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Collège privé « Saint Laurent »

Examen blanc de février 2016

Classe : TleABCD

Matière : Français

Durée : 04H

Situation d’évaluation :

Les affaires de cœur peuvent apporter le bonheur ou le malheur dans la vie d’une femme. Elles sont
d’ailleurs inscrites aux premières loges quant aux ferments de la condition féminine. Tu en sais peut-
être quelques choses. Voici un corpus de textes qui aborde aussi cette problématique. Lis-le
attentivement puis réponds aux consignes.

CORPUS DE TEXTES
TEXTE 1 : Alice Rivaz, La Paix des ruches, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1947.
TEXTE 2 : Félix Couchoro, L’esclave, AKPAGNON, A.C.C.T. 1983, pp 26-27.
TEXTE 3 : Simone de Beauvoir, La Force de l’âge, Gallimard, 1960.

Texte 1 :

Je crois que je n’aime plus mon marie. Et dire que toute ma famille s’imagine que c’est l’homme de
ma vie parce que pendant longtemps j’ai beaucoup peiné, travaillé pour lui, à cause de lui. Mais est-
ce à cela que se mesure l’amour ? Je ne pense pas. Ce qui se mesure là, ce qui porte témoignage,
n’est-ce pas plutôt une obéissance à une destinée ? oui, obéissance, nom plus vrai que celui d’amour
et qui, peu à peu, se substitue à lui quand les écailles commencent à nous tomber des yeux et que
nous osons nommer les êtres et les sentiments par leur vrai nom, quand ceux que nous appelons
« mon mari » nous apparaissent ce qu’ils sont vraiment, peut-être des passeurs d’eau qui ne savent
ce qu’ils font, mais le font, afin qu’à leur suite, à leur ombre, embarquées avec eux pour ce passage
d’une rive à l’autre, il nous soit donné de ne pas connaître dans la solitude

Texte 2 :

(Komlangan, un riche commerçant attend sa nouvelle promise pour des noces qui s’annoncent
palpitantes…)

Cependant, dans la maison de la nouvelle mariée, on venait de mettre la dernière main à la


toilette de l’héroïne du soir. Son père et sa mère l’attendaient, assis dans la salle de la maison.

Akoéba vint se mettre à genoux devant ses parents pour recevoir leur bénédiction.

Le père, dominant son émotion, prit dans ses mains les mains de sa fille, s’éclaircit la voix en toussant
fortement et parla :
- Ma fille, tu pars de chez nous pour aller vers ton mari. Tout le monde n’a point la faiblesse
d’un père ni l’affectueuse indulgence d’une mère que tu trouves ici chez nous. Te voilà avec
un mari avec qui ton inexpérience de jeune fille, va vivre la vie de tous les jours. Sois tout
obéissance, tout respect ; tout amour !

Si tu aimes ton mari, comme ta mère et moi en avons la ferme conviction, les inévitables difficultés
de la vie à deux te seront aplanies.

Pars, ma fille. Surtout, respecte celles qui t’ont précédée dans le cœur de ton mari : elles ont droit à
ce respect, car elles ont l’âge de ta mère et pourraient te dire : « Ma fille ». Pars, que Dieu soit avec
toi ! Que les âmes de nos pères te servent de guides ! Que les dieux t’accompagnent ! Quoi qu’il
t’arrive, n’oublie jamais le chemin de cette maison. L’amour filial et l’amour conjugal, voilà deux
sentiments qui doivent se soutenir dans ton cœur, que l’un ne lutte pas contre l’autre ! Je te bénis ;
ta mère te bénit ; tous nos absents te bénissent ! Pars et va en paix !

La mère avait approuvé et souligné par des monosyllabes les principaux passages de cette longue
prière, belle dans sa simplicité. Elle aussi avait saisi les mains jointes de sa fille et de son mari.

Et ces mains, ces bouches, ces cœurs priaient. Car la fille avait aussi prié, se souhaitant tout
bas tout le bien que lui souhaitaient ses parents. Et qu’est-ce qu’une prière, si non un souhait ?

Cette scène poignante avait attendri les quelques femmes présentes qui avaient écouté dans un
religieux silence, se remémorant le soir où des lèvres paternelles tombait la bénédiction qui devait
les suivre dans la maison de l’époux. Toutes ces femmes pleuraient, la mère pleurait aussi, Akoéba
avait les yeux embués de larmes, mais elle se raidissait pour ne pas les laisser couler.

Félix Couchoro, L’esclave, AKPAGNON, A.C.C.T. 1983, pp 26-27

Texte 3 :

(Jeunes professeurs, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir risquent d’être séparés par leur
nomination à des postes éloignés. Pour éviter cela, Jean-Paul Sartre a eu l’idée d’un mariage civil de
pure formalité. Mais sa compagne s’y oppose).

En vérité, je redoutais la solitude beaucoup plus que je n’y aspirais. Le moment vint où je dus
solliciter un poste : on m’assigna Marseille, et je fus atterrée. J’avais envisagé des exils plus
déchirants mais sans jamais tout fait y croire ; et soudain, c’était vrai : le 2 Octobre, je me retrouvais
à plus de huit cents kilomètres de Paris. Devant ma panique, Sartre proposa de réviser nos plans : si
nous nous mariions, nous bénéficierons d’un poste double et somme toute, cette formalité ne
porterait pas gravement atteinte à notre manière de vivre ? Cette perspective me prit au dépourvu.
Jusqu’alors, nous n’avions pas même envisagé de nous enchaîner à des habitudes communes l’idée
de nous marier ne nous avait donc pas effleurés. Par principe, elle nous offusquait. Sur bien des
points nous hésitons, mais notre anarchisme était aussi bon teint et aussi agressif que celui des vieux
libertaires ; il nous incitait, comme eux, à refuser l’ingérence de la société dans nos affaires privées.
Nous étions hostiles aux institutions parce que la liberté s’y aliène, et hostiles à la bourgeoisie d’où
elles émanaient ; il nous paraissait normal d’accorder notre conduite à nos convictions. Le célibat
pour nous allait de soi. Seuls de puissants motifs auraient pu nous décider à plier devant des
conventions qui nous répugnaient.

Mais précisément, voilà qu’il en surgissait un, puisque l’idée de partir pour Marseille me
jetait dans l’anxiété ; dans ces conditions, disait Sartre, il était stupide de sacrifier à des principes. Je
dois dire que, pas un instant, je ne fus tenté de donner suite à sa suggestion, le mariage multiplie par
deux les obligations familiales et toutes les corvées sociales. En modifiant nos rapports à autrui, il eût
fatalement altéré ceux qui existaient entre nous. Le souci de préserver ma propre indépendance ne
pesa pas lourd ; il m’eût paru artificiel de chercher dans l’absence une liberté que je ne pouvais
sincèrement retrouver que dans ma tête et mon cœur. Mais je voyais combien il en coûtait à Sartre
de dire adieu aux voyages, à sa liberté, à sa jeunesse, pour devenir professeur en province, et
définitivement, un adulte ; se ranger parmi les hommes mariés, c’eût été un renoncement de plus. Je
savais aussi combien j’étais accessible aux remords et combien je les détestais. La plus élémentaire
prudence m’interdisait de choisir un avenir qu’ils eussent risqué d’empoisonner. Je n’eus pas même à
délibérer, je n’hésitai pas, je ne calculai pas, ma décision se prit sans moi.

Un seul motif eût pesé lourd pour nous convaincre de nous infliger ces liens qu’on dit
légitimes ; le désir d’avoir des enfants ; nous ne l’éprouvions pas.

Simone de Beauvoir, La Force de l’âge, Gallimard, 1960.

CONSIGNES
I- QUESTIONS SUR LA COMPETENCE DE LECTURE (OBLIGATOIRE)

1- Du point de vue des idées développées, dis ce qui rapproche les textes 1 et 3. (1pt)
2- Indique les aspects thématiques sur quels le texte 2 est différent des deux autres. (1pt)
3- Classe les trois textes selon la nature, le genre et le registre. (2pts)

II- COMPETENCE D’ECRITURE (L’apprenant traitera l’un des sujets au choix)

A- CONTRACTION DE TEXTE (Texte1)


1- Indique le paradoxe exprimé dans le dernier paragraphe du texte. (1pt)
2- Fais la structure du texte et propose un titre expressif à chaque partie (3pts)
3- Résumé :
Ce texte comporte environ 550 mots. Résume-le au quart de son volume. Une marge de 10%
en plus ou en moins est tolérée. (5pts)

4- Discussion (7pts)

L’auteur du texte 1 compare les maris à des « passeurs d’eau ». Discute cette position.

B- COMMENTAIRE COMPOSE (Texte2)


Fais de ce texte, un commentaire composé que tu organiseras à ton gré. Tu pourras, par exemple,
montrer comment l’auteur met en relief la solennité des derniers moments de la fiancée avec ses
parents.

Consigne

1- Analyse du texte
a- Dégage l’idée générale du texte (2pts)
b- Relève du texte deux centres d’intérêt (2pts)
c- Relève deux procédés formels (lexicaux, grammaticaux, stylistiques…) liés à chacun des
deux centres d’intérêt et précise l’idée que chaque procédé suggère. (2pts)
2- Rédige entièrement ton devoir (10pts)

C- DISSERTATION (Texte 3)

Selon l’auteur, « le mariage multiplie par deux les obligations familiales et toutes les corvées
sociales ».

Au regard des pratiques et faits que tu observes autour de toi, apprécie cette affirmation.

Consignes
1- Dégage la problématique du sujet (2pts)
2- Construis le plan détaillé du corps du devoir (4pts)
3- Rédige entièrement ton devoir (10pts)

Bonne composition !!!

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