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Extrait 3 

: L’adieu
La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette

Introduction :
La PDC est un roman d’analyse, entouré de mystères, le plus célèbre écrit par Madame de La Fayette
et publié anonymement en 1678. L’auteure de cet ouvrage, appartient à une petite famille de
noblesse mais sera vite amenée à côtoyer l’aristocratie française de son temps. Appartenant au
mouvement classique des Précieuses, elle sera rapidement introduite dans les salons littéraires. Etant
à la fois un roman historique, l’histoire se déroule sous le règne d’Henri II. Considérée comme l’Ier
grand roman psychologique, cette œuvre met en scène un amour interdit, celui de la PDC, faisant
triompher la vertu au-dessus de sa passion, telle une réelle héroïne classique.

L’extrait sur lequel nous allons nous pencher se situe vers la fin de la 4 ème et dernière partie.
Monsieur de Clèves est mort, le Duc de Nemours et la PDC, endeuillée, se retrouvent enfin. C’est
l’occasion pour ces derniers, de discuter de la 1 ère fois de leur amour mais c’est également la dernière
fois qu’ils se voient, ce qui nous confirme qu’il s’agit bien d’une scène de rupture.

En quoi cet extrait révèle-t-il du caractère vertueux de la PDC ?

Dans un premier temps, nous expliquerons comment la PDC exprime-t-elle ses raisons (de la l1 à la
l11).
Ensuite, nous verrons la persévérance dont le Duc fait preuve (de la l12 à la l 16).
Enfin, nous parlerons de la résistance de la Princesse envers ses sentiments pour le Duc (de la l17 à la
l 23).

Développement  :
I- Les raisons de la Princesse
L1 : « par vanité ou par goût, toutes les femmes souhaitent de vous attacher. » Cette phrase, pouvant
être associée à un proverbe avec l’utilisation du présent de vérité générale + l’adjectif « toutes »
signifiant qu’il n’y a aucune exception témoignent du grand coté séducteur caractérisant le Duc.

A la suite, l’auteure emploie une technique d’insistance et d’expressions claires de ses pensées,
mettant en avant la richesse du vocabulaire et de la langue par : l’opposition « peu » et « point », les
polyptotes « plaisiez » et « plaire », « amoureux » et « aimé » et l’antithèse « mari » et « amant ».

De la l1 à la l6, la Princesse fait part de son 1 er argument, craignant que l’amour de Nemours ne soit
pas à la hauteur de l’idéal qui est le sien, il est périssable. En effet, Nemours l’aime, il ne l’aimera
plus, il a aimé avant elle et aimera certainement après : c’est ce qu’elle refuse et craint donc de la
souffrance que cela lui causerait : « d’autre parti à prendre que celui de la souffrance ».

A partir de la l6, elle évoque dans son 2è argument, son devoir de respecter son défunt mari par
l’énumération effectuée et par l’emploi des 2 verbes à l’infinitif « accuser » et « me reprocher »,
démontrant la culpabilité qu’elle ressent.
La dernière phrase de ce 1er mouvement constitue comme la réponse finale aux deux questions
précédentes. Débutant par « il est impossible » et poursuivant par l’expression impersonnelle « il
faut que », la Princesse exprime son refus catégorique, sa détermination à travers l’adverbe de
temps « jamais », et sa résolution, à ne plus jamais revoir Nemours et construire un avenir avec.

II- La persévérance du Duc de Nemours


Le Duc met alors fin au monologue de la Princesse en débutant sa phrase par l’interjection initiale
« Hé », illustrant l’agitation, la surprise de ce dernier provoquées par les propos de la Princesse.

De plus, le Duc n’hésite pas à témoigner d’une forte intensité dans sa façon de s’exprimer puisqu’il
sent qu’il vit sa dernière rencontre, par l’emploi du verbe « s’écrier ».

Nous constatons que ses deux premières phrases constituent des questions rhétoriques dans
lesquelles il emploie les verbes « croire » et « penser », puisqu’il veut amener la Princesse à réfléchir
davantage car il se persuade que celle-ci ne se rend pas compte de la difficulté de ses choix et de la
gravité de la situation.

Les périphrases aux lignes 13 et 14 suggèrent la réciprocité de leur passion amoureuse, de même que
le champ lexical de l’amour : « adoré » ; « plaire » ; « aime » ; « sentiments » ; etc.

Nemours confirme la vertu exemplaire de la Princesse, lorsqu’il affirme : « vous l’avez fait par une
vertu austère, qui n’a presque point d’exemple » l 18 et tente de convaincre sa bien-aimée du fait
qu’il reste toutefois impossible de résister à l’amour par la conjonction « mais » marquant
l’opposition. Il lui explique implicitement qu’elle est à présent libre puisque Madame de Chartres et
son le Prince de Clèves ne représentent plus des barrières.

Néanmoins, de son côté, le désir est incontrôlable puisqu’il termine par « j’espère que vous les
suivrez malgré vous » l 16, ce qui montre qu’il garde encore un peu d’espoir au fond de lui.

III- La résistance de la Princesse contre ses sentiments


Face au vocabulaire de l’illusion adopté par Nemours par l’emploi des verbes « croire » et « penser »,
la Princesse répond elle, d’un ton ferme, reflétant sa détermination : « Je sais bien » l 17.

Toutefois, l’utilisation de l’hyperbole « il n’y a rien de plus difficile que ce que j’entreprends » l 20, et
le champ lexical de l’épreuve « difficile » ; « défie » ; « forces » illustrent la difficulté du parti pris par
la Princesse, elle s’y contraint et n’hésite pas à l’admettre.

Le chiasme : « Ce que je crois devoir…mon devoir » l 19/20/21 reflète l’incapacité, voire
l’impossibilité de se laisser aller à la probable infidélité du Duc, à ‘expérience de la jalousie. De plus,
cela irait totalement à l’encontre de son devoir envers son défunt mari mais aussi à l’encontre de son
éducation.

Cependant, à la fin, la Princesse rappelle encore une fois quez ses choix ne répondent en aucun cas à
ses envies et à ses désirs, par le champ lexical de la résistance : « vaincre » ; « surmonter », du
sacrifice : «  je me primerai » ; « qu’il m’en coûte », témoignant de la souffrance que lui cause ses
décisions, sa passion et sa vertu.
Conclusion :
Cette entrevue mise en place par le Vidame de Chartres a finalement permis à la PDC de faire le choix
de se refuser au Duc et de renoncer à lui, à jamais. Par sa vertu, la Princesse décide de mener un
combat contre la passion et ce, non pas par manque de sentiments mais parce qu’elle cherche à
prouver que la sincérité du cœur ne doit pas pour autant, permettre celle du corps.
En outre, c’est son caractère vertueux qui fait d’elle, une femme héroïque puisqu’elle elle est
consciente que le parti qu’elle a choisi n’est pas le plus simple, elle le reconnaît mais s’y tient quand
même jusqu’au bout.
En opposition à l’héroïne de ce roman, Pierre Choderlas de Laclos met en scène dans son roman
épistolaire Les Liaisons Dangereuses, la Marquise de Merteuil, une anti-héroïne à la fois
manipulatrice et orgueilleuse.

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