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Texte 8 : " Je vais vous faie un aveu ", Mme de Lafayette

Intro : " La princesse de Clèves " : publié en 1678 par Mme de Lafayette, est un roman qui
se déroule dans la cour d'Henri II au 17ème siècle. Ce roman psycologique est centré sur le
personnage de Mme de Chartres, qui épouse Mr de Clèves dans la première partie et
devient donc Mme de Clèves. Cependant elle va tomber amoureuse de Mr de Nemours.
Après avoir tenté de surmonter ses passions pendant plus de la moitié du roman, elle va finir
pas avouer à son mari qu'elle aime un autre homme. Il s'agit là de notre objet d'étude. Ce
passage est un dialogue au discours direct entre les deux époux, alors que Mr de Nemours
les épie.

Mouvement 1 : L'aveu de Mme de Clèves : l.1 à 10


Mouvement 2 : La réaction de son mari : l.11 à 21

Dans la proposition subordonnée relative, l'adverbe " jamais " (l.2) souligne la singularité de
ce qui va suivre et place donc le personnage et le lecteur dans l'anticipation. La princesse se
jette aux pieds de son mari, c'est un signe d'obéissance et de honte qui rappelle la
confession religieuse, ici justement elle va confesser ses sentiments. " l'innocence de ma
conduite et de mes intentions " (l.2), montre ici que l'innocence lui a permis d'avouer mais
aussi de lutter contre ses passions. Dans la deuxième phrase l'aveu est introduit par la
formule impersonnelle " il est vrai que " (l.3). L'article indéfini " des raisons ", permet à la
princesse de ne pas les expliquer mais elle suppose que son mari les connait. Puis l'article
défini " les périls ", et l'article indéfini " des sentiments " (l.7) désigne les passions. Le verbe
de volonté " veux " et le terme péjoratif " périls " souligne la vertu et la bonne volonté du
personnage. Dans la phrase 3, Mme de Clèves présente ses qualités avec la négation
radicale " jamais " (l.4). Le conditionnel présent ainsi que l'hypothétique " si " (l.5), marque
une condition pour sa fidélité et donc ses raisons de vouloir être seule. " madame de
Chartres " (l.6) ainsi que le verbe " se conduire " renvoie à la bonne conduite et à la vertu.
Cependant la mère n'est plus là, donc il est difficile de résister. Dans la phrase 4, la
proposition subordonnée conjonctive, ainsi que l'opposition entre " dangereux " (l.6) et "
avec joie " (l.7), illustre le courage avec l'idée d'une détermination à toute épreuve. La " joie "
parait donc paradoxale et souligne l'exceptionnalité de la personne. A la fin de la phrase la
dignité est dirigé vers le couple et la possession qu'il implique avec " être à vous " (l.7). Dans
la phrase 5, l'hyperbole numérique " mille pardons " (l.7) permet d'entrer dans une phase de
supplication afin d'obtenir le pardon. La locution adverbiale " du moins " (l.8) oppose les
sentiments à l'action et suggère qu'elle ne controle pas ses sentiments mais qu'elle controle
tout de même ses actions. Dans la phrase 6, le verbe " Songez " (l.8), marque un passage à
l'impératif qui ici n'est pas un ordre mais une supplication. Avec le démonstratif " ce que je
fais ", la princesse reste encore très vague sur ce qu'elle veut dire. Ici " l'amitié " (l.9) est
signe d'une affection purement platonique qui se distingue de la passion que Mr de Clèves
éprouve pour sa femme. Ensuite la répétition du COI " moi " (l.10) montre qu'elle met sa
déstinée dans les mains de son mari. Le registre pathétique est présent avec la gradation à
l'impératif " conduisez-moi, ayez pitié de moi, et aimez-moi " (l.10). Enfin l'hypothétique " si
vous pouvez ", souligne la gravité de ce qui vient d'être dit, comme si elle avait fait une faute
grave.

La phrase 7 marque une pause entre les deux répliques au discours direct et instaure la
narration qui va faire le point sur la posture des personnages. Le verbe " demeuré " (l.11) et
la négation " il n'avait pas songé " (l.12), montre que les paroles de la princesse sont si
déstabilisantes qu'elles empêchent le mari de bouger. Sa position montre sa détresse
puisqu'il a " la tête appuyée sur ses mains " (l.11). L'hyperbole " hors de lui même " (l.12)
marque sa colère. Dans la phrase 8, la juxtaposition des propositions circonstancielles
donnent l'impression d'un enchaînement très naturel, spontané : elle a fini de parler donc il
peut la regarder. Le contraste entre la beauté et le désespoir, liés avec la conjonction " et "
(l.13), suscite la pitié et l'empathie. Le désespoir est amplifiés par le participe passé "
couvert " et la beauté par l'intensif " si " (l.13). L'hyperbole " mourir de douleur " (l.14)
renforce encore le registre pathétique. Dans la phrase 9, le mari répond a l'impératif par un
impératif déjà utilisé par la princesse " Ayez pitié de moi " et répète aussi l'adjectif " digne "
(l.15), ceci suggère que les deux personnages sont dans la même situation, ils sont dignes,
malheureux et réclament la pitié. Le mari implore aussi le pardon de la femme avec
l'hypothétique " si " (l.15). Le parallélisme de construction entre " une affliction aussi violente
qu'est la mienne et un procédé comme le vôtre " (l.16-17) et constitué d'un article indéfini,
d'un élément de comparaison et d'un pronom possessif. Ce procédé met en parallèle la
vertu de la femme et le malheur du mari. Dans la phrase 10, le terme " digne " (l.17), est
mise en contraste avec le malheur du mari. Puis le parallélisme de construction entre " ce
qu'il y a jamais eu et qui ait jamais été " (l.18), prouve encore une fois que c'est la bonté de
la femme qui fais souffrir le mari. Dans la phrase 11, la passage au passé composé permet
de se rappeler du passé pour mieux exprimer la douleur de la situation présente. La
juxtaposition définit la passion comme incontrôlable, elle évoque " le premier moment "
(l.19), avec la spontanéité du coup de foudre. Dans la phrase 12, le mot " amour " (l.20)
apparaît pour la première fois alors qu'il est sous-entendu en permanence. Ici le terme "
donner de l'amour ", souligne l'incapacité du mari à se faire aimer par sa femme. La crainte
d'être infidèle s'installe avec " vous craignez d'en avoir pour un autre " (l.21). Enfin l'indéfini "
un autre " suggère une personne qui reste cependant flou après l'aveu de la princesse.

Conclusion : Cette scène présente donc un aveu atypique qui repose sur le sous-entendu et
l'implicite et Mr de Clèves comprend parfaitement de quoi il est question et va se charger
d'expliciter l'aveu par sa réponse. On remarque aussi un pathétique omniprésent, car les
deux personnages ont conscience de leur malheur et de leur incapacité à y faire quoi que ce
soit.

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