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Chapitre 3 – LE ROMAN ET LE RÉCIT DU MOYEN AGE AU XXIÈME SIÈCLE

La Princesse de Clèves, de Madame de Lafayette, 1678.


Lecture linéaire n° 7

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- J'avoue, répondit-elle, que les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m'aveugler. Rien
ne me peut empêcher de connaître que vous êtes né avec toutes les dispositions pour la galanterie, et
toutes les qualités qui sont propres à y donner des succès heureux. Vous avez déjà eu plusieurs passions,
vous en auriez encore ; je ne ferais plus votre bonheur ; je vous verrais pour une autre comme vous auriez
10 été pour moi. J'en aurais une douleur mortelle, et je ne serais pas même assurée de n'avoir point le
malheur de la jalousie. Je vous en ai trop dit pour vous cacher que vous me l'avez fait connaître, et que je
souffris de si cruelles peines le soir que la reine me donna cette lettre de madame de Thémines, que l'on
disait qui s'adressait à vous, qu'il m'en est demeuré une idée qui me fait croire que c'est le plus grand de
tous les maux.
15 Par vanité ou par goût, toutes les femmes souhaitent de vous attacher. Il y en a peu à qui vous ne
plaisiez ; mon expérience me ferait croire qu'il n'y en a point à qui vous ne puissiez plaire. Je vous croirais
toujours amoureux et aimé, et je ne me tromperais pas souvent. Dans cet état néanmoins, je n'aurais
d'autre parti à prendre que celui de la souffrance ; je ne sais même si j'oserais me plaindre. On fait des
reproches à un amant ; mais en fait-on à un mari, quand on n'a à lui reprocher que de n'avoir plus
20 d'amour ? Quand je pourrais m'accoutumer à cette sorte de malheur, pourrais-je m'accoutumer à celui de
croire voir toujours monsieur de Clèves vous accuser de sa mort, me reprocher de vous avoir aimé, de
vous avoir épousé et me faire sentir la différence de son attachement au vôtre ? Il est impossible,
continua-t-elle, de passer par-dessus des raisons si fortes : il faut que je demeure dans l'état où je suis, et
dans les résolutions que j'ai prises de n'en sortir jamais.

Introduction
→ Epoque/mouvement : 17e = classicisme => Vraisemblance (//réalisme) – Bienséance – plaire et instruire – Idéal de
l’Honnête Homme = maîtrise de soi – Passions # Raison / vertu + Préciosité : raffinement du comportement / de la
langue / des mœurs (social).
→ Auteur  : Mme de Lafayette – femme de lettres – Très proche de Ménage (grammairien) de La Rochefoucault + Mme
de Sévigné (Homme et femme de lettres ) – proche d’Henriette d’Angleterre => très proche de la Cour ; de la famille
royale – son propre salon littéraire
→ Oeuvre  : Raconte le dilemme de la Princesse de Clèves entre son amour / sa passion pour le Duc de Nemours et sa
fidélité envers le Prince de Clèves son mari, au nom de la Vertu, enseignée par sa mère – Publiée anonymement – 1 er
roman psychologique / moderne : dépeint la complexité des sentiments humains.
→ Extrait (situation + résumé) : vers la fin, après la mort du rince de Clèves – La Princesse explique au Duc de Nemours
les raisons de son refus de l’épouser.
→ Projet de lecture : enjeux du texte : Nous verrons comment, dans cet extrait, Mme de Lafayette dépeint la complexité
de sentiments humains à travers son personnage.
→ Annonce des mouvements / parties du texte :…………………………………………………………………………………………….………………
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Coup de pouce….lecture linéaire guidée
25 * Mouvement 1 : donnez-lui un titre : …………………………………………………………..
- J'avoue, répondit-elle, que les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m'aveugler. Rien ne me peut
empêcher de connaître que vous êtes né avec toutes les dispositions pour la galanterie, et toutes les qualités qui sont
propres à y donner des succès heureux. Vous avez déjà eu plusieurs passions, vous en auriez encore ; je ne ferais plus
votre bonheur ; je vous verrais pour une autre comme vous auriez été pour moi. J'en aurais une douleur mortelle, et je ne
30 serais pas même assurée de n'avoir point le malheur de la jalousie. Je vous en ai trop dit pour vous cacher que vous me
l'avez fait connaître, et que je souffris de si cruelles peines le soir que la reine me donna cette lettre de madame de
Thémines, que l'on disait qui s'adressait à vous, qu'il m'en est demeuré une idée qui me fait croire que c'est le plus grand
de tous les maux.

1. Soulignez en vert dans ce passage le champ lexical de l’amour


35 2. Surlignez en jaune l’antithèse.
3. Soulignez en rouge dans ce passage toutes les expressions choisies par la Princesse pour dire sa souffrance,
formant le registre ………………………………..
4. Soulignez en bleu dans ce passage la prolepse ( = anticipation) et indiquez les procédés utilisés par l’auteur :
………………………………………………………………………………………………………………………..……………………………………………………………….
40 5. Souligner en noir l’analepse (= retour en arrière.) et indiquez les procédés utilisés par l’auteur :
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….
6. Quels arguments la Princesse donne-t-elle pour justifier son renoncement ? Justifiez votre réponse en vous
appuyant précisément sur ce passage.
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Aide pour traiter cette question → passion, raison, lucidité, vertu, dangers, infidélité, souffrance.

* Mouvement 2 : donnez-lui un titre : …………………………………………………………..


Par vanité ou par goût, toutes les femmes souhaitent de vous attacher. Il y en a peu à qui vous ne plaisiez ; mon
expérience me ferait croire qu'il n'y en a point à qui vous ne puissiez plaire. Je vous croirais toujours amoureux et aimé, et
50 je ne me tromperais pas souvent. Dans cet état néanmoins, je n'aurais d'autre parti à prendre que celui de la souffrance ;
je ne sais même si j'oserais me plaindre. On fait des reproches à un amant ; mais en fait-on à un mari, quand on n'a à lui
reprocher que de n'avoir plus d'amour ?

1. Soulignez en bleu deux litotes et en noir une hyperbole.


2. Soulignez en rouge dans ce passage toutes les négations et identifiez leurs valeurs :………….
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3. Soulignez en vert dans ce passage une antithèse.
4. Surlignez en jaune l’interrogation et identifiez sa valeur :……………….………………………

*Mouvement 3 : donnez-lui un titre : …………………………………………………………..


Quand je pourrais m'accoutumer à cette sorte de malheur, pourrais-je m'accoutumer à celui de croire voir toujours
60 monsieur de Clèves vous accuser de sa mort, me reprocher de vous avoir aimé, de vous avoir épousé et me faire sentir la
différence de son attachement au vôtre ? Il est impossible, continua-t-elle, de passer par-dessus des raisons si fortes : il
faut que je demeure dans l'état où je suis, et dans les résolutions que j'ai prises de n'en sortir jamais.

1. Soulignez en bleu dans ce passage un complément circonstanciel de concession.


2. Soulignez en rouge dans ce passage une accumulation.
65 3. Soulignez en vert dans ce passage un parallélisme.
4. Soulignez en noir l’interrogation et identifiez sa valeur :…………….……….………………………
5. A quelle conclusion arrive la Princesse de Clèves à la fin de sa prise de parole  ?
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Mouvement 1 -- Lignes 1 à 9 : Des passions mortelles / douloureuses / dangereuses
Citations Analyses Interprétations
- J'avoue, répondit-elle, que les passions peuvent me conduire ; + Discours direct – verbe de parole – - Discours direct permet au lecteur de plonger
P1 – tiret – présent d’énonciation directement dans les sentiments du persge –
mais elles ne sauraient m'aveugler. Rien ne me peut empêcher + 1er verbe rapprochement lecteur / pergse – effet de réalisme
- Annonce d’un aveu
de connaître que vous êtes né avec toutes les dispositions pour champ lexical de l’amour
+ CL omniprésent au début de la prise de parole – souvent
antithèse + conj de coordination
la galanterie, et toutes les qualités qui sont propres à y donner péjoratif => passion = thème ppal + mise en garde // mise
d’opposition
en garde de sa mère en début de roman .
des succès heureux. Vous avez déjà eu plusieurs passions, vous + Opposition forte avec opposition lexicale «  guider » /
+ Analepse : passé composé=> passé « aveugler » - opposition grammaticale forme affirmative
en auriez encore ; je ne ferais plus votre bonheur ; je vous de séducteur # forme négative + opposition « mais » => montre la
lucidité + forme de résistance
verrais pour une autre comme vous auriez été pour moi. J'en
CL souffrance = registre pathétique – + Ravages de la souffrance
hyperboles « mortelle » : adverbe
aurais une douleur mortelle, et je ne serais pas même assurée
d’intensité « si » + superlatif absolu
+ Arguement à la princesse pour montrer que s’ils se
de n'avoir point le malheur de la jalousie. Prolepse : projection dans le futur => mariaient, ce mariage serait forcément malheureux
conditionnel => futur hypothétique
Je vous en ai trop dit pour vous cacher que vous me l'avez fait
+ Analepse : retour en arrière => + Retour sur l’évènement de la lettre => jalousie => prise
connaître, et que je souffris de si cruelles peines le soir que la passé simple + passé composé + de conscience de son amour pr le Duc – Amour est
imparfait - indicateur temporel directement lié à la douleur
reine me donna cette lettre de madame de Thémines, que l'on
+ Présent de l’indicatif de vérité
disait qui s'adressait à vous, qu'il m'en est demeuré une idée générale + Enonciation d’un fait / constat – définit la jalousie

qui me fait croire que c'est le plus grand de tous les maux.

BILAN : Peinture de l’amour comme source de malheurs // éducation de sa mère

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Mouvement 2 -- Lignes 10 à 15 : Crainte des infidélités
Citations Analyses Interprétations
Par vanité ou par goût, toutes les femmes souhaitent de vous attacher. Il 2 litotes Vanité = amour par intérêt = orgueil + « par goût » :
amour lié au physique du duc : superficiel -- > critique
Hyperboles
y en a peu à qui vous ne plaisiez ; mon expérience me ferait croire qu'il implicite des femmes superficielles ou orgueilleuses – par
+ Négations jalousie
n'y en a point à qui vous ne puissiez plaire. Je vous croirais toujours
+ ne = négation syntaxique simple + exagération de la princesse => jalousie excessive qui
amoureux et aimé, et je ne me tromperais pas souvent. Dans cet état – lgge soutenu porte sur toutes les femmes
+ ne point = négation syntaxique
néanmoins, je n'aurais d'autre parti à prendre que celui de la souffrance ; double - totale

je ne sais même si j'oserais me plaindre. On fait des reproches à un + ne pas : syntaxique – double –
+ Affirme le bien-fondé de sa position
totale
amant ; mais en fait-on à un mari, quand on n'a à lui reprocher que de + ne …que : négation restrictive + négation restrictive = souffrance est la seule issue /
option au mariage
n'avoir plus d'amour ? + Opposition amant / mari => la princesse insiste sur les
Antithèse devoirs de la femme à l’égard de son mari – pas de liberté
+ négation restrictive : ne que + Absence d’amour d’un mari n’est pas condamnable
Interrogation : interrogation + Question rhétorique dont la réponse est induite ds la
directe : inversion sujet / verbe = question = non – insiste donc sur le fait que l’absence
lgge soutenu - ? + totale d’amour d’un mari n’est pas condamnable

BILAN : galanterie du duc de Nemours = argument pour justifier le refus de la Princesse

Mouvement 3 -- Lignes 15 à 19 : _Fin de l’argumentation – dernier argument + rappel de la thèse


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Citations Analyses Interprétations
Quand je pourrais m'accoutumer à cette sorte de malheur, pourrais-je Sub. conj. complément + Princesse semble émettre une dernière hypothèse :
circonstanciel de concession – acceptation de la jalousie – mais cette hypothèse rejetée
m'accoutumer à celui de croire voir toujours monsieur de Clèves vous introduite par la conj de par la principale => introduit son dernier argument =
subordination « quand » - culpabilité à l’égard de son mari.
accuser de sa mort, me reprocher de vous avoir aimé, de vous avoir
+ Parallélisme // chiasme + Type de phrase déclaratif au conditionnel ( hypothèse) #
épousé et me faire sentir la différence de son attachement au vôtre ? Il type de phrase interrogatif (conditionnel) => remise en
cause immédiate de l’hypothèse première
est impossible, continua-t-elle, de passer par-dessus des raisons si fortes + Il y aurait beaucoup de reproches formulés par le
Parallélisme + Accumulation de Prince => forte culpabilité
: il faut que je demeure dans l'état où je suis, et dans les résolutions que verbes à l’infinitif

j'ai prises de n'en sortir jamais. Interrogation : directe = ? +


+ Question rhétorique – la réponse est induite dans la
inversion sujet / verbe = lgge
question « non » - a valeur d’affirmation / d’argument.
soutenu – totale
+ Passage du conditionnel au présent = fin des hypothèses
+ verbes au présent d’énonciation
du mariage – retour au présent = thèse = conclusion de
son argumentation
+ courte analepse = passé + Aspect accompli de sa prise de décision
composé
+ Princesse sûre de sa décision
+ Modalisateurs = termes
exprimant la certitude
+ Dernière évoque la notion de raison # passions
douloureuses dangereuses auxquelles elle renonce pour
trouver la paix de l’âme = ataraxie.

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Conclusion
→ Synthèse : ……………………………………..………………………………………………………………………………………………………………………………….………….……………………………………………………………
→ Ouvertures possibles : ………………………………..………………………………………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………

Grammaire
→ La négation => analysez l’expression de la négation dans le premier paragraphe
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→ Circonstancielles => Analysez la circonstancielle dans la phrase suivante :
Quand je pourrais m'accoutumer à cette sorte de malheur, pourrais-je m'accoutumer à celui de croire voir toujours monsieur de Clèves vous accuser de sa mort, me
reprocher de vous avoir aimé, de vous avoir épousé et me faire sentir la différence de son attachement au vôtre ? (l. 16 à 18) :
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→ L’interrogation => analysez l’expression de l’interrogation dans ce texte :
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