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Introduction.

Marie-Madeleine Pioche de la Verge naît en 1634 dans une famille de la petite noblesse. À Paris,
elle anime un salon littéraire et fréquent des hommes et des femmes de lettres.
La Princesse de Clèves publié en 1678, toujours sous pseudonyme, remporte un succès immédiat.
Mme de La Fayette invente le roman d'analyse psychologique, si bien que La Princesse de Clèves
est considéré comme le premier roman moderne français. Il est un récit court, intensifié par une
intrigue unique et de quelques personnages, montrant les tourments de l’amour. Elle est ainsi
considérée comme un auteur du classicisme. Il est aussi influencé par la pensée janséniste, où
l'amour est toujours néfaste.

Quels sont les thèmes important dans La Princesse de Clèves ?

La Cour : un monde d'illusion et d'apparences


Madame de Chartres dit à sa fille à propos de la Cour : « Si vous jugez sur les apparences en ce
lieu-cy, vous serez souvent trompée : ce qui paraît n'est presque jamais la vérité. ».
À travers cette recommandation, on comprend que la Cour est un monde où règnent l'apparence, la
beauté mais aussi la complexité, le double jeu et la dissimulation.
La Cour est un espace dangereux qui empêche les personnes même vertueuses d'en réchapper.
Tout au long du roman, la Princesse de Clèves est ainsi animée d'élans contradictoires : d'un côté
l'envie de s'abandonner à sa passion pour le Duc de Nemours, de l'autre le désir de rester vertueuse.
On observe 'influence de la doctrine religieuse janséniste dans le dénouement austère : la retraite à
la campagne marque un retour à la foi religieuse. L'expérience du péché et de la dissimulation est
rachetée par le renoncement aux plaisirs à la fin du roman.

La morale intérieure
Mais si la morale sociale est sauve, la morale intérieure ne l'est pas. La Princesse de Clèves vit en
effet un combat moral intérieur, celui du choix entre la vert ou la passion, le devoir ou l'amour.
Madame de Chartres, qui comprend 'amour de sa fille pour le duc de Nemours, l'encourage à se
retirer du monde pour ne pas s'exposer à la faute. 'issue de ce déchirement intérieur a suscité une
véritable querelle littéraire à l'époque : la Princesse de Clèves a-t-elle raison de renoncer à l'amour à
la fin du roman ?
La Princesse de Clèves 
Il est un roman de Madame de La Fayette, publié anonymement en 1678. L'action du roman se situe
à la cour des Valois « dans les dernières années du règne de Henri Second », comme l'indique le
narrateur dans les premières lignes du récit. Il s'agit donc d'un roman historique, même si l'œuvre
inaugure, par de nombreux aspects (souci de vraisemblance, construction rigoureuse, introspection
des personnages) la tradition du roman d'analyse. C'est en effet l'un des premiers romans
psychologiques, ce qui explique sa modernité.
La Princesse de Clèves témoigne également du rôle important joué par les femmes en littérature et
dans la vie culturelle du XVIIe siècle, marquée par le courant de la préciosité.
Résumé
L’histoire se déroule dans un cadre historique, entre les mois d'octobre 1558 et de novembre 1559, à
la cour du roi Henri II, puis à celle de son successeur François II.
Mademoiselle de Chartres est une jeune fille de 15 ans qui arrive à la cour du roi Henri II. Le prince
de Clèves tombe amoureux d'elle, mais ce sentiment n'est pas partagé. Ils se marient. Elle tombe
amoureuse du duc de Nemours, mais leur amour est illégitime puisqu'elle est mariée. Afin d'éviter
de le revoir, elle se retire de la cour et avoue sa passion à son mari. Celui-ci meurt de chagrin. Elle
décide alors de se retirer dans un couvent.

Première partie
La première partie commence avec la description de l'univers de la cour de France « dans les
dernières années du règne d'Henri second »10, époque où « la magnificence et la galanterie n'ont
jamais paru avec tant d'éclat »11. Madame de La Fayette brosse un portrait d'une cour emplie
d'hypocrisie et de faux-semblants12. C'est à cette cour que Madame de Chartres introduit sa fille,
d'une grande beauté mais aussi d'une grande vertu13, dans le but de lui trouver un bon parti14. Elle va
très rapidement attirer l'attention des personnages de la cour15 et se faire aimer et admirer de tous,
sauf de madame de Valentinois16, qui éprouve une grande haine pour le vidame de Chartres17. En
particulier, le duc de Guise, un personnage très important à la cour mais ruiné18, s'éprend de
Mademoiselle de Chartres19, ainsi que monsieur de Clèves, qui était tombé fou amoureux d'elle
avant même de connaître son identité et son statut social20. Ce dernier souhaite l'épouser21. Après
l'échec de plusieurs tentatives de mariages particulièrement ambitieuses, Madame de Chartres
accepte de donner sa fille en mariage au prince de Clèves, bien que Mademoiselle de Chartres
n'éprouve pas de grands sentiments pour celui-ci22. Après leur mariage, elle est invitée aux
fiançailles du Duc de Lorraine et de Claude de France23, où elle rencontre le duc de Nemours, un
personnage important qui travaillait à épouser la reine d'Angleterre24 ; ils dansent ensemble25 et
tombent éperdument et secrètement amoureux l'un de l'autre26. Seuls le duc de Guise et Madame de
Chartres ont su rapidement deviner cet amour27. Madame de Clèves elle-même prendra conscience
de ses propres sentiments que plus tard28. La mère de la princesse de Clèves tombe gravement
malade29 et, sur son lit de mort, elle avoue à sa fille qu'elle a remarqué sa passion pour le duc de
Nemours30 et la met en garde : « Songez ce que vous devez à votre mari ; songez ce que vous vous
devez à vous-même, et pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquise et
que je vous ai tant souhaitée »31. Elle lui conseille de quitter la cour afin de fuir sa passion pour M.
de Nemours32.
Deuxième partie
Le prince de Clèves raconte à sa femme que son ami Sancerre était amoureux depuis deux ans de
Madame de Tournon, une veuve de la cour qui vient de décéder. Celle-ci lui avait promis, ainsi qu'à
monsieur d'Estouteville, de l'épouser en secret. À la mort de Madame de Tournon, Sancerre est fou
de douleur, d'autant plus qu'il découvre cette liaison secrète que Madame de Tournon et monsieur
d'Estouteville entretenaient parallèlement à sa liaison avec elle. Monsieur d'Estouteville lui laisse
quatre lettres que Madame de Tournon lui avait écrites, des lettres pleines de tendresse et de
promesses de mariage. Le prince répète à Madame de Clèves le conseil qu'il a donné à Sancerre :
« La sincérité me touche d'une telle sorte que je crois que si ma maîtresse et même ma femme,
m'avouait que quelqu'un lui plût, j'en serais affligé sans en être aigri. Je quitterai le personnage
d'amant ou de mari, pour la conseiller et pour la plaindre.»
Sur la demande de son mari, Madame de Clèves retourne à Paris et se rend compte de l'amour que
lui porte le duc de Nemours, puisque celui-ci a renoncé à ses prétentions sur la couronne
d'Angleterre pour elle. Elle sait qu'elle doit apprendre à cacher ses sentiments et contrôler ses actes.
Bien qu'elle souhaite s'éloigner de M. de Nemours, son mari insiste pour qu'elle reste à Paris.
Lors d'un tournoi, le duc de Nemours est blessé, et Madame de Clèves ne se préoccupe que de
Monsieur de Nemours, ce qui montre à ce dernier sa passion pour lui. Mais après ce tournoi la reine
Dauphine lui confie une lettre qui serait tombée de la poche du duc de Nemours que lui aurait écrite
une de ses supposées amantes. Folle de douleur et de jalousie, d'autant que la rumeur court que le
duc de Nemours aurait depuis peu quelque passion secrète, Madame de Clèves, à qui la Reine
Dauphine a remis la lettre pour qu'elle voie si elle pouvait en reconnaître l'écriture, la relit plusieurs
fois au cours de la nuit.
Troisième partie
Le vidame de Chartres, qui est venu trouver le duc de Nemours chez lui, lui avoue que cette lettre
lui appartient et vient lui demander de l'aider à cacher cela. En effet, le vidame de Chartres est
l'amant platonique de la reine, et il lui avait affirmé qu'il lui était parfaitement fidèle, alors qu'il
entretenait toujours une relation avec Madame de Thémines dont cette lettre est la preuve. Il
demande au duc de Nemours d'affirmer que cette lettre est à lui, mais ce dernier refuse de peur que
Madame de Clèves n'y croie. Le vidame de Chartres remet une lettre au duc de Nemours pour qu'il
puisse la montrer à la dame qu'il craint de fâcher, car elle prouve que la lettre trouvée est au vidame
de Chartres et non au duc de Nemours. La reine demande à la reine Dauphine de récupérer la lettre,
mais Madame de Clèves ne l'a plus en sa possession. Elle est chargée de la réécrire avec le duc de
Nemours, ce qui leur fait passer des heures exquises ensemble.
Madame de Clèves se rend alors compte de l'amour toujours plus fort qu'elle éprouve pour lui, et
demande à son mari de se retirer à la campagne. Celui-ci la suit. Elle lui avoue qu'elle aime un autre
homme mais ne mentionne pas de nom même si monsieur de Clèves la presse de le faire. Le duc de
Nemours a surpris cette conversation et comprend que la princesse de Clèves parlait de lui, car elle
mentionne l'épisode du vol de son portrait au cours duquel elle avait surpris son amant en train de
voler son portrait destiné à son mari.
Le duc de Nemours, fou de joie, révèle cette conversation au vidame de Chartres sous d'autres
noms, sans dire que cette expérience est liée à lui. Bientôt toute la cour apprend ce fameux épisode,
la princesse de Clèves au comble du désespoir le dit à son mari et le soupçonne d'avoir raconté son
aveu pour pouvoir découvrir l’identité de son rival. Ignorant l'indiscrétion du duc de Nemours, ils
s'accusent mutuellement d'être à l'origine de cette rumeur. Le prince de Clèves devine que c'est le
duc de Nemours qu'aime son épouse.
Peu de temps après, un tournoi a lieu en l'honneur du mariage de Madame avec le roi d'Espagne. Le
roi reçoit dans l'œil l'éclat d'une lance lors d'une joute avec le Comte de Montgomery. Au bout de
dix jours, les médecins déclarent la maladie incurable, et le roi meurt.
Quatrième partie
Le nouveau roi, François II, est sacré à Reims. Toute la cour s'y rend mais la princesse de Clèves
demande à son mari d'échapper à cela et de se rendre à leur maison de campagne, à Coulommiers.
Le duc de Nemours se rend compte que la princesse de Clèves n'est pas à Chambord. Surprenant
une conversation entre le roi, le prince de Clèves et Madame de Martigues (qui avait rendu visite à
la princesse de Clèves dans sa maison de campagne), il donne comme prétexte une affaire urgente à
Paris pour se rendre à Coulommiers avec le désir de voir la princesse de Clèves. Le prince de
Clèves, qui soupçonne le dessein du duc de Nemours, envoie un gentilhomme espionner ce dernier.
Le duc de Nemours s'infiltre une première fois dans le cabinet ouvert de la princesse de Clèves,
dans lequel il la surprend rêveuse devant un de ses portraits. Il tente d'entrer en contact avec elle,
mais elle se retire précipitamment. La deuxième nuit, il essaie de nouveau de la voir, mais elle reste
cloîtrée dans sa chambre. Le troisième jour, il lui rend visite avec sa sœur, et elle comprend que
c'est bien lui qu'elle a vu dans son cabinet deux nuits auparavant.
Lorsque le gentilhomme envoyé comme espion rapporte au prince de Clèves la présence possible du
duc de Nemours auprès de sa femme pendant deux nuits, le prince, persuadé qu'elle l'a trompé, est
pris d'une violente fièvre. La princesse de Clèves revient à Blois après avoir appris son état
inquiétant. Elle a une dernière conversation avec son mari agonisant, lors de laquelle elle nie toute
liaison avec le duc de Nemours : « la vertu la plus austère ne peut inspirer d'autre conduite que celle
que j'ai eue ; et je n'ai jamais fait d'action dont je n'eusse souhaité que vous eussiez été témoin ». Il
la croit, lui pardonne et meurt.
Après la mort de son mari, la princesse de Clèves se retire à Paris dans la solitude, refusant toutes
visites et se tenant éloignée de la vie de la cour. Après quelques mois de solitude, elle reçoit la visite
de Madame de Martigues et apprend que le duc de Nemours est désespéré, qu'il a arrêté tout
« commerce de femmes » et qu'il vient très souvent à Paris. Elle va d'ailleurs le croiser sans qu'il ne
la voie au bout d'une allée, dans une sorte de cabinet ouvert de tous les côtés situé dans un jardin
dans lequel il est allongé sur un banc. Cette rencontre fortuite cause une violente inquiétude dans le
cœur de la princesse de Clèves et réveille sa passion. Le matin, la princesse de Clèves reconnaît de
sa fenêtre le duc de Nemours, qui est en train de l'observer, et, surprise, s'en va promptement. Le
duc de Nemours comprend qu'elle l'a reconnu.
Souhaitant revoir la princesse de Clèves, le duc de Nemours va retrouver le vidame de Chartres et
lui avoue sa passion amoureuse. Ce dernier affirme avoir pensé qu'il était le seul digne de se marier
avec la princesse depuis que cette dernière était veuve, et arrange un rendez-vous : il presse la
princesse de Clèves de venir lui rendre visite, et le duc de Nemours arrivera par un escalier dérobé
« afin de n'être vu de personne ».
Ils se retrouvent tous les deux, le duc de Nemours lui avoue sa passion et avoue également avoir
surpris sa conversation entre elle et monsieur de Clèves alors qu'elle lui faisait l'aveu de sa passion
pour un autre. La princesse de Clèves lui avoue enfin ses sentiments, mais affirme également que
cet « aveu n'aura point de suite » et qu'elle suivra « les règles austères que son devoir lui impose ».
En effet, elle considère que c'est de leur faute si son mari est mort.
La princesse de Clèves refusant de l'épouser malgré l'approbation du vidame de Chartres, le duc de
Nemours suit le roi dans son voyage avec la cour d'Espagne, et la princesse de Clèves part se retirer
dans les Pyrénées. Prise par une fièvre violente, elle frôle la mort, et, une fois remise, décide de
passer une partie de l'année dans un couvent. Monsieur de Nemours vient lui rendre visite, mais elle
refuse de le voir, intraitable. Il est désespéré, mais sa passion s'éteint peu à peu avec les années.
Quant à elle, elle s'adonne à des « occupations plus saintes que celles des couvents les plus
austères ; et sa vie, qui fut assez courte, laissa des exemples de vertu inimitables. »
Sujets 1.
1. Présentez brièvement deux personnages du roman

 Mlle de Chartres qui deviendra La Princesse de Clèves :


Contrairement à beaucoup d'autres protagonistes du roman, ce n'est pas un personnage historique,
mais romanesque, inventé par Mme de La Lafayette. Mlle de Chartres est d'une grande beauté.
Lorsqu'elle arrive à la cour, elle séduit hommes et femmes par sa grâce naturelle et son physique
décrit par bon nombre d'hyperboles et de superlatifs. Elle épouse Mr de Clèves mais tombe
amoureuse du Duc de Nemours lors d'une rencontre dans un bal de la cour d'Henri II. Cet amour
réciproque ne survivra pas à la raison. Par crainte d'être abandonnée un jour par Mr de Nemours,
elle décide de ne pas suivre sa passion. Tout au long de l'intrigue, elle est déchirée entre la passion
et le devoir. Son destin prendra un tour tragique car cette passion causera la mort de sa mère et de
son époux. La princesse est-elle lâche ou vertueuse? Encore plus que Nemours, c'est la cour, les
désirs, les tentations et l'effort que demande le fait de rester vertueuse, qu'elle fuit. Elle décide
finalement de se retirer de la cour pour la campagne où elle meurt de tristesse.

 Mme de Chartres :
Personnage fictif et romanesque, c'est une veuve qui s'efforce d'être le chaperon de sa fille à la mort
de Mr de Chartres. Mme de Chartres est la mère pieuse et vertueuse de la Princesse. Elle consacre
sa vie à l'éducation de sa fille, basée sur le respect de la moralité et de la bienséance. Elle met
immédiatement en garde sa fille des dangers d'une passion illégitime lorsqu'elle se rend compte des
penchants de cette dernière pour le Duc de Nemours. Finalement, Mme de Chartres meurt en
sachant sa fille victime d'une passion immorale et en tentant de la conduire vers le chemin de la
raison et de la vertu.

2. Quelle signification donnez-vous au roman La Princesse de Clèves ? Illustrez votre analyse


par des remarques de lecture.
Pour moi, le roman est un témoignage du climat moral de la cour de l’époque, où les âmes les plus
hautes vivaient alors. Je pense que M.me de Layette avait le but de représenter la noblesse, les luttes
intimes, la grandeur tragique.
La liberté de choix. À la fin de la lecture de la princesse de Clèves il y a souvent une déception
du lecteur, parce que l'héroïne ne fais pas ce qu'on attend d’elle. Cette déception renvoie le
lecteur à la liberté de choix par rapport à des valeurs ou à des conventions sociales ; c'est en cela
qu'il y a la modernité du roman.

Individu, moral et société. Les questions posées par la princesse de Clèves sont : quelle part de
liberté on a face à des choix moraux délicats, quelles sont les raisons de mon choix, qu'est-ce
qui nous pousse à faire des choix, quels sont les conflits intérieurs qui nous animent.
3. Montrez-en quoi consiste l’originalité du roman La Princesse de Clèves. Appuyez votre
propos sur des exemples tirés de la lecture du livre.
 La brièveté. 300 pages c'est tout mais c'est la moyenne qu'on va avoir dorénavant avec les
romans.

 L'analyse psychologique : avant la princesse de Clèves l'intériorité des personnages nous


est rarement donné dans leur intégralité. Au contraire avec les personnages de la princesse
on va avoir l'ensemble des émotions qui se cumulent et qui font connaître change d'avis sur
quelque chose. Tout le flux des pensées du personnage de l'intérieur même. Alors que dans
les romans qui précédait les lecteurs avaient accès à quelques pensées souvent à des
moments clés, mais la plupart du temps c'était par leurs actions qu'on comprenait
évidemment ce qui se passait à l'intérieur du personnage.
Personnages duc de Nemour, princesse et chevalier de guise : on a pour tous ces
personnages de véritables examen de conscience ; on les voit réfléchir, on les voit méditer
pour comprendre pourquoi ils agissent de telle ou telle manière. C'est toute cette analyse
psychologique qui va permettre une nouvelle façon de concevoir le personnage de roman.
[Exemple du texte]

 La manière de concevoir le romanesque. Auparavant l'imaginaire du roman était centré


sur des aventures extraordinaires. Dans la Princesse de Clèves l’imaginaire change. Les
événements qui se déroulent s’inscrivent dans la vie tous les jours. C'est un imaginaire du
roman qui est plus vraisemblable et qui va en quelque sorte se centrer sur des scènes clés
marquantes, qui on va les retrouver dans les romans qui vont suivre. Par exemple la
rencontre au bal qui a souvent été une scène réécrit dans les romans qui suivent. On a donc
avec la princesse de Clèves un roman qui se rapproche de la réalité, mais n'est pas ce qu'on
appelle un roman réaliste, car le mot le roman réaliste c'est un roman beaucoup plus détaillé
et crue.

 La liberté de choix. À la fin de la lecture de la princesse de Clèves il y a souvent une


déception du lecteur, parce que l'héroïne ne fais pas ce qu'on attend d’elle. Cette déception
renvoie le lecteur à la liberté de choix par rapport à des valeurs ou à des conventions
sociales ; c'est en cela qu'il y a la modernité du roman.

 Individu, moral et société. Les questions posées par la princesse de Clèves sont : quelle
part de liberté on a face à des choix moraux délicats, quelles sont les raisons de mon choix,
qu'est-ce qui nous pousse à faire des choix, quels sont les conflits intérieurs qui nous
animent.
4. Par quels traits le roman La Princesse de Clèves est-il représentatif pour l’esthétique
classique ? Faites appel à vos remarques de lecture.
Quelles sont les principales caractéristiques du classicisme ?
 Ordre
 Unité
 Harmonie
 Equilibre entre raison critique et affects
 Grandeur
 Mesure
 Règles (théâtre)
 Vraisemblance
 Bienséance

Le classicisme se caractérise également par une maîtrise de l'expression et un idéal harmonique


d'ordre, de naturel et de symétrie.

Quelles sont les caractéristiques de l'écriture de Mme de La Fayette ?


L'écriture de Madame de la Fayette s'inscrit dans la sobriété classique. Le roman La princesse de
Clèves respecte en effet à sa manière les principes essentiels du classicisme.
- unité de temps : l'histoire se déroule sur une année
- unité d'action : un récit bref centré autour d'une seule intrigue, l'amour interdit de la Princesse de
Clèves pour le Duc de Nemours.
- vraisemblance : vraisemblance historique et psychologique
- Retenue : La passion amoureuse est relatée de façon retenue. On trouve beaucoup de figures de
style d'atténuation (litotes, euphémismes...)

Lors du règne personnel de Louis XIV de 1661 à 1715, ce souverain de France met en place une
monarchie absolue dans laquelle il concentre tous les pouvoirs. A cette même époque naît le
mouvement littéraire et culturel du classicisme, durant la seconde moitié du XVIIème siècle dans
lequel les auteurs développent un art de mesure et de raison, fondé sur l'idéal de perfection. C'est en
plein dans ce courant que Mme de Lafayette écrit son deuxième roman, La Princesse de Clèves en
1678, anonymement. En quoi pouvons-nous dire que ce roman est un roman classique ? Les
nombreux points communs avec la tragédie classique et le respect des doctrines du classicisme par
l'auteur, permettront d'inclure cette œuvre dans ce grand mouvement esthétique.

La Princesse de Clèves peut être qualifiée de « classique » car il possède des caractéristiques
communes avec la tragédie, genre par excellence du classicisme. En effet, Mme de Lafayette a suivi
la structure de la tragédie pour construire son roman. Ainsi au début de son œuvre, en guise
d'exposition, elle nous décrit la cour du souverain de France, Henri II, nommée la Cour des Valois.
C'est un lieu dangereux, soumis à l'omniprésence d'un jeu d'influence entres les différentes
personnalités de la Cour et où chacun est constamment sous le regard des autres. Dans cette partie
du roman, Mme de Lafayette souligne aussi la fonction de Mme de Chartres qui est responsable de
sa fille et lui apprend tout ce qu'elle doit savoir sur l'amour et la Cour : « elle faisait souvent à sa
fille des peintures de l'amour ». Après, l'évènement correspondant au nœud tragique peut être
attribué au coup de foudre entre la princesse et le duc pendant la scène du bal.
La princesse de Clèves. Sujet 2. Fragments du texte.
 Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que
c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si
accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres,
et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l’avait laissée sous la
conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient
extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la
cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l’éducation de sa fille ; mais elle ne
travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la
vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s’imaginent qu’il suffit de ne parler jamais
de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner : Madame de Chartres avait une
opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l’amour ; elle lui montrait ce
qu’il a d’agréable, pour la persuader plus aisément sur ce qu’elle lui en apprenait de dangereux ;
elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité ; les malheurs
domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d’un autre côté, quelle
tranquillité suivait la vie d’une honnête femme, et combien la vertu donnait d’éclat et
d’élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance ; mais elle lui faisait voir
aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-
même, et par un grand soin de s’attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d’une femme, qui
est d’aimer son mari et d’en être aimée. (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves)

Description de Mademoiselle de Chartes.


Le portrait brossé par Mme de la Fayette présente Mlle de Chartres comme une incarnation de la
perfection par sa beauté physique, sa noblesse de haut rang et sa vertu.
Il se concentre sur les canons de la beauté classique : « blancheur de son teint » qui est un signe
de noblesse et de pureté morale, « traits réguliers » qui traduisent l'harmonie du classique et les
« cheveux blonds » qui sont souvent associés à l'or et au soleil.
Cependant, même si son portrait physique reste très général, le narrateur insiste en revanche sur
son identité sociale. En effet, elle est de noble extraction à la cour et est de parenté avec de
nobles personnes comme l'indique l'expression « elle était de la même maison que le vidame de
Chartres ». Tout cela préfigure un mariage d'exception.
En outre, le narrateur s'attache davantage à construire le portrait moral du personnage, ce qui
fait entrer l'œuvre dans la catégorie du roman psychologique. Elle a été élevée par sa mère dans
un milieu féminin (le père est mort jeune). Mme de Chartres a entièrement dédié cette absence à
l'éducation de sa fille, éducation non seulement consacrée à cultiver son esprit mais aussi sa
vertu pour la préparer à la vie de cour. Tout cela permet d'expliquer l'admiration et la surprise
des personnes de la cour devant Mlle de Chartres et permet au lecteur de saisir sa personnalité.
Comme dans la logique du roman d'analyse, elle s'efforce de remonter aux origines de la
perfection morale de son héroïne en insistant sur l'éducation que lui a transmise sa mère afin de
la préparer à la vie mondaine et de lui enseigner les valeurs de l’« honnête femme ».

Cependant, son jeune âge, sa fragilité, son manque d'expérience à la vie mondaine et les
exigences de l'amour conjugal opposé à l'amour-passion par sa mère annoncent plutôt un destin
tragique à l'héroïne. En effet, elle se mariera au prince de Clèves et deviendra princesse mais
tombera réellement amoureuse du duc de Nemours. Toutefois, malgré son déchirement la
princesse de Clèves ne cèdera jamais à la tentation et restera toujours fidèle à son mari.

 Elle se tourna et vit un homme qu’elle crut d’abord ne pouvoir être que M. de Nemours, qui
passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l’on dansait. Ce prince était fait d’une sorte
qu’il était difficile de n’être pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu, surtout ce soir-
là, où le soin qu’il avait pris de se parer augmentait encore l’air brillant qui était dans sa
personne ; mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un
grand étonnement. M. de Nemours fut tellement surpris de sa beauté que, lorsqu’il fut proche
d’elle, et qu’elle lui fit la révérence, il ne put s’empêcher de donner des marques de son
admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges.
(Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves) [pag 16]

La scène du bal.

L’importance des apparences.


La scène se déroule pendant le bal donné à l'occasion des fiançailles de la fille du roi (« le jour
des fiançailles ») : c'est donc un événement mondain et toute la Cour est présente. Dans ce
passage, plusieurs éléments indiquent le soin que les protagonistes ont consacré à leur tenue : «
Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer», « l'on admira sa beauté et sa parure »,
« le soin qu'il avait pris de se parer», « trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser
» Ces jeux de regards sont également l'occasion de dresser un portrait physique des
personnages, qui insistent sur leurs caractéristiques exceptionnelles « l'air brillant qui était dans
sa personne », « difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand
étonnement».
Cette scène de rencontre théâtralisée, où se jouent à la fois des rapports personnels (Mme de
Clèves/Nemours) et publics (bal en présence de la Cour du Roi), est marquée par les jeux de
regard, qui trahissent les sentiments des personnages. C'est en effet une rencontre à la fois
romanesque et romantique, puisque la Cour et le lecteur assistent ici à un coup de foudre entre
'héroïne et un homme qui n'est pas son mari.
La Cour (très souvent désignée par le pronom impersonnel « on » ou personnifiée par de roi et
la reine) joue ainsi le rôle de public, et la description qui est faite de la scène fait du lecteur l'un
des spectateurs.
Coup de foudre : cliché romanesque ; il est réciproque : elle est « surprise de le voir », il est
« surpris de sa beauté ».
Malgré le fait que Mme de Clèves reconnait parfaitement le Duc et que leur alchimie est perçue
par toute l'assistance, elle nie devant la dauphine, qui fait pourtant de claires insinuations, et
parait « embarrassée ». Dans cette scène, en raison du point de vue externe, nous n'avons pas
accès à toutes les pensées de Mme de Clèves, et pourtant ce qu'elle resent est clair pour le
lecteur. 'absence de focalisation interne peut s'expliquer par le fait que Mme de Clèves ne
connait pas encore raiment la nature de ses sentiments (elle n'a jamais été amoureuse avant, et
elle n'est pas éprise de son mari) Sa réponse à la dauphine est sans doute une marque de pudeur,
mais elle pet également montrer qu'elle sait instinctivement qu'il y a quelque chose à cacher :
son statut de femme mariée ne lui permet pas de tomber dans le jeu de la séduction.
 Elle se retira, sur le prétexte de changer d’air, dans une maison religieuse, sans faire paraître un
dessein arrêté de renoncer à la cour. À la première nouvelle qu’en eut M. de Nemours, il sentit
le poids de cette retraite et il en vit l’importance. Il crut dans ce moment qu’il n’avait plus rien à
espérer. La perte de ses espérances ne l’empêcha pas de mettre tout en usage pour faire revenir
Mme de Clèves : il fit écrire la reine, il fit écrire le vidame, il l’y fit aller mais tout fut inutile. Le
vidame la vit : elle ne lui dit point qu’elle eût pris des résolutions ; il jugea néanmoins qu’elle ne
reviendrait jamais. Enfin ; M. de Nemours y alla lui-même, sur le prétexte d’aller à des bains.
Elle fut extrêmement troublée et surprise d’apprendre sa venue ; elle lui fit dire par une
personne de mérite qu’elle aimait, et qu’elle avait alors auprès d’elle, qu’elle le priait de ne pas
trouver étrange si elle ne s’exposait point au péril de le voir, et de détruire, par sa présence, des
sentiments qu’elle devait conserver ; qu’elle voulait bien qu’il sût qu’ayant trouvé que son
devoir et son repos s’opposaient au penchant qu’elle avait d’être à lui, les autres choses du
monde lui avaient paru si indifférentes qu’elle y avait renoncé pour jamais ; qu’elle ne pensait
plus qu’à celles de l’autre vie, et qu’il ne lui restait aucun sentiment que le désir de le voir dans
les mêmes dispositions où elle était. Enfin, des années entières s’étant passées, le temps et
l’absence ralentirent sa douleur et éteignirent sa passion. Mme de Clèves vécut d’une sorte qui
ne laissa pas d’apparence qu’elle pût jamais revenir une partie de l’année dans cette maison
religieuse et l’autre chez elle, mais dans une retraite et dans des occupations plus saintes que
celles des couvents les plus austères ; et sa vie qui fait assez courte, laissa des exemples de vertu
inimitable. (Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves) [pag 117]

La fuite de la princesse ans un convent.


Dans les dernières pages du roman, Nemours vient lui offrir sa main. Elle est libre, et rien ne
leur interdit plus d'unir leurs vies, sinon le souvenir du prince qui s'efface peu à peu. Ce n'est
donc plus la vertu qui arrête Mme de Clèves, ni ce « fantôme de devoir » dont lui parle
Nemours. C'est la peur. Elle croit que l'amour ne dure qu'aussi longtemps pour la satisfaire.
Elle ose le dire à Nemours, elle ose lui prédire que, si elle acceptait de l'épouser, il ne tarderait
pas à se tourner vers d'autres femmes, et c'est précisément parce qu'elle l'aime à la folie qu'elle
repousse son amour, car l'idée d'être trahie, et de l’être par lui, cette idée lui est intolérable.
La morale impose des sacrifices et de lourds renoncements à la princesse de Clèves : après la mort
de son mari, elle choisit sa vertu et son devoir alors même qu'elle pourrait épouser le duc de
Nemours.

Pourquoi la Princesse de Clèves refusé d’Epouser le duc de Nemours ?


Elle avance principalement deux arguments : la crainte de ne plus être aimée (et la souffrance que
cela lui causerait) ; le devoir de respecter son défunt mari (mort d'avoir cru qu'elle lui était infidèle).
Sujet 3. Bibliographie critique.
Adam, Antoine, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, Tome IV, „L'apogée du
siècle”, 1954, p. 183-194.
La vraisemblance avec la cour de l’époque
Plutôt qu'une anecdote du siècle précédent, Mme de Lafayette a voulu nous donner d'abord une
image vraie de cette vie de jour à laquelle pendant dix ans elle avait été si intimement mêlée. Elle
distingue la vieille et la jeune cour, et nous nous rappelons qu'entre 1660 et 1668 il était d'usage de
distinguer par ces deux noms l'entourage d'Anne d'Autriche et celui d'Henriette d'Angleterre. Les
personnages du livre font penser sans cesse aux courtisans de Louis XIV. Ce sont les mêmes
cabales qui se développent autour de jalousies de femmes, c'est le même ton respectueux et hardi
des hommes, les mêmes soins, les mêmes devoirs, la même galanterie dissimulant les mêmes
passions. Lorsque nous lisons l'épisode du vidame de Chartres, pris dans les trois intrigues d'amour
qu'il a la folie de mener de front, nous nous rappelons que Guiche et Vardes se trouvèrent dans une
situation analogue. Un jour Mme de Lafayette dira de la Princesse de Clèves : « Surtout, ce qu'on y
trouve, c'est une parfaite imitation du mode de la cour et de la manière dont on y vit ». Cet aspect du
live était si essentiel à ses yeux qu'elle avait d'abord songé à lui donner le titre de Mémoires.
Les conventions mondaines de la vie de la cour.
Pris dans les exigences de leur condition, de l'étiquette de cour, de la vie mondaine, Mme de Clèves
et Nemours voudraient en vain ne plus se rencontrer, oublier leur passion, retrouver leur liberté.
Cette société qui les condamne à se retrouver chaque jour est celle aussi qui les empêche d'affirmer
librement la passion qui les brûle. L'une des beautés caches de la Princesse de Clèves, et que le
lecteur moderne doit observer avec soin, c'est sans doute la force des conventions mondaines qui
interdisent à la femme de parler, d'indiquer même par un geste ou par un signe du visage ses
sentiments secrets, qui font de toute déclaration de l'homme un manque de respect, une injure. Mme
de Clèves confessera son amour seulement aux dernières pages du livre, et quand tout est pour elle
fini. Nemours en est réduit à interpréter des silences, des rougeurs, le trouble trop tard maitrisé.

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