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Mors

Analyse linéaire
Vers 1-5 : La description de la mort en action
Vers 1 :
 Les premiers mots mettent d’emblée le lecteur devant l’allégorie traditionnelle de la mort, la « faucheuse ».
Il est ainsi projeté dans un univers d’hallucination et de cauchemar.
Vers 2 :
 Le titre donne un double-sens à la vision du poète. Le lexique du champ « à grands pas » ;
« moissonnant et fauchant » prent une dimension inquiétante puisqu’il renvoie à la mort.
 Le rythme du vers évoque celui d’une marche régulière et décidée, un mouvement que rien ne semble
pouvoir arrêter.
Vers 5  :
 L’apparition d’un second personnage met en valeur l’importance de la mort. L’ « homme » symboliserait
l’humanité entière. Il reste « dans l’ombre », au second plan, laissant la place centrale occupée par la seule
faucheuse.

Les cinq premiers vers d’ouverture montrent, par un élargissement progressif du décor, le cadre spatial, l’action,
le personnage principal et l’atmosphère sombre dans laquelle se déroule la scène.

Vers 6-18 : Les ravages de la mort


Les vers 6 à 18 livrent un tableau sinistre des ravages que la mort laisse derrière elle sur la terre entière. Le
tableau est évoqué en trois moments : les métamorphoses dues à la Mort ; les réactions des hommes face
à elle (révolte et incompréhension) ; le caractère universel de ses actions.

Vers 6-10 (les métamorphoses)   :


 Le verbe « elle changeait » est suivi d’une longue énumération de transformations exprimées par
l’opposition systématique d’une part de termes dénotant la grandeur, la richesse ou la prospérité et d’autre
part de mots suggérant la destruction et l’anéantissement :
« Babylone » (v. 7)  « en désert » (v. 7)
« le trône » (v. 8)  « en échafaud » (v. 8)
« les roses » (v. 9)  « en fumier » (v. 9)
« les enfants » (v. 9)  « en oiseaux » (v. 9)
« l’or » (v. 10)  « en cendre » (v. 10)
« les yeux des mères » (v. 10)  « en ruisseaux » (v. 10)
Ces antithèses sont d’autant plus frappantes que la structure de la phrase, rendant inutile la répétition du
verbe « changeait », rapproche les termes opposés, simplement séparés par « en ». On perçoit ainsi la
facilité et la rapidité avec lesquelles la Mort accomplit ces métamorphoses.
 Les changements dus à la Mort s’exercent dans tous les domaines de la création. Après les puissances, ce
sont les symboles de beauté, d’innocence et de richesse qui tombent à leur tour.

Vers 11-12 (les réactions des hommes face à la Mort)   :


 Les paroles des mères rapportées au discours direct constituent une scène pathétique traduisant
l’interrogation qui surgit devant la mort.
 Le parallélisme de la phrase, marqué par la répétition de « pour », met en évidence l’antithèse « mourir //
naître » (le premier à la césure, le second à la rime) et souligne à la fois l’absurdité de la destinée humaine
et l’injustice divine.

Vers 13-18 (l’universalité des actions de la Mort)  :


 L’opposition du pluriel « des mains » ; « sans nombre » ; « les peuples » face au singulier « la faulx »
souligne la puissance de la Mort face à ses victimes qui se multiplient au fur et à mesure.
 Le vers 18 résume l’ensemble de la vision par l’indéfini « Tout… », un terme à la fois simple et
hyperbolique. Rien ni personne ne peut échapper à la « faucheuse » dominatrice, écrasant le monde « sous
ses pieds ».
 L’accumulation finale (« deuil, épouvante et nuit »), par son rythme ternaire, achève la description sur
une image mortelle de désespoir et de néant.
 Il est à noter que, à mesure que se complète le tableau, l’obscurité semble envahir la scène : le «
crépuscule » du début s’assombrit avec la mention des « noirs grabats » et de « la faulx sombre » pour
enfin devenir « nuit » au vers final.
Vers 19-20 : L’espérance finale
Mais le désespoir ne dure pas longtemps. Le mouvement général du poème conduit de la désolation et la
révolte à une impression finale d’apaisement due à la présence d’un « ange souriant » aux deux derniers vers.
 Avec cette image consolatrice, le poème s’achève sur une impression de douceur (« douces flammes ») et
l’action de l’ange qui « porte la gerbe d’âmes » devient la promesse d’un avenir encore possible.
 La Mort apparaît comme une épreuve beaucoup plus effrayante par son aspect que par sa signification
réelle : elle accomplit les plus terribles métamorphoses, provoque douleur et révolte, mais elle marque en
fait un renouveau. Les métaphores agricoles de la moisson et de la gerbe prennent tout leur sens à la fin
du poème : les « âmes » recueillies en « gerbe » par « l’ange souriant » seront semées et feront naître de
nouvelles vies.

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