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THE
of New Jersey
XI GAAF.8
LIBRARY
OF
PRINCETON UNIVERSITY
DESCRIPTION :
DE
L'ÉGYPTE .
France Commission des voiamuomen's to Egypte
DESCRIPTION
DE
L'ÉGYPTE
OU
RECUEIL
SECONDE ÉDITION
DÉDIÉE AU ROI
TOME HUITIÈME.
ANTIQUITÉS -MÉMOIRES .
PARIS
IMPRIMERIE DE C. L. F. PANCKOUCKE
M. D. CCC . XXII .
12003
4
MÉMOIRE
SUR LA MUSIQUE
DE
L'ANTIQUE ÉGYPTE ,
Par M. VILLOTEAU .
ARTICLE PREMIER .
1
Pourquoi faut- il que les intérêts les détruit sans cesse ? L'Europe en
d'une politique trop peu d'accord tière , qui doit en sentir maintenant
avec les intérêts des arts et des tout le prix , ne devrait- elle pas
sciences aient sacrifié tant de super conspirer unanimement à en confier
bes monumens , en les laissant entre la conservation à une nation policée
les mains d'un peuple barbare qui et instruite ?
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE. 213
les autres nous donnent : car on dirait que tous ont pris
à tâche de répandre de l'obscurité sur cette matière. Par
exemple, qui ne croirait que Diodore de Sicile est en
ces monumens ' , les uns n'ont point encore été achevés,
· Quelque modernes ou quelqu'anciens que puissent être ces mo
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE. 227
et les autres ont été construits avec des débris de monu
numens , cependant le genre de leur ' d'or , d'argent , elc. Pædag. cap. In ,
architecture n'a jamais changé : il a pag. 216.
toujours été soumis aux mêmes prin · Nous devons croire néanmoins,
cipes et aux mêmes règles adoptés d'après le témoignage de Platon ,
de temps immémorial; Platon nous qui visita l'Égypte après que Cam
l'assure dans le second livre de ses byse et ses successeurs eurent été
Lois. Ces monumens sont donc en chassés du trône par les Égyptiens,
core très - précieux sous ce dernier que tous les monumens antigues
point de vue. Nous les avons vus n'avaient pas été détruits alors , puis
sans doute beaucoup moins ornés qu'il rapporte que de son temps on
encore qu'ils ne l'étaient du temps voyait encore dans les temples des
de Clément d'Alexandrie , à en ju- chefs - d'oeuvre de peinture et de
ger par la description qu'il en fait, sculpture qui dataient de plus de dix
puisqu'il dit qu'ils étaient enrichis mille ans,c'est- -dire qu'il les suppo
de pierres précieuses , de diamans , sait existaps de temps immémorial .
15 .
228 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
ARTICLE DEUXIÈME .
1
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE. 231
· Plat. de Legib. lib. 11. C'est de appelé leurs chants du nom devókos ,
là sans doute aussi que les Grecs ont qui signifie loi.
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE. 235
1 Horat . de Art . poet. v . 591 et qu'on écrit aussi Horus. Voyez Frid.
seqq . Sam . de Schmidt, Opuscula quibus
Plusieurs savans ont pensé que le res antiquæ , præcipuè Ægyptiacæ ,
nom d'Orphée était d'origine égyp- explanantur ; Dissert. tertia , de Or
tienne ; qu'il signifiait, dans son ac- phei et Amphionis nominibus. Carols.
ception étymologique , fils d'Orus, ruhæ , 1565 , in - 8 °.
236 MEMOIRE SUR LA MUSIQUE
bien ' , ou plutôt que tout ce qui était bien formait une
musique , c'est- à -dire une chose parfaite ou l'ouvrage des
Muses.
1
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 239
se soit honorée du nom d'Argos ', qui, en égyptien ,
tage sur l'état de cet art chez les anciens Égyptiens : car
on ne saurait adoucir assez une disparate aussi chó
quante que l'est celle qui s'offre dans le rapprochement
de la musique moderne avec la musique antique ; ce con
traste , que nous avons peut-être déjà rendu' trop sen
sible , pourrait , s'il n'était pas ménagé, offusquer l'ima
gination de ceux que nos préjugés ont séduits , et faire
paraître peu vraisemblable ce qui nous reste à dire.
ARTICLE TROISIÈME.
guité : il est évident que Platon re- de la poésie lyrique . Aristote pense
gardait les discours comme faisant qu'elle tire son origine des dithy
partie inlégrante de la musique. rambes que l'on chantait en l'hon
Suivant le sentiment de l'abbé neur de Bacchus . Voyez les Mé
Vatry ( Discours prononcé à l'assein- moires de l'Académie des inscrip
blée publique de l'Académie des tions et belles-lettres , t. xv, p . 235
inscriptions et belles-lettres , le 26 et suivantes.
ayril 1748 ), la tragédie se forma
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 245
signifient également pour le chant , d'où s'est formé le
mot prosodie.
En effet, le mot accentus chez les Romains , demême
que reg5w8ic chez les Grecs , signifiait ce mouvement
par lequel la voix s'élevait ou s'abaissait dans le dis
' Prosa est producta oratio , et à quàm prosæ . Omnia enim priùs ver
lege metri soluta . Prosum enim an- sibus condebantur. Prosce autem stu .
tiqui productum dicebant, et reclum : dium serò viguit. Primus apudGræ
unde-ait Varro , apud Plautum pro cos Pherecydes Syrus solutá ora
sis lectis significare rectis ; unde tione scripsit. Apud Romanos autem
etiam quce non est perflexa numero , Appius Coecus adversids Pyrrhum
sed recta , prosa oratio dicitur, in solutum orationem primus exercuit.
rectum producendo. Alii prosam Jam exhinc et cæteri prosam ora
aiunt dictam ab eo quod sit profusa , tionem condiderunt. Isidor . Hispa
vel ab eo quòd spatiosiùs proruat et lensis Origin . lib. I , C. XXVI , s. xii ,
excurrat, nullo sibi termino præ- Basileæ , 1577, in - fol.
finilo. Præterea sciendum , tam apud . Strab. Geogr. lib. I.
Græcos quàm apud Latinos longè 3 Voyez le passage de cet auteur
antiquiorem curam fuisse carminum ci - dessus cité , page 249 .
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 253
les prières qu’on adressait aux dieux , les lois qu'on vou
lait promulguer , et toutes les connaissances humaines
qu'il était utile de propager.
Notre esprit , trop préoccupé de ce que nous voyons,
saisit difficilement des idées totalement opposées à
· Nous avons remarqué sur plu- mum in sacram ædem ductus fuerit
sieurs monumens de l'Égypte supé- cynocephalus , tahellam ei sacerdos
ricure , parmi les figures sculpiées apponit unà cum scirpeo stylo atque
dont les murs sont ornés , une figure atramento ; nimirum ut periculum fa
decynocéphale ,c'est -à-dire d'homme ciat sitne ex eo cynocephalorum ge
à tête de chien , tenant de la inain nere qui litterarum gnari sunt , et an
gauche un long bâton ou une règle litteras pingat : pingit itaque in ea
recourbée par le haut , d'où l'on voit tabella litteras. Prceterea hoc animal
pendre , à l'extrémité de cette par- Mercurio dicatum est , qui litterarum
tie , quelque chose d'assez semblable omnium particeps est. Les marques
à une lanterne ; tenant de la droite distinctives du greffier des rites sa
un style ou un poinçon qu'elle ap- crés des anciens Égyptiens avaient
plique sur ce bâton ou cette règle aussi quelque rapport avec cette
qui semble avoir des entailles du figure. Clém. d'Alexandrie , Strom .
haut en bas.Nous nous sommes ima- lib. vi , page 633 , nous dit , en par
giné que cette figure pourrait bien lant de ce greffier des rites sacrés :
être l'image allégorique de Mercure Deinceps autem iepog paepepatiùs , id
décrite de celle manière par Hora- est scriba sacrorum , pennas habens
pollon ( Hierogl . 14 ) : Quid cyno- in capite et librum in manibus , ac
cephalum pingenles demonstrent ? regulam in qua esl atramentum ad
Lunam demonstrantes , aultcrrarum scribendun , et juncus quo scribunt ,
orbem , aut litteras , aut sacrificium , progreditur.
aut iram , aut natationem , cynoce Nota . La description que Clément
phalum pingunt Lunam.... litteras, d'Alexandrie fait ici de l'écritoire
quia est ( apud Ægyptios) natio quæ- en forme de règle , dont se servaient
dam et genus cynocephalorum , qui les anciens Égyptiens, et dans la
litteras norunt. Quapropter, ubi pri- quelle étaient contenus l'encre et le
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 259
2
jonc ou roseau pour écrire , pourrait Zoëga ( De orig. obelisc. s. IV,
encore s'appliquer à l'écritoire ac- pag. 211 ; 1797,in -fol. ) trouve l'éty
tuellement en usage parmi les Égyp- mologie du nom d'Hermès dans les
tiens modernes. deux mots Égyptiens Ep -Eus
· Vid .Jambl.de Mysteriis Egyp .. ( er-emi), qui signifient pater scien
tiorum , initio ; et Jablonski, Pan- tiæ .
theon Ægypt. lib. v, cap. 5 , Fran 3 Diod . Sic . Billioth . hist. lib. I ,
cofurti, 1901, in -8 °. cap. 16 , p. 48.
17 .
260 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
Nous avons remarqué des écri- lique, lib . 1 , cap . Phoenicum Theo
tures cursives et hiéroglyphiques de logia , pag . 36 A , gr. et lat . Paris ,
diverses espèces en différens en- 1628 , in - fol. : « Misor eut pour fils
droits , et particulièrement dans une Taaut , l'inventeur des premiers élé
desgrottes de la montagne de Syout , mens de l'écriture, que les Égyptiens
dont l'entrée était petite et fort in- nomment Thoor, les Alexandrins
commode, et où nous nous sommes Thoyih , et les Grecs Hermès. »
introduits avec M. le baron Fourier, Plus loin , le même auteur ajoute :
notre collègue à la Commission des « Ledieu Taaut ayant déjà représenté
sciences et arts d'Égypte . Uranus , forma aussi des images de
Voici ce qu'on lit dans le frag- Cronus , de Dagon et des autres
ment de Sanchoniaton cité par Eu- dieux , et fit les caractères sacrés des
sébe dans sa Préparation evangé- élémens , les hieroglyphes.
262 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
)
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE. 263
ARTICLE QUATRIÈME .
1
· Plat . de Legib. lib. 11. Lucret. de Rerum Natura, l . v , v . 1022 et seqq.
• Plutarque , des Propos de table , liv. 1 , quest . v, p. 365 G.
3 Plat . Cratylus, sive de recta nominum ratione.
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 267
crés aux dieux et aux hommes étaient dinairement tout le jour; quelquefois
les Parthenies , les Daphnéphories, elles lescontinuent pendant plusieurs
les Oschophories et les Euctiques. jours , en témoignant leurs regrets
On fait encore mention d'un hymne par des plaintes semblables à celles
appelé Keston , c'est-à -dire , la Cein- que nous venons de citer de la tra
ture , composé par Pâris en l'hon- gédie d’Euripide. Il y avait encore
neur deVénus ,qu'il révérait comme la chanson Alinos ou Linos , égale
la première de loutes les divinités. ment propre à la tristesse et à la joie ,
( Vide Joannis Malalæ Chronogr. By- parce que , sans doute , elle tempé
zant. Corp. tom . XXII, pag . 38. ) rait l'excès de l’une et de l'autre , en
Il y avait en outre la chanson Ou- rappelant le calme dans l'âme. Héro
pingi pour les nouvelles accouchées dote nous assure que cette chanson
( elle était consacrée à Diane ) ; la était d'origine égyptienne , et que
chanson ou le thrène Olophyrmos , c'était la même qui était connue en
mot qui signifie plainte , douleur ( ce Égypte sous le nom de Maneros ; ce
chant était réservé pour les jours chant avait , en effet , les qualités et
d'adversité et d'affliction ); la chan- les propriétés que les Égyptiens s'ap
son Talemos , c'est - à - dire chant pliquaient à donner à leurs chants.
froid et lugubre : cette chanson était Pausanias, au contraire , croyait que
destinée aux funérailles. Euripide , cette chanson appartenait aux Grecs,
dans sa tragédie des Phéniciennes , qui l'avaient consacrée à chanter la
appelle ainsi les cris de douleur que mort de Linus, un des inventeurs de
font entendre les mères et leurs filles, la musique en Grèce . On cite aussi
à la mort d'Etéocle et de Polynice , la chanson Charondas, qui se chan
qui s'étaient tués l'un l'autre dans tait à table ; la chanson Alétés, qui
un combat singulier : 'Ikneleon de était celle des vagabonds , des men
Matépov . 'Ikaspoo de trap Divo . Quel dians , ainsi que l'indique le mot ; la
deuil pour les mères! quel deuil pour chanson Katabaucaléses , qui était
les filles! Il ajoute que ces plaintes propre aux nourrices ( celle-ci pro
retentissaient dans les maisons ; ce curait un doux sommeil aux enfans );
qui présente une très - grande ana- la chanson Epimylios, c'est-à- dire
logie entre ces plaintes et les cris que des meûniers , ou de ceux qui tour
lesÉgyptiennesfont encore entendre nent la menle ou la roue : elle ap
aujourd'hui, d'abord sur les terrasses partenait encore à ceux qui pui
des maisons , puis dans l'intérieur saient de l'eau par le moyen d'une
de leurs appartemens , chaque fois roue à chapelet , parce que l'action
qu'il est mort un de leurs parens , et les mouvemens de ceux-ci étaient
ou quelque autre personne qui leur à peu près semblables à ceux des
est chère. Elles répètent ces cris or- premiers ; il y avait néanmoins une
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 277
chanson propre aux puiseurs d'eau , ce qui l'étonne ; le sens caché était
c'était celle qu'on nommait Himæos. pour les gens instruits. La chanson
C'est sans doute la chanson qu'Aris. de ceux qui mettaient en gerbe por
topbane ( Ran . act . v, sc . 2 , v . 41 ) tait aussi le nom d'Ioulos ; c'est ,
appelle ιμονιοστρόφου , chanson aussi comme on le voit , la troisième chan
despuiseursd'eau .Les puiseursd'eau, son de ce nom . Celle - ci était sans
en Égypte , ont conservé jusqu'à ce doute particulièrement consacrée à
jour cet ancien usage : ils règlent de Cérés , comme la première l'était
même tous leurs mouvemens sur la peut - être plus spécialement à Pro
mesure de certains chants qui leur serpine ; car on sait que Cérès pré
sont propres. On peut en voir quel- sidait aux moissons , et qu’on ren
ques -uns que nous avons notés , dans dait grâces à Proserpine de la pre
notre Mémoire sur l'état actuel de mière verdure du printemps,des pre
l'art musical en Égypte , É . M. Il y inières fleurs et des premiers fruits.
avait encore une autre chanson Iou- Il serait possible d'ailleurs que les
los , qui était celle des cardeurs de moissonneurs eussent adressé cette
laine. Il a été parlé plus haut d'un chanson à l’une et à l'autre de ces
hymne de ce nom , qui était con- divinités , tantôt pour implorer leur
leur en rendre
sacré à Cérés et à Proserpine. On secours , tantôt pour
connaissait encore, sous le nom d'Eli- grâces . La chanson des bergers et
nos,une chanson pour lestisserands ; des bouviers était connue sous le
une autre sous le nom de Lityersés, nom de Boucolismos. La chanson de
qui était celle des moissonneurs . On celles qui barattaient le lait ou qui
attribue l'invention de cette chan- faisaient le beurre , s'appelait Tyro
son à un certain Lityersès , fils de copicos ou Krousityros. On parle
Midas ; mais ce qu'on ajoute en di- aussi d'une chanson pour celles qui
sant qu'il habitait à Célènes , que la pilaient ou écrasaient les fruits;
il attirait les passans et les contrai- mais nous en ignorons le nom . Il y
ġnait à moissonner, qu'ensuite il leur en avait sans doute encore beaucoup
coủpait la tête et renfermait leurs d'autres de ce genre qui ne nous sont
corps dans les gerbes , nous semble point parvenues. Il devait y avoir
porter le caractère de la plupart également des chansons propres à
des anciennes fables, qui , sous l'ap- chaque profession , et elles devaient
parence d'une action épouvantable être en grand nombre ; on cite celle
ou absurde , présentent une allégorie des baigneurs-étuvistes seulement ,
ingénieuse et philosophique : mais le sans nous en faire connaître le nom ,
sèns apparent n'était fait que pour et l'on ne parle pas des autres.
le peuple , qui aime le merveilleux Quant aux chants ou chansons qui
et qui ne respecte ordinairement que s'exécutaient avec accompagnement
278 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
parties dont ils s'étaient chargés , et la Seine ; car on ne peut douter que
qu'elles s'ajustaient toujours entre cette stalue en bronze que nous pos
elles d'une manière qui étonnait ceux sédons n'ait été coulée d'après ce
qui ne connaissaient pas cette pra- modèle , ou au moins d'après une
tique . Ainsi , poursuit - il , les deux excellente copie de ce chef -d'œuvre.
pièces de l'Apollon de Samos se C'est à ceux de nos collègues qui
joignent , à ce qu'on dit , suivant ont des connaissances approfondies
toute la hauteur du corps ; et , quoi- en sculplure , à juger si , comme il
qu'il ait les deux bras étendus et en nous l'a semblé, les torses et les divers
action , et qu'il soit dans la posture fragmens de statues en granit quc
d'un homme qui marche , il est par- nous avons rencontrés en Égypie ,
tout semblable à lui – même , et la confirment l'éloge que Diodore de Si
figuredansla plus exacte proportion . cile fait ici des sculpteurs égyptiens.
Enfin cet ouvrage , qui est fait sui ! On voit qu'au temps de Platon ,
vant l'art des Égyptiens, cède peu il existait encore en Égypte des mo
aux ouvrages de l'Égypte même. » numens de la plus haute antiquité.
Nous pouvons encore juger nous . 2 Platon fait allusion ici à Theuth ,
mêmes de l'excellence de cet ouvrage c'est-à -dire , à Hermès ou Mercure ,
par la statue en bronze de l'Apollon auquel il donne la même qualifica
Pythien qu'on voit actuellement sur tion dans son Philèbe.
la terrasse des Tuileries, du côté de 3 Isis était regardée par les Égyp
284 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
tiens comme la première des Muses. 3 Platon , qui visita l'Égypte sous
Voyez Plutarque , Traité d'Isis et le règne des rois égyptiens, lors
d'Orisis, page 318 , E. que les successeurs de Cambyse eu
* Ce sont sans doute ces chants rent été chassés du trône , fut à
ou épodes dont il a été parlé , p . 274 , portée de juger par lui- même de l'at
et note 3 , même page. tachement que les Égyptiens avaient
2 Platon veut sans doute parler conservé pour toutes ces choses , et
des efforts que firent les Perses, du zèle qu'ils montrèrent pour les
pendant qu'ils occupèrent l'Égypte , rétablir , ou les maintenir dans toute
pour introduire dans ce pays les inno- leur vigueur.
vations nombreuses qu'on faisait en 4 Plat. de Legib. lib. VII.
inusique , tant en Grèce qu'en Asie.
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 285
1
286 MÉMOIRÉ SUR LA MUSIQUE
· Les Latins et les Français , jus- conviennent aux u'lemå et aux gens
que dans ledouzièmesiècle , faisaient de cabinet ; ils inspirent le calme et
aussi correspondre les sons de leur le recueillement : les moins graves
système musical aux planètes : ils expriment le bonheur et conviennent
pousserent même plus loin que les au- aux gens heureux . Ceux qui suivent
ires cette correspondance ; ils l'éten- ces derniers expriment la douleur et
dirent à tous les sons du diagramme conviennent aux malheureux et aux
musical , et ajoutèrent aux planètes mendians ; les plus aigusconviennent
les puissances célestes reconnues par aux femmes déréglées et aux gens de
la religion chrétienne, telles que les plaisir. Il n'y a pas de rêveries que
anges , les archanges, les trônes, les les Arabes n'aient débitées sur l'ef
dominations , etc. ficacité des sons et des chants de
· Les Arabes sont persuadés que leur musique ; c'est ainsi qu'en ou
chacun de ces douze tons a une ef trant la vérité et en exagérant les
ficacité particulière. Les tons plus faits , on les rend ridicules et inyrai.
graves sont sérieux , suivant eux , et semblables.
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE. 291
1
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 297
et lib . III , p. 196 ) atteste le même avonsdéjà fait observer, dans une des
fait. Athénée ( Deipn . lib . 1 , p. 14 ) notes précédentes , qu'il y en avait
nous apprend la même chose. Il y également à la cour des rois gaulois.
avait aussi un corps de musiciens à · Homer . Hymn . in Apoll. v . 130
la cour des rois hébreux ; et nous et 131 .
298 MEMOIRE SUR LA MUSIQUE
· Les Grecs n'étaient point d'ac- qui n'avaient épargné qu'un très
cord avec les Égyptiens sur l'inven- petit nombre d'hommes , ceux - ci
teur de la lyre , et Platon nous en furent d'abord plus occupés de pour
donne la raison au troisième livre voir à leurs besoins que de sopger
des Lois. Il observe que l'on attri- à perpétuer les connaissances précé
bue l'invention de la lyreà Amphion , demment acquises; ce qui obligea
et celle de la flûte à Olympe ; non plusieurs fois les hommesà en faire
parce que ces choses avaient été igno- de nouveau la recherche. D'après ce
rées avant eux , mais paree que le que le même philosophe fail dire
genre humain ayant été plusieurs dans son Timée au prêtre égyptien ,
fois détruit par des déluges , ou par on pourrait croire que ce fléau aurait
d'autres catastrophes de ce genre, aussi ravagé l'Égypte .
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 299
' L'historien juif Joseph et Zona nous portent à croire qu'il n'existait
ras ( Corp. Byzant, tom . x , p . 24 ) point alors de vers métriques , et
pensent que ce cantique était en vers qu'on ne connaissait encore que le
de six pieds ; mais plusieurs raisons rhythme. Nous aurons occasion de
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 301
Barbaricá voce ,
O domina , sonabo ,
Musam lugubrem ,
Pro mortuis miseram ,
Quam in carminibus Pluto
Sonat sine pæane.
ARTICLE CINQUIÈME . -
· Strab . Geogr. lib. xvii , p. 946. Dionys . Orbis Descriptio , à vers. 225
ad vers . 270 .
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 311
1
Plutarque, Traité d'Isis et d'Osi ternis gentibuspateret ingressus. Str.
ris, page 24 , même édition . Geogr. lib . xvii , pag . 946.
2 Herod . Hist. 1.11 . Diod . Sic. Bibl. 4 Diod . Sic. ubi suprà . Nequa
hist. I. 1 , cap . 43 , p . 132 , 133 , 134. quam , sed ad terram Ægypti per
3 Coelerům , jam inde ab initio gemus , ubi non videbimus bellum ,
Ægyptus valde pacata fuit, tam et clangorem tubæ non audiemus , et
propter copias quibus facilè se sus famem non sustinebimus, et ibihabi
tentaret, tam quòd non temerè ex tabimus. Jerem . cap . 42 , v . 14 .
312 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
1 Apul.
Florid . lib. 1 . 3 Plat . ubi suprà.
Id. ibid . Plat. de Republ. 1. in . 4 Id. ibid .
1
Ici le mot mélodie est pris dans 3 Voici l'accord de l'ancienne lyre
son acception étymologique ; il si- à quatre cordes des Grecs ; nous fe
gnifie en cet endroit la cadence des rons connaître les difficultés et les
phrases dont se compose le discours. vices qu'a engendrés cette réforme
2 Édit . Simon . Bircov . pag. 38 . de l'antique lyre à trois cordes :
oll
316 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
· Il est bon de remarquer que ces dorien un ton plus bas , parce qu'on
sons étaient les principaux du mode y a compris la proslambanomène.
dorien , le plus ancien des modes ; Voici cet accord dans son premier
on a depuis fait commencer le mode état ,
A ou
e
qui présente également les princi- les noms de sons ou de chordes en
paux sons de la région moyenne de vers eux ; ains quele monde univers
la voix humaine , tant de celle de la estant divisé en trois principales par
femme que de celle de l'homme. Le lies , la première est celle des natures
son aigu répondait à l'été , le son non errantes , la seconde des erran
moyen au printemps, et le son grave tes , et la tierce celles qui sont sous
à l'hiver ; et en effet , l'émotion qui la sphère de la lune , et qu'elles sont
produit ces sons lorsque nous par toutes distantes les unes des autres
lons , a beaucoup de rapport la par proportions armoniques , de
température de la saison à laquelle chascune desquelles ils tiennent qu'il
répond chacun d'eux . Le son le plus y a une des Muses qui en a la garde:
aigu , étant produit par une émo- de la première , celle qu'ils nomment
tion vive , qui cause une plus grande hypate , de la dernière nète , et mèse
chaleur dans le sang , convenait mieux celle du inilieu , qui contient et di
qu'un autre à l'été ; le son du milieu , rige autant comme il est possible les
étant produit par une émotion mo- choses mortelles aux divines , et ter
dérée , qui occasione peu de cha- restres aux célestes , comme Platon
leur, devait appartenir au printemps ; nous l'a couvertement dorné à en
et le son grave , qui n'est produit tendre par les noms des Fées ou des
que par des vibrations très - lentes , Parques , ayant appelé l'une Atro
ou par un sentiment qui ne cause pos , l'autre Lachesis, et la tierce
qu'une émotion très - faible et ne Clotho. Quant aux mouvemens des
peut occasioner de chaleur , avait huit cieux , ils leur ont attribué au
donc aussi de l'analogie avec l'hiver. tant de Sirenes et non pas de Muses. »
Plutarque , au neuvième livre de ses Voyez , pour ces sortes de spécula
Propos de table , question xiv, nous tions , le Traité de la Création de
dit quelque chose d'analogue à ceci , lame par le même auteur , et le
7 dans ce passage : « Les Delphiens Timée de Platon .
disent que les Muses ne portent point
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 317
ment était déjà connu avant lui , mais qu'il était seule
ment l'inventeur d'une nouvelle espèce de flûte , d'une
2
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 323
à regarder Mercure , Osiris , Noé et rains ( chil. iv, 1.11 , v. 825 et suiv . ).
Bacchus , comme étant contempo Cap. 10 , K.5.
21 .
324 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
1
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 325
1
Chronique de Paros . D. Joan . que celui-ci , enorgueilli de son ta
Marsham , Chronicus Canon , Ægypt. lent , s'arrogea le titre de dieu , qu'il
Hebr. Græc. cum Disquis. ad secu- perdit la raison , et alla se jeler dans
lum ix , edit. sup. Apul . Flor. lib . 1 , un fleuve , qui depuis a porté son '
ubi suprà . Plutarque , Dialogue sur nom . Les poëtes , suivant ce même
la musique ancienne, pag. 66, auteur , ont feint que Marsyas avait
9 lid . ibid . Ovid . Fast. lib. vi , combattu contre Apollon, parce qu'il
v.705 et seqq. Lucian . Harmonides. eut l'impiété de blasphémer contre
Jean Malala , qui , dans sa Chrono ce dieu , et que dans un accès de
graphie, place l'existence d'Orphée folie il se donna la mort . Byzant.
au temps où Gédéon gouvernait les Corp. tom . xxIII , pag. 31. Voyez
Israélites , c'est-à -dire vers la moitié aussi à ce sujet Cedrenus , Compend.
du xine siècle avant J. C. , nous ap- hist. p. 69 , Corp. Byzant. tom . VII .
prend aussi que Marsyas florissait 3 Lucian , ibid. Plutarque , ibid .
au temps de Thola , descendant et P. Fabric. Agonisticon , lib . 1 , c . 4 .
successeur de Gédéon vers la fin du 4 Athen . Deipn. lib. xiv, cap. 5 ,
XII ° siècle . Cet auteur nous repré- pag. 624 .
bente Marsyas comme l'inventeur des 5 Apud Athen. ubi supra.
flûtes de roseau . Il nous rapporte
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 329
" Idem ibid . Hipponacte inventa vient décisif dans la question dont il
la parodie. Athen . Deipn. lib . xv, s'agit en ce moment .
cap . 14 . 4 Eruditus autem sic , ut nemo
» De Republ. lib . VIII , cap. 6. Thebanus magis.... carmina can
3 Ce témoignage, comme on le tare tibiis ab Olympiodoro, saltare
voit, n'a rien d'équivoque , et de- à Calliphrone ( doctus ).
330 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
elles ont été peintes depuis cette époque , soit par les
Perses , soit par les Grecs , qui introduisirent en Égypte
l'usage des longues flûtes, ou bien ce ne sont réellement
que de simples tubes ou trompettes de la plus haute
e s
antiquité : ce qu'il y a de certain , c'est qu le person
nages qui tiennent ces instrumens , les embouchent de
1
Voyez notre Dissertation sur les 3 Pind . Olymp. od . v, v.44 et 45 .
diverses espèces d'instrumens de mu 4 Euripid . Bacchæ , V. 126 et seq .
sique que l'on remarque parmi les Athen . Deipn . lib . xiv, cap. 8 .
sculptures qui décorent les antiques 5 Inventées par les Phrygiens.
monumens de l'Égypte , et sur les Athen . Deipn . lib . iv, cap. 24.
noms que leur donnèrent, en leur 6 Inventées par les Phéniciens.
langue propre , les premiers peuples Id . ibid . lib. iv, cap . 23.
de ce pays , tom . vi , A. M. 7 Inventées par les Phéniciens.
2 Voyez ci -dessus , page 321 , et Id. ibid . C'étaient des espèces de
note ' . musettes.
332 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
· En effet , cette espèce de lyre fut connue d'Homère, qui vécut vers
cette époque.
336 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
Il est clair, par ces vers , que les Grecs avaient aban
1 Πολλά σε μουσοπόλοι
Μέλψoυσι , καθ' επλάτoνόν τ ' ορείαν
Χέλυν , έν σ ' άλύροις κλείοντες ύμνοις ,
Σπάρτα κυκλάς ανίκα Καρνείου
Περινίσσεται ώρα
Μηνός , αειρομένας
Παννύχου σελάνας..
Multùm te poetæ
Canent, et in montana habente septem fides
Lyra , et in hymnis sine lyra canlatis celebranles ,
Spartæ quando circulare Carnei
Redit tempus vernum
Mensis , exoriente
Per totam noctem plená luná .
Euripid . Alcest. v. 447 el segno
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 339
1
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 341
comme on le voit dans les tombeaux des rois . Cet assem
' Nous répétons que Platon en- poésie appelé dithyrambe. Nous ver
tend par ce mot les auteurs en géné- rons , lorsqu'il s'agira des diverses
ral , lesquels étaient tout- à - la - fois espèces de chants et de poésies des
poëtes et musiciens. anciens Égyptiens , que les dithy-
? Thespis florissait en l’an 536 rambes sont d'origine égyptienne,
avant J. C. et que le nom lui-même est égyptien.
3 Platon , vers la fin du Traité 4 Plat. de Legib . lib. I. Bacchus
intitulé Minos, nous apprend que la était chez les Grecs la même divi
tragédie était très -ancienne à Athè. nilé que celle qui était connue en
nes, qu'elle avait pris naissance dès Égypte sous le nom d'Osiris. Cette
avant le temps de Thespis et de divinité égyptienne , dont Orphée
Phrynique. Il ajoute que , si l'on en transporta le culle en Grèce , et dont
voulait faire la recherche , on trou- il changea le nom , suivant que nous
verait qu'elle existait même avant la l'apprennent Diodore de Sicile , Bi
fondation de la ville d'Athènes, que blioth . hist . lib. 1 , cap. 33 , et Lac
c'était un genre de poésie qui plai- tance , de falsa Religione, lib . 1 ,
sait beaucoup au peuple . Aristote , cap. 22 , n'était autre chose qu'une
dans sa Poétique , pense que la tra- divinité allégorique représentant le
gédie est née d'un ancien genre de principe fécondant,
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 345
1 On faisait alors des flutes tres- καλάμων ο αυλός γίνεται , και ότι εν Τρί
estimées des tiges du lotus , quicroit Twvb , TÕ TO Teuộ tñs Asßúns , eupé tu .
en Libye , comme le remarque le « Les flûtes se font de tiges du lotus
scholiaste d'Euripide, aux mots Nó- qui se cueille en Libye , ou qui se
Buv avaóv ( Alcest. v . 346 et 347 ) , trouve dans le Triton , fleuve de
qu'il explique de cette manière : Ex Libye, »
γάρ τών εν Λιβύη λωτίνων λεγομένων
348 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
· Lib . xvii , pag . 923. Hic , præter Dier. lib . iv, cap . 17 ) a répété mot
alia flagitia , etiam choraulam exer pour mot ce que nous citons ici de
cuit; et adeò eå se jactavit , ut non Strabon , excepté qu'il a substitué
pigeret eum certamina in regia cele- la ville de Memphis à celle d'Abyde.
brare , ad quæ et ipse cum aliis con- Est - ce une erreur de l'écrivain , ou
certaturus prodiit. bien la même chose avait - elle éga
2 Geogr. lib . xvit , pag . 941 . lement lieu à Abyde et à Mem
Alexandre d'Alexandre ( Genial. phis ?
350 MÉMOIRE SUR LA MUSIQUE
>
DE L'ANTIQUE ÉGYPTE . 353
n'y aura plus rien qui puisse vous faire craindre qu'ils
ne se révoltent contre vous. C'était probablement aussi
par la même raison que les anciens Chinois , dans leur
art militaire , recommandaient, comme un stratagème
23 .
{
TABLE
ANTIQUITÉS – MÉMOIRES.
wwww
Pages .
ESSAI d'explication d'un tableau astronomique peint au plafond
du premier tombeau des rois de Thèbes , à l'ouest de la vallée,
suivi de recherches sur le symbole des équinoxes ; par M. Jo
mard .. I
S. Jer . Du tableau astronomique... Ibid .
S. JI . Du symbole des équinoxes . 13
NOTICE sur la branche Canopique', par feu Michel-Ange Lancret. 19
ADDITION ... 23
+
FIN DE LA TABLE