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Explication linéaire n°-1 

: la princesse de Clèves-la scène du bal


Objet d’étude : le roman
Parcours : individu, morale et société
Introduction :
Jeune fille de 16 ans, introduite à l’automne à la cour d’Henri II, mademoiselle de
Chartres deviendra très vite la princesse de Clèves. Mariée à un homme qui l’aime, son
cœur battra cependant pour le duc de Nemours. Tout au long du roman, la jeune
princesse naïve du début va faire l’apprentissage de l’amour et de la jalousie. Elle va
lutter entre devoir et envie. Le passage que nous allons étudier relate la rencontre des
deux protagonistes du roman : la princesse de Clèves et le duc de Nemours, qui ont été
présentés dans les pages qui précèdent comme des figures exceptionnelles de la cour ;
Nemours un personnage plein de charme « un chef-d’œuvre de la nature » et la
princesse, un modèle de perfection physique, morale et sociale. Cette rencontre a lieu
dans le cadre d’un bal organisé à la cour des Valois à l’occasion des fiançailles du duc de
Lorraine avec Claude de France, fille du roi.
Problématique : en quoi ce passage est-il ambigu ?
Mouvement n°-1 : une rencontre exceptionnelle, féérique
(L1 à 15)

L1 à 3 : on assite à la mise en avant d’un portrait idéalisé et hyperbolique du duc de


Nemours, décrit comme étant un homme parfait. Cela est mis en avant par le recours au
superlatif « ce qu’il y avait de mieux fait et de plus agréable à la cour ». Ce portrait est
dressé par « tout le monde », Nemours fait donc l’unanimité, mais particulièrement
madame la dauphine « surtout madame la dauphine » qui semble lui porter un intérêt
particulier. Cet aspect élogieux de la description est d’autant plus mis en avant par la
structure parallèle « le lui avait dépeint d’une sorte et lui en avait parlée tant de fois ».
Tout cela va créer un certain martèlement dans l’esprit de la princesse de Clèves menant
à un effet d’attente.
L4 à 5 : l’expression « tout le jour » souligne que la princesse souhaite attirer l’attention
sur elle. Cette idée est renforcée par le verbe à l‘infinitif « se parer ». Au portrait
laudatif de Nemours, réponds l’admiration de la cour pour la princesse de Clèves « l’on
admira sa beauté et sa parure ». On note de nombreuses références au cadre de la
rencontre qui ressemble en tout point à celui d’un conte de fée « bal » « festin royal »
« au Louvre » mettant en exergue la présence de toute la noblesse à ce bal.
L6 à 7 : on assiste à une entrée théâtralisée du duc de Nemours. Ce dernier fit une entrée
en scène très remarquable en arrivant en plein milieu du bal. Il se fait entendre « il se fit
un assez grand bruit » et crée un grand remue-ménage par l’admiration qu’il suscite.
Cette entrée vient rompre l’ordonnance parfaite du bal.
L7 à 8 : on remarque la présence d’une forme de volonté du destin, une force
supérieure, voir divine, qui s’exprime par l’ordre du roi « le roi lui cria de pendre celui
qui arrivait ». Le sort de la princesse ne dépend plus de sa volonté mais plutôt d’une
force qui la dépasse. Ainsi les évènements qui ont précédé ce bal ainsi que le cadre dans
le quel vient s’inscrire la soirée et les circonstances préparent un environnement propice
au coup de foudre.
L8 à 10 : on note la présence d’un amour immédiat entre les deux protagonistes
exprimés par deux verbes coordonnés « elle se tourna et vit ». Le recours au passé
simple accentue la soudaineté de l’action qui se déroule reprise par l’adverbe
« d’abord ». La formule restrictive « ne pouvoir être que Mr de Nemours » vient
exprimer la certitude : la princesse reconnait le duc alors qu’elle ne l’a jamais vu
auparavant.
L10 à 13 : on assiste à la réciprocité du coup de foudre à travers une double litote en
forme de parallélisme qui montre que l’effet produit chez les personnages est le même
« il était difficile de n’être pas surpris de le voir quand on ne l’avait jamais vu » « il était
aussi difficile de voir la princesse de Clèves pour la première fois sans avoir un grand
étonnement. » la tournure impersonnelle « il était difficile » souligne ce coup de foudre.
Nous sommes en présence d’une focalisation interne : le duc de Nemours est décrit à
travers le regard de la princesse de Clèves ce qui se note à travers le champ lexical de la
vue « voire » « vue ». Le coup de foudre repose sur l’apparence physique.
L13 à 14 : le coup de foudre se montre très violent : Mr de Nemours éprouve « un grand
entonnement ». L’adverbe intensif « tellement » marque ainsi la violence du choc reçu.
Le duc perd le contrôle de lui-même.
L14 à 15 : cet attrait réciproque trouvera rapidement un écho dans la danse, qui
représente la métaphore de l’union amoureuse et met en avant quelque chose de
magique, de féérique.
Mouvement n°-2 : une rencontre piégée, détournée par le jeu social
(L16 à 30)

L16 à 17 : on assiste au rôle perfide de la cour par son attitude et ses commentaires. En
effet, les courtisans ne se contentent pas d’organiser, de provoquer les relations
amoureuses, ils les encouragent et les attisent par leurs regards et leurs commentaires
élogieux « murmures de louanges » qui ont pour effet d’isoler les deux personnages qui
selon eux constituent le couple parfait insistant donc sur le caractère exceptionnel de la
situation.
L 17 à 18 : on relève le désir du roi et de la reine d’organiser les amours entre les deux
protagonistes. Leur intervention sonne comme une injonction à laquelle les héros ne
peuvent se soustraire « ils les appelèrent ». Le duc et la princesse deviennent de ce fait
les jouets de la cour.
L 18 à 19 : l’interrogation indirecte « leur demandèrent s’ils n’avaient pas bien envie de
savoir qu’ils étaient et s’ils ne s’en doutaient point » montre que la cour ne respecte pas
le désir de discrétion des 2 héros (de la princesse surtout)
L19 à 21 : on note un dialogue mené par la dauphine qui fera surgir les différences
entre les deux personnages qui laissent présager un désaccord au niveau de la passion.
Le duc de Nemours a recours à une litote « je n’ai pas d’incertitude » avant de rendre
hommage à travers un compliment galant à la princesse de Clèves.
L22 à 24 : la princesse de Clèves se garde de dire qu’elle a reconnu son cavalier « que je
ne devine pas aussi bien que vous pensez » il s’agit d’une femme mariée réservée, ne
possédant aucune expérience à la cour : elle ne veut ni ne peut avouer qu’elle a identifiée
son cavalier et se trouve dans l’obligation de dissimuler. La princesse est en flagrant
délit de mensonge qui est directement décrypté par la dauphine. Le comportement des
deux protagonistes est complétement opposé : Nemours fait preuve d’une grande
hardiesse, courage contrairement à la princesse qui décide de respecter la bienséance
d’où son embarras.
L25 à 26 : la dauphine se plaît à mettre mal à l’aise la princesse et se divertit de sa
situation. Elle règne ici par la parole et la subtilité psychologique : c’est elle qui mène le
dialogue. Cette dernière tente de rétablir la vérité « vous devinez fort bien » et interprète
le silence de la princesse comme étant un signe de son amour pur le duc de Nemours.la
princesse est donc piégée par la dauphine. Les héros sont menés par le destin et ne
peuvent pas lutter. On retrouve ici le poids de cette société de convention, ou l’individu
ne peux échapper aux regards et aux jugements.
L 27 à 30 : le monde de la cour reprend le dessus, le bal doit suivre son cours « la reine
les interrompit pour faire continuer le bal ». Les apparences sont ici sauvées puisque la
danse reprend et que le duc choisit la reine dauphine comme cavalière. Néanmoins la
conjonction de coordination « mais » dans la formule restrictive « mais de tout le soir, il
ne put admirer que la princesse de Clèves » marque une rupture violente qui montre
que le duc de Nemours a été violemment touché par le coup de foudre. Cette passion
apparaît donc dés le début comme fatale, impossible à contrôler par les personnages.
Conclusion :
Cette rencontre entre la princesse et el duc de Nemours est donc placée sous le signe de
la danse et du regard : regards échangés et regards inquisiteur de la Cour. Mais on
remarque qu’il n’y a pas de véritable échange verbal entre les deux protagonistes, et ce
qui s’apparentait à un conte de fées semble d’avantage ressembler à une tragédie : nous
pouvons voir le pouvoir de la Cour sur cette rencontre amoureuse, qui montre que
l’individu n’est plus maitre de lui, c’est la société qui l’influe. On comprend donc
pourquoi la princesse de Clèves est considérée comme un roman psychologique puisqu’à
travers les actions mais aussi les pensées du personnage, l’auteur permet au lecteur
d’accéder à l’individu qui est contraint de se cacher en société.

Khemakhem baya- 1ère 2

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