rastignac va abandonner cela, il ne
va pas épouser cette jeune fille (donc complexité que réside dans le bon côté et le mauvais
côté de Rastignac, par exemple). Il refuse l’argent peut-être parce qu’il est vraiment amoureux
ou parce qu’il a encore une réserve morale. Vautrin (l’assassin) de son coté, c’est un
personnage très séduisant. Il est très amical, et en plus il s’occupe beaucoup de ses amis, il leur
fait beaucoup de faveurs. Il est entouré de personnes qui l’apprécient, mais il est un assassin.

LEÇON 4 : FLAUBERT (1821-1880)


Flaubert appartient déjà à ces romanciers qui sont des réalistes. Certains livres de Flaubert
dont Madame Bovary, contient une grande partie du romantisme.

Flaubert est reconnu comme l’un des plus préoccupés par le style. On le connaît comme un
obsédé de la forme. Il est un grand travailleur. Il a eu une vie où la maladie a fait sa présence. Il
avait une attitude de suicide que répercute dans son travail. Sartre va lui consacrer un livre à
Flaubert dont le titre est « L’idiot de la famille ». Il a une fascination par le mal, l’horrible et la
souffrance probablement à cause de sa maladie et il aimait le côté documentation qui
caractérisent les écrivains réalistes. Il a longtemps vécu avec sa mère, mais il a eu des liaisons
amoureuses avec des femmes écrivains : Louise et Georges Sand.

Il avait aussi une autre manière d’écrire plus légère qu’on voit dans les livres de voyage comme
« Le voyage en Egypte ». C’est un homme plein des contrastes. En général la critique divise ses
œuvres en :

- Œuvres d’imagination : « Salambo », « Hérodie », « Les tentatives de Saint-


Antoine ».

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- Œuvres réalistes : « Madame Bovary », « Bouvard et Pécuchet » et « L’éducation
sentimentale ».

A) Madame Bovary :

C’est un roman réaliste dans le style, mais un personnage principale romantique. Ce n’est pas
purement un personnage romantique, comme Julien Sorel. Elle n’est pas toujours dans la
pureté des sentiments. Ce n’est pas un caractère purement romantique. Le romantique n’est
pas seulement dans les sentiments. Nous avons un narrateur omniscient, mais pas toujours
objectif. C’est un narrateur qui a certaine ironie envers Madame Bovary. Il juge de manière
implicite la figure de Madame Bovary. Le narrateur est un Dieu tout puissant dans la narration,
mais qui ne se montre pas vraiment. La censure de l’époque n’a pas vu le regard ironique,
parce que Flaubert a été accusé d’outrage aux mœurs. On l’a finalement déclaré innocent,
mais l’idée derrière l’accusation est que l’auteur est responsable des attitudes de son
personnage.

Le roman réaliste veut nous dire que si le mal existe dans le monde et un roman le reflète, cela
ne veut pas dire que l’auteur soit méchant.

C’est un roman extrêmement corrigé qui n’est pas le résultat d’une effusion et d’une
inspiration romantique, mais d’un travail. Flaubert a déclaré : « Madame Bovary, c’est moi ». Il
a dit aussi : « Madame Bovary n’a rien de vrai, je n’ai rien mis de moi ni de mon existence… ». Il
peut se reconnaître parce que ce qui est décrit est tellement réaliste que le lecteur
expérimente les mêmes sensations. Flaubert est un réaliste mais on l’appelait naturaliste.

Madame Bovary raconte l’échec, c’est un règne de médiocrité. Il n’y a pas de la sympathie du
lecteur pour le personnage, tandis que dans les romans romantiques, le lecteur tend à
s’identifier. Dans Madame Bovary, on garde une distance et c’est à cause du regard du
narrateur à vis de son personnage. Le roman a été condamné à l’époque et comme tous les
romans de Flaubert, ils ont été tous en échec.

Ceci est en rapport avec son style d’écriture : la conception du temps chez Flaubert est très
nuancée, système temporel qu’on peut décrire de la manière suivante :

- Temps de narration normal au passé simple où l’on évoque les évènements.

- Temps de répétition (descriptions d’habitudes, actions répétitives etc.) qui se passe à


l’imparfait.

- Temps presque suspendu, une sorte de temps immobile où disparait l’action (présent
de l’Indicatif, temps du narrateur, temps où s’exprime le narrateur).

- Temps de la rêverie des personnages (le narrateur adhère à ses personnages et nous
transmet ses pensées au moyen de ce qu’on appele le style indirect libre, en imparfait
aussi). Style indirect libre (élision de « el personaje pensaba que…). Style indirect libre
qui est très caractéristique du style de Flaubert, c’est justement cette utilisation du
style indirect libre qui suspend l’action et nous donne la sensation qu’il ne se passe
rien, parce que nous entrons dans la tête des personnages pas dans ses actes.

B) Salammbô

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C’est un roman court qui a un ton épique. Ce n’est pas un roman historique mais il a beaucoup
des détails, de la richesse des lieux… C’est une fresque où les personnages ne se détachent pas
dans un premier plan. Beaucoup des personnages, beaucoup des couleurs… C’est aussi en
échec. C’est un jeu esthétique qui cherche l’excès. Peu d’action.

Il faut signaler l’usage des temps verbaux pour réussir à arrêter l’action. Il utilise l’imparfait
presque pour toute la narration. Cela veut dire que ces événements ont eu une continuité dans
le passé. Il y a un autre exemple de l’imparfait dans Flaubert : le style indirect libre. La parole
est retenue par le narrateur. Cela fait qu’on entre dans la pensée du personnage et cela donne
la sensation que le narrateur observe le personnage et comme s’il y ait un arrêt de la
narration. Flaubert immobilise l’action sans laisser la narration à la troisième personne du
singulier.

C) Contes

Il écrit aussi trois contes : « Un cœur simple », « La légende de Saint-Julien » et « Hérodie ».

Le 1er : une femme extrêmement simple qui s’accommode à moins d’affection. Elle finit par
n’être en relation qu’avec un perroquet. Elle est toujours bonne et heureuse réduite au
minimum.

2ème : veine des récits de la question de la religion et de la morale religieuse : la générosité


envers les pauvres. Les tentations de Saint Antoine est aussi une référence à la morale
religieuse.

3ème : c’est le thème de l’étude antique, l’histoire de Salomé et Hérodie. C’est une histoire
biblique. Salomé (Herodie) demande la tête de Jean Baptiste. Ce jeune fil qui demande
Herodes son beau-père qu’en échange de sa danse elle demande la tête de Saint Jean car elle
est attirée par St. Jean et il la refuse et elle veut se venger.

D) L’éducation sentimentale

Bachelier qui fait la connaissance d’un couple et tombe amoureux de la femme. Contraste
entre le luxe et la pauvreté. Il finit par se lier avec une coquette. Le roman a des ressemblances
avec Le rouge et le noir. C’est le même schéma : jeune homme qui tombe amoureux d’une
femme mariée qui lui correspond mais leur relation est impossible. C’est aussi le même
schéma que Le lys dans la vallée de Balzac. Ce schéma de relation est fondamental dans la
relation romantique : s’établit l’interdit et l’impossible. Il décrit ses passions comme
malheureuses. Nous avons de nouveau un thème romantique dans un écrivain réaliste. C’est
une histoire immobilisée dans le temps tandis que dans Le rouge et le noir, il y a beaucoup
d’action. Ecoulement du temps que passe et le jeune homme qui est comme un spectateur de
ce qui lui arrive tandis que le personnage de Julien est très combattant. Ce sont deux portraits
de la personnalité romantique et deux manières de narrer. Ce roman a été aussi en échec.

E) Bouvard et Pécuchet

C’est une encyclopédie de savoir scientifique déguisée en roman. C’est plein d’humour et
ironie. Toutes les applications de science sont en échec à l’intérieur du roman. Ce sont deux
amis qui aiment le positivisme et l’expérimentation des sciences. Au XIX siècle il y a un
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développement scientifique qui passe par l’expérimentation. Il a une attitude ironique à vis du
naturalisme. Pour écrire ce roman il a dû se documenter. C’est une attitude ambivalente :
grand respect pour la science et regard ironique et critique dans l’expérimentation en sciences.

Ce couple se penche à chaque fois dans une science différente : chimie, anatomie, physiologie,
astronomie, géologie…

Deux messieurs s’associent pour mener une étude de comment pourrait être l’application au
monde de cette sorte de traité de sciences, mais c’est toujours l’échec, dans ce cas-ci, l’échec
scientifique.

Le regard ironique de Flaubert dans ce roman consiste à la considération au pied de la lettre de


la science finit en absurdité. Le positivisme donc est mis en question. Ton comique, et grand
parcours de toutes les sciences.

Flaubert se retrouve lui-même dans sa création, car il dit : « Madame Bovary, c’est moi ». C’est
une question du style, et non pas une question sentimentale, car il ne parle pas du
personnage, mais de l’œuvre, de son écriture.

LEÇON 5 : LE NATURALISME. ZOLA ET LE ROMAN EXPERIMÉNTAL


Zola (1840- 1902) : Il est un écrivain naturaliste. C’est quelqu’un qui suit une doctrine
naturaliste. On peut parler d’une école naturaliste du roman. Il y a d’autres naturalistes
comme Huysmans et Maupassant. Le naturalisme est un réalisme scientifique. Comme le
réalisme, le naturalisme prend les faits dans la nature. Il va les étudier en agissant sur eux par
les modifications des circonstances et des lieux. On modifie les conditions et on voit réagir les
événements appris dans le réel.

Il dit : « je ne veux pas peindre la société contemporaine, amis une seule famille ». ll prend une
famille de cinq générations : la famille Les Rougon- Macquart et raconte son histoire dans vingt
romans. Dans cette famille il y a une tare héréditaire. Il veut développer le climat des
conditions qui sont présents dans les personnages. Il veut étudier la nature humaine et
comment se développe en fonction des circonstances. Il a exposé cette théorie dans un roman
« Le roman expérimental ». Cette idée du roman expérimental est en relation avec l’œuvre
d’une physiologie qui s’appelle Claude Bernard dans un livre « Introduction à la médecine
expérimental ». Ils ont l’influence des scientifiques comme Taine, Comte et Darwin.

C’est l’étude d’une famille avec qui expérimenté. C’est une famille qui vit dans la période du
Seconde Empire.

C’est un homme de famille humble qui a dû travailler. Il va devenir directeur publicitaire. C’est
un homme engagé politiquement. Il s’intéresse à la photographie qui permet de saisir

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exactement le réel. Zola va avoir un côté visionnaire qui se manifeste dans la précision
scientifique du roman.

Influences de Zola avant d’être le chef de l’école naturaliste : il a reçu des influences du
romantisme qui était la tendance plus forte. Il participe du culte du moi, de la production
lyrique… Il va publier un roman : Thérèse Raquin qui accentue énormément les réactions
physiologiques face à la passion, au désir et qui décrit les personnages à un niveau de réaction
physique très forte. Cela s’écarte du romantisme. Ce sont des personnages dominés par leurs
pulsions, leurs envies… ce sont des personnages énergiques du côté de la volonté. Ces traits
sont le début de la manière naturaliste d’écrire. Le naturalisme va considérer les personnages
dans les réactions physiologiques plutôt que psychologiques.

Le modèle du roman expérimental est Claude Bernard. Il y a une tendance de la littérature de


s’associer à la méthode positiviste. Il y a une volonté du romancier d’intervenir sur les
personnages, il choisit certains personnages pour les faire évoluer.

Il y a la loi de l’hérité (ne pas confondre avec l’héritage). C’est ce qui se transmet à travers les
gênes. Zola utilise cette loi pour voir comment un même trait inscrit dans la biologie d’une
famille peut donner des résultats différents dans certains personnages et dans d’autres. Le
milieu va modifier la nature de cette hérédité : les conditions économiques, les conditions du
travail… c’est un regard sur l’être humain qui est en accord avec la pensée logique du
positivisme de l’époque.

C’est la période du Seconde Empire. C’est une époque très trouble et la population connaît les
misères de l’industrialisation montante et la classe bourgeoise se développe aussi. C’est une
époque apte pour voir les différences sociales qu’on voit dans les contextes qui font réagir les
personnages d’une manière ou d’une autre.

Cette attitude du naturalisme a été à l’époque d’un œil suspect et méprisant. Il y avait des
caricatures dans les journaux. Ils accusent Zola de simplisme et vulgarité. Ce mépris se
prolonge pendant du le XX siècle.

Zola était quelqu’un matérialiste, laïque et républicain. Il respecte la nature au point de la


mettre par-dessus la morale de l’époque. Il voulait faire cohabiter les deux femmes qu’il
aimait. Faire des enfants était essentiel pour la vie. Il avait des positions combattantes. Il a eu
l’affaire Dreyfus. Il a écrit un article intitulé « J’accuse ». BUSCAR. Il s’est exilé en Angleterre.
Après il est revenu et il est mort par asphyxie. Il y a des soupçons qu’il a été assassiné. C’est
quelqu’un engagé (même si l’étiquette n’existait pas).

Dans la pensée politique et sociale de Zola, la nature est très importante et aussi la terre. De
même que la nature c’est le lieu commun de l’homme, le premier principe. Zola qui est laïque
a écrit quatre évangiles pour remplacer les évangiles religieux. Ils s’intitulent : Fécondité,
Travail, Justice et Vérité. Il est près du mouvement socialiste. Cette importance de la terre se
montre dans d’autres romans : La terre et Le docteur Pascual.

Œuvres :

- Germinal : les travailleurs des mines s’organisent pour une grève et cela montre le
pouvoir du proletariat.

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- L’assomoir : histoire de la misère qui fait grandir la dépendance de l’alcool.
L’alcoolisme comme tare familial et aussi dans le contexte de la misère et
accompagné de la prostitution et la mort.

- Le ventre de Paris : raconte la vie urbaine à côté du commerce : le marché central


de Paris.

- Naná : une fille qui devient une cocotte, une prostitue.

- Au bonheur des dames : nom des magasins qui s’ouvrent à Paris.

- La bête humaine : histoire sur la locomotive qui est nommé comme une bête
humaine.

Tout ce naturalisme de Zola est recouvert et accompagné d’un style d’écriture qui n’est pas
seulement dans la précision descriptive. Zola ajoute un côté visionnaire. Dans sa description il
y a certains aspects de l’épopée, du peuple de Paris et de la masse travailleuse. Cette épopée
est traversée de forme symbolique et les descriptions sont souvent de mouvement, de
couleur, soulignent des détails symboliques qui prennent un sens spécial. La critique trouve
qu’il y a un aspect du réalisme qui devient symbolique. Il décrit la déchéance de cette famille
par l’alcool comme une inondation. Il prend des couleurs vives lorsqu’il veut signaler la
violence.

Il a été attiré par la photographie et par la peinture impressionniste. Zola utilise les petites
touches réalistes pour donner une sensation qui dépassent le réalisme et deviennent
symboliques par cela. Il faut voir les descriptions comme un tableau.

Il n’a pas toujours apprécié comme écrivain à cause des raisons politiques, réticences au
scyntificisme de son œuvre. Maintenant la critique l’apprécie beaucoup. Il n’est pas très forte
dans le registre psychologique mais il le remplace par la force descriptive.

L’ensemble des œuvres de Zola s’appelle Les Rougon-Macquart, qui est le nom d’une famille. Il
voulait étudier une famille à travers cinq générations successives, on suit donc l’évolution des
personnages de cette famille tout au long de ses œuvres : Le ventre de Paris, L’Assomoir, La
bête humaine, etc. Déjà dans ces titres on voit une personnification des endroits, la
personnification des objets et des lieux. Il a été influencé par Balzac mais il voulait montrer
clairement sa différence avec lui. L’ensemble des œuvres de Les Rougon-Macquart visent
introduire des mouvements puissants ou des situations puissantes et symboliques en elles-
mêmes. Dans L’Assomoir, c’est la tare de l’alcoolisme hérité, dans La bête humaine c’est le
chemin de fer qui symbole du progrès de l’humanité, au bonheur des dames c’est le nouveau
capitalisme des grandes villes… symbolisme donc.

Les vues de Zola sont très proches du socialisme de l’époque, même dans son domaine privée
il a pu se rapprocher d’attitudes qui coquaient un peu la société bourgeoise bienpensante de
son temps.

Un aspect qui n’est pas connu de Zola mais qui est moins perçu a première vue : c’est que son
écriture dans toutes les sources naturalistes porte en elle-même des aspects symboliques. Il y
a un penchant vers le symbolisme que l’on remarque souvent dans l’œuvre de Zola. Il faut
savoir que Zola dans la première partie de sa carrière littéraire, il avait plutôt des formes qui se
rapprochaient du Romantisme. Aspects :

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- Les descriptions : toujours très chargées de contrastes de couleurs de traits soulignés
qui sont des sortes des métonymies d’une attitude de ce qui est décrit. Concernent
notamment les masses populaires, les attitudes agressives. Nous pouvons reconnaitre
là une manière de choisir la métonymie qui relève du symbole.

- Élan que prend la description et qui dépasse les espaces particuliers ou elle est inscrite
pour atteindre à des niveaux universels, cosmiques. Donc une portée amplifiante, un
peu rappelant ce procédé d’amplification cher au V. Hugo, donc au Romantisme.

L’affaire Dreyfus : un conflit social et politique majeur de la Troisième République survenu à la


fin du XIX siècle, autour de l’accusation de trahison faite au capitaine Alfred Dreyfus, français
d’origine alsacienne et de confession juive, qui sera finalement innocenté. Il était prouvé que
le coupable était un autre. Zola intervient (J’accuse… !) et c’est lui qui est condamné.
Finalement il est acquitté, mais il se senti menacé à tel point qu’i s’a exilé en Angleterre. Mort
de Zola : suite à une asphyxie par un gaz survenue durant la nuit précédant la mort, issue
d'émanations toxiques produites par sa cheminée Il y a des hypothèses par rapport à sa mort :
hypothèses d’assassinat.

Zola est un écrivain injustement méprisé. Mais on le comprend parce qu’il était franchement
engagé, progressiste pour son époque, éveilleurs de consciences et la critique littéraire de
temps en temps devient trop conservatrice.

THÈME VI : Du Parnasse à Baudelaire, l’esthétique de la poésie moderne


LE PARNASSE

Groupe de poètes qui écrivent dans le même temps que Baudelaire, dans ce XIX siècle centrale
et qui écrivent en même temps que les romantiques donc, mais qui se distinguent des
romantiques.

Les parnassiens ils n’ont pas un chef de fil mais il y a des personnalités très soulignés :
Théodore de Banville et Leconte de Lisle. Ces poètes parnassiens se distinguent par un refus de
la subjectivité. Ils s’opposent clairement aux romantiques. L’expression de sentiments des
romantiques ne leur convient pas, ils pensent que la poésie n’a rien à voir avec cela. Il ne faut
pas non plus que la poésie sert à quelque chose, parce que tout ce qui est utile révèle un
besoin et tout ce qui signifie besoin est laid. L’utile, alors, n’est pas conforme la beauté, la
beauté de l’être inutile donc. Les parnassiens pensent à une esthétique de l’art pour l’art.

Avec quoi font-ils de la poésie ? Les thèmes qui sont érudits, qui sont loin du quotidien et loin
du « moi ». Thèmes tels que la philologie, les sciences humaines donc. L’art, l’histoire de l’art,
l’histoire des religions et ses idées abstraites…. Tout cela leur convient et bien sûr la
philosophie. Sont des poètes assez froids.

Leur défie en poésie : à faire beau. Ils pensent que cette beauté doit être froide et donc elle va
résider dans la forme. Dans le cas de Leconte et de Lisle. Nous pouvons ajouter une peinte
exotique, parce qu’il est né à la Réunion, aspects exotiques du paysage lui donnent un
caractère particulier.

Du Bellay et Ronsard, les grands représentants de La Pléiade. Ces poètes se distinguent


justement pour une adoration de la forme toute particulière. Ils ont emprunté des formes

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rhétoriques à la poésie italienne, pétrarquiste et à l’Antiquité. Ils écrivent essentiellement des
odes et des sonnets. Theodore de Banville est quelqu’un qui revient à ces formes strophiques.
Il va écrire des Odes funambulesques. Aussi Stalactite, ce titre donne bien le caractère de la
forme poétique de Théodore, une stalactite est un travail de précision dans la nature.

Les parnassiens par cette froideur qui caractérise son esthétique ne sont pas aimés de tous.
Baudelaire va les aimer et d’ailleurs son idée de la beauté sublime, beauté qu’on ne peut pas
atteindre c’est celle des parnassiens aussi. Donc, Baudelaire hérité des parnassiens même s’il
est plus complexe. Ils vont être appréciés de Mallarmé, qui va apprécier son travail sur la
forme, mais ils ne seront pas aimés de tous les poètes qui apprécient la forme.

BAUDELAIRE (1821-1867)

C’est une vie pleine des substances toxiques. C’est le poète le plus reconnu de la littérature
française moderne. On l’appelle le poète de la vie moderne. C’est un poète que n’a pas été
apprécié que de la postérité. Il est l’énonciateur du symbolisme et surréalisme au XX siècle.

Du côté de la famille, sa mère va se remarier et son beau-père va être un militaire, il va être


contre son père. Il se sent exclus de l’amour de sa mère. Il va commencer des études à la
faculté de droit. Il va se mette en contact avec la poésie romantique et il va garder certains
traits ; mais il n’est pas un poète romantique.

Parmi les poètes il va fréquenter aussi les poètes du parnasse. Ils sont pour la théorie de l’art
pour l’art. L’art se sépare de toute utilité et ils disaient que la poésie devait parler des thèmes
plutôt abstraits. Les thèmes étaient la philosophie, la religion… Ils se sont mis à travailler la
forme des poèmes. Les parnasses travaillent les poèmes avec des formes fixes et des strophes
comme les sonnets.

Dans la poésie de Baudelaire on trouve une poésie très travaillée : la rime, les strophes…
Certains parnassiens sont Gautier, Lecomte de Lisle. Baudelaire annonce le symbolisme qui va
être pratiqué par Mallarmé, Verlaine et Rimbaud.

Baudelaire a d’autres influences mineures. L’une, que l’on pourrait qualifier d’exotique c’est
qu’il est passé par l’île de la Réunion lui aussi. Exubérance de la nature que lui a marquée
tellement. Lui qui est un poète urbain de la ville de Paris tout d’un coup il a découvert ce
paysage et ces femmes exotiques.

Il a essayé de se suicider et il n’a pas réussi. Il a commencé à mener une vie oisive : il avait
l’héritage de son père, il avait de l’argent… Mais l’argent diminuait et il a commencé à écrire la
critique de l’art. Nous avons quelques volumes de ce qu’il appelait Salons, ou il expose des
idées sur l’art. Une influence définitive c’est celle d’Edgar Allan Poe, plus que les récits c’est la
poésie et la théorie de l’art de Poe. Le Corbeau, poème central de la poésie moderne en
anglais. Baudelaire a connu le poème et il a appris l’anglais rien que pour traduire à Poe. À la
fin de sa vie il avait traduit 5 volumes de Poe. Baudelaire partageait ses idées de la poétique
avec Poe, notamment l’idée qu’il y a une autre réalité au-delà du déchiffrable. Il faut déchiffrer
l’au-delà sans la raison. On a appelé cette position esthétique « surnaturalisme », mais bien
évidemment c’est une étiquette qui prête à confusion.

Baudelaire apprécie bien Nerval, c’est compréhensible. Il est ami de Nerval, de Gautier, etc. Il
écrit des textes d’art, le refus du réalisme (Puisque réalisme il y a…), des textes autour de la
23
drogue (Du vin et du haschisch). Il va publier seulement en 1857 Les Fleurs du mal, son grand
livre. Ce grand livre a été refusé, et il va être condamné pour délit d’outrage à la morale.
Amande pour cela. Baudelaire était assez soucieux de l’argent, il a décidé donc qu’il
découperait ce qu’il fallait couper. Donc premièrement Les Fleurs du mal ont été connues sous
une forme censurée.

Il a continué à écrire. Les paradis artificiels, L’Art romantique (recueil d’articles d’art). Il était
souvent envahi d’un sentiment d’impuissance qu’arrêtait sa production littéraire. Une année
avant sa mort : Les épaves, sa dernière poésie puisqu’en 1867 il meurt. Vie pleine de spleen
d’un côté et d’idéal de l’autre.

Baudelaire est un poète qui, parmi les caractéristiques qu’il garde du romantisme, on garde
l’approche au satanisme, aux figures obscures du mal. C’est un poète qui corrige énormément
ses textes et met longtemps à les finir. Baudelaire commence à mener une vie entourée des
drogues et mène la vie de bohème. La famille l’envoie à la Région. Ce voyage va lui donner le
contact avec un paysage très important dans sa poésie : présence de la jouissance des sens.

Après il revient en France et reçoit l’héritage de son père décédé. Il passe à une vie de
dandysme, une vie plus luxueuse, plein des plaisirs qu’il appelle le paradis artificiel où il y a
évidemment des drogues. La vie de bohème est plutôt misérable, mais le dandy profite de
l’argent et refuse les usages de la société et se réfugie aux marges de la société. Il a un certain
status social. Il va tenter de se suicider, mais il écrit. Il va entrer en contact avec la littérature
d’Edgar Allan Poe. Il est même le modèle de la poésie moderne. Baudelaire va apprendre de
l’anglais et va traduire son œuvre toute sa vie. L’idée centrale qu’il retient c’est qu’il y a une
réalité qui est indéchiffrable. La poésie devient un langage dans lequel les mots ne signifient
pas le même que dans le langage quotidien. C’est l’idée que la poésie moderne nomme « vise
autre chose ».

Ses publications sont inscrites dans le paradis artificiel. C’est une critique d’art de peinture et
aussi de littérature. Il a des textes théoriques comme Puisque réalisme il y a. il va vers ce que la
réalité cache derrière elle, tout le contraire que le réalisme.

En 1957, il va publier Les fleurs du mal. Il a écrit entre temps L’art romantique ou L’esthétique
romantique. Il voit ses œuvres condamnés pour outrage aux mœurs. Il doit éliminer certains
poèmes de ses textes parce qu’ils trouvaient qu’ils étaient scandaleux. C’était un homme
préoccupé par l’argent et sa survie.

Une autre œuvre est Spleen de Paris : petit poème en prose. Entre Les fleurs du mal et celle-ci,
il y a une grande distance poétique. Pour la première fois, apparait la considération de la
poésie comme non versale. Baudelaire a un pied sur le vieux style et un autre entre la poésie
moderne. C’est lui qui fait le passage.

Il est tout le temps dans la misère. Le dernier recueil des poèmes s’intitule Les épaves (los
despojos). Une année après il va mourir. Sa santé s’aggrave de plus en plus par la syphilis et
l’alcoolisme. Sa fin est terrible.

Poète de la vie moderne, pourquoi ? c’est le premier qui s’intéresse au paysage urbain. Il
connaît les villes modernes qui se développent après l’industrialisation et il s’intéresse
poétiquement. Il est le poète flâneur (paseante). Il se mélange à la foule et observe les
personnages. Il épreuve la ville comme un lieu de malheur. C’est le contact moderne avec les
autres. Ceci est étudié par un philosophe appelé Benjamin …

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Son regard montre son aliénation. Il se sent vide et anonyme face aux autres. La foule c’est
l’expression de l’ivresse humaine : excès des personnes, de bruit et de mouvement. A travers
la physionomie des personnes qu’il rencontre, il essai de deviner leur caractère. Ce regard sur
l’entourage devient une source de terreur. Les figures de la ville font parfois peur, mais attirent
le flâneur.

A travers Les fleurs du mal, on peut distinguer un recueil des figures qui sont comme des héros
nouveaux qu’on ne pouvait localiser avant dans la poésie romantique. Ce sont des héros tel
que les miséreux, les prostitués, ceux qui sont en marge de la société, les dandys, les
bohémiens, les gitans, les lesbiennes, les assassins, les voleurs… Il y a un héroïsme de la société
en marge. Ils rompent l’ordre social. Baudelaire est un observateur de tout cela.

Deux modèles de femme :

- La femme naturelle : elle est en contact avec la nature. Elle se divise en deux types
des femmes :

 La nature innocente, près de l’enfance. Elle est douce. C’est le modèle de


la mère ou de la jeune fille..

 Le modèle de la femme sexuelle, de la femme monstrueuse, prostituée…

Ces modèles amplifient le modèle romantique. La femme mostruese n’existait


pas avant.

- La femme artificielle : sensuelle, raphinée, maquillée.

6.1. LES FLEURS DU MAL

Ce titre représente de manière très précise la structure. Le livre se divise en cinq parties. Le
premier c’est une longue exposition de la dualité dans lequel se trouve le sujet poétique
« Spleen et idéal ». Il se trouve la figure de la beauté, de l’art, se situe plus dans le côté de
l’idéal. Il y a cet aspect double de l’âme qui était déjà chez les romantiques. Cette première
partie parcourt ces deux aspects qui bousculent l’artiste de la dépression à l’inspiration.

Walter Benjamin disait que ces deux aspects n’étaient que deux faces d’un même être et que
chacun emmenait à l’autre. L’homme épreuve l’attirance de l’idéal et aussi du mal qui lui lance
dans le spleen.

Le livre se lance dans une exploration de cinq étapes de l’interdit, l’exclu et des manières
d’échapper au spleen.

1ère partie : tableau parisien : c’est la figure du flâneur, celui qui tourne vers la foule. Il pratique
la charité romantique. Le poète comprend qu’entrer dans la foule avec la charité ne lui sauvera
pas du spleen.

2ème partie – Le vin : c’est la tentative du paradis artificiel. Il cherche une manière d’échapper
au spleen.

3ème partie – Les fleurs du mal : c’est la tentative d’échapper au spleen à travers la débouche,
le désir sexuel démesuré.

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4ème partie – La révolte : c’est la tentative des blasphèmes, qui refusent Dieu. Ce sont des
figures qui se sont affronté à Dieu. L’une est Satan.

5ème partie- la mort : c’est le choix de l’inconnu. S’il y a un salut, de la renaissance. C’est une
exploration des possibilités.

Baudelaire fréquente des cercles de l’enfer et essaie de remédier ce sentiment de l’ennui qui
lui cause le spleen. Les fleurs du mal c’est une métaphore pour nommer ces manifestations où
le mal éclos. On voit la religion même si c’est à l’envers : l’enfer, Satan…

C’est une œuvre où se déploie la théorie des correspondances de Baudelaire. Elle veut dire
que tout ce qu’on perçoit par les sens entre en correspondance avec un autre sens. Quand on
évoque un son en poésie, on voit apparaître un couleur. C’est l’idée de la synesthésie. Il dit que
les sons et les parfums se répondent. Elles sont des correspondances horizontales, entre les
sens.

Il y a un autre type de correspondances : entre le monde sensible et monde des idées. Elles ne
sont pas explicites. La poésie se fait à partir des symboles. Il y a des symboles dans notre
culture. La création des symboles se fait à travers de l’intellectuel et l’spirituel.

Baudelaire hérite du romantisme l’oxymoron.

LE SYMBOLISME (chez Baudelaire)

Baudelaire n’est pas complètement symboliste. La poésie ne réside pas dans les qualités
conceptuelles du langage (le sens), la poésie symbolique et moderne repose sur l’idée que le
langage en poésie vaut pour ses qualités tonales et rythmiques, musicales. Dans la prosodie,
donc (De la musique avant toute chose, Verlaine).

Donc, la poésie est moins musicale que la musique, mais elle est un chemin vers la musique.
Tout cela jusqu’à tel point que dans la poésie du XXe siècle les idées, le sens disparaissent.
Tendance du langage vers la musique.

Sentiment d’écart des symbolistes par rapport au grand public, parce qu’ils ne sont pas
habitués à cela : comprendre n’est plus un mot qui corresponde à la poésie. « Art pour l’art »,
l’art n’est plus utile. La poésie ne sert pas à réfléchir, la substance de la poésie est musicale.
D’ailleurs, la musique a la possibilité d’être simultanée et la poésie cherche à donner plusieurs
sens (physiques et de signification) à la fois. Quoi d’autre sont les correspondances et la
synesthésie ? Grâce à cela on peut séparer la poésie de la forme versal (prose poétique, Le
Spleen de Paris). À partir de cela, les vers ne sont pas mesurés, libération du vers. Les strophes
classiques tiennent aussi de la musique, mais on n’est plus dans ce langage trop univoque.

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THÈME VII : Malditisme et symbolisme. Rimbaud, Verlaine, Mallarmé
SYMBOLISME

Dans son Art esthétique, Verlaine disait que la musique était avant autre chose. La poésie doit
être de la musique avant autre chose. Le symbolisme choisit de rapprocher la poésie de la
musique. Le symbolisme considère que la musique était un art supérieur à la poésie. Les
éléments de la musique peuvent se produire de manière simultanée. Le symbolisme veut dire
beaucoup des choses en même temps et le sens unique du mot n’est pas suffisant pour eux. Ils
préfèrent que le sens ne soit pas claire du tout et préfèrent que plusieurs sens apparaissent en
même temps.

Le symbolisme veut que le mot qui se présente dans le poème ne soit pas compris d’un seul
sens, mais qu’il reste ouvert. Il utilise la sonorité pour créer des sons à l’intérieur du poème. Le
langage n’est pas utilisé d’une façon dénotative. La compréhension directe n’est pas son
objectif. Il faut faire fonctionner le langage comme de la musique. Ils cherchent à Être saisis à
travers une lecture poétique.

Les symbolistes vont récupérer les correspondances de Baudelaire. Un symbole est l’union
entre une idée abstraite et une image chargée de l’exprimer. Abstrait + concret. C’est aussi
l’idée des correspondances de Baudelaire. Le symbole a un aspect très sensible, mais il y a
aussi une opération d’imagination, ce n’est pas raisonnée, il n’y a pas une relation cause-effet.
Le symbole peut être arbitraire. Les symboles rendent parfois très hermétique la lecture des
poèmes.

Mallarmé est le théoricien du symbolisme. Il a d’abord été rattaché à l’esthétique décadente,


mais il devient ensuite symboliste, surtout dans son œuvre Prose pour des Esseintes. Cette
œuvre commence avec le mot « hyperbole », mais il ne faut pas le comprendre dans le sens «
exagération », sinon dans le sens étymologique : c’est le passage du monde sensible au monde
des idées. Le symbole est un établissement de correspondance verticale entre les deux
mondes. Nous sommes donc face à un certain idéalisme avec ce symbolisme, mais il faut
distinguer le symbole de toute autre figure rhétorique, comme c’est le cas de la métaphore.
Avec la métaphore on établit des relations entre des choses et des idées à cause d’une
ressemblance dictée par les sens, il y a une ressemblance même subjective. Alors que les
symboles ne reposent pas sur cette ressemblance, il est beaucoup plus hermétique.

Le symbole n’a pas une relation naturelle avec ce qu’il symbolise, il n’a aucune relation
instinctive par la ressemblance. C’est une relation intellectualisée, qui passe par l’intellect.
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Pour les comprendre il faut comprendre un certain langage. Le symbole c’est la capacité de
réunir le signe avec la signification. Ceci serait transmis à l’intérieur du langage poétique et
donc la poésie symboliste repose sur une capacité particulière du langage qui consiste en la
création de symboles nouveaux. Les mots seraient travaillés pour faire venir d’autres idées. Au
Moyen Âge il y avait beaucoup de symboles, mais le symbole on le retrouve également dans le
Romantisme, chez Baudelaire, etc.

Le symbolisme en lui-même est une tendance de l’art qui s’est concrétisée, qui a pris un poids
spécial. On ne doit pas nommer les choses directement, car cela supprime la jouissance du
poème. Le symbole sert donc à évoquer ce qui est symbolisé et les objets qui se présentent
dans le poème doivent se présenter petit à petit pour arriver à évoquer l’idée. Mallarmé très
souvent dans ses poèmes évoque des objets petit à petit, dans des circonstances particulières.
Il y a dans le symbole un mélange de sensibilité mais aussi une intellectualisation, et donc nous
pouvons le distinguer de la métaphore. C’est pour cela que la poésie symboliste est plus
hermétique, plus difficile à comprendre que d’autres poésies.

VERLAINE : un poète maudit (1844-1896)


Il a écrit un poème intitulé « un poète maudit ». C’est celui qui n’est pas compris et qui mène
une vie difficile. Verlaine a été d’un part très admiré, mais d’une autre part, rejeté. Il est aussi
très admiré par les jeunes symbolistes. Il est un poète laissé à l’écart. On l’accuse de mièvrerie
(trop délicat).

Il a épousé une jeune fille. Il commence par recevoir une influence romantique et du
parnasianisme. Il connaît Rimbaud avec qui il a une relation qui scandalise toute la société. Il a
eu aussi un enfant avec cette jeune fille. Un jour, Verlaine et Rimbaud disputent et Verlaine
tire un coup sur Rimbaud. Verlaine est condamné en prison.

Sa poésie montre la débouche d’un côté et d’un autre le désir de retourner à la religion. Il défie
la société et la poésie à la fois. Le parcours de ses œuvres a un parallélisme avec sa vie. Il
commence avec Poèmes saturniens, influencé de Baudelaire. Le deuxième recueil est Fêtes
galantes.

Il va publier un essai sur Baudelaire et sa poésie va tourner vers le symbolisme. Les poèmes
parnassiens sont précis dans les descriptions. Les poèmes symbolistes veulent signaler ce qui
se trouve caché derrière cette réalité, des choses qui ne sont pas visibles et qui ne peuvent pas
se nommer directement. Verlaine se trouve entre le parnasianisme et le symbolisme. Il utilise
des recours qui ont trait au ton. Il utilise un lyrisme colloquial, une manière de transformer le
poème en conversation intime. Il va introduire des signes de conversation dans les poèmes. Il
utilise des pléonasmes, des répétitions, des allusions… Mallarmé est le grand théoricien du
symbolisme.

Un autre recueil est La bonne Chanson. C’est le premier où Verlaine se sert de la poésie pour
arranger les choses dans sa vie personnelle. Il veut épouser cette jeune fille, Mathilde Motté.
C’est une idée de l’amour stéréotype.

Le recueil suivant est Romances sans paroles. C’est son œuvre principale et se correspond avec
sa période avec Rimbaud. C’est le reflet de cette vie de scandale avec lui, mais traduite à
travers le paysage. On est en plein esthétique symboliste accompagné avec ce ton de

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conversation et de spleen, la présence de la langueur, la nostalgie incertaine, la mélancolie. Il
est la victime de son amour.

Le recueil suivant s’intitule Sagesse. Il est entré dans le repentir et la conversion. C’est recueil
lui sert à se rejeter aux yeux de la société de son époque. Il se présente comme quelqu’un qui
revient au christianisme. C’est une religion très stéréotypée, pleine de manifestations
populaires, des rites… Les autres recueils sont Jadis et Naguère. Ces mots veulent dire antaño.
Et un autre Parallèlement. Ce sont des personnages rejetés et admirés.

MALLARMÉ (1842- 1898) :

Il est le théoricien du symbolisme. Ils trouvent que dans ces vers Mallarmé était tellement
excessive et théorique. Il a lu à Baudelaire et comme lui a traduit à Poe. Il commence à
travailler un drame lyrique qu’il appelle Hérodiade (histoire de Salomé). Cette œuvre il la
continue jusqu’à sa mort. Il va mener à l’extrême sa conviction poétique : il ne faut pas peintre
la chose, mais l’effet qu’elle produit. On ne doit pas présenter les choses directement, mais ses
effets.

Mallarmé est le revers de Rimbaud dans sa biographie. La biographie de Rimbaud a engendré


un mythe. Mallarmé était professeur d’anglais qui a mené une petite vie, dans laquelle sa plus
grande aventure était la poésie. Mallarmé est une des limites du langage dans la poésie, il est
considéré très obscur mais en même temps très difficile. Il a un langage purifié, recherché,
avec une obsession terrible. Il a aussi traduit Edgar Allan Poe comme Baudelaire. Il n’a pas
beaucoup écrit, juste 1000 vers.

Hérodiade raconte l’exaspération du désir que ce désir produise chez Hérodias. L’histoire en
elle-même est raconté très peu explicite parce qu’il veut raconter l’effet.

L’après- midi d’un faune : c’est un long poème qui raconte aussi une histoire érotique : un
faune qui veut séduire des nymphes. Debussy a adapté cette œuvre à musique. Mallarmé veut
être le musicien de son poème, en langue.

Souvent le sens de ses vers n’est pas très clair. Cela arrive par le choix des mots, leur sonorité
et la syntaxe qui est étrange et qui est difficilement reconnaissable. Il est souvent ambigu. La
syntaxe est au bord de l’incorrection. C’est un jeu de transgression. Valéry disait que le sens
des poèmes de Mallarmé doit être si étrange que le langage est éloigné de l’usage commun. Le
poème n’avance pas à travers les idées, mais à travers le rythme. Le mot signifie moins que le
vers et sa sonorité. Le vers comme unité de sens et la page comme unité visuelle.

Un coup de dés (un golpe de dados) : il parle de la notion du hasard comme principe aussi du
poème. Il écrit des pages où les mots sont lancés. Il y a des trous et des mots désorganisés.
L’unité visuelle est la page. Le son est à retrouver par le lecteur.

En même temps qu’on faisait une poésie romantique, on voit naître une poésie complètement
différente, des nouvelles manières de relation avec le langage. La poésie prend des formes
différentes aux strophes et remplace la notion de la rime par les sonorités, les symboles… C’est
la révolution du langage poétique.

Il ne parle pas des thèmes concrètes. Il veut transmettre l’émotion esthétique de la langue
elle-même. On voit l’importance du langage en lui-même. La nature du langage comme
créatrice sans avoir besoin du réel extérieur.
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Toute la musicalité fait que souvent Mallarmé est appris par cœur. La poésie moderne se
demande sur la nature du langage dans une œuvre littéraire. Les mots ne signifient pas
seulement par leur contenu, mais aussi par leur forme.

L’hermétisme de Mallarmé vient de deux côtés :

- La première difficulté de cet hermétisme vient du fait que Mallarmé cherche à peindre
les effets en non pas les objets. Cela se fait petit à petit, il y a une prolifération de
scènes qui évoquent les conséquences, mais le nœud de cet objet n’est pas
directement nommé.

- La deuxième difficulté vient du fait que son travail sur la syntaxe tend à rendre étrange
la langue. Il la transforme presque jusqu’à la défigurer.

Ces attitudes de Mallarmé fait qu’il écrit peu mais il est néanmoins considéré comme le maitre
théoricien et le maitre tout court du symbolisme. Les écrivains de son époque l’admiraient
beaucoup ainsi que ses théories. Mais ils se rapprochaient beaucoup plus de Verlaine que de
Mallarmé. Chez Mallarmé jamais le vers se confond avec un usage banal de la parole, avec une
conversation, au contraire de Verlaine. C’est pour cela qu’il a été très admiré mais peu imité.

RIMBAUD (1854-1891) :
Il a écrit entre 14 et 20 ans. Il a abandonné la poésie comme si elle était une chose de la
jeunesse. Après, il s’est dédié à l’aventure. Il avait un père militaire, une mère très dure, il était
un enfant difficile, mais très sage. Il a commencé avec l’influence des parnassiens. Il a montré
dans sa poésie les deux faces de sa personne : la douceur de l’enfance et la noirceur et la
révolte et dépravation qu’il porte également. Cette dualité est restée toujours. Il s’est
rapproché des théories occultistes.

Il envoie des poèmes à un cénacle de Paris. Il se lance à cette vie de bohème et à la relation
avec Verlaine. Il commence à pratiquer un dérèglement régulier le sens. Les drogues lui aident
à dérégler le sens (écouter un odeur p.ex). Il le fait pour arriver à la voyance. Il l’explique dans
Les lettres de voyant.

Finalement, le coup de pistolet de Verlaine sur Rimbaud. Il tire de cette période un livre Une
saison en enfer. C’est le parcours de cette époque et le reflet de l’altération volontaire de sens,
du vertige de la vie et de la recherche de l’alchimie du verbe. Comment traiter le langage pour
qu’il dégage quelque chose d’éternel.

Il a un autre recueil intitulé Illuminations. Il présent des images très colorés. Ce sont des visions
d’un univers onirique, une nature très mouvementée, une idée panthéiste et aussi des visions
référées à des villes étranges et peu réalistes.

En 1875, il va en Afrique où il fait du commerce de tout type. Il n’a pas eu de chance. Il est
tombe malade d’un cancer et va mourir vite. Pendant qu’il meurt à Marseille accompagné de
sa sœur, ses poèmes étaient édités à Paris par Verlaine avec un succès énorme. C’est un
symboliste qui n’est pas complètement dans les règles du symbolisme. Un poème est : Le
bateau ivre est le paysage qui traverse un bateau.

Rimbaud travaille les vers et après il s’exprime dans une prose poétique. La poésie est
organisée par les sens. Ici, il se montre hérétique de Baudelaire. Le moi n’est contemplé que
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pour Être considéré étranger à lui-même. Il décrivait son travail comme une provocation de
l’hallucination. Il appelait tout cela alchimie du verbe qui touche à l’inconnu : connaître à
travers du langage ce qu’on ne peut pas connaître directement.

LEÇON 8 : GUILLAUME APOLLINAIRE


- Biographie

Il a été accusé d’imiter d’autres auteurs, mais il dit s’avoir inspiré de sa propre vie. Il est né en
1880. Son vrai nom est Wilhelm- Albert- Wladimir Alexander Apollinaire de Kostrovitzky.

En 1890 il prend le nom de Guillaume Apollinaire. Il est né à Rome. Sa mère était polonaise et
son père inconnu. Il passe un temps de sa vie à Monaco, à Cannes, Nice, etc. Il n’a pas le
baccaulérat et il part à Paris avec sa mère. Son penchant littéraire est Balzac, Tolstoi et Zola. Il
visite la bibliothèque Mazarine.

Il fait deux séjours à l’étranger : en 1899 à Stavelot et en 1901 en Allemagne où il devient


professeur. C’est là où il tombe amoureux. Après il revient à Paris et il écrit des œuvres comme
Le festin d’Esope. Le cercle d’Apollinaire s’élargit et il connait aussi des peintres comme Picasso
et Jean Metzinger.

En 1910 il publie son premier livre : L’enchanteur pourrissant. Dans 1911 il se voit dans une
affaire du vol d’or et il a passé du temps à prouver son innocence.

Il participe à la Première guerre mondial du côté des français. En 1915 il a blessé la tête. Il
meurt en 1918 à l’âge de 38 ans.

- Œuvres :

Ses chefs d’œuvre sont Alcools et Calligrammes.

Il a écrit plusieurs textes en parallèle mais qui sont publiés après. En 1909 il publie
L’enchanteur pourrissant. Il lisait beaucoup des textes médiévaux, il s’inspire de la matière de
Bretagne (Merlin, Arthur…). Il prend comme figure centrale Merlin et raconte son histoire
d’amour avec Viviane. Il prend aussi des mythes de la Bible et gréco-romaines. Il veut rompre
avec ce qui est ancien, mais il reprend certaines figures. A l’intérieur du texte on retrouve le
texte et des images. On voit l’importance du côté plastique pour Apollinaire.

En 1910 il publie L’Hérésiarque et cie, un recueil des contes qui avaient été écrits en 1902-
1903. Il mélange le fantastique avec le quotidien.

Le bestiaire ou cortège d’Orphée. Il choisit certains animaux pour parler de lui-même.

Le premier chef d’œuvre est Alcools. Il a voulu mettre comme sous-titre les dates 1898-1913.
Certains poèmes avaient été déjà publiés dans des romans. Son but est de mêler la tradition
avec la modernité. Certains thèmes sont la déchéance (il veut le changer par un sentiment
d’espoir), l’errance. Il parle de l’alcool dans le sens littéral et aussi métaphorique. Boire dans le
sens d’exploiter tout ce qui est autour de nous. Quelques poèmes célèbres sont : « zone », « le
pont Mirabeau » et « Vendémiaire ». Il veut instaurer une nouvelle esthétique. « Zone » est le
premier poème et était inconnu pour les lecteurs. Ce poème parle d’un sujet lyrique qui se
promène dans Paris et il projet des états mentaux comme des souvenirs. « Le pont Mirabeau »
est un poème sans ponctuation mais classique.
31
En même temps il se déroule le futurisme qui se concentrait beaucoup sur l’état d’âme. « Le
poète assassiné » est un recueil des contes. La critique a voulu voir que dans c’est une œuvre
autobiographique.

« L’esprit nouveau et les poètes » : il reflète la volonté de créer une nouvelle esthétique, un
éloge à l’imagination et une invitation à d’autres poètes à suivre cette esthétique. Il s’inspire
des classiques dans le regard qu’on porte sur les choses qui nous entourent. Il veut regarder
les choses d’une autre manière.

« Les mamelles de Tirésias » : c’est une pièce de théâtre. Une dame qui s’appelle Thérèse qui
veut partir faire la guerre. Elle prend les vêtements de son mari et se déguise. Alors, le mari
décide de devenir la femme.

« Calligrammes » (1918) : il avait commencé à les écrire en 1913 jusqu’à 1918. Entre ce
période il a publié « Méditations esthétiques ». Il fait un portrait des certains peintres amis à
lui. Entre temps il a aussi lieu la guerre. Dans cette œuvre il attire notre attention sur le côté
esthétique. On trouve des poèmes traditionnels et d’autres créations où il joue avec la page.
L’image reproduisait le contenu des images. On trouve des irruptions visuelles qui laissent la
liberté à l’heure de lire. Un poème est « Lundi rue Christine », un poème conversation où il
met des phrases qu’il écoute dans la rue. Un autre poème est « Le musicien de Saint Merry »,
un poème simultané où il parle d’un espace depuis plusieurs perspectives.

Idées claires :

- Rare, banal

- Sentimentalité, obscenité

- Tradition, innovation

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THÈME IX : L’intelligence poétique de Valéry
PAUL VALERY (1871- 1945)

Il prolonge l’esthétique intellectualiste qui était celle de Mallarmé. Valery n’est pas
exactement symboliste, mais il est dans le sillage (estela) de Mallarmé. Il est un poète entre le
classicisme et la modernité. Il n’est pas un poète d’avant-garde. C’est un monde culture
classique, mais aussi philosophique et scientifique. En tant que poète classique il se soucit de la
forme. En tant que poète moderne il est à la recherche de la construction de la pensée
(comment notre tête pense, comment se construit le symbole). Il n’y a seulement une pratique
de la poétique, mais aussi une théorie. Il est aussi un théoricien de l’esthétique dans les arts et
la littérature. Son œuvre théorique va marquer des tendances de la littérature et la poésie au
XX siècle.

Il est né au sud de la France. La méditerranée va donner un goût de sensualité dans sa poésie.


A Sète il y a une cimentière où sont enterrés beaucoup d’écrivains. Il va recevoir l’influence de
Mallarmé. Il a une crise et abandonne la poésie pendant vingt ans pour se consacrer à l’étude
des mathématiques et sciences. Il va revenir à la poésie mais entre-temps il va écrire d’autres
choses. Cela consiste dans une longue réflexion sur le SEME (corps, esprit et monde). Il va
réfléchir sur ces trois éléments. Comment on connaît le monde ? quel est le point du corps
dans l’esprit lorsque nous connaissons ? est que le monde est en lui-même ce que nous
croyons voir ? ce sont des questions philosophiques qui sont traités par la phénoménologie. Il
étude ce qui apparaît. Le monde est ce qui apparaît pour notre conscience. Cette philosophie
signale notre corps et notre esprit comme producteurs du monde. Ce sont des idées présentes
dans notre actualité dans les sciences cognitives qui se posent la question sur comment on
connaît le monde.

Au fond on peut considérer Valéry comme un poète qui s’intéresse au monde de la cognition.
Valéry va refléter ses idées dans des œuvres en prose avant de revenir dans la poésie.

« Introduction à la méthode de Léonarde Vinci ». Il prend sa figure pour étudier comment


pourrait être la tête de ce génie qui était un homme de sciences et humaniste en même
temps. Il est tout le temps occupé à la création.

« La soirée de Monsieur Teste » : teste veut dire tête. C’est quelqu’un qui veut devenir le
maître de sa pensée, comprendre son propre processus créatif, essayer d’être conscience tout
le temps de sa propre cognition.

Dans la poésie il va parler des thèmes liés avec les livres en prose. Certains sont :

- « La jeune parque » : il repose dans la musicalité, travaille dans les propriétés


musicales de la langue comme Verlaine mais avec l’intellectualisme de Mallarmé.
On retrouve l’idée de la tête qui se pense elle-même. On perçoit aussi la sensualité
que Valery a hérité de la méditerranée et le contact avec la culture classique.

- « Charmes » : union de l’intellect et le sensuel.

- « Le cimetières marins » : idée du calme de la mer, du soleil comme une


conscience qui se pense elle-même. Il a une sensibilité devant le paysage. Il est
dans le cimetière de Sète. Le paysage représente l’éternité d’un être qui se pense à
lui-même. Est-ce que la conscience existe si on n’est pas consciente de quelque
chose ? Valéry se propose une conscience sans les choses. En sachant comment
33
est la conscience on pourrait savoir comment la conscience crée les choses elle-
même.

La réunion de ses articles s’intitule « Variétés ». Il s’interroge aussi sur le langage. Il va Être
important pour les formalistes et les structuralistes, ceux qui considèrent l’activité du langage
elle-même qui n’est pas forcement en relation avec le monde extérieur.

Vouloir séparer la conscience des représentations de la conscience : son but. Il faut noter
l’importance du corps et de la chair et la sensualité dans sa production poétique. Deux aspects
qui semblent contradictoires au début. L’univers et l’homme dans un fonde de culture
classique et scientifique. Il n’est pas facile à lire, il est souvent hermétique mais ils sont les plus
riches pour la poésie postérieure du XX siècle.

Il y a la volonté chez Paul Valéry de saisir le moment de créateur. Il considère que la


connaissance et la création artistique sont une unique et même chose, ce moment créateur
comprend donc l’acte de connaissance et l’acte de création. Mais cela est impossible, car saisir
le moment de création est très difficile à exposer et à expliquer. Mais Valéry va quand même
essayer d’écarter tous les contenus de la conscience pour ne se centrer et ne regarder que la
propre conscience. Il va essayer de voir le fonctionnement de la tête sans les buts de la
connaissance et sans les objets de la création, c’est-à-dire en enlevant le produit. C’est une
tâche impossible, c’est un rêve intellectuel. Il va essayer de distinguer la conscience de
représentations de la conscience. Il fait tout ceci à un moment où la culture commence à être
sous l’emprise de la phénoménologie. Dans la phénoménologie, la perception et la conscience
sont très importants, mais la conscience est toujours conscience de quelque chose, Valéry veut
justement séparer une conscience pure d’une conscience de quelque chose. Pour faire cela, il a
besoin d’un langage classique rigoureux.

Valéry est donc associé à l’intellectualisme pur et il a publié une œuvre d’essayiste qui
comprend plusieurs volumes, L’âme et la danse, puis un recueil d’articles en 5 volumes,
Varietés qui ont marqué le chemin de la théorie littéraire et qui disent essentiellement que
l’art et la littérature ne peuvent pas être une reproduction du réel. Cela ne peut pas être
l’expression de la sentimentalité comme dans le Romantisme. L’art est donc un travail du
langage, cette notion est la base de toute la littérature du XXème siècle. Plus tard, nous
trouverons les Formalistes Russes, les Structuralistes français, les sémioticiens, etc. Ce sont des
théories littéraires qui viendront puiser dans les œuvres de Valéry

LEÇON 10 : PROUST ET LA MÉMOIRE NARRACTRICE


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MARCEL PROUST (1871-1922)

Il est considéré le grand classique du roman moderne. On est déjà dans le XX siècle. C’est le
romancier le plus respecté tout au long du XX siècle.

Relation entre la mémoire et la conscience. Il est très intéressé dans ces questions. Proust
appartient à une société déclinante. Il est un peu snob. Il s’est enfermé dans son appartement
à Paris et il a essayé de s’isoler du monde pour écrire. Il était plein des tourments. Il était
homosexuel et a inscrit cette homosexualité cachée dans son œuvre.

Lorsqu’il a écrit le premier volume de l’œuvre « à la recherche du temps perdu ». Le premier


volume « du côté du chez Swann » a été refusé. Le deuxième « à l’ombre des jeunes filles en
fleur » a gagné le prix Goncourt. Le troisième « du côté de Guermantes » et le quatrième
« Sodome et Gomorrhe » et finalement « le temps retrouvé ».

C’est un livre qui a dans l’ensemble deux mouvement complémentaires : d’un côté le temps
perdu, le passé et la mémoire et d’un autre le narrateur cherche à connaître son moi à mesure
qu’il avance. C’est un mouvement rétrospectif et un mouvement prospectif dans la
connaissance du « moi » qui est mobile, complexe et qui se construit. On n’est plus dans le
romantisme où le romantique pensait qu’il pouvait trouver un moi fixé, ici, c’est une
reconnaissance de la conscience en elle-même et le moi est en construction.

Son œuvre dépeint une société aristocratique. C’est une société finissante et assez
superficielle. Proust a des qualités d’un écrivain réaliste : grand pouvoir d’observation,
capacité de peinture… ll est remarquable par la réflexion, l’intuition et le pouvoir analytique de
son écriture. Il observe avec un esprit critique et analytique très français. Il est capable
d’analyser ses pensées de manière indéfinie. Il le fait avec son entourage et avec lui-même. Il
est aussi dans l’introspection du moi.

Quel est la différence avec un romantique ? celui- ci est dans un exercice lyrique alors que
Proust n’a pas le registre poétique. Il n’est pas dans le domaine de la confession, il n’exprime
pas ses sentiments, mais il les analyse. En même temps, les événements du moi qui parle ne
sont pas extraordinaires. C’est la vie quotidienne. Il n’y pas non plus des aventures
romanesques frappantes. Il y a des épisodes de la vie sentimentale du protagoniste, mais elles
ne sont pas particulièrement dramatiques.

L’élément important dans « à la recherche du temps perdu » est la jalousie. L’humeur et


l’ironie sont aussi dans l’œuvre et dans les personnages. L’important ne sont pas les
événements, mais la manière de les raconter, le regard du moi dans la vie de la sorte que le
livre « à la recherche du temps perdu » est l’histoire de la vision d’un monde. Ce n’est pas un
chronique des faits, mais une vision des faits. Ce qui prend importance est le moi qui donne sa
vision.

La réalité n’est pas dans l’objet mais dans l’esprit qui considère l’objet. Ce sont des idées de la
phénoménologie. Il y a l’idée de Mallarmé qui ne présentait pas l’objet mais l’effet que l’objet
produit.

Le moi de l’œuvre de Proust est changeante à cause du passage du temps. C’est la deuxième
particularité qui lui sépare du moi romantique. Il cherche le temps vécu par une conscience. Le
titre indique qu’un sujet dans un autre temps qui se cherche parce qu’il ne se reconnait pas au
cours de son temps. Il se reconnait à travers la mémoire. C’est un thème essentiel dans
l’œuvre de Proust. Il a une possibilité d’articulation du moi à travers l’exercice de la mémoire.
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La mémoire chez Proust. Il y a deux types de mémoire :

- Mémoire commune : le sujet fait un effort et on se souvient de quelque chose.


C’est un effort volontaire. Parfois elle est inutile à l’heure de faire venir des
souvenirs oubliés.

- La mémoire involontaire : c’est une notion qui vient des écrivains antérieurs et
avec un philosophe Bergson. Il l’a retrouvé chez Chateaubriand qui avait remarqué
déjà dans Rousseau. Il y a une association qui passe par la sensation et elle éveille
tous les souvenirs (la madeleine avec du thé lui rappelle son enfance avec la
tante). C’est l’oubli suivi d’une sensation physique analogue à une autre sensation
physique dans le passé. Le pas suivant est le surgissement des souvenirs du temps
passé qui se correspond avec cette sensation physique. Les souvenirs ne sont pas
physiques.

o 1º sensation

o 2º processus de mémoire qui se réveille.

Il y a un déclencheur physique et après vient l’ordre du mental. On retrouve le passé à travers


de épisodes basés dans la sensation. Ce qui est raconté est le souvenir qui vient. L’œuvre est
un moi qui se cherche à travers le temps. Le livre il ne l’invente, il existe déjà chez nous et il ne
fait que le traduire. Tout le livre parle de lui-même.

La question de l’art :

L’œuvre est traversé par la réflexion sur l’art. Il conçoit l’art comme quelque chose de sublime,
l’idée de beauté. Il y a un platonisme de l’art quand voit aussi dans Baudelaire. C’est l’idée
d’une réalité supérieure qui est derrière la réalité quotidienne.

Il est aussi en relation avec les symboles. L’idée de l’art sublime, Proust va l’explorer dans deux
domaines artistiques : la peinture et la musique.

- La peinture : à la recherche du temps perdu est une œuvre analogue à l’art


impressionniste. C’est une peinture qui ne dessine pas le contour des choses, mais
donne des touches. Il y a une reconstruction de la réalité qui se fait par impression.
Son œuvre donne beaucoup des descriptions, analyse et nuance énormément.
Chez les impressionnistes la lumière était très importante : ils montraient
comment la réalité changeait en fonction de la lumière. Il y a une analogie entre la
littérature de Proust et la peinture impressionniste. Esthétiquement, cela est
possible à cause de la phrase proustienne. Il y a des phrases relatives, des
disjonctions, des comparaisons enchaînés… et souvent on se perd. Cette
abondance des détails fait que le lecteur retrouve une impression.

LEÇON 11 : ANDRÉ GIDE : LA VIRTUALITÉ DU ROMAN


André Gide (1869-1951)

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Gide n’a écrit qu’un seul livre auquel il a donné le titre du roman. Le reste d’écrits sont une
possibilité de roman. Le seul livre qu’il a appelé roman est Les Faux-Monnayeurs. Cela veut
dire « los falsificadores de moneda ».

Il a vécu jusqu’à la deuxième moitié de XX siècle. Il a gagné le prix Nobel. Dans son œuvre la
présence de l’autobiographie est très importante. On peut expliquer Gide à travers ses livres.

Les étapes de sa littérature (qui se correspond avec sa vie) sont :

- Une adolescence réprimée.

- Une jeunesse sensuelle.

- Un âge mur contradictoire moralement.

- Vieillesse calmé et centré sur la connaissance du moi.

Gide est quelqu’un qui a eu une enfance avec une éducation protestante et puritaine, très
centré dans l’examen de conscience. En même temps il y a une grande présence de la mère
dans son enfance. C’est une enfance dans l’exigence qui réprime des penchants naturels
sexuels homosexuels qui étaient en lui et qu’il va exhiber dans son œuvre. Lorsqu’il devient un
jeune homme il tombe malade de tuberculose et il va se guérir en Algérie. Là il va découvrir sa
nature sensuelle et son homosexualité et tout cela de la main d’Oscar Wilde et Pierre Louys.

De ce premier temps, nous avons une ouvre : « Les nourritures terrestres ». Il signale ce
remplacement des nourritures spirituelles par les nourritures naturelles de notre nature
physique. Le texte se présente comme un évangile terrestre et pas religieux. Il s’adresse à
Nathanaël. Il prédique la jouissance et le bonheur qui repose sur le désir et le plaisir. Il écarte
ce moi souffrante empli de l’idée de péché.

Il écrit après un livre autobiographique intitulé « si le grain ne meure ». C’est une


autobiographie de son enfance et sa première jeunesse. Il veut se montrer comme il est. Il
veut dévoiler complètement son intimité, il ne veut rien cacher. Il a des attitudes de franchisse,
une volonté de vérité. Ce livre commence avec le récit d’un épisode d’une masturbation tout
petit. Il va raconter son éducation protestante et janséniste, exigence moral centré sur la
vérité, l’effort et la renonciation au plaisir. Il pense que cette renonciation provoque la
culpabilité pour lui. Cette culpabilité se transformait dans un stimulant du plaisir. C’est la
découverte de l’homoérotisme.

L’immoraliste (1902). Il présente des situations d’une franchise qui visent à arrêter le jugement
du lecteur, mais si au fond ses attitudes nous semblent reprobables. On aborde un problème
de la conscience. Cette fois est la conscience morale contrainte, relié au problème général de
la conscience parce que la conscience chez Gide est un effort de sincérité et franchisse qui va
jusqu’au point de soupçonner et examiner l’hypocrisie inconsciente. Les faux monnayeurs ce
sont ceux capables de se cacher à eux-mêmes la vérité. Il y a un examen du fonctionnement de
la conscience qui penche vers l’aspect moral et s’inscrit dans l’étude de la conscience
généralisé dans l’œuvre de Proust et Valéry.

L’histoire est celle d’un homme qui tombe malade d’une tuberculose et il s’en va au nord de
l’Afrique. Il est accompagné de sa femme, mais là découvre la sensualité à travers les jeunes
adolescents africains. C’est un contexte de pédérastie. Il est guéri, rentre à Paris. Sa femme
tombe malade mais il ne s’occupe pas d’elle. Il expose tout cela à travers une lettre à ses amis.
Il ne se défend pas, mais l’exposition de la vérité telle qu’elle est qui veut être sa propre
37
défense. Gide montre la capacité qu’il admire dans Dostoïevski capable de montrer
l’immensité d l’âme.

« La porte étroite » : est le cas inversé de L’immoraliste. Ce sont deux sœurs. Il défend un
amour terrestre au lieu d’un amour religieux. On assiste à deux points de vue : la femme qui
aime et l’homme qui aime. La question est si on doit condamner l’excès de vertu. Son
exploration passe par ce qui se trouve dans son éducation. Il expose la situation d’une femme
qui est prête à toute renonciation et à tout sacrifice des bonheurs terrestres, Alyssa. Parce
que :

- Générosité : sa sœur est amoureuse du même homme.

- Elle a une conviction qu’il faut avoir une morale pure. Il y a des raisons mystiques,
jansénistes à ce refus du bonheur (tradition qui vient de Pascal et le Jansénisme au
XVIIe siècle).

Ce personnage représente tout le contraire au personnage de L’immoraliste. On ne sait pas si


le narrateur juge ses personnages.

« La symphonie pastorale » : c’est un homme d’église qui se voit tombé amoureux d’une jeune
fille et doit lutter contre la tentation. Il expose le thème de l’hypocrisie inconsciente.

« Corrydon » : c’est un berger des Bucoliques de Virgile. On est transposé à ce monde latin qui
est celui de l’homoérotisme. On est dans un domaine de réflexion philosophique où on passe
revue à tous les types d’amour entre hommes : efféminations, platonisme, sadisme… Il pose un
regard scientifique. C’était son livre préféré.

Il faut signaler qu’il a écrit beaucoup des divertissements qu’il appelle des soties, un genre
médiéval. Ce sont des situations amusantes qui échappent à la raison.

« Les caves du Vatican » : c’est une aventure où il a un anarchiste qui transgresse toutes les
lois de la société et commet un crime. Il est admiré des surréalistes par ces soties.

Dans le dernier temps Gide va se rapprocher des situations sociales qui ne l’avaient pas
intéressé avant. Il va au Congo, au Union Soviétique (s’inscrit au parti communiste). Il a des
traces dans « voyage au Congo ». Il abandonne le parti communiste. Il n’est pas tourné vers le
social, sinon vers sa propre conscience.

« Et nunc manet in te » : c’est une œuvre destinée à sa femme. Il fait son bilan avec sa femme.
Il écrit aussi « Thésée » où il fait le point sur son propre labeur d’écrivain.

Son écriture est classique, rigueur. Il a toujours vécu entre contrainte et libération. Dans
l’écriture il reconnaît la contrainte comme un élément qui déclenche la création. « L’art n’est
du contrainte ». C’est une écriture sobre et complexe. Son œuvre a été condamné par la
censure religieuse, mais il est admiré comme écrivain classique. Mais aussi parce que son
œuvre « les faux- monnayeurs » implique la profondeur et complexité de la conscience dans la
construction d’un roman.

LEÇON 12 : DADA ET LE SURRÉALISME


Le dadaïsme est une courante de l’art qui n’est pas basée sur les normes esthétiques. Elle
refuse de trouver la beauté. C’est une avant-garde.

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« La fontaine » de Marcel Duchamp. C’est une œuvre qui ne cherche pas la beauté, elle n’est
pas fabriquée par l’homme comme la peinture ou la sculpture. C’est un geste d’auteur qui la
désigne comme œuvre. C’est une œuvre d’art parce que Marcel Duchamp l’a dit. Cela s’appelle
ready-made. Il ne faut pas travailler la matière. L’auteur ajoute le concept qui fixe l’objet.

La notion de l’art change avec les avant-gardes. Le respect des règles, le travail sur la matière…
n’est pas forcement de l’art. L’avant-garde privilège la surprise, l’étonnement, l’effet de gêner
le spectateur.

En 1916 se publique le manifeste Dada. Ce nom ne veut rien dire comme l’art qui ne veut rien
dire non plus. Ils se réunissent en Suisse chez le cabaret Voltaire. Tristan Tzara est le grand
représentant du dadaïsme. Il expose comment faire un poème dadaïste. Ils seront des poèmes
faits par le hasard.

« Pour faire un poème dadaïste » est un métapoème. Il n’y a aucune idée esthétique ni de
lyrisme, ni de symbolisme. C’est le hasard. Le poème est un objet de langue, physique. Il y a
une matérialité de la langue qui n’implique pas la subjectivité de l’artiste. Cela constitue une
provocation. Dans les derniers vers il y a l’ironie. Il y a une volonté d’expérimentation
destructive de l’idée littéraire jusqu’à ce moment. On ne propose rien comme remplacement.
Il y a aussi la technique du collage, on cherche à choquer, le scandale et on ne différencie pas
les arts : peinture, sculpture, écriture… (tout cela est mélange).

L’esprit dadaïste répond à la guerre en la tournant le dos, en montrant un mépris et ignorance


de tout cela. C’est aussi une réaction âpre parce que le monde est en guerre et cela donne des
attitudes de rejet.

En 1922 c’est la fin de Dada. Breton qui était dans le Surréalisme rompt avec Tristan Tzara et
ouvre avec son idée de l’art surréaliste.

Le surréalisme va avoir plusieurs manifestes. Les manifestes donnent la notion d’art de cette
avant-garde. Les manifestes existent parce que l’idée de l’art est en train de changer.

La révolution surréaliste a certaines caractéristiques :

- Exaltation de l’imagination et le rêve en face de la raison. Le penchant réaliste est


écarté. Il y a une lutte contre la représentation réaliste. Le réalisme veut ajouter le
rêve pour donner une réalité plus complexe. Breton a connu la psychanalyse de
Freud et il incorpore les idées autour de l’inconscient à l’art surréaliste. La peinture
et l’art surréaliste dévoilent l’inconscient freudienne à travers le rêve et
l’imagination non-raisonnés que les surréalistes incorporent à la réalité.

- La définition du surréalisme pour la littérature est dite par Breton. Il dit qu’elle
essaie d’exprimer par la langue le fonctionnement réel de la pensée
(l’irraisonnable). Il n’est pas contrôlé par la morale, l’esthétique ou la raison.
Reproduire notre conscience sans censure. Il y a une inquiétude pour le
fonctionnement de la conscience. On retrouve la préoccupation pour la conscience
qui a occupé Valéry, Gide, Proust… mais d’une autre manière.

- Le surréalisme voulait être une révolution culturelle qui comprenne toutes les
dimensions de la vie. Il voulait transformer notre idée d’homme. Il est passé dans
notre vie quotidienne.

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Le surréalisme apparaît dans la période d’entre-guerres. Il explore l’homme. C’est une période
pleine d’incertitude et cela ne va bien avec la raison. La situation culturelle, politique et sociale
fait croître le surréalisme qui refuse ce monde occidental capable de faire une guerre et aller
vers une deuxième. Dans le refus du monde occidental construit sur une raison qui ne sert qu’à
faire la guerre, le surréalisme réclame d’autres cultures et s’intéresse aux cultures primitives
qui se manifestent à travers un art qui tourne le dos à la raison. Goût du primitif et de
l’exotique. Il y a aussi la recherche d’une idée d’homme qui ne se sépare pas de l’idée de l’art.
Pas des règles pour le poème, pas des règles pour la vie.

Breton cherche une méthode pour exprimer cette inconscience. Il la trouve dans l’écriture
automatique. Elle sert à transcrire de manière fidèle les phrases de notre tête en évitant toute
logique et de censurer ce qui apparaît dans notre tête. Breton comprend que cet exercice est
souvent limité. On peut reproduire une première phrase sans réflexion, mais la deuxième est
conditionné par la première.

Dans cette écriture ce qui est très importante est d’abord la nature physique du langage (les
mots apparaissent à cause du son) et l’image. L’image surréaliste cherche à surprendre. La
métaphore surréaliste est un rassemblement d’images entre lesquelles on ne trouve pas
d’analogies suffisantes. Ce privilège de l’image conduit vers un lexique très riche. En général
cette prééminence de l’image fait que la syntaxe soit simple.

Ils aimaient à faire de l’écriture à plusieurs mains. Souvent ce sont des auteurs qui font une
même œuvre. Les champs magnétiques de Breton et Soupalt. Certains exemples sont : le
cadavre exquis. Dans le surréalisme il y a aussi de l’humour. Par rapport à le hasard il y a le
concept de hasard objectif. Cela arrive quand deux éléments qui apparemment n’ont pas de
relation se trouvent ensemble par hasard. Cela surgit un sens évident pour celui qui le regarde.
Le surréalisme aime la rencontre entre des éléments disparus qui tout à coup donne un sens.

La notion de l’amour est aussi à remarquer. Dans ce cas est relié toujours au sexe, à l’érotisme
et souvent très explicite. Il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit. Ils ne se sentent
pas conduits par une morale. Le surréalisme a une volonté d’art totale. Il ne veut pas
distinguer entre les arts. A ce propos les relations entre les divers artistes se multiplient. Par
exemple, la relation entre Salvador Dalí et Paul Éluard. André Breton s’intéresse à la sculpture
et la peinture et collectionne des œuvres.

Tout cela se rapporte à un surréalisme à partir du premier manifeste. Mais il y aura d’autres
manifestes, le deuxième en 1930. Il s’intitule le manifeste au service de la révolution. Avant, le
surréalisme était en lui-même une révolution et refusait la politique. Ce deuxième surréalisme
est concerné par la révolution communiste. Ses membres se sont inscrits dans le parti
communiste avec l’exception de Soupault et Artaud. Il a eu des exclus du parti et une
déception politique qui a concerné Breton et Paul Eluard. Ils ont quitté le parti communiste
déçus. Il n’y a qu’un auteur qui soit resté : Luis Aragon. Breton se rapproche du trotskysme.

Lorsque le groupe disparait, les idées ont plus de présence dans le monde. La trace du
surréalisme dans le siècle est énorme et se trouve dans beaucoup des poètes du XX siècle :
Michaux et René Char.

Breton continue à produire des œuvres. Il a le roman intitulé Nadja. C’est le roman sur la
notion de la femme surréaliste. Il raconte les rencontres avec cette femme qui ne se
développent pas d’une manière sentimentale. Elles soulignent le caractère mystérieux et

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connaisseur de l’au-delà de Nadja. Ce sont des promenades et les impressions de Nadja, sa
manière de concevoir le monde.

Breton a aussi d’autres œuvres poétiques comme L’union libre. Il y a une grande présence de
l’érotisme, la présence de la mystérieuse correspondance entre les choses, entre le rêve et la
vie et tout ce qui est étonnant.

Il faut nommer aussi Les vases communicants et L’amour fou.

Caractéristiques du surréalisme :

Automatisme psychique pur qui essai d’exprimer (par écrit, oralement ou d’une autre
manière) le fonctionnement réel de la pensée dans l’absence de tout control exercé par la
raison. En dehors de toute préoccupation esthétique (pas de beauté) et morale. Le surréalisme
vise une réalité de la pensée. Cette notion n’est pas la même la logique de la pensée. Sur-
réalisme : réalité supérieure. Réalité plus complète que la réalité commune. Conscience dans
le rêve et dans les expressions automatiques de la psyché.

Écriture automatique : va servir à transcrire les gestes de la pensée qui surgirent sans censure.
Transcription fidèle donc, sans vigilance de la correction grammaticale, lexique et syntaxe. Le
sexe est un thème essentiel dans le surréalisme qui n’est pas censuré. Donc, pas de censure
esthétique (l’homme n’aura pas une idée de beauté à laquelle s’adapter), pas de censure
morale et pas de censure sexuelle. Se laisser parler et se laisser écrire.

Aspect de jeu dans l’esthétique surréaliste. De cette volonté de non-censure se dégagent :

1. L’importance de la nature physique du langage : les sons, la forme, le signifié de mots…

2. La prééminence de l’image : construction d’images mentales, images traduites en


langage. Va donner un lexique très riche. Prééminence du substantif face au verbe.
Donc l’image même repose sur le substantif.

3. Le hasard objectif : rencontre fortuite duquel surgit un sens. Un sens pas relié au
raisonnable : il entre dans la logique du rêve, une logique métaphorique et
métonymique, poétique, pas causale.

Le travail surréaliste est souvent un travail collectif. On aurait tendance à penser à un travail
individualiste à cause de l’approfondissement dans l’inconscient, mais non. C’est un
inconscient collectif. Il faut nommer la composition la plus connue du surréalisme : le cadavre
exquis.

LEÇON 13 : Le roman de l’aventure héroïque : Malraux /Le roman de


l’aventure du moi : Céline
ANDRÉ MALRAUX (1901-1976)

Cet auteur a été en relation avec Espagne. Avant d’être un écrivain, il a été un aventurier, il a
voyagé beaucoup. Il ne voyage pas par les mêmes raisons que les romantiques. Il voyage en
particulier à l’Indochine. Il voyage parce qu’il est un véritable aventurier. Il a été un voleur
d’objets. Il était un explorateur. Il a fondé un journal colonialiste. Il a voyagé en Chine et là il a

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participé aux réunions du parti nationaliste chinois (le quomintam. BUSCAR). Il a entré dans
une orbite politique communiste. Il commence à écrire à partir de ses expériences.

Ses premiers romans sont : « Les conquérants » et « la voie royal ». Ce sont des romans
d’aventures et de révolution. Tous ses romans vont garder ces deux aspects. C’est une relation
étroite entre la personne de Malraux et son œuvre. Il concevait que l’homme devait être
impliqué dans une grande action : aventure ou révolution. La grande action concerne l’homme
tout entier et le fait sortir de l’absurde de l’existence. A cette époque commence à se mettre
en place l’existentialisme, qui parle du non-sens de l’existence.

La pensé de Malraux est en relation avec l’héroïsme, la figure du héros, celui qui aide à
surmonter le malheur de l’homme, la douleur… c’est aussi la figure du combattant. La
différence entre l’aventurier (individuel) et le combattant (concerne le souci des autres). Il est
chargé d’une réflexion et d’un but : améliorer la vie des autres. L’idée du combat est reliée à
celle de la révolution et elle suppose la supération de l’absurde de la vie, souci de la dignité de
l’homme, combat contre l’oppression politique et créer de l’espoir.

Il commence à introduire des cadres historiques dans ses romans qui servent à présenter la
révolution et les combattants de la révolution. Premier roman important « La condition
humaine ». Il parle de la révolution communiste en Chine. Ce sont des personnages très
différents entre eux qui incarnent types différents d’hommes face à la révolution. Nous avons
le révolutionnaire expérimental, celui capable de tout qui s’est posé tous les problèmes
moraux et les a résolus. Nous avons le terroriste qui était commandé de tuer un homme. Dans
la première scène on assiste à l’assassinat d’un homme endormi. Ce roman regarde l’état de
révolution depuis différents points de vue. Nous avons aussi le politicien qui accepte de mourir
pour la dignité des autres. Ce principe de révolution est une question idéologique à laquelle il
s’adhère pour améliorer la condition du peuple, mais qui conduit à des interrogations morales.
Ce thème est particulier à Malraux, mais le questionnement moral appartient à cette époque
(se développe l’existentialisme. Sartre parle d’engagement politique).

Il écrit d’autres romans pour la révolution comme Le temps du mépris : il parle de la résistance
de l’homme face à la torture moral et physique dans les champs de concentration nazis. Il
explore la possibilité de la dignité de l’homme dans ce contexte. Malraux cherche à souligner la
grandeur de l’homme face à ces événements de l’histoire qui mettent l’homme en danger les
valeurs de l’homme.

« L’espoir » : c’est le cas de la guerre civile espagnole. Malraux a participé dans l’aviation
internationale qui a aidé la république. Il a été commandant et il avait négocié des achats
d’armes. Ce roman raconte la guerre civile en prenant parti par la république. Ce n’est pas un
roman historique, mais un portrait des différents hommes face à une telle situation. Il explore
le cas de l’intellectuel qui a été incarné par Unamuno. Malraux propose la figure de
l’intellectuel qui se lance à l’action, celui qui s’engage. Malraux conçoit que l’activité
intellectuel doit se compléter par celle de l’action.

Il restreint son énergie et son engagement morale. Il considère la volonté et intelligence de


l’homme. Il donne une vision partielle de l’homme.

Pendant la 2GM il a combattu, a été blessé. Il s’est réuni avec la résistance et a commandé la
brigade Alsace-Lorraine. Finalement, il a été pris et interné dans un champ de concentration et
puis libéré. Il commence la vie de politicien. Au début il détestait le président De Gaulle ; il
pensé qu’il était un fasciste, mais il change d’opposition et Malraux commence à s’opposer.
42
Malraux devient ministre de culture de De Gaulle. Il a créé les maisons de culture dans chaque
ville.

Il a été dans une manifestation contre mai 68, la révolution des étudiants pour la libération
sexuelle de la femme…

Une fois finit cet épisode politique il se consacre à l’écriture sur l’art. il ne conçoit pas l’art en
relation avec le beau, c’est un instrument d’expression idéologique. Il commence à décrire l’art
comme une manière de l’homme de se surmonter et se rendre meilleur.

Il a écrit aussi d’anti-mémoires. Il est contre toute perspective autobiographique. Il ne veut pas
parler de sa vie prive et des événements précis de sa vie. Des biographes de Malraux disent
que sa vie a eu des périodes obscurs : inventions d’études universitaires, alcoolisme…

« La culture est un ensemble des formes plus fortes que la mort ».

LOUIS-FERDINAND CÉLINE (1894-1961)

Les français n’aiment pas entendre parler de Céline car il a été un écrivain, mais il a été aussi
un xénophobe, un antisémite notoire. Son vrai nom est Louis Ferdinand Destouches. Il a
beaucoup voyagé, il est entré à l’armée et a fait la 1 ère Guerre Mondiale où il a été blessé. En
revenant à Paris il fait des études de médecine et il fait une thèse importante, car elle porte
sur un médecin qui n’a pas pu convaincre ses collègues du besoin de se laver les mains après
avoir une dissection. C’est donc une question d’hygiène et cela va devenir une obsession dans
son œuvre. Il va être en permanence préoccupé de santé, de salubrité, etc.

Son obsession fantasmatique dépassera le domaine physique pour devenir un principe


idéologique et il va trouver que le juif est comme un microbe, sale, contaminant, etc. Il
commence à écrire lorsqu’il est médecin et il commence à voyager. Il écrit une 1 ère œuvre
Voyages au bout de la nuit, œuvre très importante en France. Elle ne parait pas une œuvre
d’un débutant car il y a une grande maitrise de l’écriture. Céline a donc été reçue de manière
surprise. La gauche a admiré ce livre, car elle y a vu la peinture de la décrépitude de la société
bourgeoise, société capitaliste. Son style est une nouveauté. Dans cette œuvre on raconte
l’histoire d’un médecin qui raconte sa vie et ses voyages, il y a une source autobiographique.
Le ton est dur et burlesque, le médecin trouve que ses patients sont détestables, il est dégouté
de son métier. Mais les patients non plus ne l’aiment pas. Il n’y a pas de personnages qui
soient généreux, chez qui on puisse reconnaitre des qualités humaines, ils sont tous très
méprisants.

La littérature de Céline est caractérisée de littérature de « dégout ». Céline serait contre la


guerre pour des raisons individualistes et même égoïstes. Alors que Malraux est pour la guerre
pour des raisons de fraternité, etc. Il écrit un autre livre Mort à crédit, mais ici les aspects sont
moins critiques sur la société, il en est resté à une peinture obscure. La critique de gauche a dit
de ce livre qu’il était très en dessous de Voyages au bout de la nuit.

Sartre a accusé Céline de collaborationnisme. Il écrit D’un château à l’autre qui est le récit de
sa fuite à Danemark. Il est revenu petit à petit vers le succès et a été à nouveau accepté.
L’oralité qui entre dans la littérature de Céline vient su corps, c’est l’expression du corps dans
tous ses états, et essentiellement le dégout, la souffrance, l’excès. Dans sa prose il y a un
caractère physique, le corps se présente dans son écriture, c’est un langage très direct dans
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son contenu mais aussi dans sa forme. Le vocabulaire est aussi bien populaire, argotique, etc. Il
est un grand rénovateur du langage utilisé dans les romans, et non pas rénovateur de la forme
du roman.

LEÇON 14 : L’existentialisme et l’absurde : Sartre et Camus


ALBERT CAMUS (1913-1960)

Il a eu beaucoup de problèmes de santé et il est mort dans un accident de voiture. Il a reçu le


prix Nobel quand il avait 35 ans (avant Sartre), quelque chose de rare dû que normalement on
donne ce prix à des gens âgées.

Si Sartre était le philosophe, Camus était le penseur. Né en Algérie (pied-noir) et origine très
humble. Sa mère était d’origine espagnole, elle était sourde et ne parlait pas beaucoup, donc
condition familiale qui ne lui a donné des possibilités quant à l’écriture. Camus est un homme
méditerranéen, son esprit est lié à la sensualité méditerranéenne. Il a eu plusieurs étapes :

44
1. L’homme solaire

Partie de la personnalité de Camus qui se rapproche le plus de notre pensée actuelle. Contact
avec la terre, le soleil. Il était un homme sportif malgré ses maladies, ce qui va être développé
dans un premier roman intitulé Noces : les noces avec la terre, la communion avec la nature. Il
va aimer beaucoup le théâtre, il va écrire, mettre en scène et jouer des pièces. Il a été le
fondateur d’une compagnie théâtrale en Algérie. L’énergie vitale et la pluralité de voix
l’attirent.

Il va puis travailler dans le journalisme, parole et action en même temps. On l’a trouvé déjà
chez Malraux et on le trouvera chez Sartre. Cette vie en contact avec la nature c’est le principe
de la jouissance à travers la conscience l’animal et solaire de l’homme a peur parce qu’il va se
trouver face à la mort. Cette présence de la mort va donner à l’homme une conscience et une
nature sociale. Camus va nous dire que la peur surgit lorsque l’homme se sépare de la terre et
se rend compte qu’il y a une société.

Cette séparation révèle à l’homme que la matière est étrange à lui. Cette étrangeté est
prouvée, l’homme se sent étranger à cette épaisseur matériel, ce qui donne lieu à l’absurde.
Conscience et monde  séparation = absurde.

Le mythe de Sisyphe : homme comme héros qui doit poser un rocher dans la montagne, il
tombe, il le reprend, etc. L’homme se rend compte que cela est irrationnel et il doit faire face à
l’absurde. Thème central : le suicide. Il va dire que le suicide n’est pas une solution parce que
la mort fait partie du problème et de l’absurde. Il va dire que c’est la lutte en elle-même contre
cet absurde qui peut organiser la vie de l’homme. « On peut imaginer Sisyphe heureux »
(derniers mots du roman).

L’Étranger : pas de distance entre sa conscience et la mort. Ses opinions de son corps valent
autant que celles de son esprit. Relation avec le monde sans explication  état de non conflit
avec le monde. Donc il n’a pas de souffrance. La seule raison de tuer l’arabe c’est le soleil
(raison physique, pas de relation avec le monde directement). Il est un homme solaire.
Conscience de Meursault qui s’éveille (ou le semble) : lorsqu’il est en prison, on peut entrevoir
que la conscience de Meursault s’ouvre à peine. « De nouveau, heureux » : il revient à sa
condition parce qu’il « voit » que cela ne le plaisait pas. Conscience qui devine l’absurde que
ne lui plait pas et qui se renferme.

2. L’homme du présent

Ce n’est plus une adhésion au monde matériel, mais une adhésion à l’homme présent et social.

La Peste : ville mise en quarantaine à cause de la peste. Ils s’organisent en communauté pour
se défendre de la mort. L’idée c’est que l’homme peut se défendre de la mort. La valeur de
l’homme dépend de l’organisation et de la solidarité. Sauver l’absurde de la vie par la
solidarité.

Camus va exprimer cela aussi dans son essai L’homme révolté : pas la mort de soi-même, mais
la mort de l’autre qui intéresse. Période de la révolution. Se joue une idée sur la légitimité de la
violence (Malraux légitimait la violence de la révolution, Sartre également en vue d’une
meilleure vie dans l’avenir, « la fin justifie les moyens »). Au début de L’homme révolté, Camus
justifie la violence révolutionnaire, la violence est engagée à celui qui l’exerce. Dans sa pièce
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de théâtre Les Justes présente cela, il faut que la violence soit immolée par soi-même. À la fin
de L’homme révolté, Camus commence à dire que non seulement la fin justifie les moyens,
mais les moyens justifient la fin. Ici Camus refuse la violence au service des régimes. C’est pour
cela qu’il va rejeter le Stalinisme. Il reproche à Sartre de diviniser l’Histoire, c’est le présent
qu’importe. Sartre disait qu’il faut se salir les mains et Camus disait qu’il faut être juste, pas
exercer la violence par des raisons idéologiques.

Donc, on ne pourra pas aspirer à une justice pure chez Camus. L’aspiration complète à la
liberté est assassinée et il faut rester dans une justice relative (pensée du Midi). Donc
L’homme révolté pour lui n’est un homme révolutionnaire, est un homme qui compense le
futur avec le présent.

3. L’homme immobilisé

Problème de la guerre d’Algérie. 1954 : affrontement de deux côtés : colonialistes et


anticolonialistes. Les français eux-mêmes sont affrontés. Les anticolonialistes étaient formés
surtout par des intellectuels marxistes avec Sartre à la tête. Camus, donc, français et né en
Algérie, se trouve dans une situation difficile parce qu’il a partagé aussi la misère des
indigènes.

Il y a trois problèmes : l’économie, la race et la religion. On lui a rapproché d’être du côté des
colonisateurs, de ne pas avoir une idée décidée dans la cause d’Algérie. On l’a accusé même
d’être de droit. Au fond, le problème pour Camus était la violence une autre fois.

Ce sont les positions modérées de Camus que lui ont fait gagner le prix Nobel et non pas Sartre
(il y a toujours des raisons politiques derrière ce prix).

La question a réduit Camus au silence, même s’il défendait le dialogue. C’était inutile et voilà
l’absurde vital. Homme qui ne peut pas échapper d’être injuste. 3 ans après, Camus meurt. Il
avait arrêté de faire des écrits sur la question politique et éthique et il s’était tourné vers le
théâtre. Il meurt lorsqu’il était en train d’écrire Le premier homme où il revenait à son état
premier d’homme soleil.

Avant de cela, il avait publié La Chute qui a beaucoup étonné. Personnage franchement
ironique et cruel qui menait une vie apparemment généreuse. Il « voit » une femme se
suicider, mais il manque au droit d’assistance et d’aide : cela lui a découvert à l’homme qui
pouvait être vraiment malhonnête. À partir de là, il découvre qu’il a tout un passé d’hypocrisie.
Donc, regard sur lui-même de dérision, parce qu’il sait que dans le cas où la situation se
répèterait il ferait la même chose, donc il ne croit pas à sa propre innocence. Il identifie ce
personnage avec les marxistes intellectuels et avec Sartre : « il avoue sa faute pour pouvoir
mieux accuser ».

JEAN-PAUL SARTRE (1905- 1980)

Il est le dernier exemple de système de pensée. C’est une philosophie qui est ancré dans un
contexte de guerre et après-guerre. Il a vécu les deux guerres et la 2GM a influencé sa pensée.

Certains concepts importants de sa pensée sont :

- L’en-soi : c’est l’être qui a une existence, mais pas une véritable conscience de lui-
même. L’en-soi est le fait d’exister.
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- Le pour-soi : c’est l’être qui réfléchit sur lui-même.

- Le pour-autrui : c’est l’être tourné vers son semblable. La conscience de l’autre a


des conséquences sur l’Être lui-même.

Une maxime de l’existence est : « l’existence précède le sens ». L’esprit et les essences
viennent avant et après vient la matière. C’est ce qui dit le Christianisme. Sartre dit le
contraire. Il présent une pensée matérialiste et athée. Une fois qu’on existe, on connaît
quelque chose. Nous nous définissons, notre essence, vient après l’existence. Comment vient-
elle ? Par nos actes, par nos choix, par ce que nous faisons de nous-même. C’est comme cela
qu’on acquiert la conscience et on arrive au pour-soi. C’est comme ça qu’on se distingue des
objets et des animaux. Ils ont un en-soi, mais pas un pour-soi.

Nous sommes contingents, il n’y a pas de cause et raison pour que nous existions. Le sens de
l’homme est défini par lui-même, pas par Dieu. « L’homme n’est que ce qu’il se fait ». La vie
n’a pas de sens, s’il y a un c’est parce qu’on le fait. L’homme est libre de faire ses propres choix
et de faire de lui-même ce qu’il en veut. Il a cette liberté à laquelle il ne peut pas renoncer. Il
doit décider ce qu’il fait de lui. Il ne peut pas ne pas être libre. En même temps, il doit être
responsable.

Cette liberté et responsabilité engage de l’angoisse. Il est condamné à être libre. S’il décide de
fuir cette liberté il peut la masquer en ayant « mauvaise foi ». Tous ce qui refusent la liberté
ont de la mauvaise foi, ils se mentent à eux-mêmes. Cela a des conséquences très grandes
dans la vie. Cela fait de l’homme un être engagé parce qu’il faut qu’il travaille.

“L’être et le néant” : il parle du pour-soi et va pour l’idée du pour-autrui. Le rapport à l’autre


fait que nous soyons regardés par l’autre. Le sujet se voit transformé en objet par l’autre. Il
découvre qu’il n’est pas seulement un être libre, responsable ; mais qu’il est aussi objectivé et
aliéné par les autres. Il est un être pour autrui. La limite est marquée par la liberté de l’autre.
De cette situation Sartre a dit : « L’enfer c’est les autres ». On ne peut pas échapper au regard
que les autres penchent sur nous et la manière qu’ils ont pour me définir. Les relations
humaines se définissent par le conflit entre un sujet et un objet. L’œuvre de Sartre réfléchit à
tous ces aspects.

L’œuvre :

L’existentialisme est une philosophie qui parle de l’être. Elle a des sources dans le marxisme et
dans la pensée de Heidegger et la phénomelogie de Hessel en Allemagne et en France
représentée par Merleau-Ponty. La phénomelogie réfléchit sur ce qui apparaît dans le monde.
Elle disait qu’il avait d’abord l’existence et après le sens.

Pour Sartre, l’existence est absurde parce qu’on est sans cause et sans nécessité. Ce n’est pas
une notion de l’absurde comme celle de Camus. Ce sont des raisons métaphysiques qui
conduisent à l’absurde.

L’idée de l’engagement devient un principe aussi d’action pour l’homme. Il doit surmonter le
non-sens de la vie en travaillant à construire un nouvel humanisme. L’existentialisme est un
humanisme disait Sartre. Pour se construire nous-même comme des hommes et pour
construire une société. On est forcé de s’engager on le veuille ou non. Si on agit il y a l’action,
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si on n’agit pas c’est une omission de l’action. « Qu’est-ce que la littérature ? ». Dans cette
œuvre il dit que l’écrivain doit être engagé et s’il ne le fait pas, il est en train de prendre. Tous
ce qui ne luttent pas pour la liberté et la justice ont aussi une position politique. Sa pensée va
contre la neutralité.

Sartre est maintenu son affiliation au parti communiste, même pendant le stalinisme. Il justifie
les oppressions avec la justification de la lutte contre l’injustice et l’oppression. Camus était un
homme du présent, il ne voulait pas compromettre le présent des hommes pour l’avenir.
Sartre disait qu’on pouvait faire le sacrifice du présent pour l’avenir. C’est l’idée de la
révolution.

« La nausée » : c’est un roman où il présente la première étape (l’en-soi et le pour-soi). Le


personnage de Roquentin. Il présent un sujet par rapport à son être. La scène essentielle est
celle où Roquentin découvre la contingence de l’être. Il est en train de contempler une racine
d’un arbre et il se sent la racine de cet arbre. Il éprouve ce qu’il appelle la nausée. C’est comme
si l’être découvrait son en-soi. Il se sentait comme un objet, comme la matière sans
conscience. Il éprouve les vestiges de se prendre lui-même, comme s’il n’avait pas un pour-soi.
Il découvre la fascination qui produit la matière du monde. Il a la compréhension de l’opacité,
comment les choses ne peuvent pas être pénétrées par l’homme parce qu’elles ne sont pas
nous-mêmes. C’est l’absurde même parce qu’elle n’a pas de sens. Ce roman refuse la
psychologie du personnage. C’est un roman métaphysique. Il cherche à comprendre la
matière, mais trouve le néant.

Le théâtre :

C’est le genre qui lui convenait mieux pour transmettre ses idées philosophiques. Le mot
situation en Sartre est importante. Il évoque les situations dans lesquelles il faut choisir. Le
théâtre donne une chair à ses situations limites qui présentent des alternatives et des choix.
Deux œuvres en particulier :

- « Les mains sales » : c’est un pays fachiste allié des allemands et il y a des
mouvements de résistance clandestins. Il y a le prolétariat et le parti des
pentagones. Hugo est un personnage qui appartient au prolétariat et qui est
chargé le chef du parti communiste parce que le parti pense que ce chef a des
tendances capitalistes. Pour assassiner cet homme Hugo doit le fréquenter et il
commence à l’apprécier. Le dilemme se présent : est-ce qu’il faut tourner un
homme qui va nuire le parti communiste ou est-ce qu’il faut être sensible au
caractère éthique ? La question est s’il faut se salir les mains, sauver un homme ou
sauver une population.

- « Le huis-clos » : c’est la représentation après la mort. il y a trois personnages


morts qui se retrouvent dans un endroit fermé où il faut être en éveille. C’est un
microcosme. L’un est pacifiste, l’autre est une lesbienne suicide et l’autre une
mondaine qui a tué un enfant. L’enfer n’est qu’aucun de trois ne peut pas
échapper au regard des autres. L’enfer c’est les autres, les jugements des autres
sur moi. Je m’aliène dans mon essence.

EXPOSÉ :

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Les mots était publié en 1964 chez Gallimard. C’est un roman autobiographique composé de
deux parties. C’est le premier des œuvres qui se penche sur l’enfance. Il considère cette œuvre
comme un adieu à la littérature. La même année il refusait le prix Nobel.

La première partie est celle de Lire où il explique ses origines, la mort de son père. L’absence
du père est un traumatisme et il se qualifie de fils d’un mort. il est un enfant précoce qui joue
une comédie pour sa famille.

La deuxième partie est l’écrire. Sa technique était un plagiat parce qu’il s’est inspiré des livres
qu’il a lus.

Trois personnages principaux :

- Jean-Paul Sartre : c’est l’auteur et le personnage principal.

- Charles Schweitzer : c’est le grand-père. Il est très impliqué dans l’éducation de


Poulou.

- Anne-Marie Schweitzer : elle est sa mère et n’exerce pas aucune autorité sur lui.

Thèmes :

- Le mort du père du Sartre :

- La lecture : la lecture est toute l’enfance de Sartre. La lecture lui permet de vivre la
folie et de cacher sa solitude. Sartre est considéré comme un écrivain prédestiné.

- L’écriture : dichotomie entre vouloir être enfant et la réalité d’être adulte.

- L’orgueil : il fait une description flatteuse mais sincère de l’enfant qu’il était. Le
« je » prends une place capitale.

- Le rapport à la mort : on naît sans raison, on meurt par hasard.

- Le monde imaginaire : il joint la spiritualité et la lecture.

LEÇON 15 : Diversité de poétiques : Perse, Michaux, Ponge


SAINT JOHN PERSE (1887-1975)

C’est un poète qui n’est pas en relation avec les avant-gardes. Son œuvre se classifie comme
un champ au monde naturel et aussi un monde construit par l’homme. Il y a une grande unité,
l’émerveillement devant le monde. Il a été marin. La connaissance des nouveaux lieux et de la
mer a été important. Il utilise le verset. C’est un type de vers qui n’est pas mesuré. Il n’y a pas
de rime, il semble à la prose. Les versets sont composés par les souffles. Le verset est très
ancien parce qu’il vient de la Bible.

Il y a des litanies des termes de toute sorte et souvent ce sont des termes rares. Il est un grand
connaisseur de lexique. C’est une richesse du monde traduite par une richesse culturale. Il fait

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venir des espaces mythiques, éloignés dans le temps et embrasse le temps de l’humanité et de
la mémoire humaine et de la nature.

C’est aussi une poésie pleine des effets sonores sur des allitérations, des assonances. Mais ce
sont des jeux de sons qui ne répondent pas à un moule préfabriqué.

On a parlé aussi d’une poésie épique sans héros qui contièrent le monde, pas il n’y a pas de
chevalier ni de combattant. Il s’agit d’une création du monde parce que le fait de nommer le
monde signifie le comprendre. C’est créer le monde avec les mots.

Ses recueils sont très significatifs par rapport à l’idée de la création du monde, il y a un temps
mythique. Certains sont : « Pluies », « Neiges », « Vents », « Amers », « oiseaux », « éloges »,
« images à Crusoe ».

HENRI MICHAUX (1899-1984)

C’est un poète à l’écart des avant-gardes et du surréalisme même si on a l’impression que la


création de monde et d’êtres étranges pourrait être en relation avec ce surréalisme.

Il est vrai que Michaux est un poète de l’imagination. Il nous parle des êtres et des lieux qui
n’existent pas. C’est un créateur des mondes pas comme Perse où le monde existe. Michaux
comme Perse a été marin et moine d’abord, puis voyageur. Il a une particularité : une bonne
partie de sa littérature vient de l’expérience avec les drogues. Michaux était un chercheur,
quelqu’un qui étudie la charge expérimentale des drogues sous l’imagination et la pensée. Ce
sont parfois des expériences psychédéliques. Il naît un monde exotique. Il se tourne vers le
monde de son espace intérieur.

Il écrivait des cahiers de voyages, mais ce sont des voyages intérieurs. Il alterne descriptions,
sensations, rêves… il utilise un usage de l’humour noir. « Connaissance par le gouffre ».

D’autres titres sont : « l’infini turbulant » « les grandes épreuves de l’esprit ». La première
anthologie est « L’espace intérieur ». Il y a des titres moins noirs comme « au pays de la
magie ». Le noir et le menaçant est souvent associé à l’hallucination. C’est un homme qui s’est
refusé à être pris en image comme s’il se tourné vers l’intérieur. Il y a une relation entre
Rimbaud et Michaux. Rimbaud disait aussi qu’il faut se connaitre et être soi-même le champ
d’expérience de la connaissance. C’est une attitude de recherche. Michaux ne se sentait pas
poète. Son poète était un projet de connaissance.

FRANCIS PONGE (1899-1988)

Il voulait transformer les objets en mots. Il est aussi éloigné du surréalisme. Il ne participe pas
de l’esthétique du nouveau roman. Il est aussi proche des écrivains du nouveau roman. Ponge
ne se sent pas poète dans le sens conventionnel. Il ne voulait pas du magma poétique, un
monde des métaphores, des analogies… qui nommait les choses indirectement. Il voulait des
formules de nomination très claires et impersonnels. Il a fait un livre pour parler d’un savon.
C’est une entreprise qui a un aspect non-réalisable. Mais si on reste dans une ambiance
réaliste, l’entreprise ne l’est pas. C’est une volonté formelle qui a des aspects et des
préoccupations sur le langage qui concernent la période des formalistes et du nouveau roman.
Il envisage une intervention minimale sur ce qu’il va dire. Il ne veut pas que le texte soit
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conduit par la subjectivité de celui qui écrit. Il va refuser ce mot du poète. Quand il parle de ce
qu’il écrit il parle de texte ou écrit. Il a intitulé un de ces livres Proème (mélange de prose et
poème).

Il est dans une perspective impersonnelle et non subjectivité, ce qui ne veut pas dire,
objective. Il y a une multiplicité des points de vue qui n’est pas seulement physique, aussi de
contextualisation dans le monde. Il veut être exhaustif. L’attitude de Ponge c’est comme s’il
abandonnait la subjectivité pour avoir une conscience collective. Il a une lutte avec le langage
parce qu’il n’est pas facile de s’approcher d’un objet de manière exhaustive. Il corrige
constamment.

Il a fait un recueil intitulé « La rage de l’expression ». C’est ce défi que l’expression lance à
l’objet. Nous avons aussi toutes les tentatives que Ponge fait autour d’un paysage qui en
principe est un paysage naturel. On trouve des textes comme la rive de la Loire, le Mimosa. Le
recueil plus important s’intitule « le parti pris des choses » : la toma de partido por las cosas,
en favor de las cosas. Aller chercher la relation entre les choses et les mots. Il veut jouer avec
l’observation, pas avec l’imagination.

C’est une entreprise proche du formalisme et nouveau roman. Il était près de la revue où se
sont réunis des formalistes et structuralistes Telle que. Il a publié ses textes dans cette revue.

Ces textes ont un ton documentaire. Il a aussi une présence des disciplines variées :
scientifiques et techniques. C’est une poésie qui s’ouvre aux savoirs qui viennent des sciences
et d’une conscience raisonnée. Avec Ponge la poésie s’ouvre aux sciences. Les relations entre
poésie et science sont importantes dans la poésie contemporaine.

La poésie du Ponge est nouvelle. Ces textes se présentent comme des travaux en groupe qui se
révisent et corrigent. Nous voyons le brouillon qui est aussi un travail poétique. Ponge savait
que le projet de faire coïncider un objet et un mot est impossible, on ne peut pas dire tout
d’un objet. La relation entre l’objet et le langage qui veut saisir l’objet a un nom : l’objoie. C’est
une relation mouvante. C’est un plaisir d’écriture qui surgit dans cette intention de mettre en
relation le langage et la chose.

OULIPO : ouvroir de littérature potentielle.

Il est né en 1960. Groupe connaisseur et praticien de sciences ou amateur des sciences.


Certains membres sont : Raymond Queneau, Marcel Duchamp, Georges Perec, Jacques
Roaubaud… ce sont des gens entre la littérature et les sciences comme les mathématiques.
C’est un groupe qui est toujours actif. Il ne forme pas une école ni programme. Il s’agit
d’introduire des pratiques mathématiques qui viennent du jeu dans la littérature. Ce sont des
pratiques qui supposent une contrainte.

« Cent mille milliards de poèmes » de Raymond Queneau : ce sont 10 poèmes, sur 10 pages.
Les vers sont découpés et tu passes de vers, c’est le même poème avec un vers qui change. Les
10 sonnets ont la même rime. Le livre est composé de dix feuilles, chacune séparée en
quatorze bandes horizontales, chaque bande portant sur son recto un vers. Le lecteur peut
donc, en tournant les bandes horizontales comme des pages, choisir pour chaque vers une des
dix versions proposées par Queneau. Les dix versions de chaque vers ont la même scansion et
la même rime, ce qui assure que chaque sonnet ainsi assemblé est régulier dans sa forme. Il y a
donc 10 soit 100 000 000 000 000 poèmes potentiels.
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Georges Perec : il a publié un livre en adoptant une technique qu’il a appelé l’lipogramme. Il a
écrit un roman sans la lettre e. il s’appelle « La disparation ». Il a écrit aussi « les revenentes ».
C’est un roman où il n’y a pas d’autres voyelles que le e.

Oulipo a une attitude de recherche très formel. La notion de littérature en Oulipo passe par la
discipline, par le travail… il ne passe pas par la recherche d’une inconsciente et par
l’inspiration. Il y a une opposition contre :

- Le romantisme : pas d’inspiration et il n’explore pas la sensibilité.

- Le surréalisme : ce n’est pas une écriture automatique ni des aspects obscurs du


moi.

- Le réalisme : il ne veut pas reproduire mimétiquement le réel et traduire le monde.


C’est un travail du langage dominé par la contrainte. Il s’influe des classiques. Ils
trouvent la valeur d’une œuvre dans le respect des contraintes.

Il faut souligner la collaboration des sciences et élites littéraires. Les notions du hasard qui sont
caractéristiques du surréalisme n’ont rien à voir avec Oulipo. Ils provoquent un surgissement
des sens.

Dans un manifeste ils se définissent comme des rats qui doivent construire le labyrinthe dont
ils se proposent de sortir. Le poète lui-même se donne une contrainte.

Oulipo valorise les aspects techniques de l’écriture. Nous comprenons par technique tout ce
qui est le control du lexique, de la rhétorique, de la syntaxe… et d’un autre côté fait appel à
une imagination de la contrainte. Il y a de l’imagination lors qu’on invente le problème à
résoudre. La solution est habilitée, l’imagination c’est le problème posé.

C’est une imagination des formes, structures, systèmes, opérations, procédés. L’aspect
imaginative se donne à l’habilité du langage.

Également nous avons une modification de la relation du lecteur avec le texte. Le lecteur ne
cherchera pas un sens mais à comprendre la manière technique et la résolution linguistique
proposé par le texte. Le lecteur doit faire un effort de compréhension pour apprécier l’œuvre,
il doit être un lecteur actif. Le lecteur doit refaire le chemin proposé par l’auteur.

Il y a une collaboration entre sciences et littérature. Nous assistons à une notion d’imagination
formaliste. Ce mouvement est inscrit dans une tendance générale : structuralisme et
formalisme.

MARGARITE DE YOURCENAR (1903- 1987)

Elle est entrée à l’Académie de France, la première femme. C’est une femme avec une culture
classique énorme. Elle a commencé à apprendre le grec, le latin. Elle a commencé à écrire très
jeune, même si le succès est arrivé tard. C’est une grande voyageuse et connaît des cultures
étrangères comme le Japon. Elle a fini par s’installer aux Etats- Unis. C’est une femme partagée
entre la culture européenne, américaine, oriental et classique.

Le premier livre s’intitule « Alexis ou le traité du vain combat ». C’est un roman où un jeune
homme découvre son homosexualité, mais la rejette et se maire ; mais finit par retourner à
l’homosexualité.
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Dans ses livres « mémoires d’Adrien » : empereur romain. Erotisme. « L’œuvre au noir » : c’est
une phase de l’alchimie. Le protagoniste est un alchimiste qui représente toute une période
combulsée de la culture européenne au XVI siècle. Zénon pratique aussi l’homosexualité. Celui-
ci a donné la grande réputation d’écrivaine.

Elle est aussi une écrivaine d’essais. « le temps se rend sculpteur ». « Mishima » (c’est un
écrivain japonais qui représente les valeurs de la culture japonaise).

« Le labyrinthe du monde » : une autobiographie de la famille du père et de la mère de


Yourcenar, mais avec la profondeur de toute la civilisation.

Ses œuvres sont autour l’idée de culture.

« Mémoires de Hadrien » : mythe de l’empereur Hadrien. Il tient des figures paternelles de


notre culture latine. On voit comment un homme se forme dans le domaine de l’amour, la
justice et le savoir. Elle étudie le fond de notre sensibilité culturelle.

LEÇON 16 : LE NOUVEAU ROMAN. Robbe-Grillet et Duras


C’est la dernière avant-garde du XX siècle. Elle arrive autour des années 50. C’est un nombre
assez réduit d’écrivains qui se regroupent autour des éditions de minuit. Il s’agit d’une
littérature qui n’est pas du gout de tout le monde. Ce sont des textes difficiles à comprendre.

Les écrivains sont : Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Claude Simon, Michel Butor et
Marguerite Duras. Ce sont des auteurs qui appartient à ce mouvement mais qui n’est pas une
école. Il garde toujours des particularités littéraires au point que Marguerite Duras a refusé
d’appartenir à ce mouvement. On la situe parce qu’une partie de son écriture garde de la
proximité avec les principes du Nouveau Roman. Ils ont des textes théoriques mais pas
manifestes. Il a écrit un livre avec la volonté d’expliquer le mouvement intitulé Pour un
Nouveau Roman. Nathalie Sarraute a écrit aussi L’ire de soupçon.

Le groupe s’est rendu visible lors d’un colloque à Cerisy. Le mouvement a les caractéristiques
suivants :

- Ils sont contre le roman existentialiste de l’époque parce qu’il veut être utile. Or, le
Nouveau Roman ne veut pas être utile et être engagé politiquement.

- Ils sont contre le roman réaliste du XIX, description mimétique du réel…

- Ils sont héritiers et accompagnent dans le temps à l’esthétique et la pensée


formaliste de l’époque. Cette pensée est structuraliste. Les textes font des textes
où le langage a une place primordiale. On ne respecte pas l’idée du vers ni de
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narration. Le Nouveau Roman s’appelle roman et accepte l’idée de narration, mais
il repousse d’autres éléments du roman classique comme le faisaient les textes
formalistes.

Les éléments que refuse le Nouveau Roman sont les suivants :

- Il refuse l’expression du moi et l’expression lyrique et la subjectivité avouée


indirecte du moi. Le moi ne va pas s’étendre à la subjectivité. Ils vont jouer avec
l’instance du moi, mais ils ne vont pas l’utiliser comme un romantique ou un
romancier réaliste.

- Il y a un refus du personnage comme le centre organisateur de la fiction. Dans la


fiction classique on suit un personnage et on organise tout ce qui arrive autour de
lui. Ce qui passe dans le roman n’est pas en fonction du personnage. Le
personnage n’est pas étudié comme une entité psychologique. Ils ne s’intéressent
pas à ses sentiments, ses objectifs… le personnage n’est pas présenté en suivant
des actions logiques. Il n’y a pas de lien logique entre ce qu’il fait. C’est le
narrateur qui ne suit pas le personnage de manière logique. Il ne cherche pas à
nous donner une histoire cohérente de la vie du personnage. En plus, le
personnage n’est pas décrit physiquement. Tout ceci rend le personnage peu réel.
Il n’a pas une psychologie traditionnelle.

- Dans la narration du Nouveau Roman il n’y a pas un respect de la chronologie du


récit traditionnel. Le narrateur ne se soucie pas de donner dans l’ordre les choses
qui arrivent et de faire comprendre l’action à son lecteur ou de donner les
renseignements suffisants. Le narrateur multiplie aussi les points de vue et les
perspectives. Le résultat est une réalité fragmentaire. Le narrateur peut aussi
multiplier le temps et mélanger le présent, le passé… le lecteur ne sait pas à quel
moment il se trouve. On peut même entrer en contradiction.

- La représentation du réel : le roman traditionnel composait une réalité mimétique


alors que le Nouveau Roman ne veut pas donner un résultat qui représente le réel.
Il refuse de représenter le réel. Nous ne reconnaissons pas un paysage ou une
situation réaliste. Le roman ne veut pas nous informer sur comment est le réel. Il
veut se présenter lui-même. Il veut voir le roman, réfléchir à ce roman. Le roman
ne doit pas reproduire ce qu’on connait du réel, mais ce qu’on ne connait pas. Il
doit chercher et faire chercher à son lecteur cette sensation d’étrangeté qui se
trouve dans le roman lui-même. C’est une réflexion sur le langage.

- Dans certains auteurs il faut noter une présence obsédante du réel comme par
exemple Alain Robbe-Grillet. Dans un roman réaliste la description est
conventionnelle, dans le Nouveau Roman la description est si exacte qu’elle
devient étrange. Cette attention aux objets avait été évoqué par Ponge. Il y a un
étonnement du lecteur. On a nommé parfois le Nouveau Roman l’école du regard.
Dans Nathalie Sarraute il y a une observation des sensations fugitives que nous
n’arrivons pas à saisir et elle fait une déconstruction de la psychologie. Nous
pouvons le constater dans un livre intitulé « Tropisme ».

De manière générale nous pouvons considérer que le Nouveau Roman est en train de
déconstruire le roman traditionnel. Le roman ne raconte pas une histoire, n’a pas de
personnage… La narration est plus importante que la fiction. Le mouvement de la narration et
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les manières dont on raconte sont plus importantes que ce qu’on raconte. L’auteur s’intéresse
à la manière dont est écrit le roman. L’intrigue n’est pas dans la fiction, l’intrigue est dans ce
qui fait la narration. C’est la lecture d’une narration. Lire n’est pas une activité passive, il faut
être actif, savoir ce qui fait le narrateur. Il y a un travail intellectuel de la part du lecteur.

Il y a aussi une multiplication des mises en abyme. Dans le cas de « La Modification » de Michel
Butor on doit faire un effort parce que la narration est à rebours.

Ils conçoivent des thèmes générateurs comme la grammaire ou les mythes mais ils ne
racontent pas les mythes classiques ; ils transforment les mythes dans une structure qui est la
seule chose qui reste.

Il y a aussi un système d’intertextualité quand un texte cite un autre. Dans le formalisme et le


structuralisme la notion d’intertextualité parle d’une structure prêtée d’un texte à l’autre, des
certains mécanismes générateurs qui passent d’un texte à un autre et même des certains
personnages qui passent d’un texte à un autre. Il faut découvrir le je intertextuel.

Robbe-Grillet très souvent prend un régicide. Dans « Les gommes » c’est un roman avec une
apparence policier, mais l’intertexte c’est une tragédie grecque.

Le Nouveau Roman a eu une évolution. La deuxième étape est une extrême de la théorie
formaliste. Le roman ne parle que de lui-même. C’est un métaroman qui parle de lui-même
constamment sans aucune fiction. Cette étape est représentée par Ricardou qui a inventé une
manière d’écrire « textique ». C’est faire des textes.

Dans la troisième étape les écrivains commencent à adopter certains fonctions expressives et
représentatives. Ils le font à l’envers de l’autobiographie. C’est une nouvelle autobiographie
qui ne raconte pas le « je » comme un sujet reconnaissable. Elle accepte aussi de la fiction et
non seulement du réel. C’est un mélange et un travail de construction. Il y a un mélange entre
le réel et la fiction. Ce n’est pas un moi romantique ni classique. Robbe Grillet le fait dans une
trilogie intitulé « Le miroir qui revient ».

Nathalie Sarraute aussi a écrit le livre « Enfance ». Elle mélange une voix qui veut s’exprimer
autobiographiquement et une voix qui la refuse. Il y a une contradiction des voix.

Duras a « L’amant » où elle raconte une histoire qui a des racines personnelles.

A) ALAIN ROBBE-GRILLET (1922-2008)

Il est né en 1922 et il est mort en 2008. Il a une formation de scientifique et d’ingénieur. On


voit les caractéristiques du Nouveau Roman dans son œuvre.

Le roman le plus connu est « La jalousie ». Nous avons un regard qui est placé derrière une
persienne. C’est un narrateur qui est situé physiquement derrière une jalousie. Il raconte ce
qu’il voit avec beaucoup de précision. Il décrit les scènes de la même manière. Il ne reconstruit
pas une historie de ce qu’il voit. Avec cette manière d’écrire nous nous rendons compte que
c’est un regard qui éprouve de la jalousie à cause de ce qu’il choisit pour narrer. Il n’a pas de
retour subjectif sur lui-même.

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« Djinn » c’est un livre pour enseigner la grammaire mais se mélange avec d’autres choses.
C’est un roman, pas un manuel de grammaire. Il y a aussi un humour codifié comme toute la
narration.

On peut signaler aussi la collaboration avec des metteurs en scène du cinéma. Lui-même
comme Duras a fait du cinéma. Il y a une relation étroite entre la littérature du nouveau roman
et le cinéma. Le regard qui déclenche très souvent la narration on peut la retrouver aussi dans
le cinéma. Les films de Robbe-Grillet représentent le penchant obsessionnel dans un domaine
sadoérotique.

Il produit des romans assez abstraits et théoriques avec des violences sexuelles. On le voit dans
quatre romans : « La maison du rendez-vous », « Topologie d’une cité fantôme ». il se mélange
la science, les fantômes…

Indétermination chronologique : la voix narratrice va raconter les choses non pas dans un
ordre sensé, mais de manière répétée parfois mais changeante. Cette voix va mélanger le
temps. Il y a un écartement de tout ce qui est sentimental et moral.

Le monde obsessionnel et érotique de Robbe-Grillet : sado-érotique et sadomasochiste. La


présence de l’érotisme est un élément pas commun dans le Nouveau Roman, mais nous
reconnaissons Duras aussi. Pour Robbe-Grillet, c’est plus transgresseur. Il faut dire que ces
aspects sont présents au cinéma : il était aussi un cinéaste : Glissement progressifs du plaisir,
La belle captive. Et pas filmé, on a seulement le script : L’année dernière à Marienbad.

Présence de l’intertextualité dans son œuvre et d’autres écrivains admirés comme Faulkner,
Camus, Proust et l’exercice de la mémoire qui détourne paranoïaque dans La jalousie,
Dostoievsky et Kafka. Travail donc très intertextualisé.

Présence de l’autobiographie dans sa dernière étape : trilogie intitulée Romanesques. Titre très
explicite de cette trilogie : Le miroir qui revient, un reflet de soi-même, mais il dédouble le
« moi ». Représentation de ce sujet du moi qui est fragmenté.

B) MARGUERITE DURAS (1914-1996)

Il y a des caractéristiques qui la rapportent du Nouveau Roman. Dans l’œuvre de Duras nous
ne trouverons pas un sujet comme dans le roman traditionnel. C’est une œuvre
fondamentalement de prose. Elle a écrit des romans et des pièces de théâtre et des textes
qu’on pourrait considérer des nouvelles ou des récits.

Elle se caractérise aussi par la recherche de l’écriture. Nous reconnaissons toujours le contenu.
Les personnages parlent et agissent. Tout cela rend ses textes plus compréhensibles. Mais ses
histoires ne sont pas distribuées dans un commencement, un développement et une fin
comme arrive dans le roman traditionnel. Il s’agit de prendre des moments isolés dans le
temps qui ont très peu de développement ou l’action ne fait pas vraiment avancer l’histoire.

Il y a une grande utilisation de l’observation qui parle des sens. Il y a aussi le regard et l’écoute.
Mais cette observation ne rend pas une description de type réaliste. Dans le cas de Duras
l’usage de la perception pour faire avancer l’action traduit vraiment la présence humaine, mais
ne sert pas à faire reconnaitre une psychologie reconnaissable en termes traditionnels.

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Dans l’ensemble de l’œuvre, le texte raconte très souvent un état du sujet et cet état est
souvent un état de désir. Les narrateurs et les personnages sont souvent captés dans un état
de désir, physique, psychique, amoureux ; mais qui souvent va au-delà de l’amour, une idée de
l’amour plus large, la confusion avec l’autre. Cet état du désir reflète la philosophie de l’altérité
de l’époque représentée par Blanchot. C’est une pensée où le sujet est toujours tourné vers
l’autre. Cela est souvent une perte. Vouloir se réunir avec l’autre signifie une perte du moi.

Les histoires deviennent un peu abstraites et les personnages insaisissables. Ils manquent des
intérêts privés et sont comme dépersonnalisés. Duras va créer des figures d’altérité où l’autre
entre dans le moi. Ce sont par exemple :

- La figure de la mère : les mères sont trop tournées vers ses enfants. Elles sont
complètement envahies par l’amour pour ses enfants. Elles sont souvent folles.
Cette figure prend une sens dans la figure de Duras. Elle vient de l’Indochine et la
mère était folle, elle entreprend des projets comme l’achète d’une terre envahie
par la mer. C’est une figure tournée vers le démesuré.

- Figures des fous : ils sont toujours tournés vers le paysage et un savoir qui vient
d’on ne sait pas où.

- La figure de l’enfant : ce sont des enfants qui ont une intelligence qui n’est pas
rationnelle. Ce sont des êtres qui se confondent avec le monde, des êtres révoltés
contre tout ce qui est raisonnable et qui ne respectent pas les limites de l’ordre ni
de soi-même.

- La figure du juif : le juif est un être errant. C’est la figure de l’homme qui ne
retrouve pas son lieu d’origine. Il y a des penseurs juifs de l’altérité.

- La figure du prostitué : c’est une prostitution qui n’est pas une question d’argent,
mais d’ouverture au monde et qui se confond avec extrême sensibilité à la douleur
du monde. Elle fait de son corps un lieu ouvert.

Ce sont des figures trop abstraites et vont devenir des personnages. Ses figures d’altérité ont
des racines autobiographiques. Il y a un mélange d’autobiographie et de fiction. Le caractère
de son écriture est qu’elle reprend la même histoire plusieurs fois. L’histoire de l’amant est
racontée dans le barrage entre le pacifique. Il raconte l’histoire de l’amant avec plus des détails
et toute l’histoire de l’époque. Elle change de perspective et de focalisation. L’histoire est
racontée une autre fois dans L’amant de la Chine Nord. Son idée est qu’on ne finit pas à
raconter définitivement quelque ce soit.

A mesure que l’œuvre de Duras avance on dirait que la fiction entre dans sa vie. Dans les
dernières années elle vit en fonction de ce qu’elle écrit. Les passions qu’elle invente passent à
la vie réelle. C’est une vie complétement centrée dans l’écriture.

Les étapes de son écriture peuvent se diviser par des cycles qui ne correspond pas à une
chronologie suivie :

- Cycle de la famille et de l’amant : ce sont ses premiers romans. L’amant est une
histoire tardive mais dans ce cycle.

- Cycle de india songs : « Le vis-consul ». Ces textes sont devenus des films. Il s’agit
des romans dans l’Indochine où le paysage a une présence très forte. La chaleur
accompagnée des états de passion. Nous trouvons le personnage de la femme de
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l’ambassadeur. C’est le personnage du prostitué, mais elle n’est pas du tout un
prostitué. Elle est conçue comme un prostitué mais abstraite, elle vit la douleur de
l’Indochine et la misère et traduit cela dans passions amoureuse.

Un autre roman dans ce cycle est « L’amour ». Il nous présent des personnages
réunis par la passion comme si l’amour passait des uns aux autres. Ce sont des
personnages qui n’ont pas d’identité précise et la passion passe des uns aux
autres. La notion du couple n’existe pas.

- Cycle de Lol V.Stein : « le ravissement » (el arrebato). C’est une histoire d’une
jeune fille qui a un fiancé et ce fiancé danse toute la nuit avec une autre femme. La
fille reste choquée. Le roman suit Lol V.Stein dans les promenades dans la ville et
dans quel état elle est. Elle voit comme l’objet de son amour disparait et ne se
reconnait pas elle-même. Elle reste folle. « Moderato cantavile » est un autre
exemple.

- Le cycle de la douleur : « La douleur ». Dans ce roman Duras raconte un épisode


autobiographique : le temps de la guerre où son mari a été fait prisonnier par les
nazis. Il y a beaucoup d’angoisse. Le mari finalement revient presque comme un
cadavre. L’histoire de comment un homme resurgit d’un cadavre. Histoire
politique, ouverture à l’autre et rendre sa vie disponible à l’autre.

- Cycle de Yann Andréa : c’est le dernier compagnon. Elle raconte sa vie mais pas
d’une manière réaliste, sinon comme si le réel et la fiction ne faisaient qu’un.
L’écriture modifie le réel.

Elle a fait en même temps du cinéma. Elle aimait tourner ses propres romans. Il y a une
relation étroite dans le roman et le cinéma (question de la transmédialité). Elle donne un
aspect cinématographique à son écriture qui peut en même temps donner lieu à un cinéma
très littéraire : c’est un cinéma expérimental. Un film est « Le camion ». Autre film est « Les
mains négatives ».

Sa manière d’écrire était appelé « écriture courante » (le disait Duras). Elle semble être faite
d’une manière assez orale et emphatique. Elle cherche à transmettre l’émotion.

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