Vous êtes sur la page 1sur 3

Introduction: La Marquise de Sévigné, de son vrai nom Marie de Rabutin-Chantal, est une

écrivaine française du XVIIème siècle connue pour sa correspondance avec sa fille,


Madame de Grignan. "Lettre à Monsieur Pomponne" fait partie de cette correspondance,
qui est considérée comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature française.Ainsi, on peut
se demander en quoi cette lettre dénonce l’hypocrisie à la cour royale. Dans un premier
mouvement allant des lignes 1 à 4, nous allons étudier comment nous passons de la lettre
au récit. Puis, dans le deuxième mouvement, de la ligne 4 à la ligne 13, nous étudierons un
dialogue qui ressemble à une comédie. Et enfin, dans un troisième mouvement, nous
analyserons la double leçon de morale mise en avant.

Titre du mouvement : 1Passage de la lettre au récit


De Madame de Sévigné
à M.de Pomponne

Lundi, 1er décembre 1664


A Paris,

[…] Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très vraie et qui vous divertira. Le Roi se
mêle depuis peu de faire des vers ; MM. De Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il s’y
faut prendre. Il fit l’autre jour un petit madrigal, que lui-même ne trouva pas trop joli.
Un matin, il dit au maréchal de Gramont :

Présence des codes du genre épistolaire : destinataire /destinateur. Enonciation à la 1ère pers
« je »et à la 2e pers « vous » / dialogue différé/ date et lieu.

Champ lexical du divertissement et de l’histoire => passage à la lettre


« divertira » futur : promesse d’un divertissement => Classicisme « Plaire et Instruire ».

Utilisation du présent de l’indicatif ayant une valeur de présent de narration « se mêle »,


« apprennent » => histoire plus vivante.

Passé simple « fit », « trouva » => temps du récit, actions de 1er plan.
« lui-même » « pas trop joli » : indices pour la suite.
« Un matin » CC de temps => le plaisir de conter en tant que chroniqueur

Le mouvement se termine par deux points qui annonce le passage du récit au dialogue.
Titre du mouvement 2 : Un dialogue qui ressemble à une saynète
« Monsieur le maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal2, et voyez si vous en avez jamais vu un
si impertinent. Parce qu’on sait que depuis peu j’aime les vers, on m’en apporte de toutes les façons.
» Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes
choses ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. » Le Roi se
mit à rire, et lui dit : « N’est-il pas vrai que celui qui l’a fait est bien fat ?
– Sire, il n’y a pas moyen de lui donner un autre nom. – Oh bien ! dit le Roi, je suis ravi que vous
m’en ayez parlé si bonnement ; c’est moi qui l’ai fait. – Ah ! Sire, quelle trahison ! Que votre
majesté me le rende ; je l’ai lu brusquement. – Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments
sont toujours les plus naturels. »

Utilisation du discours direct : « » , verbes paroles et tirets => rendre la scène plus vivante+
rythme avec tirets et phrases juxtaposées. Présent d’énonciation.
On : pronom indéfini => faire croire que l’auteur du poème est anonyme
Champ lexical du pouvoir : « sire », « votre majesté » , « le Roi » => dialogue avec un rapport de
force.
Vocabulaire péjoratif dès le début avec « si impertinent » , le roi influence le courtisan dès la 1ère
question.
Mode impératif => autorité royale
Divinement (adverbe de manière) et l’adverbe « bien » /hyperbole => posture du courtisan qui
flatte.
« voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. » : adjectifs qualificatifs péjoratifs
employés au superlatif avec l’adverbe « jamais » => hyperbole => flatterie excessive du courtisan.
« Le roi se mit à rire » : on dirait une didascalie. C’est presque du théâtre.
Phrase interro-négative du roi => influence le courtisan
Registre ironique dans les réponses du roi avec l’adverbe de manière « bonnement »
« C’est moi qui l’ai fait « => forme emphatique (insistance )=> chute
Phrases exclamatives du courtisan => surprise, douleur.
Brusquement : adverbe de manière/ le courtisan tente de s’excuser.
Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels. » =>
jugement catégorique du Roi avec présent de vérité générale.

Troisième mouvement : une fin de lettre porteuse d’une double morale


Le Roi a fort ri de cette folie, et tout le monde trouve que voilà la plus cruelle petite chose que l’on
puisse faire à un vieux courtisan. Pour moi, qui aime toujours à faire des réflexions, je voudrais
que le Roi en fît là-dessus, et qu’il jugeât par-là combien il est loin de connaître jamais la vérité

Hyperbole : cela souligne le caractère exagéré de la situation et l’aspect moqueur du roi.


Adj « cruels » au superlatif « la plus …que » / hyperbolique => souligne la cruauté du roi.
1èremorale : le monde de la cour est cruel et hypocrite.
Passage vers la 1ère pers du sing « je » , « pour moi »+ mot « réflexions » => installation de la
deuxième morale
Conditionnel « je voudrais »+subjonctif imparfait (virtuel) => La Marquise émet un souhait et parle
de quelque chose qui ne se produit pas réellement =>2ème leçon du morale : le roi ne sera bien
conseillé car il ne peut pas accéder à la vérité
Ouverture : « La cour du lion », Les Fables de Jean de La Fontaine.

Conclusion
Pour conclure, nous avons vu que cette lettre mettait en place un récit puis un dialogue qui
ressemble à une scène de comédie et enfin Madame de Sévigné nous livre une double leçon de
morale. Cette lettre dénonce l’hypocrisie de la cour royale en contant un récit divertissant qui est
rendu vivant à l’aide d’un dialogue. Ce dialogue ressemble à une comédie avec un comique de
situation et finit par une double morale qui dénonce à la fois le comportement des courtisans mais
aussi le système tyrannique mis en place par le roi, qui ne permet pas à ce dernier d’accéder à la
vérité. Nous pouvons comparer ce texte à « La cour du Lion », fable issue des Fables de Jean De
La Fontaine, également auteur classique du XVIIe siècle. En effet ces deux textes visent à plaire
pour mieux instruire et dénoncent les mœurs de la cour

Vous aimerez peut-être aussi