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Le pronom personnel "nous" du vers 1 et le titre ("amants") montrent d'emblée une union
amoureuse. Les amants ne seront pas séparés par la mort.
Le lieu décrit dans le premier quatrain semble accueillant ("lits pleins d'odeurs légères",
"divans profonds", "fleurs"). Idée de remplissage ("plein d'odeurs") opposée à celle du
néant, du vide.
Au vers 3, l'atmosphère agréable suscitée par "les fleurs" est contrebalancée par l'adjectif
"étranges", les rendant ainsi inquiétantes, mystérieuses. L'adjectif "étranges" est mis en
valeur par son antéposition ("étranges fleurs").Au vers 4 ("Écloses pour nous sous des
cieux plus beaux"), le comparatif "plus" montre que le lieu où se trouvent les amants n'est
pas idéal, il existe des lieux "plus beaux", et le lieu où se trouvent les amants peut être un
accès à ce lieu plus beau puisque les fleurs qu'il contient en viennent.
Les "cieux" ont une connotation spirituelle, représentent l'élévation de l'âme.
Dans tout le poème, le poète emploie le futur : il semble déjà avoir visité cet au-delà.
Ce premier quatrain présente un lieu qui semble agréable et associé à l'idée de la mort,
montrant ainsi déjà une image paradoxalement positive de la mort.
II. Second quatrain - Profiter des derniers instants
Le vers 5 donne une sensation de profusion avec "à l'envi" (sans modération), mais
l'adjectif "dernières", placé en antéposition, montre que l'on use ici ses dernières forces de
vie, avant la mort. Il faut profiter des derniers instants, le poète associe donc la mort à une
notion de plaisir et de sensualité ("chaleurs").
Le champ lexical de la chaleur ("chaleurs", "flambeaux") est opposé à la froideur
traditionnellement associée à la mort.
Au vers 6, les "vastes flambeaux" montrent une nouvelle fois une image positive de la
mort (évoquée par "flambeaux") car associée à l'adjectif "vastes".
Les vers 6, 7 et 8 montrent l'union des amants, avec le champ lexical de la dualité ("deux"
répété 3 fois, "de" qui ressemble phonétiquement à "deux", "doubles", "miroirs",
"jumeaux"). L'anaphore de "nos deux" (vers 6 et 8) insiste sur cette dualité.
Il y a une gradation, les deux âmes se rapprochent dans le quatrain : d'abord, elles sont
"deux", puis elles se "réfléchiront" comme des "miroirs" pour devenir des "jumeaux".
Au vers 8, le décasyllabe ("Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux") a une coupure
régulière (5/5) qui insiste sur cette symétrie entre les deux êtres -> la forme sert le fond.
Au vers 8, le mot "esprits" montre que l'union amoureuse prend une dimension spirituelle
plus que physique. D'ailleurs, les amants ne sont désignés que par métonymie dans ce
quatrain ("cœurs", "esprits"), comme s'ils commençaient à se séparer de leur corps.
Dans tout le quatrain, le champ lexical de la lumière est présent ("chaleurs", "flambeaux",
"réfléchiront", "lumières", "miroirs"), ce n'est pas habituel pour parler de la mort, et cela
montre encore une fois une image positive de la mort.
Comme dans le premier quatrain, ce deuxième quatrain montre une image positive de la
mort : elle permet aux deux âmes de se rapprocher et de profiter des dernières chaleurs.
Au vers 9, le "soir" est une allégorie de la fin de la vie, comme une fin de journée.
La couleur traditionnellement rattachée à la mort est le noir. Ici Baudelaire contredit
totalement cette image, avec des couleurs douces et belles "de rose et de bleu". Cette
mort est "mystique", donc elle rapproche de dieu, ou de quelque chose de supérieur à la
vie.
Le rapprochement des deux êtres, entamé au deuxième quatrain, est ici total avec
l'adjectif "unique" du vers 10 ("éclair unique"). Idée de la fusion avec la chaleur qui se
produit dans un éclair.
Le poète passe du pluriel dans les deux quatrains, au singulier dans les tercets.
Le vers 11 est plus mélancolique, avec "sanglot" et "adieux", et semble indiquer que les
amants sont morts, mais la mort n'est pas nommée dans ce tercet.
Au vers 12, l'"Ange", symbole du paradis, semble confirmer que les amants sont morts.
Les "portes" peuvent également évoquer les portes du paradis. Le poète est encore dans
une dimension mystique, d'ailleurs, le champ lexical du religieux est présent dans tout le
poème ("cieux", "mystique", "ange").
Au vers 13, la mort est battue : le verbe "ranimer" (qui confirme encore que les amants
étaient morts puisqu'il faut les ranimer) montre que l'ange fait revivre les amants, et ce
retour à la vie est heureux comme le montre l'ange "fidèle et joyeux".
La mort unifie les amants, et scelle à jamais leur amour. Le poète semble donc l'attendre
comme une libération, comme le montre l'emploi du futur dans le poème.
Hormis dans le titre, le mot "mort" n'apparaît finalement qu'à la toute fin du poème, mais
c'est plutôt une résurrection comme l'a montré le vers 13. D'ailleurs, les "flammes mortes"
est un oxymore (flammes = vie) et l'allitération en [m] réunit les deux mots.