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Parcours 

: alchimie (boue et or)


Charles Baudelaire, Les fleurs du mal (1857)

Intro :
Charles Baudelaire, poète français du 19ème siècle, héritier du romantisme, précurseur du
symbolisme par la sorcellerie évocatoire, précurseur du surréalisme par son goût pour la modernité
et le bizarre, publie en 1857 son œuvre poétique essentiel : les fleurs du mal, recueil dans la section
la plus célèbre et spleen et idéal. Nous étudierons un pantoum irrégulier composé de 4 quatrains
d’alexandrins aux rimes embrassées dont le titre harmonie du soir évoque un souvenir
autobiographique un soir où Baudelaire à accompagner Madame Sabatier. Je propose maintenant en
projet de lecture, comment un souvenir sensuel et biographique est élevé à une sorte d’extase
mystique en 3 mouvements. Le premier mouvement du vers 1 à 4 est : l’idéalisation d’un souvenir lié
à Mme Sabatier. Le 2e mouvement du vers 5 à 12 : la lutte entre le Spleen et l’Ideal et le 3e
mouvement du vers 13 à 16 : la victoire éphémère de l’Ideal.

1er mouvement :
 L’harmonie qui évoque le titre dans les 1er vers est atteinte grâce à la gravité que Baudelaire
donne à ce souvenir sans doute idéalisé par la mémoire affective.
- La transformation d’un souvenir en quelque chose de solennel, d’important avec le
présentatif, la formule biblique et les allitérations en [v] dans « voici venir les temps » v1.
Ainsi que le présent de vérité.
 Les sons, les parfums et les images se font écho, illustrant la théorie des correspondances de
Baudelaire. On retrouve ainsi le champ lexical des sens avec des termes relatifs aux diffé-
rentes sensations : – sensations auditives : « “les sons » (v.3), « violon » (v.6 et 9), « valse” »
(v. 4 et 7)
– sensations olfactives : « “fleur » (v.2 et 5), « encensoir » (v.2 et 5), « parfums” » (v.3)
– sensations visuelles : les mouvements sont décrits : « valse », « tournent »,
« s’évapore ». On relève des références au soleil et à la luminosité : « “le soleil » (v.12 et
15), « lumineux” » (v.14)
Ces différentes sensations se fondent dans l’air du soir, créant une harmonie
profonde. C’est ainsi que les sons et les parfums vibrent tous les deux :
– « vibrant sur sa tige », « s’évapore » (le parfum des fleurs)
– « le violon frémit » (sons)
Ils se mêlent dans l’air où ils « tournent » comme une « valse », laissant une
impression de « vertige ».
La fusion des sons et parfums qui « tournent » dans l’air est accentuée par le chiasme
au vers 4 : « Valse mélancolique et langoureux vertige »

2ème mouvement :
 Le spleen est sous-jacent :
- Connotation liée au mot reposoir : « repos » et « triste » v8. « triste », « mélancolique »
et « afflige » évoquent l’état d’âme de Baudelaire
- Nous percevons une vibration avec une assonance en i et la diérèse « violon » come une
crispation nerveuse (symptôme du spleen)
- Rythme lent + lenteur des vers + e muet à la césure + pas de coupe à l’hémistiche, sug-
gère le spleen.
 Vers 12 : Il y a deux morts associées au coucher de soleil, il n’y a pas de joie et pas de beau
lendemain. Il est au bord du gouffre notamment avec la ponctuation forte, e-muet et la bru-
talité du hiatus du vers 10 qui amplifie la descente vers le gouffre. Martèlement avec des
mots courts comme « cœur » « tendre » « néant » « qui hait » qui suggère des crispations
nerveuses
 Disparition de ses capacités créatrices avec l’assonance en [s] qui sonne comme une pétrifi-
cation et le verbe pronominal « s’est noyé ». Le passé composé évoque quelque chose de
terminer (caractère irrémédiable de la mort)

3ème mouvement :
 L’antéposition met en valeur le CDN « passé lumineux » du v14. Cela permet un retour à la
lumière car il donne de la force à ce souvenir. Il lui empêche de tomber dans le Spleen. Les 3
points du vers 15 adoucissent.
 Le retour au présent « luit » et les adjectifs possessifs « ton souvenirs » et « en moi » du v16
donne l'harmonie du couple. En associant la lumière et la dimension mystique donné par la
comparaison, l’idéal est enfin accessible.

Conclusion :
L’amour putrifié par le caractère mystique semble permettre la victoire de l’Ideal du le
Spleen. C'est moins par le souvenir que par la sorcellerie évocatoire que Baudelaire semble pou-
voir triompher du spleen dans une extase mystique. Madame Sabatier est appelée « ma déesse »
car pour Baudelaire elle est une sorte de rédemption
Le thème de la valse est un thème récurrent dans la littérature et les arts notamment avec la
peinture de Félix Vallotton la valse, peint en 1893. Il reprend les ondulations qu'on aperçoit dans
le poème.

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