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[…] Il faut que je vous conte une petite historiette, qui est très vraie et qui vous divertira. Le Roi se
mêle depuis peu de faire des vers ; MM. De Saint-Aignan et Dangeau lui apprennent comme il s’y
faut prendre. Il fit l’autre jour un petit madrigal, que lui-même ne trouva pas trop joli.
Un matin, il dit au maréchal de Gramont :
Présence des codes du genre épistolaire : destinataire /destinateur. Enonciation à la 1ère pers
« je »et à la 2e pers « vous » / dialogue différé/ date et lieu.
Passé simple « fit », « trouva » => temps du récit, actions de 1er plan.
« lui-même » « pas trop joli » : indices pour la suite.
« Un matin » CC de temps => le plaisir de conter en tant que chroniqueur
Le mouvement se termine par deux points qui annonce le passage du récit au dialogue.
Titre du mouvement 2 : Un dialogue qui ressemble à une saynète
« Monsieur le maréchal, je vous prie, lisez ce petit madrigal2, et voyez si vous en avez jamais vu un
si impertinent. Parce qu’on sait que depuis peu j’aime les vers, on m’en apporte de toutes les façons.
» Le maréchal, après avoir lu, dit au Roi : « Sire, Votre Majesté juge divinement bien de toutes
choses ; il est vrai que voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. » Le Roi se
mit à rire, et lui dit : « N’est-il pas vrai que celui qui l’a fait est bien fat ?
– Sire, il n’y a pas moyen de lui donner un autre nom. – Oh bien ! dit le Roi, je suis ravi que vous
m’en ayez parlé si bonnement ; c’est moi qui l’ai fait. – Ah ! Sire, quelle trahison ! Que votre
majesté me le rende ; je l’ai lu brusquement. – Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments
sont toujours les plus naturels. »
Utilisation du discours direct : « » , verbes paroles et tirets => rendre la scène plus vivante+
rythme avec tirets et phrases juxtaposées. Présent d’énonciation.
On : pronom indéfini => faire croire que l’auteur du poème est anonyme
Champ lexical du pouvoir : « sire », « votre majesté » , « le Roi » => dialogue avec un rapport de
force.
Vocabulaire péjoratif dès le début avec « si impertinent » , le roi influence le courtisan dès la 1ère
question.
Mode impératif => autorité royale
Divinement (adverbe de manière) et l’adverbe « bien » /hyperbole => posture du courtisan qui
flatte.
« voilà le plus sot et le plus ridicule madrigal que j’aie jamais lu. » : adjectifs qualificatifs péjoratifs
employés au superlatif avec l’adverbe « jamais » => hyperbole => flatterie excessive du courtisan.
« Le roi se mit à rire » : on dirait une didascalie. C’est presque du théâtre.
Phrase interro-négative du roi => influence le courtisan
Registre ironique dans les réponses du roi avec l’adverbe de manière « bonnement »
« C’est moi qui l’ai fait « => forme emphatique (insistance )=> chute
Phrases exclamatives du courtisan => surprise, douleur.
Brusquement : adverbe de manière/ le courtisan tente de s’excuser.
Non, Monsieur le maréchal ; les premiers sentiments sont toujours les plus naturels. » =>
jugement catégorique du Roi avec présent de vérité générale.
Conclusion
Pour conclure, nous avons vu que cette lettre mettait en place un récit puis un dialogue qui
ressemble à une scène de comédie et enfin Madame de Sévigné nous livre une double leçon de
morale. Cette lettre dénonce l’hypocrisie de la cour royale en contant un récit divertissant qui est
rendu vivant à l’aide d’un dialogue. Ce dialogue ressemble à une comédie avec un comique de
situation et finit par une double morale qui dénonce à la fois le comportement des courtisans mais
aussi le système tyrannique mis en place par le roi, qui ne permet pas à ce dernier d’accéder à la
vérité. Nous pouvons comparer ce texte à « La cour du Lion », fable issue des Fables de Jean De
La Fontaine, également auteur classique du XVIIe siècle. En effet ces deux textes visent à plaire
pour mieux instruire et dénoncent les mœurs de la cour