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Lecture linéaire la scène de bal ou de la

rencontre entre la princesse et le duc de


Nemours dans la princesse de clèves
Madame de La Fayette
Par | Le 04/02/2020

De « Elle passa tout le jour des fiançailles à se parer » jusqu’à « Il ne put admirer que Madame de Clèves ».
 
La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette est considéré comme le roman qui a fixé les codes du genre romanesque.
Paru en 1678, le roman raconte l’histoire d’une jeune princesse et Monsieur de Nemours qui vivent les déchirements d’un
amour muet et d’une passion rendue impossible par le poids des convenances sociales et de la morale.
L’extrait de notre étude correspond au passage de la scène de bal et plus précisément de la rencontre entre les deux
personnages principaux.
Problématique possible:

 Qu'est-ce qui fait l'originalité de cette scène de bal?


 Comment cette scène de bal met-elle en scène la passion naissante ?
 Comment cette scène de bal est-elle devenue une référence pour les autres scènes de bal connues dans la littérature ?

Notre étude suivra la progression suivante. Tout d’abord, nous porterons notre attention sur un premier passage qui s’étend du
début de l’extrait jusqu’à « celui qui arrivait » et qui met en scène le motif de la scène de bal. Le deuxième passage consacré à
la naissance de l’amour s’attardera de « Elle se tourna et vit un homme » jusqu’à « un murmure de louanges ». Enfin, la
dernière partie de l’extrait montrera comment cette scène est annonciatrice de la suite du roman.
 

I. la scène de bal

Le bal est un évènement répondant à des codes très précis où chacun et chaque chose sont à leur place. Pourtant, aucun bal
ne ressemble à un autre car on y vient dans l’attente qu’il y ait une surprise, un évènement qui le rende unique.
a) les personnages et le cadre spatio-temporel

 CCT « tout le jour » + verbe « parer » montrent les préparatifs liés à la fête.
 Le complément du nom « des fiançailles » accentue le fait qu’il ne s’agit pas d’un jour ordinaire. Le bal fait donc partie de la
célébration.
 Les CCT « chez elle » « au bal » « au festin royal » « au Louvre » rendent le moment encore plus solennel en ouvrant
l’espace progressivement.
 L’utilisation de l’imparfait crée un effet de pause afin de montrer l’importance du cérémonial et du protocole.
 La proposition subordonnée conjonctive cct « lorsqu’elle arriva, l’on admira » crée une concomitance et presque un rapport
de cause à effet. La princesse de Clèves ne peut que déclencher l’admiration.
 L’utilisation du déterminant possessif « sa » devant les noms « parure » et « beauté » montre qu’elle est la seule à
posséder ces qualités.

 b) la mise en place de l'intrigue

 antithèse bruit/ silence accentuée par l’adverbe « assez » et l’adjectif « grand » « un assez grand bruit » témoigne d’un
évènement inattendu au milieu d’un décor où chaque élément est à sa place, où chacun tient son rôle.
 resserrement temporel avec le passage au passé simple « comme elle dansait…il se fit » 
 impression de densité aux abords de la salle et de solitude au centre comme pour mettre en valeur le lieu même où tout va
se jouer.
 mystère autour de la présentation de Nemours comme le montre sa désignation progressive avec le pronom indéfini
« quelqu’un »et le pronom relatif « à qui » et qui participe au surgissement de l’évènement inattendu. 
II) la naissance de l'amour
a) la découverte progressive du Duc de Nemours

 Verbe d’action au passé simple « se tourna » montre que la princesse de Clèves fait un mouvement non maîtrisé. Elle ne
s’attend pas à porter son regard sur le Duc de Nemours.
 La désignation « un homme » montre que la Princesse de Clèves n’a pas cherché cette rencontre.
 La négation des verbes « crut » « pouvoir » et « être » dans la proposition subordonnée relative « qu’elle crut d’abord ne
pouvoir être que M. de Nemours » contraste alors avec la mention « un homme » qui semblait dire que La Princesse ne
pouvait qu’ignorer ce à quoi pouvait ressembler Le Duc de Nemours. Or, juste avant notre extrait, le lecteur apprend que la
princesse de Clèves a une idée précise de l’identité du Duc de Nemours.
 La proposition subordonnée relative « qui passait par-dessus quelques chaises » fait du Duc de Nemours un homme non
seulement beau mais athlétique.  

b) la rencontre

 champ lexical du regard, champ lexical de la beauté, champ lexical de l'étonnement : ces trois champs lexicaux sont utilisés
aussi bien pour qualifier l’attitude du Duc que celle de la Princesse. Cette rencontre est donc placée sous le signe de
l’amour.
 chiasme montre que la princesse et le Duc de Nemours sont décrits de la même manière. C’est comme s’il s’agissait de
doubles masculin/ féminin.
 métaphore « l’air brillant » combinée au verbe « parer » donnent au Duc de Nemours un aspect quasi solaire.
 La proposition subordonnée conjonctive complément circonstanciel de temps « quand ils commencèrent à danser »..
montre que l’union des personnages dans la danse, suggérée par l’utilisation du pronom pluriel « ils », est à l’origine de
l’admiration de tous et d’une sorte d’évidence. En effet, en opposition à l’expression « un assez grand bruit » succède ici la
mention « un murmure de louanges ». Cette métaphore donne un côté quasi sacré à cette rencontre.

 
III) une scène annonciatrice…
a) …d’ un amour auquel il faudra renoncer

 Désignation des figures sociales « les rois et les reines » associée au verbe « se souvinrent » : ce sont eux qui possèdent
la mémoire collective et qui décident de retenir ce qui est considéré comme un évènement et ce qui reste dans l’oubli. Cela
rend la rencontre encore plus importante.
 Toutefois, ce groupe « rois et reines » est mis en parallèle par rapport au pronom « ils » qui est le sujet de la proposition
subordonnée conjonctive. On comprend que le couple Princesse de Clèves/ Duc de Nemours sera soumis à la pression
des convenances.
 Verbes d’ordre « appelèrent » « demandèrent »« savoir » +« phrases négatives + subordonnée de condition « s’ils ne s’en
doutaient  point » Il s’agit ici d’un véritable interrogatoire. La Princesse et le Duc sont immédiatement dépossédés de leur
histoire personnelle, ils doivent rendre des comptes. On voit d’ailleurs combien les personnages hauts-placés prennent
plaisir à s’amuser d’eux. Le Roi est d’ailleurs à l’origine de leur rencontre puisqu’il a obligé la princesse à danser avec
Nemours.
 le rapprochement des corps et des cœurs sans jamais l'évoquer= la préciosité

b) …de l'amour entre Nemours et la princesse de Clèves


 

 lexique de la connaissance et de la reconnaissance dans la réplique de Nemours + phrase négative pour ne pas montrer
son amour naissant + subjonctif dénote la préciosité utilisée par le Duc de Nemours qui est un homme reflétant l’idéal de
l’homme d’esprit et de l’honnête homme.
 Phrase affirmative renforcée par le verbe « je crois » et les verbes « elle le sait » « vous avez » montre qu’il n’y a aucun
doute sur cet amour naissant car la Dauphine en est extrêmement jalouse. Elle est la seule à ne pas utiliser de phrases
négatives et son ton franc et direct cause une gêne chez la princesse de Clèves. Sa jalousie apparaît également dans la
reprise « vous le savez fort bien » et dans l’utilisation de l’adjectif « obligeant » qui est utilisé comme une antiphrase.  

 
 

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