Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Intro :
Charles Baudelaire, poète français du 19ème siècle, héritier du romantisme, précurseur du
symbolisme par la sorcellerie évocatoire, précurseur du surréalisme par son goût pour la modernité
et le bizarre, publie en 1857 son œuvre poétique essentiel : les fleurs du mal, recueil dans la section
la plus célèbre et spleen et idéal. Nous étudierons le poème intitulé Invitation au voyage composé de
3 strophes de 12 vers impair (penta-hepta syllabe) et d’un refrain de 2 vers répété 3 fois. Je propose
maintenant un projet de lecture, combien et comment Baudelaire cherche à endormir le Spleen dans
une rêverie qui fait d’une femme (Marie) un paysage en 3 mouvements. Le premier mouvement du
vers 1 à 12 est : la douceur de l’invitation. Le 2e mouvement du vers 13 à 26 : c'est le décor érotique
et le 3e mouvement du vers 27 à 42 : la rêverie apaisante.
C’est plus une suggestion parce qu’il y a un adoucissement avec le -e muet de l’impératif
« songe à » v2 et les infinitifs « aimer » et « mourir » v4, v5
L’invitation se fait avec tendresse. Notamment avec l’apostrophe « Mon enfant, ma sœur, »
v1 et le mot « ensemble » v3 qui suggère une complicité. La douceur de l’invitation va être
un remède contre le Spleen par l’endormissement et le bercement du rythme. Il utilise des
mots qui se ressemblent comme « ensemble » v3 et « ressemble » v6 et des assonances en
voyelle nasalisée « sœur » v1 et « douceur » v2. Il y a une harmonie au niveau des sonorités
avec « charme » v9 et « larmes » v12 et une harmonie musicale qui amène à la douceur dans
le refrain.
Il l’invite à un départ avec les adverbes de lieu « là-bas » v3 et « Au pays » v6 et le verbe
« aller » v3.
« mourir/ Au pays » v5-6 suggère quelque chose d’imprécis. Ce manque de précision lui
permet de rêver. Notamment avec l’impératif « songe » v2 et la superposition d’image avec
la femme et le pays dans la périphrase « Au pays qui te ressemble ».
Il superpose à ses deux images, la peinture hollandaise qui donne un effet pictural : « ciels
brouillés » v8. Il y a donc une correspondance avec 3 destinations : la femme, le pays et la
peinture. C’est un voyage d’esprit
Ce voyage est permis par une femme presque magicienne : « de tes traîtres yeux » v11,
accentuation avec la diérèse « mystérieux » v10 et le mot « charme » v9 qui est à prendre au
sens étymologique : c’est une incantation magique.
Elle est associée au paysage par le thème de l’eau « larme » v12, « soleil mouillé » v7 et le
thème de la lumière « brillant » v12.
Il n’y a pas de sens gustatif pour ne pas trop suggérer la réalité. Les conditionnels
« décorerait » et « parlerait » entretiennent l’ambiguïté entre le possible et l’irréel.
La reprise de l’impératif « vois » v29 et l’adjectif possessif « ton » v33 nous rappelle qu’il
s’adresse toujours à la femme aimée. « le monde s’endort » nous suggère que le poète et la
femme s’endort se qui renforce leur complicité.
Il rêve du pays qu’il aime, les Pays-Bas, et son paysage car il évoque « canaux » et
« vaisseaux » v29/30 qui rappelle le commerce maritime avec l’orient et les pays bas. Il
rapporte des produits luxueux comme les « hyacinthe » v38
Cependant les rimes féminines et les assonances en i, nous suggère que le Spleen et toujours
présent. Il y a une volonté d’endormir le Spleen « le monde s’endort » v39. Il est toujours
dans le rêve avec l’alliance des diphtongues, des sonorités et des assonances en voyelle
nasalisée. Il arrive à rester dans le rêve avec l’association de la femme et des tableaux.
Conclusion :
Dans « L'Invitation au voyage », c'est l'idéal qui domine et l'emporte enfin sur le spleen, du
moins le temps d'un poème. Baudelaire invite la femme aimée et le lecteur à un voyage onirique et
imaginaire au sein d'un monde idéal sublimé par le langage poétique. Il peint ainsi à travers la
description de paysages et une forte musicalité son idéal politique marqué par l'harmonie.
Henri Duparc reprend le poème en musique. Il a composé 17 mélodies dont deux sur les
poèmes de Baudelaire : invitation au voyage et la vie antérieure. La mélodie reprend la douceur du
poème.