Vous êtes sur la page 1sur 2

Au XVI siècle, la France est en plein dans la Renaissance.

C’est alors qu’est importé


d’Italie le mouvement de l’Humanisme, qui vise à relever la dignité de l’esprit humain et à le
mettre en valeur. En France, ce mouvement est notamment représenté par la Pléiade, un
groupe de sept poètes qui s’inspire principalement des modèles antiques et italiens.
« Quand vous serez bien vieille » est une œuvre faisant partie du recueil Sonnets pour
Hélène qui a été écrite en 1578 par Pierre de Ronsard, un membre de la Pléiade. Ce poème
est un sonnet marotique dans lequel l’auteur s’adresse à sa dernière muse, Hélène, dont il
est amoureux. Comment Ronsard utilise-t-il le topos du carpe diem au service de sa
séduction? Dans un premier temps, du vers 1 à 8, le poète décrit le futur d’Hélène avec
certitude tout en prenant la place du désiré. Dans un second temps, il annonce le sien du
vers 9 à 12 et, dans les deux derniers vers, il fait une leçon de morale.

V1 : On retrouve l’emploi du futur de certitude « serez », qui se trouve dans la subordonnée


conjonctive circonstancielle de temps « Quand vous serez bien vieille » ce qui fait que
l’auteur nous projette dans le futur dès le début. De plus, le vouvoiement traduit certes la
distance qui les sépare, mais il suggère surtout que le poète la respecte, lui voue un culte
dans l’héritage de l’amour courtois

V2 : Les participes présents « dévidant et filant » montrent au lecteur l’ennui des


occupations de sa muse qui ne servent qu’à faire passer le temps. Cette expression fait
également référence aux trois Parques qui sont devenues une des principales allégories du
caractère éphémère.

V3 : « Direz » Ronsard choisi le futur car c’est une manière de montrer qu’il est totalement
sur de ce qu’il va arriver : le poète devient un voyant ayant connaissance du futur. De plus,
les participes présents « chantant » et « émerveillant » donnent l’impression d’être présent
là où se déroule la scène.

V4 : Le terme « Ronsard » montre qu’il fait son propre éloge en se rendant essentiel aux
yeux d’Hélène. En outre, le mot « temps » ainsi que les participes présents situés avant et
après forment une assonance en [an] qui crée une redondance dans la musicalité que l’on
peut associer à la redondance du filage de laine. Le mot « belle » montre bien, comme
« chandelle » au vers 1, quelque chose d’éphémère, qui s’oppose à l’immortalité.

V5 : Ronsard fait référence à la servante de la dame afin d’expliciter le fait qu’il est
également connu d’elle.

V6-7 : Les rimes « sommeillant » et « réveillant » sont signifiantes et montre une opposition.
De plus, le participe présent « sommeillant » donne une sensation de monotonie. « mon
nom » désigne Ronsard et permet de se mettre en avant malgré le fait que son poème ne
s’adresse pas à lui-même.

V8 : La construction parfaitement régulière (3-3/3-3) en fait un vers très solennel. Cette


solennité est d’autant plus forte que le poète utilise un registre religieux catholique avec le
verbe « Bénissant » et le nom « louange » qui est un type de prière. L’utilisation du mot
« immortelle » est révélatrice de la pensée de Ronsard qui pense que le poète transcende la
mort par son art.

V9-10 : « fantôme sans os » est une périphrase euphémistique qui forme avec « je prendrai
mon repos » un euphémisme pour adoucir la mort.

V11 : « Vous serez au foyer » est un parallélisme avec « Je serai sous la terre » comparant
l’état physique dans lequel ils se trouveront d’après l’auteur.

V12 : L’enjambement du vers 11 à 12 entre « accroupie » et « regrettant » insiste sur les


regrets d’Hélène alors qu’elle attend sa mort.

V13-14 : L’utilisation de l’impératif avec « vivez » et « Cueillez » est une note de l’injonction
confirmant qu’il s’agit d’une morale. Il prévient la dame que son offre n’est pas infinie et
utilise la métaphore des « roses » qui signifie ne pas attendre d'être vieille ou mourante pour
regretter de n'avoir pas assez vécu. C'est une métaphore épicurienne.

Au terme de cette analyse, Pierre de Ronsard se met à place du désiré, en opposition avec
les principes de l’amour courtois. Les topos du tempus fugit, du memento mori et du carpe
diem principalement sont utilisés afin de structurer le discours épidictique qu’il tient à
l’égard d’Hélène. Paradoxalement, dans cette poésie dans laquelle Ronsard souligne le
caractère éphémère de sa beauté, il l’immortalise grâce à la poésie.

Vous aimerez peut-être aussi