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L'Univers des Formes
Grandes Civilisations
L'Egypte du crépuscule
L'Univers des Formes Cyril Aldred- François Daumas
collection créée par André Malraux Christiane Desroches-Noblecour t- Jean Leclant
Édition d'origine
Comité de Direction
Paul-Marie Duval, Hubert Landais, Pierre Quoniam et Albert Beuret
assùtés de Jacqueline Blanchard 1
Secrétaire général
Jeanine Fricker
assistée de Madeleine Dany et Gisèle Vuillemin
L'Egypte du crépuscule
De Tanis à Méroé
Les textes de Cyril Aldred ont été traduits de l'anglais par Claude Crozier-Brelot 1070 av. J.-C.- rve siècle apr. J.-C.
Présente édition
Conseillers scientifiques
Jean Leclant sous la direction scientifique
Secrétaire perpétueL de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
Professeur honoraire au Collège de France (chaire d'égyptologie) de Jean Leclant
Secrétaire pe1pétuel de l'Académie des inscr;iptions et belles-lettres
Bernard Boltzmann
A ncien membre de l'École française d'Athènes
Professeur émérite d'archéologie grecque
Véronique Schiltz
J1embre du laboratoire d'archéologie de l'ENS-Ulm,
équipe "Hellénisme et civilisations orientales» (CNRS)
En couverlure:
Kerma (Sou dan), «cachette>> du temple de Doukki Gel. Statue du roi Anlamani debout. Époque napatéenne.
Granit. Haut. 1,78 m. Kerma, Musée.
6
La parution, en 1980, elu troisième volume de "L'Univers des Formes " 7
consacré au pays des pharaons, avait marqué le point de départ des études sur
«L'Égypte du crépuseule». Dept Lis, de nombreux travaux d'érudition ont été
eonsacrés au dernier millénaire de l'histoire pharaonique, renouvelant
l'intérêt pour cette période jusque-là négligée et presque totalement inex-
plorée et soulignant son importance. C'est le temps où l'éclat des Ramsès, en
effet, n'est plus qu \m souvenir glorieux, un mythe prestigieux auquel tentent
de se rattacher les rois libyens. Les dynasties sc juxtaposent ou se succè-
dent dans un. pays mMcelé et. appauvri. Pourtant, l'Égypte donne en core le
spectacle d' une civilisation puissante, bien qu'elle soit confrontée le plus
souvent à tm monde extérieur dont le système de pensée est totalement dif-
férent et qui lui reste quasi étranger. Car le pays est entré dans le concert des
États méditerranéens et: proche-orientaux à la suite des migrations de popu-
lations et des bouleversements socio-économiques de la fm du nemillénaire.
Conséquence directe, le centre de gravité de l'Égypte a définitivement
basculé vers le Delta. C'était, récemment encore, une province tm peu délais-
sée par les archéologues, qui se tournaient plus volontiers vers le sud du
Page 3. Tanis. Masque funéraire de pays, où temples et cimetières apparaissaient d'emblée plus prometteurs.
Psousennès l". XXI' dyn. Or. Le Caire, Pourtant, l'urgente nécessité de protéger les sites, menacés par l'agriculture
Musée égyptien.
intensive et la poussée démographique, a concentré dans le Delta ees der-
Pages 4-5. Égypte. Page du Livre des nières années un grand nombre de travaux archéologiques; on y dégage
morts d'Imenemsaouf (détail) :le bateau
du soleil vainc le serpent Apophis. essentiellement des sites urbains, un secteur encore pe u conn u de la civili-
XXI-XXII' dyn. Peinture sur papyrus. sation pharaonique. Parallèlement à ces fouilles, qui livrent de nombreuses
Haut. 0,38 rn; Long. totale 4,48 m.
informations contrairement à ce que l'on imaginait autrefois, des groupes
Paris, Musée du Louvre.
d'études internationaux se sont organisés pour exploiter systématiquement
Page 6. Port d'Alexandrie. Colosse d'un la docwnentat.ion épigraphique ou les archives diverses. Car plusieurs des
souverain ptolémaïque, retrouvé brisé
(les jambes manquent). uf siècle av. ].-C. villes du Delta ont connu un essor particulier au } Cl' millénaire : en dehors de
Granit. Haut. 9,45 m. Alexandrie, devant la parenthèse koushite de la X.'(Vc dynastie, originaire des borels du Nil au sud
la nouvelle Bibliothèque.
de la troisième cataracte, ce sont en eifel essentiellement des notables du
Page 7. Karnak, temple d'Opet, mur Delta qw se disputent le pouvoir, exercé à partir de leur ville d'origine :
extérieur Est. Scène d'offrandes. Époque Tanis, Bubastis, Saïs, Mendès, Sebeml.}'tOs, sans parvenir toutefois à éclipser
d'Auguste. In situ.
Les dernières recherches mettent en évidence Memphis ni Thèbes, même
si chacun des dynastes agrandit et embellit sa
la place éminente du dieu Osiris à Karnak. cité en privilégiant ses dieux : ainsi, à Bubastis, la découverte récente d'une
8 Héracléion. Stèle de Thônis-Héracléion. Les extraordi naires cl écouvPrtes sous-marin es opérées à Alexandrie et 9
XXX' dyn ., an I du règne de Nectanebo Y ' dans sa région ont été largement médiatjsées. Ell es ont condui t à la redé-
(380 av. ].-C.). Granit noir. Haut. 1,95 m.
Alexandrie, Musée national. couverte d' un des sites mythiques de notre civilisation, où tant de commu -
nantés étrangères coexistaient da ns un environnem ent culturel exceptionnel,
Canope. Statue de reine. !If siècle av.]. -C.
concentran t le monde hell énistique et le rnonde si particulier des pharaons.
Granit noir. Haut. 150 cm. Alexandrie,
nouvelle Bibliothèque. t :ne des plus impor tantes capital es elu monde antiqu e retrouve peu à peu
ses monument s fa meux, le ph are to ut d 'abord, dont des éléments on t été
mis au jour au pied de la cita dell e de Qait bey, le quarti er des palais, avec
ses mosa'lques spl endi des à l'emplacemen t de l'actu elle bibliothèqu e ou
encore la vill e hell én istique, avec ses habitations , ses lieux publics et ses
cimetières. Su rpri se ! Beaucoup des fragments retrouvés sont des colonnes,
des sphinx, des obélisq ues, voire des stèles ou des statues dont les inscrip-
tions hiéroglyphiqu es permettent de préciser le lieu pom lequel ils avaient
été conçus. Bea ucoup proviennen t des plus grand es vill es du n ord de
l'Égypte, d'Héli opoli s so uvent, au n ord dtt Caire actu el, pro babl ement
détmite déjà par des trem bleme nts de terre et des in cendies.
Les déeouvcrte s de la mission du musée du LouvTe, qui travaille depuis
l99 l dans la nécropole de Saqqara, mettent en évidenee des prati ques funé-
raires nouvelles dans la vall ée du Nil. Retrouvés dans des ch<tmbres souter-
statue monum en tale de l'épouse d'Osorkon Il, la reine Karomama , de près raines inviolées, des dizaines de cercueils de bois pe int, des momies avec le
de 9 mètres de hauteur, laisse présager la présence d' un temple aux dimen - matériel cultuel associé aux enterrements montre nt des changements impor-
sions impression nantes à Bubastis. L'étude minutieuse des vestiges de ces tants dans la mental ité égyptienne ; sous la protection de Ptah- Sokar-Osiris,
capitales éphémères révèle peu à pe u de nouveaux usages. La ville du souvent coitl'é de cornes de bélier, les défunts sont littéralemen t entassés
1er millénaire se développe, sans f(Jrtifi cation ou défense particulière, semble- dans des chambres funéraires beaucoup plus ancieunes, faute de plaee dans
t-il, autour d'un espace religieux enclos, lui, dans une enceinte monumentale la nécropole ou signe peut- être d'un appauvri ssement des classes social es
où était rendu, dans le temple principal, le culte au "dieu de la ville '' ; de aisées. Leur nom n'est presq ue jamais indiqué, alors qu e c'était un élément
petiL~ sanctuaires annexes ou des chapelles pouvai ent abriter des divinités essen tiel aux époques class iques.
secondaires ; dans cette enceinte se trouvai ent aussi des puits, parfois des Pour les grands personnages au service de l'f:tat, des tombeaux impres-
étendues d'eau (lac sacré), des ateliers, des magasins-réserves et des habita- sion nants continu ent po urtant à être creusés à tTavers l'Égypte, à Thèbes et
ti ons de prêtTes. Aucune installation palatiale n'a encore été retrouvée dans à Saqqara surto ut. Les fouill es réeentes d' une mission tchéco-égyp tienn e à
les sites fouillés. La famille royale n'habitait pas dans l'enceinte religieuse au Abousir, au nord de la néc ropole memphite, on t retrouvé la tombe d'un
cœur de la ville, mais, caractéristique de cette époque, la tombe el u roi est creu- haut f(mclionnaire au service des rois C unbyse et Darius : Oudjahores nê. On
sée auprès elu temple principal. connaissait depuis lon gtemps l'homme, originaire de Saïs, par un e superbe
Alexandrie, nécropole d'Anfouchy. 11
10 Tombe n" 3. Salle à décor végétal.
If-f' siècle av. f.-C. Peinture sur stuc.
In situ.
CHAPITRE IV
Arts de métamorphose.
Christiane Desroches -Nob lecourt 204
CHAPITRE V
Art méroïtique. Jean Leclant 270
Dans le présent ouvrage, les chiffres en marge renvoient aux numéros des illustrations.
On arrête trop souvent l' histoire de l' art égyptien à la fin du No uvel 17
Empire; quelques lignes méprisantes suffisent alors pour flétrir une longue
décadence - longue assurément, puisqu'il s'agit de près d'un millénaire et
demi; décad ence, non certes, car s'y esquissent plusieurs renouveaux et s'y
affirment plusieurs authentiques chefs -d ' œuvre; les éno rmes temples des
époques ptolémaïque et romaine dressent de nos jours encore leurs masses
saisissantes, gravées d 'innombrables textes qui sont des sources documen -
taires inépuisables sur la re ligion et la pensée pharaoniques; des statues, des
pièces d 'orfèvrerie - certaines prestigieuses - attestent le maintien des
qua lités traditionnelles des artistes et artisans égyptiens. En montrant les
formes variées - certes parfois disparates, nous le reconnaissons - de
l'époque tardive, le présent OU\Tage \·oudrait al ler à l'encontre de préjugés
tenaces, mais injustifiés.
En fait, la Basse Époque souffre surtouL d 'être mal connue. Beaucoup de
documents ne sont pas encore publiés ou le sont de façon incomplète. On ne
s'est pas suffisamment attaché aux prob lèmes historiques ; les historiens
d'art n'ont pas tenté d'analyser et de comprendre les caractères des diverses
périodes, fort dissemblables entre elles, qui la constituent.
C'en est désormais fini de l'Égypte impériale triomphante ; malgré quelques
essais infructueux, les pharaons n e pem·ent reprendre pied dans les territoires
qu'ils dominaient au Nouvel Empire en Asie et en Afriqu e; l'influence
culturelle demeure cependant considérable, tant sur l'art ph énicien que sur
la Nubie. On est loin aussi du splendide isolement de l'Ancien Empire; tout
en étant contrainte au repliement sur elle -même, l'Égypte est prise dans les
soubresauts de la grande politique du Proche-Orient et souffre trop souvent
des vicissitudes des invasions. On est d'autant plus étonné qu'en dépit de
périodes réelles d'appauvrissement elle ait encore montré de tels éclats de
fortune et fait preuve d'un tel rayonnement.
C'est un e histoire très comp lexe, avec de multiples coups de théâtre,
que connaît alors la vallée du Nil. Après l'extraordinaire pérennité de
ses époques les plus prestigieuses, les Empires - l'An cien , le Moye n
1. Edfou. Temple d'Horus. et le Nouvel Empire, auprès desquels il n e faut pas celer les énormes trous
Époque ptolémaïque. Grès. d'ombre des périodes intermédiaires - , cette évolution des temps tardifs
18 peut apparaître chaotique, hétérogène, tributaire d 'influences extérieures demeu r e d ' ailleurs considérab le à la cour d e Salomon et de David, 19
très d iverses. E ll e n'en reste pas moins éminemment égyptienn e, soumise qui cherchent dans la vallée du Nil des modèles pour leurs hymnes, leurs
tout entière à l'institution pharaon ique. Il en résulte une unité profonde sagesses, le ur administration, et y trouvent éventu ellement une épouse.
d'inspiration, que ne ré ussit pas à briser le disparate de certaines œuvres, Signe des temps, car il était impensable auparavant qu'une princesse
où peut l'emporter la marque de l'extérieur. égyptienne ait pu s'unir à un étranger.
Le millénaire et demi durant lequel l'Égypte subit un lent crépuscule est La fragilité de cette Égypte morcelée laisse le champ libre à des soldats
très riche d'événements importants, parfois contradictoires et imprévus, d'origine libyenne, qui s'emparent du pouvoir. Les plus puissants d 'entre
le plus som ·ent méconnus. Aussi ne peut-on se dispenser d'en présenter eux constituent la XXIIe dynas tie, qu e Manéthon qualifie de "b ubastite •,
un e esquisse nécessaire à la compréh ension de formes où s'entrecroisent du nom de la ville de garnison d'où procédait le fondateur de la dynastie,
tant: de courants variés, «de glissements, d'innova ti ons, d'emprunts ou de Sheshonq Ier (vers 945 ·924 env.). L'Égypte présente alors une structure de
reto urs en arrière''· type féo dal, les liens de parenté ou d'allégeance en tre les chefs militaires
Après que le dernier Ramesside, Ramsès Xl, eut disparu discrètement constituant son armature politique. Mais la civilisation demeure typiquement
de la scène historique et que le gra nd prêtre d 'Amon thébain Hérihor, traditionnelle :les maîtres libyens n e sont nullement ressentis comme des
usurpant le trône, fut deYenu pharaon (Yers 1070 env.), l'Égypte se morcelle. étrangers; la classe sacerdotale à laquelle participent les dirigeants garde
Un autre pouvoir appa raît dans le Nord avec Smendès. Les trois siècles toutes ses prérogatives.
obscurs qui s'ouvrent alors constituent une Troisième Période Intermé- À Karnak, Sheshonq Jer, qui a rouvert les carrières de grès d u Gebel
diaire, écho peut-être des graves bouleversements qui ont marqué , dans Silsileh, construit le portique dit" des Bubastites "· On y reconnaît encore
l' ensemble de la Mé diterran ée orientale, la fin du Bronze récent et le l'image du pharaon triomphant, qui monta contre Jérusalem et y prit tous
début de l'Âge du Fer. les boucliers d'or qu'avait faits Salomon ; il édifie un petit temple de plan
Sous la XXIe dynastie (1070·945 env.), les rois de Tanis, au Nord -Est classiqu e à E l·Hib eh , en Moyenne -Égypte. Dans la nouvelle cap itale,
du Delta, se proclament parfois " premiers prophètes d'Amon,,; ils sont Bubastis, au cœur du Delta , Osorko n II (862-833 env. ) dress e un hall
ainsi les con currents des grands prêtres thébains qui, en revanche, entou- jubilaire, dont les reliefs finement gravés dans le grani t recopient en détail
rent souvent leur nom du cartouche de pharaon. À Tanis, un grand sanctuaire les scènes canoniques et les grands défilés de la fête -sed que nous ont fait
à la gloire d'Amon, cei nt par Psousennès Icr (1040·990 env.) d'un puissant connaître antérieurement Neous errê (Ab ou Gou rab ) et Aménophis III
mur en briques cru es, es t construit de blocs de tous ordres arrachés à la (Soleb). À Tanis, Sheshonq III bâtit un propylée et Shesh onq V un édifi ce
résidence voisine de Pi -Ramsès. À J'intéri e ur même de l'en ceinte sacrée, jubilaire. Des recherch es ultérieures clans le Delta ne manqu eront pas
dans un angle, une nécropole est aménagée. Maçonnés de blocs de remploi, de faire connaître les vestiges, malheureusement sans doute très ruinés,
en faible profondeur, les caveaux de plusieurs pharaons et de leurs grands de maintes autres constructions des Bubastites. À Karnak même, on vient
dignitaires ont été exhumés par P. .llifontet juste avant la guerre de 1940, de découvrir, remployés à l'avant du temple de Khonsou, des reliefs d 'une
en un temps où s'est tro uvé assourdi le retentissement d'w1e telle découverte. grande finesse aux noms d 'Osorkon III et de son fils le grand prêtre
2. Tanis. Fragment de sphinx La période aurait pu sembler très pauvre, si n 'avaien t resurgi alors les Takelot. Si certaines scu lptures royales ou fun éraires sont usurpées, un e 3. Tanis. Tête d'une statue du roi
du roi Siamon. XXI' dyn. Osorkon IL XXII' dyn. (vers 860 av. f.-C.).
masques d'or et d'argent de Psousennès et Pinedjem; malgré les pill ages, belle série d'œuvres, destinées aux temples et non aux chapelles fun éraires, Granit. Haut. 33,5 cm. Philadelphie,
(vers 978-960 av. f.-C. ). Granit.
Larg. 35 cm. Le Caire, Musée égyptien. le matériel recueilli assure la glo ire de Tanis. L'éclat du pharaon égyptien témoigne nt de sources d ' in spiration écl ectiques; les formes sont très University Museum.
21
20 4. Karnak, domaine d'Amon-Rê. Temple de di1·erscs : statues -cubes, statues naophores ou théophores. Sans qu'il soit
Ptah : vestibule formé de quatre colonnes permis de mes urer la part du hasard qui a présid é à la destru ction des
reliées par des <<murs-bahu ts >>donnant
sur l'entrée ou petit pylône.
sculpture s de la dynastie p récédente et assuré en revanche la con sen ·ation
de celles de l'époque libye nne, de nombre ux bronzes assurent le renom
de celle-ci ; de fines niellures d'or et d 'argent rehaussen t leur éclat.
Pourtant, des conflits continuel s affa iblissen t l'oligar chie militaire et
cléri cale. Le Della se mor celle : une p uissante famille de Saïs étend son
pou1·oir ; la Moyenn e-Égypte connaît égalemen t des roi telets.
C'est alors, vers 730, que surgit du Su d Lrès lointain un puissant chef
de guerre, Piankhy (qu'il convient désormais d'appeler pl ulôt Peye) ; ma.î tre
de la Haute-Nu bie, autour du Cebe] Barkal, il franchit steppes et déserts ;
il effectue à travers 1'Égyple morcelée, jusque dans le Delta, une expédition
militaire triompha le, que rela te une grand r stèle en hiéroglyp hes égy ptiens.
Il affirme une orthodoxie Lol.ale, sacrifiant: à Amon, le maître de Thèbes, qui
est aussi, sous sa forme animale elu bélier, le dieu principal des Kouchites.
S'il abandonn e bientôt l'Égypte à ses dissension s et retourne en ~ubie, son
frère et successeu r Chabaka revient jusqu'au Delta vers 713, fai sant br ûler
Bocchori s, le dynaste de Saïs, célèbre dans la LradiLion class iq ue pour son
code de lois; il fonde la XXVc dynastie.
Sous les trois souverains de la dynastie dit e "éthiopi en ne " ou " kouchite" :
Chabaka (713 -698 cn1.), Chabatak a (698-690 env.) et Taharqa (690-664),
l'Égypte connaît une véritable renaissan ce. Fidèles aux Yaleurs de l'antique
Égypte, ils vonl chercher leurs modèles au-d elà des Ramsès, jusque dans
le c lass ic ism e du Moye n E mpire, e l. parfois m ême dan s les glor ie uses
réalisations de l'Ancien Empire. On recopie de \'ieilles inscriptio ns, comme
le Texte de t héo logie memphit e. La tendan ce ar ch aïsante est manifeste
au point qu 'un relief de Taharqa au temple de Kawa montre de la façon
la plus tradition n e ll e le sph inx fo ulant aux pieds les ennemis, face à
un e famill e libye nne donl les n oms sont les m êmes que sur d es re li efs
vieu x de plus de mill e c inq ce nts ans, d e Sahourê, Pepi l e' ct Pcpi ll.
Mais à Kawa et à Sanam , des décoralio ns d' un style plus moderne appa-
raissent : orch estre accompagnant la barque sacrée, scènes de charrois ou
d e chalands.
22 L'Égypte se couvre de monuments. Chabaka, dont les émissions de yastes tombes, décorées de somptueux reliefs :les appartements funéraires 23
scarabées sont nombreuses, restaure les enceintes et les portes de Médinet du "quatrième prophète d'Amon, prince de la ville" Montouemhat, de
Habou, Karnak et Dendara. À Louxor et Medamoud, il érige des colonnades- Pétaménophis, d'Aba, de Pabasa ou d'Ankhhor comptent parmi les grandes
propylées, d'un type qui sera caractéristiqu e de la dynastie; il travaille œuvres égyptiennes. Mais à Saqqara, dans la nécropole memphite, se déve -
également à Memphis, où subsistent des vestiges en calcaire très délicatement loppent bientôt des sépultures, elles aussi impressionnantes; certaines
sculptés. Chabataka, à Karnak, agrandit le sanctuaire d'Osiris Heka-dj et seront d'un type nouveau :un puits très large et profond, au fond duquel est
et dédie une chapelle sur les bords du Lac sacré. Le bâtisseur par excellence maçonné le caveau, avec un pu its latéral secondaire destiné à b loquer
est Taharqa. À ses grandes réalisations de Nubie, il ajoute un audacieux l'installation après l'inhumation.
programme thébain : des colonnades -propylées aux quatre points cardi- Les historiens, qui n'avaient guère prêté attention à l'épisode éthiopien,
naux de Karnak, de petites chapelles en l'honneur d'Osiris, témoignage ont longtemps situé la" renaissance" sous la dynastie saï te (664 -525). Certes
de la ferveur grandissante envers le dieu de la résurrection, qui répond à les modèles plastiques sont cherchés alors avec prédilection dans les œuvres
J'affligé, maître de la vie et de l'éternité. du passé. Mais, plus qu'elle ne le laisse paraître sans doute, l'Égypte aurait
Voulant passer pour d'authentiques pharaons égyptiens, les Kouchites ont tendance aussi à se tourner vers des valeurs d'avenir. Néchao (610-595) s'ouvre
été toutefois représentés avec leurs traits nubiens, décorés de bijoux à tête de à des desseins nouveau : il commence à aménager un canal des Deux Mers,
bélier; la calotte typique qui les coiffe est ornée d'un double urœus qui permettant le passage de la Méditerranée à la mer Rouge; il organise
évoque peut-être l'union de l'Égypte et du Soudan. Ces r udes guerriers un périple de l'Afrique. Digne d'un meilleur sort, il perd le combat contre
africains, dont la culture est en quelque sorte cousine de celle des Égyptiens, les Babyloniens, la nouvelle puissance forte de Mésopotamie. Les Égyptiens,
ont protégé la basse vallée du Nil contre u n envahisseur d'une tout autre qui avaient mené avec succès une puissante expédition militaire à travers
nature, les Assyriens. la Syra -Palestine, sont défaits près de Karkémish (605) ; l'Égypte n'est
À travers la Bib le, les atermoiements, les ralliements, les imprécations sauvée de l'invasion que par la mort de Nabopolassar. Néchao, énergique
des proph ètes et des souverains d'Israël, on mesure l'ampleur et la violence et persévérant, apparaît comme l'homme des occasions perdues.
de ce conflit qui, durant un demi-siècle, opposa l'Afrique et l'Asie. En 663, Sous Psammétique II (595-589), une menace s'étant dessinée à partir du
on assiste au sac de Thèbes. Le dernier souverain de la lignée éthiopienne, royaume de Kouch, les Égyptiens font campagne jusqu 'à Napata; c'est alors
Tanoutamon, s'enfuit vers le Sud. Les Assyriens installent des gouverneurs qu'on martèle les cartouches des souverains éthiopiens et leur deuxième
à leur dévotion. Mais rien de cela ne subsiste dans l'historiographie égyp - urœus si caractéristique; puis Psammétique II fait une tournée en Palestine,
tienne, dont les monuments ne nous livrent qu'un seul nom, celui du dynaste 109 où il es t accu eilli en triomphateur. Sous Apriès (589 -570), la politique
de Saïs, Psammétique, qui rétablit à son profit l'unité et l'indépendance d'expansion vers l'Asie reprend, m'ais connaît des échecs. Tyr rés iste à
du pays (664-610). un siège de treize années. Nabuchodonosor, en 586, marche sur Jérusalem;
Désormais l'Égypte bascule vers la Méditerranée. Le Delta, qui s'ouvre tandis qu'un grand nombre de Juifs partent en captivité à Babylone, d'autres
vers le commerce maritime, en rapport avec les Grecs et les Phéniciens, se réfugient en Égypte, attirant sur eux les malédictions du prophète Jérémie.
5. Statuette du roi Chabaka agenouillé. Sa prédilection pour les Grecs perdit Apriès :les Libyens s'étant révoltés 6. Fragment de statue du roi Amasis.
l'emporte sur une Haute -Égypte vo uée au maintien des traditions cultuelles.
XXV' dyn. (vers 710 av. f.-C. ). Bronze. XXVI' dyn. (vers 570-526 av. f.- C.).
Haut. 16 cm. Athènes, Musée national Psammétique fait adopter sa fille Nitocris par les dernières Divines Adoratrices contre les Grecs de Cyrène et ayant appelé Pharaon à leur secours, celui- ci Quartzite. Haut. 73 cm. Florence,
(p. 276). éth iopiennes. Au pied de la cime thébaine, à l'Assassif, sont creusées de ne voulut pas employer contre des Hellènes ses mercenaires grecs; les Museo archeologico.
troupes égyp ti ennes qu'il envoya subirent de lourds revers, se soulevèrent 7. Détail de la statuette de Taharqa 25
agenouillé et faisant une offrande
ct proclamèrent roi leur général Amasis. Ce dernier, d 'humble origine, au dieu faucon Hemen (cf fig. 192).
a laissé une bonne réputation. Son long règne (570-526) assura la prospérité ; XXV' dyn. (690-664 av. ].-C.).
s'occupant des impôts, il sut calmer les sentiments xénophobes de ses Bronze et schiste plaqué d'or.
Haut. 19,70 cm. Paris, Musée du Louvre.
partisans; il concentra à Naucratis tout le commerce grec d'Égypte. Contre
la menace des Babyloniens, il rechercha de bonnes relations avec les Grecs
de Cyrène, épousant même une princesse de celte ville ; il s'allia à Polycrate,
le tyran de Samos. Mais ce règne brillant fut sans lendema in. Sous son fils
et successeur P sammétique III, Cambyse, maître des Perses et des Mèdes,
se fit livrer les plans de combat par un des généraux grecs au service de
l'Égypte. Après la bataille de Péluse et le siège de Memphis, Psammétique III
dut se don n er la mort (525).
Pour plus d'un siècle, l'Égypte est soumise aux Perses. Les monuments
reconnaissent le Grand Roi comme un pharaon; son nom est entouré du
cartouche; vêtu à l'égyptienne, il est figuré en train d 'accomplir les rites
traditionnels. Mais un violent courant xénophobe se développe contre
les maîtres étrangers. Le cl ergé égyptien se raidit dans ses positions les plus
conservatrices. Cambyse, qui a échoué dans deux expéditions, l'une contre
l'oasis d'Ammon dans le lointain désert de Siwa, l'autre contre les Kouchites,
est dépeint conm1e une sorte d'épileptique, profanant la tombe d'Amasis, mas-
sacrant le t aureau Apis. Cependant, le portrait si critique laiss é par
Hérodote provient d'informations des prêtres nationalistes. La grande inscrip-
tion d'un "collaborateur,, Oudjahorresnê, amiral et" Grand" des médecins,
chargé d'é tablir le protocole pharaonique de Cambyse, montre le maître
perse soucieux de restaurer Saïs.
Sous Darius (522-485), l'Égy pte devient la sixième satrapie perse. Les
textes législatifs égyptiens sont réunis en corpus. Darius s'intéresse à la voie
de la mer Rouge, achevant le canal des Deux Mers et s'occupant de la route
terrestre de Coptos à Kosseir. Il veille également à une véritable politique
saharienne, désirant sans doute contrôler les pistes lointaines jusque dans
l'arrière -pays de Carthage . En tout cas, il fait construire dans l'oasis de
Khargeh un grand temple de conception et de décor totalement égyptiens.
La prospérité de l'Égypte est indiquée par le tribut qu'elle paie, le p lus
26 lourd après celui de la Babylonie : 700 talents d'argent, auxquels s'ajoutent pays. Plusieurs œuvres de statuaire témoignent alors de la valeur de l'art 27
les revenus des pêcheries du Fayoum. de la Basse Époque; à côté d ' un certain conformisme idéalisant, des
La vallée du Nil est largement ouverte sur l' extérieur : tandis que des portraits réalistes accusent la personnalité du donateur. Ce dernier éclat
ouvriers égyptiens déportés travaillent au palais de Suse et qu'un contingent de l'Égypte nationale va cependant s'achever brutalement. La lutte reprend
sert dans l'armée perse à la bataille de Salamine, les étrangers, surtout Juifs contre les Perses avec l'appui de généraux grecs. Le fils de Nectanébo le'·,
et Grecs, s'installent en Égypte, protégés par le statut perse. C' est aussi Téos, mobilise toutes les ressources : il réquisitionne le métal précieux,
l'époque des voyageurs grecs : Hécatée de Milet et Hellanicos de Mytilène. impose les céréales, fait payer des taxes d'importation ; il supprime les pri-
On peut suivre la montée de l'opposition aux Perses. Les grandes figures vilèges accordés par son père au clergé de Saïs. La Palestine est rapide -
égyptiennes du passé sont exaltées par contraste envers les dominateurs ment conquise. Mais, tandis que Téos et l'armée égyptienne connaissent
perses : alors se forme la légende de Sésostris. L'hostilité se développe de grands succès, un coup d'État en 359 met sur le trône Nectanébo II.
contre le dieu Seth lié aux étrangers. D'une façon sournoise, des noms Celui -ci repo usse en 350 Artaxerxès III Ochos, mais en 343 les Perses
propres imprécatoires constituent contre les occupants de vraies conjurations l'emportent; le pharaon - dernier souverain national de l'Égypte pour
magiques. Les guerres médiques ayant mis en évidence les faiblesses des de longs siècles- doit s'enfuir vers le Sud.
Perses, l'insurrection devient quasi permanente, soutenue par Athènes. Après La seconde domination perse fut très différente de la première. Les
une brève période d'indépendance sous le Saïte Amyrtée, l'unique roi de Grands Rois entrent en conflit violent avec les Égyptiens. Ils exploitent
la XXVIIIe dynastie, les Perses affaiblis reprennent le pouvoir. Mais, en 399, le pays en coupe réglée, sont accusés de manger des animaux sacrés.
un prince de Mendès, une des grosses cités du Delta, monte sur le trône. Un sage d'Hermopolis, Pétosiris, a laissé quelques témoignages sur cette
On sait peu de la XXIXe dynastie, dite mendésienne (399-380). Des naos époque de désolation; son tombeau -temple, où des scènes manifestent
monolithes colossaux, mais piteusement basculés, gisent dans les mornes une infl uence typiquement grecque, es t gravé de belles inscriptions, où
ruines de Mendès; une mission américaine a entrepris des fouilles qui il exprime sa foi en Dieu. À proximité , la grande nécropole de Tounah
lui rendront sans doute une gloire autrement évanouie. À Karnak, on vient el-Gebel, avec de vastes installations destinées aux ibis et aux babouins
de restaurer un temple d'Achoris (393 -380), qui montre une présence et d'immenses couloirs souterrains où sont enfournées les momies de
active dans le vieux sanctuaire national. Le regain de puissance de l'Égypte ces animaux sacrés du dieu Thot, atteste l'importance d'un clergé bigot,
se manifeste davantage sous la dynastie suivante, qui provient de la ville qui, par la zoolâtrie, recrée un culte plus égyptien et plus particulariste
de Sebennytos, dans le Delta également. La XXXe dynastie (380-343) repré- qu'il n'a jamais été.
sente la dernière phase de l'histoire de l'Égypte indépendante - et elle En 333, Alexandre le Grand bat à Issos Darius III Cod oman; après les
est brillante. Renouant avec la tradition saïte, elle manifeste des velléités sièges de Tyr et de Gaza, il arrive en Égypte. Il se rend en hâte jusque dans
de conquête et s'illustre dans une politique monumentale active. Les le fond du Désert libyque, à l'oasis de Siwa, pour consulter son« père»
sanctuaires de Sebennytos et de Behbeit el-Hagar offrent, gravées dans le Ammon; le culte du dieu cornu avait en effet pénétré jusqu'en Macédoine.
granit, des scènes élégantes; certes les déesses présentent quelques En marge de l'Égypte, il fonde Alexandrie pour faciliter les communications 9. Tounah el-Gebel (près d'Hermopo lis).
8. Tmai el-Amdid. Tête d'une statue rondeurs, mais restent gracieuses. Nectanébo II dresse à Dendara un 46, tant vers la Méditerranée qu'au-delà de la mer Rouge vers l'Extrême-Orient. Tombeau de Pétosiris, chapelle intérieure :
du roi Achoris (?).XXIX' dyn . le chariot funéraire de Pétosiris.
mammisi qui est le plus ancien connu. Fervents dévots de la déesse Isis, 47, 56 Vis-à-vis de l 'Égypte cependant, il apparaît comme un pharaon; Vers 330 av. ]. -C. Calcaire coquillier
(vers 390 av. ].-C.). Granit. Haut. 44 cm.
Le Caire, Musée égyptien. les Nectanébo attachent leur nom à l'île de Philae, à l'extrême Sud du il est couronné à Memphis. Plusieurs scènes gravées dans les temples le stuqué et peint.
28 1O. Préneste. Sanctuaire de la Fortune : 29
détail de scènes nilotiques.
Vers 80 av. ]. -C. Mosaïque. Palestrina,
Museo Prenestino-Barberiniano.
montrent accomplissant les rites du culte, tout comme sera figuré son 11. Karnak. Porte de l'enceinte 31
30
de Mon tou. Seconde moitié du
demi-frère Philippe Arrhidée, qui lui succède en 323, puis, de 317 à 311, llf siècle av. ]. -C. Grès.
Alexandre Jer, son fils.
L'Égypte pharaonique ne s'arrête pas alors. A la suite de Ptolémée Jer
Sôter (306-286), général macédonien devenu maître de la vallée du Nil,
les Lagides continuent d'être des pharaons, comme le seront les Césars
romains. L'historiographie, qui s'appuie essentiellement sur les sources
classiques, grecques puis latin es, présente habituell ement l'histoire de
l'Égypte dans le cadre des royaumes hellénistiques, puis comme une provînce
de l'Empire romain. Mais, pour celui qui s'intéresse à l'art égyptien, il
convient de changer la perspective ; il s'agit là d'un authentique chapitre de
l'histoire de l'art pharaonique. Dans la suite des Nectan ébo, l'art ptolé-
maïque dans sa fleur développe un style gracieux. La décoration du temple
de Behbeil el-Hagar est complétée.1àndis qu'à Alexandrie se développe
une religion composite, dans laquelle Sarapis incorpore maints traits p. 9
de l'antique Osiris, et qu'Isis se fait représenter en une sorte de Vénus ou 20
de Déméter classique, dans les galeries impressionnantes du Sérapeum
de Memphis se rangent régulièrement les énormes cuves des taureaux Apis.
On en vient à tenir pour sacrées des espèces animales entières. D'immenses
n écropoles souterraines recèlent des centaines de milliers de dépouilles
momifiées de taureaux, de béliers, de chats, de faucons et d'ibis. Sous l'un
des derniers Ptolémées, la foule massacra un Romain qui avait tué un chat. 1.14 leur rendre le culte. Les constructions semblent avoir abandonné le Delta.
Dans tous les petits sanctuaires locaux, les prêtres recopient leurs grimoi- Comme les grands cultes traditionnels, l'art proprement égy}Jtien se réfugie
res et leurs textes magiques en démotique, évoquant d'étranges pratiques. 235-238 dans la Haute -Égyp te. Durant près de deux siècles (237-57), à Edfou,
Des stèles plus ou moins grossières, d'innombrables statuettes, des amulettes se poursuivent la construction et la décoration d'un énorme temple, de
attestent la ferveur populaire. plan très régulier, long de 137 rn, dont le pylône atteint 35 rn de haut ; il est
Il faudrait sans doute suivre dans le détail l'évolution des idées et des 40-46 consacré à Horus, le dieu national et dynastique par excellence. A Dendara
mœurs dans le milieu égyptien, et non s'en tenir à ce que la documentation 228-234 se lisent les noms des derniers Ptolémées el ceux des empereurs romains
des papyrus grecs nous fait connaître des colons grecs ou de la popula- 23 jusqu'à Kéron. La façade aux énormes sistres symbolise le culte rendu à
tion hellénisée. Une étape est marquée par le règne de Ptolém ée IV Hathor. La déesse allaite Césarion, le fils de Cléopâtre et de César, dont
(221-203) et par la bataille de Raphia, qui souligne l'importance des éléments 47 la naissance divine était retracée sur les bas-reliefs du temple, aujourd'hui
indigènes de l'armée. De toute façon , le rôle des dieux égyptiens deme ure 65-66 disparu, d'Erment. A proximité du temple d ' Hathor de D endara, un
immense. Pharaon, qu'il soit macédonien ou plus tard romain, devait nouveau mammis i offre des cartouches de Néron à Antonin. A l'avant
32 du py lôn e du temple de Louxor, en 126 d e notre èr e, Hadrien d édie les statues de style purement égyptien se sont faites de plus en plus rares 33
un petit sanctuaire dressé sur un podium; une Isis de style grec domine el onl disparu totalement. Pourtant des textes hiéroglyphiq ues son t. gravés
la statu e du taureau Apis, un Osiris Canope, des stèles et des autels . sous Dioclétien (284-305) et sou s Max imin Daia, jusque sous Théodose
À Kom-Ombo, de Ptolémée VI Philométor (181 -143) jusqu'à .Macrin et en août 394 apr. J.-C. ; au milieu du y e siècle apr. J.-C. , à Philae, on écrit
Diaduménien (218 apr. J.-C.) se poursuivent l'édification et la décoration encore en démotique. Étonnante persistance de la culture égyptienne.
d 'un curieux temple double consacré à la fois au dieu-crocodile Sobek el Depuis plus de cinq siècles, l'hellénisme est pourtant présent, et dans une
au die u-faucon Horus le Grand. Le 1er siècle de notre ère voit l'apogée situation de force, en Égypte. Un art hybride gréco-égyptien s'est développé ;
de l'ensembl e somptueux de Philae ; l'île sa inte d'Isis devient alors ceLLe peu L-être es t-il prématuré de porter s ur lui un jugement, tant que ses
perle de l'arch éologie égyptienne qui méritait bien un effort international 17,80 réalisation s n'auront pas été l'objet d 'inventaires et de p ublication s suffi-
pour la sauver des flots ; au début du ue siècle apr. J.- C., Trajan y associe 242-243 santes. Les vastes nécropoles d'Alexandrie (Kom el- Ch ougafa, Anfo uchy),
son nom à un charm ant pavillon ; p èlerinage cosmopolite, elle r eçoit en permettent une première approche, ain si que des sites du Fayoum;
régulièrement les ambassades des Niéroïtes; les prêtres d 'Isis n e sont quelques œuvres ne manquent pas d' un certain charme; un taureau sacré,
expulsés des vén érabl es sanctuaires de la Première Cataracte que vers au nom d'Had rien , s'avance avec puissance. Art ég:vptisan t à des degr és
535 ap r. J.-C., sous le règne de Justinien. Auparavant, pendant des siècles, 12, divers, mais qui, par rapport aux réalisations maîtresses des grandes époques
à travers la Basse-Nubie, on agran dit les temples; on construit même de 239,241 de jadis, accuse la même distance que, par rapport à l'authentique religion
nouveaux sanctuaires tels Kalabscha et Den da ra, au nom d'Auguste. Si on égyptienne, les cultes dits '' isiaques, qui Yont se déYelopper tout autour
gagne les oasis du Désert libyque, où des forteresses proclament la vigueur de la Méditerranée.
du lt:mes romain en ces régions désertiques, on trouve des sanctuaires réno- Si originale, el: même superbement particu lariste, la ci,·ilisation égyp lienne
vés ou dédiés par les empereurs romains: Vespasien à Deir el-Hagar dans avait dû, en son dernier millénaire, s'affronter à tant de maîtres étrangers. Face
l'oasis de Dakh leb, Domitien, Trajan et Hadrien au temple de Doush à à la culture grecque, il y a\·ait eu sans cloute, en un premier temps, de très
l'extrême Sud de l'oasis de Khargeh , avant-poste veillant sur les pistes utiles et féconds contacts, dont Hérodote ct Platon sont les garants; mais
en direction de l'Empire rnéroïtique. Les innombrables scènes et les inter- la pression politique de l'occupation par les Ptolémées et celle de la koinè
minables inscriptions gravées sur ces temples témoignent en de savants hellénistique l'avaient fait se rétracte1; s'affirmant de fa çon grandiose par
je ux d 'écriture des spéculations très élaborées des écoles théologiques. ses grands temples et les amples élaborations théologiques, plus bigote san s
Si seuls Vespasien, Hadrien, Septime Sévèr e et Caracalla sont vraiment doute dans ses cultes populaires, zoolâtriques et magiques. Avec le triomphe
venus en Égypte, les crises du Bas-Empire romain ont eu leurs répercus- du christianisme, l'Égypte perdit ses dieux, son écriture, sa civilisation propre ;
sions jusqu 'en Haute -Égypte. À Esn a, .l es im ages ph araoniques e t les la grande tradition morte, ce sonl des survivances seules qu'il con~iendra
cartouches de Geta sont martelés par Caracalla, son frère ennemi ; ceu x de chercher dans l'art copte.
de Philippe l'Arabe sont détruits par Décius (250 apr. J. -C.). Il n'y a plus
désormais de grandes construction s de style pharaonique. Très caracté-
ristiques d e la civilisation égyptienne, les ch aouabtis n 'existent plus :
12. Kalabsha. Temple de Mandoulis: le dernier «répondant» est au nom de Pashéry-en -Ptah, grand prêtre de
la déesse Isis. Époque d'Auguste. Memphis sous Cléopâtre VII (41). Depuis le début d e l' ère ch ré tienne,
cHAPITRE 1
L'Architecture et son décor
par François Daumas
35
C'était là que se formait le cortège du dieu , lors des fêtes solennelles, avant
que la procession ne sorte du temple. C'était donc là que, dans un flam-
boiement d'or, le dieu apparaissait, lors de ses sorties, au peuple qui pou-
\'ait se tenir dans la cour. Dans le type de plan le plus développé, elle est
entourée de magasins et de portes pour les offrandes liquides et solides, les
objets précieux et les onguents et baumes liturgiques. Au-devant encore se
dressait, plus haut que toutes les précédentes, la salle antérieure, comme
l'appelait le clergé. Nous lui avons donné le nom grec d'« hypostyle» parce
qu'elle est soutenue par des colonnes. Sa structure même montre qu'elle
ne fait pas partie, à proprement parler, de la demeure du dieu , mais qu'elle
lui. est adjointe. Dans des édifices conçus en une seule fois et d'un plan très
unifié, comme Edfou et Dendara , on voit bien qu ' elle vient prendre en
tenaill e la salle de l'apparition sans être liaisonnée avec elle par la maçon-
nerie. D'ailleurs, tandis que tout le reste du temple est très sobrement
éclairé par des lucarnes ménagées dans la toiture, ou même plongé, comme
le siège vénérable, dans la plus totale obscurité, la salle hypostyle est
éclairée à flots par l'interTallc qui sépare les murs-bahuts, disposés entre ses
colonnes de façade , des architraves du toit. Dans cette salle le clergé se
dans la première cour, à Edfou et à Dendara le laboratoire se trouve -t -il 63
62
panni les magasins entourant la salle des fetes, où leur utilisation est beaucoup
plus aisée.
Les variantes ne s'expliquent d'ailleurs pas toutes par une disposition
plus rationnelle des divers éléments. D'autres raisons sont intervenues que
nous ne pouvons p lus toujours apprécier. C'est ainsi qu'à Edfou d eux
petites salles ménagées sur la face intérieure des murs -bahuts de la salle
hypostyle constituaient la bibl iothèque liturgique et la maison du matin, où
se trouvait le matériel de purification destiné au clergé. Au contraire, dans
la salle hypostyle d'Esna, une petite pièce située au même endroit était
réservée aux parfums et aux vins destinés au service d'offrande.
Devant la salle hyposty le, on avait ménagé une cour qui, à Edfou, por te le
nom de «large cour de la libation"; à Héracléopolis, ell e s'appelait " large
cour du peuple n. C'était un lieu où, sans doute lors des grandes fêtes, les habi-
tants de la ville pouvaient pénétrer. Elle était souvent terminée, en façade, par
un pylône, comme à Pbilae, à Kalabsha, à Edfou. Les deux tours du pylône
encadraient la porte d'entrée axiale. Elles symbolisaient Isis et Nephthys qui
aidaient à mettre au monde le soleil levant et le protégeaient aux h eures
toujours difficiles du passage d'un monde à l'autre. Au-devant encore, des
préparait symboliquement à aborder la divinité vers laquelle il s'avançait. fontaines et des bassins de purification , fort bien conser vés à Dendara,
À Dendara, les colonnes-sistres l'invitaient à la joie nécessaire pour adorer 23 pem1ettaient à tous ceux qui pénétraient dans l'enceinte sacrée de se laver
la déesse de la joie. Le plafond, généralement décoré de motifs astrono- avant d'entrer. Un chemin protégé, que les Grecs appelaient dromos, condui-
miques, confirmait la conception que les Égyptiens se firent du temple. sait de la porte du pylône à un kiosque d'embarquemen t : celui de Dendara
Il représentait le cosmos créé par le dieu primordial et on l'appelait cou- était encore visible au moment de l'Expédition d'Égypte. À Philae, celui de
ramment l'" horizon" parce que, comme le soleil, le dieu sortait de lui pour Nectanébo se dresse toujours au Sud de l'île, assez bien conservé. Les longs
voyages, en effet, se faisaient sur le Nil. Lorsque Hathor, au mois d'Epiphi,
les fêtes.
Dans cette énumération nous avons suivi très exactem ent l'ordre attribué quittait Dendara pour aller visiter Horus, à Edfou, ce kiosque avec ses colonnes,
aux salles dans les inscriptions d es bandeaux extérieurs et nous nous ses murs-bahuts et ses deux portes, était le lieu d'offrandes solennelles, dont
sommes conformés aux commentaires qu'elles offrent de cette structure se réjouissait à l'entour le peuple accouru à la fête.
sys tématisée. On devine que de Kalabsha à Dendara les plans ont été de
29. Kom-Ombo. Temple «double>> plus en plus étudiés pour répondre aux besoins liturgiques quotidiens et L'effit : Philae, les colonnes
de Sobek et d'Haroèris : colonnade de solennels. Ainsi, tandis qu'à Philae, sous les derniers Ptolémées, le magasin Que l'on imagine les portiques, aujourd'hui presque tous d étruits, par
la salle hypostyle aux chapiteaux variés,
destiné aux parfums est encore placé dans une chambre de la colonnade et où l'on passait pour aborder le temple, à l'image de celui de Philae encore
vue depuis le mur extérieur.
64 30. Karnak. Temple d'Amon-Rê:
dromos bordé de criosphinx conduisant
du quai-débarcadère au premier pylône.
Aménagement à l'époque romaine(?),
avec utilisation de sphinx ramessides.
67
66
en très bon état. Lorsqu'on s'avançait sous l'aile Ouest, on apercevait sur au-delà de la deuxième cour qui donnait accès à la salle hypostyle. Tous les
la gauche, par les larges baies ménagées dans le mur, l'île de Bigeh awc ses voyage urs du siècle dernier ont p arlé avec enthousiasme de ses chapi -
palmiers et son temple. Au Nord, quelques degrés perme ttaient d 'arriver teaux chatoyants. Lavés aujourd'hui par les eaux du premier barrage, ils
au niveau du pylône et de la porte de Philadelphe. Un passage percé à sont d'un gris -jaune monotone et morne. Seules les planches précieuses
l' Ouest dans ce dernier conduisait au mammisi, tandis que l'entrée axiale de Lepsius nous permettent d'imaginer leur état ancien. Les couleurs
donnait accès à la première cour fermée à l'Est par un portique à colonnes utilisées étaient le vert, le bleu, le rouge et le jaune. Mais leur emploi
végétales et à l'Ouest par le déambulatoire du mammisi, devenu périp- pureme nt naturaliste eût risqué de donner à l'ensemble une trop grande
tère sous Ptolémée VI. Ses co lonnes végéta les surmontées par le sistre uniformité. En vrais artistes, les ar chitectes ont cherché des effets de
d'Hathor répondaient aux colonnes de l'Est sans leur être semblables. contraste et de complémentari té. Tantôt les palmes grêles en lèvent leurs
Vers le Nord, dans l' axe, le deuxième pylône dressait au-dessus d'une feuilles vertes et leurs tiges bleues sur un large fond rouge. Tantôt le fond
32. Philae. Temple d'Isis : colonnades
stèle, sculptée dans le granit, ses môles imposants peints de couleurs vives. rouge est à peine visible, et les bleus et les verts prédominent. Les dattes devant le premier pylône et porte de
31. Philae. Kiosque de Trajan.
If siècle apr. f. -C. Mais le visiteur, s'il n'était membre du haut clergé, ne pouvait aller son t de teintes différentes pour n 'engendrer point la lassitude, et les Philadelphe.
33. Philae. Temple d'Isis : détail du liens qui enserrent les bouquets végétaux font alterner vert, rouge, vert, 69
i8
portique entourant le mammisi qui bleu ou vert, rouge, bleu, ro uge. Les tiges triangulaires du papyrus sont
ferme la première cour à l'Ouest.
Époque de Nectanébo à Hadrien. alternatiYement vertes, bleues ou rouges. En dépit du désir qu'ils ont eu
de reproduire des objets réels portant en eux un p rofond symbolisme,
les construc teurs ont aussi ch erché un effet qui fût agréable aux dieux et
plaisant aux yeux des homm es.
Le sentiment causé par ces fo rêts de colonnes est fait de puissance et de
paix . Soit qu'elles symbolisent seulement la créatio n végétale de Khnoum
ou d'Horus, fondamentale pour le cosmos, comme à Esna ou à Edfou, soit
qu 'elles expriment la joie nécessaire à qui veut approcher Hathor, joie qui
atteint une dimension cosmique lorsque la déesse tourne ses quatre faces
vers les quatre points card inaux, elles joignent dans leur élan calme la signi-
fication d'une théologie et d'une liturgie très élaborées à une esth étique
de force et de gloire qui vise à l'éternel. L'architecture du crépuscule égyp-
tien n'avait presque rien perdu de la splendeur des grandes époques créa-
trices. Est-ce seulement l'é tat de ruine où nous voyons ces témoignages
d 'un prodigieux passé qui à notre admiration ajoute comme un sentiment
de mélancolie? N'est-ce pas plutôt la pensée qu'un tel effort n 'a pas réussi
d'emblée à vaincre à jamais le temps et à conquérir pour toujours l'éternité ?
Il faut reconnaître aussi que nous visitons ces temples comme jamais
aucun Égyptien ne les a vus. Sans franchir le seuil de la salle des fête s,
regardons par ces portes maintenant béantes, mais qui ne s'ouvraient qu e
rarement et jamais toutes à la fo is :une impression d'éloignement infini
accompagn e l'image de la cella lointain e. Elle résulte d'un curieux effet
d'optique provenant de l'abaissement régulier des linteaux et de l'exhaus-
sement successif des seuils, depuis l'entrée jusqu'au fond du temple. La
p résence div ine es t à la foi s proche et lointaine, et nulle architecture
religieuse n 'a mieux exprim é cette idée. Que l'on ne croie pas que nous
interprétons subjectivement des états d'âme personnels. Dans la littérature
sacrée les textes abondent qui expriment des conceptions voisines, et les
inscriptions des bandeaux de nos temples ne cessent d'insister sur le fait
que les dimensions de ces monuments sont conformes aux indications des
livres sacrés qui remontent aux origines, au dieu Thot en p ersonne. Cette
70
siège de la premi ère fête, est fermée au Nord par un mur dans lequel 231, puisqu'on ne la trouve ni à Kalabsha, ni à Philae.
s'ouvrent les trois baies qui éclairent au tiers de la haute ur l'atelier des 233-234 Le toit elu temple présente au contraire, partout où il est conservé, des
orfèvres : deux sis tres hathorique s séparent extérieurem ent les baies. Au constantes qui permettent de définir son rôle. Il possède en effet des hau-
Sud, le sol de la ouabet, auquel on accédait autrefoi s par un escalier de teurs différentes. A la disposition intérieure d'abaissem ent des plafonds
bois, est surélevé de 1,40 m environ. Deux élégantes colonnes -sistres et d'exhausse ment des seuils correspond la moindre élévation de la surface
entourent un e porte à ciel ouvert et sont r eliées par des murs -bahuts de l'ensemble des constructio ns que domine très sensibleme nt la cou ver-
aux parois de la cour. D eux linteaux ornés d e soleils ail és surmonten t ture de la salle hypos tyle. Cela se voit très bien de l'extérieur lorsque le
l'ensemble . Ici, l'art de bâtir n 'a pas seulement conservé le charme et la bâtiment central n'a pas reçu d e mur d'enceinte en pierre, comme à
pureté des temps classiques, il s'est perfection né par la sûreté d e l'exé- Dendara. La salle hypostyle y domine de beaucoup toute la partie Sud
cution à laquelle la méditation de l'union au disque a ajouté "la grâce, plus dont la coupe longitudin ale, dressée par les savants de la Commissio n
belle encor que la beauté"· d'Égypte, permet d 'étud ier les dénivellati ons. Le niveau le plus bas est
La cella elle- même était conçue comme une articulation indépendan te. celui que permettent d'atteindre les escaliers Est et Ouest. Il est isolé par
En plein milieu du sanctuaire ne présente -t-elle pas ses murs extérieurs de hautes murailles de 4 rn de haut qui empêch ent clone absolumen t les
avec un fruit très sensible? Ne se termine-t-e lle point par une gorge et une vues de l'extérieur. Dans l'an gle Sud-Ouest , on a constru it un kiosque
corniche dont tous les angles sont g·arnis de boudins? À J'intériem; le naos hathorique dont les archi traves étaient supportées par douze colonnes -
inamovible en pierre dure et les barques devaient être enfermés dans de sistres. A l'intéri eur de ces architraves se voient encore les rainures où
légères constructio ns en bois doré. Au-dessus elu toit de la cella, la couver- s'encastrai ent deux po utres et une cou verture arq uée, en b ois. C'est à
ture extérieure formait une dernière enveloppe protectrice. Ainsi les statues, l'intérieur de cette chapell e qu'avait lieu u n des rites les plus secret s et
r éceptacles inertes d 'une divinité vivante, étai ent-elles soign e usement à les plus essentiels des anciens temples : 1'«union au disque "· Dan s la nuit
l'abri dans toute une série de parois, emboîtées les unes dans les autres, du dernier jour épagomèn e on amenait dans cet élégant abri la statue cl' or
comme les corps royaux étaient gardés par les sept e nceintes de leurs d'Hathor qu'on exposait au matin elu l e•· mesorê, le mois initial de l'ann ée
sarcophage s et de leurs catafalques, si importante s qu'on a pris soin de les égyptienne , aux rayons elu soleil levant. Le bai' de la déesse, un élém ent
dessiner sur le plan du tombeau de Ramsès IV figurant clans un papyrus de céleste de sa personnalité, s'unissait alors à son ka, et la présen ce réelle de
Turin. On faisait si peu de différence entre l'image de bois ou de pierre et le la divinité permettait au mond e de franchir le se uil de l'année n ouvelle
corps momifié que, clans les inscriptions ptolémaïqu es, le mot " corps " peut sans heurt. Le peuple, averti par la musique joyeuse des prêtres que le rite
s'employer pour signitîer "statue"· avait eu lieu, éclatait de joie et dansait. Déjà les textes liturgiques avaient
Les types les plus parfaits de plans, Kom-Omb o, Edfou, Dendara, pré- préludé au vers d'Euripide : " To ute terre dansera. ,
sentent autour de la cella centrale un cou loir qui la sépare très nettement du La légèreté et la sveltesse de ce kiosque ont frappé depuis longtemps les
reste de l'édifice clans lequel elle est comme emboîtée. Sur les côtés qui visite urs. Le bosquet de ses fin es colonnes se détache toujours de quelq ue
38. Edfou. Temple d'Horus : escalier à regardent l'extérieur s'ouvrent des chapelles dont chacune a une destination côté par la lumière sur l'ombre du fond et traduit fïn ement la joie elu monde 39. Dendara. Temple d'Hathor : escalier
Est, sorte de descenderie à pente unique,
paliers successifs permettant l'accès au au moment où le rite amène Hathor à descendre vers son temple. Il existait encadrée par deux m urs décorés de reliefs.
propre, différente dans chaque monument . Le plafond d e ce couloir est
toit, bordé d'un mur décoré d 'un défilé
de divinités. Grès. semé d'étoiles; il représente donc bien le ciel enveloppan t le cœur même elu à coup sûr un édicule semblable à Edfou, oLt l'on voit encore, piqueté sur Décor sous Ptolémée VIII Évergète II. Grès.
77
76 40. Dendara. Temple d'Hathor: toiture
en terrasse supportant un kiosque
hathorique (chapelle du Nouvel An)
dans l'angle Sud-Ouest. Fin de l'époque
ptolémaïque. Grès.
l'assise inférieure maintenant découverte, le dessin qui devait guider les d'Osiris. Ces reliquaires existaient uniquement dans les vill es fidè les à
maîtres maçons pour la mise en place de l'assise supérieure. Il est difficile de ce dieu, au nombre de seize ou de q uatorze, selon les recensions. Ceux de
savoir si les autres temples en possédaient aussi, même si l'on a la certitude Dendara sont composés de deux petites chambres presque carrées, en
que la fête du nouvel an s'y déroulait. À Philae, !'«union au disque" paraît enfilade. Elles sont précédées d'une cour à ciel ouvert dont chaque paroi
avoir eu lieu dans une cour à ciel ouvert ménagée en profondeur, à l'angle est terminée par une gorge finement ornée.
Nord-Est du toit. Toutefois, comme aucune inscription n 'a été gravée sur Un escalier relie le toit des chambres osiriaques à celui de la salle hypostyle
ses parois, il est difficile d'avoir une certitude en expliquant cette singulière entouré d'une banquette basse. Une pente douce permetta it à l'eau, en cas 41 . Dendara. Temple d'Hathor, chapelle
de pluie, de ruisseler en d irection du Sud, où elle était dirigée vers deux du Nouvel An destinée à !'«union au
disposition architecturale . disque>> : détail d'un chapiteau hathorique
À Dendara et à Philae, du côté opposé du toit, au même niveau et au-dessus écoulements qui l'é vacuai ent par des gargo uilles. Cette eau venue du à quatre faces supportant l'architrave.
des magasins entourant la salle des fêtes, se situait le tombeau de la relique ciel était considérée comme mauTaise, des tructrice ; aussi l'expulsait-on Fin de l'époque ptolémaïque. Grès.
78 42. Dendara. Temple d'Hathor : détail du soigneuseme nt vers J'extérieur. C'était sans doute de ce toit que les prêtres,
mur extérieur Ouest décoré de reliefs en chargés de signaler l'heure cosmique pour guider le déroulement des
registres et d'une gargouille à tête de lion.
Époque de Ptolémée IX Sôter II et Auguste. cérémonies, observaient le lever héliaque des étoiles avec leurs instruments
Grès. de visée.
On voit que les moindres détails architecturau x de l'édifice essentiel ont
été prévus pour exprimer la pensée théologique ou faciliter le culte, qui
devait rythmer les occupations du clergé et de tous ceux qui, durant leur
mois, prenaient à tour de rôle le service. Chaque partie était soigneusemen t
subordonnée à l'ensemble, et tout était calculé pour obtenir une harmonie
parfaite des proportions qui nous impressionne fort encore aujourd'hui.
1.
avec la lumière, est d'un effet architectural tout à fait heureux. À Kom -Ombo,
on avait même construit deux murs d'enceinte, comme pour rendre la
maison des dieux plus impénétrable encore aux influences mauvaises ou
seulement aux bruits profanes du monde extérieur.
Ici, d'ailleurs, les variantes sont extrêmement originales. Il y avait deux
dieux, Haroèris et Sobek, symbolisés par un faucon et un crocodile. On
avait donc tout dédoublé. Côte à côte, il y avait deux axes médians traversant
toutes les salles axiales qui présentent chacune deux portes, une pou r
chaque seigneur des lieux. Au fond, il y a deux cellas, mais on y retrouve,
habilement adaptés à ce plan inattendu, tous les éléments que nous avons
parcourus dans les autres édifices, aussi bien que portes latérales, escaliers,
corridors.
Mais si nous avons peut-être YU ce qu'il y avait d'essentiel dans chacun
de ces temples, il s'en faut de beaucoup que nous ayons épuisé leur
richesse. Ils avaient tous en commun un certain nombre d'annexes qui
ne manquent j amais : un lac sacré , un ou plusieurs puits, un mammisi,
d'Haroèris : fa~ad:~~e de Sobek et
80 43. Kom-Ombo 'Il
donnant sur 1 Il eh ou ble1entrée
a sa
sous Ptolémée XII Né yposty e. Décor
Cléopâtre VI. os Dwnysos et
du couronnement d u roi ; à Philae, se trouvaient des temples d'Hathor, 83
d'Arensnouphis, d'Imouthès; à Dendara, le temple de la naissance d'Isis.
Revenon s à quelques-uns de ces monumen ts particulièrement impor-
tants. Et d'abord les lacs sacrés. Celui de Dendara nous a été ren du abso-
lument intact par les fouill es. C'est un quadrilatère de 35 rn de côté sur
28 m environ. Il possède une porte à chacun de ses angles. Elle s'ouvre
dans un mur bas en dos d'âne et, par un escalier, permettait d'atteindre
l'eau en toute saison, malgré les variations de niveau de la nappe phréa-
tique. Les murs latéraux sont arqués vers l'extérieur pour mieux résister
à la poussée des terres. Une sorte de n ilomètre, véritable escalier en coli-
maçon, est ménagé derrière la pami Nord. Au Sud, un passage en pente
conduisait les oies ou les canards de la volière jusqu'au niveau de l'eau.
D u même côté, sur le pourtour, on avait ménagé un retrait formant tribune.
Un auvent la pro tégeait, dont l'ossature était faite par des chevrons de bois
maintenus en place dan s d es mortaises qu'on voit en cor e à l'extérieur
du mur. Les initiés pouvaient contempler de là, durant la nuit, les épisodes
de la passion d'Osiris qui étaient représentés sur le lac, comme Hérodote
les vit à Saïs. Auj ourd'h ui , dans le fond h umide de ce lac mélancolique
des é tables d 'animaux sacrés, des volièr es, généralement placées près on a laissé pousser des palmiers qui rendent à ces ruin es un peu fauves
du lac. En principe, tous devaient aussi posséder un "sanatorium "· Mais, quelque chose de la verd ure et de la vie que lui donnèrent jadis les bosquets
comme Lrès peu de ces comp lexes religieux ont été fou illés entièremen t, sacrés, où voisinaienl entre autres perséas, acacias du Nil, saules, sycomores,
nous ne pouvo ns pas touj ours comparer ces d iverses con structions pour jujubiers et palmiers doums.
en dégager les traits communs. Il fau drait aussi imagin er les maisons des Les mammisis étaient les lieux où l'on célébrait le mystère de laNaùsance
prê tres qui, durant leur mois de service, ne sortaient jamais de l'enceinte divine du roi. À Dendara, celui de Nectanébo, le plus ancien, fu t d 'abord
sacrée ; les magasins aux provisions : bouch eries, cuisines, b oulan geries, réduit à une cella de pierre prise dans un épais mur de briques crues et se
pâtisseries; les ateliers de sculpteurs, d'orfèvres, de parfumeu rs et de prolongeant à l'Est par une salle des offrandes à ciel ouvert et des propylées.
fabricants d e baumes liturgiques ; qu e sais-j e en core? tout ce qui é tait Puis ils devinrent, au milieu de l'époque ptolémaïque, des édifices périp-
nécessaire dans une grande propriété à la vie du seigneur el à cell e de tères dont les galeries permettaient aux acteurs du drame sacré de sortir
ses serviteurs. du sanctuaire avec leurs costumes et leurs masques sans se désacraliser.
Enfi n, presque tous ces sanctuaires possédaient des lieux saints déd iés On peul se demander s'ils n'évoluèrent p as finalement vers le statu t de Double page suivante :
temple majeur où se célébrait aussi le culte divin journalier. 45. Dendara. Temple d'Hathor : le Lac
44. Kom-Ombo. Temple de Sobek et à des dévotions locales ou rappelant d'importants épisodes mythologiques : sacré au Sud-Ouest du temple, à quatre
d'Haroèris : à gauche la salle hypostyle, à Karnak, il y avait la maison d'Opet la vénérable où était né Osiris; à Edfou, Su r leur façade, les tableaux d'allaitemen t du jeune roi-dieu étaient escaliers partant des quatre portes.
à droite la chapelle d'Hathor. Époques
s'élevait le templ e du faucon où avait lieu la cérémonie commémorative revêtus de plaques d'or pour renforcer encore par la chair même de Rê Époque rom aine (?) .
ptolémaïque et romaine.
.1
86 le potentiel divin de la personne royale, et leur cella, en tièrement ou 87
partiellement couverte de minces feuilles d'or, était parfois appelée la salle
de l'électrum. Dans leurs propylées évoquant la végétation des marais, on
célébrait les mystères d'Hathor, aux jours où les cérémonies essentielles
ne risquaient pas d'être troublées par la joie des participants, dont l'ivresse
pouvait n'être pas toujours aussi sobre que celle de Philon d'Alexandrie.
A Karnak, le temple d 'Opet reposai t sur un socle élevé, qui permettait
sûrement de faire passer le fils de Nout, aussitôt né , dans une petite salle
située juste sous la chaise d'accouchement , où la déesse accroupie mettait
au monde le j eune dieu. La complexité de son plan, avec les salles de
la résurrection d'Osiris, l'hypostyle à colonnes hathoriques et les cryptes
qu'on avait préparées pour la gravure, en fait un lieu de culte pratiquement
indépendant.
Tout au fond du temple de la naissance d'Isis à Dendara, un bas-relief,
intentionnelleme nt mutilé, qui semble avoir été protégé jadis par une porte,
représente Nout accouchant sur sa chaise, soutenue par deux déesses à tête
de vache. Au-dessous d'elle, Isis, debout, sous la forme d'une femme noire
et rose, es t déjà la déesse universelle qui participe des ténèbres et de la
lumière. Est-ce la raison pour laquelle sa maison possède un axedouble,
rompu à angle presque droit? La cella et la salle des offrandes sont axées
au Nord, tandis que tout l'avant de l'édifice regarde l'Est. Ces sanctuaires
possédant deux axes plus ou moins perpendiculaire s sont moins rares
en Égypte qu'on ne l'imaginerait au premier abord.
La littérature astrologique grecque tardive a fourni sur les temple s se trouvait une série de chambres propres dans lesquelles pouvait être
d'Égypte une masse de renseignements que les fouilles ne nous ont pas obtenu un sommeil cataleptique, durant lequel la déesse favorable révélait
toujours p ermis d'illustrer. Nous savions pourtant qu'il s'y pratiquai t aux patients le remède utile à leur cas particulier, tout comme on pratiquait
des cures médicales. Isis, qui à Dendara n e fut qu 'une autre form e l'incubation dans les lieux saints d'Asclepios. Mais, de ce bâtiment de
d'Hathor, y possédait un "sanatorium" que nous avons eu la bonne fortune briques crues, renforcées de quelques briqu es cuites dans les endroits où
de retrouver. Il se composait, autant que son état actuel nous permet l'eau coulait, nous pouvons seulement nous faire un e idée très imparfaite;
46. Dendara. Temple d'Hathor :
de l'entr evoir, d'une installation hydrothérapiqu e : un co uloir bétonn é il en sub siste trop peu. depuis la terrasse, vue sur le mammisi
orné de statues guérisseuses et de textes magiq ues sur lesquels on faisait Tous ces monuments sont contenus dans une enceinte extérieure de de Nectanébo, l'église copte, le mammisi
romain; au fond, l'enceinte sacrée.
cou ler l'eau vivifiante de l'océan primordial, tiré e du puits sacré; un dimensions souvent considérables. A Dendara, elle est entièrement déga- V siècle apr. ].-C. (l'église); époque de
système de citerne et de baignoires pour utiliser cette eau. Tout autour, gée et, pour une ville de province, elle est certainement grande. C'est un Néron à Antonin (le mammisi).
quadrilatère irrégulier d'environ 270 x 280 rn, formé de massifs en briques 47. Dendara. Mammisi romain : détail du 89
88 portique Sud relié par des «murs-bahuts>>
crues qui s'équilibrent les uns les autres. Leurs lits de brique ondulés
sculptés de scènes relatives à l'allaitement
frappent aussitôt le visiteur. Sont-ils, comme on l'a dit, l'expression symbo- de l'enfant divin. Époque romaine. Début
lique de l'océan primordial? C' est bien possible, puisque l'emplacement du rf siècle apr. f. -C.
du temple est celui même de la butte émergée la première fois des eaux
primitives. Celle de Dendara pourrait dater du roi kouchite Taharqa,
au vme siècle.
Les matériaux
Les matériaux qui servirent à créer cette architecture n ' étaient pas
employés au hasard. D' une part les raisons techniques en ont commandé
l'emploi. Le grès du Gebel Silsileh, facile à débiter et à proximité du fleuve,
donc aisé à transporter, en fait l'ossature. Mais certaines parties sont en
basalte bleu, telles les crapaudines des seuils ou des linteaux. Leur emploi,
là aussi, s'explique par la résistance plus grande du matériau, nécessaire
en ces places où l'usure était plus considérable. Au premier abord, les seuils
et les bases de colonnes en granit semblent obéir à des lois purement phy-
siques. Mais, d'autre part, comment expliquer que les seuils de certaines
portes rarement utilisées, et qui aujourd'hui encore paraissent tout neufs,
aient aus si été en granit? Pourquoi les fondations des colonnes, dont la
base est en granit, sont-elles simplement en grès? Certains emplois parais-
sent étranges et ne s'expliqu ent bien que si on fait intervenir la valeur
symbolique des roches, comme en bijouterie. Le granit paraît avoir été à
la fois protecteur et maudit. Il était en quelque sorte écrasé sous le poids de
l'édifice et foulé aux pieds.
1
' ~' \.....
v Î\ Il reste au mammisi d 'Edfou quelques pavés de couleur disposés avec
- 1..
l ~
'~ art dans l'all ée axiale de la cour : basalte b leu à grains fins, albâtre b lanc
j_\ ...;' ..J
t et quartzite brun -rouge y alternent en dessins géométriques réguliers,
où le choix du matériau paraît dû à l'esthétique. Ne forment-ils pas une
sorte de tap is de pierre sur lequel s' avançait la procession? Mais rien
n'empêch e de penser que chaque pierre apportait aussi à l'ensemble sa
signification particulière que l'.on parviendra sans doute à déterminer
quelque jour.
90 48. Karnak, domaine d'Amon-Rê. Temple
d'Opet: mur extérieur Est décoré de
scènes d'offrandes. Époque d'Auguste.
si
92 49. Dendara. Temple d'Hathor. Il est infinim ent probab le que l'allée axiale des propylées au mammi 93
de
Époque de Domitien. de Nectanébo, à Dendar a, et celle de la salle hyposty le au temple majeur
pierres plus rares,
la même ville, posséd aient aussi des paveme nts de
up de
dans le genre de celles que nous venons d'énum érer. Mais beauco
que, sans une minutie use
bâtimen ts sont telleme nt saccagés aujourd 'hui
e
reconst itution arch éologiq ue, on n'arriverait pas à imagine r la richess
architec turale qu'ils ont connue aux temps anciens .
Ces constructions puissan tes, faites pour défier le temps, diffèrent cepen-
p
dant très profon dément de l'aspec t lourd que durent avoir b eaucou
sont libérées des
de monum ents au début de l'Ancie n Empire . Elles se
ient
piliers lourds et des murs pleins d'une épaisseu r énorme ; elles employ~
es en bois, comme au
les colonnes et occasio nnellem ent des co uvertur
que ce
kiosque de Taharq a à Karnak - si l'on ne se rallie pas à l'idée
de Dendar a. Mais l'utilisa tion
kiosque était découv ert - et à celui du toit
expli-
de matéria ux plus légers ou d'éléme nts plus sveltes ne suffit pas à
er
quer cette impress ion d'harm onie, d'équili bre, qu'ils donnen t au premi
du jour,
abord. Ces création s monum entales, mises au point et au goût
toute
demeu rent fondam ental ement filles des nombre s d' or, comme
de ch aque
l'archit ecture égyptie nne :les in scriptio ns répèten t à satiété
que
partie de l'édifice que sa hauteur est conform e à la p erfection de la science,
est conforme au calcul et que toutes ses proport ions sont conform es à
sa largeur
tion
la place où elle est. L'équil ibre qui résulte d e la parfait e adapta
parfai-
des détails à l'ensem ble et de la mesure exacte de chaque partie,
ion
tement adapté e au tout, est l'éléme nt fondam ental d e la perfect
des volumes.
du
Remarq uons aussi que l'édifice n'est que l'expres sion des besoins
bâtir
culte et de la théologie. Jusqu'à l'extrêm e fin de sa floraison , l'art de
pour l'effet, pour paraî-
des Égyptie ns a conservé un style dépouillé. Rien
nous
tre. Il chercha it seulem ent à être. Et c'est pourqu oi il produit sur
er les sentime nts étrange s qu'il
une impress ion si profond e. Pour expliqu
la vérité
provoq ue et l'inévitable séduction qu'une pareille traduct ion de
dans je
nue inspire, on est allé ch ercher des explica tions mystéri euses
Remarq uons
ne sais quelle traditio n de magie ou de science s occultes.
seulement que les églises romanes, et même gothiques, provoquent des 50. Karnak. Temple d'Amon-Rê, 95
effets semblables et qu'on a invoqué pour expliquer leur inéluctable au pied du deuxième pylone : détail du
colosse de Pinedjem. XXV' dyn. et époque
emprise les mêmes explications inutiles. dl y a des œuvres qui font de ' ptolémaïque.
l'effet parce qu 'ell es visent à en faire et s'y efforcent, écrivait Wilhelm
Furtwangler. Il en est d'autres qui, pour faire de l'effet, n'ont qu'à exister.
C'est pourquoi l'action des unes à la longue s'exténue, alors que le Temps
ne semble point entamer l'efficace des autres." Les grands temples de
l'Égypte du crépuscule appartiennent à cette dernière sorte de créations.
CHAPITRE Il
Bas-relief et peinture
par François D aumas
97
de qualité franchement mauvaise, on comprendra l'aspect lourd, gauche, plus profondément que les tableaux des vizirs d'Aménophis III. Mais ces
boursouflé, p eu foui llé, de ces parois pourtant bien conservées et cou- femmes q ui jettent de la poussière sur leur cheYelure, en signe de deuil, ont
vertes encore de presque toutes leurs pe intures. Par contre, sous Néos le geste p lus stéréotypé que jadis. Les Yi sages un peu figés sont identiques,
Dionysos ou très peu de temps après lui, dans un grès très régulier et très sauf celui de l'extrémité gauche, moins académique que les autres, donc
fin, de véritables sculpteurs ont réussi à dégager du bloc des tableaux où p l us personne l. Une certaine recherche de la variété apparaît dans le
112 60. Memphis (?). Détail de la stèle 113
funéraire de Merneit Ouahibrê :
offrande du défunt à Osiris et Isis.
Entre 663 et 525 av. ]. -C. Calcaire.
Haut. totale : 70 cm. Baltimore,
Walters Art Gallery.
--
116 64. Le Caire. Détail de la stèle dite 117
du satrape : le roi offre une prairie
à Harendotès. 311 av. f.-C. Granit.
Haut. totale : 1,85 m. Le Caire,
Musée égyptien.
pour rivaliser avec les chefs -d'œuvre de leurs lointains ancêtres, qu'ils n'avait un je ne sais quoi de plus épais et des formes plus arrondies. Joues,
allaient copier en s'aidant de la mise aux carreaux dans les monuments de ventres, seins sont légèrement rebondis et les muscles des genoux un peu
l'Ancien Empire. trop accentués, tandis que les bras paraissent dépourvus de modelé. Une
À l'époque classique, les inscriptions royales monumentales avaient eu sorte de retenue, que cette œuvre doit sans doute aux traditions des écoles
une importance considérable, et certaines sont des œuvres d'art maj es- septentrionales, donne l'impression d'une création harmonieuse.
tueuses, telle la stèle de victoire de Thoutmosis III. Cette coutume fut 67 Au contraire, le fragment de la stèle trilingue de Ptolémée IV, gravée dans
reprise durant les temps saïte, ptolémaïqu e et romain. Lorsque Ptolémée, le granit gris, est d'un travail n égligé, comme le montrent les hiéroglyphes,
fils de Lagos, n 'était encore que satrape d'Alexandre II, il rendit aux prêtres mais elle présente un détail très curieux. À gauche, le roi, monté à cru, charge
de Bouto, dans le Delta, quelques terrains que leur avaient enlevés les au galop, la sarisse en avant. Le mouvement de la bête est remarquablement
Perses et, comme témoignage durable de cette œstitution administra tive, on rendu, beaucoup mieux que dans l'exemplaire de Mit-Rahineh. La conven·
érigea une stèle en granit noir du style le plus classique. Cintrée à sa partie tion qui empêche la lance de couper la figure royale ajoute comme un piment
sup érieure et ornée d'un soleil ailé, elle se compose de dix-huit lignes d'archaïsme à cette œuvre d'époque grecque, qui prélude de loin aux saints
d 'impeccables hiéroglyphes e t d' un double tableau :le roi, d 'un côté, offre cavaliers de l'art copte.
aliments et boissons à Outo et, de l'autre, une prairie à Harendotès . La 64 Les blocs sculptés du célèbre Iséion du Delta (Behbeit el-Hagar) témoignent 65. Dendara. Mammisi de Nectanébo,
cella: Khnoum modèle l'enfant royal
composition est simple et dépoui llée, les formes équilibrées et propor- de ce que furent les bas-reliefs des grands temples du Nord au début du sur son tour de potier et Heqet lui tend
tionnées, et on dirait presque une œ uvre du Nouvel Empire, si le relief royaume lagide. Les tableaux du temps de Ptolémée II - celui, par exemple, le signe de vie. XXX' dyn. Grès.
qui représente le roi offrant l'encens à Séchat - réYèlen t l'exagération de
119
q uelques caractères que nous aYons déjà observés sur la stèle. L'artiste a
peut-être cherché à compenser une légère boursouflure d u relief par des
plis musculaires plus appuyés. Mais le gnmi t permet une finesse de travail qui
met en Yaleu r les mains et le détail des visages.
Écoles de Haute-Égypte
Les écoles de Haute-Égypte, loin de l'entourage royal, évoluèrent un peu
65 diffé remment. La cella du mammisi de Nectan ébo à D endara fournit un
excellent exemple du relief de la dernièr e dyn astie indigène, beaucoup
m ieux conservé que celui du mammisi de Philae. Tout le mystère de la
Naùsance divine y est représenté. Le dessin et la composition sont aussi
traditionnels q ue sous Hatch epsout ou Aménophis ITI. Ma ls le re lief,
pourtant encore p eu proéminent, commence à s'arrondir et à perdre sa
vigu eur. Dans le tableau où Khnoum à tête d e bélier m odèle l'enfant
royal à qui la déesse -gren ouille H eqet tend la vie, on comprend que la
figure du petit d ieu soit poupine, m ais les muscles on t disparu, et on a
l'impression de sacs contenan t une chair désossée. O n sen t poindre la
boursouflure ptolémaïque. Il ex.iste aussi des reliefs beaucoup plus accu-
56 sés, en particulier les Bès de Dendara ou du temple d 'Hath or à Philae :
vigoureux et colorés, ils n e manquent p as d' un certain charme, sous leur
asp ect grotesque.
Ce n'es t pas par hasard qu'à Hermopolis, la patrie de T ho t assimilé à
l'Hermès grec, qui allait deYenir Trismégiste, Lefebvre a tro U\·é un magni-
fique exemple de sculp ture présentan t des caractères à la fois égyptiens
et grecs. Il s'agit du fame ux tombeau de Pétosiris, aussi remarquable par la
vie spirituelle de son propriétaire que par la décoration de ses parois. Il date
à peu près de l'arri vée d'Alexandre. Une liberté, que soulignent de façon 66. Denda ra. Temple d'Hathor,
charmante quelques gaucheries, s'est introduite dans les scènes de la vie mammisi de Nectanébo : le dieu Bès.
68 quotidienne : le moissonneur coiffé de son bonnet conique se retourne
Époque ptolémaïque. Grès peint.
pour échanger quelques paroles avec la femme qui le suit. La densité du 67. Memphis. Détail de la stèle trilingue de
73 feuillage dans la treille traduit bien la profusion de la .-égétation dans ces Ptolémée IV :le roi charge au galop,
sarisse en avant. Vers 220 av. f. -C. Granit.
vi gn es d 'Égypte plantées dan s un limon trop rich e. Les vendan geurs, Le Caire. Musée égyptien.
120 68. Tounah el-Gebel (p rès d'Hermopolis).
Tombeau de Pétosiris, vestibule : 12 1
détail de la moisson. Vers 330 av. f.-C.
Calcaire coquillier stuqué et peint.
122 123
parfois nus et hi rsutes, se livrent, pour cueillir leurs grappes, à des mouve- 69 avec le bleu des oiseaux en plein vol. Un personnage de face, portant sur ses
ments divers. Les gestes des fouleurs sur le pressoir sont bien rendus. Tout épaules un enfant endormi et dans ses mains un petit vea u, a un charme
cela est vivant, mouvementé, coloré. Mais, dès que nous franchissons la encore avivé par la femme de profil qui le suit. Cette dernière évoque les
porte de la chapelle intérieure, toute cette vie endiablée est oubliée, et les Korês de l'Acropole et le sourire d'Athéna sur les tétra drachmes d'argent de
représe ntations religieuses retrouvent sans aucune défaillance le ur hiéra- Pisistrale. Les rouges un peu passés et les teintes en général atténuées par
! tisme ancestral. Au cen tre de la paroi Sud, Outo et Nekhbet protègent de le temps donnent à celle œ uvre unique la séduction d 'une créalion qui
74 que leurs prédécesseurs n'avaient pas eus. Les détails du mythe d'Horus,
sur la face interne du mur d 'enceinte Ouest, montrent des mouvements
aisés et des gestes souples. Cependant, le modelé des corps est schématisé;
les proportions sont fonction de la théologie pure, puisque l'hippopotame
la composition demeure très traditionnelle. Mais, peut-être par suite de séthien est minuscule par rapport à Horus et Isis. Mais le gréement des
l'abus des modèles stéréotypés, les corps semblent énervés et les chairs navires, avec ses cordages tressés, sa courte vergue sculptée en tête d 'oie,
amollies. En dépit de l'aspect quelque peu conventionnel de l'ensemble et son filet tendu par le vent laissant déborder des voiles qui claquent, témoi-
de cette allure flasque, ces tableaux ont encore de la grandeur. Entre le gne d'un souci d'exactitude et d 'un goût de la minutie qui ont permis à
sly le des salles intérieures les plus anciennement ornées et une scène du Fairman de faire jouer ce drame liturgique en restituant de manière fidèle
premier pylône où les prêtres portent la barque sacrée d'Isis, exécutés à la décors et costumes.
fin de l'époque ptolémaïque, si l'on excepte la convention normale qu'à Est-ce au fait qu'elle adorait Aphrodite, l'Hathor égyptienne, que Dendara
l'intérieur les reliefs sont en ronde bosse et à l'extérieur modelés dans le doit la finesse de ses sculptures, même durant la période troublée des
creux, on ne peut guère distinguer une évolution sensible. derniers Ptolémées et encore au ue siècle apr. J.-C ., au temps de Trajan?
On a beaucoup travaillé à Thèbes sous les Ptolémées. Mais les écoles Sous Néos Dionysos, un excellent artiste a sculpté amoureusement, dans
thébaines ne diffèrent guère de celles des villes voisines. Que l'on en juge un fin calcaire, l'Horus créateur de la crypte Sud, ses rémiges et les plumes
Il
1 par la psychostasie du temple de Deir el-Médineh, dédié à l'Hathor funé- 240 56 plus touffues de ses pattes ou de son cou. Le grand collier-ménat, qui dési-
1 raire. L'œuvre est de la fin du ne ou du début du I"' siècle. La scène cepen - gnait la déesse elle-même, n'a pas été moins bien traité. Perles, rosettes,
dant a de quoi surprendre dans un temple. Sa présence s'expliquerait bien
1
fleurs et larmes y ont été minutieusement détaillées. Il n 'y manque pas la
1· si l'on admettait que c'est un lieu d'initiation aux mystères d'Osiris. Mais barque solaire, prise entre deux colonnes -sistres, qui vient souligner le
i
,.
surgit un nouveau sujet d'étonnement; bien qu'elles soient à l'intérieur symbolisme cosmique des quatre sistres devenus les quatre étais de l'univers.
71. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). d'une chapelle, les sculptures ont été exécutées dans le creux, sans qu 'on Les couleurs, aujourd'hui souillées, avivaient singulièrement, lorsque Mariette
Tombeau de Pétosiris, vestibule : détail 72. Edfou. Temple d'Horus, mur
de la moisson. Vers 330 av. f. -C. Calcaire en voie clairement la raison. Dans un kiosque supporté par des colon- l'a découverte, cette irnag·e au premier abord obscure de l'Aphrodite
d'enceinte Ouest : la déesse Thouéris.
coquillier stuqué et peint. nettes légères, devant Osiris assis, en présence de la Dévoratrice qui avale uranienne telle que l'a peinte Pausanias dans Le Banquet de Platon. Première moitié dut" siècle av. f.-C. Grès.
126 73. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). 127
Tombeau de Pétosiris, vestibule :
détail des vendanges. Vers 330 av. f.-C.
Calcaire coquillier stuqué et peint.
128 74. Edfou. Temple d'Horus, mur d'enceinte
129
Ouest : détail du mythe d'Horus. Première
moitié du f ' siècle av. ].-C. Grès.
130 75. Karnak. Temple d'Amon-Rê: Sous Tibère, un scul pteur aux doigts habiles sut assouplir son dessin et
le deuxième pylône au décor sculpté 131
son cisea u po ur représenter la flexibili té d ' une bran ch e de sau le, arbre
ouvrant sur la grande salle hypostyle;
à gauche, colosse de Pinedjem. sacré d'Hatho1~ sur une colonne de la salle hypost-yle. Et sous Trajan encore,
Époque ptolémaïque. Grès. au début du ue siècle apr. J.-C. , les derniers r eprésentants de cette école
sculptèrent avec bonheur les scènes de la Naissance divine au mammisi 76
romain. D es barbares ont eu beau les mutiler, leur ordre, la précision de
leurs détails, en dépit de leur volume un peu gras, leurs proportions toujours
parfaites leur donnent e ncore un certain attrait qui s'amplifi e en présence
des tableaux d 'entreco lonnem ents extérieurs du mur Sud. Là, se ule la
sculpture des mains, dans leur finesse créatrice, prouve encore que l'art pha-
raonique continuait à ÜITe dans une fidélité profonde à sa tradition trois
fois milléna ire.
À Esna, so us Commode et S eptime Sévère, l'exarnen de la chasse au
filet montre la même maîtrise, mais révèle, à la stylisation exagérée des
plis du genou ou au visage moins soigné, une légère négligence des tradi -
tions seules capables de maintenir une inspiration qui s'essouffle. Le roi et
les dieux prennent au filet poissons et. oiseaux, qui représentent en partie
les ennemis de l'Égypte, sous les yeux attentifs et propices de Thot et de
Séchat, maîtres de la magie. Les animaux ct les plantes n'ont presque rien
perdu de leur ancienne perfection, même si les visages humains laissent
à désirer.
A Kom-Ombo, sous Commode encore, ou Macrin, si la technique était
demeurée sèche et: conventionnelle, les objets du moins sont parfois repré-
sentés avec exactitude, comme cette collection d ' inslr umeots qu'on a dits
chirurgicaux, sculptée dans le couloir le plus extérieur, du côté Est. Mais,
après examen , Paul Ghal ioungui y verrait plutôt des outils votifs faisant
partie d' un dépôt de fondation.
/-
de le ur peau. Les teintes des deux ibis relt'giosa sont des plus naturelles, Les artistes ont vou lu certainem ent produire un effet différe nt dans
bien qu'ell es n ' aient pas la finesse nuan cée de leur cé lèbre émule de chaque chapelle par leur façon de colorer les sujets. Et le caractère étai t
Béni -Hassan. Leur corps est blanc, tandis que tête, bec, pattes et queue imposé par le rôle liturgique et théologique de chacune des salles. Dans
sont noirs. Quant: au contour de la barque, il est composé de carrés colorés l'une l'impression de gaieté, de rajeunisseme nt et de joie; dans l'autre,
en rouge, verl, jaune e t noir, séparés par des lisérés blan cs ; sa minceur celle de recueillemen t, de mystère et de r ésurrection finale. Sans doute
relève par une polychromie légère une symphonie en blanc et noir majeurs raisonnons-no us ici sur deux exemples conservés par une sorte de miracle-
que ne troublent nullem ent les coule urs sobres et b ien plus uniformes ce qui est peu. Mais l'impression est si nette, si précise, dès qu'on examine 78. Dendara. Temple d'Hathor, porte
Nord du téménos, plafond : le scarabée.
des reliefs voisins. la chose de près, qu'on ne peut se défendre de pen ser qu'elle a été voulue Époque romaine. Grès peint.
136 79. Dendara. Temple d'Hathor, crypte et recherchée. Si l'on relevait soigneusement tous les monuments peints
Sud n' 1 : représentation des statues 137
e n core en place, et si on les étudiait en tenant compte des débris de
d'Hathor et d'Horus. Première moitié du
f' siècle av. ]. -C. Calcaire peint. couleurs qui subsistent, nul doute que nous arriverions à préciser beau-
coup nos connaissances en ce domaine. E t que serait- ce si l'on avait exé-
cuté des re levés exacts et complets de Kalabsha et de Philae avant leur
irréparable perte !
Mais parfois les coule urs plates et crues passées sur les sculptures leur
confèrent, quand on les restitue dans les publications, un aspect criard dont
on n'est pas sûr qu'il donne une idée juste du coloris antique. C'est le cas
pour le Seth vainqu eur d'Apophis dans la salle hypostyle du temple d'Hibis 77
à l'oasis de Khargeh. Cette œ uvre d'époque perse, où ressortent vivement des
ailes bleu nuit sur fond jaune clair, utilise, pour atténuer le choc de la domi-
nante, des bruns, des ocres, des verts, des rouges et même un violet sombre.
Il faut voir ce relevé moderne exécuté scrup ule usement d'après les restes
bien conservés de l'original pour imaginer l'impression qu'ont pu produire
jadis ces monuments.
La preuve q ue nous avons quelque peine à savoir exactement ce qu'il en
fut, n 'allons pas la chercher dans le scarabée vu par sa face ventrale sou s le 78
plafon d de la porte monumentale du téménos à Dendara ; les verts, les bleus
et les ja unes y sont trop amortis par l'intensité de la lumi ère. Mais dans la
crypte souterraine Sud, sur des surfaces qu i ont dû se faner à peine depuis
leur exécution, une Hathor e t un Horus montrent leurs vêtements multi- 79
colores, ainsi qu'un socle et un trône peints de tein tes à la fois franches et
douces, qui correspondent beaucoup plus à notre goût que le bariolage
d'Hibis.
C' est la même impression que donnent les caissons du plafond dans
la salle hypostyle, où les cou l.eurs primitives sont très souven t conservées
malgré la fumée qui les oblitère. Le soleil illuminant le temple de Dendara
à l'angle Nord -Est offre une tonalité du même ordre et en un emplacement
où la peinture était peu susceptible de s'altérer.
Les tombes d 'Alexa ndri e fournissent maints exemples de mélange
des styles grec et égyptien. Dans l' u n des hypogées d'Anfouchy, sur
les m urs d'une salle, des p an n eaux sont décorés d'arbres, comme jadi s
138 80. Alexandrie, nécropole d'Anfouchy. 81. Linceul décoré: le défunt et sa momie 139
Tombe n° 3 : une salle au décor protégés par Anubis. IIf siècle apr. ].-C.
géométrique peint. If ouf' siècle av. ].-C. Toile peinte à l'encaustique. Haut. 1,77 m.
Peinture sur stuc. Paris, Musée du Louvre.
claires, et des teintes nouvelles apparaissent: les chairs humaines sont d'un de les dater exactement. Un grand nombre d 'entre elles représentent le
mauve rose fort élo igné des anciennes conventions, et les carnations mas- défunt ou la défunte participant à l'offra nde alimentaire dennt un dieu ,
culin es et fém inines n'y diffèrent guère les unes des autres. Il conviendrait qui est souvent Rê -Horakhty, parfois Osiris , parfois Atoum , ou même
cependant, avant de terminer, d'attirer l'attention sur des œ uvres d 'art très plusieurs dieux.
originales. Ce sont des stèles de bois stuquées et peintes qui apparaissent à 85-88 Les représentations varient avec les dé,-otions particulières des dédicants
la fin du Nouvel Empire et qu'on fabriquait encore au début des temps ou de leurs inspirateurs religi eux. La défunte, qu'elle s'appelle" Botte-de -lis,
82. Alexandrie, nécropole de Kom el-
Chougafa. Niche d'une chambre funéraire : ptolémaïques. Il ne semble pas qu'elles aient été employées par mesure ou" Thot-a-dit-qu'elle-Yive ! "• est ornée de sa plus bell e perruque avec serre-
Anubis embaume une momie aidé d'économie. Certaines au moins, qui sont très belles, ont dû avoir une vale ur tête et cône d'onguent parfumé, mais elle est toujours nue sous sa robe
d'Horus et de Thot; sarcophage classique
orné de guirlandes et de masques. Fin du considérable, bien que, comme dans toute production funéraire, il nous légère de lin transparent. Les formes sont pleines, les lignes parfaites.
f' siècle-début du If siècle apr. f. -C. soit parvenu aussi des exemplaires très médiocres. Mais il est souvent difli cile Toutes sont restées jeunes, et leur frimou sse, en principe toujours sérieuse,
142 est parfois d' une pureté extraordinaire : elles illustren t très précisément un 85. Stèle cintrée : le défunt faisant une 143
chant d'amour d'époque kouchiLe: offrande à Rê-Horakhty. Bois stuqué
et peint. Haut. 33,5 cm. Le Caire,
Musée égyp tien.
Douce, douce d 'amow; la prêtresse fl!foutirùis ,
Douce, douce d'amour auprès du Roi,
Double page suivante :
Douce, douce d'amour auprès de toul homme, 86. Stèle cintrée de la dame Tentperet :
Douce, douce d'amour auprès desfommes, la défunte devant une divinité, la déesse
Nout entoure la stèle de son corps (verso).
Belle entre lesfemmes,
VIf siècle av. f, -C. (?). Bois stuqué et peint.
Unefille de roi non pareille à voir 1 H aut. 31 cm. Paris, M usée du Louvre.
Noire est sa chevelure plus que le noir de la nuit,
87. Stèle cintrée de la dame Tentperet :
Plus que les grains de raiïin et lesfigues . la défunte faisant une offrande à
Blanches sont ses dents ( ..) Rê-Horakhty (recto). VIf siècle av. f, -C. (?).
Bois stuqué et peint. H aut. 31 cm. Paris,
Ses seins sont bien plantés su.r sa poitrine.
M usée du Louvre.
Quand la robe n 'est pas colorée en jaune ou brun, la chair parait d'un rose
tirant sur I.e jaune clair, très différent de l'ancienne teinte ocre que l'on
observe en core dan s beauco up d e pe intures p ou r tant admirables d e
l'école thébaine. L'éclat des offrandes p lacées sur le guéridon central est
d' une richesse éblouissante, et l'artiste, comme dans la peinture de la dame
Tentperet du Louvre, sait créer de subtils rapports enlre les rouges écla-
tants des disques solaires à la partie supérieure, ceux des vases de parfum au
sol et l'alternance des verts, des jaunes, des bleus et des gris sombres. Parfois, à bouts arrondis, colorée d 'un rose sou ten u en treco upé de zébrures blan-
au con traire, la dominante en verts et bleus requ iert des rouges p lus do ux, ches et de quelques to uffes Yer tes. Un aulre a nettem en t divisé la surface
el l'e nsemble en demi-teinte donne des symphonies amorties tout à fait dont il disposait en de ux r egistres. Tou t en bas, la scène terreslre : une
p laisantes. pauvTe femme vêtue seu lement d'une robe noire, agenouillée à la lisière du
Une métaphysique indubitable commande ces compositions lumineuses. désert, se frappe le front d evant trois tom beaux; u n sycomor e et d eux
Tl suffirait de voir, pour s'en convaincre, comment des rayo ns de fl eur s palmiers marquent Je début des cultures ; à côté, un bassin de libation et un
multicolores jail li ssent du disque solaire pour illuminer d 'or et de Yi e le petit autel avec deux pains. Les couleurs un peu ternes con tras tent avec
visage de la déd ica nte, comme dans le rile de l'« uni on au d isque". L'enca - l'éclat de la scène supérieure, presque quatre fo is plus haute. C'est le mo nde
drement cosm ique de quelq ues-unes de ces scènes y ajouterait une valeur réel de l'éternité, où la dame" Thot-a-di t-qu'elle-viw! , p résen te éternel-
inattendue dans des documents apparemment si humbles. Par m oments, lement à Horakhty l'offrande de toutes choses bonnes et pures q u'ell e
l'artiste a tenté encore un pas de plus. Dans un exemplaire du Caire, il a partage pour toujours avec le dieu. Pou r bea ucoup de raisons qu'il n 'est
fi guré le désert au-dessous d u tableau :u ne sorle de longue bande épaisse pas possible d e développer ici, on p eut p enser qu e nous avons -là une
146 transcription colorée des conceplions que Platon a développées dan s le 88. Deir el-Bahari. Stèle cintrée dédiée à 147
mythe de la caverne. une chanteuse d'Amon : la défunte faisant
une offrande à Osiris. Bois stuqué et peint.
JI nous plaît d 'arrêter sur ces con sidéraLio ns cette courte recherche sur H aut. 43 cm. Le Caire, Musée égyptien.
l'art de ces temps de transiLion où la civilisation égyptienne a tra nsmis ce
qu'elle avait acquis à celles de la Grèce et de Rome. La force allait passer
à l'Occident, pou r un temps au moins. Dans cette fermentation intellecluelle
où se créa l'hermétisme, puis le n éo -platonisme, et où se développèrent
la gnose, les religions de salut, puis le christian isme, o ù enfïn les scien-
ces, l'alchimie et la magie rêvèrent de transform er la nature, les artistes
essayèrent en Égyp te, au point de jonction de l'Orient et de l'Occident,
de traduire par les volumes, les form es et les couleurs, celte vision i.ntérieure
qui préoccupait la plus haute humanité de ce temps. Ils surent tran scrire,
de façon parfois éblouissante, dans la matière rebelle l'exigence suprême à
laquelle conduit le tTavail inLérieur de l'esprit, celle de l'impérissable réalité
d 'un monde transcendan t.
CHAPITRE Ill
Statuaire
par Cyril Aldred
149
INTRODUCTION
Si les premiers rois bubastides ont produit des statues en pierre origi-
nales, il n'en est rien resté, et l'habitude d'usurper les monuments anté-
rieurs persiste tout au long de la XXIIc dynastie. Avec l'accession au
pouvoir d'Osorkon II vers 870, cependant, une nouvelle vigueur apparaît
dans toutes les formes de la sculpture; ce roi fit élever des constructions
à Tanis, Bubastis, Memphis, Karnak et en bien d'autres sites; on dut donc
commander des statues pour ces édifices; mais seul le temple de Tanis
nous a laissé quelques témoignages du style et de la facture des nouvelles
œuvres de ce règne.
La plus ancienne, et à bien des égards la plus remarquable des statues
de rois libyens, est celle d'Osorkon li; elle est en !,'Tanit, grandeur nature,
et figure le souverain agenouillé présentant une stèle gravée d'une requête
aux dieux de Tanis. La statue est malheureuse ruent dans un triste état; la
tête se trouve à Philadelphie et le corps au Caire, mais la qualité du travail,
97. Karnak, favissa de la cour de la cachette. 161
160 les grandes dimensions, l'attitude athlétique et énergique frappent d'emblée.
Tête d'une statue colossale du roi Chabaka.
Il est clair que cette œuvre fait revivre les meilleures traditions des artistes XXV' dyn. (vers 710 av. ].-C. ). Granit.
de l'époque thoutmoside qui avait déj à fourni un point de d épart aux Haut. 97 cm. Le Caire, Musée égyptien.
une série in comparable de statues en pierre dure de le urs enfants et de re présentatif. Au corp s très s tylisé du défunt accroupi, les mains et les
leurs proches a été retrouvée à Thèbes. Par leur travail magnifique et leur trai- coudes repliés sur les genoux tirés sous son manteau, on a ajout·é une tête
tement sobre, ces effigies sont techniquement et artistiquement plus bell es soign eusement travaillée comme un portrait idéalisé qui ressemblait sans
que tout ce qui a pu être réalisé au Nouvel Empire après la XVIII" dynastie. doute fort peu à son modèle réel.
Elles montrent une transition entre le style thoutmoside qui est leur point 96 L'effigie en granit de la dam e S h ebensopdou , fill e du grand prêtre
de départ et la tradition plus austère que reprirent les Kouchites. En fait, Nemrod et p etite-fille d'Osorkon Il, es t un exemple rare d'une statue assise
la raison de l'apparition rapide et parfaite des beaux monum ents de la de l' époque; elle doit être considérée comme l'équivalent de la statuaire
XXVe dynasti e doit être attribuée à l'existence à Thèb es d'une école tloris- en pierre de dames royales de ce temps qui, malheureusement, fait défaut.
sante de sculpteurs très habiles dans l'art de réaliser des statues de granit et La gravure d'images de divinités sur le vêtement rappelle les incrustations
autres pierres dures et d 'y graver des inscriptions. des sculptures de métal de Takoushit et de Karomama, mais l'a ttitude solen-
La plupart de ces statues votives situées dans le grand temple d'Amon nelle, une main à plat sur la cuisse, l'autre tenant un bouton de lotus, et la
reproduisent le modèle cubique du personnage accroupi; celui- ci n 'offrait longue perruque tripartite tra ditionnelle, un peu en contrad iction avec les
manches évasées du vêtement, donnent à celle grande œ uvre votive une 98. Karnak. Tête d'une statue du roi 163
162
Taharqa. XXV' dyn. (vers 680 av. f.-C. ).
sérénité beau cou p plus monum e n tale. La position d es mains re pre nd Granit. Haut. 35 cm. Le Caire,
une convention commune au d ébu t d e la xne
dynastie qu i de viend ra M usée égyptien.
désormais une source d 'inspiration pour les artistes thébains.
95 En Basse -Égypte, le sculpteur de l'effigie en basalte noir du vizir Hor
maîtrisait de façon semblable la technique de sculpture des statues en pierre
dure ; en outre, par sa posture et son vêtement cette œuvre s'écarte du
répertoire plu tô t lim ité des attitudes adoptées pour la statuaire de temple.
La position accroupie asymétrique est inhabituelle, bien qu'elle apparaisse
sporadiquement dans la sculpture dès l'Ancien Empire. Ici sa réapparition ,
de même que la tête rasée, le pagne très simple et l'absence de pilier dorsal
donnent nettement l'impression d 'un autre exemple inspiré par un retour
au lointain passé. Le fini so igné de la pierre dure et l'expression aimable
des traits légèremen t souriants sont cependant bien dans les traditions
qui seront celles de Basse Époque.
manifeste dans les arts. La statuaire en gén éral obéit à deux genres. Il y a
d'abord la poursuite de l'austère style officiel que l'on avait mis en évidence
dan s les statues -cubes e t les autres monum e n ts d e la région thébaine
pendant les dynasties libyennes. Parallèlement à cette tradition, il existe une
statuaire p lu s puissante et plus gra ve qui dépeint avec un réalisme p éné -
trant les traits ethniqu es et le phys ique caractéristiques des Kouchites
p lus négroïdes.
C'est au premier groupe qu'appartient la partie supérieure d'un colosse
de Chabaka en granit rose, en provenan ce de Karnak. Ce tte œ uvre a été 97
fortement inspirée par le style du Moyen Empire des statues colossales
en pierre dure de Sésostris Jer en provenance du même site. Il y a cependant
des traits individuels qui n 'appartiennent qu 'à la xxve dynas tie: les
sourci ls traités en li stel, les jo ues épanouies et le "pli kouchite " à peine
perceptible, ce sillon qu i va des ailes du nez a ux coins de la bouche et
qui tend to uj ours à être souligné dans les re présentations égyp tiennes
des Nubi ens. Il y a a ussi le double urœus pour lequel les rois kou chites
marquèrent une nette préférence ; dans le cas présent cep endant, il a
été tran sformé en un se ul urœus par un pharaon postérieur (sans doute
Psammétique II) qui usurpa la statue.
La statue acé phale de 1ànoutamon en provenance du Gebel Barkal, actuel-
lemen t à Toledo (Ohio), est une œ uvre remarq uab le de ce sty le. Elle montre
un 1·igo ureux tra it-ement bipartite du torse. La musculature sobre mais
tendue est dans la tradition classiyue. Il y a cep endant d 'autres s tatues
166 101. Louxor. Buste d'une statue de la 167
Divine Adoratrice d'Amon Aménirdis l" ,
debout, consacrée par Chépénoupet.
XXV' dyn. (vers 680 av. ].-C.). Granit.
Haut. totale: 1 m. Le Caire, Musée égyptien.
1 1
168 103. Karnak, favissa de la cour de la cachette. On continua de réaliser une sculpture de métal pendant la xxvedynastie,
Statue cube de Hor, prophète de Montou, bien que ne nous soiL parvenue aucune œ uvre à une échelle plus grande
accroupi. xxv· dyn. (vers 650 av. ].-C.).
Schiste. Haut. 50,5 cm. Le Caire, que celle des statues votiYes agenouillées ou debout. Parmi celles-ci, la repré-
Musée égyptien. sentation de Chabaka au Musée d'Ath ènes est sans doute la plus remar-
quable par son détail incisif et ses brillantes qualités techniques ; elle montre
à une petite échelle toutes les caractéristiques du style koucbite relatiYcs au
costume, au portrait: et au p hysique.
On ne connaît pas de statues de reines de cette dynastie; on doit en cher-
cher des équivalents clans les st.atues des filles royales adoptées par celles qui
les précédaient en tant que Divines Ado ratrices du dieu Amon à Thèbes.
Un certain nombre de ees représentations nous est heureusement parvenu.
La première el la plus renommée est la sta tue en albâtre d'Aménirclis J,.c 100
en prove nance de Karnak. C'est un e œ uvre d e style idéaliste : les traits
joufflus et l'embonpoint de la femme nubien ne sont rendus avec la plus
grande discrétion clans une pierre semi-translucide qui est: aple à adoucir les
détails ct à estomper le modelé. Néanmoins le " pli kouchite" aux ailes du
nez esl apparent; les détails de la robe, des bijoux et de la coiffure ont été
soigneusement rendus.
La statue posthume en graniL, consacrée à Aménirdis par Chépénoupet 101
qui lui succéda, est: plus réaliste par le portrait; les meilleures proportions
que lui donnent sa haute couronne ct le modelé de quali té supérieure du
corps en fonl un e œ uvre d 'art beaucoup plus attraya nte. Le sphinx de
Chépénoupet II présent.ant un vase à tête de bélie1; à Berlin, a été inspiré par les 102
sphinx des reines du Moyen Empire qui portaient la grande perruque hatho-
riquc; le portxait témoigne du même style réaliste. Il existe des statuettes des
DiYines Adoratrices en bronze, en pierre, en faïence et en ivoire. La plus
remarquable est la fïgurine de faïence, en provenance de Karnak, malheu -
reusement mulilée, qu i rnont1·c Aménirdis p·e assise sur les genoux d'Amon;
ils sont enlacés dans une mutuelle éLreinte ; c'est une représentation à trois
dimensions d'un thème qui se rencontre plus ti·équemmcnt clans le bas-relief
La statuette d'une reine ou d' une Divine Adoratrice au Musée d'Édimbourg 104
est un exemple rare de figurine sculptée en ivoire ; elle est exceptionnelle
par la précision de son détail et son excellen t état de conservation , bien
170 qu'il manque sans doute le flagellum en or des reines, dans la main droite 105. Karnak, fa vissa de la cour de la 17 1
cachette. Statue d'Harmakhis debout,
refermée. Ses proportions sont moins élégan tes; elle veut sans doute repré-
grand prêtre d'Amon, fils de Chabaka.
senter une Adoratrice dans l'embonpoint de ses années de maturité. XXV' dyn. (vers 680 av. ]. -C. ). Quartzite.
La statuaire de personnes privées de la dynastie kouchite provient presque H aut. 66 cm. Le Caire, M usée égyptien.
1 exclusivement de la cachette de Karnak et révèle un développement du
style thébain officiel par sa taille soignée et son beau fini, mais elle est
1
beaucoup plus aventureuse dans le choix des form es et renonce à la statue-
cube a u profit de l'effigie votive d'un personnage debout ou à genoux.
Quand elle choisit la statue-cube comme moyen d'expression, elle a tendance
à préférer un modèle de la XVIIIe dynastie. Ainsi dans la statue de Hor, les 103
pieds laissés à découvert, les mains qui serrent des emblèmes, la perruque
bouclée et les contours du corps qui se dessinent sous le vêtement bien
ajusté montrent un retour au style dominant des règnes d'Aménophis II
et Aménophis III. De tels modèles devaient exister en grande quantité dans
les enceintes des temples de Thèbes à cette époque. La statue de Hor appar-
tien t à la fin de la xxve dynastie, et ses caractéristiques se maintinrent un
moment pendant l'époque saïte.
La statue en pied d'Harrnakhis, fils de Chabaka qui lui accorda la fonction 105
importante de grand prêtre d'Arnon à Thèbes, témoign e d'un retour au
style des effigies royales du début de la xnedynastie, elles -mêmes réali-
sées sous l'inspiration de modèles classiques de la IVe dynastie. Les larges
épaules, le shendyt et les jambes aux muscles tendus suggèrent une compa-
raison avec les statues de Sésostris Jcr de Karnak, mais l'attitude des mains
qui serrent des tronçons de sceptres ne se retrouve pas dans la statuaire
en pierre de personnes privées après l'Ancien Empire. Le crâne rasé cepen -
dant, bien qu'il rappelle peut-être les modèles de la fïn du Moyen Empire,
appartient à la tendance idéaliste contemporaine ; il modifie le visage
négroïde aux joues pleines, aux lèvres épaisses et débordantes, au nez épaté.
Le traitement quelque peu sommaire de la statue est sans doute dû pour une
104. Statuette d'une reine ou d'une Divine grande part au quartzite dur et difficile à travailler dans lequel cette œuvre
Adoratrice d'Arnon debout, Arnénirdis II(?). a été sculptée.
XXV' dyn. (vers 670 av. f. -C.). Ivoire.
Haut. 19,9 cm. Édimbourg, Royal Scottish La statue de Khonsouirâa au Musée de Boston révèle la même attitude et le
Museum. même style : elle a été taillée dans une pierre très dure à laquelle cependant
173
172 106. Karnak, favissa de la cour de la cachette.
Statue de Montouemhat, prince de Thèbes,
debout, dans l'attitude <<royale>>. XXV' dyn.
(vers 660 av. f. -C.). Granit. Haut. 1,34 m.
Le Caire, Musée égyptien.
traits individualisés est rendu avec un réalisme magistral; les rides et les plis
de la figure donne n t une expression r ésolue à ce di gn itaire qui fiL face
à des tâches d iffi c il es, comme la r emise en ordre de Th èb es après que
l.es Assyriens l'eurent mise à sac et les exigen ces du nouveau pharaon saïte.
Les qua lités particulières de ce re ndu très scru puleux en font s ùrement
le portrait le plus auth entique qui nous soit parvenu de ce grand h omme.
Par contraste, la statue assise de Berlin, qui représente Montouemhat
enveloppé dans un long m anteau, fait r evinc le style officiel du début
de l'époqu e thout.moside; c'est un portrait tout à fait idéaliste qu i donne
totalement l'impression d'être une tentative consciente de pure rech erche
du passé. Entre les extrêmes figurés par ces deux statues, se place le ll'agrnent
de granit n oir en proven ance du temple de Mout à Karnak ; il provient d'une
statue du dignitaire offrant une stèle. Le portrait inhabituel, mais pas unique,
d 'un homme chauve avec une couronne de ch eveux cach ant les oreilles et
la nuque semble apparten ir à la fin de la carrière de Montouemhat; les traits
burinés, les rides a utour du nez et les bajou es trad uisent la résignation
d'un h omme plus âgé; mais les lèvres épaisses sont sculptées avec un style
en quelque sorte conventionn el, et le modelé plas tique de la statue de
Karnak le ur fait défaut.
Ainsi les styles id éali ste et réaliste pouvai ent coexist er dans
la statuai re 179
de ce tte dynastie; outre Mo ntouem hat, d'autres grands dignita
ires comme
Harwa purent comma nder des statues dans ces de ux genres.
L'ÉPOQUE SAJTE
La conquête de l'Égypte par les Perses mit en jeu des facteurs entièrement
n ouveaux. Les r ois ach éménides organ isèrent leur riche provin ce sous
la direction de leurs satrapes et de leurs collaborateurs avec une efficacité
que leurs successeurs grecs et romains devaient copier. Ils ouvrirent le
pays à d 'autres peuples de leur Emp ire : aux Perses, aux Grecs, aux Jui fs et
aux Phéniciens. En face de cette prédominance étrangère, les Égyptiens
se tourn èrent plus que jamais vers les pratiques qu'ils avaient mises en
œuvre durant les siècles précédents. S'accrochant à lem passé, ils résistèrent
à leurs conquérants avec une ardeur xénophobe et se soulevèr ent contre
e ux sous la direction de princes indigènes chaque fois que l'occasion s'en
présenta.
Le retour aux grands styles du passé se poursui vit avec une ferveur renou-
velée; on aj outa au répertoire des modèles l'art de la période saïte, voyant
rétrospectivement en elle un âge d'or où la culture égyptienne s'était épanouie
sous le règne de pharaons indigènes avant la catastrophe.
L'angoisse mentale de cette époque, en particulier dans la classe régnante,
affecta la statuaire de plusieurs faço ns. Le costume perse, en particulier le
vêtement à m anches longues, est quelquefois porté par les grands digni-
taires q ui collaborai ent au gouvernement. Le recueillement mélancoliq ue
qui apparaissait déjà à l'époque saïtc s'accuse dan s l'expression résignée
avec laq uelle le visage des sta tues regarde le monde trou blé. Ce fut une
période où l'idée se répandit que le succès matériel dépendait surtout d'une
conduite vertueuse; le portrait du défunt pouvait donc exprimer celle grâce
in térieure spir ituelle qui lui avait assuré une haute fonction et des récom-
penses matérielles, comme le privilège d'ériger sa propre statue dans l'enceinte
11 8. Statuette de roi agenouillé. sacrée. Le nombre d 'effigies qui représentent le défunt en communion avec
XXIX' dyn. (vers 390 av. f .-C.). Bronze.
son dieu au moyen d'une image de la divinité ou de son symbole s'accroît.
Haut. 16,5 cm. Londres, British Museum.
Dans quelques rares cas le sentiment de participation peut s'exprimer par w1c
119. M emphis (?) . Buste d'une statue attitude extatique, le visage le1·é vers les présences diYines.
d'homme inconnu. XXVll' dyn.
(vers 450 av. ]. -C.). Schiste. Haut. 25,1 cm. La statue de Pt:ahhotep, en schiste noir au Musée de Brooklyn, malheu -
Paris, Musée du Louvre. reusement: mutilée, figure le trésorier de Darius Jer dans le costume perse à
190 120. Tête d'une statue de roi, Nectanébo 121. Sebenny tos. Torse d'une statue 191
l" (?).XXX' dyn. (?) (vers 370 av. f. -C.). du roi Nectanébo rer debout. XXX' dy n.
Schiste. Haut. 35,5 cm. Londres, (vers 365 av. f.- C. ). Basalte. Haut. 62,5 cm.
British Museum. Paris, M usée du Louvre.
XXXc dynastie.
Les tor ses de la sta tuaire roya le d e la XXXc dynas ti e qui nou s son t 123. Karnak, favissa de la cour de la
cachette. Statue reconstitué e du prêtre
parvenus révèlent la même exécu tion soignée et le mêrne fini poussé que
Osirour. XXX' dyn. (vers 350 av. f. -C. ).
121 les têtes. La statue de basalte acéphale de Nectan ébo Jer au Louvre,
donL
Schiste. Haut. totale : 70,3 cm. New York,
les pectoraux son Lpuissamm ent modelés et dont la partie supérie ure du Brooklyn Museum (tête) et Le Caire,
M usée égyptien (corps).
corps est d ivisée d u stemum au nombril par un profond sillon, reste la plus
194 belle de ces effigies fragmentaires. Bien que de même qualité sur le p la n dans la tradition de la renaissan ce saït.e. Seuls son po li très pou ssé el 195
technique, un exemple semblable au British .\1useum est plus man iériste sa superbe raclure, éléments que l'on relrouve dans plusieurs effigies de
par· ses surÜ1ces mieux polies, son aspect plus dodu; ces caractéristiques se la m ême époque comme par exemple la statue " DaLLari , , permeuent
retrouvent aussi dans une semblable statue acéphale au Louvre représentant de la con sidérer comme une œuvre de la xxxe dynastie.
le général 1-Ior, de la même époque. 123 Très différente, la statue d 'Osirour, dont la tête sc trouve au Musée de
On continua de réaliser des effigies elu souverain sous la protection d'un Brooklyn et le corps au Musée du Caire, est sculptée dans un schiste vert ;
dieu incarné par un animal jusqu'à la fin de l'histoire de l'Égypte pharao- elle provient de la cachette de Karnak. Os irour port.e le 1·êtemcnt perse à
nique. P lusieurs statues de Nectanébo Il (Nekhthorheb) debout entre les manches sous le long pagn e enveloppa nt el Lient. une sLalueUe votive de la
pattes d'un faucon se trouYent au Musée du Louvre, à Lyon et à NevY York; 221 trinité thébaine. Bien que son modelé quelque peu grossier présente la
cette dernière forme un rébus aver le nom de Nekh thorheb. Mais les œuvres même unité de forme et de style, elle diffère des sculptures contemporaines
les plus grandes elles plus impressionnantes de sculpture animalière sont les du Delta par son approche plus conservatrice qui perpétue la tradition de
lions en granit rose de Nectanébo Jer au Musée du Vatican. Dans cette dernière l'époque perse e l son arl du portrait réaliste. La têle manque totalement
ve rsion, k lion est couché sur le flanc, la tête tournée à angle droit, les d'idéalisme: la bouche tendue ne sourit pas, ]a lumi ère ne joue pas s ur les
palles antérie ures croisées. Ces images de gardiens vont par paire; le plus traits qui, bien qu'habilement traYaillés, ne sont pas finement polis. Sous la
ancien exemple qui n ous soit parvenu est la paire commandée à l'origine peau, la struchrre osseuse, crâne, ponm1ctt.es ct menton saillant, a été soigneu-
par Arnénoph is TTT pour le temple de Soleh. sement réalisée. L'effeL produit est un portrait "vrai » d' un individu précis.
Les lions de ~eetanébo n 'on t pas la majesté de leurs ancêtres, mais ils Les circonvolutions de l'oreille ont été Lrès h abileme n t sculptées; c' est
expriment de façon impressionnante la pu issance musculaire de l'animal une caractéristique qu i n 'est pas touj o urs a ussi so igneusement r endue,
au repos. Ils ont inspiré les artistes en Europe à partir de la Renaissance même dans des statues importantes. Par de tels détails, cet exemple s'affirm e
lorsqu ' ils furent redécou1·erts dans les ruines de l'Tséum de Rome où ils le précurseur d'une série de portraits réalistes qui prennent maintenant
avaient été transportés au temps des empereurs. place aux côtés des réalisations idéalistes des trois siècles suivants et qui
La st.atuaire privée de celte époque montre des caractéristiques semblables comptent parmi les plus belles œuucs d'art que l'ancienne Égypte nous
à celles de la scul pture royal e: une exécution parfaite, un formalisme un ait léguées.
peu hiératique et un rappel archaïsant du passé glorieux. Parmi ces œuvres,
la statue "Dattari, du Brooklyn Museum est un beau témoignage de ce L'ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE
renouveau; sa perruque boudée esl d ' nn type rare qui apparaît pour
la première fois au début de la xnedynastie sous l'inspiration d'archétypes Le style de la dernière dynas tie indigène se maintint sans interruption
de l'Ancien Empire. Le traitement des boucles stylisées, qui sont laissées pendant l'époque p tolémaïque grâce aux dirigeants anxieux de se faire
en mat pour contraster avec les surfaces de chair polie, est significatif; c'est ,-aloir comme les h éritiers d ' une tradition continue. Les s tatues de ro is
une mode qui devient maintenant connnu11e. révèlent un goût très net pour les œuvres d 'époque antérieure; il derneure 124. Alexandrie (?) . Buste de statue d'un
La sl.al.ue «1yskicwicz » en basalte noir au Louvre esl un au tre tour de 122 cependant difficile de tracer le développement de cette sculpture, puisque roi ptolémaïque. Époque ptolémaïque
(vers 200 av. J, -C. ). Diorite. H aut. 44,5 cm.
{()l'ce technique : c'est une statue guérisseuse dont l'efficacité dép end des aucun de ces restes f'ragmentaires n 'est allrihué sans équiYoqu c. Le buste New Haven, Peabody M useum of Yale
lex les magiqw~s qui y sont gravés. Mais le costun1e et l'altitude sonl toujours 124 d'un Ptolémée au Musée de New Haven, en diorite noire, est.1m bon exemple University.
196 125. Alexandrie. Statue acéphale d'une du travaille plus remarquable de cette période par son modelé sensible, la 197
jeune femme debout. Époque ptolémaïque finesse de son poli el ses traits asymétriques. Cependant certains signes
(vers 300 av. J,-C.). Calcaire dur.
Haut. 50,2 cm. Alexandrie, montrenl déjà que les conventions du style de la XXXc dynastie sont appli-
Musée gréco-romain. quées par simple habitude; la sculpture en relief de l'époque en sera
rapidement victime.
L'effigie presque contemporaine de la reine Arsinoé II à Leningrad est
l'exemple le plus complet de statues de reines de cette période; c'est auss i
l' un des chefs-d'œuvre de l'art ptolémaïque. La sculpture et le fini de la
dure pierre noire sont parfaits et ne craignent pas la comparaison avec
ceux des statues des Divines Adoratrices d'Amon. Les zones non polies :
cheveux et contenu de la corne d'abondance, donnent à la surface de la
statue des textures variées, un avantage qu'accroîtrait la restauration des
yeux incrustés malheureusement perdus. Les traits sont suffisamment
personnalisés pour suggérer que c'est un portrait idéalisé. La conception
et l'exécution de cette œuvre sont typiques .du style égyptien; seule la
corne d'abondance, tenue dans la main gauche pour contrebalancer la
croix ansée dans la dextre, révèle une concession aux adorateurs grecs
d'une reine divinisée.
Une autre caractéristique de l'art ptolémaïque est la grande sensualité
des formes féminines sous-jacentes. L'érotisme dans l'art égyptien a com-
mencé dès la période amarnienne, peut-être même plus tôt, mais à l'époque
ptolémaïque il s'exprime sans équivoque. Cette manifestation est sans doute
liée à l'apparition dans les idées religieuses d'un érotisme provenant des
cultes asiatiques; elle est particulièrement mise en évidence dans le culte
d'Isis, qui devait pendant des siècles se répandre à travers l'ensemble du
monde romain. Arsinoé II est déjà une manifestation d'Isis, elle annonce
Cléopâtre VII.
On retrouve le même traitement des formes féminines dans une statue
125 semblable bien qu'acéphale, en calcaire dur, qui a été trouvée à Alexandrie.
Tou tes les zones érotiques ont été explicitement mises en valeur; le Lrait
au-dessus des chevilles révèle que la femme devait porter un vêtement bien 126. Tête d'une statuette d'homme
inconnu. Époque ptolémaïque
ajusté. Le sculpteur de cette œuvre a pu être encouragé à accentuer de (vers 200 av. ].-C.). Schiste. Haut. 9,5 cm.
fa çon idéaliste le modelé plastique des formes féminines par des statues Lisbonne, Fondation Gulbenkian.
alexandrines de même époque représentant Aphrodite; mais elle est rigou- 127. A lexandrie(?). Tête d'une statue 199
d'homme inconnu, dite << Tête verte>>.
reusem.ent sculptée d>après les conventions égyptiennes qu i remontent à la
Époque p tolémaïque (vers 75 av. f, -C. ).
statuaire de la IVe dynastie. En même temps, la fraîcheur et la personnalité Schiste. H aut. 21,5 cm. Berlin, Staatliche
en font un exemple précoce du style érotique ptolémaïque avant que celui- Museen, Agyptisches Museum.
sculptée dans une pierre schisteuse d'un beau gra in. L'exploration tactile
des formes se voit dans le modelé du crâne rasé, le dessin presque décoratif
des rides au coin de l'œil, le lobe de l'oreille, la racine du n ez et la région
labio -nasale ; ce sont là des caractéristiques particulières à ce sculpteur
qu'on reLTouve dans une autre œuvre de toute éYidence de sa main, également
à Berlin.
Cette tête est généralement datée de l'époque saïte, mais B. V Bothmer a
fourni des arguments permettant de la ranger parmi les sculptures du
tentative du sculpteur pour réaliser un portrait «vrai» d'un individu particulier. siècle qui influencèrent l'art du porb·a it de la Rome républicaine; peut-être
1er
Une série de ces têtes-porlTaits, qui perdent souvent très peu à être séparées faut-il y Yoir la conséquence de l'extens ion du culte d'Isis; B. V Bothmer
de leurs corps, nous est parvenue. attire l'attention sur les points de similitude de cette tête et du buste de
Parmi ces exemples, la tête de Detroit en diorite noire est remarquable par Jules César sculpté dans une pierre égyptienne presqu e identique.
le modelé réaliste du visage plein, du crâne chauve, des lèvres charnues et Un exemple significatif de cette m ême tradition qui inspira les têtes -
du menton d'une personnalité dynamique. Par contraste, l.a tête Gulbenkian 126 portraits de la Rome républicaine se trouve être la statue en basa lte gris
en schiste vert représente un homme au physique vigoureux dont les sillons 128 d'Horsahor au Caire représenté dans l'attitude debout traditionnel le de la
reliant le nez aux lèues, la bouche triste et les yeux aux paupières lourdes sculpture égyptienne, le pied gauche en m·ant, et un pilier portant des
montrent la résignation et la désillusion de l'âge mûr. Cependant le plus inscriptions à l'arrière. Le costume comportant une chemise à manches
grand chef-d'œuvre de ces "pièces détachées" est la "Tête verte" de Berlin 127 courtes, un Yêtement ample et un châle à la Van Dyck es t commun à
202 130. Delta. Buste d'une statue de femme tradition. Ici les yeux grands ouverts, traités de façon décorative, ne sont 203
tenant une fleur de lotus. Époque qu'un élément d'une composition dont les durs contours des lèvres et les plis
ptolémaïque (vers 100 av. ].- C.). Granit.
Haut. 31 cm. Le Caire, Musée égyptien. de la peau donnent aux méplats du visage une stylisation géométrique
plutôt qu'un modelé réaliste. Cette tête annonce déjà l'abstraction du style
byzantin.
130 Une statue de femme, exemple rare dans la sculpture de Basse Époque,
est une œuvre qui préfigure le style expressionniste de l'art copte. Seuls sont
traditionnels l'attitude, le bras gauche replié au milieu elu corps et tenant
une fleur de lotus, et le pilier dorsal portant des inscriptions. Le visage
jeune non encore formé, dont les j oues et le menton charnus sont d'un
modelé hardi, est encadré d'une coiffure de tresses stylisées avec en contre-
point la frange d élicate de cheveux sur le front . L'effet global de cette
œuvre con traste n ettement avec celui des statues contemporaines d'hom -
mes mûrs dont le visage est ridé par l'âge et ravagé par les soucis. En fai t,
bien que ce fragment présente certaines affinités avec la statue de Takoushit
aux formes rebondies, il se situe totalemen t hors du temps. Comme une
jeune fille de Renoir, c'est une incarnation de la jeune féminité. Que cette
statue ait pu être réali sée à un moment si tardif est un hommage à la
vigueur et aux multiples ressources des sculpteurs égyptiens qui surent
maintenir leurs traditions jusqu'à la fin de l'antique civilisation pharaonique.
205
Memphis (en 671 ), il s'empara du trésor du palais. Il fit plus, ainsi que nous du dieu dont le mort implorait la protection. De même, à la stèle de pierre,
l'apprend son inscription du Nahr el-Kelb (près de Beyrouth) : il déporta dans souvent déposée dans le sanctuaire d'Osiris ou devant la tombe, succé-
son pays orfèvres et ébénis tes égyp tiens, soulignant: par cela même qu'ils daient de petites stèles de bois, peintes de cou leurs charmantes et formant
étaient supérieurs à ce ux de sa race par le raffinement de leur travail et souvent l'unique décor des chapelles. Cependant, dès la XXVIe dynastie,
l'é légan ce de leur style. les tombes retrouvées dans les oasis (celle de Bahriah, par exem ple) réYè -
Ainsi donc, jusqu 'à la fin des dynasties indigènes et la conquête len t l'uti lisation de nouvelles couleurs pâles :le rose, le bleu et le vert qui
d 'Alexandre en 332, le génie artistique des riverains du Nil était tel qu'il annoncent les tonalités déco uvertes dans le fameux tombeau de Pétosiris
écarta toute attraction pour des influences étrangères durables dans le (contemporain de l'arrivée d'Alexandre) et qui écla irai ent les œuvres alexan-
domaine des formes et des ornementations. Rien ne subsiste réellement, drines et ptolémaïqu es de l'Égypte proprement dite, dep uis les re liefs
dans les arts décoratifs égyptiens, de la brève occupation assyrienne, et, à des temples, les peintures des chap elles funéraires jusqu'aux statuettes
l'exception de points de détail qui seront signalés à le ur place dans les polychromes.
d ivers chapitres de cette étude, on p e ut cons idérer qu'il en est virtuelle- Mais si l'on ,·eut parler de fusion réelle entre les motifs propres à l'art
m ent de même en ce qui concerne la domination perse, certes beaucoup des envahisseurs et ceux du pays d 'Égyp te, on n' en trouve r éellement:
plus longue : de 485 à 404, puis, pour une brève réocc upation , en 341. Il en pas d'exemple certain. L'approche h ellénique était trop diamétralement
ira tout diffëremment pour les arts de métamorphose, dès que l'on aborde opposée à celle de la vieille terre des Pharaons. Pour de très rares cas - dans
la période h ellénistique. le tombeau de Pétosiris, par exemple - , des formes purement grecques et des
Durant la "renaissance" saïte - préparée par les rois kouchites, très thèmes égyptiens sont juxtaposés. Essai sans lendemain. Les Yieux motifs,
imprégnés des traditions de l'Ancien Empire comme de l' héritage rames- en lente évolution , reprennent le dessus et achèvent leur carrière en un e
side et profondément attachés à la rel igion amonienne - ,s i un air de grâce agonie jusque sur les rives du Nil nubien que Byza nce s'efforça de convertir.
et un certain dépouillement intellectuel avaient différencié les œ u vres des Simultanément, dans l'Égypte métropol itaine, les seigneurs, notables et
prototypes antérieurs dont elles semblent procéder, on doit attribuer ce fonctionnaires, enfin gagnés au charm e exotique du décor gréco -romain, se
phénomène plutôt à une éYolution bien compréhensible du style et de son meublaient, se paraient et s'habillaient à la mode étrangère, utilisaient vais-
inspiration religieuse qu'au seul co ntact avec les Grecs des colonies de selle et ustensiles que leurs conquérants avaient in troduits avec eux :dans les
commerçants et les lettrés attirés par la science et la pensée du pays, ou temples, les derniers reliefs, les dem ières statues et les ultimes inscriptions
encore les mercenaires casernés dans le Delta occidental ou à Memphis. Ils hiéroglyphiques prolongeaient un message accessible aux seuls et rares
avaient plus à apprendre des Égyptiens qu'ils ne pouvaient le ur donner. prêtres - en définitive nincus par les vicaires du christianisme naissant.
Cependant, si l'on peut déceler certaines influ ences mineures, c'est bien
dans les arts qui ornent l'existence journalière :meubles, bijoux, vaisselle, Sceaux, scarabées et scaraboides
vêtements, mais non pas dans les objets rituels soumis à un décor qui devait 133-136 Les orfèvres continuaient à monter en chaton de bague, pour le doigt de
se co nformer à la tradition. Pourtant le style de vie, la pensée religieuse l'Égyp tien, le scarabée-sceau nécessaire, durant son existence, pour appo -
évoluaient lentement. Ai nsi saisit-on, par l'affluence de statuettes en bronze ser sa marque sur les récipients ou coffrets à sceller, et qui ornait la main
des divers aspects du divin, munies de dédicaces, que l'image plastique de sa momie pour son voyage d 'éternité. Une petite tige traversait le corps
210 133-136. Quatre sceaux montés en bagues du coléoptère sculpté dans un schiste vert sombre ou un calcaire glaçuré, 211
ou cachets d 'investiture. XXVI' dy n.
ou encore fait de fritte égaleme nt glaçurée ble u turqu oise clair, la plupart:
Or. Larg. du plat: env. 3 cm.
Paris, Musée du Louvre. du temps. Le scarabée form ai t toujours le chaton pi vo tant et dépassait
rarement: la longueur d'un centimètre ct demi ; sa hauteur n 'atteignait pas
même le centimètre. L'empreinte du sceau de son " p lal n continuait à être
appliquée, en général, sur une pastill e de te rre sigill aire sous laquell e
étai ent: pris les liens qu i main tenaient entre eux les battants et couvercles
des réceptacles.
Nature llement, le type du ~ouYe l Emp ire évo lua progressiYem ent par
certains détails, ce q ui permet d'en reconnaître la date d'exécution. D 'abor·d
la forme m ême en fut modifiée. En un premier temps, le p rofî l : le thorax
n'est plu s renflé, comme au Nom·el Empire, en un e bosse proéminente à
l'avant. Peu à peu, la ligne s' harmonise en une courbe régulière du c!tjJeus à
la pointe des élytres. Les pattes, de côté, ne sont plus toujours nen ·eusement
détachées, mais fon t, la plupart du temps, corps entre elles et avec leur
base. Des trai ts en triangle rappellent leur séparation , et un trait horizontal
fi gure le socle. Certains modè les font pourtant exception à cette r ègle
et d emeure nt fidèles au type raffiné du Nouve l E mpire. À partir de la
XXV< dynasLie, le profi l du scarabée-sceau peut être Lrès arrond i, ramassé
sur lui-même, el sa couleur tourne parfois au bleu lapis clair; déjà utilisé sous
le règne d'Aménophis III. À la fin des dynasties indigènes, il peut présenter
un profil sans relief, alors qu'aux époques hellénistique et romaine il reprend
des forrn es exagérément pleines et peut être taillé dans des pierres nobles,
le grenat: par exemp le.
Quant au p lat du sceau , les plus officiels portent les car touches jumelés
des rois contemporains, nom de naissance et nom de couronnement. Entow·é
d' urœus, de quelques signes prophylactiques ou des motifs Yégétaux clas-
siques, un cartouche peut parfo is être re présenté se ul et conte nir en un
jeu d'écriture cryptographique le nom d'Amon . À l'époque saïte apparurent
aussi les noms de rois de la JVc et de la V< dyn astie, rappel des lo intains
ancêtres du temps desquels, au reste, il ne semble pas que ces sceaux par·
ticuliers aient jamais existé. On trouve en core, figurées au p lat des scm·a-
bées, des images magiques d 'an imaux ou d'anmlettes destinées à chasser le
l.
212 mauvais œil: crocodiles, scorpions, ibex maîtrisés ou se n eutralisant en tre 137. Coffre «de rangement >> à pieds, 213
eux, main de protecLion , petit di eu Bès, eLc. Les scarabées de cœur, qui fon t 131 à deux portes et ouvert sur le dessus,
en forme de pylône de temple. Époque
partie de l'équipement fun éraire, sont souvent traités avec leurs de ux paLLes gréco-romaine. Bois. Haut. 50 cm.
antérieures très dégagées, à l' image du scarabée «naturaliste" . A l'époque Paris, Musée du Louvre.
h ellénistique et romaine, le cachet esL presque régulièrement orné d'une
scène mythologique ou d'une image divine.
Dès l'é poqu e saïte, le sceau pe ut. également pre ndre la form e d ' un e
bague en argent ou en o r ma ss if, a u lar ge e l lourd ch ato n ovale, très
proéminent, sur lequel sont gravés les tilres et le nom de son propriétaire.
Il était remis solennellement à son nouveau titulaire le jour de son in ves -
ti Lure ct constituait bien une marque de grande estime propre à inspirer
le respect et l'admiration de tous, nous signalent les textes. Les Égyptiens
prirent aussi l'habitud e, à cette époque, de fabriquer des bagues -sceaux
au chaton d émesuréme nt allongé, en frille glaçur·ée ble u turquoise vif,
sur lesquelles ils faisai ent figurer en creux le nom de leur patron divin,
tel ce cachet conservé au Mu sée du Louvre, dont. le chaton courbe denit
recouvrir trois doigLs, au nom de Khonsou-em-Ouasct Nefe rhotep.
Meubles el ébénisterie
Peu de me ubles nous sont parvenus de cette p ériode de la civilisation 137
égyptienne, car les sépultures retrouvées intactes sont extrêmement rares.
Mais on peut cependant juger, d 'après les tombeaux d es rois des XXJe
et XXlle dynasti es, exhumés à Tanis, que les "trésors funéraires,, même
r·oyaux, ne présenta ient plus la rich esse de ceux des époques précéden tes:
l'aspect funéraire se résumait aux objets rituels essentiels. Nous ne pouvons
donc nous imaginer le trône et les coffres d' un P sousennès, d'un Piankhy, épousant l'arrièr e d u siège. Une variante (toujours d'après les bron zes
d'un Psammétique ou d'un Nectan ébo que par les représentations figurées de la collection Fouquet, actu ellement conservés au Musée de Berlin)
sur les reliefs, les stèles ou les rares peintures subsistant encore, et aussi présente la partie inférieure du siège à l'image des corps stylisés de deux
par des petits groupes en bronze où la divinité est assise en majesté. D'après lions à l'arrêt, pattes avan t jointes, celles d'arrière tendues, la queue enroulée
ces figuration s, le trône pouvait être fait d'un caisson à trois parois, b ordé conLre les pattes situées des deux côtés extérieurs du siège. Les griffes sont
au sommet d'une corniche; à l'arrière, le vautour aux ailes tombantes domi- posées sur des sab ots. E nfin, le dossier et l'amorce d'accotoir sont form és
nant le caisson servait de doss ier surélevé. Ce siège étai t posé sur deux par l'image d'un vautour dressé sur ses pattes, les ailes tendues vers l'avant,
images de !iollS passant, les pattes placées sur l'estrade, ct la qu eu e redressée dans l'attitu de de la protection, la tête d ominant n ettement le siège.
214 Parmi tous les vestiges, on note, pour ces époques, l'utilisation , surtout parfois composés d ' une statuette de Nubienne ou d'Égyptienne nue, aux 2 15
entre les xxe et XXVIe dynasties, des bois de cèdre, de cyprès, de syco- pieds joints (Musée du Louvre), ou encore d' images de lions sur leu r séant
more et de tamaris. Naturellement, les trôn es devaient être plaqués d'or, et (Musée de Brooklyn). Il arrive que le tabouret soit constitué d'un caisson
les motifs décoratifs incrustés de pâtes de verre ou encore d 'appliques ajouré aux pieds formant un cadre géométrique. Le système de renforce-
d'ivoire. Un exemple extrêmement élégant de ce type, remontant à l'époque ment des pieds était conçu pour imiter une palme styl isée, traversée de
d'Apriès, est constitué par une haute fleur de lotus en ivoire :syn thèse de croisillons (re lief de Tchanefer, Musée d'Alexandrie). Enfin, les pieds des
la fl eur d ' un e grande pureté mais empreinte d'une certaine froideu r sièges pouvaient être tournés. Les premiers exemples - timides - de cette
dépouillée de tout détail superflu (Musée d'Édimbourg). techn ique étaient apparus dès la XVIIIe dy nastie (l'extrémi té infé ri eure
La chaise traditionnelle, à la forme élégante atteinte au Nouvel E mpire, cintrée et annelée). Mais, à l'époque ptolémaïque, ce souvenir des pieds de
subit une lente évolution seulement pendant les ne uf dernières dynasties meuble assyriens est repris, en plus raffiné, et durant l'occupation romaine
indigènes. Là où elle est figurée, depuis les tombeaux th ébains saïtes il s'affirme ct sc répand. Cette tradilion réappa raîtra en France duranl le
jusqu'à celui de Pétosiris à Hermopolis, on constate que les pieds sont dernie r tiers du XL\ c siècle.
toujours à l'imitation de pattes de lion, mais les pattes arrière sont campées 82 Les lits funéraires sont toujours fab riqués à l' image des corps très étirés
beaucoup plus en biais, s'alignant sur le profil des pattes arrière des sièges de deux lion s, la queue redressée en une haute courbe. Les plus soignés
- ou des lits - form és de corps de lion. Pour les plus tardives, en tre le sont munis d 'une tête en bronze, finement r eprise au burin. Naturelle-
siège et le barreau de r enforcement, un double croisillon flanque une ment, le lit du grand prêtre P étosiris (relief de sa chapelle funéraire à
barre verticale centrale. Le dossie r, court et très galbé, épouse la form e Achmo unein) évoque une fo rme semblable. Cependant, les pattes sont
du séant. Enfin, les pieds sont posés sur de volumineuses bases tronco- posées sur d es socles évasés et volumin eux. De plus, une galeri e ajourée
niques. Tel se présen te le siège de Pétosiris. Sur une stèle d u Musée de devait entourer et protéger la momie placée su r· le sommier, le chef e ntre
Brooklyn, dédiée par un prêtre d e la seconde moitié de l'époque ptolé- les deux têtes de lion. Enfin, à une époque où l'Égyptien s'efforçait, sans
maïque, une chaise analogue, mais plus profonde, possède deux pieds lendemain, d 'adopter les motifs ioniens, le décor fut complété au sommet
arrière véritablement obliques, et les griffes animales sont exagérément par l'image plastique de deux sphinx unicornes. Cc type de lit, muni
allongées. Il semblerait que l'on puisse, dans cet exemple, déceler l'influence d'une galerie ajourée et même recouverte d'un plafond à claire -voie, est
de la chaise gr ecque, dont l' allure est rappelée par le style Regency très typ ique de la Basse É poque (Musée du Caire). Le complém ent de ce
britannique (tout comme le meuble égyptien classique a influencé les li t funéraire, le chevet, fut aussi façonné pour Pétosiris :un simpl e pied
ébénistes parisien s au retour d 'Égypte). Il faut cependant noter une dif- vertical, flanqué de deux colonnettes papyriformes - évoquant le passage
férence fondamentale : l'Égyptien deme ure fidèle à la logique du décor- dans le marécage primordial - , soutenait le cintre qui devait être placé
symbole, qui évoque le corps d e l'animal-véhi cu le; les pieds -pattes sous la tête du défunt.
demeurent donc tournés dans le m ême sens (alors que le Grec plaçait les Beaucoup de petits coffre ts, aux form es géomé triques, aux montants
pattes deux à deux en directions opposées). saillants, aux incrustati ons en bâlonne ts contrariés, possé d aient d es 138. Tounah el-Gebel (près d'H ermopolis).
137, couvercles plats. Mais le meuble le plus volu mine ux é tait une sorte de Tombeau de Pétosiris, vestibule :
Les tabourets pouvaient également être faits de deux corps de lion, comme
détail d'un artisan travaillant le bois.
les trônes ou les lits étirés; on remarque, pour toute la période étudiée, une 187 coffre à portes et à couvercle rappelant un meuble à h auts pieds déjà Vers 330 av. ]. -C. Calcaire coquillier
assez pauvre variété de décor. À la xxve dynastie, les pieds de meuble sont présent clans le trésor des beaux -parents d'Aménophis III, ou dans celui stuqué et peint.
216 21 7
Travail de l'ivoire
L' ivoire conlinua à êlre ulilisé pour l'ornementation des m eubl es de
toute espèce. C'est, évidemment, lorsque cette matière des objets de petite?
dimensions parut que le talent des artisans transforma les p laquettes déco-
ratives en chefs -d'œmTe. L'étui à miroir de la reine Henout-taouy, épouse
d e Pinedjem 1"'·, en est un exemple célèbre. L'ivoire est fixé sur le bois de
sycomore par un enduit de stu c et est teinté afin de rehausser le décor
gravé qui figure, à l'endroit du manch e, la jeune femme parée de bijoux
et coiffëe de lotus; tenant d'une main un bouquet monté, de l'autre elle
soutient une sor te de fiole à bouchon en forme de fleur. Sous ses pieds, un
dernier registre décoré de papyrus flanqu és d'oiseaux rappelle un motif ana-
logue qui s'é panouit gracieusem en t au somm e t de la boîte d estinée à
abriter le miroir. Rien ne semble avoir changé depuis l'idyllique période
amarnienne, si bien q ue l'on se demande si cet obj et, tro uvé maintenu
dans les bandelettes mom ifiant: la reine, dans sa cachette de Deir el-Bahari,
n'est pas seulement un emprunt des rois-p rêtTes à un trésor royal antérieur.
Un style bien différent est présen té par les panneaux d' ivoire sculp té
provenant d'un coffret de la XXVJe dynas tie ct conservé à la Fondation
Gulbenkian de Lisbonne (ancienne collection MacGregor). D'élégantes fleurs
de papyrus forment, par groupes de trois, le paysage aquatique devant: lequel
défilent des porteurs d'offrandes dans un style repris de l'Ancien Empire.
Mais aussi bien la souplesse de leur mouvement que la grâce des animaux de 139-140 Bien au -delà des temps pharaoniques, les petites plaques d'ivoire conti-
l'offrand e qui les suivent ou qu' ils tiennen t, ainsi que le déta il raffiné des nuèrent à être utilisées dans l'ébénisterie. Du temps où les trib us Blemmyes,
corbeilles et: des paniers transportés, tout nous indique le style saïte dans face à une Égypte christianisée, se faisaient enterrer dans des tumulus au Sud 141. Tell M oqdam. Pectoral en form e de
sa pureté et son charme le plus précieux. Les vestiges de couleur verte d'Abou Simbel, on déposait dans leur mobilier funéraire (à côté de leurs génie criocéphale sortan t d' une fleur de
lotus, adoré par les déesses Hathor et
rehaussant les reliefs transportent celui qui contemple cette œuvre d 'une bijoux barbares, des cadeaux des empereurs byzantins et des trésors hellé- lapis-lazuli.
Maât. XXII' dy n. Or, argent,
extrême délicatesse dans un monde bucolique exprimé avec bonheur. nistiques, fruits de leurs razzias) des coffres plaqués et incrustés de morceaux Haut. 11,7 cm. Le Caire, M usée égyptien.
220 142. Tanis. Masque funéraire
d'Oundjebaou-en-djed, compagnon
d'armes de Psousennès rer. XXI' dyn.
Or. Le Caire, Musée égyptien.
Bijoutiers et otjèvres
Sans la remarquable découverte des sépultures royales de Tanis par
P. Montet, nous livrant les trésors des rois des XXIe et XXIIe dynasties,
nous n'aurions jamais pu connaître les derniers éclats de somptuosité des
pharaons. Certes la qualité et la quantité ne p euvent rivaliser avec l' extraor-
dinaire ensemble de Toutankhamon, mais colliers, p ectora ux et bracelets
constituent encor e de fastueux jalons dans l'histoire de la joaillerie
pharaonique. L'objet le plus remarquable est b ien le plus lourd des
quatre colliers de Psousennès. Primi tivement, sept lourdes rangées
d'anneaux d 'or, enfilés par milliers sur des bourrelets de textile, étaient
réunies à un fe rmoir aux cartouches du roi (double face, et incrusté de
lapis-lazuli d'un côté). De ce dernier pendait, en un riche contrepoids qui
complétait cette" toison d'or», un enchevêtremen t de chaînettes dont
chaque section, terminée par une clochette, était le point de départ de
deux autres chaîne ttes de longueur irrégulière, si bien que, de vingt
anneaux, on aboutissait à plus d'une centaine de fleurettes tombant dans
le dos en une chute aussi plaisante que musicale. Lorsque l'on songe aux
rigueurs du contrôle de l'or (de Kouch) à cette époque, après l'inflation des
144. Tanis. Détail de la patère aux 223
nageuses d'Oundjebaou-en -djed,
compagnon d'armes de Psousennès l".
XXI' dyn. Or, argent, émail cloisonné.
Diam. 18,2 cm. Le Caire, Musée égyptien.
145-146. Tanis. Coupe et vase à long col 225
224
de Psousennès l" terminés en forme de
calice floral. XXI' dyn. Or. Haut. coupe
et vase: 21,4 et 38 cm. Le Caire,
Musée égyptien.
228 D' une extrême habileté, les orfèucs "éthiopiens " de la XXVe dynastie 229
ciselaient avec bonheur les deux serpents d'm qu i rappelaient: au front de
leurs souve rains les deux royautés réunies du Soudan et d 'Égypte, de même
que les têtes typiques de béliers qui ornaient leurs pendentifs.
À l'époque saïte commencen t à poindre les motifs hellénisés qui mar-
quent d' un e élégance exotique les pures et fortes lignes d u style égyptien.
Cette grâce toute de légèreté est: ainsi rappelée par une anse à palmette
(Musée de Boston) trouvée à Daphnae (Tell Defenneh), forteresse où
Psammétique re• avait installé ses mercenaires ioniens et cariens: la poignée
d'or très géométrique semble surgir de deux motifs floraux en éYentail
jaillissant d 'un petit chapiteau ionique.
À la fin des dynasties indigènes, lo rsque la domination perse fait de
l'Égypte une satrapie, l'influence de l'occupant pénètre d.iscrètement dans
la joaillerie, et certains colliers et: boucles d'oreilles sont marqués de fins
protorncs de taureau ou de bouquetin ciselés dans l'or. Dès la période hel-
lénistique suivante, puis sous la domination romaine, la parure des hommes
et des femmes d 'Égypte est gagnée par le goût contemporain , et les fines
chaînettes ornées de petites pendeloques aux mulljples détails retrouvées sur 147-149
les bijoux grecs et romains de cette époque, les bracelets ct les bagues aux
palmettes et aux Éros, puis ceux "aux serpents " de Cléopâtre, enfin ceux faits
de rubans plats d'or entrecroisés des contemporains des Auguste et Tibère
fo nl le ur apparition dans la m étropole. Dans le même tem ps les formes
fidèles au canon pharaonique sont seulement respectées dans les orne - 151
ment:s tnditionnels des derniers p rêtres du culte millénaire, dans les mobi-
152. Amulette en forme de chatte de liers funéraires à l'aspect abâtard.i du lointain Soudan méroïtique, ou encore
la déesse Bastet. XXI' -XXII' dyn. chez les Blemmyes, derniers zélateurs d 'Amon et d'Isis au moment où
Bronze damasquiné d'or. Hau t. 4 cm.
l'Égypte se chri stianise.
Paris, Musée du Louvre.
La vaisselle précieuse d'offrande est également gagnée par les formes
153. Karnak. Partie supérieure de la étrangères voisines :la chapelle fun éraire de Pétosiris nous permet encore
Divine Adoratrice d'Amon Karomama,
debout, vue de dos, portant le gorgerin d'admirer, dans ses reliefs peints, les images de magnifiques récipients à
à contrepoids (ménat, cf. fig. 92). godrons floraux, ou de rhytons que les trésors de l'époque ont lin·és ciselés
XXII' dyn. (vers 850 av. ]. -C.). Bronze
dans l'or et l'argent (Musée du Caire). On retrouve plus de nuance pour la
damasquiné d'or et d'argent. H aut. totale :
59 cm. Paris, M usée du Louvre. composition de l'équipement rituel du mort:, tel ce petit trésor funéraire
230 d'Hermopolis (Musée du Louvre) composé de quatre rares pièces d'orfèvrerie
154. Ballana et Qustul. Brûle-parfum en 23 1
d'or et d'argent dont nous reparlerons. forme de lion à demi dressé sur ses pattes
arrière. Bronze. Le Caire, Musée égyptien.
Les bronziers et les ferronniers
Ils constituent assurément l'artisanat le plus original et le plus déve- 91 -93,
loppé à cette époque. Dès lors l'affluence de statuettes, souvent de bronze 152,216
damasquiné, d 'éléments de m eubles (pieds, cornières, etc. ), d ' obj ets
rituels, de boîtes et d'étuis précieux, est considérable, et la qualité des 132
productions exceptionnelle. Le Louvre possède, entre autres, deux glo-
rieux exemples de cette technique, dont la statuette de l'" épouse divine
d'Amon" Karomama, dédiée par son majordome (à ne pas confondre avec 92, 153
la reine du m ême nom, femme de Takelot II), ramen ée d'Égypte par
Champollion, qui en fit l'acquisition à Thèbes en 1828. Par sa beauté, son
élégance, le raffinement du traité, ell e domine toutes les statuettes de
bronze exécutées à la cire perdue de cette époque, bien que la statuette
d'Osorkon Jer trouvée à Tell el-Yahoudieh , ou celle d e Pétoubastis, 91
fragmentaire, conservée à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne (dont la
haute ur devait être d'environ 1,20 rn), constituent également les témoi-
gnages d'œ uvres admirables, incrustées d'or ou d'argent On a peine à
imaginer l'élégante et svelte Karomama relativement contemporaine de la
dame Takoushit (Athènes), dont la statuette trop potelée, au visage presque
boursouflé, présentait peut-être le type de plastique apprécié dans le
Delta. Cependant, pour l'une et l'autre, les incrustations composant, en
or et en argent, les détails de l'admirable gorgerin et de la robe emplumée
de Karomama, ou celles, d'argent, qui habillent d'emblèmes et d'images
divines le corps de Takoushit, sont d'une qualité égale et parfaite, durant
cette" anarchie libyenn e» où jusqu'à cinq roitelets en viennent à régner
simultanément!
xxve
L'autre trésor illustrant cette technique, mais exécuté sous la dynastie,
est le célèbre étui de l'" épouse divine d'Amon" Chépénoupet II, fïlle de 132
Piankhy et fille adoptive d'Am énirdis p·e, consacré à Thèbes par son major-
dome Hor, fils de Pasechouper. Entré au Louvre à la fïn du siècle dernier,
cet é tui de bronze (comprenant notamment environ 49,3 % de cuivre,
232 155. Ballana et Qustul. Torchère à l'image 233
d'un éphèbe nu portant deux branches
formant les luminaires. Bronze. Le Caire,
Musée égyptien.
24,8 % de plomb, 4,5 % d'étain) fu t éh1dié par Berthelot. Ce dernier décela clan s
les incrustations d'or et d 'argent qui le parent, respecti vemen t au rec to et
au verso, des vestiges de pla tirie. L'o ri ginali té de cette boîte précieuse, ren-
ferman t une: plaquette d 'ivoire, réside dans la t·ech erch c exb·ème appli-
quée à la techniq ue du décor quasiment abstrait du sommet de sa face
principale, évoq uant u n visage habilement rendu par les yeux magiques,
image de l'éternité encadran t le signe nefer de la vitalité, et posés sur deux
corbeilles, signes des j ubilés. Le symbole du ciel p iqué d'étoiles d'or incrus-
tées m is à part, to ut le décor a été réalisé par des motifs en relief fixés à
chaud sur le bronze par l'intermédiaire d'un liant. Et ces motifs sont d'argen t,
plaqués d' ur1c fin e couche d'or, 'c e qui le u r donne une teinte d'or clair,
cependant que les qua tre barres h ori zontales du nefér son t en or pur. En
revanche, la corn ée de l'œil, si bla nch e, est en or, recouvert d' une plaqu e
d'argen t. La pupille noir-bleuâtre est peinte à l'outremer, comme le fond des
deux fleurettes d 'or qui cen trent les corbeilles. Le ni elle, constaté spora-
diquement dès le début du Nouvel Empire, réapparaît donc sur cet objet,
utilisé avec raffin ement, ct d onne raison à Pline lorsqu'il relatait que des
Égyptiens teign aient l'argent >>.
Décors et hiéroglyphes de l'étui son t incrustés de fil d'or au recto. Au
verso en revanch e, les inscriptions sont de fil d'argent:, dominées par un
tableau où Chépénoupet joue des sis tres devant la triade thébain e, surface 156. Fragment de pectoral funéraire.
lisse où brillent encore les fil s d'argent intr oduits dans le bronze jadis teinté, Époque ptolémaïque. Or et argent incrustés
de pâtes de verre. Long. 13,3 cm. Paris,
semble- t-il. M usée du Louvre.
234 157. Tounah el-Gebel (?).Fragment Une prolifération d e statuettes de bronze se développe jusqu'à la 235
de couvercle du sarcophage de XXXe dynastie, au point d'en être industrialisée. Leurs proportions les
Djed-Djehouty-iouefankh: détail
des inscriptions hiéroglyphiques. rendaient plus accessib les, manipulables aussi, et, les concepts évoluant, la
rv' siècle av. ]. -C. Bois de sycomore incrusté statue du défunt candidat à l'éternité ou la stè le rituelle consacrées dans les
de pâtes de verre polychromes. Haut. totale
sanctuaires populaires furent remplacées par l' image matérialisant le
du fragment: 70 cm. Turin, Museo egizio.
principe divin invoqué, devant laquelle le bénéficiaire (souverain ou humble
mortel), sous la représentation d'un minuscule orant, adressait sa supplique.
Formes humaines et animales sont alors exécutées par milliers, les plus
raffinées toujours damasquinées, ou encore plus rarement niellées, les plus
prestigieuses évoquant le corps humain parfait, habité par l'étincelle du
créateur, les plus familières livrant tout le bestiaire égyptien. Ce dernier
thème est égayé par la chatte de Bastet, entourée de ses cha tons qu'elle
allai te; ou encore, à l'éch elle de son image vivante ou miniature, elle trône
dans l'attitude qui l'a éternisée :sur son séant, les deux pattes avant redres-
sées, le long corps effianqué, la tête droite aux oreilles pointues encadrant le
scarabée de turquo ise, le cou orné d'un collier et la queue soigneusement
ramenée contre sa patte antérieure droite.
Les bronziers sont sollicités pour fabriquer certains meubles du culte,
destinés aux temples, tels des guéridons et des tables basses rectangulaires,
et des objets rituels, mais deux pièces essentielles font d'eux les précieux
artisans des finitions d'un sanctuaire. D'abord les lourdes plaques aux
cartouches des fondateurs, glissées à la base des mâts ornementaux devant
les pylônes des temples, et puis les garnitures inférieures et supérieures des
colossaux battants de cèdre cloutés des portes des pylônes, qui leur permettaient
de piYoter sur leurs gonds. Il y avait aussi les éléments de serrure de certains
tabernacles, constitués par de massifs loquets en forme de boîtes rectangulaires,
terminés sur l'extrémité visible par un protome de lion, et qui étaient manœu-
\Tés sur la glissière de fermeture au moyen d'une grosse chaîne terminée par
un motif en forme de cœur. Ainsi, gardien des issues, le roi des animaux cons-
titue toujours, à la Basse Époque, un thème qui, deux millénai.res plus tard,
sen·ira encore de décor aux marteaux des portes du monde occidental.
Dès l'époque des Pyramides, les mobiliers précieux comprenaient des
lampes-coupelles sur pied et des sortes de brûle-parfum façonnés dans le
236 158-159. Deux petits génies accroupis fer fut travaillé en Égypte même, dans le Nord (à Naucratis et à Defenneh, 237
portant perruque et large pectoral. principalemen t). Peut-être introduit en Nubie par Taharqa , ou p lus tard
Pâte de verre. Le Caire, Musée égyptien.
par les mercenaires carielis et ioniens de Psammétique II (vers 590), son
minerai p roùendrait du Désert oriental, près d'Assouan. Le travail du métal
impliquant un martelage à chaud, l'usage en sera it d'autant plus tardif que
l'apparition du marteau à long manche se fit attendre.
petite lampe en forme de nacelle, si u tilisée à l'époque hell énistique 163 \Oisinant souvent avec de petites œ nochoés aux contours plus ou moins
et décorée de scènes mythologiqu es, emprunte sous les Romains et les purs. Il semble que le Yerre soufflé n'ait pas été connu aYant l'époque
Coptes la fo rme d'un visage humain, d'un batracien, d 'un poisson ou romaine, ou même avant les débuts de l'époque chrétienne d'Égypte. Mais
d'un dauphin à la nageoire caudale s'épanoui ssant en corolle. Un e version le goût d es ,-erriers s'orienta instinctiwment vers la prod uction de p etits
de ces lampes, avant que ne disparaissent les tardives formes artistiques 160 récipients aux parois minces et transparentes. Si le Yase du Louue en
ch ères aux derniers adorateurs d'Amon et d'Isis, a été retrouvée dans les forme de poisson ne portait pas les traces des deux parties de son moule,
tombes de Ballana et de Qustul, en Nubie, apparaissant dans une compo - 154 on aurait pu le citer comm e un exemple de verre souillé. Au reste, il remonte
sition plus proche de la Grèce que de Byzance. De ux lampes de ce type très certainement à l'époque ptolémaïque et, façonné à l'image du poisson
entrent en effet dans la composition d'une torchère à l'image d'un éph èbe 155 latès de la déesse Neith, il avait dû sen·ir à véhiculer l'eau précieuse de l'i-
nu portant, en haut de deux branches aménagées, les luminaires ains i nondation, talisman unique, recherchée par les Égyptiens en voyage, et
exhaussés. surtout par les femmes stériles à q ui ell e de,·ait faire connaître les joies
La métallurgie du fer, introduite très sporadiquement à la xxe dynastie de la maternité .
(armes pour affronter les Peuples de la Mer et chaouabtis de Ramsès III en Dès la XVIIIe d)naslie, certain es pierres nobles trop rares pour être utilisées
fe r, au Louvre) et durant la Troisième Période Intermédiaire (bracelet de couramment dans la bijouterie ou dans le décor architectural précieux - tel
Sheshonq II, en or, orné d'un œil sacré de fer, au Musée du Caire), ne connaît le lapis -lazuli - ,ou trop fragiles pour conserver durabl ement leur couleur
un dévelop pement certain qu'à partir du vre siècle, lorsq ue le minerai de - c'est le cas de la turquoise - , étaient parfois remplacées par des pâtes
238 161 . Fragment de plaque à dessin floral, 239
dite« millefiori >>. Époque romaine. Verre
polychrome. Le Caire, Musée égyptien.
144 E nfin les patères rituelles, elles aussi, dont on a vu que le trésor de Tanis
perpétuait touj ours, dans les métaux nobles, les formes el les décors rames-
sidcs, pouvaient, à la Gn des dynasties indigènes, être tra itées en coupelles
de délicale fritte vernissée bleu turquoise clair, ainsi q ue J'illustre un rare
exemp le conservé dan s une collection particuli ère et provenant vraisem -
blabl ement d e Dendara. Sur le sign e des jubilés, un épisode nil otique
172 occupe tout: le fon d du récipienl. On y voit une jeune femm e nue marchant
q ui escorte un bO\·idé dont elle tient la que ue. De l'autre main, to ut en
respirant un lotus, elle éq uilibre une palanche à laq uelle sont suspendus des
papyrus et des poissons bulti : scène bucolique empreinte de la grâce de la
jouvencelle, et q ui unit la loin taine inspiration de l'Ancien Empire à la
poésie des scènes contemporaines de l'arrivée d'Alexandre sur les rives du
Nil. Grâce à l'heureux passage dans le marécage des premiers te mps, et
possesseur du po isson de la renaissance, animé par l'odeur revivifiante du
lotus, le défunt bénéficiaire de l'eau contenue dans la patère connaîtra la
félicité éternelle.
Charmants récipients anthropomorphes ou thériomorphes (tel ce joueur
de doub le hautbois et son petit singe, ou cette to urterelle) en pâte très
fine refl étant la grâce de l'Hellade et, pour l'époque romaine, sortes de
poliches avec ou sans anses, ou coupes sur les lèvres desquel les trônent
des animaux en relief modelés en terre peu compacte mais revêtue d'une
épaisse glaçuration bleu vif, ou verte à fond noir, à l'imposant décor végétal
sai ll ant - telles sont les dernièr es manife sta lio ns d e la céramique sur
248 171. Vase à deux anses et décor le s bords du Nil, jusqu'au m om ent où les légionnaires de Petronius
floral en relief. Époque ptolémaïque.
chassèrent les armées de la Candace méroïtique jusqu'en amont de la
Terre cuite vernissée. Haut. 20,7 cm.
Paris, Musée du Louvre. Deuxième Cataracte.
252 munis d'un collier d'où émergent les deux bras. Un objet de cette espèce, introduite dans le mobilier funéraire. L'insou ne présentait plus, alors, tout 253
à tête de crocodile et ayant appartenu à un prêtre de Sobek , en bronze son environnement de statuettes de pharaon officiant et d'images divines à
incrusté d 'or et d 'électrum, figure parmi les collections du Louvre. Les forme humain e ou animale, d ' emb lèmes sur hamp es fichées dans un
motifs de certains autres sont parfois ajourés, et l'ovale qui évoque le bassin immense coffre précieux, lui-même maintenu et transporté sur son célèbre
possède toujours un décor en rapport avec la symbolique de la renais- brancard. Mais l'essentiel y éta it; et certains musées possèdent encore, en
sance : vache Hathor ou Isis allaitant dans les marécages, sistre flanqué min iature, la base arrondie et éYidée, en pierre fine mouchetée, ornée de
de chats, poisson du devenir, etc. La tête, en relief, peut aussi être en tourée quatre protomes de lion, dans laq uelle était fixé cet emblème illustrant, à lui
d'un long collier: véritable égide, tout aussi populaire à cette époque et: qui seul, tout l'espoir de la renaissance d'Osiris, projeté dans le nouveau soleil.
semble sortie d' un ornement de proue des barques royales. Ces égides sont Enfin, parmi tous les objets exhaussés vers la face divine : colliers, miroirs,
également exécutées en métaux précieux ou en bronze. Mais, à l'intention des fleurs ar tic ulées de métal, vases précieux, figurent les barques présentoirs,
bourses modestes, les "faïenciers" les fabriquaient en fritte glaçurée bleu non plus ornées de tout l'équipage affairé autour du naos central, abritant une
turquoise; le ur industrie devient, pour les besoins magiques, de plus en image du culte, mais contenant des symboles choisis, tels ceux des textiles
plus florissante. à l'attention de la déesse Hathor, dans son temple de Dendara. La poupe
L'ustensile le plus typique, employé pour les libations rituelles et destiné de la nacelle est décorée d 'une tête d 'oryx aux deux hautes cornes droites
au culte funéraire principalement, est ce vase de bronze en forme de et effilées.
mamelle, la situle. Gravée de fines vignettes et d'inscriptions religieuses sur
la panse, son fond est presque toujours orné de l'image du lotus, rappelant 174 A1obilierfunéraire et o~fets de magie opératoire
la matrice universelle. L'anse en es t remarquablement élégante et fonction - Il ne nous est pas possible d'imaginer la richesse et la complexité d'une
nelle; sa vaste courbe et ses extrémités harmonieusemen t cintrée s sép ulture princière de Basse Époque : en effet, jusqu'à présent, aucune
permettent à la fois de bien la tenir, de la faire pivoter au moment de ne nous est pan·enue inviolée. No us pouvons cependant supposer, à l'é tude
la libation et d 'a ssurer un accrochage, ''de sécurité, pourrait-on dire . des puits funéraires saïtes profondément creusés dans le sol désertique
À l'époque romaine, les contours de la situle empruntent parfois des lignes de Saqqara, comparés au véritable palais souterrain d ' un Pétaménophis,
plus anguleuses (Musée de Hanovre, ou sur les reliefs muraux du temple à Thèbes, qu'il n'y avait aucune commune mesure entre les uns et les autres.
de Kalabsha, en Nubie), mais, la plupart du temps, son galbe est cons tant. Par ailleurs, le concept de l'environnement funéraire, composant le viatique
On imagine volontiers ces instruments dans les mains des prêtres d'Isis, des morts, s'était épuré en ce qu'il réservait son apparat aux objets essentiels
lorsque, quotidiennement ~ et conduits par la déesse elle-m ême tous les de l'équipement osirien.
dix jours ~, ils se re ndaient en barque de Philae à Bigeh pour assurer Les sarcophages, tous anthropoïdes ~ de métaux précieux, comme l'a
la libation à Osiris sur les 360 (+ 5) tables d'offrandes qui marquaient ré.-élé la nécropole de Tanis, pour les XXIe et XXIIe dynasties ~, sont, pour
l'emplacement de sa tombe. les personnages aisés des dynasties qui se succédèrent jusqu 'à l'époque
Les ''fétiches, du di e u, grands piliers djed ou mystérieux attribut saïte, en bois plâtré, au décor parfois modelé en relief, puis peint et verni. Le
d'Abydos, l'insou, devaient proliférer à la Basse Époque, et la composition si ,·isage du défunt est très différencié et parfois même doré. On compte en
174. Situle avec une représentation d'Isis.
Époque ptolémaïque. Bronze. Haut. 31 cm.
élaborée qui, dès le Nouvel Empire, faisait en Abydos l'objet de l'attention général deux sarcophages emboîtés, aux vignettes rappelant celles du Livre des
Paris, Musée du Louvre. la plus déférente du souverain mort, fut certainement vulgarisée pour être Morts et comTant toutes les surfaces; quelquefois, vers la XXIIIe dynastie,
254 176. Deir el-Bahari (?).Couvercle de 255
sarcophage momiforme de la chanteuse
d'Amon Ta-Mout-nofret. XXI-XXII' dy n.
(x'-Ix' siècle av. ]. -C. ). Bois stuqué
et peint; dorure (face et mains).
Long. env. 1,75 m. Paris, M usée du Louvre.
un grand serpent, au corps ondulé, sert de frise, sur les côtés, entre cuve et
couvercle. Sur la poitrine de l'image mortuaire, on voit fréquemment la
représentation de la momie couchée sur son lit à tête de lion, tel qu'il est
utilisé à l'intérieur de la cuve, et toujours, non loin des génies qui évoquent
les quatre fils d'Horus, apparaît l'emblème d'Abydos, I'insou. Le dos du sar-
cophage est souvent occupé par l'image du pilier djed. Les couleurs son t
parfois très vives, surtout lorsque, à la fin de la xxne dynastie, un fond
blanc les fait ressortir.
Dès l'époque saïte, le sarcophage momiforme de pierre réapparaît pour
les grands seigneurs, mais souvent aussi, recouvert de vignettes magiques,
il présente des formes lourdes qui seront reprises par les Phéniciens,
appelés à les propager dans la Méditerranée ori entale. Exécutés en cèdre
du Liban, ils peuvent ~ c'est le cas pour le sarcophage de Pétosiris ou celui
175. Tanis. Masque funéraire
de Psousennès l" . XXI' dyn. Or. de Dj ed -Djehouty-iouefa nkh - , être ornés d'inscriptions hiéroglyphiques, 51,
Le Caire, Musée égyptien. incrustées de pâtes de verre multicolores. Ils continuaient à figurer à 157
256 257
Le cos/urne
La coiffure féminine, si caractéristique à toutes les époques, présente
pendant les dernières dynasties la forme courte et arrondie, faite de petites
bouclettes, alors que reines et déesses mettaient au goCtt du jour leurs longues
perruques archaïques par l'adoption de ces mêmes courtes boucles de cheveux
Enfin , le pagne archaïque, porté d e tou t temp s par les ro is, d e\·int, 269
268 189. Statuette d ' Harpocrate représenté
en «enfant à l'oie>>. Époque gréco-romaine. à l'époqu e gréco -romaine, une longue jupe assez étroite, ma is oméc de
Terre cuite. Hau t. 21 cm. Paris, Musée plissés plats sa\ ants et contrariés.
du Louvre.
Les autres femmes, parallèlement, pouvaient porter des tuniques collan tes
à une bretelle, agrémentées d' un châle à franges. À partir de la domination
perse, les hommes se pl urent souvent à se couvrir d'un ample manteau,
l'hy mation, à bord crénelé, appelé «manteau macédonien >>.
Lorsque l'Égypte s'hellénisa, on constate, par le témoignage des reliefs
contem porains, que paysans et seigneurs revê taient journellement une sorte
de robe ample, bleue ou verte, retenue parfois sous la Laille à l'aide d ' une
ceinture, et qui ressemble étrangemen t à la galabielt du fellah de nos jours.
Ils portaient sur la tête de petits bonnets pointus.
Les sandales, presque "à la poulaine" sous les Ramessides, furent alors 10, 68,
munies de l'él égante pro longation en pointe d e la seme lle, rattachée 71 ,73
en boucle à la hauteur du cou-de-pied.
La laine, pour les usages non funéraires, et le coton ~ introduit dès
la XXVIc dynastie ~ furent employés ; la soie fit son apparition avec
les Perses.
~!
CHAPITRE V
Art rnéroïtique
par Jean Leclant
27 1
plus classique.
Vêtus eL parés dans l'ensemble à l'égyptienne, ils affectionnent le pagne
court p lissé. Surtout, ils portent avec prédi lection une coiffe typique :un 5, 7,
bonnet hémisphérique, peut-être de peau plutôt que d'étoffe, qui enserre 192
étroitement la nuque; une patte semble protéger la tempe; un épais bandeau
entoure le bonnet et sans doute le rnainLienL; il devait être noué :les pans c'est da colonn e, l' un ique" chantée par Rainer- Maria Rilke. Disséminées
retombent largement en arrière des épaules. Deux serpents, pressés l' un dans la vaste enceinte du grand temple d'Amon, en particu lier dans le sec-
contre l'auiTc, contourn ent la voûte du crâne ct, après avoir dess iné un gros teur Nord -Est, de petites chapelles, certaines m inuscules (les deux pièces de
repli, redressent leurs cous gonflés à [';nant du front ; ces deux urœus sont la chapelle d'Osiris Neb-ankh n'excèdent: pas 10m2), montrent l'in térêt des
caractéristiques de cette dynastie qui fït l' union de l'Égypte et du Soudan. 55 Éthiopiens pour Osiris. Plus complexe est l'édifice près du Lac sacré, monu-
L'allégeance envers Amon, sous sa forme soudanaise du bélier, se manifeste ment surélevé, accessible par une rampe, don t les cryptes recèlent les figu-
dans les bijoux qui apportent u ne nuance d'exotisme à ces rep résentations rations et les textes d ' une théologie spécifiquement: thébaine. C'est dans
autrement sobres et dépou illées : omements d'orei lle ou colliers qui exaltent 57 Thèbes encore, entre le temple d 'Amon et cel ui de Mout, que le dernier
la tête de J'anima l sacré, fineme nt cise lée avec ses corn es recourbées, le souverain de la XXVc dynastie, Tanoutamon (664-656), a dédié une chapelle
chanfrein busqué et le long mufle. à Osiris-Ptah Neb-ankh, dont les reliefs ont encore gardé une partie de
Chabaka et Chabataka, peu présents en Nubie, apparaissent sur divers leurs couleurs vives.
monuments d'Égypte. Mais le bâtisseur par excellence est làharqa. Au pied 5, 7, Auprès des souYerains dont on conserve aussi une belle série de petites
du Gcbcl Barka l, il poursuit l'œm re monumentale de Peye et ajoute le 192 statuettes les figurant agenouillés, en adoration devant les dieux, on ne saurait
l yphonium, temple en partie rupestre, précédé d'une sall e a ux curieux négliger leurs parentes, sœurs ou cousines, auxquelles était confiée la charge
piliers en form e de Bès ; pour le temple de Kawa, en plein cœur du bassin éminente d'«Épouse diYine d'Arnon "; vierges consacrées au dieu, l'éclat de
du Dongola, il fait venir les artisans de Memphis ; son norn se lit en maints leur pouvoir et de leur charme a perpétué leur souvenir jusque ch ez les
points à Lr·avers la Nubie, à Kasr Ihrim en particulier. A Karnak, selon un 100, 101 Grecs de l'époque classique. Les images gracie uses d 'Aménirdis et de
programme systématique, ii érige aux quatre points cardinaux des colonnades- 102 Chépénoupet reviennen t souvent sur les monuments Lhébains des Éthiopiens
propylées; leurs murs-bahuts sont décorés de suites cohéren tes de scènes à l'égal desquels elles étaient figurées, bé néficiant de presque tous les
193. Gebel Barka/, temple d'Amon. Statue
acéphale de la reine Amanimalol, femme présentant des épisodes du couronnement et des jubilés royaux; les chapi- privilèges régaliens, même celui de la fête -sed. Le réalisme teinté d'archaïsme
du roi Senkamanisken, debout. J" dyn. teaux des élégantes colonnes sont des ombelles de papyrus, largem ent de l'époque s'applique a ussi aux statues des hauts dignitaires Harwa,
de Napata (vers 643-623 av. ]. -C.).
Granit. Grandeur nature. Khartoum, épanouies. De la grande colonnade de l'Ouest ne subsiste debout qu 'une Akhamenrou ou le puissant" Préfet de la Ville - quatrième prophète d'Amon ,,
Musée national du Soudan. seule colonne qui, dépassant 20 rn de hauteur, atteste la glo ire de Taharqa ; 106, 107 le célèbre Monlo uemhat.
278 195. Gebel Barka/, temple d'Atlanersa. Acôté se range, d'une façon qui pourrait paraitre surprenante, la statue d'un 279
Statue de l'époque d'Ergamène (?).
Vers 225 av. ].-C. Granit. Haut. 3,35 m.
dignitaire adipeux à la démarche pesante, vêtu d'une sorte de sarrau à
Khartoum, Musée national du Soudan. bretelles; c'est, selon l'inscription hiéroglyphiqu e du socle, un "noble et
prince, ,-éritable connu du roi qui l'aime"; son nom, transcrit de l'égyptien,
est Irigadiganen, mais nous ferions mieux de le lire, à la nubienne,Ariketekana.
Car, derrière la façade d'un style éminemment pharaonique, il ne faut pas
oublier qu'il s'agit de Kouchites.
Si nous retournons au Soudan, où ont tenu à se faire inhumer les souve-
rains de la xxve dynastie, leurs tombes et celles de leurs successeurs, les
souverains de la 1•·e dynastie de Napata, apparaissent certes, dans l'ensemble,
de tradition égyptienne; mais celles de leurs sujets, telles qu'on les connaît
248 par la nécropole de Sanam ou les tombes anciennes de Méroé, révèlent des
usages plus indigènes. Chabaka et Chabataka sont restés fidèles à la nécro-
pole anceslrale d'EI-Kurru. Taharqa inaugure, sur la rive gauche du fle uve,
un nouveau cimetière à Nuri, où la pyramide no 1 a été considérée jusqu'à
présent comme sa sépulture. On y a certes retrouvé une exceptionnell e
collection de chaouabtis dont les multiples visages complètent sa riche
iconographie, mais aucune autre trace d'ensevelissement. Nous y verrions
volontiers un céno taphe assez comparable à l'Osiréion d'Abydos; dans la
nécropole provinciale de Sedeinga, au Nord de la Troisième Cataracte,
les vestiges d'une sépulture fort endommagée comportent, de façon vrai -
ment imprévue, tout à la fois l' image et le nom de Taharqa.
L'invasion assyrienne chasse Tanoutamon d'Égypte; il fait retour à la nécro-
195 pole traditionnelle d'El-Kurru. Ses successeurs: Atlanersa, Senkamanisken,
3 Anlamani,Aspelta (593 -568) se signalent par des œuvres impressionnantes.
Ils font tailler dans le rude granit de puissantes statues d'un formalisme
parfois colossal. A Nuri, les deux magnifiques sarcophages d'Anlamani et
d'Aspelta, qui ne pèsent pas moins d'une quinzaine de tonnes, sont décorés
de façon stricte selon le modèle égyptien, avec des séquences toutes classiques
empruntées aux Textes des Pyramides et au Livre des Morts.
Puis la documentation se raréfie. Dans l'incertitud e de la chronologie
d'époques encore obscures, en l'absence d'inscriptions et de repères data-
bles, on ne peut que citer des œuvres disparates, d'interprétation le plus
280 196. Gebel Barka/, temple de Taharqa (?). souvent incertaine : au jugement d' égyptologues purs, il s'agirait d 'une
Grande amulette. XXV' dyn.
longue décadence, les "renouveaux" égyptiens étant dus aux j eux de la
(vers 680 av. f.-C.). Faïence. Haut. 23,8 cm.
Londres, British Museum. politique et des influences culturelles. En fait, il convient plutôt de prêter
attention à la différence et d'y chercher l'émergence de tendances originales,
celles des Méroïtes eux-mêmes. Les stèles d'Harsiotef (404-369 env.) et de
Nastasen (335 -315 env.), un contemporain d'Alexandre le Grand, témoi-
gnent, tant par leur langue que par le style des scènes gravées en leur
cintre, que Kouch est désormais assez coupé du modèle, et même du
contact, égyptien.
Avec le IVe siècle, on passe de la période qu e l'on pourrait qualifier de
"napatéenne" à la culture proprement méroïtique. Le transfert de la ca pi-
tale s'est effectué déjà antérieurement, après qu'une expédition militaire
égyptienne sous Psanunétique II, en 591, eut atteint la capitale kouchite; une
nouvelle menace, en 525, fut celle du Perse Cambyse; de toute façon, les
steppes du Sud offraient des possibilités économiques plus grandes, tant
pour les pâturages que pour les ressources en bois nécessaires au travail du
fer. Napata est demeuré cependant longtemps la métropole religieuse et
le lieu des inhumations royales; la première tombe d'un souverain à Méroé est
celle d'Arkamani-qo, dont le règne pourrait être attribué aux années 270-260;
ce serait ainsi le fame ux Ergamène, un contemporain de Ptolémée II, connu
par l'historien classique Diodore de Sicile, qui relate son philhellénisme et
son hostilité aux prê tres. Le cimetière Sud où il dresse sa pyramide, tout
comme le cimetière Ouest, avait déjà reçu depuis le temps d'Aspelta des
tombes de dignitaires, voire de princes ou de princesses. Vers 240, un e
nouvelle nécropole est inaugurée à proximité : le cimetière No rd , qui
demeure le lieu d'inhumation de tous les souverains méroïtiques jusqu'au
1ve siècle de notre ère (à part un bref retour près du Gebel Barka!, aux
alentours de l'ère chrétienne). Dans le vaste site désolé de Méroé, sur une
bosse de terrain, se dresse la suite prestigieuse de ces pyramides, noircies
de soleil, sous un ciel écrasant; des chercheurs de trésors, tel l'aventurier
Ferlini en 1834, leur ont fait perdre le urs assises supérieures; avec mélan -
colie, elles n'attestent pas moins, de façon encore puissante, le renom de
l'Empire kouchite.
282 197. Méroé. Vue d'ensemble des 283
pyramides du cimetière Nord.
Vers 240 av.-IV" siècle apr. f.-C. Grès.
284 198. Méroé. Cimetière Nord: pyramide Les vastes ruines de la ville et des temples de Méroé étant encore bien
precédée de sa chapelle funéraire.
mal connues, c'est avec les reliefs décorant les chapelles construites sur la face
Début de l'ère chrétienne. Grès.
Est des pyramides qu 'il faut tenter de mettre en évidence certaines caracté -
ristiques de l'art méroïtique. Le principe de registres stricts es t abandonné;
les images du défunt, assis sur un trône souvent protégé à l'arrière par une
déesse qui éploie ses ailes en équerre, et celles des dieux majeurs dominent
les scènes, où une profusion de personnages accessoires se répartissent sur
plusieurs niveau x, selon des proportions \-ariables; certain es des scènes
procèdent du LiVTe des Morts et d u cycle du mois de Choiak, bien connu dans
le rituel égyptien, avec la procession de Sokaris, le rite de pousser les veaux
ou des danses funéraires; les souverains et les princesses, leurs épouses
ou leurs mères, aux traits accusés, sont Yêtus avec une recherche quelque
peu tapageuse ; accumulant colliers à gros grains et pendentifs, ornés de
gorgerins corn pliqués, ils parent leurs oreilles de volumineux bijoux ; cette
surch arge d'ornem en ts n'est pas sans évoquer une autre civilisation péri-
phérique de l'Empire ro main, celle des marchands parvenus de Palmyre.
Les m êmes caractères se retrouvent sur les parois des temples. Si certains
de ceux-ci p erpétu ent le plan classique qui aligne sur un axe une suite de
cours et de pièces auxquelles on accède par des portes avec corniches à gorge
et tores, tout comm e en Égypte, d'aub'es en revanche sont des sanctuaires
d'une seule pièce d'un dispositif original. Les deux meilleurs monuments de 200,201,
ce dernier type sont: les temples du Lion : à Musawv,rarat es -Sofra, celui 244-246
d'Arnekhamani (235 -218 em.) et à Naga, autour de l'ère chrétienne, celui de
Natakamani, som erain sous lequel on peut noter cependant un retour en 206
force de l'influen ce égyptienne.
Dans les solitudes du Butana, à l'arrière de Méroé, le temple de Musawwarat:
es -Sofra a été, dans les années 1960, l'objet d 'une recherche, puis d' une
anastylose des arch éologues Est-allemands; de dim ensions r elativement
modestes (sa longueur est de 15 rn), il comporte, à l'arrière du pylône, une
salle unique dont le toit était: supporté par six colonnes ornées de registres
de décoration; tant à l'intérie ur qu'à l'extérieur, les murs offrent aussi
des reliefs dans un bon style comparable au Ptolémaïque dan s ses débuts;
Arnekhamani , accompagné de son fils le prince Arka, fait des offrandes aux 200
286 199. Naga. Temple d'Amon: entrée avec 287
perspective des portes au décor gravé.
Début de l'ère chrétienne.
et l'exubérance du décor des bas-reliefs. Combien d'ailleurs les fouilles à propremen t parler publiée ; elles sont attribuables aux ne-me siècles de
peuvent nous apporter de révélations ; il suffit de citer les tm is extraordinaires no tre ère. Un e des sta tu es de grès, plâtr ée et peinte, figur e u n h omm e
reliefs qui s'encastraient dans les murs de Musa~ovwarat es-Sofra: l' un fi gure allon gé ; J'influence classique est Lelle que l'on se croirait face à un défunt
une tête de bélier surmontée d'une couronne amonien ne flanquée de deux é trusque. Des fe mm es opule n Les, Lota lemen t nues, sont d es sor tes de
mufles de lion, peut-être les formes anim ales de Sbomeker etArensnouphis; «Vénus ", encore que leur can on soit bien conforme à l'idéal local. Les
dans un deuxième groupe encadrant également une tête de bélier surmonté9 influences lointaines, peut-être même, au-delà de l'Égypte romaine, celles de
ce tte fo is d'un disque solaire, ces de ux divinités apparaissent sous leur 207 la Syrie, marquent un monument comme le kiosque de Naga qu i juxtapose
aspect humain ; u n troisièm e juxtapose à la tête de bélier celle d e deux des arches un peu lourdes, des colonnes engagées à chapiteaux corin th iens
déesses qui évoquent Isis et Hathor. On esl ainsi au cœ ur de la th éologie et le décor d'une profusion de frises d'ura;us et de corniches à gorge ornées
méroïtique, mêlanl ce qui peut paraître réminiscences de la religion égyp - de disques solaires.
tienne à des formes plus primitives où le cu lte animal se manifeste dan s L'opulence parfois tapage use est assurém ent une des caractéristiqu es de
toute sa vigueur. Toul récemment encore, les fouilles suisses de Tabo ont fait l'art méroïtique. Il est dommage que les pillages des tombes n 'aient laissé
connaître la statue d'un prisonnier ligoté, renversé en arrière ; un trou percé 209 subsister que peu d'œuvres d'orfevrer ie. Ce qui reste est Lme galerie de chefs-
dans la poitrine permet de lui passer une lance en plein corps, thème de d'œuvre, depuis l'admira ble man che de miroir de Chabaka figurant un tronc
cruau té magique. Sur une base de statue, un vautour plan te ses serres dans de palmier en touré de quatre déesses, j usqu'à la colleclion de bijoux volés par
le dos des \·aincus. Ferlini dans la cachette de .la pyramide de la reine Amanishakheto (fin du rer
206. N aga. Le temple du Lion. C'est, en revanche, dan s une tout au tre direction qu'orientent les œ uvres siècle); vendus par lui en Europe, ils étincellent dans les vitrines des Musées
207. Naga. Le petit kiosque.
Époque méroïtique. Grès. retro uvées dans les bains royaux de Méroé, don t la fouille n 'a jamais été 210 de Munich et de Berlin :bracelets, coll iers, penden tifs, egides, chaînes, c'est Époque méroïtique. Grès.
298 208. Naga. Temple d'Amon, montant de
209. Tabo (île d'Argo). Statue de
porte gravé : la reine Amanitore faisant
299
prisonnier ligoté, accroupi, le buste
une offrande au dieu Amon criocéphale.
renversé en arrière, un trou dans la
Début du f' siècle apr. ].-C. Grès.
poitrine. f' siècle av.- f' siècle apr. ].-C.
Haut. du détail: 1 m env. (cf fig. 199).
Grès. Haut. 44 cm. Khartoum,
Musée national du Soudan.
pâte fine presque blanchâtre. Le décor peut être simplement géométrique, comme on en voyait encore naguère. Une lampe ornée de têtes d'éléphant
faisant appel cependant à toutes les variations du losange, du cercle, de la évoque un thème cher à l'art méroïtique.
Yolute, avec l'appoint de motifs floraux. À côté de l'école" académique" ou Au milieu du me siècle de notre ère, les Méroïtes fréquentent assidûment
de celle "aux feuilles de vigne,, se distinguent des animaliers, tels le «maitre le grand sanctuaire d'Isis à Philae, où des ex-voto constituent des témoi -
aux antilopes" ou encore le «caricaturiste" offrant l'amusante esquisse gnages nombreux de leur présence. Et soudain, c'en est fini, sous les coups
d ' un homme qui traîne son ch ien au bout d ' une laisse ; parfois il s'agit vraisemblablement d'invasions des Noubas descendus des collines du Sud-
d'une juxtaposition naïve de plantes et d'animaux qui ne manque pas Ouest du pays. Pendant plus d'un millénaire s'était perpétué dans l'Empire
de spontanéité. Croix ansées, têtes de lion , grenouilles d'éternité, ces thèmes de Kouch un rameau très curieux de la civilisation égyptienne, le tréfonds
fréquents indiquent qu'on ne peut négliger l'arrière -plan des préoccupa - local ne cessant de s'affirmer dans sa vigueur parfois brutale. Si dans l'Égypte
tions religieuses et magiques des Méroïtes. Ceux-ci ont excellé également pharaonique on a pu dégager à juste titre maintes composantes africaines,
dans l'art du bronze, mais il en reste peu. Une coupe figure une scène il n'était sans doute pas inutile de présenter l'art méroïtique, un art afro-
champêtre : les boYidés paissent, tandis qu'un villageois trait une vache et égyptien, ne serait-ce que pour mieux faire sentir l'originalité et la valeur
qu'une femme plantureuse est assise devant une hutte ronde, une toucouf spécifique des formes tant à Méroé que dans l'Égypte proprement dite.
/
L'Egypte du crépuscule
Postface
par Jean Leclant
Epilogue
par Jea n Le cla nt
313
Plans et restitutions
Cartes
Bibliographies
Index
Plans et restitutions Plans et restitutions
Porte
monumentale
de Sheshonq_pl
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1
'
:
j
1 0
'
!
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'
1o~--~-----~o~---"15 M
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1 0
,-g
Caveau prévu pour Amenemope
Tombeau de Psousennès
322
Port e Ouest
Pso usennès c) ; Porte de
,u
' 0
323
Temple d'Horus Ptol~ée 228. Dendara. Temple d'Hathor : coupe
longitudinale restituée. Époque de Ptolémée
Néos Dionysos à Tibère.
Inache"vé
lOO M Grande enceinte
f--~-...:..:i 229. Dendara. Plan général des constructions
349
à l'intérieur de l'enceinte sacrée. De la fin de
1
l'époque ptolémaïque au If siècle apr. f.-C.
ê aiCaire
- Bfique crue
~Torribeau Ïlb'yen
- Granit
224-225. Tanis. Plan schématique général du site avec les deux enceintes du grand temple et plan de la nécropole royale. XXI' -XXII' dyn.
0
Cholpellede
MonLouhocep
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L____ _r--- ---- - --- -1
Kiosque du toit
~-=---
- - - --·-- - - - --
324 325
Escalier de l'Ouest
231. Dendara. Temple d'Hator. Fin de l'époque ptolémaïque.
Coupe Nord-Sud de la partie Sud-Ouest du temple majeur. Escalier de l'Ouest
10 M
240. Deir el-Médineh. Plan du temple d'Hathor. 242-243. Alexandrie. Nécropole de Kom el-Chougafa: plan et coupe partiels sur la rotonde et les chapelles
0 5 M
Époque ptolémaïque. avoisinantes. f'-If siècle apr. f.-C.
Plans et restitutions Plans et restitutions
328
329
~
:~· Ca r rières
~----------5~00-----------~~~ M
5 M
50 M
245-246. Musawwarat es-Sofra. Temple du Lion: coupe longitudinale et plan. Vers 235-218 av. ] .-C.
247. Musawwarat es-Sofra. Plan de la Grande Enceinte. Époque méroïtique.
Plans et restitutions Cartes
f L'ÉGYPTE ET LA NUBIE
(pages suivantes)
EI·Kurru 4
1..~1~
330
••
~, Abou Gourab . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C3 Fayoum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C 2 Nécropole thébaine . . . . . . . . . . . . . . . . G 4 331
0 15 Km Typhonium de Taharqa Abou Simbel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K3 Nuri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 3
Abydos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F3 Gebel Barka! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 3
248. Plan de la région de Napata. 249. Détail des temples situés près du Gebel Barka/ (région Achmounein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2 Gebel Silsileh H5 Ouadi Halfa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L 3
de N apata). XXV' dyn. Époques napatéenne et méroïtique. Akhmim . ... .. . . .... . . . . . . ..... . .. F3
Alexandrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A1 Hawara . . .... .. . . . . .. . ... . . . . . ... C2 Philae H4
Amara . . . .. ... . . . . ........... . . . . M2 Héliopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Pi-Ramsès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 3
Antinooupolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2 Héracléopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C2 Ptolémaïs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F 3
-; Areika . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K4 Hermopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2
1
\\ Argo (île d') . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N2 Hibeh (El-) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . D2 Qustul . . . . . .. .. ... . . ... . .. .. . . •. . K3
1 Assiout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E3
\
1 Assouan .... . . .. . . . . .. . . . ... . . ... . H4 Kalabsha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J4 Rosette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A 2
Attiri .. . . . . . . . . . . ... .... . .... . . .. . L2 Karanog . ........ . . . ... . . . . . .. .... K4
Karnak . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Saï (île de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . M 2
Ballana . . . . . .. . .. . . . .. .. . ... . . . . . . K3 Kasr Ibrim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K3 Saïs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 2
Basa . . .. . . . . .. ... . . . ..... . . . . . . . . Q5 Kawa . . . ... . .... . . .. . . . . . . . . . . ... N2 Sanam ... ... . . .. . . .. . . . . .. . .... . . 0 3
Behbeit el-Hagar . ... . . .... . .. .. . . . . A3 Kerma .. .. .. . . . .... .. .. . .. . . .. . . . N2 Saqqara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C 3
Beni Hassan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2 Khargeh . ... . .. .. ... . .. . . . .. .. .. . . G2 Sebennytos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . AB 3
Bigeh (île de) . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . H4 Khartoum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . R4 Sedeinga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . M 2
Bouto . . . . . . . . . .. . .... . . . .. .. . ... . A2 Kom -Ombo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . H4 Semna . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ... . . . . . L 2
Bubastis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Kurru (El-) . . ... . . . . . . . . . . . ... . . . . 03 Shendi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Q 5
5 M
Soba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . R 4
.1 M Caire (Le) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 3 Louxor.. . . . . . . . . . . .... . .. . . . . . .. . G 4 Soleb . . . . . . . . . . .. . .. . . ...• .. .. . . . M 2
Canope . . ..... . ... . . . . ... . .. . .... A 1 Lycopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E 3 Suez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C 4
Coptos.. . ... . . . .. .. .. .. ..... . . . . . G 4
Medamoud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Tabo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N2
Damanhour . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . A2 Médinet Habou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Tanis . . . . . . . ... . . . . . . . ... . . . . . . . .. B3
Daphnae . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . B4 Memphis . . .. . .. . ...... . ......... . C3 Tanqassi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 3
Deir el-Bahari . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Mendès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Tell Defenneh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B4
1
Dendara ........ . .. . . . ... . . . .... . , F4 Méroé .. ... . . .. . . . . . .. ... .. .. . .. . Q5 Tell Moqdam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3
Dongola . . .... . . . . . ... . .. .. . .. . .. N2 Mit-Rahineh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C3 Tell Tmaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. B3
Doush . . . . . . . . .. . . . .. . ........... G2 Moéris (lac) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C2 Tell el-Yahoudieh . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3
Musawwarat es-Sofra . . . . . . . . . . . . . . . Q5 Tounah el-Gebel E2
Edfou . . .. ... . . . . . . . . .. . . . . .. .. . . . H 4
Erment ... . . ... . .. . . .. ... . . . .. . . . G 4 Naga . . . . ....... ... . . . . . .. . . . .. . . Q 5 Wad Ben Naga . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . Q5
Esna . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G 4 Napata . .. . .. . . .. . . . . ...... . . . . .. . 0 3
Naucratis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 2 Zagazig . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 3
Faras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K 3 Na uri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N 2
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252-253. Sedeinga, cimetière
Ouest. Deux tombes à pyramides
couplées :plans superposés des
250-251. M éroé, cimetière Sud. Pyramide de la reine Bartaré : coupe longitudinale et plan. superstructures et infrastructures.
Vers 275 av. ]. -C. IIf siècle apr. f .-C.
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256. L'Égypte, la Nubie et le Soudan.
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Bocchoris (Bakenranef) Vizir fig. 226-227. Damanhour p. 48, 331 ; fig. 256. Éthiopie, Éthiopiens cf Kouch, Kouchites. Hellade p. 247. 311 ;fig. 12, 32, 33, 34, 60, 76, 116, 143, 182,187, 206,208, 220, 227, 265, 271,
Borchardt (Ludwig) p. 104. Daphnae cf Tell Defenneh. Euripide p. 75. Hellanicos de Mytilène p. 26. 174, 219. 272, 273, 279,280, 289, 302,305, 309.
Bothmer (B. V.) p. 150, 160, 190, 193, 201. Darius l" p. 25, 36, 188. Evergète cf Ptolémée VIII. Hellènes cf Grecs. Isis Pelagia P: 31 1. Kurru (El-) p. 241, 271,279, 331 ;fig. 256.
Bouta p. 116, 33 1; fig. 256. Darius III Codoman p. 27, 38. Fairman p. 125. Hemenfig. 7, 192. Isis Pharia p. 311. Lacau (Pierre) p. 104.
Bruyère (Bernard) p. 104. Dattari p. 194, 195. Fayoum p. 26, 33, 138, 265, 33 1; fig. 256. Henout-Taouy p. 218, 240, 250;fig. 173. Ismaïl Pacha p. 273. Lagide p. 30, 38, 11 7, 309.
Bubastisp. 19,49, 114,152, 158, 205,331; David p. 19. Ferlini p. 280, 297. Heqet p. 119 ; fig. 65. Issos p. 27, 38. Lagos p. 38, 116.
fig. 256 Déci us p. 32. Fibonacci p. 70. Héracléopolis (Ahnas el-Medineh ) p. 63, lversen (Erik) p. 99. Lefebvre (Gustave) p. 119.
Bubastite p. 19, 205. Déesse lointaine p. 241. Fortune (Sanctuaire de la) p. 311 ;fig. 10. 331 ; fig. 256. Jérém ie p. 23. Lepsius (Karl Richard) p. 67, 98, 273.
Bu tana p. 284. Deir ei-Bahari p. 49, 187,218, 258, 314, Galien p. 43. Herculanum p. 259. Jérusalem p. 19, 224. Libye, Libyen p. 19, 20, 23, 35,111, 150,
344 Byzance p. 209, 236. 331 ;fig. 88, 176, 183,256. Gauthier (Henri) p. 104. Hériho r p. 18. Julien l'Apostat p. 248. 151, 152, 155, 156, 157, 158, 160, 163, 345
Cachette cf Favissa. Deir el-Hagar p. 32. Gaza p. 27. Hermanubis, p. 311. Justinien p. 32, 35, 39. 164, 205, 226, 230, 242, 310 ;fig. 154,
Cailliaud (Frédéric) p. 273. Deir El-Médineh p. 124; fig. 240. Geb p. 132. Hermès, Hermès Trismégiste p. 36, 46, I 19, Juvénal p. 43. 224-225.
Caire (Le) p. 108, 142, 158, 167, 181, 190, Délos p. 40, 311. Gebel Barka! p. 20, 164, 271, 276,280, 331; 311. Kalabsha p. 57, 62, 63, 72, 73, 75, 78, 98, Louxor p. 22, 31,33 1 ;fig. 101, 256.
193, 196, 199,201 ,215,2 17,224,227, Déméter p. 30, 310. fig. 193 à 196,249,256. Hermodore de Syracuse p. 39. 104, 136, 252, 331 ;fig. 12,239, 241, Lycopolis p. 46, 331 ; fig. 256.
228,236,239,265,331;fig. 256. Dendara p. 22, 26, 31, 32, 39, 48, 57, 60, Gebel Silsileh p. 19, 89, 241, 331; fig. 256. Herm opolis p. 27, 48, 97, 99, 119, 123, 206, 256. Lysippe p. 199.
Caïus ou Caligula p. 40, 42, 43, 311. 62,63, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78,83,86, Germanicus p. 38, 40, 43. 214,230,259,265; fig. 9, 51, 52,53,68, Karanog p. 300, 331 ;fig. 213, 256. Ma p. 152.
Caligula cf Caïus. 87, 89, 92, 98, 100, 104, 108, 110, 119, Geta p. 32. 69, 70,71 , 73, 138, 180, 187, 256. Karatepe p. 266. Maâtp. 42, 125;fig. 141.
Cambyse p. 25, 36, 280. 125, 132, 136,247, 248,253 ; fig. 23,24, Ghalioungui (D' Paul) p. 130. Hermopolis Parva p. 39. Karkémish p. 23. Macédoniens (Les) p. 99.
Candace p. 248, 289. 36,39,40, 41,42,45,46,47,49,54, 56, Grèce, Grecs (Hellènes) p. 22, 23, 25, 26, 27, Hérodote p. 25, 33, 39, 42, 48, 83, 310. Karnak p. 19, 22, 26, 57, 82, 86, 92, I ll , 152, Macrin p. 32, 98, 130.
Canope p. 32, 40, 331 ; fig. 256. 65,66, 76, 78, 79,1 72,228,229,230, 30,36,38,40,43,47,48,63,99, 147, Hibeh (El- ) p. 19, 33 1 ;fig. 256. 156, 158, 1 6~ 16~ 167, 168, 170, 1 7~ Maloton p. 302 ;fig. 213.
Caracalla p. 32. 232, 331. 182,188,208,236, 277,3 10. Hibis p. 72, 136; fig. 77. 182, 185, 187, 195, 199, 205,276, 308, Mamariya fig. 220.
Carthage p. 25. Diaduménien p. 32. Griffith (Francis Llewellyn) p. 273. Hippocrate p. 39. 33 1 ;fig. 4, Il , 30, 48, 50, 55, 57, 75, 89, Mandoulis fig. 12, 239, 241.
César p. 31, 38, 201. Dioclétien p. 33. Guey (Julien) p. 42. H ittites p. 266. 92, 94, 95, 96, 97, 98, 100, 102, 103, 105, Manéthon p. 19.
Césars (Les) p. 30, 311. Diodore de Sicile p. 48, 280. Gulbenkian (Fondation ) p. 200, 218, 230 ; Hor p. 161, 163, 170, 194, 230 ;fig. 89, 95, 106,107, I ll , 112, 117,1 23,153, 173, Mariette (Auguste) p. 53, 72, 125.
Césarion p. 31. Divine Adoratrice p. 156, 157, 168;fig. 101 , fig. 91, 113, 126. 103. 222, 256. Maximin Daia p. 33.
Chabaka p. 20, 22, Ill, 164, 168, 170, 240, 102, 104, 132, 153. Hadès p. 310. Horakhty cf Rê Horakhty. Karom am a (Divine Adoratrice) p. 156, 161, Medam oud p. 22, 331 ; fig. 256.
244,273,276,279,297;fig. 5,55,97, Djed-Djehouty-Iouefankhp. 239, 254; Hadrien p. 31, 32, 33;fig. 33, 34. Hor-Nedj-ltef fig. 83, 84. 206, 230, 268; fig. 92, 153. Mèdes (Les) p. 25, 39.
105, 190. fig. 157. Hapip. 259. Horsahor p. 201; fig. 128. Kasr Ibrim p. 276,331 ;fig. 256. Médinet Habou p. 22, 33 1 ;fig. 256.
Chabataka p. 20, 22, 167, 273, 276, 279. Djedkhonsou-louefankh p. 182. Hapou p. 317. Horus p. 31, 32, 63, 68, 110, 125 136, 226, Kawa p. 20, 167,276, 331 ;fig. 99, 191, 256. Memphis p. 22, 25, 27, 30, 32, 39, 40, 43, 47,
Chaeremon p. 42. Djedkhonsou-Iousankh fig. 182. Harbès p. 185. 254, 258, 259,288, 31 0, 311 ;fig. 1, 14, Kebehsenouf p. 259. 53, 57, 112, 114, 152, 156, 158, 167, 190,
Champollion p. 47, 104, 156, 230, 257. Djoser p. 314. Harendotès p. 116 ; fig. 64. 16,25,26,35,36,38,57, 72, 74, 76, 79, Kerma p. 271, 302, 331; fig. 256. 208, 242,276,33l; fig.20,60,67,93,
Chassinat (Émile) p. 104. Domitien p. 32 ; fig. 49. Harmakhis p. 170; fig. 105. 82, 143, 179, 180, 216, 236-237,238. Khargeh p. 25, 32, 136, 331 ;fig. 77. 11 9, 129, 168, 184, 254, 255, 256.
Chéops p. 307. Dongola p. 276, 331; fig. 256. Haroèris p. 78; fig. 29, 37, 43, 44, 235. Hyksos p. 205. Kh épri (Osiris-Kh épri) p. 122. Mem phis (Décret de) p. 40.
Chépénoupet l" p. 206, 233, 248. Douamoutef p. 259. Harpocrate p. 269,310,311 ;fig. 189. Iahentefnakht p. 157. Khérouef p. Il l. Mendès p. 26, 193 , 331 ;fig. 256.
Chépénoupet II p. 168, 230, 277; fig. 101, Doush p. 32, 33 1 ; fig. 256. Harsiésis p. 125. Ialou fig. 83. Kh noum p. 49, 68, 107, 119, 226 ;fig. 27, 28, Ménélas p. 39.
102, 132. Edfou p. 31, 48, 57, 60, 63, 68, 70, 72, Harsiotef p. 280. Im hotep p. 314,31 7. 65. Menkhéperrê p. 258.
Chou p. 133. 73, 74, 75, 78, 82, 89, 98, 104, 125, 33 1; Harwa p. 179,277. Imouthès p. 83. Kh on sou p. 19. Men sa lsiaca p. 42.
Chypre p. 241. fig. 1, 14, 16, 25, 26, 35, 38, 72, 74, 76, Hatchepsout p. 119, 314. Imset p. 259. Kh onsou-Em -Ouaset Neferhotep p. 21 2. Merneit cf Merneit Ouahibrê.
Cléopâtre VI fig. 43. 236-237, 238,256. Hathor p. 31, 63, 66, 68, 75, 83, 86, 98, 119, Inopos p. 40. Kh onsouirâa p. 170, 173. Merneit Ouahibrê p. 113; fig. 60.
Cléopâtre VII p. 31, 32, 38, 40, 197, 228. El-Kurru p. 241, 27 1,279,33 1 ;fig. 256. 124, 125, 130,1 32, 13~ 1 8 ~244, 25~ Iran p. 292. Kom El-Chougafa p. 33, 55 ; fig. 17, 22, 82, Méroé, Méroïtes p. 32, 228, 248, 271 , 272,
Cnide p. 43. Épiphane cf Ptolémée VI 253,269, 296,310; fig. 23,24, 36,39, 40, Irigadiganen cf Ariketekana. 242-243. 273, 279, 280, 284, 288, 289,292, 296,
Commode p. 130. Epi phi p. 63. 41, 42, 44,45,46,49, 54,56,66, 78, 79, Iséion p. 47, 117. Kom-Ombo p. 32, 57, 72, 73, 74, 78, 98, 297 299, 300, 302,304,305, 310, 33 1;
Constantinople p. 39. Eratosthène p. 43. 115, 141 , 173, 188, 228, 230, 240. Iséum p. 194. 130;fig. 29, 37, 43, 44, 235. fig. 197,198,202,203,204,205,206,
Coptes p. 236. Ergamène cf Arkamani-Qo. Hawara p. 217, 331 ;fig. 256. Isi-Em-Kheb p. 258;fig. 183. Kosseir p. 25. 207,2 10, 21 2,2 19, 244, 247,249,250-
Coptos p. 25,33 1 ;fig. 256. Éros p. 228, 31 O. Hécatée de Milet p. 26. Isis, Isiaque p. 26, 30, 32, 33, 39, 40, 63, 83, Kouch, Kouchites (Éthiopie, Éthiopiens) 251, 256.
Cyrène p. 23, 25. Esna p. 32, 49, 57, 63, 68, 130, 33 1 ;fig. 27, Héliopolis p. 39, 42, 57, 114, 181 , 33 1 ; 86, 113, 124, 125, 187, 197, 201, 226, p. 20, 22, 23, 25, 35, 49, 89, 97, Il l , 142, Mit-Rahineh p. 117, 242,33 1 ;fig. 256.
Dakhleh (oasis) p. 32, 104. 28, 256. fig. 62, 63, 256. 228,236, 248, 252, 296,302,305, 310, 156, 160, 163, 164, 168, 170, 179, 181, Montet (Pierre) p. 18, 220, 308.
Montoup. 132;fig. 11, 103. Osiréion p. 279. Philadelphe cf Ptolémée Il. Ptolémée V Épiphan e p. 38. Senenmout p. 314. Tefno ut p. 132, 133.
Montouemhat p. 23, 49, llS, 151, 174, 176, Osiris p. 22, 30, 32, 77, 82, 83, 86, 107, 113, Philae p. 26, 32, 33, 35, 36, 39, 48, 57, 62, Ptolémée VI Philométor p. 32. Senkamanisken p. 279 ; fig. 193, 194. Tell Defenneh (Daph n ae) p. 228, 331;
179, 277;fig. 106,107. 124, 133, 141 , 185, 190,209,226,252, 6~72,73, 7~ 7~83 , 9 8, 105,119,123, Ptolémée VIII Évergète II fig. 35, 39. Septime Sévère p. 32, 130. fig. 256.
Mout p. 176, 277; fig. 57, 107. 269,277,299, 307, 310,311;fig.60, 84, 136, 252,305,331 ;fig. 13, 31, 32, 33, 34, Ptolémée IX Sôter II fig. 42. Sérapeum p. 30, 39, 53 ; fig. 20. Tell el-Yaho udieh p. 230, 331 ; fig. 256.
Moutiritis p. 142. 88, 143, 182. 256. Ptolémée XII Néos Dionysos fig. 43, 56. Sésostris p. 26, 307. Tell Moqdam p. 226, 241 , 33 1 ;fig. 141, 256.
Musawwarat Es-Sofra p. 284, 288, 289, 296, Osiris Heka-Djet p. 22. Philippe l'Arabe p. 32. Pythagore p. 39. Sésostris l" p. 164, 170. Tell Tmaï p. 33 1 ; fig. I SO, 256.
33l;fig.200,201,203,205,244,245-246, Osiris-Khépri cf Khépri. Philippe Arrhidée p. 30. Qantir p. 205. Sésostris III p. 167. Tentperet p. 142 ; fig. 86, 87.
247, 256. Osiris Neb-Ankh, O siris-Ptah Neb-Ankh Philométor cf Ptolémée VI. Qustul cf Ballana. Seth p. 26, 107, 136 ;fig. 77. Téos p. 27.
Nabopolassar p. 23. p. 277. Philopator cf Ptolém ée IV. Ramesside p. 18, ! 52, 160, 206, 208, 224, Sethi (Les) p. 205. Thalès de Milet p. 39.
346 Nabuchodonosor p. 23. Osiris-Nebdjet fig. 117. Philon d'Alexandrie p. 86. 227, 247, 268, 308; fig. 30. Shebensopdou p. 161 ; fig. 96. Thèbes p. 20, 22, 35, 42, 43, 49, 55, 97, 124, 347
Naga p. 284, 289, 292,297, 331 ;fig. 199, Osirour p. 195 ;fig. 123. Phoebus-Horus p. 259; fig. 180. Ram osé p. 105, Ill. Sheshonq l" p. 19, !52, 224. 138, 149, 152, 160, 168,170,1 76, 206,
206, 207,208, 256. Osorkon (Les) p. 308. Piankhy cf Peye. Ramsès (Les) p. 20, 205. Sheshonq II p. 226, 227, 236. 230,253,259,273, 277;fig. 18, 19,58,
Nagada p. 314. Osorkon l" p. !56, 230; fig. 92. Pi-Ramsès p. 18,205,224, 331 ;fig. 256. Ramsès II p. 53, ! 52, 206, 307. Sheshonq III p. 19 ;fig. 224-225. 59, 106, 107.
Nahr El-Kelb p. 208. Osorkon llp. 19,155, 158, 160, 161,181 , Pinedjem l" p. 18, 152, 21 8, 224;fig. 50, Ramsès III p. 236, 266. Sheshonq V p. 19. Théodose p. 33, 39.
Napata p. 23, 35, 111 , 227,27 1,273, 279, 205, 226; fig. 3, 96, 143, 224-225. 75. Ram sès IV p. 74. Sh eshonq-Hekakheperrê p. 224. Thot p .27, 36, 68, 119, 125,130, 132, 133,
280, 331 ; fig. 193, 194, 248, 249, 254, Osorkon III p. 19, 160, 224; fig. 94. Pisistrate p. 123. Ramsès XI p. 18. Siamon p. !52; fig. 2. 14 1, 143, 288; fig. 82.
256. Oudjahorresnê p. 25. Platon p. 33, 36, 39, 43, 112, 125, 147. Raphia (Bataille de) p. 30. Siwa p. 25, 27, 38. Thouéris (Taoueret) p. 187, 241 ; fig. 72,
Narsès p. 39. Oundjebaou-En-Djed p. 226, 227; fig. 142, Pline dit l'Ancien p. 100, 101, 233. Rê p. 42, 83. Sm endès p. 18. ll7, 165- 167.
Nasser (Lac) p. 273. 144. Plotin p. 46. Rê-Horakhty p. 14 1 ;fig. 85, 87. Soba p. 331 ; fig. 202, 256. Th outmosis III p. 111, 116, ! 52.
Nastasen p. 280. Outo p. 108,116, 122 ;fig. 76. Polycrate p. 25. Reisner (G. A.) p. 273. Sobek p. 32, 78, 252; fig. 29, 37, 43, 44, 235. Tibère p. 130, 228; fig. 23, 24, 36, 228, 230.
Natakamani p. 284, 289, 292. Pabasap. 23, 52, 112 ;fig. 19, 59,117. Préneste p. 311; fig. 10. Rhacotis p. 40, 55. Socrate p. 36, 43. Tigrane, p. 115 ; fig. 63 .
Naucratis p. 25, 36, 39,237, 244,331; Palmyre p. 284. Psammétique p. 22, 36, 49, 187, 212; Rhodes p. 241. Sokaris p. 133, 284. Tjanefer fig. 63.
fig. 256. Pamphile p. 43. fig. 115, 116. Roberts (David) p. 98. Soleb p. 19, 194, 33 1 ; fig. 256. Tmai el-Amdidfig. 8.
Néchao p. 23, 36, 181. Pasechouper p. 230. Psammétique l " p. 39, 52, 228 ; fig. 142, Rome p. 38, 42, 100, 147, 194, 20 1, 311. Solon p. 39. Tounah el-Gebel p . 27, 97,331 ;fig. 9, 5 1,
Nechepso p . 46. Pashasoup. 157, fig. 93. 144. Rosette (Pierre de) p. 40,33 1 ;fig. 15,256. Sô ter II cf Ptolém ée IX. 52, 53, 68, 69, 70, 71, 73, 138, ! 57, 187,
Nectanéb o p. 26, 30, 63, 83, 92, 98, 99, 1OS, Pashéry-En -Ptah p. 32. Psammétique II p. 23, 164, 179, 185, 187, Ro udimen p. 24 1 ; fig. 240. Sothis p. 269. 256.
119,193, 194, 212;fig.33, 34,46, 65,66. Pausanias p. 125. 237,280;fig. 108,114. Sahourê p. 20. Soudan, So udanais p. 22, 35, 42, 228, 24 1, Toutankhamon p. 217, 220, 224, 226, 307.
Nectanébo l" p. 27, 113, 193, 194;fig. 61, Pefthoneith p. 185; fig. 218. Psammétique III p. 25. Saïs, Saïtes p. 20, 22, 25, 27, 36, 38, 39, 47, 244, 271, 273,276, 279,302,310; Trajan p. 32, 98; fig. 13, 31.
120, 121. Péluse (Bataille de) p. 25. Psammétique-Sa-Neith p. 190. 55, 83, 113, 115, 179, 182, 185, 193, 206, fig. 333. Typhonium p. 276.
Nectanébo li p. 26, 27, 194; fig. 221. Pepi l" p. 20. Psousénnès (Les) p. 212, 220, 224, 226, 308 ; 2 14, 244, 253, 308, 331 ; fig. I l O. Strabon p. 55, 292. Tyr p. 23, 25, 27.
Neith p. 237 ;fig. 160. Pepi II p. 20. fig. 224- 225. Sa el-Hagar p. 18, 19, 23, 61, 142, 148, 156, Suse p. 26. Tyskiewicz (Eustache) p. 194;fig. 122, 179.
Nekhbet p. 122, 132 ; fig. 76. Perse, Perses p. 25, 26, 27, 36, 38, 42, 43, Psousénnès l" p. 18, 152, 319; fig. 13 1, 145- 200, 269 ; fig. 127. Sylla, p. 311. Ulysse p. 39.
Nekhtho rheb p. 185, 194;fig. ll 4. 47, 72, 99, 104, 114, 116, 136, ! 51, 188, 146, 175. Salamine p. 26. Syrie, Syrien s p. 47, 206, 297. Vénus p. 30,297.
Nemrod p. 161, 265; fig. 96. 190,195,208,228, 241,244,259,268, Psousénnès II p. 152. Salomon p. 19, 224. Tabo cf Argo (Ile d' ). Vespasien p. 32.
Néos Dionysos p. 110, 125;fig. 43, 56,228, 280, 309. Ptah p. 43, 190; fig. 4. Samarie p. 206. Tah arqa p. 20, 22, 49, 89, 92, 167, 208, 237, Wad Ben Naga p. 292, 331 ; fig. 256.
230. Pétaménophis p. 23, 52, 253,fig. 217. Ptah-Sokar, Ptah -Sokar-Osiris p. 260. Samos p. 25. 265, 273, 276, 279 ;fig. 7, 50, 55,98,99, Xerxès p. 36.
Neouserrê p. 19. Pétosiris p. 27, 46, 99, 108, 119, 132, 209, Ptahhotep p. 188. Sanam p. 20, 265, 279,331 ;fig. 256. 191, 192, 196. Zagazig p. 227, 33 1 ; fig. 256.
Nephthys p. 63, 311. 214, 2! 5, 2 18, 228,239,242, 254,257, Ptolémais, p. 48, 33 1 ; fig. 256. Saqqara p. 23, 52, 149, 253, 314, 33 1 ; Takelot p. 19. Zeus-Ammon p. 38.
Népri p. 133. 263, 265 ;fig. 9,51, 52,53,68,69, 70, 71, Ptolémées, Ptolém aïque p. 17, 30, 31, 33, fig. 115, 116, 226- 227, 256. Takelot II p. 230.
Néron p. 3 1, 42 ;fig. 46. 73, 138, 187. 38, 40,46, 53, 55, 62, 74, 83,98, 99, 110, Sarapis p. 30, 40, 269, 3 10, 31 1. Takoushit p. 156, 161, 203, 230.
Nespakachouti p. Ill , 182; fig. 58, 112. Pétosiris (ouvrages astrologiques) p. 46. 111, ll6, 11 9, 124, 125, 140, 195, 197, Sbomeker p. 288, 292, 296; fig. 219. Ta-Mout -Nofret fig. 176.
Nitocris p. 22. Pétoubastis l " p. l 56, 161, 230;fig. 89, 91. !99, 209, 2!4,215, 237,259, 261, 284, Sebennytos, Sebennytiq ues p. 26, 193, 33 1; Tanis p. 18, 19, 48, ! 52, !58, 205, 212, 220,
Noubas p. 305. Petronius p. 248. 309, 3!0 ;fig. 16,228,230. fig. 12 1, 256. 224, 226,244,247,253,308, 319;fig. 2,
No ut p. 86, 107, 132; fig. 86. Peuples de la Mer p. 236, 266. Ptolémée l" Sôter, p. 30. Séchat p. ll 9, 130. 3, 142, 144, 145- 146, 175, 224-225.
Nurip. 279,33 1 ;fig. 256. Peye (Piankhy) p. 20, 271, 276. Ptolémée II Philadelphe p. 117, 123, 280. Sedein ga p. 279, 299, 300, 33 1 ; fig. 2 11, 252- Tanoutam o n p. 22, 164, 277, 279; fig. 57.
Octavien Auguste p. 38. Pharos p. 39, 55. Ptolém ée IV Philopator p. 30, 117, 125; 253,256. Taou eret cf Thouéris.
O p et p. 82, 86 ; fig. 48, 222. Phéniciens (Les) p. 22, 188, 227, 244, 254. fig. 67. Sem n a fig. 2 14, 33 1 ; fig. 256. Tarquinia p. 244.
Crédits photographiques
Les chiffres renvoient aux pages
348 Toutes les photographies proviennent des archives Gallimard-UdF et des archives RCS à l'exception de: 349
Akg-images, Paris © François Guenet 12. Akg-images/De Agostini 7. Alinari, Florence 37, 53, 56, 67, 235. Alinari/Roger-Viollet, Paris 13.
Bridgeman/Alinari, Florence 9, 41, 54, 60, 61, 62, 88, 93, 118, 303. Archives CEAlex, Alexandrie © André Pelle 6, 10. Corbis/Contrasto, Milan
71, 79, 133, 157, 162, 173, 184, 217, 227, 231,232. DEA Picture Library, Milan: M. Bertinetti, G. Dagli Orti, P. Liaci, C. Sappa, G. Sioen, S. Vannini,
G. Veggi, A. Vergani 12-13, 34, 44, 50, 66, 68, 70, 73, 77, 82, 87, 90, 120, 124, 126, 128, 165, 282, 285, 286, 290, 294, 296,297, 298. Araldo De Luca,
Rome 3. Franck Goddio/Fondation Hilti © Christoph Gerigk 8, 9. Institut tchèque d'égyptologie, Prague© Milan Zemina 11. Andrea }emolo,
Rome 76, 171, 172. Lessing/Contrasta, Milan 4-5,24, 84, 144, 145, 175, 192,221,251,270,274. Mission archéologique suisse au Soudan
©Nicolas Faure l" plat. Photo RMN, Paris© Les frères Chuzeville 180, 189, 255. Photo RMN, Paris© Hervé Lewandowski 139,204, 207,
211, 249, 264, 306. Photo RMN, Paris © René-Gabriel Ojéda 191, 245. Scala, Florence 16, 28, 58, 102, 178, 183, 246. Werner Forman
Archive/Scala, Florence 64, 80, 94, 96, 131, 148, 159, 186,222, 312.
Les dessins et les plans ont été réalisés par Claude Abeille et les cartes par jacques Person.
Cet ouvrage a été réalisé d'après la maquette nouvelle établie par Rizzoli (RCS Lib ri Spa, Milan)
Première édition 2005 par Rizzoli/Corriere della Sera
Direction éditoriale : Luisa Sacchi
Édition : Cristina Sartori
Coordination éditoriale : Sandro Chierici, Ultreya
Direction artistique : Massimo Giacometti, Ultreya; Paola Lambardi
Maquette : Sara Salvi
Recherche iconographique complémentaire : Daria Rescaldani, Ultreya
Photogravure : Tecnolitografica Suma, Milan
Christiane Desroehes-Noblecourt (née en 1913) est la première femme à avoir été nomm ée
membre de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire (IFAO ). Chef du département
des Antiquités égyptiennes au musée du LouYre, elle a aussi été professeur à l'École du Louvre
pour enseigner successivement l'épigraphie, puis l'archéologie égyptienne. Elle a dirigé
des fouilles en Haute -Égypte et joué un rôle essentiel lors du sauvetage d'Abou Simbel.
Elle travaille dans la vallée des Rein es.
Jean Leclant (né en 1920), élève de l'École normale supérieure, agrégé, docteur ès lettres,
a été membre de l'IFAO de 1948 à 1952 (trayaux à Karnak et à Tanis). Professeur à l'université
de Strasbourg de 1953 à 1963, puis à l'École pratjque des hautes études et à la Sorbonne,
il a été élu en 1979 au Collège de France (chffire de Champollion). Membre d epuis 1974
de l'Institut de France où il a succédé à Jacques Vandier, Jean Leclant est secrétaire perpétuel
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1983. Membre des principales académies
d 'Europe et d 'Amérique, il est docteur honoris causa des universités de Louvain et de Bologne.
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