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GALLIMARD

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L'Univers des Formes
Grandes Civilisations

L'Egypte du crépuscule
L'Univers des Formes Cyril Aldred- François Daumas
collection créée par André Malraux Christiane Desroches-Noblecour t- Jean Leclant
Édition d'origine
Comité de Direction
Paul-Marie Duval, Hubert Landais, Pierre Quoniam et Albert Beuret
assùtés de Jacqueline Blanchard 1

Secrétaire général
Jeanine Fricker
assistée de Madeleine Dany et Gisèle Vuillemin
L'Egypte du crépuscule
De Tanis à Méroé
Les textes de Cyril Aldred ont été traduits de l'anglais par Claude Crozier-Brelot 1070 av. J.-C.- rve siècle apr. J.-C.

Présente édition
Conseillers scientifiques
Jean Leclant sous la direction scientifique
Secrétaire perpétueL de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
Professeur honoraire au Collège de France (chaire d'égyptologie) de Jean Leclant
Secrétaire pe1pétuel de l'Académie des inscr;iptions et belles-lettres
Bernard Boltzmann
A ncien membre de l'École française d'Athènes
Professeur émérite d'archéologie grecque

Véronique Schiltz
J1embre du laboratoire d'archéologie de l'ENS-Ulm,
équipe "Hellénisme et civilisations orientales» (CNRS)

Présentation et mise à jour bibliographique


Jean Leclant
Secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

En couverlure:
Kerma (Sou dan), «cachette>> du temple de Doukki Gel. Statue du roi Anlamani debout. Époque napatéenne.
Granit. Haut. 1,78 m. Kerma, Musée.

© Gallimard 1985, pour l'édition d'o rigine


© Gallimard 2009, pour la présente édition
Achevé d'imprimer en septem bre 2009
sur les presses de l'imp rimerie Egedsa à Sabadell (Espagne)
Dépôt légal : octobre 2009
ISBN : 978-2-07-012575-3
Nu méro d'édition : 167872 GALLIMARD
Présentation
par Jean Leclant

6
La parution, en 1980, elu troisième volume de "L'Univers des Formes " 7
consacré au pays des pharaons, avait marqué le point de départ des études sur
«L'Égypte du crépuseule». Dept Lis, de nombreux travaux d'érudition ont été
eonsacrés au dernier millénaire de l'histoire pharaonique, renouvelant
l'intérêt pour cette période jusque-là négligée et presque totalement inex-
plorée et soulignant son importance. C'est le temps où l'éclat des Ramsès, en
effet, n'est plus qu \m souvenir glorieux, un mythe prestigieux auquel tentent
de se rattacher les rois libyens. Les dynasties sc juxtaposent ou se succè-
dent dans un. pays mMcelé et. appauvri. Pourtant, l'Égypte donne en core le
spectacle d' une civilisation puissante, bien qu'elle soit confrontée le plus
souvent à tm monde extérieur dont le système de pensée est totalement dif-
férent et qui lui reste quasi étranger. Car le pays est entré dans le concert des
États méditerranéens et: proche-orientaux à la suite des migrations de popu-
lations et des bouleversements socio-économiques de la fm du nemillénaire.
Conséquence directe, le centre de gravité de l'Égypte a définitivement
basculé vers le Delta. C'était, récemment encore, une province tm peu délais-
sée par les archéologues, qui se tournaient plus volontiers vers le sud du
Page 3. Tanis. Masque funéraire de pays, où temples et cimetières apparaissaient d'emblée plus prometteurs.
Psousennès l". XXI' dyn. Or. Le Caire, Pourtant, l'urgente nécessité de protéger les sites, menacés par l'agriculture
Musée égyptien.
intensive et la poussée démographique, a concentré dans le Delta ees der-
Pages 4-5. Égypte. Page du Livre des nières années un grand nombre de travaux archéologiques; on y dégage
morts d'Imenemsaouf (détail) :le bateau
du soleil vainc le serpent Apophis. essentiellement des sites urbains, un secteur encore pe u conn u de la civili-
XXI-XXII' dyn. Peinture sur papyrus. sation pharaonique. Parallèlement à ces fouilles, qui livrent de nombreuses
Haut. 0,38 rn; Long. totale 4,48 m.
informations contrairement à ce que l'on imaginait autrefois, des groupes
Paris, Musée du Louvre.
d'études internationaux se sont organisés pour exploiter systématiquement
Page 6. Port d'Alexandrie. Colosse d'un la docwnentat.ion épigraphique ou les archives diverses. Car plusieurs des
souverain ptolémaïque, retrouvé brisé
(les jambes manquent). uf siècle av. ].-C. villes du Delta ont connu un essor particulier au } Cl' millénaire : en dehors de
Granit. Haut. 9,45 m. Alexandrie, devant la parenthèse koushite de la X.'(Vc dynastie, originaire des borels du Nil au sud
la nouvelle Bibliothèque.
de la troisième cataracte, ce sont en eifel essentiellement des notables du
Page 7. Karnak, temple d'Opet, mur Delta qw se disputent le pouvoir, exercé à partir de leur ville d'origine :
extérieur Est. Scène d'offrandes. Époque Tanis, Bubastis, Saïs, Mendès, Sebeml.}'tOs, sans parvenir toutefois à éclipser
d'Auguste. In situ.
Les dernières recherches mettent en évidence Memphis ni Thèbes, même
si chacun des dynastes agrandit et embellit sa
la place éminente du dieu Osiris à Karnak. cité en privilégiant ses dieux : ainsi, à Bubastis, la découverte récente d'une
8 Héracléion. Stèle de Thônis-Héracléion. Les extraordi naires cl écouvPrtes sous-marin es opérées à Alexandrie et 9
XXX' dyn ., an I du règne de Nectanebo Y ' dans sa région ont été largement médiatjsées. Ell es ont condui t à la redé-
(380 av. ].-C.). Granit noir. Haut. 1,95 m.
Alexandrie, Musée national. couverte d' un des sites mythiques de notre civilisation, où tant de commu -
nantés étrangères coexistaient da ns un environnem ent culturel exceptionnel,
Canope. Statue de reine. !If siècle av.]. -C.
concentran t le monde hell énistique et le rnonde si particulier des pharaons.
Granit noir. Haut. 150 cm. Alexandrie,
nouvelle Bibliothèque. t :ne des plus impor tantes capital es elu monde antiqu e retrouve peu à peu
ses monument s fa meux, le ph are to ut d 'abord, dont des éléments on t été
mis au jour au pied de la cita dell e de Qait bey, le quarti er des palais, avec
ses mosa'lques spl endi des à l'emplacemen t de l'actu elle bibliothèqu e ou
encore la vill e hell én istique, avec ses habitations , ses lieux publics et ses
cimetières. Su rpri se ! Beaucoup des fragments retrouvés sont des colonnes,
des sphinx, des obélisq ues, voire des stèles ou des statues dont les inscrip-
tions hiéroglyphiqu es permettent de préciser le lieu pom lequel ils avaient
été conçus. Bea ucoup proviennen t des plus grand es vill es du n ord de
l'Égypte, d'Héli opoli s so uvent, au n ord dtt Caire actu el, pro babl ement
détmite déjà par des trem bleme nts de terre et des in cendies.
Les déeouvcrte s de la mission du musée du LouvTe, qui travaille depuis
l99 l dans la nécropole de Saqqara, mettent en évidenee des prati ques funé-
raires nouvelles dans la vall ée du Nil. Retrouvés dans des ch<tmbres souter-
statue monum en tale de l'épouse d'Osorkon Il, la reine Karomama , de près raines inviolées, des dizaines de cercueils de bois pe int, des momies avec le
de 9 mètres de hauteur, laisse présager la présence d' un temple aux dimen - matériel cultuel associé aux enterrements montre nt des changements impor-
sions impression nantes à Bubastis. L'étude minutieuse des vestiges de ces tants dans la mental ité égyptienne ; sous la protection de Ptah- Sokar-Osiris,
capitales éphémères révèle peu à pe u de nouveaux usages. La ville du souvent coitl'é de cornes de bélier, les défunts sont littéralemen t entassés
1er millénaire se développe, sans f(Jrtifi cation ou défense particulière, semble- dans des chambres funéraires beaucoup plus ancieunes, faute de plaee dans
t-il, autour d'un espace religieux enclos, lui, dans une enceinte monumentale la nécropole ou signe peut- être d'un appauvri ssement des classes social es
où était rendu, dans le temple principal, le culte au "dieu de la ville '' ; de aisées. Leur nom n'est presq ue jamais indiqué, alors qu e c'était un élément
petiL~ sanctuaires annexes ou des chapelles pouvai ent abriter des divinités essen tiel aux époques class iques.
secondaires ; dans cette enceinte se trouvai ent aussi des puits, parfois des Pour les grands personnages au service de l'f:tat, des tombeaux impres-
étendues d'eau (lac sacré), des ateliers, des magasins-réserves et des habita- sion nants continu ent po urtant à être creusés à tTavers l'Égypte, à Thèbes et
ti ons de prêtTes. Aucune installation palatiale n'a encore été retrouvée dans à Saqqara surto ut. Les fouill es réeentes d' une mission tchéco-égyp tienn e à
les sites fouillés. La famille royale n'habitait pas dans l'enceinte religieuse au Abousir, au nord de la néc ropole memphite, on t retrouvé la tombe d'un
cœur de la ville, mais, caractéristique de cette époque, la tombe el u roi est creu- haut f(mclionnaire au service des rois C unbyse et Darius : Oudjahores nê. On
sée auprès elu temple principal. connaissait depuis lon gtemps l'homme, originaire de Saïs, par un e superbe
Alexandrie, nécropole d'Anfouchy. 11
10 Tombe n" 3. Salle à décor végétal.
If-f' siècle av. f.-C. Peinture sur stuc.
In situ.

Abousir (au nord de Saqqara), cimetière


saïto-perse. Masque du couvercle
du sarcophage intérieur anthropoïde
d'Oudjahorresnê. Fin vf-début v" siècle
av. ]. -C. Basalte. In situ.

statue acéphale conservée au Musée égyptien du Vatican ; à la lecture de


ses inscriptions, on avait pu imaginer le personnage comme l'exemple même
du "collabo rateur» zélé et imagin er une darnnatio mernoriœ, un e fois les
Perses chassés d'Égyp te. Dans sa sépulture splendide, c'est en Égyptien
pourtant qu'il se fait enterrer, les rituels les plus traditionn els gravés dans
la pierre des parois de sa chambre funéraire. Il semble avoir été toujours
en faveur sous les de rnières dyT1asties indigènes où l'on restaure à Memphis
un monumen t à son nom. Près de son caveau également, des tombes prin-
cières, tout nou vell ement découvertes, livrent d'étonnants monum ents
couverts des formul es les plus an cienn es mêlées à des bas-reli efs repré -
sentant des fi gures divines parfois di fficil es à id entifier.
Dans ce conservatoire étonnant qu'est la vallée du Nil, le paradoxe voudra
que l'on re trou ve les plus anciennes inscriptions d u monde hellénique,
graffitis laissés par des voyageurs grecs partis à la découverte de la vallée,
messages gravés par des explorateurs gagnant le Sud , à la recherche d'ani-
maux exotiques, ou encore témoignages laissés par les communautés de mer -
cenaires, Cariens, Araméens, dont les garnisons sont instaJiées tout au long
de la vallée el u Nil.
tienne conna.issaitune étonnante diŒi.tsion hors des frontières elu pays. Le rôle 13
12 Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis).
Tombeau de Pétosi ris, pronaos, paroi sud: de la Phf.nicie est. évidemment :ruajeur, qui véhiculait , avec la pacotille des
défilé de porteurs d'offrandes (détail). amulettes bleues en particulier. les Ill) thes égyptiens à travers tout le monde
Vers 330 av. J. -C. Calcaire coquillier stuqué
et peint. méditerranéen. jusqu'en Tunisie ou aux côtes d'Espagne.
tlne belle expositi on présentée au musée du Louvre en 2005 a permis,
Suse. Statue de Darius l'' en pharaon.
XXVII' dynastie égyptienne, V' siècle
grâce aux analyses et enquêtes menées en particulier clans les labo ratoires
av. ].-C. Grauwacke provenant du Ouadi des Musées de Fmnce. de Ca.ire le point, dans le cloma.i ne des objets archéo-
Hammamat. 2,36 m sans la tête. Téhéran, logiques, sut' les fa[euces de l'Antiquité (de l'f:gypte à l'Iran). Na ucratis, au
Musée national.
Le roi des rois est debout sur un socle décoré nord-ouest du delta du Nil, était volontiers considérée jusq ue- là eom1ne l'un
à l'égyptienne d'écussons de peuples soumis des centres principaux de la production de ce petit matériel qui, à parti r de
de part et d'autre du symbole de l'union
des Deux- Terres.
produits peu coùtcux (sable, chaux, minerais métal liques), évoque l'éclat du
lapis-lazuli 011 de la turquoise. Tout cela semble désormais de,·oir êtt·e remis
en question. En dehors de scarabées f't d'amuJeues largement répandus à tra-
H'rs le monde méditerranéen au le'· millénaire, aucun atel ier d' importance
n'a été retro uvé sur place, où la fabri cation semble en fait avoir été l.imitéc à
une courte périodt> au début de la XXVlc dynastie. Cc pourrait être plu tôt de
l'île de Rhodes que se serai t faite la large diffusion de tous ces petits objets
de faïence som~ent ,·ecte urs d'une certaine image pharaonique.
J\lêmc nin eue et occupée, l'Égypte continue à fasciner ses voisins. Le roi de
Bien des points d'histoire conuoencent à se préciser sur cette époque Perse Darius T•·r se fait ainsi représcnt·er à Suse en pharaon écrasant sous
encore mal cem ée. Les recherches 1u-chéologigues menées en .Palestine sur ses pieds les peuples soumis. La st..-:ttue, de grani t noi t; est d'excellente qualité;
les sites fameux rnentimmés dans la Bible tendraient à étab.ür que les allusions elle est probablernenL l'œuvre d'artistes égyptiens sujets du Grand Roi.
à l'Égypte dans Je livre saint ne concernent pas l'époque ramesside, com me Tous ces exemples confirment bien que le long crépuscu le de l'Égypte
on cherchait à le prouver encore récemme nt, mais reflétera.ieut des préoc- qui eo m rf' tout le premi er m iLlé naire avant notre ère et perd11re juscpt'au
cupations politiques locales du début du f"'. millénaire avant notre ère. règue de Justinien - assume une place essentielle parmi les gr·andcs ci,rili-
Tournée depuis toujoLirs vers son passé. modèle par excellence (paradis sations de Méditerranée et d u .Proche-Orien t.
perdu?), l'Égypte se concentre en core davantage sur ses valeurs originelles.
La tendance archa[sante que l'on avait d 'abord attribuée aux règnes des
souverains saïtes (XXVf• dynastie), oli l'on ava.it surtout. vu ensuite l'influence
Jean Leclant,
des souverains kousbües (X.,'{ye dynastie), pourra.it. s'amorcer en réalité à la fin Serrétairc pe![Jétucl de l'Académie des inscnjJtions el belles-fettres, juin 2009
de l'époque libyenne, mais avec Psammétique et la XX VIe dynastie, on assiste
à une véritable renaissance culturelle. Alors môme q ue cette Égypte crispée
da.ns sou conservatisme subissa it les inOuences étrangères, la cu lture égn)-
Table des matières

Présentation de la nouvelle édition par Jean Leclant 6 ANNEXES

Plans et restitutions 320


Introduction par Jean Leclant 16
Cartes 332
CHAPITRE I
Bibliographies 334
IJArchitecture et son décor. François Daumas 34
Index 343
CHAPITRE II
Bas-reliefs et peinture. François Daumas 96
CHAPITRE III
Statuaire. Cyril Aldred 148

CHAPITRE IV
Arts de métamorphose.
Christiane Desroches -Nob lecourt 204

CHAPITRE V
Art méroïtique. Jean Leclant 270

L'Égypte du crépuscule. Postface par Jean Leclant 306

Les Pharaons. Épilogue par Jean Leclant 312

Dans le présent ouvrage, les chiffres en marge renvoient aux numéros des illustrations.

______________________________ _______________________________a.....______________________________ ___________________________


Introduction
par Jean Leclant

On arrête trop souvent l' histoire de l' art égyptien à la fin du No uvel 17
Empire; quelques lignes méprisantes suffisent alors pour flétrir une longue
décadence - longue assurément, puisqu'il s'agit de près d'un millénaire et
demi; décad ence, non certes, car s'y esquissent plusieurs renouveaux et s'y
affirment plusieurs authentiques chefs -d ' œuvre; les éno rmes temples des
époques ptolémaïque et romaine dressent de nos jours encore leurs masses
saisissantes, gravées d 'innombrables textes qui sont des sources documen -
taires inépuisables sur la re ligion et la pensée pharaoniques; des statues, des
pièces d 'orfèvrerie - certaines prestigieuses - attestent le maintien des
qua lités traditionnelles des artistes et artisans égyptiens. En montrant les
formes variées - certes parfois disparates, nous le reconnaissons - de
l'époque tardive, le présent OU\Tage \·oudrait al ler à l'encontre de préjugés
tenaces, mais injustifiés.
En fait, la Basse Époque souffre surtouL d 'être mal connue. Beaucoup de
documents ne sont pas encore publiés ou le sont de façon incomplète. On ne
s'est pas suffisamment attaché aux prob lèmes historiques ; les historiens
d'art n'ont pas tenté d'analyser et de comprendre les caractères des diverses
périodes, fort dissemblables entre elles, qui la constituent.
C'en est désormais fini de l'Égypte impériale triomphante ; malgré quelques
essais infructueux, les pharaons n e pem·ent reprendre pied dans les territoires
qu'ils dominaient au Nouvel Empire en Asie et en Afriqu e; l'influence
culturelle demeure cependant considérable, tant sur l'art ph énicien que sur
la Nubie. On est loin aussi du splendide isolement de l'Ancien Empire; tout
en étant contrainte au repliement sur elle -même, l'Égypte est prise dans les
soubresauts de la grande politique du Proche-Orient et souffre trop souvent
des vicissitudes des invasions. On est d'autant plus étonné qu'en dépit de
périodes réelles d'appauvrissement elle ait encore montré de tels éclats de
fortune et fait preuve d'un tel rayonnement.
C'est un e histoire très comp lexe, avec de multiples coups de théâtre,
que connaît alors la vallée du Nil. Après l'extraordinaire pérennité de
ses époques les plus prestigieuses, les Empires - l'An cien , le Moye n
1. Edfou. Temple d'Horus. et le Nouvel Empire, auprès desquels il n e faut pas celer les énormes trous
Époque ptolémaïque. Grès. d'ombre des périodes intermédiaires - , cette évolution des temps tardifs
18 peut apparaître chaotique, hétérogène, tributaire d 'influences extérieures demeu r e d ' ailleurs considérab le à la cour d e Salomon et de David, 19
très d iverses. E ll e n'en reste pas moins éminemment égyptienn e, soumise qui cherchent dans la vallée du Nil des modèles pour leurs hymnes, leurs
tout entière à l'institution pharaon ique. Il en résulte une unité profonde sagesses, le ur administration, et y trouvent éventu ellement une épouse.
d'inspiration, que ne ré ussit pas à briser le disparate de certaines œuvres, Signe des temps, car il était impensable auparavant qu'une princesse
où peut l'emporter la marque de l'extérieur. égyptienne ait pu s'unir à un étranger.
Le millénaire et demi durant lequel l'Égypte subit un lent crépuscule est La fragilité de cette Égypte morcelée laisse le champ libre à des soldats
très riche d'événements importants, parfois contradictoires et imprévus, d'origine libyenne, qui s'emparent du pouvoir. Les plus puissants d 'entre
le plus som ·ent méconnus. Aussi ne peut-on se dispenser d'en présenter eux constituent la XXIIe dynas tie, qu e Manéthon qualifie de "b ubastite •,
un e esquisse nécessaire à la compréh ension de formes où s'entrecroisent du nom de la ville de garnison d'où procédait le fondateur de la dynastie,
tant: de courants variés, «de glissements, d'innova ti ons, d'emprunts ou de Sheshonq Ier (vers 945 ·924 env.). L'Égypte présente alors une structure de
reto urs en arrière''· type féo dal, les liens de parenté ou d'allégeance en tre les chefs militaires
Après que le dernier Ramesside, Ramsès Xl, eut disparu discrètement constituant son armature politique. Mais la civilisation demeure typiquement
de la scène historique et que le gra nd prêtre d 'Amon thébain Hérihor, traditionnelle :les maîtres libyens n e sont nullement ressentis comme des
usurpant le trône, fut deYenu pharaon (Yers 1070 env.), l'Égypte se morcelle. étrangers; la classe sacerdotale à laquelle participent les dirigeants garde
Un autre pouvoir appa raît dans le Nord avec Smendès. Les trois siècles toutes ses prérogatives.
obscurs qui s'ouvrent alors constituent une Troisième Période Intermé- À Karnak, Sheshonq Jer, qui a rouvert les carrières de grès d u Gebel
diaire, écho peut-être des graves bouleversements qui ont marqué , dans Silsileh, construit le portique dit" des Bubastites "· On y reconnaît encore
l' ensemble de la Mé diterran ée orientale, la fin du Bronze récent et le l'image du pharaon triomphant, qui monta contre Jérusalem et y prit tous
début de l'Âge du Fer. les boucliers d'or qu'avait faits Salomon ; il édifie un petit temple de plan
Sous la XXIe dynastie (1070·945 env.), les rois de Tanis, au Nord -Est classiqu e à E l·Hib eh , en Moyenne -Égypte. Dans la nouvelle cap itale,
du Delta, se proclament parfois " premiers prophètes d'Amon,,; ils sont Bubastis, au cœur du Delta , Osorko n II (862-833 env. ) dress e un hall
ainsi les con currents des grands prêtres thébains qui, en revanche, entou- jubilaire, dont les reliefs finement gravés dans le grani t recopient en détail
rent souvent leur nom du cartouche de pharaon. À Tanis, un grand sanctuaire les scènes canoniques et les grands défilés de la fête -sed que nous ont fait
à la gloire d'Amon, cei nt par Psousennès Icr (1040·990 env.) d'un puissant connaître antérieurement Neous errê (Ab ou Gou rab ) et Aménophis III
mur en briques cru es, es t construit de blocs de tous ordres arrachés à la (Soleb). À Tanis, Sheshonq III bâtit un propylée et Shesh onq V un édifi ce
résidence voisine de Pi -Ramsès. À J'intéri e ur même de l'en ceinte sacrée, jubilaire. Des recherch es ultérieures clans le Delta ne manqu eront pas
dans un angle, une nécropole est aménagée. Maçonnés de blocs de remploi, de faire connaître les vestiges, malheureusement sans doute très ruinés,
en faible profondeur, les caveaux de plusieurs pharaons et de leurs grands de maintes autres constructions des Bubastites. À Karnak même, on vient
dignitaires ont été exhumés par P. .llifontet juste avant la guerre de 1940, de découvrir, remployés à l'avant du temple de Khonsou, des reliefs d 'une
en un temps où s'est tro uvé assourdi le retentissement d'w1e telle découverte. grande finesse aux noms d 'Osorkon III et de son fils le grand prêtre
2. Tanis. Fragment de sphinx La période aurait pu sembler très pauvre, si n 'avaien t resurgi alors les Takelot. Si certaines scu lptures royales ou fun éraires sont usurpées, un e 3. Tanis. Tête d'une statue du roi
du roi Siamon. XXI' dyn. Osorkon IL XXII' dyn. (vers 860 av. f.-C.).
masques d'or et d'argent de Psousennès et Pinedjem; malgré les pill ages, belle série d'œuvres, destinées aux temples et non aux chapelles fun éraires, Granit. Haut. 33,5 cm. Philadelphie,
(vers 978-960 av. f.-C. ). Granit.
Larg. 35 cm. Le Caire, Musée égyptien. le matériel recueilli assure la glo ire de Tanis. L'éclat du pharaon égyptien témoigne nt de sources d ' in spiration écl ectiques; les formes sont très University Museum.
21
20 4. Karnak, domaine d'Amon-Rê. Temple de di1·erscs : statues -cubes, statues naophores ou théophores. Sans qu'il soit
Ptah : vestibule formé de quatre colonnes permis de mes urer la part du hasard qui a présid é à la destru ction des
reliées par des <<murs-bahu ts >>donnant
sur l'entrée ou petit pylône.
sculpture s de la dynastie p récédente et assuré en revanche la con sen ·ation
de celles de l'époque libye nne, de nombre ux bronzes assurent le renom
de celle-ci ; de fines niellures d'or et d 'argent rehaussen t leur éclat.
Pourtant, des conflits continuel s affa iblissen t l'oligar chie militaire et
cléri cale. Le Della se mor celle : une p uissante famille de Saïs étend son
pou1·oir ; la Moyenn e-Égypte connaît égalemen t des roi telets.
C'est alors, vers 730, que surgit du Su d Lrès lointain un puissant chef
de guerre, Piankhy (qu'il convient désormais d'appeler pl ulôt Peye) ; ma.î tre
de la Haute-Nu bie, autour du Cebe] Barkal, il franchit steppes et déserts ;
il effectue à travers 1'Égyple morcelée, jusque dans le Delta, une expédition
militaire triompha le, que rela te une grand r stèle en hiéroglyp hes égy ptiens.
Il affirme une orthodoxie Lol.ale, sacrifiant: à Amon, le maître de Thèbes, qui
est aussi, sous sa forme animale elu bélier, le dieu principal des Kouchites.
S'il abandonn e bientôt l'Égypte à ses dissension s et retourne en ~ubie, son
frère et successeu r Chabaka revient jusqu'au Delta vers 713, fai sant br ûler
Bocchori s, le dynaste de Saïs, célèbre dans la LradiLion class iq ue pour son
code de lois; il fonde la XXVc dynastie.
Sous les trois souverains de la dynastie dit e "éthiopi en ne " ou " kouchite" :
Chabaka (713 -698 cn1.), Chabatak a (698-690 env.) et Taharqa (690-664),
l'Égypte connaît une véritable renaissan ce. Fidèles aux Yaleurs de l'antique
Égypte, ils vonl chercher leurs modèles au-d elà des Ramsès, jusque dans
le c lass ic ism e du Moye n E mpire, e l. parfois m ême dan s les glor ie uses
réalisations de l'Ancien Empire. On recopie de \'ieilles inscriptio ns, comme
le Texte de t héo logie memphit e. La tendan ce ar ch aïsante est manifeste
au point qu 'un relief de Taharqa au temple de Kawa montre de la façon
la plus tradition n e ll e le sph inx fo ulant aux pieds les ennemis, face à
un e famill e libye nne donl les n oms sont les m êmes que sur d es re li efs
vieu x de plus de mill e c inq ce nts ans, d e Sahourê, Pepi l e' ct Pcpi ll.
Mais à Kawa et à Sanam , des décoralio ns d' un style plus moderne appa-
raissent : orch estre accompagnant la barque sacrée, scènes de charrois ou
d e chalands.
22 L'Égypte se couvre de monuments. Chabaka, dont les émissions de yastes tombes, décorées de somptueux reliefs :les appartements funéraires 23
scarabées sont nombreuses, restaure les enceintes et les portes de Médinet du "quatrième prophète d'Amon, prince de la ville" Montouemhat, de
Habou, Karnak et Dendara. À Louxor et Medamoud, il érige des colonnades- Pétaménophis, d'Aba, de Pabasa ou d'Ankhhor comptent parmi les grandes
propylées, d'un type qui sera caractéristiqu e de la dynastie; il travaille œuvres égyptiennes. Mais à Saqqara, dans la nécropole memphite, se déve -
également à Memphis, où subsistent des vestiges en calcaire très délicatement loppent bientôt des sépultures, elles aussi impressionnantes; certaines
sculptés. Chabataka, à Karnak, agrandit le sanctuaire d'Osiris Heka-dj et seront d'un type nouveau :un puits très large et profond, au fond duquel est
et dédie une chapelle sur les bords du Lac sacré. Le bâtisseur par excellence maçonné le caveau, avec un pu its latéral secondaire destiné à b loquer
est Taharqa. À ses grandes réalisations de Nubie, il ajoute un audacieux l'installation après l'inhumation.
programme thébain : des colonnades -propylées aux quatre points cardi- Les historiens, qui n'avaient guère prêté attention à l'épisode éthiopien,
naux de Karnak, de petites chapelles en l'honneur d'Osiris, témoignage ont longtemps situé la" renaissance" sous la dynastie saï te (664 -525). Certes
de la ferveur grandissante envers le dieu de la résurrection, qui répond à les modèles plastiques sont cherchés alors avec prédilection dans les œuvres
J'affligé, maître de la vie et de l'éternité. du passé. Mais, plus qu'elle ne le laisse paraître sans doute, l'Égypte aurait
Voulant passer pour d'authentiques pharaons égyptiens, les Kouchites ont tendance aussi à se tourner vers des valeurs d'avenir. Néchao (610-595) s'ouvre
été toutefois représentés avec leurs traits nubiens, décorés de bijoux à tête de à des desseins nouveau : il commence à aménager un canal des Deux Mers,
bélier; la calotte typique qui les coiffe est ornée d'un double urœus qui permettant le passage de la Méditerranée à la mer Rouge; il organise
évoque peut-être l'union de l'Égypte et du Soudan. Ces r udes guerriers un périple de l'Afrique. Digne d'un meilleur sort, il perd le combat contre
africains, dont la culture est en quelque sorte cousine de celle des Égyptiens, les Babyloniens, la nouvelle puissance forte de Mésopotamie. Les Égyptiens,
ont protégé la basse vallée du Nil contre u n envahisseur d'une tout autre qui avaient mené avec succès une puissante expédition militaire à travers
nature, les Assyriens. la Syra -Palestine, sont défaits près de Karkémish (605) ; l'Égypte n'est
À travers la Bib le, les atermoiements, les ralliements, les imprécations sauvée de l'invasion que par la mort de Nabopolassar. Néchao, énergique
des proph ètes et des souverains d'Israël, on mesure l'ampleur et la violence et persévérant, apparaît comme l'homme des occasions perdues.
de ce conflit qui, durant un demi-siècle, opposa l'Afrique et l'Asie. En 663, Sous Psammétique II (595-589), une menace s'étant dessinée à partir du
on assiste au sac de Thèbes. Le dernier souverain de la lignée éthiopienne, royaume de Kouch, les Égyptiens font campagne jusqu 'à Napata; c'est alors
Tanoutamon, s'enfuit vers le Sud. Les Assyriens installent des gouverneurs qu'on martèle les cartouches des souverains éthiopiens et leur deuxième
à leur dévotion. Mais rien de cela ne subsiste dans l'historiographie égyp - urœus si caractéristique; puis Psammétique II fait une tournée en Palestine,
tienne, dont les monuments ne nous livrent qu'un seul nom, celui du dynaste 109 où il es t accu eilli en triomphateur. Sous Apriès (589 -570), la politique
de Saïs, Psammétique, qui rétablit à son profit l'unité et l'indépendance d'expansion vers l'Asie reprend, m'ais connaît des échecs. Tyr rés iste à
du pays (664-610). un siège de treize années. Nabuchodonosor, en 586, marche sur Jérusalem;
Désormais l'Égypte bascule vers la Méditerranée. Le Delta, qui s'ouvre tandis qu'un grand nombre de Juifs partent en captivité à Babylone, d'autres
vers le commerce maritime, en rapport avec les Grecs et les Phéniciens, se réfugient en Égypte, attirant sur eux les malédictions du prophète Jérémie.
5. Statuette du roi Chabaka agenouillé. Sa prédilection pour les Grecs perdit Apriès :les Libyens s'étant révoltés 6. Fragment de statue du roi Amasis.
l'emporte sur une Haute -Égypte vo uée au maintien des traditions cultuelles.
XXV' dyn. (vers 710 av. f.-C. ). Bronze. XXVI' dyn. (vers 570-526 av. f.- C.).
Haut. 16 cm. Athènes, Musée national Psammétique fait adopter sa fille Nitocris par les dernières Divines Adoratrices contre les Grecs de Cyrène et ayant appelé Pharaon à leur secours, celui- ci Quartzite. Haut. 73 cm. Florence,
(p. 276). éth iopiennes. Au pied de la cime thébaine, à l'Assassif, sont creusées de ne voulut pas employer contre des Hellènes ses mercenaires grecs; les Museo archeologico.
troupes égyp ti ennes qu'il envoya subirent de lourds revers, se soulevèrent 7. Détail de la statuette de Taharqa 25
agenouillé et faisant une offrande
ct proclamèrent roi leur général Amasis. Ce dernier, d 'humble origine, au dieu faucon Hemen (cf fig. 192).
a laissé une bonne réputation. Son long règne (570-526) assura la prospérité ; XXV' dyn. (690-664 av. ].-C.).
s'occupant des impôts, il sut calmer les sentiments xénophobes de ses Bronze et schiste plaqué d'or.
Haut. 19,70 cm. Paris, Musée du Louvre.
partisans; il concentra à Naucratis tout le commerce grec d'Égypte. Contre
la menace des Babyloniens, il rechercha de bonnes relations avec les Grecs
de Cyrène, épousant même une princesse de celte ville ; il s'allia à Polycrate,
le tyran de Samos. Mais ce règne brillant fut sans lendema in. Sous son fils
et successeur P sammétique III, Cambyse, maître des Perses et des Mèdes,
se fit livrer les plans de combat par un des généraux grecs au service de
l'Égypte. Après la bataille de Péluse et le siège de Memphis, Psammétique III
dut se don n er la mort (525).
Pour plus d'un siècle, l'Égypte est soumise aux Perses. Les monuments
reconnaissent le Grand Roi comme un pharaon; son nom est entouré du
cartouche; vêtu à l'égyptienne, il est figuré en train d 'accomplir les rites
traditionnels. Mais un violent courant xénophobe se développe contre
les maîtres étrangers. Le cl ergé égyptien se raidit dans ses positions les plus
conservatrices. Cambyse, qui a échoué dans deux expéditions, l'une contre
l'oasis d'Ammon dans le lointain désert de Siwa, l'autre contre les Kouchites,
est dépeint conm1e une sorte d'épileptique, profanant la tombe d'Amasis, mas-
sacrant le t aureau Apis. Cependant, le portrait si critique laiss é par
Hérodote provient d'informations des prêtres nationalistes. La grande inscrip-
tion d'un "collaborateur,, Oudjahorresnê, amiral et" Grand" des médecins,
chargé d'é tablir le protocole pharaonique de Cambyse, montre le maître
perse soucieux de restaurer Saïs.
Sous Darius (522-485), l'Égy pte devient la sixième satrapie perse. Les
textes législatifs égyptiens sont réunis en corpus. Darius s'intéresse à la voie
de la mer Rouge, achevant le canal des Deux Mers et s'occupant de la route
terrestre de Coptos à Kosseir. Il veille également à une véritable politique
saharienne, désirant sans doute contrôler les pistes lointaines jusque dans
l'arrière -pays de Carthage . En tout cas, il fait construire dans l'oasis de
Khargeh un grand temple de conception et de décor totalement égyptiens.
La prospérité de l'Égypte est indiquée par le tribut qu'elle paie, le p lus
26 lourd après celui de la Babylonie : 700 talents d'argent, auxquels s'ajoutent pays. Plusieurs œuvres de statuaire témoignent alors de la valeur de l'art 27
les revenus des pêcheries du Fayoum. de la Basse Époque; à côté d ' un certain conformisme idéalisant, des
La vallée du Nil est largement ouverte sur l' extérieur : tandis que des portraits réalistes accusent la personnalité du donateur. Ce dernier éclat
ouvriers égyptiens déportés travaillent au palais de Suse et qu'un contingent de l'Égypte nationale va cependant s'achever brutalement. La lutte reprend
sert dans l'armée perse à la bataille de Salamine, les étrangers, surtout Juifs contre les Perses avec l'appui de généraux grecs. Le fils de Nectanébo le'·,
et Grecs, s'installent en Égypte, protégés par le statut perse. C' est aussi Téos, mobilise toutes les ressources : il réquisitionne le métal précieux,
l'époque des voyageurs grecs : Hécatée de Milet et Hellanicos de Mytilène. impose les céréales, fait payer des taxes d'importation ; il supprime les pri-
On peut suivre la montée de l'opposition aux Perses. Les grandes figures vilèges accordés par son père au clergé de Saïs. La Palestine est rapide -
égyptiennes du passé sont exaltées par contraste envers les dominateurs ment conquise. Mais, tandis que Téos et l'armée égyptienne connaissent
perses : alors se forme la légende de Sésostris. L'hostilité se développe de grands succès, un coup d'État en 359 met sur le trône Nectanébo II.
contre le dieu Seth lié aux étrangers. D'une façon sournoise, des noms Celui -ci repo usse en 350 Artaxerxès III Ochos, mais en 343 les Perses
propres imprécatoires constituent contre les occupants de vraies conjurations l'emportent; le pharaon - dernier souverain national de l'Égypte pour
magiques. Les guerres médiques ayant mis en évidence les faiblesses des de longs siècles- doit s'enfuir vers le Sud.
Perses, l'insurrection devient quasi permanente, soutenue par Athènes. Après La seconde domination perse fut très différente de la première. Les
une brève période d'indépendance sous le Saïte Amyrtée, l'unique roi de Grands Rois entrent en conflit violent avec les Égyptiens. Ils exploitent
la XXVIIIe dynastie, les Perses affaiblis reprennent le pouvoir. Mais, en 399, le pays en coupe réglée, sont accusés de manger des animaux sacrés.
un prince de Mendès, une des grosses cités du Delta, monte sur le trône. Un sage d'Hermopolis, Pétosiris, a laissé quelques témoignages sur cette
On sait peu de la XXIXe dynastie, dite mendésienne (399-380). Des naos époque de désolation; son tombeau -temple, où des scènes manifestent
monolithes colossaux, mais piteusement basculés, gisent dans les mornes une infl uence typiquement grecque, es t gravé de belles inscriptions, où
ruines de Mendès; une mission américaine a entrepris des fouilles qui il exprime sa foi en Dieu. À proximité , la grande nécropole de Tounah
lui rendront sans doute une gloire autrement évanouie. À Karnak, on vient el-Gebel, avec de vastes installations destinées aux ibis et aux babouins
de restaurer un temple d'Achoris (393 -380), qui montre une présence et d'immenses couloirs souterrains où sont enfournées les momies de
active dans le vieux sanctuaire national. Le regain de puissance de l'Égypte ces animaux sacrés du dieu Thot, atteste l'importance d'un clergé bigot,
se manifeste davantage sous la dynastie suivante, qui provient de la ville qui, par la zoolâtrie, recrée un culte plus égyptien et plus particulariste
de Sebennytos, dans le Delta également. La XXXe dynastie (380-343) repré- qu'il n'a jamais été.
sente la dernière phase de l'histoire de l'Égypte indépendante - et elle En 333, Alexandre le Grand bat à Issos Darius III Cod oman; après les
est brillante. Renouant avec la tradition saïte, elle manifeste des velléités sièges de Tyr et de Gaza, il arrive en Égypte. Il se rend en hâte jusque dans
de conquête et s'illustre dans une politique monumentale active. Les le fond du Désert libyque, à l'oasis de Siwa, pour consulter son« père»
sanctuaires de Sebennytos et de Behbeit el-Hagar offrent, gravées dans le Ammon; le culte du dieu cornu avait en effet pénétré jusqu'en Macédoine.
granit, des scènes élégantes; certes les déesses présentent quelques En marge de l'Égypte, il fonde Alexandrie pour faciliter les communications 9. Tounah el-Gebel (près d'Hermopo lis).
8. Tmai el-Amdid. Tête d'une statue rondeurs, mais restent gracieuses. Nectanébo II dresse à Dendara un 46, tant vers la Méditerranée qu'au-delà de la mer Rouge vers l'Extrême-Orient. Tombeau de Pétosiris, chapelle intérieure :
du roi Achoris (?).XXIX' dyn . le chariot funéraire de Pétosiris.
mammisi qui est le plus ancien connu. Fervents dévots de la déesse Isis, 47, 56 Vis-à-vis de l 'Égypte cependant, il apparaît comme un pharaon; Vers 330 av. ]. -C. Calcaire coquillier
(vers 390 av. ].-C.). Granit. Haut. 44 cm.
Le Caire, Musée égyptien. les Nectanébo attachent leur nom à l'île de Philae, à l'extrême Sud du il est couronné à Memphis. Plusieurs scènes gravées dans les temples le stuqué et peint.
28 1O. Préneste. Sanctuaire de la Fortune : 29
détail de scènes nilotiques.
Vers 80 av. ]. -C. Mosaïque. Palestrina,
Museo Prenestino-Barberiniano.
montrent accomplissant les rites du culte, tout comme sera figuré son 11. Karnak. Porte de l'enceinte 31
30
de Mon tou. Seconde moitié du
demi-frère Philippe Arrhidée, qui lui succède en 323, puis, de 317 à 311, llf siècle av. ]. -C. Grès.
Alexandre Jer, son fils.
L'Égypte pharaonique ne s'arrête pas alors. A la suite de Ptolémée Jer
Sôter (306-286), général macédonien devenu maître de la vallée du Nil,
les Lagides continuent d'être des pharaons, comme le seront les Césars
romains. L'historiographie, qui s'appuie essentiellement sur les sources
classiques, grecques puis latin es, présente habituell ement l'histoire de
l'Égypte dans le cadre des royaumes hellénistiques, puis comme une provînce
de l'Empire romain. Mais, pour celui qui s'intéresse à l'art égyptien, il
convient de changer la perspective ; il s'agit là d'un authentique chapitre de
l'histoire de l'art pharaonique. Dans la suite des Nectan ébo, l'art ptolé-
maïque dans sa fleur développe un style gracieux. La décoration du temple
de Behbeil el-Hagar est complétée.1àndis qu'à Alexandrie se développe
une religion composite, dans laquelle Sarapis incorpore maints traits p. 9
de l'antique Osiris, et qu'Isis se fait représenter en une sorte de Vénus ou 20
de Déméter classique, dans les galeries impressionnantes du Sérapeum
de Memphis se rangent régulièrement les énormes cuves des taureaux Apis.
On en vient à tenir pour sacrées des espèces animales entières. D'immenses
n écropoles souterraines recèlent des centaines de milliers de dépouilles
momifiées de taureaux, de béliers, de chats, de faucons et d'ibis. Sous l'un
des derniers Ptolémées, la foule massacra un Romain qui avait tué un chat. 1.14 leur rendre le culte. Les constructions semblent avoir abandonné le Delta.
Dans tous les petits sanctuaires locaux, les prêtres recopient leurs grimoi- Comme les grands cultes traditionnels, l'art proprement égy}Jtien se réfugie
res et leurs textes magiques en démotique, évoquant d'étranges pratiques. 235-238 dans la Haute -Égyp te. Durant près de deux siècles (237-57), à Edfou,
Des stèles plus ou moins grossières, d'innombrables statuettes, des amulettes se poursuivent la construction et la décoration d'un énorme temple, de
attestent la ferveur populaire. plan très régulier, long de 137 rn, dont le pylône atteint 35 rn de haut ; il est
Il faudrait sans doute suivre dans le détail l'évolution des idées et des 40-46 consacré à Horus, le dieu national et dynastique par excellence. A Dendara
mœurs dans le milieu égyptien, et non s'en tenir à ce que la documentation 228-234 se lisent les noms des derniers Ptolémées el ceux des empereurs romains
des papyrus grecs nous fait connaître des colons grecs ou de la popula- 23 jusqu'à Kéron. La façade aux énormes sistres symbolise le culte rendu à
tion hellénisée. Une étape est marquée par le règne de Ptolém ée IV Hathor. La déesse allaite Césarion, le fils de Cléopâtre et de César, dont
(221-203) et par la bataille de Raphia, qui souligne l'importance des éléments 47 la naissance divine était retracée sur les bas-reliefs du temple, aujourd'hui

indigènes de l'armée. De toute façon , le rôle des dieux égyptiens deme ure 65-66 disparu, d'Erment. A proximité du temple d ' Hathor de D endara, un
immense. Pharaon, qu'il soit macédonien ou plus tard romain, devait nouveau mammis i offre des cartouches de Néron à Antonin. A l'avant
32 du py lôn e du temple de Louxor, en 126 d e notre èr e, Hadrien d édie les statues de style purement égyptien se sont faites de plus en plus rares 33
un petit sanctuaire dressé sur un podium; une Isis de style grec domine el onl disparu totalement. Pourtant des textes hiéroglyphiq ues son t. gravés
la statu e du taureau Apis, un Osiris Canope, des stèles et des autels . sous Dioclétien (284-305) et sou s Max imin Daia, jusque sous Théodose
À Kom-Ombo, de Ptolémée VI Philométor (181 -143) jusqu'à .Macrin et en août 394 apr. J.-C. ; au milieu du y e siècle apr. J.-C. , à Philae, on écrit
Diaduménien (218 apr. J.-C.) se poursuivent l'édification et la décoration encore en démotique. Étonnante persistance de la culture égyptienne.
d 'un curieux temple double consacré à la fois au dieu-crocodile Sobek el Depuis plus de cinq siècles, l'hellénisme est pourtant présent, et dans une
au die u-faucon Horus le Grand. Le 1er siècle de notre ère voit l'apogée situation de force, en Égypte. Un art hybride gréco-égyptien s'est développé ;
de l'ensembl e somptueux de Philae ; l'île sa inte d'Isis devient alors ceLLe peu L-être es t-il prématuré de porter s ur lui un jugement, tant que ses
perle de l'arch éologie égyptienne qui méritait bien un effort international 17,80 réalisation s n'auront pas été l'objet d 'inventaires et de p ublication s suffi-
pour la sauver des flots ; au début du ue siècle apr. J.- C., Trajan y associe 242-243 santes. Les vastes nécropoles d'Alexandrie (Kom el- Ch ougafa, Anfo uchy),
son nom à un charm ant pavillon ; p èlerinage cosmopolite, elle r eçoit en permettent une première approche, ain si que des sites du Fayoum;
régulièrement les ambassades des Niéroïtes; les prêtres d 'Isis n e sont quelques œuvres ne manquent pas d' un certain charme; un taureau sacré,
expulsés des vén érabl es sanctuaires de la Première Cataracte que vers au nom d'Had rien , s'avance avec puissance. Art ég:vptisan t à des degr és
535 ap r. J.-C., sous le règne de Justinien. Auparavant, pendant des siècles, 12, divers, mais qui, par rapport aux réalisations maîtresses des grandes époques
à travers la Basse-Nubie, on agran dit les temples; on construit même de 239,241 de jadis, accuse la même distance que, par rapport à l'authentique religion
nouveaux sanctuaires tels Kalabscha et Den da ra, au nom d'Auguste. Si on égyptienne, les cultes dits '' isiaques, qui Yont se déYelopper tout autour
gagne les oasis du Désert libyque, où des forteresses proclament la vigueur de la Méditerranée.
du lt:mes romain en ces régions désertiques, on trouve des sanctuaires réno- Si originale, el: même superbement particu lariste, la ci,·ilisation égyp lienne
vés ou dédiés par les empereurs romains: Vespasien à Deir el-Hagar dans avait dû, en son dernier millénaire, s'affronter à tant de maîtres étrangers. Face
l'oasis de Dakh leb, Domitien, Trajan et Hadrien au temple de Doush à à la culture grecque, il y a\·ait eu sans cloute, en un premier temps, de très
l'extrême Sud de l'oasis de Khargeh , avant-poste veillant sur les pistes utiles et féconds contacts, dont Hérodote ct Platon sont les garants; mais
en direction de l'Empire rnéroïtique. Les innombrables scènes et les inter- la pression politique de l'occupation par les Ptolémées et celle de la koinè
minables inscriptions gravées sur ces temples témoignent en de savants hellénistique l'avaient fait se rétracte1; s'affirmant de fa çon grandiose par
je ux d 'écriture des spéculations très élaborées des écoles théologiques. ses grands temples et les amples élaborations théologiques, plus bigote san s
Si seuls Vespasien, Hadrien, Septime Sévèr e et Caracalla sont vraiment doute dans ses cultes populaires, zoolâtriques et magiques. Avec le triomphe
venus en Égypte, les crises du Bas-Empire romain ont eu leurs répercus- du christianisme, l'Égypte perdit ses dieux, son écriture, sa civilisation propre ;
sions jusqu 'en Haute -Égypte. À Esn a, .l es im ages ph araoniques e t les la grande tradition morte, ce sonl des survivances seules qu'il con~iendra
cartouches de Geta sont martelés par Caracalla, son frère ennemi ; ceu x de chercher dans l'art copte.
de Philippe l'Arabe sont détruits par Décius (250 apr. J. -C.). Il n'y a plus
désormais de grandes construction s de style pharaonique. Très caracté-
ristiques d e la civilisation égyptienne, les ch aouabtis n 'existent plus :
12. Kalabsha. Temple de Mandoulis: le dernier «répondant» est au nom de Pashéry-en -Ptah, grand prêtre de
la déesse Isis. Époque d'Auguste. Memphis sous Cléopâtre VII (41). Depuis le début d e l' ère ch ré tienne,
cHAPITRE 1
L'Architecture et son décor
par François Daumas

35

La fin de l'institution pharaonique


Moins brillante peut -être que cèlle des dyn asties conqué ra ntes du
Nouvel Empire, la civilisation égyp tienne finale, depuis la conquête du
pays par les Kouchites, au vme siècle, jusqu'à la fermeture du temple d e
Philae par Justinien au vre siècle apr. J. -C., n 'en a pas moins de por tée
ni de valeur propre. C'est l'époque où elle fournit une part de ses produc-
tions les plus remarquables à son voisin Israël et à la jeune nation grecque.
Ses formes de pensée et de vie extrêmement originales apportent le ur
courant au confluent de ces deux cultures et exercent leur action aussi
bien sur la théologie ch rétienne naissante, qui se d éfinit par rapport
à elles, que sur la science grecque qui va devenir la nôtre. Si, durant la
douzaine de siècles qui va nous occuper, les arts de l'Égypte n 'atteignent
pas l'éclat qu'ils avaient connu plusieurs fois déjà au temps de la formation
ou aux grandes périodes classiques, ils n 'en ont pas moins une importance
capitale, pour comprendre la genèse de notre propre pensée. Des œ uvres de
cette épo qu e éman e un cha rme qui peut nous émouvoir encore par
ce qu'elles ont de profondément humain et parce qu'elles sont l'expression
d' une tentative pour interpréter la structure m êm e de l'univers.
Après une période de royauté émiettée qui avait duré à peu près deux
cents ans, lorsque le roi kouchite Piankhy, venu de sa lointaine Napata, eut
conquis l'Égypte au milieu du vme siècle, on put croire que l'unité du pays
allait se refaire. Mais ces Soudanais, sûrement beauco up moins affinés
que les Égyptiens, parurent toujours des é tr angers aux habitants de
la basse vallée du Nil. L'anarchie qui avait caractérisé l'époque libye nne
couvait encore dans les roselières du Delta, en core bien semblable à celui
qu'on peut visiter aujourd'hui à l'embouchure de l'Euphrate et du Tigre.
Aussi, lorsque Asso urbanip al eut chass é le dernier roi kouchite ve rs
l'extrêm e Sud et eut saccagé Thèbes en 663, on aurait pu se demander
si l'Égyp te n 'allait pas périr définitivement. Sans doute Thèbes,« la Ville»,
13. Philae. Kiosque de Trajan: détail d'un comme l'appelaient les Égyptiens, ne d evait plus jouer de rôle politique;
chapiteau. If siècle apr. f.- C. mais les structures sociales et métaphysiques de la nation étaient si solides
36 14. Edfou. Temple d'Horus: cour à e t si fortement charpentées qu'elles devaient encore durer plus de mille 37
portique devant la façade de la salle ans, se désagrégeant peu à peu jusqu'au jour où disparut avec Philae le
hypostyle (pronaos). Époque ptolémaïque.
Grès. dernier sanctuaire de la foi des Ancêtres (543 apr. J. -C.).
Ce fut d'abord une poussière de dynastes qui s'installèrent dans le
D elta et la Haute-Égypte, so us la surveillance lointaine d'Assourbanipal.
L'un d 'entre eux, Psammétique, avec l'aide des Grecs, finit par reform er
l'unité politique du pays. Il s'installa à Saïs, au centre du Delta, et appliqua
un programme à la fois nationaliste et: soutenu par l' utili sation des forces
étrangères, surtout helléniques. Durant cent trente-huit ans les dynasties
saïtes cultivèrent un archaïsme savant e t appliqué qui, s'il n'a pas la
fraîcheur et la spontanéité des grandes époques créatrices, n'en est pas
moins d' une élégance et d'une sûreté bien caractéristiques. Les souverains,
à la r echerche de routes commerciales mais très probablement aussi
par désir de connaissance pure, organisent, à l'extrême fin du Vllc siècle
ou au début du \'Je, une navigation autour de l'Afriqu e, le fameux périple
de Néchao.
Les Grecs, déjà attirés depuis des siècles par la richesse et la culture
supérieure de l'Égypte, affluèrent dans le pays, qui était déjà un peu le
centre commercial et intellectuel de la Méditerranée orientale. À la fois
pour é1·iter aux Hellènes de trop h-équentes frictions avec les Égyptiens
et pour donner plus de liberté à leur esprit d 'entreprise, le pharaon Amasis
eut l'idée de fond er une véritable colonie grecque e n Égypte. En 565,
il les avait concentrés non loin de la mer, à Naucratis, à la fois port et
entrepôt. Cette ville n e connut pas seulement l'afflux des marchandises,
mais aussi celui des idées. d 'ai ouï dire, dit Socrate dans Le Banquet de
Platon , q u'il existait près de Naucratis, en Égypte, un des antiques dieux
de ce pays ... , , Thot, que les Grecs id entifiaient à leur Hermès.
Rapidement, d'ailleurs, Égyp tiens et Grecs devinrent alliés, dennt l'ex -
pansion menaçante de l'Empire perse. Mais, tandis que les Grecs de\·aient
sam-er l eur patr ie des entreprises de Darius 1er et de Xerxès,
l'Égypte succomba sous les coups de Cambyse en 525. Durant cent vin gt
et un ans, les Achémén id es firenr· peser leur joug sur l'Égypte, ramenant
avec eux les problèmes que posait la prise du pouvoir par des rois étrangers
38 et se faisant détester par un peuple éperdument épris de ses propres on abando nne les grands travaux entrepris dans les temples païens, 39
conceptions religieuses et de ses propres coutumes. comme à Dendara par exemple. Elle recevra des empereurs chrétiens
En 404, après plusieurs soulèvements, Amyrtée prit le titre de Pharaon, les coups les plus durs, sous Théodose d'abord, quand fut détruit le
et trois dynasties indigènes régnèrent encore pendant soixante -trois ans, Sérapeum d'Alexan drie, et enfin sous Justinien, qui envoya le général
continuant la politique des Saïtes. Une formidable expédition d'Artaxerxès III Karsès à Philae (543 apr. J.-C. ) pour y fermer le dernier temple où
Ochos réussit à asservir de nouveau la malheureuse Égypte (341 ). Déjà s'étaient réfugiés les païens, emprisonner les derniers prêtres et transporter
cependant les jours de l'Empire perse étaient comptés. En 333, Alexandre à Constantinople les statues de culte de la déesse Isis. S'il demeura de-ci
écrase Darius III Codoman à Issos, arrive en libérateur au bord du Nil et va de-là quelques îlots de païens, ils se terraient et n 'avaient plus aucune
se faire reconnaître" fils d'Ammon" à l'oasis de Siwa, où les Grecs plaçaient institution à laquelle ils pussent se rattacher. La civilisation purement
depuis longtemps déjà l'oracle de Zeus-Ammon. Il fonde Alexandrie, où il pharaonique s'é tait éteinte.
espéra peut-être tenter la fusion de l'hellénisme et de la pensée orientale.
En un sens, il fut le véritable fondateur de l'Empire lagide, dont Ptolémée, L'Égypte et fe monde classique
fils de Lagos, recueillit le bénéfice, après la mort du grand conquérant. Politiquement l'Égypte était asservie depuis le IVe siècle, mais sa culture,
Les Égyptiens essayèrent bien, à plusieurs reprises, de retrouver leur l'originalité de ses paysages et de ses monuments avaient successivement
indépendance. En Haute -Égypte, on connaît, au temps de Ptolémée V conquis ses amis ou ses alliés comme ses vainqueurs. Les héros homé -
Épiphane et de son successern~ des dynastes locaux qui arborent des titulatures riques, Ménélas et Ulysse, avaient, disait-on, déjà fréquenté l'îlot de Pharos
pharaoniques. Mais ce furent des essais sans lendemain. Rome était en train et en avaient rapporté d'efficaces remèdes. Dès le VIe siècle, en dépit des
de conquérir l'empire de la Méditerranée, qui n ' inclura l' Égypte, trop brumes légendaires qui voilent sa biographie, Pythagore y aurait résidé
excentrique, que tardivement, en 48. César d'abord, puis Antoine, occupent et aurait puisé dans les trésors de sa sagesse proverbiale. Thalès de Milet
les rives du Nil dont ils se servent pour arriver au pouvoir suprême. Octavien y séjourna aussi, puis Solon y voyagea, visita attentivement les temples
Auguste, après avoir vaincu Antoine, devait seul en tirer profit, et le refus et interrogea leurs prêtres. Hérodote fait souvent lui -même allusion à
qu'il avait opposé aux séductions de Cléopâtre a une valeur symbolique. son propre séjow' au bord du Nil et à tout ce qu'il y a observé et appris. Sous
L'Orient cède la place à l'Occident. Achoris, sans doute, Platon gagna l'Égypte et dut visiter, outre Naucratis,
L'Égypte toutefois n'est pas dans l'Empire romain une province comme Hermopolis Parva, Saïs, Héliopolis et Memphis. C'est à un des fervents de
les autres. Celui qui l'occuperait pourrait priver Rome de blé. Aussi l'Académie durant les dix dernières années de la vie du Maître, Hermodore
va ·t-elle dépendre directement du Prince, et le voyage qu'y fit Germanicus, de Syracuse, que remonte cette indication, plus sûre que beaucoup
pour en" étudier l'histoire ancienne,, est presque assimilé à une usurpa- d'autres de l'histoire ancienne. Hippocrate alla y chercher l'enseignement
tion. Mais la civilisation égyptienne ne succombera pas sous les coups des maîtres de la maison de vie pour construire une médecine grecque.
des empereurs romains. C'est elle plutôt qui les conquerra. Un autre Et combien d'autres encore!
ennemi, plus sournois et plus inoffensif en apparence, prend solidement Jamais il n'est fait allusion dans les textes anciens à des difficultés de
racine sur son sol : le christianisme. Au milieu à peu près de la première langue. Psammétique Jer, qui devait beaucoup aux Hellènes, avait créé dès
15. Rachïd. Pierre de Rosette. 196 av. ].-C.
Granodiorite. Londres, British Museum.
moitié du ne siècle apr. J. -C., on y copie l'Évangile de saint Jean. Les le VIle siècle un corps officiel d'interprètes, sans doute pour les mercenaires.
Texte hiéroglyphique, démotique et grec. chrétiens vont s'y multiplier à tel point qu'à la fin du Il e siècle apr. J.-C . Puis les colonies civiles grecques, en bien des points du Delta et même aussi
40 16. Edfou. Tem ple d'Horus: portique de la Haute-Égypte, anient dû apprendre et parler couramment l'égyptien
Ouest de la «large cour de la libation>> pour subsist:et~ cmmne naguère encore les nombreux Grecs d'Égypte parlaient
vers la façade du pronaos formée d'un
<<mur-bahut>>. Époque ptolémaïque l'arabe. Nous avons d'ailleurs la preuve qu'il existait des fonclionna ires
(entre 88 et 58 av. J.-C.). capables de ITanscrire en égyplien les textes grecs les plus complexes :ce sont
les fameuses stèles tTi lingues qui portent en particulier les décrets de Canope
et de Memphis (la pierre de Itosette) du temps des Ptolémées. Pour que,
dès le wc siècle, on ait pu traduire si aisément et si exactement de longues
composit ions administratives, difficiles et parfois même peu claires,
il fallait que depuis longtemps on se fût exercé dans ces travaux. Sans aucun
doute, de savants interprètes parlaient aisément les deux langues. Nous
savons d'ailleurs que l'on exécuta des versions grecques d'œuvres égyp-
tiennes dont nous avons même consen ·é des fragments.
La création d'A lexa ndrie joua, de ce point de vue, un rôle de prem ier
plan. Il y avait sûrement dans la cité macédonienne tout un quartier, RhacoLis,
qui gardait ses habitants et son vieux nom indigènes. EL si toule la ville
était grecque, elle était connue agrippée au flanc de l'Égypte,Alexandrea ad
Aegyptum. Les idées s'y brassèrent autant que les marchandises et, en dépit
de la disparition quasi totale des monuments anLiques, quelques hypogées
gardent le témoignage de cette cornpénétraLion, favorisée de surcroît par
les pouvoirs officiels. Sarapis n 'exprime-t-il pas Je désir d'unir en une seule
divinité aspects égyptiens et traits grecs?
Ce goût pour l'Égypte, sa religion et sa pensée amena Délos, à l'époque
de sa splendeur, à introdu ire Sarapis et lsis parmi ses divinités grecques,
et l'on vit s'élever sur les rives de l'lnopos de petits temples pour assu rer
un eulte aux dieux sauveurs des bords du Nil.
À l'époque romaine et, dès le Haut Empire, ce fut un engouement plus
fort encore, une véritable égyptomanie. Ce n'était pas en vain qu'Antoine
avait mené la "vie inim itable" auprès de CléopâtJ'e, qui savait la langue
égyptienne et connaissait à fond idées et coutumes du pays. Elle les inculqua
si bien au général roma in qu'elles paraissent être passées dans sa tradition
familiale. Aussi, lorsque l'opposition octavienne à l'Égypte sc fut estompée,
Germanicus alla-t-il visiter ce pays, dont la fascinante histoire avait dû le
faire rêver. Caligula, son fils, essaya de reprendre la con ception pharao-
nique de la divinité royale. On a pu écrire tout un livre sur Caligula et Germanicus et Caïus, n'aient passé à l'Empire romain, puis à l'Empire 43
42
l'Égypte, mais Julien Guey a fait remarquer que tel de ses actes de folie byzantin, et n 'aient fini par inspirer les conceptions impériales de Dante
ne fut que l'application un peu trop littérale d'une idée métaphysique ou celles même de Bossuet.
égyptienne : quand il se roulait sur des monceaux de monnaies d ' or, Les philosophes grecs qui ont voyagé en Égypte ont puisé à pleines
il essayait d'absorber la divinité que pouvait infuser à l'homme l'inaltérable mains dans les trésors amassés par ses vieux sages. Platon a pu y confirmer
métal qui constituait la chair même du dieu-soleil. Le prêtre égyptien les théories de Socrate, en particulier l'immortalité de l'âme et le juge-
Chaeremon joua un rôle important à la cour de Néron. Les empereurs ment d'ou tre -tombe, et y a probablement puisé la tripartition de l'âme.
rivalis èrent pour transporter à Rome les obélisques qu'ils arrachaient Les médecins de l' école de Cnide y ont sans doute appris la théorie
aux temples d'Héliopolis ou de Thèbes. Tel riche Romain faisait dresser des oc résidus" ou des "surplus" comme cause morbide, et la collection des
sur son tombeau une pyramide, que l'on voit encore près de la porte écrits hip pocratiques présente, dans plus d'un de ses traités, une disposi-
San Paolo. Des particuliers, pour orner leur demeure sicilienne, ne ti on telle qu' elle ne peut guère s'expliquer que comme une adaptation
pouvant enlever un obélisque à un sanctuaire des bords du Nil, en faisaient d'originaux médicaux égyptiens. À la fin du ne siècle de notre ère, Galien
tailler sur place en imitant plus mal que bien les originaux. Ammien transmet encore des prescriptions pharmaceutiques traduites directement
Marcellin a, au rve siècle apr. J.-C. encore, recopié dans son Histoire de livres conservés dans le temple de Ptah à Memphis. Le médecin alexan-
la traduction grecque faite par un hiérogrammate de l'inscription drin Pamp hile n'avait-il pas soigneusement transcrit le nom égyptien
gravée sur l'une de ces aiguilles de pierre, qui se dressa jadis sur la Piazza des simples, sans doute pour éviter des erreurs? Les savants alexandrins
del Popolo. On exécuta durant le Haut Empire, à Rome, la célèbre JlJensa ont dû avo ir aYec les Égyptiens de leur temps des rapports intellectuels.
Isiaca qui se trouve aujourd'hui au Musée de Turin. Que ne pourrait-on On peut conclure des fragments d'Ératosthène que ce bibliothécaire hors
ajouter encore? de pair avait sans doute visité Thèbes, où les hiérogrammates lui avaient lu
les noms de trente -huit rois thébains qu'il a transcrits en grec. Ils avaient
Les fluctuations de la pensée sûrement constaté combien les Égyptiens avaient un attachement excessif
Hérodote avait remarqué que les Égyptiens ne pouvaient pas se passer pour les croyances ancestrales, attitude d 'esprit telle qu 'ils avaient refusé
de roi. La conception de la divinité royale était, en effet, la base sur laquelle de frappe r monnaie avec de l'or, au moment où ils en auraient eu le plus
était construit tout leur édifice social. Le monde est l'œuvre du dieu pri- besoin pour prévenir avec des mercenaires grecs l'attaque des Perses :ils
mordial. La création a besoin, pour se continuer et même s'étendre, que voulaient éviter de profaner la chair même du die u-soleil! Ce respect
l'héritier de jure du dieu, le roi , son fils charne l, dirige et mène vers profond de la symbolique religieuse ne manque pas de grandeur. Juvénal,
son terme l'œuvre du créateur, son père. Il est dieu lui-même, seul capable pour les besoins de la satire, pouva it se moquer de cette civilisation
de servir les dieux par le culte et de faire régner Maât, fille de Rê, la norme dans laquelle le plus humble légume participait des forces cosmiques.
du monde (vérité, justice, équité, équilibre cosmique), sur l'univers qui Avec le temps, ces idées ont pu s'abâtardir et passer à la superstition pure.
lui est soumis. Que ce roi soit soudanais, macédonien ou romain, il est Elles émanaient pourtant d'une conception métaphysique grandiose
impossible de se passer de lui. C'est pourquoi même les noms des rois du cosmos. Ces créations intellectuelles de l'Égypte vont encore donner,
perses, exécrés par les Égyptiens, figurent sur les parois des temples. dans les milieux gréco -égyptiens, des écoles de pensée qui rivaliseront
Nul doute pour nous que ces doctrines sur la divinité royale, par Antoine, avec le christianisme naissant.
44 17. Alexandrie, nécropole de Kom el-
Chougafa. Chapelle à décor composite :
colonnes végétales supportant un
linteau avec un disque solaire ailé.
t"-If siècle apr. ].- C.
C'est sans doute au cours du ne et du rer siècle que, sous le nom d e 18. Thèbes. Tombe d'Aba (n° 36) : 47
46
première salle à décor de fausse-porte
Pétosiris et de Nechepso, apparurent des o uvrages astrologiques attribués et chapiteau hathorique. XXVI' dyn.
à Hermès "Trois-fois-très-grand ,, Trismégiste. Ils se développèrent et,
au ne siècle de notre ère, s'enrichirent d'une riche philosophie, où l'on sent
affleurer sans cesse les pensées les plus profondes exposées dans les
anciens ouvrages religieux égyptiens. Ils se donnent d 'ailleurs souvent
comme des traductions pures et simples d'œ uvres égypti ennes. Ils expo -
se nt un symbolisme subtil qui ramène les règnes an imal , végétal et
minéral à des expressions diverses de l' unité divine panthée. La collection
des traités hermétiques grecs doit certainement beaucoup à l'antique
spéculation pharaonique. Des ph ilosophes de haut vol, comme Plotin, né
à Lycopolis, l'actuelle Assiout, et formé sans doute dans des milieux intel-
lectuels baignés de ces courants de pensée, n'ont-ils pas pris pour base
de départ de le urs méditation s o riginales la philosophie h erm éti que? Ce qui subsiste : villes et lombeau.x
Nul doute qu e Plotin ait connu les interprétations symboliques des Si l'on n 'a point présente à l'esprit l'image de ces étroits rapports de
h iéroglyphes auxquelles se livrait le cler gé égyptien depuis l'époque l'Égypte avec le monde classique et oriental, de cette population mêlée où
ptolémaïque ! Hellènes, Perses, Syrien s, Juifs puis Latin s se coudoyaient, se faisaient
Les chimistes des bords du Nil, pour satisfaire la demande des orfèvres, part de leurs convictions intellectuelles et religieuses, se disputaient enfin
avaient depuis une époque ancienne, peut-être dès le début du nemillénaire, les secrets d e le urs industries et la conn aissance de cette civilisation
inventé l'art d ' imiter les pierres précieuses. Pour e ux, sans doute, autochton e si prestigieuse et si puissammen t structurée qu'elle a pu
tous les élém ents dont était composé le mond e minéral pouvaient être survivre durant plus d e mille an s à sa lib erté p olitique perdue, o n
transformés. C'est encore dans les milieux gréco-égyptiens d'Égypte qu'on comprendra mal e t on goûter a p eu cet art, moins pur que ce lui des
imagina, semble-t-il , que des opérations chimiques pouvaient permettre époques de gloire, mais qui jeta e ncore sur l'agonie du m onde païen les
de multiplier l'or et peut-être de le fabriquer. Il est certain en tout cas que, reflets émouvants d ' une conscience spirituelle vespérale dan s laque lle
dans les inscriptions d es temples gréco-romains, souvent des allusions le christianisme n'eut guère de pei ne à gagner ses adhérents. Et pourtant
sont faites aux transformations des pierres précieuses qui "poussent" dans qu elles destructions sévères nous ont privés de la maje ure partie d e ses
la montagn e sous l'action divine. Et la tradition était bien affermie que productions ! L'Égypte qu'ont vue les Grecs duran t les cinq ou six siècles
l'alchimie avait été inventée en Égypte dans les derniers siècles qui précé- qui précèdent notre ère a sombré corp s et biens. Des grandes villes du
dèrent le christianisme. Les grands textes alchimiques grecs se donnent Delta plus rien n e reste. Ch ampoll ion avait signalé e ncore à Saïs un e
souvent eu x-mêmes pour des traductions d ' originaux égyptiens, et des «circonvallation de géanls ,; on n 'y voit plus sur le limon noirâtre que
papyrus ont conservé des recettes grecques de manipulations chimiques des pierres dans une m are, troublée par la n age de quelqu es can ards.
d estinées à fabriquer des pierres artificielles. Les artisan s alexandrins À Memphis, au milieu de la verdure bruissante des palmiers, des eaux
portèrent ces procédés à un haut degré de perfection . calmes reflè tent le ciel immuablem ent b leu . D e l' Jséion célèbre de
48 Behbeit el -Hagar un monceau de blocs de granit finement sculptés nous 20. Memphis. Sérapeum : perspective de 49
la grande galerie souterraine donnant sur
dit toujours la splendeur passée. La Haute -Égypte seule a conservé des salles de chaque côté. De l'époque
quelques-uns des grands temples qui nous racontent la puissance évanouie saïte à l'époque ptolémaïque. Calcaire.
de ces dieux qui conquirent jadis les pays et souvent les intelligences et
les cœurs. Do4ble page suivante :
Ma is les monuments mêmes qui ont pu échapper aux hommes, puis au 21. Alexandrie. Auditorium de Kom el-Dik
en forme d'arc outrepassé et portique.
temps, ne nous donnent de l'art ancien des bords du Nil qu'une étrange rv' siècle apr. J. -C.
image. Du paysage remodelé par l'homme des quinze derniers siècles de
l'Égypte pharaonique, tout ce qui appartient à la vie éphémère a disparu .
Les maisons et les villes ne furent pour les Égyptiens, comme l'a souligné
Diodore, que des li eux de passage de peu d'importance. Les briques crues
qui servirent à les construire sont souvent retournées à l'informe limon
du fl e u\'e. Quand les vill es exis tent encore, comme à Tanis, à Edfou , à
Dendara ou à Philae, les modern es les ont noyées par indifférence, ou
les négli gent. 1ànt de débris plus excitants r equi èrent l'attention des
foui ll eurs que des pans de murs écro ul és, n e livrant souvent que d 'hum-
bles objets, sont laissés, proie facile, aux cherche urs cla nd es tins qui en
retirent parfois d 'extraordinaires papyrus. Nous ne connaissons guère que
les maisons d'éternité élevées en pierre indestructible pour les dieux ou
pour les morts.
li convient de la isser de côté des villes conçues sur un modèle grec par Bubastis en plongeant ses regard s du haut de la cité vers la fosse au fond
des Grecs fixés en Égypte. La portion h ellénique d'Alexandrie, Ptolémaïs, de laquelle il apparaissait. Auj ourd'hui on peut avoir une idée de cette
Hermopolis, Antinooupolis sont des cités grecques neu~es ou juxtapo- curieuse structure en visitant Esna. La sall e hypostyle de Khnoum s'élève
sées à des villes indigènes. Elles n e sont que des cas particuliers de cités à plus de 15 rn au fond d'un entonnoir en plein centre de la ville. On n e
grecques. Ce gue nous pouvons entrevo ir des agglomérations égyptienn es pouvait évidemment surélever un temple en pierre, aux dimensions rituel -
tardives paraît très semblable aux villes actuelles de l'Égypte : rues, la plupart lement calculées, comme on faîsaît de murs en terre crue livrés à la fantaisie
du temps capricieuses et étroites, bordées de maisons en briques crues. La de leurs utilisateurs.
brique cu ite ne fut employée, surtout à l'époque romaine, qu e pour les Les tombeaux nous sont mieux connus. À Thèbes, dans la nécropole, on voit
conduites ou les réserves d 'eau. On ne balayait que rarement. Il était plu s se dresse r dans la Yallée basse qui précè d e Deir el-B ahari de grand s
19. Thèbes (Assassif). Tombe de Pabasa facile de surélever un toit, quand la hauteur n'assurait plus l'habitabilité, portiqu es de briques ruin és. Ils appartienn ent à l'enclos extérieur des
(n° 279) :cour à ciel ouvert, à piliers carrés gue de se débarrasser des immondices accumulées sur le sol. C'est pour- tombes d'époqu e kouchite et saïte. L'intérieur est souterrain. La tombe de
ornés d'inscriptions et de scènes de la vie
quoi les villes montaient. Damanhour aujourd'hui est perché sur une Montouemhat, sous les règnes de Taharga et de Psammétique, comprend
quotidienne. Entre 663 et 609 av. f.-C.
Calcaire. butte a rtifi cielle. Hérodote a noté que l'on faisa it le tour du temple de après la descenderie une salle soutenue par quatre pili ers, un e première
22. Alexandrie, nécropole de 53
52
Kom el-Chougafa. Rotonde :
partie centrale à hauteur du
premier étage. t''-n' siècle apr. ].-C.

12 à 14 m. Le caveau était construit autour du sarcophage de basalte qu'on


encastrait dans le rocher au fond du grand puits. Au -dessus on bâtissait
une chapelle dont l'intérieur éta it omé de textes fun éraires copiés sou -
vent da ns les antiques livres royaux des Pyram ides. Aussitôt la momie
enterrée avec son mobilier, on murait le passage entre les deux puits et
on remplissait le tout de sable et de déblais. Le seul moyen de pénétrer
cour à ciel ouvert flanquée de dix chambres, puis une secon de cour et deux jusqu'au d éfunt était: de déblayer en tièreme nt le grand pu its - ce qui
grandes salles successives terminées par une vingtaine de chambres, dont plu- el'tt inévitablement trahi les voleurs. Plusieurs de ces monuments ont été
sieurs à un niYeau inférieur, que l'on atteint par des escaliers ou par un puits retrouvés intacts.
et qui ont servi de caveau. L'immense ensemble a souvent été appelé" palais 20 La grande originalité de la nécropole de Memphis vient: de son Sérapeum,
funéraire" par les archéologues. D'autres monuments voisins présentent comme on appelle le tombeau des taureaux Apis, découvert par Mariette
des structures aussi compliquées, tels ceux de Pabasa ou d'Aba, contemporains 18,19 en 1851. C'est une vaste galerie souterraine à laquelle on arrive par une
de Psammétique Jer. Celui de Pétaménophis, outre ses deux cou rs, compte chicane. De chaque côté, des sall es contiennent d'énormes sarcophages en
plus de vingt-six chambres et d'immenses couloirs. Beaucoup de parois sont basalte qui abritaient jadis les momies d'Apis. Cette partie a été taillée dans
ornées soigneusement. le calcaire depuis l'époque saïte jusqu 'à la fin des Ptolémées. Des galeries
À Saqqara, on semble avoir été hanté à cette époque, non sans quelque plus petites contenaient les sarcophages en bois des taureaux depuis le
temps de Ramsès II. De plus, il y avait eu des sépultures isolées depuis la 23. Dendara. Temple d'Hathor:
raison , par la peur des pillages. On inventa donc un curieux type de sépul-
façade principale Nord à six colonnes
ture inviolable. Ell es étaient formées de deux puits parallèles de 25 à 30 m XVIIIe dynastie. Le monument extérieur fut complété sous les rois grecs hathoriques engagées dans des «murs-
de profondeur: l'un de 1,50 à 2 m de côté, l'autre beaucoup plus grand de par une allée de sphinx qui descend jusqu'à la vallée. À 200 rn à peu près de bahuts''· Époque d'Auguste et Tibère. Grès.
54 la porte du souterrain se trouvait un h émicycle orné de onze statues de 24. Dendara. Temple d'Hathor : 55
grande salle hypostyle (pronaos)
philosophes et écrivains grecs. Entouré de chapelles et de nombreuses à colonnes hathoriques au fût décoré.
constructions diverses, ce monument, enrichi à bien des périodes, formait Époque d'Auguste et Tibère. Grès.
un ensemble grandiose qui avait frappé Strabon.
De la ville d'Alexandrie nous avons peu à dire; son architecture est plus
grecque qu'égyptienne, comme le montre ce qui est peut-être un audito-
21 rium, découvert récemment par les fou illes polonaises à Kom ei-Dik. Son
hémicycle formant un arc outrepassé a été prolongé au-delà de deux esca-
liers vers une sorte de portique. Rie n d'égyptien dans ce joli mais encore
énigmatique monument. Les tombeaux retrouvés dans le sol de la ville sont
surprenan ts. Dans les quartiers à forte population indigène de Pharos et de
Rhacotis, ils présentent des combinaisons d'éléments grecs et égyptiens ; tel
p. 10, cet hypogée d'Anfouchy, où une niche rectangulaire est couronnée d'une
80 corniche égyptienne, et une porte encadrée de deux piliers sur lesquels
repose une corn iche à gorge terminée par un arc de cercle. Deux petits
sphinx témoignent de l'esprit indigène de la décoration, par ailleurs purement
géométrique. Ces chapelles servaient au culte funéraire. Nous sommes ici
sans doute au ue siècle.
Dans Rhacotis se trouve le plus étrange et le p lus significatif de ces tom-
17. 82 beaux, celui de Kom el- Chougafa, de l'époque des Antonins. Cet immense
242-243 puits de plusieurs étages où s'abritaient les corps de t.oute une famille, au
sens antique du terme, comprend en son centre une chambre presque
carrée flanquée de trois niches dans lesquelles se trouvent des sarcophages.
Toute l'ornementation témoigne d'une symbiose des traditions in digènes et
grecques. Le p lan , presque aussi compliqué que celui des hypogées saïtes de
Thèbes, fut tracé par un maitre d'œu vTe sûrement au courant des techniques
grecques, mais soucieux d'appliquer les règles égyptiennes : les colonnes
végétaJes composites n'obéissent plus aux modules ptolémaïques et reposent
sur des bases tout à fait étranges. Ces colonnes supportent un fronton
à toit arqué posé sur un linteau dont le soleil ailé n e rappelle que par
l'intention ceux des temples m ême récents. La porte rectangulaire, avec
son boudin et sa gorge protégée au sommet par un e rangée d'urœ us,
est encore ce qu'il y a de plus fidèle aux modèles égyptien s. C'est un art
56 Les grands temples de Haute-Égypte 57
L'authentique volonté de transcrire une pensée métaphysique dans la
pierre, on la trouve dans les grands temples que la Haute-Égypte a encore
conservé s. Il convient d 'examiner à part les sanctuaires consacrés aux
divini tés des nomes dans leur capitale et les temples mineurs dédiés à des
divinités locales ou à la localisation de certains faits mythologiques. Les
premiers ne sont pas très nombreux. Du Sud au Nord, les seuls conservés sont
ceux de Kalabsha, Philae, Kom-Ombo, Edfou , Esna et Dendara . Sans doute
leur plan est différent dans le détail, mais ils présentent tous un programme
architectural fondamentalement identique. Ils paraissent tous avoir, systé -
matisé et simplifié, le plan du temple le plus prestigieux de l'Égypte, celui de
Karnak. Peut-être cette impression provient-elle du fait que nous ne savons
presque rien de ce que furent les sanctuaires plus anciens encore d'Héliopolis
et de Memphis.
Il est facile, en tout cas, de préciser les éléments essentiels de la maison-dieu,
à cette époque tardi1·e. Partons de la cella où résident à la fois la statue inamo-
vible de la divinité dans un lourd naos de pierre dure et les barques portatives
utilisées dans les processions. On l'appelle le siège Yénérable. Elle est protégée
tout à l'entour par un couloir mystérieux flanqué de chapelles extérieures dans
la forme la plus évoluée. Elle est précédée d'une salle intermédiaire, ou salle
de l'Ennéade : on y passe du plus au moins sacré et on peut y abriter les
dieux qui forment la cour de la divinité prin cipale. Une chambre des étoffes
nécessaires au culte et un trésor sont en général très proches.
La salle des offi,andes précède ce lieu si voisin de la majesté divine. C'était,
essentiellement composite, d'où toute beauté est exclue, mais qui traduit en quelque sorte, la salle à manger de la divinité. Pour les liturgies annuelles,
très exactement un esprit hellénisé ou un esprit grec gagné tout à fait à on y faisai t de grandes offrandes solennelles et, chaque jour, par trois fois, les
l'Égypte. Somme toute, c'est l'équivalent formel des traités philosophiques prêtres spécialisés y sen·aient le seigneur ou la dame de la ville. Le matin, à
hermétiques. Mais le style de ces derniers, en dépit de ses imperfections, nous midi et le soir, ell e était l'objet d'un va-et-vient continuel de ceux qui appor-
choque beaucoup moins que ces formes exsangues et désincarnées qui ont tent les mets, les boissons et les fleurs et de ceux qui remportaient, à l'usage
laissé s'évanouir l'harmonie des créations égyptiennes . Il doit être plus du clergé, les produits précédemment déposés, quand le ka du dieu avait
25. Edfou. Temple d'Horus : façade de facile de traduire dans des mots une pensée profondément méditée que absorbé leur ka .
la salle hypostyle (pronaos) à colonnes Au-devant se trouve un e salle des fêtes ou de l'apparition, deux noms
de trouver d'emblée des formes suggérant de manière suffisamment expres -
composites engagées dans des <<murs-
bahuts>>. Époque ptolémaïque. Grès. sive la plénitude de son contenu. équivalents, toujours empruntés à l'utilisation rituelle de la construction.
26. Edfou. Temple d'Horus : façade interne 59
du pylône d'entrée. Époque ptolémaïque.
Grès.
61
60 27. Esna. Temple de Khnoum : façade de
la salle hypostyle aux colonnes engagées
dans des <<murs-bahuts».

28. Esna. Temple de Khnoum : détail


des colonnes de la salle hypostyle aux
fûts couverts de textes et aux chapiteaux
variés.

C'était là que se formait le cortège du dieu , lors des fêtes solennelles, avant
que la procession ne sorte du temple. C'était donc là que, dans un flam-
boiement d'or, le dieu apparaissait, lors de ses sorties, au peuple qui pou-
\'ait se tenir dans la cour. Dans le type de plan le plus développé, elle est
entourée de magasins et de portes pour les offrandes liquides et solides, les
objets précieux et les onguents et baumes liturgiques. Au-devant encore se
dressait, plus haut que toutes les précédentes, la salle antérieure, comme
l'appelait le clergé. Nous lui avons donné le nom grec d'« hypostyle» parce
qu'elle est soutenue par des colonnes. Sa structure même montre qu'elle
ne fait pas partie, à proprement parler, de la demeure du dieu , mais qu'elle
lui. est adjointe. Dans des édifices conçus en une seule fois et d'un plan très
unifié, comme Edfou et Dendara , on voit bien qu ' elle vient prendre en
tenaill e la salle de l'apparition sans être liaisonnée avec elle par la maçon-
nerie. D'ailleurs, tandis que tout le reste du temple est très sobrement
éclairé par des lucarnes ménagées dans la toiture, ou même plongé, comme
le siège vénérable, dans la plus totale obscurité, la salle hypostyle est
éclairée à flots par l'interTallc qui sépare les murs-bahuts, disposés entre ses
colonnes de façade , des architraves du toit. Dans cette salle le clergé se
dans la première cour, à Edfou et à Dendara le laboratoire se trouve -t -il 63
62
panni les magasins entourant la salle des fetes, où leur utilisation est beaucoup
plus aisée.
Les variantes ne s'expliquent d'ailleurs pas toutes par une disposition
plus rationnelle des divers éléments. D'autres raisons sont intervenues que
nous ne pouvons p lus toujours apprécier. C'est ainsi qu'à Edfou d eux
petites salles ménagées sur la face intérieure des murs -bahuts de la salle
hypostyle constituaient la bibl iothèque liturgique et la maison du matin, où
se trouvait le matériel de purification destiné au clergé. Au contraire, dans
la salle hypostyle d'Esna, une petite pièce située au même endroit était
réservée aux parfums et aux vins destinés au service d'offrande.
Devant la salle hyposty le, on avait ménagé une cour qui, à Edfou, por te le
nom de «large cour de la libation"; à Héracléopolis, ell e s'appelait " large
cour du peuple n. C'était un lieu où, sans doute lors des grandes fêtes, les habi-
tants de la ville pouvaient pénétrer. Elle était souvent terminée, en façade, par
un pylône, comme à Pbilae, à Kalabsha, à Edfou. Les deux tours du pylône
encadraient la porte d'entrée axiale. Elles symbolisaient Isis et Nephthys qui
aidaient à mettre au monde le soleil levant et le protégeaient aux h eures
toujours difficiles du passage d'un monde à l'autre. Au-devant encore, des
préparait symboliquement à aborder la divinité vers laquelle il s'avançait. fontaines et des bassins de purification , fort bien conser vés à Dendara,
À Dendara, les colonnes-sistres l'invitaient à la joie nécessaire pour adorer 23 pem1ettaient à tous ceux qui pénétraient dans l'enceinte sacrée de se laver
la déesse de la joie. Le plafond, généralement décoré de motifs astrono- avant d'entrer. Un chemin protégé, que les Grecs appelaient dromos, condui-
miques, confirmait la conception que les Égyptiens se firent du temple. sait de la porte du pylône à un kiosque d'embarquemen t : celui de Dendara
Il représentait le cosmos créé par le dieu primordial et on l'appelait cou- était encore visible au moment de l'Expédition d'Égypte. À Philae, celui de
ramment l'" horizon" parce que, comme le soleil, le dieu sortait de lui pour Nectanébo se dresse toujours au Sud de l'île, assez bien conservé. Les longs
voyages, en effet, se faisaient sur le Nil. Lorsque Hathor, au mois d'Epiphi,
les fêtes.
Dans cette énumération nous avons suivi très exactem ent l'ordre attribué quittait Dendara pour aller visiter Horus, à Edfou, ce kiosque avec ses colonnes,
aux salles dans les inscriptions d es bandeaux extérieurs et nous nous ses murs-bahuts et ses deux portes, était le lieu d'offrandes solennelles, dont
sommes conformés aux commentaires qu'elles offrent de cette structure se réjouissait à l'entour le peuple accouru à la fête.
sys tématisée. On devine que de Kalabsha à Dendara les plans ont été de
29. Kom-Ombo. Temple «double>> plus en plus étudiés pour répondre aux besoins liturgiques quotidiens et L'effit : Philae, les colonnes
de Sobek et d'Haroèris : colonnade de solennels. Ainsi, tandis qu'à Philae, sous les derniers Ptolémées, le magasin Que l'on imagine les portiques, aujourd'hui presque tous d étruits, par
la salle hypostyle aux chapiteaux variés,
destiné aux parfums est encore placé dans une chambre de la colonnade et où l'on passait pour aborder le temple, à l'image de celui de Philae encore
vue depuis le mur extérieur.
64 30. Karnak. Temple d'Amon-Rê:
dromos bordé de criosphinx conduisant
du quai-débarcadère au premier pylône.
Aménagement à l'époque romaine(?),
avec utilisation de sphinx ramessides.
67
66

en très bon état. Lorsqu'on s'avançait sous l'aile Ouest, on apercevait sur au-delà de la deuxième cour qui donnait accès à la salle hypostyle. Tous les
la gauche, par les larges baies ménagées dans le mur, l'île de Bigeh awc ses voyage urs du siècle dernier ont p arlé avec enthousiasme de ses chapi -
palmiers et son temple. Au Nord, quelques degrés perme ttaient d 'arriver teaux chatoyants. Lavés aujourd'hui par les eaux du premier barrage, ils
au niveau du pylône et de la porte de Philadelphe. Un passage percé à sont d'un gris -jaune monotone et morne. Seules les planches précieuses
l' Ouest dans ce dernier conduisait au mammisi, tandis que l'entrée axiale de Lepsius nous permettent d'imaginer leur état ancien. Les couleurs
donnait accès à la première cour fermée à l'Est par un portique à colonnes utilisées étaient le vert, le bleu, le rouge et le jaune. Mais leur emploi
végétales et à l'Ouest par le déambulatoire du mammisi, devenu périp- pureme nt naturaliste eût risqué de donner à l'ensemble une trop grande
tère sous Ptolémée VI. Ses co lonnes végéta les surmontées par le sistre uniformité. En vrais artistes, les ar chitectes ont cherché des effets de
d'Hathor répondaient aux colonnes de l'Est sans leur être semblables. contraste et de complémentari té. Tantôt les palmes grêles en lèvent leurs
Vers le Nord, dans l' axe, le deuxième pylône dressait au-dessus d'une feuilles vertes et leurs tiges bleues sur un large fond rouge. Tantôt le fond
32. Philae. Temple d'Isis : colonnades
stèle, sculptée dans le granit, ses môles imposants peints de couleurs vives. rouge est à peine visible, et les bleus et les verts prédominent. Les dattes devant le premier pylône et porte de
31. Philae. Kiosque de Trajan.
If siècle apr. f. -C. Mais le visiteur, s'il n'était membre du haut clergé, ne pouvait aller son t de teintes différentes pour n 'engendrer point la lassitude, et les Philadelphe.
33. Philae. Temple d'Isis : détail du liens qui enserrent les bouquets végétaux font alterner vert, rouge, vert, 69
i8
portique entourant le mammisi qui bleu ou vert, rouge, bleu, ro uge. Les tiges triangulaires du papyrus sont
ferme la première cour à l'Ouest.
Époque de Nectanébo à Hadrien. alternatiYement vertes, bleues ou rouges. En dépit du désir qu'ils ont eu
de reproduire des objets réels portant en eux un p rofond symbolisme,
les construc teurs ont aussi ch erché un effet qui fût agréable aux dieux et
plaisant aux yeux des homm es.
Le sentiment causé par ces fo rêts de colonnes est fait de puissance et de
paix . Soit qu'elles symbolisent seulement la créatio n végétale de Khnoum
ou d'Horus, fondamentale pour le cosmos, comme à Esna ou à Edfou, soit
qu 'elles expriment la joie nécessaire à qui veut approcher Hathor, joie qui
atteint une dimension cosmique lorsque la déesse tourne ses quatre faces
vers les quatre points card inaux, elles joignent dans leur élan calme la signi-
fication d'une théologie et d'une liturgie très élaborées à une esth étique
de force et de gloire qui vise à l'éternel. L'architecture du crépuscule égyp-
tien n'avait presque rien perdu de la splendeur des grandes époques créa-
trices. Est-ce seulement l'é tat de ruine où nous voyons ces témoignages
d 'un prodigieux passé qui à notre admiration ajoute comme un sentiment
de mélancolie? N'est-ce pas plutôt la pensée qu'un tel effort n 'a pas réussi
d'emblée à vaincre à jamais le temps et à conquérir pour toujours l'éternité ?
Il faut reconnaître aussi que nous visitons ces temples comme jamais
aucun Égyptien ne les a vus. Sans franchir le seuil de la salle des fête s,
regardons par ces portes maintenant béantes, mais qui ne s'ouvraient qu e
rarement et jamais toutes à la fo is :une impression d'éloignement infini
accompagn e l'image de la cella lointain e. Elle résulte d'un curieux effet
d'optique provenant de l'abaissement régulier des linteaux et de l'exhaus-
sement successif des seuils, depuis l'entrée jusqu'au fond du temple. La
p résence div ine es t à la foi s proche et lointaine, et nulle architecture
religieuse n 'a mieux exprim é cette idée. Que l'on ne croie pas que nous
interprétons subjectivement des états d'âme personnels. Dans la littérature
sacrée les textes abondent qui expriment des conceptions voisines, et les
inscriptions des bandeaux de nos temples ne cessent d'insister sur le fait
que les dimensions de ces monuments sont conformes aux indications des
livres sacrés qui remontent aux origines, au dieu Thot en p ersonne. Cette
70

architecture est vraiment l'expression du nombre et même du nombre d'or


que l'on peut obtenir, sans se livrer à des calculs d'une complication infinie,
mais simplement en appliquant les propriétés du triangle rectangle 3 x 4 x 5
ou la série des nombres dite de Fibonacci.

Subordination des éléments à l'ensemble. H armonie


Nous ne pouvons ici entrer dans les détails d'une démonstration, mais les
constructeurs de ces temples savaient unir à une pensée authentiquement
métaphysique la connaissance mathématique n écessaire à un e technique
sûre d'elle-même. Chaque détail du temple majeur est prévu en fonction
34. Philae. Temple d'Isis : ensemble de
de l'ensemble. D 'abord, les portes latérales de la salle de l'apparition
la première cour fermée à l'Ouest par permettent d'accomplir le culte divin j ournalier, qui avait lieu trois fois
le mammisi et au Nord par le second par jour dans la salle des offrandes, sans ouvrir les portes axiales, d' un
pylône. Époque de Nectanébo à Hadrien.
maniement plus malaisé à cause de le urs dimensions énormes. Il en était
35. Edfou. Temple d'Horus : détail du de même dans la salle hypostyle. Nous avons quelque raison de penser que
plafond et des colonnades. Époque
ptolémaïque (décor sous Ptolémée VIII
les membres plus j eunes du clergé y apprenaient la th éologie et le rituel,
Évergète II). Grès. puisqu'ell e était bien éclairée et qu'à Edfou la biblioù1èque liturgique
72 avait été m énagée au revers de ses murs-bahuts. Elle possédait donc aussi
d es accès secondaires. Ces portes n 'étaient pas symétriques mais cor-
respondantes, conformément à un principe constamment appliqué dans
l'art égyptien. Si celle de l'Est s'ouvre entre la troisième et la quatrième ran-
gée de colonnes, celle de l'Ouest se situe entre la deuxième et la troi -
sième. Les portes secondaires de la salle de l'apparition ou de la salle des
fêtes permettaient aux desser vants d'accomplir le culte j ournalier trois
fois dans la sa lle des offrandes, sans ouvrir les grandes portes axiales.
Elles sont auss i disposées en chicane par rapport à l'axe de la salle. À
Kom-Ombo, deux portes secondaires s'ouvrent au Nord et au Sud de l'axe,
m ais en façade, sur la cour. Elles avaient évidemment le même rôle que
celles qui ailleurs sont latérales. À Philae, une seule s'ouvrait à l'Ouest
de la sall e des offrandes.
Les escaliers aussi présentent un grand intérêt. Ils permettaient d'accé-
der au toit et d'en redescendre, mais ils n'ont pas la même signification.
À Philae, un seul escalier d'une seule volée a été construit du côté Ouest de
la cella. Au contraire, à Edfou et à Dendara, deux escaliers ont été prévus :
celui de la montée procède par paliers successifs ; l'autr e est une sorte de
descenderie de tombeau à pente uniq ue. Lors de la fête du nouvel an, on d'étroites portes bien dissimulées e t s'o uvran t dans les murs o u dans le
transportait la statuette divine sur le toit pour l'exposer aux rayons du sol. Il fallait pour y pén étrer posséder une grande souplesse, surtout si
soleil, en utilisant l'escalier à paliers. Ce rite accompli , on la ramenait dans l'on songe que les prêtres devaient en rapporte r de lourds tabernacles d'm
la crypte par l'escalier Est, tout comme on ensevelit un mort. massif Au mamrnisi romain, un type de fermeture secrète très ingénieux est
Les statues, réceptacles de vie divine, demeuraient parfois dans la cella, encore bien visible. Un bloc monté sur une sorte de roulement à billes
mais aussi parfois dans des cryptes ménagées dans l'épaisseur du mur. II y engagé dans une mortaise pouvait par simple pression latérale en trer dans
en avait déjà dans le temple d'Hibis, qui remontait à l'époque perse. On en un évidement du mur pour livrer passage à un homme et êtr e ensuite
trouve ensuite à Philae, à Edfou, à Kalabsha. Mais les plus intéressantes ramené à sa place pour masquer complètement l'en trée.
sont à Dendara, parce que sur les douze que Mariette a dégagées, dix étaient Pour préparer la statue de culte au rite de l'union au disque solaire, il
remarquablement ornées. Celles du sous-sol servaient à déposer les sta- fallait disposer d'une chapelle bien éclairée, la ouabet, ou " chapelle pure , ,
tuettes de culte les plus précieuses, comme celle qu'on u tilisait la n ui t du précédée d' une cour à ci e l ouvert o ù l' on pouvait déposer la grand e
36. Dendara. Temple d 'Hathor : nouvel an, ainsi que les colliers et les sistres qui incarnaien t la déesse elle- offrande solennelle. De tels dispositifs existent, avec des différences d'agen-
vue extérieure de la porte latérale même. Celles du rez-de-chaussée portent des bas-reliefs semblables à ceux cernent, à Kalabsha, à Philae, sans doute à Korn -Ombo, à Edfou et à 37. Kom-Ombo. Temple de Sobek et
du mur Est donnant dans la grande d'Haroèris : portique de la première cour
des salles du temple. Cell es de l'é tage contenaient soit d es emblèmes Dendara. Ces dispositions architecturales ont particulièrement inspiré devant la façade de la salle hypostyle aux
salle hypostyle. Époque d'Auguste et
Tibère. Grès. protecteurs, soit encore les archives du temple. On n'y pénétrait que par les maîtres d'œuvre. Celles d'Edfou et de Philae ont é té un peu mutilées. colonnes engagées dans un «mur-bahut >>.
74 Celle de De n da ra, intacte, est d'un charme incomparab le. La cour, dite du 40, 41 sanctuaire. Cette structure particulière n'est to utefois pas une n écessité, 75

siège de la premi ère fête, est fermée au Nord par un mur dans lequel 231, puisqu'on ne la trouve ni à Kalabsha, ni à Philae.
s'ouvrent les trois baies qui éclairent au tiers de la haute ur l'atelier des 233-234 Le toit elu temple présente au contraire, partout où il est conservé, des
orfèvres : deux sis tres hathorique s séparent extérieurem ent les baies. Au constantes qui permettent de définir son rôle. Il possède en effet des hau-
Sud, le sol de la ouabet, auquel on accédait autrefoi s par un escalier de teurs différentes. A la disposition intérieure d'abaissem ent des plafonds
bois, est surélevé de 1,40 m environ. Deux élégantes colonnes -sistres et d'exhausse ment des seuils correspond la moindre élévation de la surface
entourent un e porte à ciel ouvert et sont r eliées par des murs -bahuts de l'ensemble des constructio ns que domine très sensibleme nt la cou ver-
aux parois de la cour. D eux linteaux ornés d e soleils ail és surmonten t ture de la salle hypos tyle. Cela se voit très bien de l'extérieur lorsque le
l'ensemble . Ici, l'art de bâtir n 'a pas seulement conservé le charme et la bâtiment central n'a pas reçu d e mur d'enceinte en pierre, comme à
pureté des temps classiques, il s'est perfection né par la sûreté d e l'exé- Dendara. La salle hypostyle y domine de beaucoup toute la partie Sud
cution à laquelle la méditation de l'union au disque a ajouté "la grâce, plus dont la coupe longitudin ale, dressée par les savants de la Commissio n
belle encor que la beauté"· d'Égypte, permet d 'étud ier les dénivellati ons. Le niveau le plus bas est
La cella elle- même était conçue comme une articulation indépendan te. celui que permettent d'atteindre les escaliers Est et Ouest. Il est isolé par
En plein milieu du sanctuaire ne présente -t-elle pas ses murs extérieurs de hautes murailles de 4 rn de haut qui empêch ent clone absolumen t les
avec un fruit très sensible? Ne se termine-t-e lle point par une gorge et une vues de l'extérieur. Dans l'an gle Sud-Ouest , on a constru it un kiosque
corniche dont tous les angles sont g·arnis de boudins? À J'intériem; le naos hathorique dont les archi traves étaient supportées par douze colonnes -
inamovible en pierre dure et les barques devaient être enfermés dans de sistres. A l'intéri eur de ces architraves se voient encore les rainures où
légères constructio ns en bois doré. Au-dessus elu toit de la cella, la couver- s'encastrai ent deux po utres et une cou verture arq uée, en b ois. C'est à
ture extérieure formait une dernière enveloppe protectrice. Ainsi les statues, l'intérieur de cette chapell e qu'avait lieu u n des rites les plus secret s et
r éceptacles inertes d 'une divinité vivante, étai ent-elles soign e usement à les plus essentiels des anciens temples : 1'«union au disque "· Dan s la nuit
l'abri dans toute une série de parois, emboîtées les unes dans les autres, du dernier jour épagomèn e on amenait dans cet élégant abri la statue cl' or
comme les corps royaux étaient gardés par les sept e nceintes de leurs d'Hathor qu'on exposait au matin elu l e•· mesorê, le mois initial de l'ann ée
sarcophage s et de leurs catafalques, si importante s qu'on a pris soin de les égyptienne , aux rayons elu soleil levant. Le bai' de la déesse, un élém ent
dessiner sur le plan du tombeau de Ramsès IV figurant clans un papyrus de céleste de sa personnalité, s'unissait alors à son ka, et la présen ce réelle de
Turin. On faisait si peu de différence entre l'image de bois ou de pierre et le la divinité permettait au mond e de franchir le se uil de l'année n ouvelle
corps momifié que, clans les inscriptions ptolémaïqu es, le mot " corps " peut sans heurt. Le peuple, averti par la musique joyeuse des prêtres que le rite
s'employer pour signitîer "statue"· avait eu lieu, éclatait de joie et dansait. Déjà les textes liturgiques avaient
Les types les plus parfaits de plans, Kom-Omb o, Edfou, Dendara, pré- préludé au vers d'Euripide : " To ute terre dansera. ,
sentent autour de la cella centrale un cou loir qui la sépare très nettement du La légèreté et la sveltesse de ce kiosque ont frappé depuis longtemps les
reste de l'édifice clans lequel elle est comme emboîtée. Sur les côtés qui visite urs. Le bosquet de ses fin es colonnes se détache toujours de quelq ue
38. Edfou. Temple d'Horus : escalier à regardent l'extérieur s'ouvrent des chapelles dont chacune a une destination côté par la lumière sur l'ombre du fond et traduit fïn ement la joie elu monde 39. Dendara. Temple d'Hathor : escalier
Est, sorte de descenderie à pente unique,
paliers successifs permettant l'accès au au moment où le rite amène Hathor à descendre vers son temple. Il existait encadrée par deux m urs décorés de reliefs.
propre, différente dans chaque monument . Le plafond d e ce couloir est
toit, bordé d'un mur décoré d 'un défilé
de divinités. Grès. semé d'étoiles; il représente donc bien le ciel enveloppan t le cœur même elu à coup sûr un édicule semblable à Edfou, oLt l'on voit encore, piqueté sur Décor sous Ptolémée VIII Évergète II. Grès.
77
76 40. Dendara. Temple d'Hathor: toiture
en terrasse supportant un kiosque
hathorique (chapelle du Nouvel An)
dans l'angle Sud-Ouest. Fin de l'époque
ptolémaïque. Grès.

l'assise inférieure maintenant découverte, le dessin qui devait guider les d'Osiris. Ces reliquaires existaient uniquement dans les vill es fidè les à
maîtres maçons pour la mise en place de l'assise supérieure. Il est difficile de ce dieu, au nombre de seize ou de q uatorze, selon les recensions. Ceux de
savoir si les autres temples en possédaient aussi, même si l'on a la certitude Dendara sont composés de deux petites chambres presque carrées, en
que la fête du nouvel an s'y déroulait. À Philae, !'«union au disque" paraît enfilade. Elles sont précédées d'une cour à ciel ouvert dont chaque paroi
avoir eu lieu dans une cour à ciel ouvert ménagée en profondeur, à l'angle est terminée par une gorge finement ornée.
Nord-Est du toit. Toutefois, comme aucune inscription n 'a été gravée sur Un escalier relie le toit des chambres osiriaques à celui de la salle hypostyle
ses parois, il est difficile d'avoir une certitude en expliquant cette singulière entouré d'une banquette basse. Une pente douce permetta it à l'eau, en cas 41 . Dendara. Temple d'Hathor, chapelle
de pluie, de ruisseler en d irection du Sud, où elle était dirigée vers deux du Nouvel An destinée à !'«union au
disposition architecturale . disque>> : détail d'un chapiteau hathorique
À Dendara et à Philae, du côté opposé du toit, au même niveau et au-dessus écoulements qui l'é vacuai ent par des gargo uilles. Cette eau venue du à quatre faces supportant l'architrave.
des magasins entourant la salle des fêtes, se situait le tombeau de la relique ciel était considérée comme mauTaise, des tructrice ; aussi l'expulsait-on Fin de l'époque ptolémaïque. Grès.
78 42. Dendara. Temple d'Hathor : détail du soigneuseme nt vers J'extérieur. C'était sans doute de ce toit que les prêtres,
mur extérieur Ouest décoré de reliefs en chargés de signaler l'heure cosmique pour guider le déroulement des
registres et d'une gargouille à tête de lion.
Époque de Ptolémée IX Sôter II et Auguste. cérémonies, observaient le lever héliaque des étoiles avec leurs instruments
Grès. de visée.
On voit que les moindres détails architecturau x de l'édifice essentiel ont
été prévus pour exprimer la pensée théologique ou faciliter le culte, qui
devait rythmer les occupations du clergé et de tous ceux qui, durant leur
mois, prenaient à tour de rôle le service. Chaque partie était soigneusemen t
subordonnée à l'ensemble, et tout était calculé pour obtenir une harmonie
parfaite des proportions qui nous impressionne fort encore aujourd'hui.

L'enceinte sacrée et son contenu


Autour du temple majeur, on éprouva le besoin de dresser encore la
défense d 'un mur d'enceinte en pierre. À Kalabsha, à Edfou, à Dendara, un
couloir de ronde est ainsi ménagé entre le mur du temple et cette énorme
enveloppe. À Edfou, en particulier, il ne lui manque pas une pierre, et ce
profond fossé de pierre, où, selon les heures du jom~ l'ombre ne cesse de jouer
1

1.
avec la lumière, est d'un effet architectural tout à fait heureux. À Kom -Ombo,
on avait même construit deux murs d'enceinte, comme pour rendre la
maison des dieux plus impénétrable encore aux influences mauvaises ou
seulement aux bruits profanes du monde extérieur.
Ici, d'ailleurs, les variantes sont extrêmement originales. Il y avait deux
dieux, Haroèris et Sobek, symbolisés par un faucon et un crocodile. On
avait donc tout dédoublé. Côte à côte, il y avait deux axes médians traversant
toutes les salles axiales qui présentent chacune deux portes, une pou r
chaque seigneur des lieux. Au fond, il y a deux cellas, mais on y retrouve,
habilement adaptés à ce plan inattendu, tous les éléments que nous avons
parcourus dans les autres édifices, aussi bien que portes latérales, escaliers,
corridors.
Mais si nous avons peut-être YU ce qu'il y avait d'essentiel dans chacun
de ces temples, il s'en faut de beaucoup que nous ayons épuisé leur
richesse. Ils avaient tous en commun un certain nombre d'annexes qui
ne manquent j amais : un lac sacré , un ou plusieurs puits, un mammisi,
d'Haroèris : fa~ad:~~e de Sobek et
80 43. Kom-Ombo 'Il
donnant sur 1 Il eh ou ble1entrée
a sa
sous Ptolémée XII Né yposty e. Décor
Cléopâtre VI. os Dwnysos et
du couronnement d u roi ; à Philae, se trouvaient des temples d'Hathor, 83
d'Arensnouphis, d'Imouthès; à Dendara, le temple de la naissance d'Isis.
Revenon s à quelques-uns de ces monumen ts particulièrement impor-
tants. Et d'abord les lacs sacrés. Celui de Dendara nous a été ren du abso-
lument intact par les fouill es. C'est un quadrilatère de 35 rn de côté sur
28 m environ. Il possède une porte à chacun de ses angles. Elle s'ouvre
dans un mur bas en dos d'âne et, par un escalier, permettait d'atteindre
l'eau en toute saison, malgré les variations de niveau de la nappe phréa-
tique. Les murs latéraux sont arqués vers l'extérieur pour mieux résister
à la poussée des terres. Une sorte de n ilomètre, véritable escalier en coli-
maçon, est ménagé derrière la pami Nord. Au Sud, un passage en pente
conduisait les oies ou les canards de la volière jusqu'au niveau de l'eau.
D u même côté, sur le pourtour, on avait ménagé un retrait formant tribune.
Un auvent la pro tégeait, dont l'ossature était faite par des chevrons de bois
maintenus en place dan s d es mortaises qu'on voit en cor e à l'extérieur
du mur. Les initiés pouvaient contempler de là, durant la nuit, les épisodes
de la passion d'Osiris qui étaient représentés sur le lac, comme Hérodote
les vit à Saïs. Auj ourd'h ui , dans le fond h umide de ce lac mélancolique
des é tables d 'animaux sacrés, des volièr es, généralement placées près on a laissé pousser des palmiers qui rendent à ces ruin es un peu fauves
du lac. En principe, tous devaient aussi posséder un "sanatorium "· Mais, quelque chose de la verd ure et de la vie que lui donnèrent jadis les bosquets
comme Lrès peu de ces comp lexes religieux ont été fou illés entièremen t, sacrés, où voisinaienl entre autres perséas, acacias du Nil, saules, sycomores,
nous ne pouvo ns pas touj ours comparer ces d iverses con structions pour jujubiers et palmiers doums.
en dégager les traits communs. Il fau drait aussi imagin er les maisons des Les mammisis étaient les lieux où l'on célébrait le mystère de laNaùsance
prê tres qui, durant leur mois de service, ne sortaient jamais de l'enceinte divine du roi. À Dendara, celui de Nectanébo, le plus ancien, fu t d 'abord
sacrée ; les magasins aux provisions : bouch eries, cuisines, b oulan geries, réduit à une cella de pierre prise dans un épais mur de briques crues et se
pâtisseries; les ateliers de sculpteurs, d'orfèvres, de parfumeu rs et de prolongeant à l'Est par une salle des offrandes à ciel ouvert et des propylées.
fabricants d e baumes liturgiques ; qu e sais-j e en core? tout ce qui é tait Puis ils devinrent, au milieu de l'époque ptolémaïque, des édifices périp-
nécessaire dans une grande propriété à la vie du seigneur el à cell e de tères dont les galeries permettaient aux acteurs du drame sacré de sortir
ses serviteurs. du sanctuaire avec leurs costumes et leurs masques sans se désacraliser.
Enfi n, presque tous ces sanctuaires possédaient des lieux saints déd iés On peul se demander s'ils n'évoluèrent p as finalement vers le statu t de Double page suivante :
temple majeur où se célébrait aussi le culte divin journalier. 45. Dendara. Temple d'Hathor : le Lac
44. Kom-Ombo. Temple de Sobek et à des dévotions locales ou rappelant d'importants épisodes mythologiques : sacré au Sud-Ouest du temple, à quatre
d'Haroèris : à gauche la salle hypostyle, à Karnak, il y avait la maison d'Opet la vénérable où était né Osiris; à Edfou, Su r leur façade, les tableaux d'allaitemen t du jeune roi-dieu étaient escaliers partant des quatre portes.
à droite la chapelle d'Hathor. Époques
s'élevait le templ e du faucon où avait lieu la cérémonie commémorative revêtus de plaques d'or pour renforcer encore par la chair même de Rê Époque rom aine (?) .
ptolémaïque et romaine.

.1
86 le potentiel divin de la personne royale, et leur cella, en tièrement ou 87
partiellement couverte de minces feuilles d'or, était parfois appelée la salle
de l'électrum. Dans leurs propylées évoquant la végétation des marais, on
célébrait les mystères d'Hathor, aux jours où les cérémonies essentielles
ne risquaient pas d'être troublées par la joie des participants, dont l'ivresse
pouvait n'être pas toujours aussi sobre que celle de Philon d'Alexandrie.
A Karnak, le temple d 'Opet reposai t sur un socle élevé, qui permettait
sûrement de faire passer le fils de Nout, aussitôt né , dans une petite salle
située juste sous la chaise d'accouchement , où la déesse accroupie mettait
au monde le j eune dieu. La complexité de son plan, avec les salles de
la résurrection d'Osiris, l'hypostyle à colonnes hathoriques et les cryptes
qu'on avait préparées pour la gravure, en fait un lieu de culte pratiquement
indépendant.
Tout au fond du temple de la naissance d'Isis à Dendara, un bas-relief,
intentionnelleme nt mutilé, qui semble avoir été protégé jadis par une porte,
représente Nout accouchant sur sa chaise, soutenue par deux déesses à tête
de vache. Au-dessous d'elle, Isis, debout, sous la forme d'une femme noire
et rose, es t déjà la déesse universelle qui participe des ténèbres et de la
lumière. Est-ce la raison pour laquelle sa maison possède un axedouble,
rompu à angle presque droit? La cella et la salle des offrandes sont axées
au Nord, tandis que tout l'avant de l'édifice regarde l'Est. Ces sanctuaires
possédant deux axes plus ou moins perpendiculaire s sont moins rares
en Égypte qu'on ne l'imaginerait au premier abord.
La littérature astrologique grecque tardive a fourni sur les temple s se trouvait une série de chambres propres dans lesquelles pouvait être
d'Égypte une masse de renseignements que les fouilles ne nous ont pas obtenu un sommeil cataleptique, durant lequel la déesse favorable révélait
toujours p ermis d'illustrer. Nous savions pourtant qu'il s'y pratiquai t aux patients le remède utile à leur cas particulier, tout comme on pratiquait
des cures médicales. Isis, qui à Dendara n e fut qu 'une autre form e l'incubation dans les lieux saints d'Asclepios. Mais, de ce bâtiment de
d'Hathor, y possédait un "sanatorium" que nous avons eu la bonne fortune briques crues, renforcées de quelques briqu es cuites dans les endroits où
de retrouver. Il se composait, autant que son état actuel nous permet l'eau coulait, nous pouvons seulement nous faire un e idée très imparfaite;
46. Dendara. Temple d'Hathor :
de l'entr evoir, d'une installation hydrothérapiqu e : un co uloir bétonn é il en sub siste trop peu. depuis la terrasse, vue sur le mammisi
orné de statues guérisseuses et de textes magiq ues sur lesquels on faisait Tous ces monuments sont contenus dans une enceinte extérieure de de Nectanébo, l'église copte, le mammisi
romain; au fond, l'enceinte sacrée.
cou ler l'eau vivifiante de l'océan primordial, tiré e du puits sacré; un dimensions souvent considérables. A Dendara, elle est entièrement déga- V siècle apr. ].-C. (l'église); époque de
système de citerne et de baignoires pour utiliser cette eau. Tout autour, gée et, pour une ville de province, elle est certainement grande. C'est un Néron à Antonin (le mammisi).
quadrilatère irrégulier d'environ 270 x 280 rn, formé de massifs en briques 47. Dendara. Mammisi romain : détail du 89
88 portique Sud relié par des «murs-bahuts>>
crues qui s'équilibrent les uns les autres. Leurs lits de brique ondulés
sculptés de scènes relatives à l'allaitement
frappent aussitôt le visiteur. Sont-ils, comme on l'a dit, l'expression symbo- de l'enfant divin. Époque romaine. Début
lique de l'océan primordial? C' est bien possible, puisque l'emplacement du rf siècle apr. f. -C.

du temple est celui même de la butte émergée la première fois des eaux
primitives. Celle de Dendara pourrait dater du roi kouchite Taharqa,
au vme siècle.

Les matériaux
Les matériaux qui servirent à créer cette architecture n ' étaient pas
employés au hasard. D' une part les raisons techniques en ont commandé
l'emploi. Le grès du Gebel Silsileh, facile à débiter et à proximité du fleuve,
donc aisé à transporter, en fait l'ossature. Mais certaines parties sont en
basalte bleu, telles les crapaudines des seuils ou des linteaux. Leur emploi,
là aussi, s'explique par la résistance plus grande du matériau, nécessaire
en ces places où l'usure était plus considérable. Au premier abord, les seuils
et les bases de colonnes en granit semblent obéir à des lois purement phy-
siques. Mais, d'autre part, comment expliquer que les seuils de certaines
portes rarement utilisées, et qui aujourd'hui encore paraissent tout neufs,
aient aus si été en granit? Pourquoi les fondations des colonnes, dont la
base est en granit, sont-elles simplement en grès? Certains emplois parais-
sent étranges et ne s'expliqu ent bien que si on fait intervenir la valeur
symbolique des roches, comme en bijouterie. Le granit paraît avoir été à
la fois protecteur et maudit. Il était en quelque sorte écrasé sous le poids de
l'édifice et foulé aux pieds.
1
' ~' \.....
v Î\ Il reste au mammisi d 'Edfou quelques pavés de couleur disposés avec
- 1..
l ~

'~ art dans l'all ée axiale de la cour : basalte b leu à grains fins, albâtre b lanc
j_\ ...;' ..J
t et quartzite brun -rouge y alternent en dessins géométriques réguliers,
où le choix du matériau paraît dû à l'esthétique. Ne forment-ils pas une
sorte de tap is de pierre sur lequel s' avançait la procession? Mais rien
n'empêch e de penser que chaque pierre apportait aussi à l'ensemble sa
signification particulière que l'.on parviendra sans doute à déterminer
quelque jour.
90 48. Karnak, domaine d'Amon-Rê. Temple
d'Opet: mur extérieur Est décoré de
scènes d'offrandes. Époque d'Auguste.
si
92 49. Dendara. Temple d'Hathor. Il est infinim ent probab le que l'allée axiale des propylées au mammi 93
de
Époque de Domitien. de Nectanébo, à Dendar a, et celle de la salle hyposty le au temple majeur
pierres plus rares,
la même ville, posséd aient aussi des paveme nts de
up de
dans le genre de celles que nous venons d'énum érer. Mais beauco
que, sans une minutie use
bâtimen ts sont telleme nt saccagés aujourd 'hui
e
reconst itution arch éologiq ue, on n'arriverait pas à imagine r la richess
architec turale qu'ils ont connue aux temps anciens .
Ces constructions puissan tes, faites pour défier le temps, diffèrent cepen-
p
dant très profon dément de l'aspec t lourd que durent avoir b eaucou
sont libérées des
de monum ents au début de l'Ancie n Empire . Elles se
ient
piliers lourds et des murs pleins d'une épaisseu r énorme ; elles employ~
es en bois, comme au
les colonnes et occasio nnellem ent des co uvertur
que ce
kiosque de Taharq a à Karnak - si l'on ne se rallie pas à l'idée
de Dendar a. Mais l'utilisa tion
kiosque était découv ert - et à celui du toit
expli-
de matéria ux plus légers ou d'éléme nts plus sveltes ne suffit pas à
er
quer cette impress ion d'harm onie, d'équili bre, qu'ils donnen t au premi
du jour,
abord. Ces création s monum entales, mises au point et au goût
toute
demeu rent fondam ental ement filles des nombre s d' or, comme
de ch aque
l'archit ecture égyptie nne :les in scriptio ns répèten t à satiété
que
partie de l'édifice que sa hauteur est conform e à la p erfection de la science,
est conforme au calcul et que toutes ses proport ions sont conform es à
sa largeur
tion
la place où elle est. L'équil ibre qui résulte d e la parfait e adapta
parfai-
des détails à l'ensem ble et de la mesure exacte de chaque partie,
ion
tement adapté e au tout, est l'éléme nt fondam ental d e la perfect
des volumes.
du
Remarq uons aussi que l'édifice n'est que l'expres sion des besoins
bâtir
culte et de la théologie. Jusqu'à l'extrêm e fin de sa floraison , l'art de
pour l'effet, pour paraî-
des Égyptie ns a conservé un style dépouillé. Rien
nous
tre. Il chercha it seulem ent à être. Et c'est pourqu oi il produit sur
er les sentime nts étrange s qu'il
une impress ion si profond e. Pour expliqu
la vérité
provoq ue et l'inévitable séduction qu'une pareille traduct ion de
dans je
nue inspire, on est allé ch ercher des explica tions mystéri euses
Remarq uons
ne sais quelle traditio n de magie ou de science s occultes.
seulement que les églises romanes, et même gothiques, provoquent des 50. Karnak. Temple d'Amon-Rê, 95
effets semblables et qu'on a invoqué pour expliquer leur inéluctable au pied du deuxième pylone : détail du
colosse de Pinedjem. XXV' dyn. et époque
emprise les mêmes explications inutiles. dl y a des œuvres qui font de ' ptolémaïque.
l'effet parce qu 'ell es visent à en faire et s'y efforcent, écrivait Wilhelm
Furtwangler. Il en est d'autres qui, pour faire de l'effet, n'ont qu'à exister.
C'est pourquoi l'action des unes à la longue s'exténue, alors que le Temps
ne semble point entamer l'efficace des autres." Les grands temples de
l'Égypte du crépuscule appartiennent à cette dernière sorte de créations.
CHAPITRE Il
Bas-relief et peinture
par François D aumas

97

Les œuvres. Leur dispersion dans le temps et !'espace. Les lacunes


Si l'architecture égyptienne tardive ne nous est connue que par la Haute -
Égypte et presque uniquement par les monuments religieux, nos connais-
sances dans les domaines du bas-relief et de la peinture sont à la fois plus
variées et plus complètes. Beaucoup des belles pièces qui nous ont été
conservées proviennent du Delta. Ces exemples de la sculpture des écoles
du Nord constituent un correctif aux représentations trop unilatérales
que nous donne la vue seule des grands temples du Sud. Les nécropoles
de Tounah el- Gebel, près d'Hermopolis ; celles d' Akhmim , si elles avaient
été scientifiquement exp loitées ; l'inépuisable "Occident de Thèbes"
fournissent des séries d'œuvres à la fois pleines d'enseignement et, parfois,
d'une valeur esthétique profonde. La peinture des reliefs permet d 'avoir
une idée précise de l'état ancien des monuments, du rôle qu'y joua
la couleur et de ce qu'elle représente pour les Égyptiens . .Mais, plus encore,
on y voit apparaître des formes nouvelles permettant d'apprécier mieux
la composition et l'harmonie d ' un ensemble bien défini qu'une peinture
occupant une paroi entière. À côté de stèles gravées dans la pierre, à
la manière de celles que nous connaissons pour l' époque classique, on
trouve, à partir de l'occupation kouchite, de petits tableaux, j'allais dire
des tableaux de chevalet, à usage funéraire. Ils sont assez nombreux dans
les différents musées pour que nous puissions étudier leurs caractères
et leur signification.
La situation est donc bonne pour comprendre et goûter ces ouvrages
séduisants et pour les apprécier. Il faut toutefois tenir compte de ce que
les arts funéraires, dans toutes les civilisations, produisent le meilleur et
le pire, car il ne suffit pas qu'un objet soit ancien pour qu'il soit beau. Une
étude générale en ce domaine est d'ailleurs grevée par le manque d 'études
51. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). détaillées et le défaut de bonnes publications. Trop peu d'illustrations
Sarcophage de Pétosiris : détail des en couleurs permettent aux curieux de se référer à des copies d'originaux
hiéroglyphes incrustés. Vers 330 av. ].-C.
Bois incrusté de verres polychromes. assez fidèles pour autoriser l'interprétation d'une œuvre avec quelque
Le Caire, Musée égyptien. succès. Enfin, les cent dernières années d ' expansion démographique
98 et économique en Égypte ont été catastrophiques pour la conservation de Nectanébo, un effort soutenu et des artistes de talent ont permis à la 99
des tra va ux d 'art, qui se trouvent tous dans l'étroite partie habitab le sculpture de garder un bon niveau, presque durant toute la période de la
du pays. décoration, et même de réussir, sous les derniers Ptolémées, les chefs-d' œuvre
Ce n 'est pas le lieu ici d'ouuir une discussion sur le déplacement de des cryptes ou des salles qui entourent le sanctuaire.
grands ensembles architecturaux. Les ingénieurs peuvent transporter des p. 12 La chance nous a val u de posséd er près d 'Hermopolis, au tombeau
constructions considérab les. Est-ce une raison pour le fa ire trop rapide- 9. de Pétosiris, un art tout à tait nouveau, in n ue ncé par les Grecs, à peu près
ment et trop souvent, sans avoir essayé toutes les autres solution s que 52-53. au moment même où les Macédoniens m ettaient la m ain su r l'Égy pte.
l'am élioration de nos techn ique s perme ttrait d ' envisager ? Philae et 68-71. Ici, les procédés helléniq ues ont été appliq ués au bas-relief égyp tien . C'est
Kalabsha, que l'on vit jusqu'à la fin du xrxe siècle parés de leurs couleurs, 73 un produit de milieux sociaux très influencés par les Hellènes au moment
ont aujourd 'hui perdu toute trace de ces peintures que nous n e pouvons où ils luttaient aussi contre l'Empire perse. Nous retrouveron s des œ uvres
plus apprécier que par les récits des voyageurs ou dans quelques planches analogues à Alexandrie. Mais, au ne siècle, les Égyptien s laisseron t plus
de Le psi us ou de Roberts. Et dans la mesure où ces édifices extraordinaires de traces de le ur pensée que des procédés d e leurs artistes dans la grande
n'étaient pas se ulement des bâtisses, mais d 'authen ti q ues architectures, cité hellénique. On devine, par cet essai po ur caractériser rapidement
leur e rnplacement, leur environnement, leurs perspectives ta isaient partie les écoles locales, une matière artistique très riche et très diverse, qui
intégran te de leur personnalité monumentale. L'homme avait-ille droit traduit bien les mouvements profonds de ces temps pleins d e ressources
de les dissocier? ... et d' un intérêt majeur pour la pen sée comme pour l'art.

Les aleliaç locaux Technique du ba.s-relir:;fet de la peinture


Même après avoir perdu leurs coloris, leurs bas-reliefs permettent de \·oir Avant d e brosser un tableau de l'évolution finale de ce t art pharao -
les diffëren ces de faire des ateliers locaux. À Philae, en général, l'art ptolé- nique, essayon s de voir comment procédaient artisans et artistes au poin t
maïque a gardé le classicisme appliqué du temps de Nectanébo :une tentative de \·ue technique.
pour s'en tenil' à l'architecture saïte, mais avec quelque chose de plus alan- Pour conserver aux tableaux l'équilibre de la composition qu'ils suren t
gui et de moins incisif. Vers la Nuh ie, à Kalabsha, à l' épog ue romaine, c'est maintenir jusqu'à la fin, les Égyptiens appliquaient un canon très p récis q ui
un trait fortement buriné, qui a perdu beaucoup du charme ancien :il est a changé avec les époques, tout comme nous avons vu qu ' ils construisaien t
plus nen·cux mais aussi plus sec, et tend vers le schématisme. Korn-Ombo, leurs édifices selon des normes canoniques. À l'époque saïte, ils u l.iJisaient,
plus tardif, puisqu'on sculptait ses parois sous l'empereur Macrin (217-218), pour dessiner harmonieusement le corps h umain, un carroyage qui changea
témoigne de plus de sécheresse encore, et la volonté de tran scrire des muscles à la XXVIc dynastie, pu is dura pendant toute la fin de leur civili sation . Tl
sur les membres ou dans les visages non modelés donne aux figures un air comprenait vingt e t un carrés de la plante des pieds à la limite supérieure
é trange et comme un pe u caricatural. La facture d 'Edfou es t, en ple ine de l'œil pour une représentation d'homme debo u t. D' après lversen ,
époque ptolémaïque, épaisse, molle, et manqu e d 'harmonie et de grâce. ce changement aurait été entraîn é par le remplacement à cette époque 52. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis).
Elle se rapproch erait de celle de Kom -Ombo. Chez Hathor, à Dendara, de la p etite coudée par la coudée royale de 0,523 m. Tom beau de Pétosiris, vestibule,
durant le 1er siècle et jusque sous Trajan et Antonin, en dépit d'une éclipse soubassement : oiseaux dans les papyrus.
L'artiste traçait d'abord ses figures en rouge dans son quadrillage, puis
Vers 330 av. f. -C. Calcaire coquillier stuqué
sous Philom étor, que l'on constate dans la salle des offrand es du mammisi les corrigeait en noir. Alors le sculp teu r vena it, détachait. le contour des et pein t.
100 reliefs et enlevait tout le fond du tableau, puis attaquait chaque détail et,
53. Tounah el-Gebel (p rès d'H ermopolis). 101
finalement, polissait le tout. Il sc peut aussi que les dessinateurs chevronnés Tombeau de Pétosiris, vestibule :
n ' aient pas eu besoin d e carroyer tous les tableaux et qu 'ils se soient porteuse d'offrandes. Vers 330 av. ]. -C.
Calcaire coquillier stuqué et peint.
contentés pour certains de quelques traits de mise en place. Mais souvent
on aperçoit encore la mise au carreau après la chute de l'enduit coloré,
comme on peut le constater sur bien des colonnes de la salle hypostyle
à DendaTa. C'est dire que ce procédé était beaucoup utilisé.

Les couleurs et leur orig ine


Sur le relief, on passait un enduit de stuc très mince pour faire mieux
adhérer la couleur. Pour les grands monuments la palette n'est pas extrê -
mement riche : blanc, noir, bl eu, vert, rouge et j aune constituaient les
teintes fondarn entales. Un certain nombre d 'autres, obtenues par le
mélange de ces dernières, ont toutefois été signalées : gris, orangé, rose,
brun, violet. La plupart sont obtenues à partir d e minéraux prove nant
du sol égyptien. Ainsi le blanc est à base soit de carbonate de calcium
(craie), soit d e sulfate de calcium (gypse). Ces deux produits abondent
partout dans Je pays et ont été employés de tous temps. Le noir peut être
soit de la suie, soit du noir animal, soit du ch arbon de bois. Le premier
semble m eilleur. Le bleu a des origines diverses. On broyait de l'azurite,
un carbonate de cuivre bl e u roi, très voisin chimiquement de la mala- simplement d 'un mélange de jaune et de bleu. Mais on a sûremen t confec-
chite. Comme c'est un composé assez instable, la couleur obtenue peut tionné une fritte verte à la manière de la bleue. Et les analyses révèlent
varier avec l'humidité ambiante. C'est peut-être ce qui explique que nous aussi l'emploi de poudre de malachi te ou de chrysocolle (silicate hydraté
ne distinguons pas facilement: les bleus des verts dans la peinture tardive. de cuivre).
Il faut souvent n ettoyer un pe u pour rétablir la nuance ancienne. Parfois Le rouge, une des couleurs qui ont le mieux tenu sur les pierres ou les
le bleu est obtenu par la cuisson de sili ce (sable), de minerai d e cuivr e enduits des édifices, n 'était autre que l'oxyde naturel de fer, très abondant
(vraisemblablement de la malachite), de carbonate de calcium et de natron. en Égypte. Il en existe deux espèces, l'une anhydre et l'au tre hydratée.
Cette rece tte, passée aux Alexandrins, est arrivée jusqu'à Rome, et Pline Cette dernière est l'ocre rouge que Pline appelle rubrica et dont il connaît
nous l'a transmise en précisant son origine égyptienne. Il appelle cœruleum bien l'origine égyptienne. Le jaune, fourni essentiellemen t par l'ocre jaune,
ce ble u que nous désignons sou s le nom de "fritte bleue "· On a au ssi oxyde de fer hydraté voisin d e l'ocre rouge, se trouve à peu près partout
pen sé à du lapis -lazuli ou de la tu rquoise pilés . .i\Iais la relative rare té aussi. À partir de la XVIIIe dynastie, on utilisa de la poudre d'orpiment, sul-
de ces pierres semi-précieuses et la couleur m édiocre qui r ésultait du fure d'arsenic, dont on a fabriqué très tôt une contrefaçon artificielle extrê-
procédé rendent leur emploi peu vraisemblable. Le vert pourrait provenir mement toxique, d 'un em ploi réduit à cause du dan ger qu'elle présentait.
54. Dendara. Temple d'Hathor, salle 103
hypostyle, caisson du plafond : le soleil
naissant illumine le temple de Dendara
(détail : constellations). Première moitié
du f' siècle apr. f. -C. Grès peint.
104 Il serait venu d'Asie, peut-être par la Perse. Des géologues ont affirmé cella, avait été soigneusement enduite d 'un stuc assez épais pour rendre, 105
qu'il en existait dans certaines îles de la mer Rouge. On a aussi constaté par endroits, la lecture des textes malaisée. Ensuite, on avait appliqué sur
que le jaune pouvait être intensifié par addition de matières organiques toute la surface une feuill e d 'or extrêmement mince, d'une fraction de
végétales ou de l'oxyde d e plomb, qui possède naturellement cette millimètre, que l'exiguïté des fragments d écouverts n 'a pas permis de
teinte. Parfois on le vernissait pour mieux imiter l'éclat de l'or, comme mesurer. Elle aYait été collée soit à la gomme, soit au blanc d'œuf, et a dû
l'a remarqué Bruyère. être enlevée simplement avec de l'eau par les pillards, après la fermeture
Les autres couleurs résultaient souvent de mélanges. Le gris n'était qu'une du temple. Les reliefs n 'ont pour ainsi dire pas souffert du traitement.
combinaison du blanc de plâtre et du noir de fumée. Mais, alors qu'à Les parois Sud, Ouest et Nord de la cella au mammisi de Nectanébo étaient
l'Ancien et au Nouvel Empire le rose s'obtenait en dosant gypse et ocre dorées de la même façon. L'état du temple de Philae ne p ermet plus de
rouge, à l'époque gréco -romaine on a souvent employé la garance. Peut- savoir à coup sûr s'il y aYait dorure à l'intérieur. Le sens de ce chatoyant
être sa teinte était-elle plus délicate et, surtout, sa culture avait-elle dû s'in- ornement n 'est pas douteux : il communiquait aux représentations
tensifier beaucoup. Si l'orangé n'est guère qu'un mélange de rouge et l'incorruptibilité de la vie divine.
de jaune et le brun de rouge et de noir, on trouvait aussi dans l'oasis de L'emplo i des vernis est fréquen t. L'un d 'eux, très probablement une
Dakhleh une ocre brune native excellente. Quant au violet, signalé à Kalabsha résine, était à l'époque ancienne certainement incolore; mais il a bruni en
par Champollion et confirmé par Gauthier, il n 'a jamais été soigneusement vieillissant. L'autre, un vernis noir, qui possédait sûrement une significa-
étudié avant que les eaux du barrage, en 1911 , ne détruisent définitivement tion liturgique, est une préparation plus compliquée dans la composition de
la couleur des temples nubiens. Champollion pensait qu'il avait servi de laquelle entraient plusieurs résines. Le premier protégeait les couleurs et leur
mordant pour une dorure. Mais il ne justifie pas cette explication qui semble donnait de l'éclat. Quant au noir, il apportait aux statues ou aux reliefs sur
contredite par l'emploi de cette couleur tel que nous le révèlent les planches lesquels on l'appliquait l'appoint de la régénération, qu'il symbolisait. Mais,
précieuses de Gauthier. Il eût été, en effet, difficile de couvrir d'or tous les déjà bien avant l'époque macédonienne, le vernis clair disparaît pratiquement
détails portés en violet sur ces reproductions. des tableaux religieux ou funéraires.
D 'autant plus que nous avons acquis des données précises sur l'emploi
de l'or dans la décoration, après les travaux de Chassinat, de Borchardt, Le symbolisme des couleurs
de Lacau, et l'examen des mammisis de Dendara . À l'époque tardive au Pour comprendre et goûter les créations des artistes égyptiens au dernier
moins, deux sortes de revêtements d 'or étaient courants. Le premier était millénaire, il faut bien prendre conscience d e leur point de vue. Comme
réservé à des tableaux ou parties de tableaux gravés sur les parois exté- aux autres époques, la peinture obéit à un ensemble de règles tradition-
rie ures de l'édifice. La portion à dorer n 'était pas peinte. On se contentait n elles souvent contradictoires et tâche d e réaliser un équilibre en tre la
de l'entourer de p etites cavités. Puis, directement sur la pierre, on plaçait signification symbolique que l'on attribue aux couleurs et la coloration
une plaque d'or ou de métal doré, assez fine pour qu'on pût lui faire épou- réelle des êtres ou objets. D'abord, le désir d'obtenir une image très claire
ser les moindres saillies du rel ief Ensuite on la fixait au moyen de chevilles impose au peintre, comme une sorte de loi, la dissimilation. Même dans des
55. Karnak, domaine d'Amon-Rê. Édifice à tête dorée enfoncées dans les trous préalablement creusés autour de la œuvr es aussi soignées que les p eintures de Ramosé à la XVIIIe dynastie,
de Taharqa du Lac, mur Est : portrait
de Chabaka (bloc utilisé en remploi). surface à couvrir d'or. À l'intérieur, le système était différent. Il a pu être les porteurs d'offrandes qui se suivent dans un cortège sont alternativement ,
XXV' dyn. Grès. étudié aux mammisis d'Edfou et de Dendara : la paroi Ouest, au fond de la rouge clair e t rouge foncé . L'ensemb le coloré doit produire un effet
harmonieux et symphonique de sorte que, dans l'écriture, lorsque le vase 56. Dendara. Temple d'Hathor, crypte 107
nw se présente deux fois de suite, il sera une fois bleu et une fois rouge. Sud n° 1 : la ménat d'Hathor à Dendara
(détail de la partie droite). Époque de
L'emploi d ' une couleur est aussi fonction de sa valeur symbolique. Ptolémée XII Néos Dionysos. Calcaire peint.
Le noir signifie la régénération :la terre, qui permet aux graines de germer
et de produire d'autres plantes, n ' est-elle pas noire, comme la nuit, qui
porte le soleil dans son sein pour le faire renaître jeune au petit matin?
Le rose carmin, au contraire, évoqué par les ailes du flamant, est le signe
du désert stérile. Il symbolise donc Seth, le dieu infécond , la sécheresse,
le mal, le chaos hostile. Peut-être le granit rose particip e -t-il de cette
malédiction, tandis que le basalte, fort sombre, sert à faire des naos ,
où sans cesse se viyifient les dieux, et des sarcophages, où les corps des
hommes prolongent éternellement leur vie. Le jaune, substitut de l'or,
représente l'apport de la vie divine. Le blanc, c'est l'argent à l'éclat duquel
les Égyptiens paraissent avoir été fort sensibles; il est aussi signe de
pureté : c' est à ce titre que les prêtres le portaient. Le vert suggère
le développement, la santé, l'épanouissement. Les dieux qui président à
l'au-delà sont souvent verts, tel Osiris. Khnoum aussi, qui modèle sur son
tour les dieux et les hommes, est à maintes reprises p eint d'un b eau vert
profond. Par contre, beaucoup d e dieux sont d'un bleu clair laiteux,
rappelant la teinte de la turquoise. Cette dernière est à la fois protection
et joie. En Égypte, encore de nos jours, qui porte la turquoise est sous
la garde de son influence bénéfique. Elle semble conférer la joie par sa
présence. Aussi appelait-on les dieux, plongés sans cesse dans une joie
sans mélange, "ceux-de-la-turquoise"· Le lapis-lazuli , parfois étoilé de
points d'or, ressemblait au ciel nocturne semé d'astres brillants. Il avait
donc pouvoir de régénérer, puisque No ut, la déesse du ciel, portait durant
toute la nuit bleu sombre le soleil qui allait manifester de nouveau son éclat
à l'aurore. C'est pourquoi le lapis -lazuli alternait avec l'or dans les coiffures
royales, et cela depuis une époque immémoriale.
Ces symboles comme l'emploi de la dissimilation, pour obtenir plus de
clarté, n'empêchaient pas que l'on essayât à plus d'une reprise de rendre
l'aspect réel des objets ou des êtres animés. La chair de l'homme, plus
foncée, plus h âlée que celle de la femme, était traditionnellement rouge
108 terre d e Sienne. Ainsi le roi, dans toutes les scèn es de Den dara où les 57. Karnak. Chapelle entre le dixième 109
couleurs ont été conservées, est rouge brique. D'habitude, les tiges de papy- pylône et l'enceinte de Mout: le dieu
rus sont vertes; cela es t visible sur plus d'une de celles qui protègent des Horus embrasse Tanoutamon.
.xxve dyn. Grès.
portes ou des angles et qui sont surmontées du serpent d'Outo. Et pourtant,
celle qui est à gauche de la porte d'entrée du temple majeur, donc à l'Ouest,
à Dendara, est peinte en r~uge pourpré sombre. Généralement ce tte colo-
ration n 'est pas utilisée pour les végétaux mais p our le bois coupé. Par
contre, la peau de la reine, ocre clair, comme il est normal, ch erch e à repro-
duire la réalité. Cependant la fantaisie la plus grande règne parfois dans
les teintes diverses attribuées aux mêmes objets assez voi sin s les uns des naguère les Yanneries nubiennes, à l'aspect diapré. Les hampes du sign e
autres. Combien de co uronnes de Haute-Égypte, qui se devraient d 'être du di eu sont chaque fois différemment décorées et teintes . Mais tout le
blanches, sont bleu es à Dendara, et même bleu foncé! Peut- être y a-t-il cède aux êtres animés. Les oiseaux présentent une richesse de coloris décon-
recherche d'une symphonie de couleurs sur fond blanc cassé? certante : la chou ette a un poitrail blanc, nuancé parfois d'un brun léger. La
Il est clair, en effet, que ces dernières n 'ont pas été seulement utilisées pour tête, aux lign es bl eues et noires, montre des joues blan ch es. Les ail es aux
copier le monde réel, ni pour traduire des idées. L'artiste a souvent voulu plumes noires, coupées de contours chocolat, sont parfois brun clair alterné
trouver un bariolage plaisant à l'œ il, un rapport destiné à différen cier les de vert. En fin la queue est verte surmontée d 'une partie noire. Ailleurs, les
coloris l'un de l'autre et à les accorder ensemble. Cette rech erch e d'une pattes sont rouges. Les vipères à cornes sont vert et brun, mais le bélier
h armonie des tons est particulièrement sensible dans une technique bien présente, de la tête aux pieds : noir, brun, vert, vert Véronèse, orangé soutenu,
curieuse, celle des hiéroglyphes en verre vivement colorés incrustés dans un lapis-lazuli et blanc. Le poussin de caille vert possède des pattes orange,
fond de bois sombre. C'est celle du fameux cercueil de Pétosiris, très bien 51 et l'ail e encore minuscule offre, à elle seule, blanc, cinabre, bleu , orangé et
conservé, que l'on p e ut admirer au Musée du Caire. Il offre à l'œil charmé gris soutenu. Dans l'art subtil du verre coloré, les artisans ont certainement
une débauche de teintes habilement disposées pour produire un effet un peu rivalisé de virtuosité pour avoir pu réussir d'aussi rutilan ts chefs-d 'œuvre.
analogue à celui d 'un tapis, mais infiniment plus lumineux. Sans doute, Il faut avouer que ces mosaïques éclatantes constitu ent des œ uues d'art de
certains signes se présentent-ils avec leur couleur réelle : la couronne de grand prix. Les verri ers égyptiens du me siècle n'étaient pas inférieurs à
Haute ·Égypte est blanche et celle de Basse-Égypte rouge; le contour de la ceux de la XVIIIe dynastie, et les artisans alexandrins, qui allaient prendre leur
bouch e est rouge ainsi que le bras; le filet d'eau est vert ou bleu . Mais, relève, firent si bien apprécier leurs p erles en verre historiées qu'elles ont
placée auprès de la couronne blanch e, la massu e-he4;·, qui aurait dû être atteint les confins de l'Occid ent. Elles témoignent du rayonnement de cet art
blanche aussi, est d'un vert prairie étonnant, par pure dissimilation. L e et du go ût qu'eurent les Égyptiens pour la peinture, élément essentiel de
pain prend toutes les nuances pour s'harmoniser avec son contexte coloré, la réalité.
sans presque tenir compte de son aspect réel: gris-vert, vert pomme, blanc,
bleu avec un trait jaune, jaune croûte avec trait brun, gris avec raie jaun e, ou La matière du bas-relief
même rayé de noir. Les corbeilles tressées en damier présentent chacune des Tous les bas-reliefs furent peints, mai s la matière m ême dans laqu elle
carrés différ emmen t p eints dont la composition varie, un peu co mme ils furent scu lptés a joué u n rôle important. Presque tous les temples
sont en grès. A ussi leurs sculptures sont-elles très différentes de celles 58. Thèbes. Tombe du vizir Nespakachouti 111
110 (n° 312): les pleureuses. Seconde moitié du
qui ornent les sarcophages de basalte plus ou moins contemporain s. VIf siècle av. f.-C. Calcaire. Long. 55,50 cm.
Tandis que cette roche sombre et dure permet une incision précise, la New York, Brooklyn Museum.
finesse du trait et le po li parfait du modelé , le grès, plus ten dre, ne laisse
pas à l'artiste la possib ilité d'une pareille netteté. Il ne peut en approcher même les défauts inhérents au style ptolémaïque sont atténués et comme
que si la qualité de la roche est p articulièrement fine. Aussi, pour per- voi lés par l'hab ileté de leur talent personnel.
mettre au sculpteur de figurer parfaitement des détails, a-t-on eu l'idée
d'introduire dans une paroi des assises en pierres différentes pour obte- L'évolution du bas-relief
nir un m eill eur fini. C'est ce qui a été fait dans la crypte souterrain e Sud Il convient maintenant de tenter une analyse des traits caractéristiques
de Dendara, où une série de blocs de calcaire a fourni au sculp teur la de ch aque époque et de chaque l.i.eu depuis l'invasion des Kouchites
matière de quelques chefs-d'œuvre : le grand collier-ménat dont les moin- 56 jusqu'à la fin du monde pharaonique, au me siècle apr. J. -C.
dres perles ou rosettes ont été rendues avec fidélité , et l'Horus créateur Les traditions des ateliers thébains avaient dû se conserver, peut-être un
au plumage si finement ouvragé. On voit comment en ce domaine aussi peu sclérosées, durant toute la période de l'anarchie libyenne. Il est clair, en
le travail de l'arti ste devait chercher sans cesse un compromis entre la effet, que dans le temple de Karnak les bas -reliefs de la XXVe dynastie
pensée théologique à exprim er, le sens des coule urs, le symbolisme du diffèrent à peine de ceux que l'on sculpta à la XVIIIe. Une image du roi
matériau et ses quali tés physiques dont dépendaient les possibilités de Chabaka, sur un bloc remployé dans le monument osiriaque situé au bord
du Lac sacré, en est un e preuve très claire. Qu'on la compare à celles de
la technique.
Tous ces facteurs jouant à la fois, il ne faut pas toujours penser à un Thoutmosis III sur les pili ers de la salle interméd iaire de Karnak! Si la
abâtardissement de l'art pour expliquer des faibl esses. Les qualités de la couronne blanche ne portait les deux uneus caractéristiques des rois de
mati ère ont pu intervenir. Il faut aussi p enser aux manœuvres médiocres Napata, c'est le même profil tr ès plat, détouré dans la p ierre plutôt que
qui durent sévir autour d'artistes auth entiques. Qu'on songe aux m illiers sculpté, où seuls les yeux, les lèvres, la commissure de la bouche, l'ailette du
de mètres carrés qu'il fallait sculpter! Pendant des siècles, ces temples nez et le menton sont modelés. L'intensité de l'impression est d'autant plus
ont dû être partiellement au moins en chantier. Même dans des écoles forte que les efforts techniques ont été concentrés sur quelques points qui
locales de bonne qualité , on ne dut à certai ns moments disposer que de paraissent bien transcrire les traits individuels du souve rain.
peu d'artistes. Ain si s'expliquerait qu'a u milieu à peu près de l'époqu e Les grandes tombes thébaines des XXVe et XXVIe dynasties, dont nous
ptolémaïque, sous Philométor, à Dendara , ce sont des ouvriers peu doués avons étudié l'architecture, sont ornées de reliefs qui trahissent l'imitation des
qui ont orné la salle des offrandes de l'a ncien mammisi. Si l'on constate, tombes ,-oisines de la grande époque (Ramosé ou Khérouef) ou même les
de surcroît, que le grès employé pour construire les murs de cette salle est 58 mastabas memphites. Les pleureuses de Nespakach outi ne sont pas incisées

de qualité franchement mauvaise, on comprendra l'aspect lourd, gauche, plus profondément que les tableaux des vizirs d'Aménophis III. Mais ces
boursouflé, p eu foui llé, de ces parois pourtant bien conservées et cou- femmes q ui jettent de la poussière sur leur cheYelure, en signe de deuil, ont
vertes encore de presque toutes leurs pe intures. Par contre, sous Néos le geste p lus stéréotypé que jadis. Les Yi sages un peu figés sont identiques,
Dionysos ou très peu de temps après lui, dans un grès très régulier et très sauf celui de l'extrémité gauche, moins académique que les autres, donc
fin, de véritables sculpteurs ont réussi à dégager du bloc des tableaux où p l us personne l. Une certaine recherche de la variété apparaît dans le
112 60. Memphis (?). Détail de la stèle 113
funéraire de Merneit Ouahibrê :
offrande du défunt à Osiris et Isis.
Entre 663 et 525 av. ]. -C. Calcaire.
Haut. totale : 70 cm. Baltimore,
Walters Art Gallery.

60 Sur la stèle de Merneit, au Musée de Baltimore, au-dessous du scarabée


ailé du cintre, le défunt fai t une offrande alimentaire à Osiris et Isis.
Au-dessous, Merneit offre des fleurs à ses parents. Le relief, dans un creux
léger, comme il convient à l'extérieur, est d'une grande finesse, très peu
profond, mais délicatement façonné , selon les meilleures traditions
septentrionales, et l'on prendrait presque ces sculptures sorties d'un excel-
lent atelier pour une œ uvre classique, si une sorte de légère froideur dans
la facture ne trahissait la période saïte.
mouvement des avant-bras et dans la forme des seins. Le Pabasa qui reçoit 59 Le British Museum possède une plaqu e de basalte qui servit de mur
un bouquet de lotus est de la même veine. Les détails du vêtement plissé qui 61 d'entrecolonnement à un temple construit par Nectanébo Jer aux environs
retombe sur l'épaule gauche, les muscles du jeune homme, que l'on devine d'Alexandrie. Le roi y fait l'offrande d'un pain. Sur la surface polie, le dessin
jusque sous les plis de son pagne transparent, montrent une recherche n ette du personnage agenouillé, incisif, nerveux, est d'un mouvement parfaite-
du pittoresque, mais tout en conservant une sobriété classique. Le visage ment harmonieux. Mais déjà la courbure du ventre au-dessus du nombril,
juvénile était buriné suffisamment pour nous donner presque un portrait. les mollets, les cuisses, le cou ont un volume mollement souligné. Le visage
S'il n'y avait je ne sais quoi d'un peu conventionnel dans la facture, un pareil est d'un réalisme étonnant :menton petit mais très marqué, lèvre supérieure
morceau évoque encore le grand art du Nouvel Empire. mince et proéminente, pommette allongée dominant fort la fossette nasale,
nez busqué et œil profond. C'est un portrait tout à fait apparenté à ces têtes
59. Thèbes. Tombe de Pabasa (n° 279) : Ateliers de Basse-Égyple d e statues saïtes qui ne font grâce d 'aucun détail anatomique, comme
Pabasa assis reçoit l'offrande d'un
bouquet de lotus. Entre 663 et
À Mem phis aussi , on conservait dans les temples des modèles dont la fameuse tête verte de Berlin. Même pierre dure, luisante et polie, même
609 av. ]. -C. Calcaire. Platon nous dit qu'ils remontent à des millénaires, au sens littéral du terme. souci de permettre au ka de n e point h ésiter sur l'identité du personnage.
115

114 61. Environs d'Alexandrie. Temple de


Nectanébo l" : le roi agenouillé fait
l'offrande d'un pain. XXX' dyn. Basalte.
Haut. 1,219 m. Londres, British Museum.
Les diverses fleurs qui ornent le front des cueilleuses, leurs gestes qui ne
sont jamais les mêmes, les formes différentes de leurs seins, le port particu-
lier de chaque plante donnent à l'œmore une distinction et une sorte de
préciosité très séduisantes.
63 Le bas-reliefTig rane, au Musée d'Alexandrie , es t sans doute un peu
plus récent et peut,être plus attrayant encore. Les scènes y sont séparées
par le très ancien motif décoratif des deux ombelles de papyrus oppo-
sées. Lorsqu'on reprit les vieux thèmes d'ornementat ion, au tombeau de
Montouemha t, on l'utilisa pour garnir les panneaux de la cour. i\1ais, ici, il
est agréablemen t varié :trois sont assez simples; cependant celui qui est
devant le harpiste forme un bouquet de cinq tiges . Sur l'ombelle supé,
rieure, un héron soulevant ses ailes tient une fl eur épanouie dans son
bec, tandis que deux canards sont liés par leurs pennes à l'attache des
papyrus. Les traits du vieillard sont burinés :les joues creuses et les yeux
enfoncés marquent son âge; la bouche ouverte dont on voit les dents sem-
Entre la première domination perse et le temps à peu près de la conquête
ble indiquer qu'il est en train de chanter en s'accompagn ant d ' une harpe
d'Alexandre, on orna les sépultures du Delta avec des sortes de linteaux
trigone. Derrière lui, une femme, dont la coiffure est serrée par un bandeau
sculptés d'un grand in térêt; ils couronnaien t des bâtis de maçonnerie à
dégageant une grande boucle, est vêtue d' une robe s'arrêtant au-dessous
l'intérieur desquels se trouvait le sarcophage, car dans la plaine basse il eût
du sein, à la manière antique; elle porte sur ce vêtement une sorte d'écharpe
été imprud ent de creuser dans des terres gorgées d'eau; ou bien ils furent
plissée et frappe de ses doigts, à chacune de ses extrémités, un tambour
placés sur des niches ménagées dans une chambre funéraire. Ils sont
biconique. Des concerts de cette esp èce ont existé, comme les textes le 62. Héliopolis (?). Détail d'un linteau :
en calcaire fin susceptibl e d'un beau tranil. On en a trouvé à Bubastis, la cueillette des lis et la fabrication
disent expressémen t. Le réalisme de ces images est tempéré par la déli-
Héliopolis, Memphis. Leur caractère commun est d'imiter les productions du lirinon. Entre 450 et 350 av. ].-C.
catesse de leur exécution. On trouve les mêmes caractères dans le fragment Calcaire. Long, totale: 1,30 m.
de l'école memphite à l'Ancien Empire. Esprit archaïsant sans doute, mais Paris, Musée du Louvre.
du Musée de Cleveland. Ici, le motif des papyrus a été enrichi de détails
qui n 'échappe ni aux innoYations ni même à un maniérisme presque toujours
nouveaux après avoir été transformé en trépied. Les costumes féminins et 63. Héliopolis. Tombeau de Tjanefer :
inhérent à la copie consciente de modèles anciens. On a même \'Oulu y
les coiffures sont particulièrem ent fouillés et diversifiés. Le mouvement de détail de scène musicale avec harpiste
discerner des traces d'influence grecque. et joueuse de tambour biconique,
jambes de la joueuse de lyre, malgré la cassure inférie ure, suggère qu'elle
La cueillette des lis, dans le morceau du Louvre, offre un bon exemple 62 dite bas-relief Tigrane. XXVI' dyn.
exécute un pas de danse. Les joues pleines, la finesse dans le traitement Calcaire. Haut. 31 cm. Alexandrie,
de cette facture très douce, où la variété des détails, recherchée pour elle, Musée gréco-romain.
du visage et des perruques montrent bien les efforts des artistes saïtes
même, trahit l'effort fait pour retrouver le naturel de l'Ancien Empire.

--
116 64. Le Caire. Détail de la stèle dite 117
du satrape : le roi offre une prairie
à Harendotès. 311 av. f.-C. Granit.
Haut. totale : 1,85 m. Le Caire,
Musée égyptien.

pour rivaliser avec les chefs -d'œuvre de leurs lointains ancêtres, qu'ils n'avait un je ne sais quoi de plus épais et des formes plus arrondies. Joues,
allaient copier en s'aidant de la mise aux carreaux dans les monuments de ventres, seins sont légèrement rebondis et les muscles des genoux un peu
l'Ancien Empire. trop accentués, tandis que les bras paraissent dépourvus de modelé. Une
À l'époque classique, les inscriptions royales monumentales avaient eu sorte de retenue, que cette œuvre doit sans doute aux traditions des écoles
une importance considérable, et certaines sont des œuvres d'art maj es- septentrionales, donne l'impression d'une création harmonieuse.
tueuses, telle la stèle de victoire de Thoutmosis III. Cette coutume fut 67 Au contraire, le fragment de la stèle trilingue de Ptolémée IV, gravée dans
reprise durant les temps saïte, ptolémaïqu e et romain. Lorsque Ptolémée, le granit gris, est d'un travail n égligé, comme le montrent les hiéroglyphes,
fils de Lagos, n 'était encore que satrape d'Alexandre II, il rendit aux prêtres mais elle présente un détail très curieux. À gauche, le roi, monté à cru, charge
de Bouto, dans le Delta, quelques terrains que leur avaient enlevés les au galop, la sarisse en avant. Le mouvement de la bête est remarquablement
Perses et, comme témoignage durable de cette œstitution administra tive, on rendu, beaucoup mieux que dans l'exemplaire de Mit-Rahineh. La conven·
érigea une stèle en granit noir du style le plus classique. Cintrée à sa partie tion qui empêche la lance de couper la figure royale ajoute comme un piment
sup érieure et ornée d'un soleil ailé, elle se compose de dix-huit lignes d'archaïsme à cette œuvre d'époque grecque, qui prélude de loin aux saints
d 'impeccables hiéroglyphes e t d' un double tableau :le roi, d 'un côté, offre cavaliers de l'art copte.
aliments et boissons à Outo et, de l'autre, une prairie à Harendotès . La 64 Les blocs sculptés du célèbre Iséion du Delta (Behbeit el-Hagar) témoignent 65. Dendara. Mammisi de Nectanébo,
cella: Khnoum modèle l'enfant royal
composition est simple et dépoui llée, les formes équilibrées et propor- de ce que furent les bas-reliefs des grands temples du Nord au début du sur son tour de potier et Heqet lui tend
tionnées, et on dirait presque une œ uvre du Nouvel Empire, si le relief royaume lagide. Les tableaux du temps de Ptolémée II - celui, par exemple, le signe de vie. XXX' dyn. Grès.
qui représente le roi offrant l'encens à Séchat - réYèlen t l'exagération de
119
q uelques caractères que nous aYons déjà observés sur la stèle. L'artiste a
peut-être cherché à compenser une légère boursouflure d u relief par des
plis musculaires plus appuyés. Mais le gnmi t permet une finesse de travail qui
met en Yaleu r les mains et le détail des visages.

Écoles de Haute-Égypte
Les écoles de Haute-Égypte, loin de l'entourage royal, évoluèrent un peu
65 diffé remment. La cella du mammisi de Nectan ébo à D endara fournit un
excellent exemple du relief de la dernièr e dyn astie indigène, beaucoup
m ieux conservé que celui du mammisi de Philae. Tout le mystère de la
Naùsance divine y est représenté. Le dessin et la composition sont aussi
traditionnels q ue sous Hatch epsout ou Aménophis ITI. Ma ls le re lief,
pourtant encore p eu proéminent, commence à s'arrondir et à perdre sa
vigu eur. Dans le tableau où Khnoum à tête d e bélier m odèle l'enfant
royal à qui la déesse -gren ouille H eqet tend la vie, on comprend que la
figure du petit d ieu soit poupine, m ais les muscles on t disparu, et on a
l'impression de sacs contenan t une chair désossée. O n sen t poindre la
boursouflure ptolémaïque. Il ex.iste aussi des reliefs beaucoup plus accu-
56 sés, en particulier les Bès de Dendara ou du temple d 'Hath or à Philae :
vigoureux et colorés, ils n e manquent p as d' un certain charme, sous leur
asp ect grotesque.
Ce n'es t pas par hasard qu'à Hermopolis, la patrie de T ho t assimilé à
l'Hermès grec, qui allait deYenir Trismégiste, Lefebvre a tro U\·é un magni-
fique exemple de sculp ture présentan t des caractères à la fois égyptiens
et grecs. Il s'agit du fame ux tombeau de Pétosiris, aussi remarquable par la
vie spirituelle de son propriétaire que par la décoration de ses parois. Il date
à peu près de l'arri vée d'Alexandre. Une liberté, que soulignent de façon 66. Denda ra. Temple d'Hathor,
charmante quelques gaucheries, s'est introduite dans les scènes de la vie mammisi de Nectanébo : le dieu Bès.
68 quotidienne : le moissonneur coiffé de son bonnet conique se retourne
Époque ptolémaïque. Grès peint.

pour échanger quelques paroles avec la femme qui le suit. La densité du 67. Memphis. Détail de la stèle trilingue de
73 feuillage dans la treille traduit bien la profusion de la .-égétation dans ces Ptolémée IV :le roi charge au galop,
sarisse en avant. Vers 220 av. f. -C. Granit.
vi gn es d 'Égypte plantées dan s un limon trop rich e. Les vendan geurs, Le Caire. Musée égyptien.
120 68. Tounah el-Gebel (p rès d'Hermopolis).
Tombeau de Pétosiris, vestibule : 12 1
détail de la moisson. Vers 330 av. f.-C.
Calcaire coquillier stuqué et peint.
122 123

parfois nus et hi rsutes, se livrent, pour cueillir leurs grappes, à des mouve- 69 avec le bleu des oiseaux en plein vol. Un personnage de face, portant sur ses
ments divers. Les gestes des fouleurs sur le pressoir sont bien rendus. Tout épaules un enfant endormi et dans ses mains un petit vea u, a un charme
cela est vivant, mouvementé, coloré. Mais, dès que nous franchissons la encore avivé par la femme de profil qui le suit. Cette dernière évoque les
porte de la chapelle intérieure, toute cette vie endiablée est oubliée, et les Korês de l'Acropole et le sourire d'Athéna sur les tétra drachmes d'argent de
représe ntations religieuses retrouvent sans aucune défaillance le ur hiéra- Pisistrale. Les rouges un peu passés et les teintes en général atténuées par
! tisme ancestral. Au cen tre de la paroi Sud, Outo et Nekhbet protègent de le temps donnent à celle œ uvre unique la séduction d 'une créalion qui

il le urs ailes le scarabée d 'or, le dieu Osiris-Khépri , qui ressuscite au moyen


de l'or qui sort de ses membres. La qualité plastique est très proche de
participe à la fois de la perfeclion humaine cherchée par la civilisation hel-
lénique et de ce hiératisme dont ne saurait se départir un esprit qui cher-
celle des sculptures contemporaines de Haute -Égypte. Mais le sens théo- che l'éternité :Dieu afàit que !es puissants t 'accordent leur j àveur et que !es
logique du mystère osiriaque prime ici toute autre considération. La peinture humbles te donnent leur amow~ Tout ce que tu dis est patfait~ Ton cœur estjuste
encore bien conservée ajoute à ces tableaux la vérité d'une œ uvre qui n'a comme celui du S eigneur d 'Hermopolis ... L es habitants disent de toi : " C'est
presque pas été mutilée. un chef d'œuvre du S eigneur d'Achmounein" .. Tu es riche en champs et tes
69. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). La qualité des scènes profanes n'est pourtant point du vérisme. Un bou ton troupeaux sont innombrables. 70. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis).
Tombeau de Pétosiris, vestibule : Tombeau de Pétosiris, vestibule :
de papyrus est coloré en jaune, seulement pour obtenir un contraste avec le Philae, à la fin du rve siècle et au début du me, a conservé les habitudes porteurs d'offrandes. Vers 330 av. ]. -C.
porteurs d'offrandes. Vers 330 av. ].-C.
Calcaire coquillier stuqué et peint. vert des ombelles épanouies, dont l'artiste est arrivé à figurer la touffe, ou de l'archaïsme saïte. Dans les sall es ornées sous PLolémée ll Philadelphe, Calcaire coquillier stuqué et peint.
124 les pécheurs, Thot proclame le résultat de la pesée du cœur qu'exécutent 125
Anubis et Harsiésis. Les deux Maât conduisent le défunt, armé seulement
de la plume symbolique de la vérité. Tout cela est traité à la manière habi-
tuelle : composition, slyle, rien ne surprend, même pas le modelé amolli qui
est une marque de l'époque.
Les ateliers d'Edfou montrent que, sous Alexandre Jer et Soter II, la
sculpture était d 'une qualité supérieure à celle qu'on voit dans le sanc-
tuaire, orné sous Ptolémée IV Philopator. Ce sont évidemment les mêmes
procédés de composition et d'exécution. Mais les artisans du début du
1er siècle avant notre ère avaient acquis un sens des finitions et une maîtrise

74 que leurs prédécesseurs n'avaient pas eus. Les détails du mythe d'Horus,
sur la face interne du mur d 'enceinte Ouest, montrent des mouvements
aisés et des gestes souples. Cependant, le modelé des corps est schématisé;
les proportions sont fonction de la théologie pure, puisque l'hippopotame
la composition demeure très traditionnelle. Mais, peut-être par suite de séthien est minuscule par rapport à Horus et Isis. Mais le gréement des
l'abus des modèles stéréotypés, les corps semblent énervés et les chairs navires, avec ses cordages tressés, sa courte vergue sculptée en tête d 'oie,
amollies. En dépit de l'aspect quelque peu conventionnel de l'ensemble et son filet tendu par le vent laissant déborder des voiles qui claquent, témoi-
de cette allure flasque, ces tableaux ont encore de la grandeur. Entre le gne d'un souci d'exactitude et d 'un goût de la minutie qui ont permis à
sly le des salles intérieures les plus anciennement ornées et une scène du Fairman de faire jouer ce drame liturgique en restituant de manière fidèle
premier pylône où les prêtres portent la barque sacrée d'Isis, exécutés à la décors et costumes.
fin de l'époque ptolémaïque, si l'on excepte la convention normale qu'à Est-ce au fait qu'elle adorait Aphrodite, l'Hathor égyptienne, que Dendara
l'intérieur les reliefs sont en ronde bosse et à l'extérieur modelés dans le doit la finesse de ses sculptures, même durant la période troublée des
creux, on ne peut guère distinguer une évolution sensible. derniers Ptolémées et encore au ue siècle apr. J.-C ., au temps de Trajan?
On a beaucoup travaillé à Thèbes sous les Ptolémées. Mais les écoles Sous Néos Dionysos, un excellent artiste a sculpté amoureusement, dans
thébaines ne diffèrent guère de celles des villes voisines. Que l'on en juge un fin calcaire, l'Horus créateur de la crypte Sud, ses rémiges et les plumes
Il
1 par la psychostasie du temple de Deir el-Médineh, dédié à l'Hathor funé- 240 56 plus touffues de ses pattes ou de son cou. Le grand collier-ménat, qui dési-
1 raire. L'œuvre est de la fin du ne ou du début du I"' siècle. La scène cepen - gnait la déesse elle-même, n'a pas été moins bien traité. Perles, rosettes,
dant a de quoi surprendre dans un temple. Sa présence s'expliquerait bien
1
fleurs et larmes y ont été minutieusement détaillées. Il n 'y manque pas la
1· si l'on admettait que c'est un lieu d'initiation aux mystères d'Osiris. Mais barque solaire, prise entre deux colonnes -sistres, qui vient souligner le
i
,.
surgit un nouveau sujet d'étonnement; bien qu'elles soient à l'intérieur symbolisme cosmique des quatre sistres devenus les quatre étais de l'univers.
71. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). d'une chapelle, les sculptures ont été exécutées dans le creux, sans qu 'on Les couleurs, aujourd'hui souillées, avivaient singulièrement, lorsque Mariette
Tombeau de Pétosiris, vestibule : détail 72. Edfou. Temple d'Horus, mur
de la moisson. Vers 330 av. f. -C. Calcaire en voie clairement la raison. Dans un kiosque supporté par des colon- l'a découverte, cette irnag·e au premier abord obscure de l'Aphrodite
d'enceinte Ouest : la déesse Thouéris.
coquillier stuqué et peint. nettes légères, devant Osiris assis, en présence de la Dévoratrice qui avale uranienne telle que l'a peinte Pausanias dans Le Banquet de Platon. Première moitié dut" siècle av. f.-C. Grès.
126 73. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). 127
Tombeau de Pétosiris, vestibule :
détail des vendanges. Vers 330 av. f.-C.
Calcaire coquillier stuqué et peint.
128 74. Edfou. Temple d'Horus, mur d'enceinte
129
Ouest : détail du mythe d'Horus. Première
moitié du f ' siècle av. ].-C. Grès.
130 75. Karnak. Temple d'Amon-Rê: Sous Tibère, un scul pteur aux doigts habiles sut assouplir son dessin et
le deuxième pylône au décor sculpté 131
son cisea u po ur représenter la flexibili té d ' une bran ch e de sau le, arbre
ouvrant sur la grande salle hypostyle;
à gauche, colosse de Pinedjem. sacré d'Hatho1~ sur une colonne de la salle hypost-yle. Et sous Trajan encore,
Époque ptolémaïque. Grès. au début du ue siècle apr. J.-C. , les derniers r eprésentants de cette école
sculptèrent avec bonheur les scènes de la Naissance divine au mammisi 76
romain. D es barbares ont eu beau les mutiler, leur ordre, la précision de
leurs détails, en dépit de leur volume un peu gras, leurs proportions toujours
parfaites leur donnent e ncore un certain attrait qui s'amplifi e en présence
des tableaux d 'entreco lonnem ents extérieurs du mur Sud. Là, se ule la
sculpture des mains, dans leur finesse créatrice, prouve encore que l'art pha-
raonique continuait à ÜITe dans une fidélité profonde à sa tradition trois
fois milléna ire.
À Esna, so us Commode et S eptime Sévère, l'exarnen de la chasse au
filet montre la même maîtrise, mais révèle, à la stylisation exagérée des
plis du genou ou au visage moins soigné, une légère négligence des tradi -
tions seules capables de maintenir une inspiration qui s'essouffle. Le roi et
les dieux prennent au filet poissons et. oiseaux, qui représentent en partie
les ennemis de l'Égypte, sous les yeux attentifs et propices de Thot et de
Séchat, maîtres de la magie. Les animaux ct les plantes n'ont presque rien
perdu de leur ancienne perfection, même si les visages humains laissent
à désirer.
A Kom-Ombo, sous Commode encore, ou Macrin, si la technique était
demeurée sèche et: conventionnelle, les objets du moins sont parfois repré-
sentés avec exactitude, comme cette collection d ' inslr umeots qu'on a dits
chirurgicaux, sculptée dans le couloir le plus extérieur, du côté Est. Mais,
après examen , Paul Ghal ioungui y verrait plutôt des outils votifs faisant
partie d' un dépôt de fondation.

Peinture des bas-re/ie.fs


Ce qu' il y a, peut-être, de plus original dans l'art de l'Égypte du crépus-
cule, c'est son emploi de la couleur. Sans doute, pour se faire une idée juste
de cette dernière faudrait-il que nous puissions examiner encore de nom-
breuses sall es peintes d 'un bout à l'autre de l'Égypte. Contentons-nou s
132 d'an alyser la peinture de de ux chapelles de Dendara dans lesquelles elle 133
a été si miracu leusem ent con servée qu e nous pouvons essayer d'étudier
l'impression que les peintres ont: voulu produire. L' une et l'auLre s'ouvrent
sur le "co ul oir mystérie ux" e t sont voisines. La première es t consacrée à
la prépa rati o n de la statue di1·in e d 'Ha thor pour accomplir l'rr union au
disque,, c'est-à-dire pour communiquer à l' idole, substitut du corps di\·in ,
la 1·ie nécessaire au fonctio nnement du monde. C'est donc une fête de joie,
d'épano uissement, de débo rdeme nt fantastique de la vie. Est-ce pour traduire
cette surabondance qu'on a recherché un e extraordinaire palette de teintes
1ives et extrêmement nriées? Le coloris des die ux est d ' un e exubéran ce
e t d'une h armonie surprenantes.
La peau de Nekhbet, co iffée de la couronne de Haute -Égypte, est blan-
ch e. Mais les p lumes de la coiffure son t ro uges et mun ies de rémiges
b leues. Son collier es t bleu , et elle tient un s igne ankh ro uge et bl eu.
Sa robe est rouge et: bleu , e t ses bracelets son t verts. A cô té, Thot, qui
possède le secret de la vie, a comme som·en t: un corps vert sombre, mais
la tête d'ibi s et le bec sont noirs, comme ceux de l'oiseau réel, s urmontés
d ' un e ch eve lure bl eu-1·ert. Le colli e r et les bracele ts son t rouges pour
faire ressortir la teinte de la peau . Le justaucorps blanc se termine par
un pagne ro uge e t blan c. Nout a la p eau bla nc de lait, comme Ne khb et,
mais tout le res te es t bariolé à l'extrêm e, ju squ'aux doigts de pi ed cernés
d e noir, d ' une fa c tu re très so ignée. L e 1·isage d e Geb est b lanc, m ais
sa peau est d 'un b le u soutenu , très différe nt du vert de Thot e t relevé par
les teintes très variées des accesso ires d ivins. Tefno ut es t blanche, mais Qu e se passe- t-il dans la salle voisine, la «demeure de la barque de
Montou, qui la précède, possède un corps vert, tandis qu'Hathor es t blan- Sokaris"? Le nombre des coul eurs est beaucoup plus réduit. E lles sont
ch e et le roi ro uge. Si l'on ajoute à cette palette, dont les m oin dres to ns son t plus sobres et moins variées. Tefn out y porte une robe ver te piquetée de
destinés à faire 1·ibrer ceux qui les entourent, la bigarrure des sièges et des larmes blan ches. Sokaris est vêtu d'un collan t rou ge couvert d' une résille
socles, on pourra conclure que l'artiste a ch erch é à ob tenir une sorte de noire. Né pri est entièrement peint d'un vert soutenu. Mais le ta bleau le plus
symphonie con certante pour rendre une profu sion de vie. C'es t un peu ce é trange est ce lui de l'œ il-ouc{jat, représentant Osiris, p êch é a u fi le t par
76. Dendara. Mammisi romain, cella,
q ui se passait dans l'écla t coloré de l'inscription sur le cercueil de bois terre 51 Chou e t Th o t. Le filet était blanc, tandis que l'oudJat comportait elu rou ge, détail de la paroi Nord : Isis allaite
de S ie nn e dans leq uel reposai t Pét:osiris. E t en core n 'm·ons -nous décrit du n oir et du vert, ces deux derniers très bénéfiqu es. Ch ou et Thot étaient l'enfant divin , entourée de Nekhbet et
que l'essentiel, sans tenir comp te des coloris éclatants et variés des socles Outo; à droite, Horus d'Edfou ; à gauche,
entièrem ent noirs; le ur justaucorps clair e t leurs longs pagn es bariolés à
Horakhty. Début du ne siècle apr. ]. -C.
e t des sièges. dominante so mbre fais aient seulem ent ressortir danntage le cha rbon noir Grès.
134 77. Khargeh. Temple d'Hibis, salle hypostyle,
paroi Ouest : Seth vainqueur du dragon 135
Apophis (relevé de Ch. K. Wilkinson).
Entre 424 et 404 av. ] .-C. Grès peint.

/-

de le ur peau. Les teintes des deux ibis relt'giosa sont des plus naturelles, Les artistes ont vou lu certainem ent produire un effet différe nt dans
bien qu'ell es n ' aient pas la finesse nuan cée de leur cé lèbre émule de chaque chapelle par leur façon de colorer les sujets. Et le caractère étai t
Béni -Hassan. Leur corps est blanc, tandis que tête, bec, pattes et queue imposé par le rôle liturgique et théologique de chacune des salles. Dans
sont noirs. Quant: au contour de la barque, il est composé de carrés colorés l'une l'impression de gaieté, de rajeunisseme nt et de joie; dans l'autre,
en rouge, verl, jaune e t noir, séparés par des lisérés blan cs ; sa minceur celle de recueillemen t, de mystère et de r ésurrection finale. Sans doute
relève par une polychromie légère une symphonie en blanc et noir majeurs raisonnons-no us ici sur deux exemples conservés par une sorte de miracle-
que ne troublent nullem ent les coule urs sobres et b ien plus uniformes ce qui est peu. Mais l'impression est si nette, si précise, dès qu'on examine 78. Dendara. Temple d'Hathor, porte
Nord du téménos, plafond : le scarabée.
des reliefs voisins. la chose de près, qu'on ne peut se défendre de pen ser qu'elle a été voulue Époque romaine. Grès peint.
136 79. Dendara. Temple d'Hathor, crypte et recherchée. Si l'on relevait soigneusement tous les monuments peints
Sud n' 1 : représentation des statues 137
e n core en place, et si on les étudiait en tenant compte des débris de
d'Hathor et d'Horus. Première moitié du
f' siècle av. ]. -C. Calcaire peint. couleurs qui subsistent, nul doute que nous arriverions à préciser beau-
coup nos connaissances en ce domaine. E t que serait- ce si l'on avait exé-
cuté des re levés exacts et complets de Kalabsha et de Philae avant leur
irréparable perte !
Mais parfois les coule urs plates et crues passées sur les sculptures leur
confèrent, quand on les restitue dans les publications, un aspect criard dont
on n'est pas sûr qu'il donne une idée juste du coloris antique. C'est le cas
pour le Seth vainqu eur d'Apophis dans la salle hypostyle du temple d'Hibis 77
à l'oasis de Khargeh. Cette œ uvre d'époque perse, où ressortent vivement des
ailes bleu nuit sur fond jaune clair, utilise, pour atténuer le choc de la domi-
nante, des bruns, des ocres, des verts, des rouges et même un violet sombre.
Il faut voir ce relevé moderne exécuté scrup ule usement d'après les restes
bien conservés de l'original pour imaginer l'impression qu'ont pu produire
jadis ces monuments.
La preuve q ue nous avons quelque peine à savoir exactement ce qu'il en
fut, n 'allons pas la chercher dans le scarabée vu par sa face ventrale sou s le 78
plafon d de la porte monumentale du téménos à Dendara ; les verts, les bleus
et les ja unes y sont trop amortis par l'intensité de la lumi ère. Mais dans la
crypte souterraine Sud, sur des surfaces qu i ont dû se faner à peine depuis
leur exécution, une Hathor e t un Horus montrent leurs vêtements multi- 79
colores, ainsi qu'un socle et un trône peints de tein tes à la fois franches et
douces, qui correspondent beaucoup plus à notre goût que le bariolage
d'Hibis.
C' est la même impression que donnent les caissons du plafond dans
la salle hypostyle, où les cou l.eurs primitives sont très souven t conservées
malgré la fumée qui les oblitère. Le soleil illuminant le temple de Dendara
à l'angle Nord -Est offre une tonalité du même ordre et en un emplacement
où la peinture était peu susceptible de s'altérer.
Les tombes d 'Alexa ndri e fournissent maints exemples de mélange
des styles grec et égyptien. Dans l' u n des hypogées d'Anfouchy, sur
les m urs d'une salle, des p an n eaux sont décorés d'arbres, comme jadi s
138 80. Alexandrie, nécropole d'Anfouchy. 81. Linceul décoré: le défunt et sa momie 139
Tombe n° 3 : une salle au décor protégés par Anubis. IIf siècle apr. ].-C.
géométrique peint. If ouf' siècle av. ].-C. Toile peinte à l'encaustique. Haut. 1,77 m.
Peinture sur stuc. Paris, Musée du Louvre.

dans quelques tombeaux de Thèbes. Mais, ici, c'est à la manière impres-


sionniste que la p einture a essayé de rendre la silhouette des troncs,
des feuillages et des fruits par des taches colorées. Les fûts des dattiers
sont figurés par des sortes de vis. Le tronc de ce qui paraît bien être
un sycomore a la même couleur vert bleuté que les feuilles, mais, par
une touche discrète de réalisme, les tiges des palmiers sont d'un vert
plus clair. 81 Louvre, le défunt est un jeune homme, vê tu à la romaine, mais l'emploi des
Au cours du ue siècle de notre ère, l'amalgame des croyances égyp- ombres y apparaît à peine; les teintes sont à peu près plates et seulement
tiennes et des techniques artistiques grecques a abouti à une prépara- mises en place par le dessin. Un Anubis noir, dans la bonne tradition
tion fort curieuse des momies qui nous a dotés de quelques chefs-d'œuvre. indigène, coiffé du disque de la lune, mais vêtu d'une longue robe, guide
À l'emplacement de la tête, on glissait dans les bandelettes des planches le défunt qu'il tient par l'épaule. À côté, la momie osirianisée laisse apparaîb·e
sur lesquelles des peintres d'un talent remarquable avaient exécuté des sous les bandelettes enserrées dans une résille le portrait authenti que
portraits d'une vie étonnante, à la mode hellénistique. Ce sont les fameux du défunt.
portraits dits «du Fayoum,, qui sortent du cadre de cette étude puis-
qu'ils ne constituent en quelque sorte qu'un chapitre de la peinture Les stèles en bois peintes
grecque. Mais les toiles de momies un peu plus tardives représentent p 4-5. Les peintures sur papyrus diffèrent beaucoup des anciennes. Le dessin en
des hybrides qui ne manquent p as de quelque séduction. Dans celui du 83-84 est beaucoup plus grêle, mais toujours très sûr. Les couleurs sont légères et
140 83. Le Livre des Morts de Hor-nedj-itef 141
(détail illustrant le chapitre 110) :
différentes scènes de travaux des champs,
qu'il faudra exécuter encore dans les
champs d'Ialou. Fin époque ptolémaïque-
début époque romaine. Peinture sur
papyrus.

84. Le Livre des Morts de Hor-nedj-itef


(détail illustrant le chapitres 125): scène
de psychostasie devant Osiris assis dans
un édicule. Fin époque ptolémaïque-début
époque romaine. Peinture sur papyrus.

claires, et des teintes nouvelles apparaissent: les chairs humaines sont d'un de les dater exactement. Un grand nombre d 'entre elles représentent le
mauve rose fort élo igné des anciennes conventions, et les carnations mas- défunt ou la défunte participant à l'offra nde alimentaire dennt un dieu ,
culin es et fém inines n'y diffèrent guère les unes des autres. Il conviendrait qui est souvent Rê -Horakhty, parfois Osiris , parfois Atoum , ou même
cependant, avant de terminer, d'attirer l'attention sur des œ uvres d 'art très plusieurs dieux.
originales. Ce sont des stèles de bois stuquées et peintes qui apparaissent à 85-88 Les représentations varient avec les dé,-otions particulières des dédicants
la fin du Nouvel Empire et qu'on fabriquait encore au début des temps ou de leurs inspirateurs religi eux. La défunte, qu'elle s'appelle" Botte-de -lis,
82. Alexandrie, nécropole de Kom el-
Chougafa. Niche d'une chambre funéraire : ptolémaïques. Il ne semble pas qu'elles aient été employées par mesure ou" Thot-a-dit-qu'elle-Yive ! "• est ornée de sa plus bell e perruque avec serre-
Anubis embaume une momie aidé d'économie. Certaines au moins, qui sont très belles, ont dû avoir une vale ur tête et cône d'onguent parfumé, mais elle est toujours nue sous sa robe
d'Horus et de Thot; sarcophage classique
orné de guirlandes et de masques. Fin du considérable, bien que, comme dans toute production funéraire, il nous légère de lin transparent. Les formes sont pleines, les lignes parfaites.
f' siècle-début du If siècle apr. f. -C. soit parvenu aussi des exemplaires très médiocres. Mais il est souvent difli cile Toutes sont restées jeunes, et leur frimou sse, en principe toujours sérieuse,
142 est parfois d' une pureté extraordinaire : elles illustren t très précisément un 85. Stèle cintrée : le défunt faisant une 143
chant d'amour d'époque kouchiLe: offrande à Rê-Horakhty. Bois stuqué
et peint. Haut. 33,5 cm. Le Caire,
Musée égyp tien.
Douce, douce d 'amow; la prêtresse fl!foutirùis ,
Douce, douce d'amour auprès du Roi,
Double page suivante :
Douce, douce d'amour auprès de toul homme, 86. Stèle cintrée de la dame Tentperet :
Douce, douce d'amour auprès desfommes, la défunte devant une divinité, la déesse
Nout entoure la stèle de son corps (verso).
Belle entre lesfemmes,
VIf siècle av. f, -C. (?). Bois stuqué et peint.
Unefille de roi non pareille à voir 1 H aut. 31 cm. Paris, M usée du Louvre.
Noire est sa chevelure plus que le noir de la nuit,
87. Stèle cintrée de la dame Tentperet :
Plus que les grains de raiïin et lesfigues . la défunte faisant une offrande à
Blanches sont ses dents ( ..) Rê-Horakhty (recto). VIf siècle av. f, -C. (?).
Bois stuqué et peint. H aut. 31 cm. Paris,
Ses seins sont bien plantés su.r sa poitrine.
M usée du Louvre.

Quand la robe n 'est pas colorée en jaune ou brun, la chair parait d'un rose
tirant sur I.e jaune clair, très différent de l'ancienne teinte ocre que l'on
observe en core dan s beauco up d e pe intures p ou r tant admirables d e
l'école thébaine. L'éclat des offrandes p lacées sur le guéridon central est
d' une richesse éblouissante, et l'artiste, comme dans la peinture de la dame
Tentperet du Louvre, sait créer de subtils rapports enlre les rouges écla-
tants des disques solaires à la partie supérieure, ceux des vases de parfum au
sol et l'alternance des verts, des jaunes, des bleus et des gris sombres. Parfois, à bouts arrondis, colorée d 'un rose sou ten u en treco upé de zébrures blan-
au con traire, la dominante en verts et bleus requ iert des rouges p lus do ux, ches et de quelques to uffes Yer tes. Un aulre a nettem en t divisé la surface
el l'e nsemble en demi-teinte donne des symphonies amorties tout à fait dont il disposait en de ux r egistres. Tou t en bas, la scène terreslre : une
p laisantes. pauvTe femme vêtue seu lement d'une robe noire, agenouillée à la lisière du
Une métaphysique indubitable commande ces compositions lumineuses. désert, se frappe le front d evant trois tom beaux; u n sycomor e et d eux
Tl suffirait de voir, pour s'en convaincre, comment des rayo ns de fl eur s palmiers marquent Je début des cultures ; à côté, un bassin de libation et un
multicolores jail li ssent du disque solaire pour illuminer d 'or et de Yi e le petit autel avec deux pains. Les couleurs un peu ternes con tras tent avec
visage de la déd ica nte, comme dans le rile de l'« uni on au d isque". L'enca - l'éclat de la scène supérieure, presque quatre fo is plus haute. C'est le mo nde
drement cosm ique de quelq ues-unes de ces scènes y ajouterait une valeur réel de l'éternité, où la dame" Thot-a-di t-qu'elle-viw! , p résen te éternel-
inattendue dans des documents apparemment si humbles. Par m oments, lement à Horakhty l'offrande de toutes choses bonnes et pures q u'ell e
l'artiste a tenté encore un pas de plus. Dans un exemplaire du Caire, il a partage pour toujours avec le dieu. Pou r bea ucoup de raisons qu'il n 'est
fi guré le désert au-dessous d u tableau :u ne sorle de longue bande épaisse pas possible d e développer ici, on p eut p enser qu e nous avons -là une
146 transcription colorée des conceplions que Platon a développées dan s le 88. Deir el-Bahari. Stèle cintrée dédiée à 147
mythe de la caverne. une chanteuse d'Amon : la défunte faisant
une offrande à Osiris. Bois stuqué et peint.
JI nous plaît d 'arrêter sur ces con sidéraLio ns cette courte recherche sur H aut. 43 cm. Le Caire, Musée égyptien.
l'art de ces temps de transiLion où la civilisation égyptienne a tra nsmis ce
qu'elle avait acquis à celles de la Grèce et de Rome. La force allait passer
à l'Occident, pou r un temps au moins. Dans cette fermentation intellecluelle
où se créa l'hermétisme, puis le n éo -platonisme, et où se développèrent
la gnose, les religions de salut, puis le christian isme, o ù enfïn les scien-
ces, l'alchimie et la magie rêvèrent de transform er la nature, les artistes
essayèrent en Égyp te, au point de jonction de l'Orient et de l'Occident,
de traduire par les volumes, les form es et les couleurs, celte vision i.ntérieure
qui préoccupait la plus haute humanité de ce temps. Ils surent tran scrire,
de façon parfois éblouissante, dans la matière rebelle l'exigence suprême à
laquelle conduit le tTavail inLérieur de l'esprit, celle de l'impérissable réalité
d 'un monde transcendan t.
CHAPITRE Ill
Statuaire
par Cyril Aldred

149

INTRODUCTION

Dans l'Égypte morcelée et affaiblie des temps qui suivirent la fin du


Nouvel Empire, la perte de crédibilité et d'autorité du pharaon, aggravée
par des querell es dynastiques et: des revers militaires, accrut l'importance
des dieux locaux. Parmi eux, Amon de Thèbes était le plus riche et: le plus
important ; ses oracles remplaçaient les jugements et les décrets royaux, en
Haute-Égypte tout au moins. Les hauts dignitaires ne cherchaient plus à
être ensevelis près de la tombe du roi qu 'ils avaient servi pendant leur
vie. Les statues funéraires dispawrent presque complètement lorsque les
hypogées raffinés furent r emplacés par des tombes familia les dans
la nécropo le locale ou dans des sites sacrés, comme le voisinage de la
Pyramide à degrés à Saqqara. Mais l'érection d'une statu e votive dans
l'enceinte du dieu local assurait l'immortalité du défunt et la continuation
du culte familial.
L'importance nouvelle du gouverneur ou du dignitaire proYincial est mise
en valeur par la grande dimension de la statuaire privée; certaines œuvres
atteignirent une taille colossale. En même temps, il y eut une diminution
du nombre et de la grandeur des statues royales; alors que beaucoup de
souverains de la Basse Époque exercèrent le ur pouYoir presque exclusive-
ment en Basse-Égypte, rares sont les statues qui nous sont parvenues de
cette région ravagée; encore sont-elles généralement fragmentaires et de
dimensions modestes. En outre, c'est presque exclusivem ent la sculpture en
pierre dure qui sun·écut, l'environnement humide du Delta ne favorisant pas
la conservation d'une statuaire en bois ou en pi erre tendre. En revanche, à
Thèbes, un certain nombre de statues des Divines Adoratrices d'Amon et de
leurs dign itaires nous sont pan·enues intactes, en dépit du pillage et de la
89. Karnak, favissa de la cour de
la cachette. Statue-cube de Hor, profanation qu'apportèrent les conquêtes étrangères et les soulèvements
secrétaire du roi Pétoubastis l" . dynastiques.
xxmedyn. (vers 800 av. ].-C. ). La nature de ces e ffigies de personnes privées, officielle plutôt que
Granit. Haut. 1.09 m. Le Caire,
Musée égyptien. fun éraire, limite nécessairement leur conception à quelques attitudes
150 90. Statuette du dieu Amon debout. hiératiques. La statue assise, en particulier celle du défunt ct de sa femme, revenir aux traditions et au style orgueilleux d 'une époque révolu e qui, 15 1
XXlle dyn. (vers 900 av. f.-C.) . Or.
disparaît presque complèteme nt ; elle est: remplacée par la statue-cube du 89.103, rétrospectivement, semblait un âge d'or, était toujours présente dans la cons-
Haut. 17,8 cm. New York, the Metropolitan
Museum of Art. "saint homme" accroupi da11s son manteau , agenouillé pour présenter une 217 cience de l'Égyptien. Au début elu Moyen et du Nouvel Empire, on avait fait
offrande ou assis en tailleur à la manière d 'un scribe lisant ou écrivant la revivre des idéaux passés mais uniquement comme source d'inspiration;
! littérature sacrée. L'effigie du dign itaire, seul, debout dans l'orgueil et la soli- 95, 112. c'était " reculer pour mieux sauter». À la Basse Époque, après la chute des
tude de ses fonctions, doué d ' un regard serein et bienveillant, remplàcc 113 dynasties libyenn es, le retour aux styles du glorieux passé ne devint pas
1
la statue de couple ou de groupe des tinée autrefois au culte de la famill e el seulemen t un point de départ mais une fin en soi , un idéal académique; et
à la prése ntation d e requêtes. L'exp ression te nd à devenir qu e lqu efo is il put y avoir alors non pas une seule source d 'inspiration, mais plusieurs.
recueill ie, rn êmc extatique en présence du die u du temple. 106, Ainsi le grand connaisseur et mécène des arts Montouemhat put faire revivre
l' Cela sc voiL Lout par ticul ièremen t dans un nouvel aspect de la sculp - 107 avec une égale impartialité les styles de l'Ancien, du Moyen et du Nouvel
ture privée, le portrait individualisé. Dans les temps anciens, les contours Empire en les juxtaposant, particulièrement dans les reliefs de sa tombe.
du visage d es statues de particulie rs avaient te ndance à se mod eler s ur Cet archaïsme peu t n'être que l'écho de ce repli sur soi-même que l'Égypte
les tra its de la fami lle du pharao n, bien q ue, dans le cas des personn ages subissa.iL dans les domaines politiqu e et spirituel à cause de l'échec conti-
émi nents, il y ait e u souvent des exceptions à la règ·le. À la Basse Époque, nuel de sa politique étrangère et de sa xén ophobie. La. majeure partie de sa
on insista davantage s ur les caractér istiques personnelles du mod èle. Le population était à l'écart des étrangers porteurs d'idées nouvelles. À l'époque
sculpteur semble chercher à rend re le caractère spirituel au moyen d ' un saïte, les influences du monde hellénique naissant eurent peu de portée
traitement de la tê te plus réaliste qu'idéaliste; celle-ci ma inten ant est et furent soign eusement éliminées. À l'époque perse, haïr les mœurs de
souvent d é pouillée d e sa lou rde perruqu e e t sc ul ptée dans toute sa l'occupant était un devoir patriotique.
sévérité dénud ée. Un tel conservatisme n'était pas déplacé dans le domaine de la technologie.
De plus, comme l'a fait remarquer B. V 13othmer, ce style de portrait a Les méthodes du sculpteur ne changèrent pas en Égypte tan t: que les Pharaons
l'intention évidente " de montrer la maturité de l'âge qui devait être diffé- régnèrent. On continua de travailler les pierres dures en brisant, en broyant
renciée de l' immaturité de l'éterne ll e j eun esse». On peu t pe ut-être voir et en pulvérisant la matrice avec des outils de dolérite et de silex, de polir les
dans une telle sculpture une évolution qui prend son départ dans l'origin e surfaces avec des frottoirs de quartzite et du sable. C'est peut-être seulement
funéra ire d ' un e grande partie de la statuaire égyptienne : la tentative de dans la gravure nette et de qualité supérieure des inscriptions ornant beau-
créer u n immo rt el éterne ll emen t j e une et vigoure ux a été modifi ée par coup de ces œ uvres qu'on peut voir l'influence d'un poinçon d 'origine
1
une vu e moins matérialiste du destin de l'homme. Si l'Égyptien montre étrangère. Pour le reste, on pensait que les techniques traditionnelles q ui
une expression plus sérieuse en présence de son di eu , la raison peut en 127 pouvaient produire des œ uvres sans rivales comme les "Têtes n de Berlin et
être que la si tuation intérieure et extérieure de l'Égypte suscitait alors beau- de Brooklyn n 'étaient pas susceptibles d'amélioration.
coup de do utes et: de questions.
Au début de l'époque libyenne et de la dynastie saïtc, il y eut des moments L'ÉPOQUE LIBYENNE
où la stabilité politique et la prospérité accrue favorisèrent un retour de l'as-
suran ce et de l 'optimisme d ' autrefois. Un e autre car actéristique de L'appauvrissement d e l'État égyptie n au d ébut de la XXIe dyn astie
la période se fait alors jour : son goût dominant du passé. T,a tendance à se m anifest e par la rareté des constructions entreprises d an s les d eux
152 capitales Tanis et Thèbes. Sous Psousennès Jer, les monuments qui ornè- 92. Karnak. Statue de la Divine 153
Adoratrice d'Amon Karomama debout,
rent les cons iJ"uctions de Tanis furent pris à d'autres sites du Delta et inscrits
petite-fille d'Osorkon 1er. XXII' dyn .
à son nom. A la fin de la dynastie, Psousennès II usurpa également une (vers 850 av. f.- C.). Bronze damasquiné
statue de Thoutmosis III. d'or et d'argent. Haut. 59 cm .
Paris, Musée du Louvre.
1 AThèbes, le grand prêtre d'Amon Pinedjem rer, dont l'influence était
importante, usurp a la voie d ' accès décorée de sphinx a ménagée pa r
1
Ramsès II en face du deuxième pylône de Karnak ; il grava bmtalement
son n om su r les bras d'une s tat ue de Thoutmosis III à ge noux. On lui
attribue quelq uefois le colosse récemment r ed ressé dans la première
cour du temple d 'Amon à Karnak , mais une telle œ mTe semble dépasser
les possibilités de son époque; cette stat ue qu'on pourrait attribuer
au déb ut de l'époqu e ramesside n'aurait-elle pas été elle -même usurpée
d'un colosse inach evé d'Amé nophis III, peut- être originell ement destiné
au troisi ème pylône?
Parmi les quelques œuvres qui nou s sont parvenues de la XXIe dynastie,
le sphinx fragmentaire en granit rose de Siamon, en provenance de Tanis, 2
es t probablemen t original. Le traitement est maladroit, et ses proportions
lui d on nent un e apparence gauch e. Le sculpte ur semble s'être satisfait
d'avoir travail lé sous l'inspiration du styl e de la fin du Moyen Empire et a
pu être influ encé par quelques -uns d es monuments usurpés des xne
et XIIIe dynasties qu i avaie n t été dép lacés à Tanis.
Ce déc li n des valeurs pharaoniques fut cependant stoppé e t même
inversé grâce à l'accession au trône de l'énergique "grand ch ef des Ma,,
S h eshonq , le premier roi d'une n ouve lle dynastie libye nne ve r s 945.
Pendant le premier siècle de la XXIIc dynastie, il y eut un grand renouveau
des ar ts. D'ambitieux proj ets de construction furent mis en œuvre à
Thèbes, Tanis, Bubastis et Memphi s; ils nécessitaient d es sc ulp t ures
appropriées. Bien qu'on ait encore usurpé beaucoup d'œ uvres antérieures 91-93,
durant cette pér iode, on réalisa aussi des statues de m éta l originales. 216
91. Fragment de statuette du roi On connaît d es s ta tuettes coulées en creux avec un noya u d 'argile ou
Pétoubastis l". XXIII' dyn. de terre cui te depuis la xvrnedynastie, et le coulage des grandes portes
(vers 800 av. ].- C.). Bronze incrusté
d'or et de cuivre. Haut. 26 cm. en bronze du temple d'Amon sou s le règn e de Thoutmos is III montre
Lisbonne, Fondation Gulbenkian. que les artistes égyptiens maîtrisaie nt parfaitement la fabrication d'obj ets
154 93. Memphis (?). Statue de Pashasou,
fils d'un grand dignitaire libyen, debout. d e métal à grande échelle. Ces sc u lptures é taient cep endant très
155
XXIII' dyn. (vers 750 av. f.-C.). Bronze.
vulnérables au creuset du pi ll ard ; on n'e n a re trouvé que fort pe u d es
Haut. 48 cm. Paris, Musée du Louvre.
époques anciennes.
Les exemples relativement nombreux que nous a laissés la périod e
libyenne doivent être attribués en grande parüe à la chance; il ne fait aucun
do ute cependant q u'un grand élan fut alors donné à l'œuvre d u modele ur
et du fondeur de bronze. L'habi leté de l'a rtisan du métal ressemblai t fort
à celle d'un créateur de récip ients de faïence qui était fortement inspiré
par la forme et la décoration d'archélypes en métal. Les nombreux spécimens
de faïence qui nous sont aussi parvenus de cette période sont peut-ê tre
symptomatiques de la grande activité qui régnait au sein de ces deux formes
d'arts plastiques à celte époque.
La plus riche de ces sculptures, bien qu'à une plus petite échelle, est: celle
90 du dieu Amon à New York, en parfait état, si l'on excepte la perte des plumes
de sa coiffure et des doigts du pied gauche. Elle montre les traits distin ctifs
d 'une grande partie de l'art: de cette époque, un retour au slylc des grands
jours du Nouvel Empire, dans ce cas le règne de Thoutrnosis 111, bien qu'y
apparaissent des caractéristiques contem poraines, eornrne le lobe perforé
de l'oreille et le type de ci rneterre.
C'est de plus une contribution originale de l'époque libyenne pour mettre
en valeur l'élégance qu i est obtenue par les proportions élancées, la taille
svelte, les membres d éliés el le fini soign é. La tend ance à réa li ser un
tnitement tripartite du torse, en considérant la poitrine, la cage thoracique
et l'abdomen co mme des élém ents distincts, esl une innovation de celle
période; avec le temps, elle sera de plus en plus marquée dans le modelé
de la sculpture de métal. La statuaire de pierre en subit l'influence, ct l' une
des caractéristiqu es d es styles d e Basse Époqu e est l' oscill ation e ntre
la configuration bipartite el tripartite du torse.
143 L'Amon de New York a de proches affini tés de style m ec la triade osirien ne
d'Osorkon II au Lo uvre, en or ct en lapis-lazuli ; elle date peut-ê tre du
même règne. La statuette d'Osorkon Jcr au Musée de Brooklyn, plus ancienne,
présen te une caractéristique remarquable de ces bronzes libyens: la déco-
ra tion d e la surface avec des incrustation s d 'or, de c ui vre ct d'argent.
156 Le bronze noir d u corps de cette statue met particulièrem ent en valeur 157
le damasq uinage d'or et rappelle l'a ncien travail du niellage des artistes
égée ns. Mais la con ception de ces œuvres libyennes est essentiellement
égyptienne. L'habileté technique se maintient à un haut niwau tout au long
de ceLLe période, comme on peut le voir dans le torse de Pétoubastis rer, 91
incrusté d 'or et de cuivre, et: dans les dessins recherchés du vêtemen t que
porte làkoushit.
Cette dernière statue est exécutée à une plus grande éch elle, et le modelé
h ardi e t se nsuel des formes un pe u lourdes e t du visage bien en chair
en fait un exemple précoce du s~yl e émouvant des Kouchites qui firent alors
irruption dans le monde où vivait làkoushi t. Le vêtement qu 'elle porte est
incrusté de dessins d'argent représentant les dieux et les emblèmes sacrés.
Pa r aill e urs, à l'excep tion d e la perte des yeux eL des sourcils inc ru stés,
la statue est complète, ce qui est peu fréquent. E Ue provient sa ns dou te
de Behbeit el-Hagar dans le Delta et représente .la meilleure œ uvre de l'école
des sculpteurs de métaux en Basse-Égypte, qui travaillaient sans doute encore
sous la protection roya le à Memphis. égyptienne. Un sort bienveillant n ous a gardé le nom de l'a uteur de ce
On trouvera un exemple des trad itions différen tes de la Haute -Égypte ch ef-d 'œ uvre: il se nommait Iahentefnakht; c'é tait un dignitai re d e
da ns la statue presque contemporaine de la Di vine Adoratrice d 'Amon , 92, la Divine Ador atrice; son nom devrait figu rer parmi ceux des grand s
Karomama, provenant de sa chapelle à Kamak. C'est le chef-d'œuvre de ce 133 artistes de l'Antiquité.
groupe de bronzes et l'une d es création s les plus exceptionnelles d e J'art 93 Un autre ch ef- d'œ uvre, la statue de Pash aso u, est un exemple de scul p -
égyptien , conclusion qu i s'imposa immédiatem ent à Champollion en 1829 ture en bronze à grand e échelle, dan s le style de la Basse -Égypte. Ell e
quand il l'acquit pour le Louvre. Elle figure la petite -fille d ' Osorkon le•, provien t san s doute de la région memphite et semble avoir été réali sée
au tiers de sa gran de ur réelle, dans ses fonctions sacerdotales, tena nt sous l'influence d'archétypes de bois aux yeux incrustés dat:anl de l'Ancien
sans doute deux sistres aujourd'hui disparus. Sa robe est aussi décorée Empire. Entière, elle aurait représenté sans aucun doute Pashasou, ten an t
avec un d essin, moins soi gn é que sur celle d e Takoushit, soute nu par une canne dans la main gau che e t un long b âto n d ans la d extre. La
un dam asquinage d 'or, d 'argent: eL d 'électrum. Ell e porte un vêtement p erruque boucl ée bie n ajustée, le shendyt et les pieds nus composent
avec des plumes ct un collier à motifs de fleurs; la plupart des incrustations un cos tum e dém o d é d epu is longtemps à l'époque li bye nn e. Seu ls
d e la partie inférie ure de la statu e o nt d isparu, et il n e resle que d es les m embres all ongés, le tra ite men t bipartite du tor se et le poli fi n al
traces de fe uille d'or sur le visage et les bras. Les traits délica ts, à la fois trahissent l'élégance d e l'époque libyen n e. Ce qui est significatif, c'est 94. Karnak, favissa de la cour de la
j eunes e t r éfléchis, les m embres d éliés témoi gn ent du style idéaliste la tentative con scien te de fa ire revivre un style archaïque; on a ici le cachette. Statue du roi Osorkon III
lançant une barque sacrée. XXIII' dyn.
de la période; ils ont été sculptés sous l'insp iration des prem iers m odèles premier exemple remarquable de ce goût du passé qui est u ne caracté- (vers 760 av. f. -C. ). Calcaire. Haut. 18 cm.
thoulmosides et expriment la perfection de la grâce fémin in e à la m anière ristiq ue si prononcée des pér iod es suivantes. Le Caire, M usée égyptien.
'

158 95. Karnak, fa vissa de la cour de la


cachette. Statue du vizir Hor en position
accroupie asymétrique. XXII' dyn.
(vers 725 av. ].-C.). Basalte. Haut. 96 cm.
Le Caire, Musée égyptien.

96. Karnak, favissa de la cour de la


cachette. Statue de la dame Shebensopdou
assise, fille de Nemrod et petite-fille
d'Osorkon IL XXII' dyn. (vers 815 av. /.-C.).
Granit. Haut. totale : 87 cm.
Le Caire, Musée égyptien.

Si les premiers rois bubastides ont produit des statues en pierre origi-
nales, il n'en est rien resté, et l'habitude d'usurper les monuments anté-
rieurs persiste tout au long de la XXIIc dynastie. Avec l'accession au
pouvoir d'Osorkon II vers 870, cependant, une nouvelle vigueur apparaît
dans toutes les formes de la sculpture; ce roi fit élever des constructions
à Tanis, Bubastis, Memphis, Karnak et en bien d'autres sites; on dut donc
commander des statues pour ces édifices; mais seul le temple de Tanis
nous a laissé quelques témoignages du style et de la facture des nouvelles
œuvres de ce règne.
La plus ancienne, et à bien des égards la plus remarquable des statues
de rois libyens, est celle d'Osorkon li; elle est en !,'Tanit, grandeur nature,
et figure le souverain agenouillé présentant une stèle gravée d'une requête
aux dieux de Tanis. La statue est malheureuse ruent dans un triste état; la
tête se trouve à Philadelphie et le corps au Caire, mais la qualité du travail,
97. Karnak, favissa de la cour de la cachette. 161
160 les grandes dimensions, l'attitude athlétique et énergique frappent d'emblée.
Tête d'une statue colossale du roi Chabaka.
Il est clair que cette œuvre fait revivre les meilleures traditions des artistes XXV' dyn. (vers 710 av. ].-C. ). Granit.
de l'époque thoutmoside qui avait déj à fourni un point de d épart aux Haut. 97 cm. Le Caire, Musée égyptien.

premiers sculpteurs ramessides. La pierre, difficile à travailler, truffée


de grosses inclusions de quartz, a été traitée avec une parfaite maîtrise.
B. V Bothmer, qui , d'après l'inscription, date la statue des premières années
du règne, suppose que "pe u après le couronnemen t d'Osorkon Il, il y eut
un grand effort pour réaliser à son inten tion un mon um ent d'une vraie
splendeur royale" · Un e fois de plus, il apparaît que, grâce à une protection
ferme et généreuse, le sculpteur égyptien pouvait faire revivre avec émotion
le style d'une époque an térieure et cependant l'imprégner de sa propre
sensibilité .
Ce retour aux trad itions glorieuses du passé se voit aussi dans la statue
brisée en calcaire d'Osorkon III lançant une barque sacrée, qui a été mise au 94
jour à Karnak . La pierre plus tendre a permis au sculpteur de réaliser une
œuvre qui, n 'eût été l'inscription, aurait probablement été placée parmi les
statues du Nouvel Empire qui figurent un personnage prosterné. Même dans guère l'occasion d 'introduire des nouveautés hardies, mais il p ermettait
des détails tels que le dessin de la ceinture, l' urœus et le lobe des oreilles, elle néanmo in s au sculpteur de légères variations de la forme de base classique;
copie un prototyp e du milieu de la XVIIIe dynastie; on en arrive à soup- il l'encourageait à se consacrer à la gravure précise des inscrip ti ons et des
çonn er injustement qu'elle a pu être usurpée. dé tails, ainsi qu'à un polissage soign é des surfaces. La statu e de Hor, secré -
Tandis que les sculptures des rois libye ns sont rares et fragmentaires, 89 taire du roi, datant du règn e de Pétoubastis Icr (vers 800), en est un exemple

une série in comparable de statues en pierre dure de le urs enfants et de re présentatif. Au corp s très s tylisé du défunt accroupi, les mains et les
leurs proches a été retrouvée à Thèbes. Par leur travail magnifique et leur trai- coudes repliés sur les genoux tirés sous son manteau, on a ajout·é une tête
tement sobre, ces effigies sont techniquement et artistiquement plus bell es soign eusement travaillée comme un portrait idéalisé qui ressemblait sans
que tout ce qui a pu être réalisé au Nouvel Empire après la XVIII" dynastie. doute fort peu à son modèle réel.
Elles montrent une transition entre le style thoutmoside qui est leur point 96 L'effigie en granit de la dam e S h ebensopdou , fill e du grand prêtre
de départ et la tradition plus austère que reprirent les Kouchites. En fait, Nemrod et p etite-fille d'Osorkon Il, es t un exemple rare d'une statue assise
la raison de l'apparition rapide et parfaite des beaux monum ents de la de l' époque; elle doit être considérée comme l'équivalent de la statuaire
XXVe dynasti e doit être attribuée à l'existence à Thèb es d'une école tloris- en pierre de dames royales de ce temps qui, malheureusement, fait défaut.
sante de sculpteurs très habiles dans l'art de réaliser des statues de granit et La gravure d'images de divinités sur le vêtement rappelle les incrustations
autres pierres dures et d 'y graver des inscriptions. des sculptures de métal de Takoushit et de Karomama, mais l'a ttitude solen-
La plupart de ces statues votives situées dans le grand temple d'Amon nelle, une main à plat sur la cuisse, l'autre tenant un bouton de lotus, et la
reproduisent le modèle cubique du personnage accroupi; celui- ci n 'offrait longue perruque tripartite tra ditionnelle, un peu en contrad iction avec les
manches évasées du vêtement, donnent à celle grande œ uvre votive une 98. Karnak. Tête d'une statue du roi 163
162
Taharqa. XXV' dyn. (vers 680 av. f.-C. ).
sérénité beau cou p plus monum e n tale. La position d es mains re pre nd Granit. Haut. 35 cm. Le Caire,
une convention commune au d ébu t d e la xne
dynastie qu i de viend ra M usée égyptien.
désormais une source d 'inspiration pour les artistes thébains.
95 En Basse -Égypte, le sculpteur de l'effigie en basalte noir du vizir Hor
maîtrisait de façon semblable la technique de sculpture des statues en pierre
dure ; en outre, par sa posture et son vêtement cette œuvre s'écarte du
répertoire plu tô t lim ité des attitudes adoptées pour la statuaire de temple.
La position accroupie asymétrique est inhabituelle, bien qu'elle apparaisse
sporadiquement dans la sculpture dès l'Ancien Empire. Ici sa réapparition ,
de même que la tête rasée, le pagne très simple et l'absence de pilier dorsal
donnent nettement l'impression d 'un autre exemple inspiré par un retour
au lointain passé. Le fini so igné de la pierre dure et l'expression aimable
des traits légèremen t souriants sont cependant bien dans les traditions
qui seront celles de Basse Époque.

LA DYNAST IE KOUCll iTE

Les souverain s kouchites de Nubie, q ui composent la XXVe dynastie,


apportèrent: ordre et stabilité à un royaume divisé et promurent leur propre
version con servatrice de l'ancienne culture égyptienn e. En parti culier,
ils furent très stricts dans le ur fidéliLé aux vieill es pratiques r eligieuses;
aussi entreprirent-ils des rech erches SUL' les anciennes écritures sacrées;
ce fut alors le renouveau de la langu e et le retour à une pureté classique.
Il n 'est donc pas surprenant que, sous leur protection, les arts aient repris
de façon consciente les gr an ds modèles du passé, en partic ulier les
con venti on s d u Moyen E mpire th ébain . L es souverains kouch it es
accélérèrent ainsi l'impact des idées qui se manifestaient déjà à l'époque
libyenne, ma is, g râce à leurs ambitie ux proj ets de constru ction e t: à
un programme de resta uration, il s accrurent grandement la porté e
de ces inf] uen ces.
Sous ces nouvea ux protecteurs, les p haraons eux-m êmes, les Divines
Adoratrices d 'Amon et leurs dignitai res, un grand regain d 'actiYiLé se
100. Karnak. Statue de la Divine 165
164 99. Kawa, Temple T. Sphinx à l'effigie du
Adoratrice d'Amon debout. Aménirdis l" .
roi Taharqa. XXV' dyn. (vers 680 av. f.- C.).
XXV' dyn. (vers 700 av. f.-C. ). A lbâtre.
Granit. Long, totale: 74,5 cm. Londres.
Haut. 1, 70 m. Le Caire, Musée égyptien.
British Museum.

manifeste dans les arts. La statuaire en gén éral obéit à deux genres. Il y a
d'abord la poursuite de l'austère style officiel que l'on avait mis en évidence
dan s les statues -cubes e t les autres monum e n ts d e la région thébaine
pendant les dynasties libyennes. Parallèlement à cette tradition, il existe une
statuaire p lu s puissante et plus gra ve qui dépeint avec un réalisme p éné -
trant les traits ethniqu es et le phys ique caractéristiques des Kouchites
p lus négroïdes.
C'est au premier groupe qu'appartient la partie supérieure d'un colosse
de Chabaka en granit rose, en provenan ce de Karnak. Ce tte œ uvre a été 97
fortement inspirée par le style du Moyen Empire des statues colossales
en pierre dure de Sésostris Jer en provenance du même site. Il y a cependant
des traits individuels qui n 'appartiennent qu 'à la xxve dynas tie: les
sourci ls traités en li stel, les jo ues épanouies et le "pli kouchite " à peine
perceptible, ce sillon qu i va des ailes du nez a ux coins de la bouche et
qui tend to uj ours à être souligné dans les re présentations égyp tiennes
des Nubi ens. Il y a a ussi le double urœus pour lequel les rois kou chites
marquèrent une nette préférence ; dans le cas présent cep endant, il a
été tran sformé en un se ul urœus par un pharaon postérieur (sans doute
Psammétique II) qui usurpa la statue.
La statue acé phale de 1ànoutamon en provenance du Gebel Barkal, actuel-
lemen t à Toledo (Ohio), est une œ uvre remarq uab le de ce sty le. Elle montre
un 1·igo ureux tra it-ement bipartite du torse. La musculature sobre mais
tendue est dans la tradition classiyue. Il y a cep endant d 'autres s tatues
166 101. Louxor. Buste d'une statue de la 167
Divine Adoratrice d'Amon Aménirdis l" ,
debout, consacrée par Chépénoupet.
XXV' dyn. (vers 680 av. ].-C.). Granit.
Haut. totale: 1 m. Le Caire, Musée égyptien.

acéphales assises ou debout de Chabataka provenant de Memphis, et de


Taharqa découverte à Karnak, qui révèlent dans leur exécution et leur fini
superbes toutes les caractéristiques du style du début de la xnedynastie;
dans un cas même, on nole la faible pente de la su rface supérie ure du
dossier cubique.
L'art du portrait plus réaliste du deuxième groupe est représenté par la tête
98 de Taharqa en provenance de Karnak : large fi gure ronde, lèvres épaisses,
sourcils horizontaux, plis aux coins des yeux et du nez. Si de telles œuvres
étaient réalisées sous l'inspiration d'archétypes admirés, c'est peut-être dans
les portraits individ ualisés de la fin plutôt que du début de la xnedynastie
qu' on doit ch er cher leur modèle. Mais l'air sombre et distant des sculptu-
res en pierre dure de Sésostr is III et d'Amenemhat III leur fait défaut. L'ex-
pression, au contraire, est douce, même si elle est pleine de réserve.
102. Karnak, recueilli dans le Lac sacré.
Les traits individualisés de la tête de Taharqa du Caire sont exagérés dans son
Sphinx à l'effigie de la Divine Adoratrice
XIIe dynastie
99 sphinx de Kawa. Le sculpteur s'est inspiré des statues de la d'Amon Chépénoupet II, présentant
représentant des lions couchés dont le visage humain s'encadrait dans la un vase à tête de bélier. XXV' dyn.
(vers 680 av. ].-C. ). Granit. Long. 82 cm.
crinière, mais l'expression est brutale, l'exécution quelque peu grossière; Berlin, Staatliche M useen, Agyp tisches
elle révèle sans doute la main d'un scu lpteur de province. Museum.

1 1
168 103. Karnak, favissa de la cour de la cachette. On continua de réaliser une sculpture de métal pendant la xxvedynastie,
Statue cube de Hor, prophète de Montou, bien que ne nous soiL parvenue aucune œ uvre à une échelle plus grande
accroupi. xxv· dyn. (vers 650 av. ].-C.).
Schiste. Haut. 50,5 cm. Le Caire, que celle des statues votiYes agenouillées ou debout. Parmi celles-ci, la repré-
Musée égyptien. sentation de Chabaka au Musée d'Ath ènes est sans doute la plus remar-
quable par son détail incisif et ses brillantes qualités techniques ; elle montre
à une petite échelle toutes les caractéristiques du style koucbite relatiYcs au
costume, au portrait: et au p hysique.
On ne connaît pas de statues de reines de cette dynastie; on doit en cher-
cher des équivalents clans les st.atues des filles royales adoptées par celles qui
les précédaient en tant que Divines Ado ratrices du dieu Amon à Thèbes.
Un certain nombre de ees représentations nous est heureusement parvenu.
La première el la plus renommée est la sta tue en albâtre d'Aménirclis J,.c 100
en prove nance de Karnak. C'est un e œ uvre d e style idéaliste : les traits
joufflus et l'embonpoint de la femme nubien ne sont rendus avec la plus
grande discrétion clans une pierre semi-translucide qui est: aple à adoucir les
détails ct à estomper le modelé. Néanmoins le " pli kouchite" aux ailes du
nez esl apparent; les détails de la robe, des bijoux et de la coiffure ont été
soigneusement rendus.
La statue posthume en graniL, consacrée à Aménirdis par Chépénoupet 101
qui lui succéda, est: plus réaliste par le portrait; les meilleures proportions
que lui donnent sa haute couronne ct le modelé de quali té supérieure du
corps en fonl un e œ uvre d 'art beaucoup plus attraya nte. Le sphinx de
Chépénoupet II présent.ant un vase à tête de bélie1; à Berlin, a été inspiré par les 102
sphinx des reines du Moyen Empire qui portaient la grande perruque hatho-
riquc; le portxait témoigne du même style réaliste. Il existe des statuettes des
DiYines Adoratrices en bronze, en pierre, en faïence et en ivoire. La plus
remarquable est la fïgurine de faïence, en provenance de Karnak, malheu -
reusement mulilée, qu i rnont1·c Aménirdis p·e assise sur les genoux d'Amon;
ils sont enlacés dans une mutuelle éLreinte ; c'est une représentation à trois
dimensions d'un thème qui se rencontre plus ti·équemmcnt clans le bas-relief
La statuette d'une reine ou d' une Divine Adoratrice au Musée d'Édimbourg 104
est un exemple rare de figurine sculptée en ivoire ; elle est exceptionnelle
par la précision de son détail et son excellen t état de conservation , bien
170 qu'il manque sans doute le flagellum en or des reines, dans la main droite 105. Karnak, fa vissa de la cour de la 17 1
cachette. Statue d'Harmakhis debout,
refermée. Ses proportions sont moins élégan tes; elle veut sans doute repré-
grand prêtre d'Amon, fils de Chabaka.
senter une Adoratrice dans l'embonpoint de ses années de maturité. XXV' dyn. (vers 680 av. ]. -C. ). Quartzite.
La statuaire de personnes privées de la dynastie kouchite provient presque H aut. 66 cm. Le Caire, M usée égyptien.
1 exclusivement de la cachette de Karnak et révèle un développement du
style thébain officiel par sa taille soignée et son beau fini, mais elle est
1
beaucoup plus aventureuse dans le choix des form es et renonce à la statue-
cube a u profit de l'effigie votive d'un personnage debout ou à genoux.
Quand elle choisit la statue-cube comme moyen d'expression, elle a tendance
à préférer un modèle de la XVIIIe dynastie. Ainsi dans la statue de Hor, les 103
pieds laissés à découvert, les mains qui serrent des emblèmes, la perruque
bouclée et les contours du corps qui se dessinent sous le vêtement bien
ajusté montrent un retour au style dominant des règnes d'Aménophis II
et Aménophis III. De tels modèles devaient exister en grande quantité dans
les enceintes des temples de Thèbes à cette époque. La statue de Hor appar-
tien t à la fin de la xxve dynastie, et ses caractéristiques se maintinrent un
moment pendant l'époque saïte.
La statue en pied d'Harrnakhis, fils de Chabaka qui lui accorda la fonction 105
importante de grand prêtre d'Arnon à Thèbes, témoign e d'un retour au
style des effigies royales du début de la xnedynastie, elles -mêmes réali-
sées sous l'inspiration de modèles classiques de la IVe dynastie. Les larges
épaules, le shendyt et les jambes aux muscles tendus suggèrent une compa-
raison avec les statues de Sésostris Jcr de Karnak, mais l'attitude des mains
qui serrent des tronçons de sceptres ne se retrouve pas dans la statuaire
en pierre de personnes privées après l'Ancien Empire. Le crâne rasé cepen -
dant, bien qu'il rappelle peut-être les modèles de la fïn du Moyen Empire,
appartient à la tendance idéaliste contemporaine ; il modifie le visage
négroïde aux joues pleines, aux lèvres épaisses et débordantes, au nez épaté.
Le traitement quelque peu sommaire de la statue est sans doute dû pour une
104. Statuette d'une reine ou d'une Divine grande part au quartzite dur et difficile à travailler dans lequel cette œuvre
Adoratrice d'Arnon debout, Arnénirdis II(?). a été sculptée.
XXV' dyn. (vers 670 av. f. -C.). Ivoire.
Haut. 19,9 cm. Édimbourg, Royal Scottish La statue de Khonsouirâa au Musée de Boston révèle la même attitude et le
Museum. même style : elle a été taillée dans une pierre très dure à laquelle cependant
173
172 106. Karnak, favissa de la cour de la cachette.
Statue de Montouemhat, prince de Thèbes,
debout, dans l'attitude <<royale>>. XXV' dyn.
(vers 660 av. f. -C.). Granit. Haut. 1,34 m.
Le Caire, Musée égyptien.

on a donné un beau poli. Khonsoui râa apparaît do ué du mê me physique


athlétique: épaules lar·ges, Laille étroite, muscles tendus; ce sont les canons
elu portrait masculin idéal depuis l'époque de l'An cien Empire. Le ch oix
elu pagne et l'in scription du n om de son p ropriétaire sur la ceinture per-
mell.ent de supposer que la statue a été inspirée par un modèle royal. Le
crâne n'est pas rasé mais rcYêtu d' un serre-tête bien ajusté, qui figure sans
cloute de façon stylisée les ch eveux courts.
Par contras te, la statu e en granit gris cl'Ariketekana, qui afCirmait être
parent du roi, témoigne du style plus réaliste et même brutal de la dynastie.
Le corps grassouillet caché sous un long , ,.êtemcnt est très éloigné de l'idéal
du h éros de l'époque, bien que l'attitude soit identique. Les masses Yolu -
rn ineuses du corps ont leur équivalent clans le traitement grossier elu visage
bi en en ch air. Les h ommes corpulents n'on t pas souYenL stimulé les talents 107. Karnak, temple de Mout. Tête
des artistes, mai s Ariketekana eut la chance de ren contrer un scu lpteur de d 'u ne statue attrib u ée à Mon touemhat,
prince de Thèbes, âgé. xx:ve dy n.
génie et de lui inspirer le désir de réaliser plein ement sa présence physique (vers 660 av. f, -C. ). Granit. Haut. 50 cm.
clan s une unité artistique rare. Le Caire, Musée égyptien.
174 108. Tête d'une statue du roi
Psammétique II. XXVI' dyn.
(vers 590 av. f.-C.). Schiste. Haut. 12 cm.
Paris, Musée Jacquemart-André.

109. Tête d'une statue du roi Apriès.


1 XXVI' dyn. (vers 580 av. f.- C.). Schiste .
., Haut. 36 cm. Paris, Musée du Louvre.

Cependant le grand protecteur des artistes pendant cette périod e fut


Monto uemhat, le plus influ ent des dignitaires thébains de son temp s. 100,
Il avait le goût du passé e t fut un fin connaisse ur des grand es époques 107
artistiques de l' histoire; Monto uemhat commanda donc des œ uvres dans
le style de toutes les périodes. Mais, en matière de statuaire, sa préféren ce
se porta particulièrement sur les modèles de la XVIIIe dynastie; il existe un e
douzaine de statues dans des matériaux différents qui le représentent avec
des vêtements et des attitudes variés témoignant de ses goûts éclectiques.
L'une des plus complètes es t la statue en pied de granit gris presque gran-
deur nature, dans l'attitude« royale" de l'époque; il est doué d' un physique 100
robuste et est vêtu du shendy t e t de la ceinture portant une inscription;
mais la perruque appartient à un type de la XVIIIe dynastie. Le visage aux
176 110. Saïs (?). Tête d'une statue du roi 111. Karnak, favissa de la cour de la 177
Amasis. XXVI' dyn. (vers 550 av. f. -C.). cachette. Statue de Djedkhonsou-
Schiste. Haut. 25 cm. Berlin, Staatliche iouefankh, prophète d'Amon, debout.
Museen, Agyptisches M useum. XXVI• dyn. (vers 655 av. f. -C. ). Schiste.
Ha ut. 53,3 cm. Le Caire, Musée égyptien.

traits individualisés est rendu avec un réalisme magistral; les rides et les plis
de la figure donne n t une expression r ésolue à ce di gn itaire qui fiL face
à des tâches d iffi c il es, comme la r emise en ordre de Th èb es après que
l.es Assyriens l'eurent mise à sac et les exigen ces du nouveau pharaon saïte.
Les qua lités particulières de ce re ndu très scru puleux en font s ùrement
le portrait le plus auth entique qui nous soit parvenu de ce grand h omme.
Par contraste, la statue assise de Berlin, qui représente Montouemhat
enveloppé dans un long m anteau, fait r evinc le style officiel du début
de l'époqu e thout.moside; c'est un portrait tout à fait idéaliste qu i donne
totalement l'impression d'être une tentative consciente de pure rech erche
du passé. Entre les extrêmes figurés par ces deux statues, se place le ll'agrnent
de granit n oir en proven ance du temple de Mout à Karnak ; il provient d'une
statue du dignitaire offrant une stèle. Le portrait inhabituel, mais pas unique,
d 'un homme chauve avec une couronne de ch eveux cach ant les oreilles et
la nuque semble apparten ir à la fin de la carrière de Montouemhat; les traits
burinés, les rides a utour du nez et les bajou es trad uisent la résignation
d'un h omme plus âgé; mais les lèvres épaisses sont sculptées avec un style
en quelque sorte conventionn el, et le modelé plas tique de la statue de
Karnak le ur fait défaut.
Ainsi les styles id éali ste et réaliste pouvai ent coexist er dans
la statuai re 179
de ce tte dynastie; outre Mo ntouem hat, d'autres grands dignita
ires comme
Harwa purent comma nder des statues dans ces de ux genres.

L'ÉPOQUE SAJTE

Les princes de Saïs, qui, en tant que vassa ux de l'Assyrie, avaient


rassem -
blé to ute la Basse -Égyp te con tre leurs rivaux kouchi tes,
parvin rent à
être les pharao ns d 'une Égypte unifiée et indépe ndante. Sous
le règne de
Psamm étiqu e II l'h ostili té con tre les rois kouchi te s déc
lencha l'em ·oi,
en 591, d'une expédition punitiv e en Nubi e. C'est alors qu'on
supprim a les
noms des pharao ns kou chites sur les monum ents et qu'on
martel a leur
double urœus.
Niais, bien avant ces événem ents, les Saïtes avaient montré leur
horreu r de
to ut ce qui se rappor tait aux Kouch ites en accen tuant soign
euseme nt les
caractères quj montra ient leur apparte nance à la Basse-Égypte.
De préféren ce
ils arborè rent la version la plus récente de la" co uronne bleue,
, une fo rme
de coiffur e que les rois kouchi tes n 'avaien t jamais utilisée ,
et renonc èrent
à la représ en tation réalist e de l.eur physio nomi e dans
leurs portrai ts.
Les statues des rois saïtes montr ent un vis age idéalis é;
les coins de la
bouche relevés en un sourire offrent le portrai t d'un monarq
ue bienve illant
qui ne déda ign e pas cepend ant les acclam ations populaires.
Néanm oins
le p e uple préfér a rendre un culte au di.eu lo cal ou à sa
manife station
matérie lle sous la fo rme d'un animal.
Les statues des rois saïtes ne nous sont parvenues qu'à l'état
de fragments;
très rares sont celles qui offrent un e inscrip tion coh érente. Certain 112. Karnak, favissa de la cour de la
s savants,
utilisan t essenti ell ement l'analy se stylisti que minuti euse, cachette. Statue du vizir Nespakachouti
ont ch er ch é à dans la position du scribe accroupi,
identif ier les différe nts souver ains représe ntés. La petite
tête en schiste lisant un rouleau de papyrus. XXVJ< dyn.
108 de Psamm étique II au Musée Jacque mart-A ndré (vers 640 av. f.- C.). Schiste. Haut. 80 cm.
à Paris, est une œuvre clé;
ell e a une expres sion de mélanc olie peu caracté ristiqu e, mais Le Caire, Musée égyptien.
montre les
traits essenti els du portrai t saïte :la sculptu re soignée et le 113. Statue du courtisa n Bès assis, une
fini de grande
qualité . Les détails des sourc ils et des paupiè res, les con tours jambe repliée sous le corps. XXVI' dyn.
des lèvres et (vers 640 av. f.-C. ). Calcaire. Haut. 32,2 cm.
le dess in précis de la" couron ne bleue, , dans sa version de
Basse Époqu e, Lisbonne, Fondation Gulbenkian.
180 114. Statue de Nekhthorheb, grand ornée de l'urœus replié au sommet, en font un bon exemple du SIJle saïte de 181
dignitaire de Psammétique Il, agenouillé. la statuaire roya le. La tête de schiste presque grandeur nature, qui a été
XXVI' dyn. (vers 590 av. ].- C.). Quartzite.
Haut. 1,48 m. Paris, Musée du Louvre. 109 identifiée comme étant celle d'Apriès, au Musée du Louvre, présente des
carac téristiques de style semblables; mais la bouche s' étire en un doux
sourire. La double boucle en forme de S de l'urœus derrière le capuchon est
une nou veauté de ce groupe de statues royales. Dans un e tête semblable à
Bologne, une partie de la titu lature es t visible sur· le pilier dorsal ; c'est le
moyen d 'id en tifier le portrait de ce roi.
11 0 D'autres têtes à Ph il adelphie, au Caire, à Ber lin et en b ien d'autres lieux
montrent un menton plus pointu et des ye ux plus rapproch és; ell es repré -
sentent de toute évidence Amasis, qu i fit entre prendre de nombreuses cons-
tructions au cours de son règn e. La qualité de ces œuues est aussi parfaite
que celle des meilleures sculptures royales; ell e prom·e que la renaissan ce
du haut ni veau artistique atteint par la xxve
dynastie se maintenait soli -
6 dement. La partie supérieure d'une statue en quartzite d'Amasis se proster-
nant, à Florence, est magnifiquement sculptée dans la pi erre dure; par son
attitude elle rappelle l'Osorkon II du Ca ire et de Philadelphie, bien qu'e ll e
soit de plus grandes dimensions et même d'une exécution supérieure. Les
deux grands sph inx acéphales d'Apriès en quartzite, qui se trouYaient à
l'origine à Héliopolis, sont des exemples superbes de la sculpture animalière
égyptienne; il leur manque pe ut-être la musculature ten du e des meill eurs
exemples antérieurs, mais la qualité plastique des lions couchés est bi en
mise en valeur.
On peut affirmer avec certitude que le coulage des statues en métal ne
fut pas n égligé durant ce siècle d'activité prospère, mais il n'en reste que
de simples statuettes votives de Néchao II et d'Amasis. La tradition se main-
tint jusqu'à la fin de l'Égypte dynas tique, comme le montrent les effigies de
rois à geno ux que possèdent les Musées de Londres, Kansas City et bi en
d'autres. À cette époque, la prod uction en masse de statuettes votives de
dieux était en pleine activité; le co ulage des sculptures de métal à petite
échelle se réduisait à un tranil purement mécanique.
Pendant la XXVIe dynastie, la statuaire privée confirme les tendances qui
étaien t apparues à l'époque kouchite; une tradition idéaliste exis tait en
182 115. Saqqara. Statue de la déesse Hathor même temps qu'un style pl us réaliste. L'importance et l'indépen da n ce
sous la forme d'une vache protégeant
le grand dignitaire Psammétique.
croissantes des d ign ita ires régionaux se \·o ien t dans les dimensions de
XXVJ<dyn. (vers 530 av. ].-C.). Schiste. leurs statues. QuelqHes -uns de ces notab les firen t même des do nations
Haut. 85 cm. Le Caire, Musée égyptien. à des sanctuaires locaux; ils financèrent des projets de constru ction dans
les enceintes des temples et commandèrent des statues de divinités. À la
même époque, les interventions étrangères et les con tacts multipliés avec
les pe upl es de la Méditerran ée oriental e d éve loppèrent chez eu x un
orgueil cham in de leur p ropre passé. La reche rche de l'art d es p ériodes
antérieures, en particulier celle de l'Ancien Empire, devint leur but essen-
tie l ; cependant les anciennes valeurs cul turelles étaient menacées par
les nom·elles tendances de l'époque classique maintenant prêtes à prendre
leur essor dans le monde h ell én iq u e. Les statues saïtes essa ie nt par
l'attitude et l'expression de r éa liser ce mê me air d étaché d ' assurance
paisible qu'on voit dans les modèl es d e l'Ancien Empire et qui est telle-
ment absen t de l'Égypte de leur ép oque, à ca use de la m enace asia-
tique qui s'amplifiait d'ann ée en année. Les sculpteurs saïtes préférèrent
cependant les pierres dures, en particulier les schistes et les basaltes fine-
ment polis, aux calcaires pein ts des mod èles de l'Ancie n Emp ire q u' ils
admiraient tant.
La statue de Djedkhonsou -iouefankh , en pr01enance de la cachette de 111
Karnak, est un bon exemple du style de transition entre la taille et le modelé
soignés du sculpteur kouchite et la manière plus douce et plus impression-
niste des artistes saïtes. Le fa ible sourire qui empreint les traits aimables
est un re fl et du" sourire a rchaïque" qui apparaît dans les portraits des
pharaons de la même époque et q ui a pu influencer les sculpteurs de la
Grèce archaïque.
La statue d e Nespakachouti sous l'aspect d 'un scribe accroupi lisant 112
un rou leau de papyrus est du même style idéaliste, comme le montrent
les contours et les déta il s sculptés avec précision , la même expression
aimable et le traitement bipartite du torse délimité par un sillon qui va
du nombril au sternum. La statue du courtisan Bès met en valeur l'att:i- 113
tude ar chaïque; elle offre un modelé du corps plus délicat et une version
plus déYeloppée du "sourire arr haïq ue "· Bès porte la perruque en bourse
184 116. Saqqara. Partie supérieure d'une qui est un no uvel élément du costume dans la statuaire de Basse Époque 185
statue de la déesse Isis assise, dédiée
par le grand dignitaire Psammétique.
et persistera par la suite.
XXVI' dyn. (vers 530 av. f.-C. ). Schiste. La statue de temp le, qui représentait le défunt seul et participant au culte
Haut. 90 cm. Le Caire, Musée égyptien. en tenant des emblèmes religieux ou l'image d'un dieu, d e,~ent de p lus en plus
populaire et élaborée. L'exemp le d'Barbès, à New York, est empreint du même
sentiment idéaliste que celui de son prédécesseur Djedkonsou-iouefankh,
également en proYenance de Karnak, mais avec moi ns de délicatesse dans le
modelé. Dans des détails tels qu e la sculpture des oreilles, des yeux, de la
bouche et de la perruque, il montre des variations subtiles si on le compare
à l'œ uvre antérieure, mais la réduction de l'importance des sourcils en re li ef
est un changement de SIJ le notable.
114 La grande statue à ge no ux d e Nek hthorheb, un grand dignitaire de
Psammétique II, est en quartzite; cette pierre dure granulaire a sans aucun
doute été la cause d ' un fi ni plus grossier, qui, cependant, n e cache pas
le modelé naturaliste des membres et du torse, ainsi que l'expression
animée des traits pleins de dignité. L'attitude agenouillée du modèle, assis
sur les talons, les mains à plat sur les cuisses, remonte aux plus anciennes
dynasties; le rappel intentionn el de la mode archaïq ue se voi t dans le pagne
co urt et l'absence totale de bijoux. Seule la coiffme traduit la mod e de
l'époque. C'est un des plus grands chefs -d'œuvre de la statu aire privée
que les Saïtes nous aient légués.
218 La grande statue du médecin en ch efPefthoneith, également au Loune,
le montre debout tenant deYant lui sur un support une statue d'Osiris à
l'intérieur d'un naos; ce dern ier est sans doute un élément du mobilier
du temple qu'il fournit qu and il d irigea la res tauration des monuments à
Abydos pendant: le règne d 'Amasis. Il porte la perruque en bourse, un
pectoral el le long pagn e enveloppant attaché juste au-dessous de la poitrine
qui était à la mode à la fin du Moyen Empire et de nou\'eau à l'honneur
pendant les dernières années d 'Amasis, a1·ec des co ins débordants déter-
min ant une retombée à angle vif. Le modelé de la tête et d u corps plus
superficiel est en accord avec l'intention monumentale qui se dégage des
grands volumes du vêtement et de l'emblème religieux; l'ensembl e crée une
unité harmonieuse.
La partie supérieure d 'une statue de sch iste vert, au Musée de Ballimore, 117. Karnak, chapelle d'Osiris-Nebdjet, 187
témoigne d'un style d ifférent issu de l'éeole réali ste de l'époq ue kouchitc. dans un naos de Pabasa. Statue de la
déesse Thouéris debout. XXVIe dyn.
Dansee cas, le port rait est plus dur; mettant en relief les traits personnels et (vers 640 av. f. -C. ). Schiste. Haut. 96 cm.
rè Bant souvent les rides ct les atteintes de l'âge, ainsi qu' une contemplation Lè Caire, M usée égyptien.
recueillie en la présence du dieu . Le f'ragrnent de Baltimore, le plus remar -
quable de ce groupe, annonce déj à une lignée de portraits dont la " Tête
127 n~rte ,, de Berli n sera l'apogée.
Les artistes égyptiens ont so uve n t scu lp té d ' impression nantes statues
des animaux q ui figuraient clans la mythologie. Ala fin du règne d'Amasis,
115 le gra nd di gn itaire P sammétiq u e commanda u ne statue de la d éesse
Hathor représentée sous la forme d' une vache p ro tégeant la p ropre statue
d u d on a te ur. L a co mpos iti o n é ta it trad ition nelle, l ' exempl e le plus
cé lèbre étant l'Hathor de Deir cl-13ahari q ui veille sur l'image du roi.ll esl
significatif qu 'à la Basse Époque le dona te ur soit ma in te na nt un simp le
courtisan . Cette sta tue mo n u men tale, presque en parfait état, reflèt e
l'œ uvre de l'éco le idéali ste du début de l'époque saïte. La réapparition du
mod elé tripartite du torse est une n ouvea uté ; les muscles de la cage tho-
raciq ue sont maintenan t accentués par suite de la d isparition d u sill o n
médian vertical.
116 La slaL11e d'Isis, également dédiée par Ps<umnétique, est tme œuvre d assique
d'époque saïte ; les proportion s et le fini sont d'une perfection surhumaine,
ainsi qu' il convient à une déesse; le modelé délicat du ,-isage gracieux à la
bouche aimable est remarquable.
117 Pa r contras te, la statue légèrement antérieure, en proven ance de Karnak,
de T houéris terrifie plus qu'elle n 'attire. Les grandes dimensions de cette
effigie aux Yolumcs ah straits impressionne beaucoup plus le spectl!tcur que
les aimables petites fignrines q ui la rPprésen ten t habituellement. Le donx
modelé des surfaces polies par les mains des sup pliants contraste avec les
stries pr ofond es d e l.a perr uq ue eL les c irco nvo lutio ns des am ule ttes
protectrices ; la lumière q ui j oue sur Ja sta tue se tro uve brisée au Cur et à
mesure que le fidèle s'approche, ce qui don ne une imp ression de lent mou-
vement à la forme p régnante de cette incarnation du mystère de la gestation
eLde la naissance.
188 LA DOMINATION PEHSE ET LES DEHNlÈRES DYNASTIES NATIONALES

La conquête de l'Égypte par les Perses mit en jeu des facteurs entièrement
n ouveaux. Les r ois ach éménides organ isèrent leur riche provin ce sous
la direction de leurs satrapes et de leurs collaborateurs avec une efficacité
que leurs successeurs grecs et romains devaient copier. Ils ouvrirent le
pays à d 'autres peuples de leur Emp ire : aux Perses, aux Grecs, aux Jui fs et
aux Phéniciens. En face de cette prédominance étrangère, les Égyptiens
se tourn èrent plus que jamais vers les pratiques qu'ils avaient mises en
œuvre durant les siècles précédents. S'accrochant à lem passé, ils résistèrent
à leurs conquérants avec une ardeur xénophobe et se soulevèr ent contre
e ux sous la direction de princes indigènes chaque fois que l'occasion s'en
présenta.
Le retour aux grands styles du passé se poursui vit avec une ferveur renou-
velée; on aj outa au répertoire des modèles l'art de la période saïte, voyant
rétrospectivement en elle un âge d'or où la culture égyptienne s'était épanouie
sous le règne de pharaons indigènes avant la catastrophe.
L'angoisse mentale de cette époque, en particulier dans la classe régnante,
affecta la statuaire de plusieurs faço ns. Le costume perse, en particulier le
vêtement à m anches longues, est quelquefois porté par les grands digni-
taires q ui collaborai ent au gouvernement. Le recueillement mélancoliq ue
qui apparaissait déjà à l'époque saïtc s'accuse dan s l'expression résignée
avec laq uelle le visage des sta tues regarde le monde trou blé. Ce fut une
période où l'idée se répandit que le succès matériel dépendait surtout d'une
conduite vertueuse; le portrait du défunt pouvait donc exprimer celle grâce
in térieure spir ituelle qui lui avait assuré une haute fonction et des récom-
penses matérielles, comme le privilège d'ériger sa propre statue dans l'enceinte
11 8. Statuette de roi agenouillé. sacrée. Le nombre d 'effigies qui représentent le défunt en communion avec
XXIX' dyn. (vers 390 av. f .-C.). Bronze.
son dieu au moyen d'une image de la divinité ou de son symbole s'accroît.
Haut. 16,5 cm. Londres, British Museum.
Dans quelques rares cas le sentiment de participation peut s'exprimer par w1c
119. M emphis (?) . Buste d'une statue attitude extatique, le visage le1·é vers les présences diYines.
d'homme inconnu. XXVll' dyn.
(vers 450 av. ]. -C.). Schiste. Haut. 25,1 cm. La statue de Pt:ahhotep, en schiste noir au Musée de Brooklyn, malheu -
Paris, Musée du Louvre. reusement: mutilée, figure le trésorier de Darius Jer dans le costume perse à
190 120. Tête d'une statue de roi, Nectanébo 121. Sebenny tos. Torse d'une statue 191
l" (?).XXX' dyn. (?) (vers 370 av. f. -C.). du roi Nectanébo rer debout. XXX' dy n.
Schiste. Haut. 35,5 cm. Londres, (vers 365 av. f.- C. ). Basalte. Haut. 62,5 cm.
British Museum. Paris, M usée du Louvre.

la mode, le vêLement à manches et le long pagne enveloppant. Il porte autour


du cou le torque aux extrémités en forme d'ibex qui était le signe d istinctif
d'un noble perse ainsi que le pectoral égyptien représentant la triade de
Memphis. 11 tient les restes d' une chapelle qui contenait sans doute une
image de Ptah.
La statue en schiste vert de l'orfèvre Psamm étique -sa -Ne ith au Caire
agenouillé pour présenter une effigie d'Osiris dans un naos, porte aussi le
court vêtement perse; mais elle est remarquable par le dessin minutieux de
la tête ; le modelé des structures osseuses sous-jacentes est clairement révélé.
Les traits personnalisés ont suggéré à B. V Bothrner que c'était un portra it
«Vrain, différent du «réalisme schématique».
La partie supérieure d 'une statue en schiste vert au Louvre offi'e une 119
même apparence de vérité, mais d'un plus grand efl"et artistique; c'est l'un des
meilleurs portraits du ve siècle; il est remarquable par le dessin fidèle du
Yisage couturé et ravagé ; les rides contrastent avec le rendu plus doux ct
plus idéaliste du corps.
La résistance aux souverains perses permit en définitiYe aux Égyptiens
d e gagner un bref siècle d 'indépendan ce sous l'autorité d es princes de
193
Mendès et de Sebennytos. Ceux-ci régnèren t en pharaons pendant la XXIXc
192 122. Statue guérisseuse au corps gravé de et la XXXc dynastie et déployèr en t un e grande én ergie pour élever d es
textes magiques, dite statue << Tyskiewicz>>. monumen ts de qualité dan s un slylc traditionn el ; mais aucune statue entière
XXX' dy n. (vers 350 av. ]. -C.). Basalte.
Haut. 68 cm. Paris, Musée du Louvre.
de ces monarque s ne nous est parvenue . Les fragments disparates ré,·èlent
que les sculpteurs de l'époque rech erchaient l' inspi ra tion dans les œuvres
des premiers rois saïtcs : ils reprirenl lc traitemen t bipartite du to rse elles
traits idéalisés du pharaon accen tuan t sa bienveilla nce et son air distant à
l'égal d ' un dieu.
8 La belle tête de granil noir au Musée du Caire, qu i a été sépa rée de son
pilier dorsal, est à mi-chemin en tre le style de la fin de la XXVJc dynastie et
celui des Ncctanéb o de la XXXe dynas tie. Les lèvres sont modelées plus
plastiquem en t el n 'esquissen l pas le "sourire arch aïque " figé du dernier
groupe de têtes avec la ca,·ité qui s'enfonce aux coins des lèvres. Le traite-
men t des ye ux est a ttssi moin s sévèr e. Le menton est égalemen t mo ins
prononcé qu e chez Apriès el Amasis; il est plus petit et plus net que chez les
Nectan ébo. On a aussi de bonnes raisons de con firmer la suggestio n de
B. V Bol:hrner : cetle tête représenterait Ach oris, dont le règne fu t plus long
el plu s h eureux q ue ceux des autres souverain s de sa dy nas ti e et dont
les monumen ts sonl moins rares. La double boucle en forme de huit de
l' urœus existe touj ours sur le front. Puisque les têtes attribuées aux rois de
la xxxe dyn as tie ne montrent qu'une seule boucle, ce peut être un critère
de datation ; des recherches plus poussées permettraient peut -être de résou -
dre définitive men t ce problème. En effel les Sébennytiques adoptèren t un
style si proche de celui des Saïtes que les têtes isolées sont attr ibuées sans
discrimin ation àAp riès,Am asis el aux Nectanéb o. La grande tête d 'un so u-
120 verain, en schiste ,-erl, qui se tro uve au British Mu seum en est un exem
ple
remarquable ; les opinions sont partagées sur l'attributi on à la XXVJe ou

XXXc dynastie.
Les tor ses de la sta tuaire roya le d e la XXXc dynas ti e qui nou s son t 123. Karnak, favissa de la cour de la
cachette. Statue reconstitué e du prêtre
parvenus révèlent la même exécu tion soignée et le mêrne fini poussé que
Osirour. XXX' dyn. (vers 350 av. f. -C. ).
121 les têtes. La statue de basalte acéphale de Nectan ébo Jer au Louvre,
donL
Schiste. Haut. totale : 70,3 cm. New York,
les pectoraux son Lpuissamm ent modelés et dont la partie supérie ure du Brooklyn Museum (tête) et Le Caire,
M usée égyptien (corps).
corps est d ivisée d u stemum au nombril par un profond sillon, reste la plus
194 belle de ces effigies fragmentaires. Bien que de même qualité sur le p la n dans la tradition de la renaissan ce saït.e. Seuls son po li très pou ssé el 195
technique, un exemple semblable au British .\1useum est plus man iériste sa superbe raclure, éléments que l'on relrouve dans plusieurs effigies de
par· ses surÜ1ces mieux polies, son aspect plus dodu; ces caractéristiques se la m ême époque comme par exemple la statue " DaLLari , , permeuent
retrouvent aussi dans une semblable statue acéphale au Louvre représentant de la con sidérer comme une œuvre de la xxxe dynastie.
le général 1-Ior, de la même époque. 123 Très différente, la statue d 'Osirour, dont la tête sc trouve au Musée de
On continua de réaliser des effigies elu souverain sous la protection d'un Brooklyn et le corps au Musée du Caire, est sculptée dans un schiste vert ;
dieu incarné par un animal jusqu'à la fin de l'histoire de l'Égypte pharao- elle provient de la cachette de Karnak. Os irour port.e le 1·êtemcnt perse à
nique. P lusieurs statues de Nectanébo Il (Nekhthorheb) debout entre les manches sous le long pagn e enveloppa nt el Lient. une sLalueUe votive de la
pattes d'un faucon se trouYent au Musée du Louvre, à Lyon et à NevY York; 221 trinité thébaine. Bien que son modelé quelque peu grossier présente la
cette dernière forme un rébus aver le nom de Nekh thorheb. Mais les œuvres même unité de forme et de style, elle diffère des sculptures contemporaines
les plus grandes elles plus impressionnantes de sculpture animalière sont les du Delta par son approche plus conservatrice qui perpétue la tradition de
lions en granit rose de Nectanébo Jer au Musée du Vatican. Dans cette dernière l'époque perse e l son arl du portrait réaliste. La têle manque totalement
ve rsion, k lion est couché sur le flanc, la tête tournée à angle droit, les d'idéalisme: la bouche tendue ne sourit pas, ]a lumi ère ne joue pas s ur les
palles antérie ures croisées. Ces images de gardiens vont par paire; le plus traits qui, bien qu'habilement traYaillés, ne sont pas finement polis. Sous la
ancien exemple qui n ous soit parvenu est la paire commandée à l'origine peau, la struchrre osseuse, crâne, ponm1ctt.es ct menton saillant, a été soigneu-
par Arnénoph is TTT pour le temple de Soleh. sement réalisée. L'effeL produit est un portrait "vrai » d' un individu précis.
Les lions de ~eetanébo n 'on t pas la majesté de leurs ancêtres, mais ils Les circonvolutions de l'oreille ont été Lrès h abileme n t sculptées; c' est
expriment de façon impressionnante la pu issance musculaire de l'animal une caractéristique qu i n 'est pas touj o urs a ussi so igneusement r endue,
au repos. Ils ont inspiré les artistes en Europe à partir de la Renaissance même dans des statues importantes. Par de tels détails, cet exemple s'affirm e
lorsqu ' ils furent redécou1·erts dans les ruines de l'Tséum de Rome où ils le précurseur d'une série de portraits réalistes qui prennent maintenant
avaient été transportés au temps des empereurs. place aux côtés des réalisations idéalistes des trois siècles suivants et qui
La st.atuaire privée de celte époque montre des caractéristiques semblables comptent parmi les plus belles œuucs d'art que l'ancienne Égypte nous
à celles de la scul pture royal e: une exécution parfaite, un formalisme un ait léguées.
peu hiératique et un rappel archaïsant du passé glorieux. Parmi ces œuvres,
la statue "Dattari, du Brooklyn Museum est un beau témoignage de ce L'ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE
renouveau; sa perruque boudée esl d ' nn type rare qui apparaît pour
la première fois au début de la xnedynastie sous l'inspiration d'archétypes Le style de la dernière dynas tie indigène se maintint sans interruption
de l'Ancien Empire. Le traitement des boucles stylisées, qui sont laissées pendant l'époque p tolémaïque grâce aux dirigeants anxieux de se faire
en mat pour contraster avec les surfaces de chair polie, est significatif; c'est ,-aloir comme les h éritiers d ' une tradition continue. Les s tatues de ro is
une mode qui devient maintenant connnu11e. révèlent un goût très net pour les œuvres d 'époque antérieure; il derneure 124. Alexandrie (?) . Buste de statue d'un
La sl.al.ue «1yskicwicz » en basalte noir au Louvre esl un au tre tour de 122 cependant difficile de tracer le développement de cette sculpture, puisque roi ptolémaïque. Époque ptolémaïque
(vers 200 av. J, -C. ). Diorite. H aut. 44,5 cm.
{()l'ce technique : c'est une statue guérisseuse dont l'efficacité dép end des aucun de ces restes f'ragmentaires n 'est allrihué sans équiYoqu c. Le buste New Haven, Peabody M useum of Yale
lex les magiqw~s qui y sont gravés. Mais le costun1e et l'altitude sonl toujours 124 d'un Ptolémée au Musée de New Haven, en diorite noire, est.1m bon exemple University.
196 125. Alexandrie. Statue acéphale d'une du travaille plus remarquable de cette période par son modelé sensible, la 197
jeune femme debout. Époque ptolémaïque finesse de son poli el ses traits asymétriques. Cependant certains signes
(vers 300 av. J,-C.). Calcaire dur.
Haut. 50,2 cm. Alexandrie, montrenl déjà que les conventions du style de la XXXc dynastie sont appli-
Musée gréco-romain. quées par simple habitude; la sculpture en relief de l'époque en sera
rapidement victime.
L'effigie presque contemporaine de la reine Arsinoé II à Leningrad est
l'exemple le plus complet de statues de reines de cette période; c'est auss i
l' un des chefs-d'œuvre de l'art ptolémaïque. La sculpture et le fini de la
dure pierre noire sont parfaits et ne craignent pas la comparaison avec
ceux des statues des Divines Adoratrices d'Amon. Les zones non polies :
cheveux et contenu de la corne d'abondance, donnent à la surface de la
statue des textures variées, un avantage qu'accroîtrait la restauration des
yeux incrustés malheureusement perdus. Les traits sont suffisamment
personnalisés pour suggérer que c'est un portrait idéalisé. La conception
et l'exécution de cette œuvre sont typiques .du style égyptien; seule la
corne d'abondance, tenue dans la main gauche pour contrebalancer la
croix ansée dans la dextre, révèle une concession aux adorateurs grecs
d'une reine divinisée.
Une autre caractéristique de l'art ptolémaïque est la grande sensualité
des formes féminines sous-jacentes. L'érotisme dans l'art égyptien a com-
mencé dès la période amarnienne, peut-être même plus tôt, mais à l'époque
ptolémaïque il s'exprime sans équivoque. Cette manifestation est sans doute
liée à l'apparition dans les idées religieuses d'un érotisme provenant des
cultes asiatiques; elle est particulièrement mise en évidence dans le culte
d'Isis, qui devait pendant des siècles se répandre à travers l'ensemble du
monde romain. Arsinoé II est déjà une manifestation d'Isis, elle annonce
Cléopâtre VII.
On retrouve le même traitement des formes féminines dans une statue
125 semblable bien qu'acéphale, en calcaire dur, qui a été trouvée à Alexandrie.
Tou tes les zones érotiques ont été explicitement mises en valeur; le Lrait
au-dessus des chevilles révèle que la femme devait porter un vêtement bien 126. Tête d'une statuette d'homme
inconnu. Époque ptolémaïque
ajusté. Le sculpteur de cette œuvre a pu être encouragé à accentuer de (vers 200 av. ].-C.). Schiste. Haut. 9,5 cm.
fa çon idéaliste le modelé plastique des formes féminines par des statues Lisbonne, Fondation Gulbenkian.
alexandrines de même époque représentant Aphrodite; mais elle est rigou- 127. A lexandrie(?). Tête d'une statue 199
d'homme inconnu, dite << Tête verte>>.
reusem.ent sculptée d>après les conventions égyptiennes qu i remontent à la
Époque p tolémaïque (vers 75 av. f, -C. ).
statuaire de la IVe dynastie. En même temps, la fraîcheur et la personnalité Schiste. H aut. 21,5 cm. Berlin, Staatliche
en font un exemple précoce du style érotique ptolémaïque avant que celui- Museen, Agyptisches Museum.

ci ne se trouve rapidement réduit à une copie fastidieuse.


Les Ptolémées, en bons Hellèn es, fir ent réaliser leurs statues par des
sculpte urs grecs pour les ériger dans des sites grecs. Les Égyptiens avaien t
leurs propres traditions de longue date pour sculpter des statues suivant des
principes différen ts qui faisaient indissolublement partie de leurs convictions
religieuses. Les deux écoles de sculpture n'avaient que très peu de points
communs ct ne pouvaient se confondre sans la destruction préalable de la
religion égyptienne; cela n e se produisit que lorsque le christianisme chassa
to utes les croyances paiennes. La seule concession au milieu helléni stiq ue
des P tolémées est l'adjonction occasionnelle d'un emblème, d'un costume
ou tr ès r ar em ent d'un p ortrait gr ec à u n e statue d 'un type purem en t
traditionnel. L'effigie colossale en grani t d'un Ptolémée en provenance de
Karnak témoigne d' une tent.ative de greffer le style hellénistique sur le style
égyptien. Le corps de la statue est une interprétation conventionnelle d' un
phar aon clans la tradition classiq ue; le roi divin est représenté avec les attri-
bu ts particuliers de son costume : le shenr4yt, la coiffure e t l'urceus obliga-
toires. Seule la tête avec une fran ge de boucles d ébordan t du némès , les
yeux proém inents, les lèvres fièrem en t arrondies et le cou épais, répond
aux canons héro'lques de la sculp ture grecque fondée esscntieUement sur les
effigies d'Alexandre le Grand réalisées par Lysippe et son école. Des frag-
ments d'autres sta tues témoig·nant de ce style hybride se tro uvent à Yale et
au Caire.
La sculpture de personnes privées à l'époque ptolémaïque trahit une pré-
férence pour la statue-cube réduite à une forme stylisée ct pour l'effigie en
pied tenant un naos ou un emblème du d ieu. Il y a tou te une variété de ces
statues depuis l'image eorrec tement réalisée jusqu'à l'œuvre mal propor-
tionnée et des plus médiocres ; la partie la plus expressi1e de ces sculptures,
même dans le cas des exemples les plus mauvais, est la tête du modèle; elle
est souvent si caractéristique par ses détails phys iq ues qu'elle révèle une
129. Memphis. Tête colossale d'une statue 201
200 128. Alexandrie. Statue du prêtre
d'homme inconnu. Époque ptolémaïque
Horsahor debout. Époque ptolémaïque
(vers 45 av. ].-C.). Diorite. Haut. 41,4 cm.
(vers 40 av. ].-C.). Basalte. Haut. 83 cm.
New York, Brooklyn Museum.
Le Caire, Musée égyptien.

sculptée dans une pierre schisteuse d'un beau gra in. L'exploration tactile
des formes se voit dans le modelé du crâne rasé, le dessin presque décoratif
des rides au coin de l'œil, le lobe de l'oreille, la racine du n ez et la région
labio -nasale ; ce sont là des caractéristiques particulières à ce sculpteur
qu'on reLTouve dans une autre œuvre de toute éYidence de sa main, également
à Berlin.
Cette tête est généralement datée de l'époque saïte, mais B. V Bothmer a
fourni des arguments permettant de la ranger parmi les sculptures du
tentative du sculpteur pour réaliser un portrait «vrai» d'un individu particulier. siècle qui influencèrent l'art du porb·a it de la Rome républicaine; peut-être
1er

Une série de ces têtes-porlTaits, qui perdent souvent très peu à être séparées faut-il y Yoir la conséquence de l'extens ion du culte d'Isis; B. V Bothmer
de leurs corps, nous est parvenue. attire l'attention sur les points de similitude de cette tête et du buste de
Parmi ces exemples, la tête de Detroit en diorite noire est remarquable par Jules César sculpté dans une pierre égyptienne presqu e identique.
le modelé réaliste du visage plein, du crâne chauve, des lèvres charnues et Un exemple significatif de cette m ême tradition qui inspira les têtes -
du menton d'une personnalité dynamique. Par contraste, l.a tête Gulbenkian 126 portraits de la Rome républicaine se trouve être la statue en basa lte gris
en schiste vert représente un homme au physique vigoureux dont les sillons 128 d'Horsahor au Caire représenté dans l'attitude debout traditionnel le de la
reliant le nez aux lèues, la bouche triste et les yeux aux paupières lourdes sculpture égyptienne, le pied gauche en m·ant, et un pilier portant des
montrent la résignation et la désillusion de l'âge mûr. Cependant le plus inscriptions à l'arrière. Le costume comportant une chemise à manches
grand chef-d'œuvre de ces "pièces détachées" est la "Tête verte" de Berlin 127 courtes, un Yêtement ample et un châle à la Van Dyck es t commun à
202 130. Delta. Buste d'une statue de femme tradition. Ici les yeux grands ouverts, traités de façon décorative, ne sont 203
tenant une fleur de lotus. Époque qu'un élément d'une composition dont les durs contours des lèvres et les plis
ptolémaïque (vers 100 av. ].- C.). Granit.
Haut. 31 cm. Le Caire, Musée égyptien. de la peau donnent aux méplats du visage une stylisation géométrique
plutôt qu'un modelé réaliste. Cette tête annonce déjà l'abstraction du style
byzantin.
130 Une statue de femme, exemple rare dans la sculpture de Basse Époque,
est une œuvre qui préfigure le style expressionniste de l'art copte. Seuls sont
traditionnels l'attitude, le bras gauche replié au milieu elu corps et tenant
une fleur de lotus, et le pilier dorsal portant des inscriptions. Le visage
jeune non encore formé, dont les j oues et le menton charnus sont d'un
modelé hardi, est encadré d'une coiffure de tresses stylisées avec en contre-
point la frange d élicate de cheveux sur le front . L'effet global de cette
œuvre con traste n ettement avec celui des statues contemporaines d'hom -
mes mûrs dont le visage est ridé par l'âge et ravagé par les soucis. En fai t,
bien que ce fragment présente certaines affinités avec la statue de Takoushit
aux formes rebondies, il se situe totalemen t hors du temps. Comme une
jeune fille de Renoir, c'est une incarnation de la jeune féminité. Que cette
statue ait pu être réali sée à un moment si tardif est un hommage à la
vigueur et aux multiples ressources des sculpteurs égyptiens qui surent
maintenir leurs traditions jusqu'à la fin de l'antique civilisation pharaonique.

d'autres statues de ce dernier groupe. Le caractère individualisé du visage


aux grands ye ux, au menton proéminent, aux joues émaciées, est irrésistible.
Les yeux sous les sourcils touffus montrent déjà un certain regard grand
ouYert sur un autre monde de révélation qui devait deYenir le cen tre d'intérêt
dans les réalisations du début de l'art chrétien.
Une tête colossale d'homme en diorite noire au ·Musée de Brooklyn met 129
en core plus en valeur cette caractéristique; c'est le point final de cette même
CHAPITRE IV
Arts de métamorphose
par Christiane Desroches -Noblecourt

205

Pour la troisième fois, et en s'éloignant d'une longue période de grandeur


et d'action militaire, l'Égypte s'achemina progressivement vers la désagré-
gatio n d e son pom·oir central et de la coh ésion de sa légen daire unité
nationa le. Ces circonstan ces exercèrent-elles une influence déterminante
sur la production des ateliers de création artistiq ue, et la Troisième Période
Intermédiaire constitua -t- elle une no m·clle et radicale parenth èse d'où
n 'émergeront encore que des prod uctions m édiocres et archaïsantes simi-
laires à cell es des deux premières époques de tran sitionrecon n ues entre
Ancien et Moyen Emp ire, puis, durant l'occupation Hyksos, entre Moyen et
No lll el Empire P
I l semb le, au contraire, que le ph énomène ait été bien di fféren t, en Lout
cas pour ce qui concern e les arts de métamorph ose. L'artisan égyp tien
respecta la tradition dans un monde sans cesse m ouvan t, et son œu\Te
refléta bien peu les temps chaotiques qu'il traversa. Certes, on n 'a trouvé que
de très rares exemples de la statuaire con temporaine dans cette extraordi-
naire rése r·ve de sculptures - la célèbre cachette de Karnak - créée, à la
Basse Époque, par les p rêiTcs parce qu'i l n'y avait plus de place dans les lieux
saints pour les nouveaux témoignages pieux des pharaons ct de leurs plus
hauts fonctionnaires. C'est un fait que les ateliers des sculpteurs étaient
désertés. En revanche, les objets précieux, prm·enant aussi bien de la région
thébaine que de la nécropole royale des xxrc xxne
et dynas ties, témoi-
gnent, par leur splendeur el l'hab ileté extrême de leur facture en dépi t
d'u ne richesse moins grand e - , d 'un e tech nique au service d 'un trava il
soigné, soucieuse même d 'améliorer de n ouveaux procédés.
Pour la joaillerie ct l'orfènerie des mobiliers fun éraires royaux retrouvés
à 1à nis, un doute, néamnoins, subsiste. l\1is à part les masques d'or el les sar-
cophages d 'argen t - de même certains bij oux - , les pièces les plus belles et
les plu s ri ches dataient-elles d u Lemps des rois libyens et bubastites ? J:>ro-
131. Tanis. Tombeau de Psousennès 1". ,-enaicnt-elles plutôt des trésors des temples de la merveilleuse Yille de
Pendentif au scarabée ailé. XXI' dyn.
Pi-Ramsès (près de Qantir), capitale des Sethi et des Ramsès que les souYe-
Or, pierre noire, jaspe et feldspath.
Le Caire, M usée égyp tien. rains de Tanis et m ême de Bubastis (Osorkon Il) avaient pillée, comme il s
206 132. Étui à tablette de la Divine Adoratrice en m aient prélevé les obélisques, les statues et jusqu'aux cuves funéraires 207
d'Amon Chépénoupet Il, fille de Piankhy préparées pour certains des [il s du grand Ramsès P
(face et dos). XXV' dyn. Bronze niellé d'or
et d'argent. Haut. 14,2 cm. Paris, On ne peut en dire autant des objets précieux exécutés en bronze damas-
Musée du Louvre. quiné pour les Diùnes Adoratrices thébaines, Karomama, Chépénoupet et 132
leurs consœurs. Bien au contraire, on assiste à cette époque à l'améli ora-
tion d'un procédé apparu en Égypte dès le début du Nouvel Empire, et
qui avait acquis non seulement ses lettres de noblesse, mais bien plutôt ses
lettres de majesté, a\·ant même qu e les ateliers n e se sentent à nouveau
appuyés par la vigoureuse royauté kouchite installée à Thèbes, ou par les
rois saÏles rayonnant ens ui te sur le Della.
Les artisans n 'évi tèrent pas les emprunts à la grande époque histo-
rique qui venait de disparaître.Ajnsi, par exemple, les céramistes d'ateliers
cé lèbres, cornrne ceux d 'Hermopolis, fabriqua ient-ils à l'époque rames-
side d e charmants cali ces de fritte vemissée couleur turquoise, ou vert
feldspath , empruntant la forme d ' un lotus. Les détails de la fleur étaient
parfois signalés en relief ; on a mêrne trou vé des pièces où le décor - scène
de la vic privée - était peint au trait noir. Mais, dès la fin de la XXIe dynastie,
une abondante ornementation en relief reco uvrit désormais ce genre
de récip ient.
Ce sont préciséme nt ces œ uvres : coupes historiées, patères et ivoires 144-146
décorés, sorties des ateliers royaux égyptiens, puis des ateliers civils, dès
lors «vulgarisées» pour un plus grand nombre de propriétaires et véhicu-
lablcs par excellence, qui propagèrent l'art décoratif de cette époque hors
des frontières et dont on retrouva l'impact dans les thèmes iconograph iques
des patères syriennes et phénicienn es, ct sur les ivoires israélites ornant le
mobilier des rois de Samarie. Ces thèmes égypto-asiatiques furent ensuite
répandus dans le bassin méditerranéen.
La XXVc dynastie kouchite s'inspire des lignes et des motifs égyptiens les
plus classiques; puis les artisans qui exécutèrent la va isselle d'or d'Aspelta
exaltèrent encore les formes élancées des derniers Lemps ramessides. Ces
orfèvres thébains et aussi les ébénistes du Delta n 'avaient certainement pas
déméri té de leurs devanciers :ils con tinuaient sans aucun doute à exercer
une technique parfaite, favorisée par les instants de paix dus à la fermeté des
208 rois éthiopiens. Aussi, lorsque l'Assyrien Assarhaddon chassa Taharqa de des défunts était progressivement remplacée par celle, moulée dans le bronze, 209

Memphis (en 671 ), il s'empara du trésor du palais. Il fit plus, ainsi que nous du dieu dont le mort implorait la protection. De même, à la stèle de pierre,
l'apprend son inscription du Nahr el-Kelb (près de Beyrouth) : il déporta dans souvent déposée dans le sanctuaire d'Osiris ou devant la tombe, succé-
son pays orfèvres et ébénis tes égyp tiens, soulignant: par cela même qu'ils daient de petites stèles de bois, peintes de cou leurs charmantes et formant
étaient supérieurs à ce ux de sa race par le raffinement de leur travail et souvent l'unique décor des chapelles. Cependant, dès la XXVIe dynastie,
l'é légan ce de leur style. les tombes retrouvées dans les oasis (celle de Bahriah, par exem ple) réYè -
Ainsi donc, jusqu 'à la fin des dynasties indigènes et la conquête len t l'uti lisation de nouvelles couleurs pâles :le rose, le bleu et le vert qui
d 'Alexandre en 332, le génie artistique des riverains du Nil était tel qu'il annoncent les tonalités déco uvertes dans le fameux tombeau de Pétosiris
écarta toute attraction pour des influences étrangères durables dans le (contemporain de l'arrivée d'Alexandre) et qui écla irai ent les œuvres alexan-
domaine des formes et des ornementations. Rien ne subsiste réellement, drines et ptolémaïqu es de l'Égypte proprement dite, dep uis les re liefs
dans les arts décoratifs égyptiens, de la brève occupation assyrienne, et, à des temples, les peintures des chap elles funéraires jusqu'aux statuettes
l'exception de points de détail qui seront signalés à le ur place dans les polychromes.
d ivers chapitres de cette étude, on p e ut cons idérer qu'il en est virtuelle- Mais si l'on ,·eut parler de fusion réelle entre les motifs propres à l'art
m ent de même en ce qui concerne la domination perse, certes beaucoup des envahisseurs et ceux du pays d 'Égyp te, on n' en trouve r éellement:
plus longue : de 485 à 404, puis, pour une brève réocc upation , en 341. Il en pas d'exemple certain. L'approche h ellénique était trop diamétralement
ira tout diffëremment pour les arts de métamorphose, dès que l'on aborde opposée à celle de la vieille terre des Pharaons. Pour de très rares cas - dans
la période h ellénistique. le tombeau de Pétosiris, par exemple - , des formes purement grecques et des
Durant la "renaissance" saïte - préparée par les rois kouchites, très thèmes égyptiens sont juxtaposés. Essai sans lendemain. Les Yieux motifs,
imprégnés des traditions de l'Ancien Empire comme de l' héritage rames- en lente évolution , reprennent le dessus et achèvent leur carrière en un e
side et profondément attachés à la rel igion amonienne - ,s i un air de grâce agonie jusque sur les rives du Nil nubien que Byza nce s'efforça de convertir.
et un certain dépouillement intellectuel avaient différencié les œ u vres des Simultanément, dans l'Égypte métropol itaine, les seigneurs, notables et
prototypes antérieurs dont elles semblent procéder, on doit attribuer ce fonctionnaires, enfin gagnés au charm e exotique du décor gréco -romain, se
phénomène plutôt à une éYolution bien compréhensible du style et de son meublaient, se paraient et s'habillaient à la mode étrangère, utilisaient vais-
inspiration religieuse qu'au seul co ntact avec les Grecs des colonies de selle et ustensiles que leurs conquérants avaient in troduits avec eux :dans les
commerçants et les lettrés attirés par la science et la pensée du pays, ou temples, les derniers reliefs, les dem ières statues et les ultimes inscriptions
encore les mercenaires casernés dans le Delta occidental ou à Memphis. Ils hiéroglyphiques prolongeaient un message accessible aux seuls et rares
avaient plus à apprendre des Égyptiens qu'ils ne pouvaient le ur donner. prêtres - en définitive nincus par les vicaires du christianisme naissant.
Cependant, si l'on peut déceler certaines influ ences mineures, c'est bien
dans les arts qui ornent l'existence journalière :meubles, bijoux, vaisselle, Sceaux, scarabées et scaraboides
vêtements, mais non pas dans les objets rituels soumis à un décor qui devait 133-136 Les orfèvres continuaient à monter en chaton de bague, pour le doigt de
se co nformer à la tradition. Pourtant le style de vie, la pensée religieuse l'Égyp tien, le scarabée-sceau nécessaire, durant son existence, pour appo -
évoluaient lentement. Ai nsi saisit-on, par l'affluence de statuettes en bronze ser sa marque sur les récipients ou coffrets à sceller, et qui ornait la main
des divers aspects du divin, munies de dédicaces, que l'image plastique de sa momie pour son voyage d 'éternité. Une petite tige traversait le corps
210 133-136. Quatre sceaux montés en bagues du coléoptère sculpté dans un schiste vert sombre ou un calcaire glaçuré, 211
ou cachets d 'investiture. XXVI' dy n.
ou encore fait de fritte égaleme nt glaçurée ble u turqu oise clair, la plupart:
Or. Larg. du plat: env. 3 cm.
Paris, Musée du Louvre. du temps. Le scarabée form ai t toujours le chaton pi vo tant et dépassait
rarement: la longueur d'un centimètre ct demi ; sa hauteur n 'atteignait pas
même le centimètre. L'empreinte du sceau de son " p lal n continuait à être
appliquée, en général, sur une pastill e de te rre sigill aire sous laquell e
étai ent: pris les liens qu i main tenaient entre eux les battants et couvercles
des réceptacles.
Nature llement, le type du ~ouYe l Emp ire évo lua progressiYem ent par
certains détails, ce q ui permet d'en reconnaître la date d'exécution. D 'abor·d
la forme m ême en fut modifiée. En un premier temps, le p rofî l : le thorax
n'est plu s renflé, comme au Nom·el Empire, en un e bosse proéminente à
l'avant. Peu à peu, la ligne s' harmonise en une courbe régulière du c!tjJeus à
la pointe des élytres. Les pattes, de côté, ne sont plus toujours nen ·eusement
détachées, mais fon t, la plupart du temps, corps entre elles et avec leur
base. Des trai ts en triangle rappellent leur séparation , et un trait horizontal
fi gure le socle. Certains modè les font pourtant exception à cette r ègle
et d emeure nt fidèles au type raffiné du Nouve l E mpire. À partir de la
XXV< dynasLie, le profi l du scarabée-sceau peut être Lrès arrond i, ramassé
sur lui-même, el sa couleur tourne parfois au bleu lapis clair; déjà utilisé sous
le règne d'Aménophis III. À la fin des dynasties indigènes, il peut présenter
un profil sans relief, alors qu'aux époques hellénistique et romaine il reprend
des forrn es exagérément pleines et peut être taillé dans des pierres nobles,
le grenat: par exemp le.
Quant au p lat du sceau , les plus officiels portent les car touches jumelés
des rois contemporains, nom de naissance et nom de couronnement. Entow·é
d' urœus, de quelques signes prophylactiques ou des motifs Yégétaux clas-
siques, un cartouche peut parfo is être re présenté se ul et conte nir en un
jeu d'écriture cryptographique le nom d'Amon . À l'époque saïte apparurent
aussi les noms de rois de la JVc et de la V< dyn astie, rappel des lo intains
ancêtres du temps desquels, au reste, il ne semble pas que ces sceaux par·
ticuliers aient jamais existé. On trouve en core, figurées au p lat des scm·a-
bées, des images magiques d 'an imaux ou d'anmlettes destinées à chasser le
l.

212 mauvais œil: crocodiles, scorpions, ibex maîtrisés ou se n eutralisant en tre 137. Coffre «de rangement >> à pieds, 213
eux, main de protecLion , petit di eu Bès, eLc. Les scarabées de cœur, qui fon t 131 à deux portes et ouvert sur le dessus,
en forme de pylône de temple. Époque
partie de l'équipement fun éraire, sont souvent traités avec leurs de ux paLLes gréco-romaine. Bois. Haut. 50 cm.
antérieures très dégagées, à l' image du scarabée «naturaliste" . A l'époque Paris, Musée du Louvre.
h ellénistique et romaine, le cachet esL presque régulièrement orné d'une
scène mythologique ou d'une image divine.
Dès l'é poqu e saïte, le sceau pe ut. également pre ndre la form e d ' un e
bague en argent ou en o r ma ss if, a u lar ge e l lourd ch ato n ovale, très
proéminent, sur lequel sont gravés les tilres et le nom de son propriétaire.
Il était remis solennellement à son nouveau titulaire le jour de son in ves -
ti Lure ct constituait bien une marque de grande estime propre à inspirer
le respect et l'admiration de tous, nous signalent les textes. Les Égyptiens
prirent aussi l'habitud e, à cette époque, de fabriquer des bagues -sceaux
au chaton d émesuréme nt allongé, en frille glaçur·ée ble u turquoise vif,
sur lesquelles ils faisai ent figurer en creux le nom de leur patron divin,
tel ce cachet conservé au Mu sée du Louvre, dont. le chaton courbe denit
recouvrir trois doigLs, au nom de Khonsou-em-Ouasct Nefe rhotep.

Meubles el ébénisterie
Peu de me ubles nous sont parvenus de cette p ériode de la civilisation 137
égyptienne, car les sépultures retrouvées intactes sont extrêmement rares.
Mais on peut cependant juger, d 'après les tombeaux d es rois des XXJe
et XXlle dynasti es, exhumés à Tanis, que les "trésors funéraires,, même
r·oyaux, ne présenta ient plus la rich esse de ceux des époques précéden tes:
l'aspect funéraire se résumait aux objets rituels essentiels. Nous ne pouvons
donc nous imaginer le trône et les coffres d' un P sousennès, d'un Piankhy, épousant l'arrièr e d u siège. Une variante (toujours d'après les bron zes
d'un Psammétique ou d'un Nectan ébo que par les représentations figurées de la collection Fouquet, actu ellement conservés au Musée de Berlin)
sur les reliefs, les stèles ou les rares peintures subsistant encore, et aussi présente la partie inférieure du siège à l'image des corps stylisés de deux
par des petits groupes en bronze où la divinité est assise en majesté. D'après lions à l'arrêt, pattes avan t jointes, celles d'arrière tendues, la queue enroulée
ces figuration s, le trône pouvait être fait d'un caisson à trois parois, b ordé conLre les pattes situées des deux côtés extérieurs du siège. Les griffes sont
au sommet d'une corniche; à l'arrière, le vautour aux ailes tombantes domi- posées sur des sab ots. E nfin, le dossier et l'amorce d'accotoir sont form és
nant le caisson servait de doss ier surélevé. Ce siège étai t posé sur deux par l'image d'un vautour dressé sur ses pattes, les ailes tendues vers l'avant,
images de !iollS passant, les pattes placées sur l'estrade, ct la qu eu e redressée dans l'attitu de de la protection, la tête d ominant n ettement le siège.
214 Parmi tous les vestiges, on note, pour ces époques, l'utilisation , surtout parfois composés d ' une statuette de Nubienne ou d'Égyptienne nue, aux 2 15

entre les xxe et XXVIe dynasties, des bois de cèdre, de cyprès, de syco- pieds joints (Musée du Louvre), ou encore d' images de lions sur leu r séant
more et de tamaris. Naturellement, les trôn es devaient être plaqués d'or, et (Musée de Brooklyn). Il arrive que le tabouret soit constitué d'un caisson
les motifs décoratifs incrustés de pâtes de verre ou encore d 'appliques ajouré aux pieds formant un cadre géométrique. Le système de renforce-
d'ivoire. Un exemple extrêmement élégant de ce type, remontant à l'époque ment des pieds était conçu pour imiter une palme styl isée, traversée de
d'Apriès, est constitué par une haute fleur de lotus en ivoire :syn thèse de croisillons (re lief de Tchanefer, Musée d'Alexandrie). Enfin, les pieds des
la fl eur d ' un e grande pureté mais empreinte d'une certaine froideu r sièges pouvaient être tournés. Les premiers exemples - timides - de cette
dépouillée de tout détail superflu (Musée d'Édimbourg). techn ique étaient apparus dès la XVIIIe dy nastie (l'extrémi té infé ri eure
La chaise traditionnelle, à la forme élégante atteinte au Nouvel E mpire, cintrée et annelée). Mais, à l'époque ptolémaïque, ce souvenir des pieds de
subit une lente évolution seulement pendant les ne uf dernières dynasties meuble assyriens est repris, en plus raffiné, et durant l'occupation romaine
indigènes. Là où elle est figurée, depuis les tombeaux th ébains saïtes il s'affirme ct sc répand. Cette tradilion réappa raîtra en France duranl le
jusqu'à celui de Pétosiris à Hermopolis, on constate que les pieds sont dernie r tiers du XL\ c siècle.
toujours à l'imitation de pattes de lion, mais les pattes arrière sont campées 82 Les lits funéraires sont toujours fab riqués à l' image des corps très étirés
beaucoup plus en biais, s'alignant sur le profil des pattes arrière des sièges de deux lion s, la queue redressée en une haute courbe. Les plus soignés
- ou des lits - form és de corps de lion. Pour les plus tardives, en tre le sont munis d 'une tête en bronze, finement r eprise au burin. Naturelle-
siège et le barreau de r enforcement, un double croisillon flanque une ment, le lit du grand prêtre P étosiris (relief de sa chapelle funéraire à
barre verticale centrale. Le dossie r, court et très galbé, épouse la form e Achmo unein) évoque une fo rme semblable. Cependant, les pattes sont
du séant. Enfin, les pieds sont posés sur de volumineuses bases tronco- posées sur d es socles évasés et volumin eux. De plus, une galeri e ajourée
niques. Tel se présen te le siège de Pétosiris. Sur une stèle d u Musée de devait entourer et protéger la momie placée su r· le sommier, le chef e ntre
Brooklyn, dédiée par un prêtre d e la seconde moitié de l'époque ptolé- les deux têtes de lion. Enfin, à une époque où l'Égyptien s'efforçait, sans
maïque, une chaise analogue, mais plus profonde, possède deux pieds lendemain, d 'adopter les motifs ioniens, le décor fut complété au sommet
arrière véritablement obliques, et les griffes animales sont exagérément par l'image plastique de deux sphinx unicornes. Cc type de lit, muni
allongées. Il semblerait que l'on puisse, dans cet exemple, déceler l'influence d'une galerie ajourée et même recouverte d'un plafond à claire -voie, est
de la chaise gr ecque, dont l' allure est rappelée par le style Regency très typ ique de la Basse É poque (Musée du Caire). Le complém ent de ce
britannique (tout comme le meuble égyptien classique a influencé les li t funéraire, le chevet, fut aussi façonné pour Pétosiris :un simpl e pied
ébénistes parisien s au retour d 'Égypte). Il faut cependant noter une dif- vertical, flanqué de deux colonnettes papyriformes - évoquant le passage
férence fondamentale : l'Égyptien deme ure fidèle à la logique du décor- dans le marécage primordial - , soutenait le cintre qui devait être placé
symbole, qui évoque le corps d e l'animal-véhi cu le; les pieds -pattes sous la tête du défunt.
demeurent donc tournés dans le m ême sens (alors que le Grec plaçait les Beaucoup de petits coffre ts, aux form es géomé triques, aux montants
pattes deux à deux en directions opposées). saillants, aux incrustati ons en bâlonne ts contrariés, possé d aient d es 138. Tounah el-Gebel (près d'H ermopolis).
137, couvercles plats. Mais le meuble le plus volu mine ux é tait une sorte de Tombeau de Pétosiris, vestibule :
Les tabourets pouvaient également être faits de deux corps de lion, comme
détail d'un artisan travaillant le bois.
les trônes ou les lits étirés; on remarque, pour toute la période étudiée, une 187 coffre à portes et à couvercle rappelant un meuble à h auts pieds déjà Vers 330 av. ]. -C. Calcaire coquillier
assez pauvre variété de décor. À la xxve dynastie, les pieds de meuble sont présent clans le trésor des beaux -parents d'Aménophis III, ou dans celui stuqué et peint.
216 21 7

de Toutankhamon. Cep endant, les quatre pieds de ces meubles étaient


presq ue ou absolument verticaux, alors que le meuble «de rangemen t "
qui appar aît à la Basse Époque, et d ont de ux exemples remontent aux
temps gréco -romains (au Louvre et au Ca ire, provenant d e Hawara),
possède des pieds plus courts et fixés obliquement, évasant leurs angles
vers le sol. Tous deux dominés d 'un e cornich e enserrant un couvercl e
doubl e, leur cadre présente un peu le profil d 'un pylône de temple. Le
corps du coffre est m uni à la partie inférieur·e de de ux por les fermées par
des verro us-loquets de bois.
Restent encore les guéridons. On avai t déjà constaté la présence, au Nouvel
139-140. Qustul. Détails d'un panneau
Emp ire, d e certain es sellettes, suppor ts de récipients aux pied s galbés de coffre décoré de figurines féminines
(British Museum). Cette forme connut une grande faveu r à l'époque hellé- dans des niches séparées par des pam pres.
IV" siècle apr. ].-C. Bois incrusté d'ivoire.
nistique el se trad uisit par des guéridons à trois pieds à col de cygne domi- Haut. totale : 1,10 m. Le Caire,
nant des pattes de gri ffon. Les Égyptiens des périodes les plus tard ives les Musée égyptien.
218 adoptèrent et introduisirent ainsi dans leur mobilier des types en bo is, ou 219

en bronze, parfailemen t grecs (trésor de Ballana ct Qustul). Les artisans de


Pétosiris achevaient même dans les ateliers du maître des supports, vérita- 138,
bles "pièces montées" où le lis, les protomes de cheval et un gén ie ail é 187
évoquaient le goût nouveau.

Travail de l'ivoire
L' ivoire conlinua à êlre ulilisé pour l'ornementation des m eubl es de
toute espèce. C'est, évidemment, lorsque cette matière des objets de petite?
dimensions parut que le talent des artisans transforma les p laquettes déco-
ratives en chefs -d'œmTe. L'étui à miroir de la reine Henout-taouy, épouse
d e Pinedjem 1"'·, en est un exemple célèbre. L'ivoire est fixé sur le bois de
sycomore par un enduit de stu c et est teinté afin de rehausser le décor
gravé qui figure, à l'endroit du manch e, la jeune femme parée de bijoux
et coiffëe de lotus; tenant d'une main un bouquet monté, de l'autre elle
soutient une sor te de fiole à bouchon en forme de fleur. Sous ses pieds, un
dernier registre décoré de papyrus flanqu és d'oiseaux rappelle un motif ana-
logue qui s'é panouit gracieusem en t au somm e t de la boîte d estinée à
abriter le miroir. Rien ne semble avoir changé depuis l'idyllique période
amarnienne, si bien q ue l'on se demande si cet obj et, tro uvé maintenu
dans les bandelettes mom ifiant: la reine, dans sa cachette de Deir el-Bahari,
n'est pas seulement un emprunt des rois-p rêtTes à un trésor royal antérieur.
Un style bien différent est présen té par les panneaux d' ivoire sculp té
provenant d'un coffret de la XXVJe dynas tie ct conservé à la Fondation
Gulbenkian de Lisbonne (ancienne collection MacGregor). D'élégantes fleurs
de papyrus forment, par groupes de trois, le paysage aquatique devant: lequel
défilent des porteurs d'offrandes dans un style repris de l'Ancien Empire.
Mais aussi bien la souplesse de leur mouvement que la grâce des animaux de 139-140 Bien au -delà des temps pharaoniques, les petites plaques d'ivoire conti-
l'offrand e qui les suivent ou qu' ils tiennen t, ainsi que le déta il raffiné des nuèrent à être utilisées dans l'ébénisterie. Du temps où les trib us Blemmyes,
corbeilles et: des paniers transportés, tout nous indique le style saïte dans face à une Égypte christianisée, se faisaient enterrer dans des tumulus au Sud 141. Tell M oqdam. Pectoral en form e de
sa pureté et son charme le plus précieux. Les vestiges de couleur verte d'Abou Simbel, on déposait dans leur mobilier funéraire (à côté de leurs génie criocéphale sortan t d' une fleur de
lotus, adoré par les déesses Hathor et
rehaussant les reliefs transportent celui qui contemple cette œuvre d 'une bijoux barbares, des cadeaux des empereurs byzantins et des trésors hellé- lapis-lazuli.
Maât. XXII' dy n. Or, argent,
extrême délicatesse dans un monde bucolique exprimé avec bonheur. nistiques, fruits de leurs razzias) des coffres plaqués et incrustés de morceaux Haut. 11,7 cm. Le Caire, M usée égyptien.
220 142. Tanis. Masque funéraire
d'Oundjebaou-en-djed, compagnon
d'armes de Psousennès rer. XXI' dyn.
Or. Le Caire, Musée égyptien.

143. Triade d'Osorkon II : Isis et Horus


debout protégeant de leurs mains Osiris
accroupi. XXII' dyn. Or et lapis-lazuli.
Haut. 9 cm. Paris, Musée du Louvre.

d'ivoire gravés de motifs abâtardis rappelant cependant les thèmes décoratifs


des reliefs et des tissus d'une Égypte acquise à une nouvelle expression
de sa foi.

Bijoutiers et otjèvres
Sans la remarquable découverte des sépultures royales de Tanis par
P. Montet, nous livrant les trésors des rois des XXIe et XXIIe dynasties,
nous n'aurions jamais pu connaître les derniers éclats de somptuosité des
pharaons. Certes la qualité et la quantité ne p euvent rivaliser avec l' extraor-
dinaire ensemble de Toutankhamon, mais colliers, p ectora ux et bracelets
constituent encor e de fastueux jalons dans l'histoire de la joaillerie
pharaonique. L'objet le plus remarquable est b ien le plus lourd des
quatre colliers de Psousennès. Primi tivement, sept lourdes rangées
d'anneaux d 'or, enfilés par milliers sur des bourrelets de textile, étaient
réunies à un fe rmoir aux cartouches du roi (double face, et incrusté de
lapis-lazuli d'un côté). De ce dernier pendait, en un riche contrepoids qui
complétait cette" toison d'or», un enchevêtremen t de chaînettes dont
chaque section, terminée par une clochette, était le point de départ de
deux autres chaîne ttes de longueur irrégulière, si bien que, de vingt
anneaux, on aboutissait à plus d'une centaine de fleurettes tombant dans
le dos en une chute aussi plaisante que musicale. Lorsque l'on songe aux
rigueurs du contrôle de l'or (de Kouch) à cette époque, après l'inflation des
144. Tanis. Détail de la patère aux 223
nageuses d'Oundjebaou-en -djed,
compagnon d'armes de Psousennès l".
XXI' dyn. Or, argent, émail cloisonné.
Diam. 18,2 cm. Le Caire, Musée égyptien.
145-146. Tanis. Coupe et vase à long col 225
224
de Psousennès l" terminés en forme de
calice floral. XXI' dyn. Or. Haut. coupe
et vase: 21,4 et 38 cm. Le Caire,
Musée égyptien.

147-149. Colliers à médaillons. Époque


gréco-romaine. Or. Paris, Musée du Louvre.

derniers temps ramessides, on demeure confondu devant la richesse de ces


parures (le plus petit des colliers à clochettes de Psousennès pèse 8 640 g).
Ces colliers ressemblent en tout cas aux parures qui entouraient le co u
du bélier d'Amon placé à la proue de la barque du dieu : avaient-elles
aussi été pillées dans les temples de Pi-Ramsès? Cepeudant, les clochettes
sont typiques de cette époque, puisqu'on les retrouve sur le petit collier
de Pinedjem conservé au Lo uvre, ou sur son bracelet (Le Caire). Tous les
autres bijoux funéraires des rois de Tanis étaient marqués de mo ins
d 'originalité et présentaient, en une technique moins soignée également,
le décor des joyaux de Toutankhamon ; l'image du scarabée y dominait,
ou encore celle du vautour, tel qu'il prêta sa silho uette au gorgerin
d 'Osorkon III ( ?). Ce dernier, toutefois, n 'est pas articulé comme celui
de Toutankhamon ; de plus, le vautour tourne la tête dans le sens opposé
à son orientation habituelle. Un bracelet sort aussi de l'ordinaire :quatre
cartouch es aux noms de Psousennès relient des groupes de cinq sortes de
croissants articulés, en or et lapis alternés.
D'autres bracelets de Psousennès possèdent comme ornement essentiel
l'image du scarabée monume111"al de lapis-lazuli. Si l'on n e peut évoq uer
les bijoux du grand Sheshonq, celui-là même qui s'empara des boucliers
d 'or jad is consacrés par Salomon dans le temple de Jérusalem, les joyaux
conservés de ses héritiers (pectoral de S heshonq-Hekakheper rê au Caire)
nous montrent des déesses p térop hores protégeant le disque solaire dans
226 150. Tell Tmaï. Coupe à godrons formés 227
de fleurs stylisées. Époque ptolémaïque.
Argent. Diam. 10,9 cm. Le Caire,
Musée égyptien.

sa barque, en un mélange harmonieu x de matériaux précieux , d ' or,


de lapis historié ct de cornaline. Le pectoral de Tell Moqdam (où le lapis 141
porte l' image taillée d 'un génie criocéphale), ou bi en encore l' ins ign e (de S heshonq II ?) atteste un plus ample usage de ce métal si rare auparavant
d u prêtre de Khnoum conservé au Louvre, illustrent des bijoux du même et que les rapports de l'Égypte avec les pays du Nord-Est avaient rendu
type. L' inspiratio n du No uve l Empire apparaît encor e dan s .la cé lèbre plus accessible aux trésors des pharaons.
triade d ' Osorkon II, en or et lapis, au Musée du Louvre : Tsis et Horus, 143 L'orfèvrerie traduisait les lign es générales affirmées par la b ijouterie :
debout, protègent de leurs mains la silhouette d 'Osiris acc roupi. Le modelé continuité des formes des dynasties ramessides, au décor parfois foui llé,
des fin es statuettes d 'or et l'équilibre d e la composition témoignent et parallèlement simplicité des élégan ts contours. La con tem plation de
de l'élégance et de la rare pureté de l'or fèu eri e des dynasties libyenn e 144 la patèr e aux n ageuses d ' Oun dj ebaou -en- dj ed, où l'or et l'argent fo nt
et bubastite. respectivemen t valoir la ronde des jeunes nageuses et la rosace centrale
La n écropole de Tanis a prom·é que les souverains de cette période de cloison n ée, incite au r ap proch emen t avec la patère d e Zagazig d e la
transition et leurs familiers - possédaient toujours des masques funéraires p. 3, XIXe dynastie (Le Caire) de la sé rie des prototypes égyptiens d es bo ls
en or massif, tels ceux de Psousennès Jer o u de son compagnon d 'armes 175 de m étal, repris par les Phén iciens ju sque sur leurs ivoires. Quant: au
Oundjebaou-en -djed, ou encore celui de Sheshonq II, aux visages néan- 142 146 support élancé d'argent nacré, ou au bassin et vase d'or au col si fin terminé
moins ciselés avec moins d'acuité et de force que celui de Toutankhamon, en calice fl oral, leu r lign e tr ès sobre p or te la marq ue des meilleures
le glorieux témoin de la fin de la XVIII" dynastie. productions de l'époque qui influencèrent encore les formes de la vaisselle
151. Ballana et Qustul. Couronne
Ces reliques royales des XXIe et XXIIe dynasties contenaient encore une d 'or du r oi kou chite Aspelt:a trouvée à Nap ata, plus r écente pourtant surmontée d'uraei ailés. A rgent et fer,
considérable quan tité d ' ar gent, dont le sarcophage à tête d e faucon de cin q cen ts années. pierres. Le Caire, M usée égyptien.
1

228 D' une extrême habileté, les orfèucs "éthiopiens " de la XXVe dynastie 229
ciselaient avec bonheur les deux serpents d'm qu i rappelaient: au front de
leurs souve rains les deux royautés réunies du Soudan et d 'Égypte, de même
que les têtes typiques de béliers qui ornaient leurs pendentifs.
À l'époque saïte commencen t à poindre les motifs hellénisés qui mar-
quent d' un e élégance exotique les pures et fortes lignes d u style égyptien.
Cette grâce toute de légèreté est: ainsi rappelée par une anse à palmette
(Musée de Boston) trouvée à Daphnae (Tell Defenneh), forteresse où
Psammétique re• avait installé ses mercenaires ioniens et cariens: la poignée
d'or très géométrique semble surgir de deux motifs floraux en éYentail
jaillissant d 'un petit chapiteau ionique.
À la fin des dynasties indigènes, lo rsque la domination perse fait de
l'Égypte une satrapie, l'influence de l'occupant pénètre d.iscrètement dans
la joaillerie, et certains colliers et: boucles d'oreilles sont marqués de fins
protorncs de taureau ou de bouquetin ciselés dans l'or. Dès la période hel-
lénistique suivante, puis sous la domination romaine, la parure des hommes
et des femmes d 'Égypte est gagnée par le goût contemporain , et les fines
chaînettes ornées de petites pendeloques aux mulljples détails retrouvées sur 147-149
les bijoux grecs et romains de cette époque, les bracelets ct les bagues aux
palmettes et aux Éros, puis ceux "aux serpents " de Cléopâtre, enfin ceux faits
de rubans plats d'or entrecroisés des contemporains des Auguste et Tibère
fo nl le ur apparition dans la m étropole. Dans le même tem ps les formes
fidèles au canon pharaonique sont seulement respectées dans les orne - 151
ment:s tnditionnels des derniers p rêtres du culte millénaire, dans les mobi-
152. Amulette en forme de chatte de liers funéraires à l'aspect abâtard.i du lointain Soudan méroïtique, ou encore
la déesse Bastet. XXI' -XXII' dyn. chez les Blemmyes, derniers zélateurs d 'Amon et d'Isis au moment où
Bronze damasquiné d'or. Hau t. 4 cm.
l'Égypte se chri stianise.
Paris, Musée du Louvre.
La vaisselle précieuse d'offrande est également gagnée par les formes
153. Karnak. Partie supérieure de la étrangères voisines :la chapelle fun éraire de Pétosiris nous permet encore
Divine Adoratrice d'Amon Karomama,
debout, vue de dos, portant le gorgerin d'admirer, dans ses reliefs peints, les images de magnifiques récipients à
à contrepoids (ménat, cf. fig. 92). godrons floraux, ou de rhytons que les trésors de l'époque ont lin·és ciselés
XXII' dyn. (vers 850 av. ]. -C.). Bronze
dans l'or et l'argent (Musée du Caire). On retrouve plus de nuance pour la
damasquiné d'or et d'argent. H aut. totale :
59 cm. Paris, M usée du Louvre. composition de l'équipement rituel du mort:, tel ce petit trésor funéraire
230 d'Hermopolis (Musée du Louvre) composé de quatre rares pièces d'orfèvrerie
154. Ballana et Qustul. Brûle-parfum en 23 1
d'or et d'argent dont nous reparlerons. forme de lion à demi dressé sur ses pattes
arrière. Bronze. Le Caire, Musée égyptien.
Les bronziers et les ferronniers
Ils constituent assurément l'artisanat le plus original et le plus déve- 91 -93,
loppé à cette époque. Dès lors l'affluence de statuettes, souvent de bronze 152,216
damasquiné, d 'éléments de m eubles (pieds, cornières, etc. ), d ' obj ets
rituels, de boîtes et d'étuis précieux, est considérable, et la qualité des 132
productions exceptionnelle. Le Louvre possède, entre autres, deux glo-
rieux exemples de cette technique, dont la statuette de l'" épouse divine
d'Amon" Karomama, dédiée par son majordome (à ne pas confondre avec 92, 153
la reine du m ême nom, femme de Takelot II), ramen ée d'Égypte par
Champollion, qui en fit l'acquisition à Thèbes en 1828. Par sa beauté, son
élégance, le raffinement du traité, ell e domine toutes les statuettes de
bronze exécutées à la cire perdue de cette époque, bien que la statuette
d'Osorkon Jer trouvée à Tell el-Yahoudieh , ou celle d e Pétoubastis, 91
fragmentaire, conservée à la Fondation Gulbenkian de Lisbonne (dont la
haute ur devait être d'environ 1,20 rn), constituent également les témoi-
gnages d'œ uvres admirables, incrustées d'or ou d'argent On a peine à
imaginer l'élégante et svelte Karomama relativement contemporaine de la
dame Takoushit (Athènes), dont la statuette trop potelée, au visage presque
boursouflé, présentait peut-être le type de plastique apprécié dans le
Delta. Cependant, pour l'une et l'autre, les incrustations composant, en
or et en argent, les détails de l'admirable gorgerin et de la robe emplumée
de Karomama, ou celles, d'argent, qui habillent d'emblèmes et d'images
divines le corps de Takoushit, sont d'une qualité égale et parfaite, durant
cette" anarchie libyenn e» où jusqu'à cinq roitelets en viennent à régner
simultanément!
xxve
L'autre trésor illustrant cette technique, mais exécuté sous la dynastie,
est le célèbre étui de l'" épouse divine d'Amon" Chépénoupet II, fïlle de 132
Piankhy et fille adoptive d'Am énirdis p·e, consacré à Thèbes par son major-
dome Hor, fils de Pasechouper. Entré au Louvre à la fïn du siècle dernier,
cet é tui de bronze (comprenant notamment environ 49,3 % de cuivre,
232 155. Ballana et Qustul. Torchère à l'image 233
d'un éphèbe nu portant deux branches
formant les luminaires. Bronze. Le Caire,
Musée égyptien.

24,8 % de plomb, 4,5 % d'étain) fu t éh1dié par Berthelot. Ce dernier décela clan s
les incrustations d'or et d 'argent qui le parent, respecti vemen t au rec to et
au verso, des vestiges de pla tirie. L'o ri ginali té de cette boîte précieuse, ren-
ferman t une: plaquette d 'ivoire, réside dans la t·ech erch c exb·ème appli-
quée à la techniq ue du décor quasiment abstrait du sommet de sa face
principale, évoq uant u n visage habilement rendu par les yeux magiques,
image de l'éternité encadran t le signe nefer de la vitalité, et posés sur deux
corbeilles, signes des j ubilés. Le symbole du ciel p iqué d'étoiles d'or incrus-
tées m is à part, to ut le décor a été réalisé par des motifs en relief fixés à
chaud sur le bronze par l'intermédiaire d'un liant. Et ces motifs sont d'argen t,
plaqués d' ur1c fin e couche d'or, 'c e qui le u r donne une teinte d'or clair,
cependant que les qua tre barres h ori zontales du nefér son t en or pur. En
revanche, la corn ée de l'œil, si bla nch e, est en or, recouvert d' une plaqu e
d'argen t. La pupille noir-bleuâtre est peinte à l'outremer, comme le fond des
deux fleurettes d 'or qui cen trent les corbeilles. Le ni elle, constaté spora-
diquement dès le début du Nouvel Empire, réapparaît donc sur cet objet,
utilisé avec raffin ement, ct d onne raison à Pline lorsqu'il relatait que des
Égyptiens teign aient l'argent >>.
Décors et hiéroglyphes de l'étui son t incrustés de fil d'or au recto. Au
verso en revanch e, les inscriptions sont de fil d'argent:, dominées par un
tableau où Chépénoupet joue des sis tres devant la triade thébain e, surface 156. Fragment de pectoral funéraire.
lisse où brillent encore les fil s d'argent intr oduits dans le bronze jadis teinté, Époque ptolémaïque. Or et argent incrustés
de pâtes de verre. Long. 13,3 cm. Paris,
semble- t-il. M usée du Louvre.
234 157. Tounah el-Gebel (?).Fragment Une prolifération d e statuettes de bronze se développe jusqu'à la 235
de couvercle du sarcophage de XXXe dynastie, au point d'en être industrialisée. Leurs proportions les
Djed-Djehouty-iouefankh: détail
des inscriptions hiéroglyphiques. rendaient plus accessib les, manipulables aussi, et, les concepts évoluant, la
rv' siècle av. ]. -C. Bois de sycomore incrusté statue du défunt candidat à l'éternité ou la stè le rituelle consacrées dans les
de pâtes de verre polychromes. Haut. totale
sanctuaires populaires furent remplacées par l' image matérialisant le
du fragment: 70 cm. Turin, Museo egizio.
principe divin invoqué, devant laquelle le bénéficiaire (souverain ou humble
mortel), sous la représentation d'un minuscule orant, adressait sa supplique.
Formes humaines et animales sont alors exécutées par milliers, les plus
raffinées toujours damasquinées, ou encore plus rarement niellées, les plus
prestigieuses évoquant le corps humain parfait, habité par l'étincelle du
créateur, les plus familières livrant tout le bestiaire égyptien. Ce dernier
thème est égayé par la chatte de Bastet, entourée de ses cha tons qu'elle
allai te; ou encore, à l'éch elle de son image vivante ou miniature, elle trône
dans l'attitude qui l'a éternisée :sur son séant, les deux pattes avant redres-
sées, le long corps effianqué, la tête droite aux oreilles pointues encadrant le
scarabée de turquo ise, le cou orné d'un collier et la queue soigneusement
ramenée contre sa patte antérieure droite.
Les bronziers sont sollicités pour fabriquer certains meubles du culte,
destinés aux temples, tels des guéridons et des tables basses rectangulaires,
et des objets rituels, mais deux pièces essentielles font d'eux les précieux
artisans des finitions d'un sanctuaire. D'abord les lourdes plaques aux
cartouches des fondateurs, glissées à la base des mâts ornementaux devant
les pylônes des temples, et puis les garnitures inférieures et supérieures des
colossaux battants de cèdre cloutés des portes des pylônes, qui leur permettaient
de piYoter sur leurs gonds. Il y avait aussi les éléments de serrure de certains
tabernacles, constitués par de massifs loquets en forme de boîtes rectangulaires,
terminés sur l'extrémité visible par un protome de lion, et qui étaient manœu-
\Tés sur la glissière de fermeture au moyen d'une grosse chaîne terminée par
un motif en forme de cœur. Ainsi, gardien des issues, le roi des animaux cons-
titue toujours, à la Basse Époque, un thème qui, deux millénai.res plus tard,
sen·ira encore de décor aux marteaux des portes du monde occidental.
Dès l'époque des Pyramides, les mobiliers précieux comprenaient des
lampes-coupelles sur pied et des sortes de brûle-parfum façonnés dans le
236 158-159. Deux petits génies accroupis fer fut travaillé en Égypte même, dans le Nord (à Naucratis et à Defenneh, 237
portant perruque et large pectoral. principalemen t). Peut-être introduit en Nubie par Taharqa , ou p lus tard
Pâte de verre. Le Caire, Musée égyptien.
par les mercenaires carielis et ioniens de Psammétique II (vers 590), son
minerai p roùendrait du Désert oriental, près d'Assouan. Le travail du métal
impliquant un martelage à chaud, l'usage en sera it d'autant plus tardif que
l'apparition du marteau à long manche se fit attendre.

Le /ra(Jail du (}erre et les motifs d 'incrustation


F idèle à la tradition établi e depuis le Nom e! Empire et utilisateur habile
de cette matière ais ément façonnable qu 'il avait à sa portée, l'Égyptien
continua à faire appel à la pâte de ,·erTC pour la réalisation de ses godets
précieux et le décor multicolore d'objets ou d 'éléments les plus variés. On
fabr iqua toujours des flacons décorés de n ervures de couleur, mais qui
de,·inrent de plus en plus rapproch ées, e t très rarement de p eti ts réci -
cui vre. Jusqu'à la fin des dynasties indigènes et même au -delà, l'Égypte pients de co ul eur unie. Nia is la qua lité de la pâte fut moins dense, plus
connut des obj ets d e bronze d'usage analogue, d estinés aux mieux translucide pour les ,-ases, et surtout l'artiste ne suivit plus les mêmes formes.
nantis; ceux de terre cuite étaient d'emploi plus général et populaire. La 162, Celle de l'alabastron , chère aux colons grecs, s'imposa dès le vre siècle,

petite lampe en forme de nacelle, si u tilisée à l'époque hell énistique 163 \Oisinant souvent avec de petites œ nochoés aux contours plus ou moins

et décorée de scènes mythologiqu es, emprunte sous les Romains et les purs. Il semble que le Yerre soufflé n'ait pas été connu aYant l'époque
Coptes la fo rme d'un visage humain, d'un batracien, d 'un poisson ou romaine, ou même avant les débuts de l'époque chrétienne d'Égypte. Mais
d'un dauphin à la nageoire caudale s'épanoui ssant en corolle. Un e version le goût d es ,-erriers s'orienta instinctiwment vers la prod uction de p etits
de ces lampes, avant que ne disparaissent les tardives formes artistiques 160 récipients aux parois minces et transparentes. Si le Yase du Louue en

ch ères aux derniers adorateurs d'Amon et d'Isis, a été retrouvée dans les forme de poisson ne portait pas les traces des deux parties de son moule,
tombes de Ballana et de Qustul, en Nubie, apparaissant dans une compo - 154 on aurait pu le citer comm e un exemple de verre souillé. Au reste, il remonte
sition plus proche de la Grèce que de Byzance. De ux lampes de ce type très certainement à l'époque ptolémaïque et, façonné à l'image du poisson
entrent en effet dans la composition d'une torchère à l'image d'un éph èbe 155 latès de la déesse Neith, il avait dû sen·ir à véhiculer l'eau précieuse de l'i-
nu portant, en haut de deux branches aménagées, les luminaires ains i nondation, talisman unique, recherchée par les Égyptiens en voyage, et
exhaussés. surtout par les femmes stériles à q ui ell e de,·ait faire connaître les joies
La métallurgie du fer, introduite très sporadiquement à la xxe dynastie de la maternité .
(armes pour affronter les Peuples de la Mer et chaouabtis de Ramsès III en Dès la XVIIIe d)naslie, certain es pierres nobles trop rares pour être utilisées
fe r, au Louvre) et durant la Troisième Période Intermédiaire (bracelet de couramment dans la bijouterie ou dans le décor architectural précieux - tel
Sheshonq II, en or, orné d'un œil sacré de fer, au Musée du Caire), ne connaît le lapis -lazuli - ,ou trop fragiles pour conserver durabl ement leur couleur
un dévelop pement certain qu'à partir du vre siècle, lorsq ue le minerai de - c'est le cas de la turquoise - , étaient parfois remplacées par des pâtes
238 161 . Fragment de plaque à dessin floral, 239
dite« millefiori >>. Époque romaine. Verre
polychrome. Le Caire, Musée égyptien.

de verre colorées. Lew· usage, avec l'appauvrissement de l'Égypte, n e fit que


s'amplifier, et il n 'est pas rare de trouver du verre mélangé au x pierres
n obles dans les colliers funéraires incrustés sur les sarcophages précieux 156
d 'or ou d'argent (fragment du Louvre) et sur les tambours de colonnettes
encadrant les niches funéraires d'animaux sacrés. Cetle matière brillante et
colorée, qui reflète la lumière interne de la vie, devait certainement posséder
une valeur magique. À la Basse Époque, elle était souvent substituée aux
coquillages ct matières fines employés pour incruster les ye ux des statues
des personn ages di vins figurés sur les reliefs fun éraires, ou même des tressage des vanneries représentées, est traité séparément, puis ces éléments,
momies, de leur masque et de leur sarcophage. Les pâtes de verre colorées les plus infimes soient-ils, sont soudés entre eux par voie thermique et
de façon uniforme étaient également d' un usage recherché pour incruster 51. enfin maintenus dans leur incrustation par un lianL. Les textes ainsi
dans le bois, la pierre ou le métal des frises et des scènes où apparaissaient 157-159 "émai ll és" du sarcophage de Pétosiris, au Musée du Caire, ou de celui de
les génies et les d ieux, ou en core pour composer des inscriptions hiéro - Djed -Djehouty-iouefankh, à Turin, réjouissent encore nos ye ux de leurs
glyphiques sur des naos, des tabernacles, des coffrets, des meubles ou des couleurs pures et variées.
sarcophages. Des vestiges de certains parmi les plus beaux exemples de cette Enfin, sous l'influence des occupants romains, les verriers d'Égypte adop -
production nous sont h eureusement parvenus. Citons d 'abord les images tèrent avec bonheur la technique du millefiori. Des fils de verre, polychromes,
de petits génies accroupis, constitués de pi èces détachées :visage, perruque, étaient soudés su ivant un dessin pour forme r des baguettes à l'intérieur
corps, main; chaque élément est teinté de bleu mauve, d e turquoise, desquelles le motif représenté était aussi profond que les baguettes. On
de rouge, m ais à la hauteur des épaules un empiècement rayé uniformé - débitait alors ces dernières en tranches minces que l'on polissait, el l'on
ment, ou mieux encore émaillé de motifs géométriques et floraux, simule obtenait ainsi des séries de motifs décoratifs relatiwment semblables dont les
le large collier et constitue la démonstration de la technique raffinée plus fréquents étaient les images du taureau Apis, des poissons, des frises
du verrier. Il en est de même pour les ailes incrustées des oiseaux, des florales, des masques de la comédie, des Yisages vus de face (sous l'influ ence
160. Vase en forme du poisson latès de scarabées ailés ou des déesses ptéroph ores. La virtuosité dans le genre grecque). Un des plus inallendus, et des moins géométriques, est cette com-
la déesse Neith. Époque ptolémaïque.
est atteinte par le travail d 'incrustation d'inscriptions hiéroglyphiques. position floral e conservée au Caire, émaillée de pa,·ots rouges etjaun es sur
Verre irisé moulé. Long. 17,5 cm.
Paris, Musée du Louvre. Chaque détail de l'objet, du personnage ou de l'animal évoqués, jusqu'au un fond v-erdâtre translucide.
240 162-163. Alabastron de Roudimen. conservé au Fine Arts Museum de Boston et trouvé à El-Kurru (Soudan),
XXIII' dyn. Cristal de roche. Haut. 12,9 et 241
7,8 cm. Paris, Musée du Louvre. il rappelle de lo in la forme d e la ti ge végé tale façonn ée aux époqu es
an térieures, mais son fû t dominé par un bouque t de plumes esl matéria-
lisé par une ronde de q uatre déesses debout se tenant par la main. Cette
surcharge fai t d 'autant regretter la mince silhouette de femm e nue domi-
née par une ombrelle d e papyrus qui est à l' origine de ce motif trop
alourdi.
La recherche de matières nobles pour l'exécution de petits vases à parfum
ou à onguent est évidente, et les lignes élégan tes, influencées par les arts de
162-163 la Méditerranée orientale, sont illustrées par de petits alabastron de cristal
de roche, tels ce ux de Roudimen, conservés au Musée du Lou vre, ou ceux
qui sont taillés dans la serpe ntine, le feldspath, le lapis, l'obsidienne ou
dans d es pierres mouch et ées. Certains so nt agré mentés d'un e im age
anirnale, un lion par exemple, dressé sur ses pattes postérieures, posant
ses pattes antérieures près du col (provenant de Tell Moqdam). Cette forme
L es objets «de toilette" fut perpétuée jusqu'à l'époque romaine, à laquelle appartient. également un
La catégorie des objets dits " de toileLte" est, pour la période couvrant le petit récipient en bronze à l'image d'un ours (la graisse de cet animal était
le nt crépuscul e de l'Égypte pharao nique, beau coup moins bien repré- uLi lisée pour les cosmétiques et la pharmacologie). D'au tres, en revanche,
sentée dans les musées, sans doute parce que les m obiliers funéraires en empruntaient la forme du dieu Bès, en pied, ou simplemen t en buste. Une
comprenaient un nombre plus restreint, mais aussi surtout parce que les catégorie de ces flacons est constituée par toule la série dont les proto-
riches n écropoles du Delta, qui devaient ê tre très nombr euses durant types proviennent de Chypre ou de Rhodes. Glaçurés et le plus som ent
cette période où le pouvoir y était cenLralisé, ont presque toutes été attein- blanchâtres ou ver t pâle, portant souvent un décor de petites pastilles bru -
tes par l'humidité des cultures et on t disparu en parti e sous l'envahisse - nâlres, ils affectent parfois le type dit " à la nageuse n, mais le plus sou ve n t
me nt des constructions modernes. Cependant, les reliques qui surgissent l'aspect d 'animau x divers: oiseau à tête de cheva l (plus ionien qu'égyp -
des siLes de Haute-Égypte, et même de Haule- et de Basse-Nub ie, permet- tien ), poisson , coq (d'influen ce perse), singe et même hérisson dominé par
tent d e constater que, jusqu'à l'époque saïte, les formes traditionnelles une tête humaine. Un col rond à petite ouverture sur le dos de l'animal
contin uaient à exercer leur influence. Il en fut ain si pour les petites fioles indique l'élémen t immuable qui le ur est comm un . On trouve égalemen t,
à parfum en fritte glaçurée bleu -ver t, faisant corps avec une base en form e 165-167 d'une pâte et d 'un style analogues, des images de Nu biennes et de chattes
de sell ette, dont le décor en relief de géni es aux form es humaines ou ani- à tê te humaine, en tourées de singes et de petits félidés, en statueltes ou en
males, ou de signes prophylactiques, se prolongea, de préférence en motifs récipients évoquant la légende de la " Déesse lointaine"· Elles deva ient
aj ourés. :M iroirs et étuis (par exemple celui de Henout -tao uy) affectai ent être en rapport avec l'eau bienfaisante de l'inondation passant à la Première
aussi d es formes e t d es d écors inspirés d e l' antique usage . Quant au Cataracte. Arrivé au Gebel Silsileh , le flot était considéré comme étant 164. Flacon zoomorphe : oiseau à tête de
cheval. Basse Époque. Terre cuite glaçurée.
m an ch e de m ir oir plaqu é d ' argen t du roi Ch ab aka (XXVe dy nastie), dispensé pou r le r enouveau , par la Grande Mère Taoueret (Thouéris), Haut. env. 5 cm. Paris, Musée du Louvre.
242 165-167. Vases en forme de statuettes de e t des vases à l'image de la déesse hippopotame sen ·aient à contenir le
chatte à tête humaine, de Nubienne et de liquid e sacré que la bonne déesse clistribuajt, de son sein, au cours de rites
déesse Thouéris. Basse Époque. Terre cuite
glaçurée. Haut. env. de 11 à 18 cm. populaires.
Paris, Musée du Louvre. Enfin une fabrique près de Memphis, à Mit-Rahineh, rayonne à l'époque
hellénistique el influence certainement d 'autres ateliers rég·ionaux. Elle
diffuse de très élégants bols (des slcyphos), des boîtes à compartiments, des
assiettes, des alabastron, où deux teintes contrastées de 1ert, ou turquoise 168,
clair, el de bleu outremer colorent tour à tour les fonds ct le décor fait de 171
motifs floraux (lotus, papyrus, palmettes et souvent lierre), de méandres et
rinceaux, festons et vagues st;ylisées alternant avec des personnages passant
hellénisés, ou des griffons et animaux df' la fable.

Vaisselle et récipieflls religieux· etprofé.mes


La fonne si caractéristique des grandes jarres omïcles au fo nd eflil é, de fin e
terre c1Üte, qui contenaient de multiples denrées, ct particulièrement les
jarres à vin, au col presque droit el aux petites anses sur les épaules, se
transf(wrna au cours des dernières dynasties. Si bien qu'à l'aube de l'époque
hellénistique on peut distinguer pour ces dernières poteries, représentées
dans la même scène de pressoir (tombeau de Pétosiris), deux types différents.
D'abord celui qui procède de la jarre à Yin classique, mais à la panse davan-
tage renflée au ce ntre, au col plus haut el évasé, enfin aux anses galbées
prenant sur les épaules et soudées près de l'ouverture. Acôté, on trouve le
second ty pe, d 'influ e nce étran gère, à la panse plus é lirée rna is cintrée
sous les épaules étroites sans col, ourlé d'une large lèlre sous laquelle deux
lïnes anses sonl éLirées. Toutes les autres poteries portaient la marque elu
style en vogue, où les lign es pures et typiques s'estompaient au bénéfïce
de l'exotisme.
Une catégorie de gobelets, sans aucun doute rituels, rnai s inspirés d'une
forme que l ' on rencontre déjà dans les mains des sou\·erains d e la
XVllle dynastie occupés à déguster du vin, semble être typiquement la
production d 'ateliers hermopolitains. Ces calices bleu turquoise, décorés
de dessins noirs à la fin du Nom-cl Empire, ou de motifs en relief imitant les
pétales de fleurs, furent ornés, dès l'époque libyenne, d'images plastiques
244 168. Memphis. Détail d'un vase allongé réparties généralement en trois registres; celles du centre sc référaient
au décor en registres. nf siècle av. f. -C. soit à des scènes nil otiques, ou sous l'égide de la déesse Hathor, soit à un
Terre cuite. Haut, totale : 25 cm.
Paris, Musée du Louvre. dé filé de chars, soit à des scènes de bataille et de victoire, toutes exécutées
à des fins de prophylaxie funéraire évidentes. L'illustration et le modelé un
peu épais sont bien représentés par le beau calice bleu du Metropolitan
Museum d e New York . A ce type de récipients en fritte, décorés en relief,
il faut rattacher le fame ux vase d u roi Bocchoris, vase qui fu t r etrou\;é
dans une tombe étrusque de Tarqu inia. Au sommet, le roi, pris en main par
les clivinit6;: déa mbule parmi les lotus, alors qu'a u registre infé ri eur des
prisonniers soudanais maîtrisés figurent clans un paysage approprié de
palmiers et de singes (il est piquant de constater qu'en contraste la légende
grecque signa le la captur e de Bocchoris pa r le Soudan ais Chabaka qui
l'aura.iL fait brû 1er viG . Ce genre de décor fut propagé dans la Méditerranée
orie ntale par les fabricants p h éniciens. Ces d erni er s, qui assuraient
leur trafic par la ville ori entale de Tanis, fu rent supplantés à la fin du
VIle siècle par les navigateurs ioniens qui, en empruntant la branche occi-
dentale canopique du Nil, firent de Naucratis (au Nord de Saïs) une puissante
agglomératio n à p ri vil ège spécial. Dès lors, les" gourdes de Jo ur de l'An "
qui vé hiculaient l'eau n ouvelle présentèrent la form e len ticulaire la plus
élégante, iss ue de prototypes d 'orfèvrerie. Presque toujours ornementées
d'un collotiforme flanqué d e deux petits sin ges, les épaul es décorées
d ' un collier à plusieurs rangs in cisé, et la panse parfois illustrée d ' une
scène nilotique ou hathorique en relier; remplaçant la classique in scription
gravée souhaitan t une "bonne ouvertu re de l'année"' ces gourdes, telle celle
d u Mctropolitan Museum de New York, étaien t pro tégées par une gaine
de vannerie.
La d omination p e rse influença certainem ent l' ornementation des
rhytons, connus des Égyptiens à travers les apports orientaux dès le Nouvel
Empire. Il y a été fait allusion clans le chapitre consacré à l'orfh rerie. Mai s
des récipien ts du m ême type étaient également exécutés en terre cuite très
fine et vernissée : le Louvre en possède un exemplaire fragmentaire de
couleu r bleu turquoise foncé, terminé par le protome d'une lionne don t
les pattes antérieures maîtrisent une antilope.
169. Rhyton en forme de griffon. Époque 247
perse. Le Caire. Musée égyptien.

170. Rhyton terminé en protome de


lionne. Époque perse. Terre cuite vernissée.
Long. 15,5 cm. Paris, Musée du Louvre.

144 E nfin les patères rituelles, elles aussi, dont on a vu que le trésor de Tanis
perpétuait touj ours, dans les métaux nobles, les formes el les décors rames-
sidcs, pouvaient, à la Gn des dynasties indigènes, être tra itées en coupelles
de délicale fritte vernissée bleu turquoise clair, ainsi q ue J'illustre un rare
exemp le conservé dan s une collection particuli ère et provenant vraisem -
blabl ement d e Dendara. Sur le sign e des jubilés, un épisode nil otique
172 occupe tout: le fon d du récipienl. On y voit une jeune femm e nue marchant
q ui escorte un bO\·idé dont elle tient la que ue. De l'autre main, to ut en
respirant un lotus, elle éq uilibre une palanche à laq uelle sont suspendus des
papyrus et des poissons bulti : scène bucolique empreinte de la grâce de la
jouvencelle, et q ui unit la loin taine inspiration de l'Ancien Empire à la
poésie des scènes contemporaines de l'arrivée d'Alexandre sur les rives du
Nil. Grâce à l'heureux passage dans le marécage des premiers te mps, et
possesseur du po isson de la renaissance, animé par l'odeur revivifiante du
lotus, le défunt bénéficiaire de l'eau contenue dans la patère connaîtra la
félicité éternelle.
Charmants récipients anthropomorphes ou thériomorphes (tel ce joueur
de doub le hautbois et son petit singe, ou cette to urterelle) en pâte très
fine refl étant la grâce de l'Hellade et, pour l'époque romaine, sortes de
poliches avec ou sans anses, ou coupes sur les lèvres desquel les trônent
des animaux en relief modelés en terre peu compacte mais revêtue d'une
épaisse glaçuration bleu vif, ou verte à fond noir, à l'imposant décor végétal
sai ll ant - telles sont les dernièr es manife sta lio ns d e la céramique sur
248 171. Vase à deux anses et décor le s bords du Nil, jusqu'au m om ent où les légionnaires de Petronius
floral en relief. Époque ptolémaïque.
chassèrent les armées de la Candace méroïtique jusqu'en amont de la
Terre cuite vernissée. Haut. 20,7 cm.
Paris, Musée du Louvre. Deuxième Cataracte.

Les instruments du cul!e et l'équipement professionnel


Dans la r eproduction millénaire des formes générales auxqu elles iLs
demeurent fidèles, l'art et l'artisanat égyptiens risquent d'être taxés d 'immo-
bilisme. Mais on a bien vite perçu, en parcourant .le récit de sa longue exis -
tence, que la civilisation pharaonique ne cesse, par d'infimes différences, de
réadapter au style de l'époque la plus officielle comme la plus humble de ses
créations. Aussi, durant toute la période qui nous occupe, retrouvera-t-on
uti lisés encore cannes et sceptres,jlabe!fa et insignes de prêtres et de juges,
équipem ent de scribes, d 'architectes ou d 'astron omes, et présentant un
aspect relativement analogue à ce qui était apparu à la période précédente.
Cependant, la prédilection pour certaines matières et l'emploi de techniques
plus poussées, jointe à un style de décor qui trahit la période et l'environ-
nement, perm ettent de situer· ces productions à leur juste époque (voir
J'étui de Chépé noupet o u le fragm en t de coffret précie ux d e D endara,
au Musée du Louvre).
Les orfèvres, dans les ateliers sacerdotaux, continu ent à exécuter de
somptueuses couronnes ; elles n 'illustrent pas l'exercice de la royauté pha-
raonique, mais - faisant partie des trésors des temples - parent le souverain
lorsqu' il officie en tant qu e pontife. La plus éla borée es t le mys térieux
hemhem, composé de la triple mitre, dominée par trois faucons solaires et
assortie, jusqu'à l'époque romaine, d'un jeu de plus en plus enrichi de cornes,
plumes et d'images de cobras. Déjà Akhenaton s'en parait lorsqu 'il célébrait
le rite au soleil levant. L'encensoir dont la forme traditionn ell e, adap tée à
sa fon ction, se perpétue jusqu'a u moment où se répandent en Égypte les
cultes isiaques romanisés par les colons italiques est évoqué par un instru-
ment dans les rnains d'un prêtre du culte impérial (règne de Julien l'Apostat,
statue au Musée du Louvre). Cependant, ses éléments ornementaux sont
abâtardis, et la rectitude plein e de rigueur de son profil a fait place à une
courbure qui se rapproche de celle d 'une nacelle.
250 172. Dendara. Coupelle à scène nilotique :
femme escortant un bovidé. Époque
ptolémaïque. Terre cuite vernissée.
Paris, collection privée.

173. Karnak (?). Sistre-naos de


Henout-taouy, à l'effigie d'Hathor.
XXI' dyn. Bronze. Haut. 40 cm.
Paris, Musée du Louvre.

Naturellement, la grande activité des bronziers gagne les ateliers de fabri-


catio n d'objets du culte. Plus gue jamais ils produisent les sistres tenus
en main par les prêtresses :le sistre cintré, muni de Ligettes sur lesquelles
sont enfilés de petils et minces crotales et dont le jeu recrée les condi-
tions de l'acte sexuel, renouveau de toutes ch oses; le sistre-naos aussi, d'où
l'enfant solaire doit apparaître. Le manch e fin , traité en colonnette, est
engagé dan s le chapiteau hathorigue où la déesse de l'amour, gui redonne
vie, montre, de [ace, un \"Ïsage mi-animal, mi-humain , dominé par le ruban
de bronze courbé, image de la porte gui donne naissance au jeune dieu. Les
plus beaux instruments sont damasquinés de métaux précieux (sistre de
Henout-Laouy, Musée elu Louue), mais une infinité de sistres Yotifs appa-
raissent, à partir de l'époque saïte, principalement exécutés dans la fritte 173
rituelle glaçurée (le tehen des textes magiq ues) couleur bleu turquoise. De
même, des contrepoids de collier hathorigue, appelés ménat, devenus de
véritables insignes, sont façonnés clans un bronze d'une remarquable qualité
et damasquinés. Rappelant par leur forme un corps féminin gui s'arrêterait
à la base elu bassin, ils empruntent les têtes les plus variées et sont même
'

252 munis d'un collier d'où émergent les deux bras. Un objet de cette espèce, introduite dans le mobilier funéraire. L'insou ne présentait plus, alors, tout 253
à tête de crocodile et ayant appartenu à un prêtre de Sobek , en bronze son environnement de statuettes de pharaon officiant et d'images divines à
incrusté d 'or et d 'électrum, figure parmi les collections du Louvre. Les forme humain e ou animale, d ' emb lèmes sur hamp es fichées dans un
motifs de certains autres sont parfois ajourés, et l'ovale qui évoque le bassin immense coffre précieux, lui-même maintenu et transporté sur son célèbre
possède toujours un décor en rapport avec la symbolique de la renais- brancard. Mais l'essentiel y éta it; et certains musées possèdent encore, en
sance : vache Hathor ou Isis allaitant dans les marécages, sistre flanqué min iature, la base arrondie et éYidée, en pierre fine mouchetée, ornée de
de chats, poisson du devenir, etc. La tête, en relief, peut aussi être en tourée quatre protomes de lion, dans laq uelle était fixé cet emblème illustrant, à lui
d'un long collier: véritable égide, tout aussi populaire à cette époque et: qui seul, tout l'espoir de la renaissance d'Osiris, projeté dans le nouveau soleil.
semble sortie d' un ornement de proue des barques royales. Ces égides sont Enfin, parmi tous les objets exhaussés vers la face divine : colliers, miroirs,
également exécutées en métaux précieux ou en bronze. Mais, à l'intention des fleurs ar tic ulées de métal, vases précieux, figurent les barques présentoirs,
bourses modestes, les "faïenciers" les fabriquaient en fritte glaçurée bleu non plus ornées de tout l'équipage affairé autour du naos central, abritant une
turquoise; le ur industrie devient, pour les besoins magiques, de plus en image du culte, mais contenant des symboles choisis, tels ceux des textiles
plus florissante. à l'attention de la déesse Hathor, dans son temple de Dendara. La poupe
L'ustensile le plus typique, employé pour les libations rituelles et destiné de la nacelle est décorée d 'une tête d 'oryx aux deux hautes cornes droites
au culte funéraire principalement, est ce vase de bronze en forme de et effilées.
mamelle, la situle. Gravée de fines vignettes et d'inscriptions religieuses sur
la panse, son fond est presque toujours orné de l'image du lotus, rappelant 174 A1obilierfunéraire et o~fets de magie opératoire
la matrice universelle. L'anse en es t remarquablement élégante et fonction - Il ne nous est pas possible d'imaginer la richesse et la complexité d'une
nelle; sa vaste courbe et ses extrémités harmonieusemen t cintrée s sép ulture princière de Basse Époque : en effet, jusqu'à présent, aucune
permettent à la fois de bien la tenir, de la faire pivoter au moment de ne nous est pan·enue inviolée. No us pouvons cependant supposer, à l'é tude
la libation et d 'a ssurer un accrochage, ''de sécurité, pourrait-on dire . des puits funéraires saïtes profondément creusés dans le sol désertique
À l'époque romaine, les contours de la situle empruntent parfois des lignes de Saqqara, comparés au véritable palais souterrain d ' un Pétaménophis,
plus anguleuses (Musée de Hanovre, ou sur les reliefs muraux du temple à Thèbes, qu'il n'y avait aucune commune mesure entre les uns et les autres.
de Kalabsha, en Nubie), mais, la plupart du temps, son galbe est cons tant. Par ailleurs, le concept de l'environnement funéraire, composant le viatique
On imagine volontiers ces instruments dans les mains des prêtres d'Isis, des morts, s'était épuré en ce qu'il réservait son apparat aux objets essentiels
lorsque, quotidiennement ~ et conduits par la déesse elle-m ême tous les de l'équipement osirien.
dix jours ~, ils se re ndaient en barque de Philae à Bigeh pour assurer Les sarcophages, tous anthropoïdes ~ de métaux précieux, comme l'a
la libation à Osiris sur les 360 (+ 5) tables d'offrandes qui marquaient ré.-élé la nécropole de Tanis, pour les XXIe et XXIIe dynasties ~, sont, pour
l'emplacement de sa tombe. les personnages aisés des dynasties qui se succédèrent jusqu 'à l'époque
Les ''fétiches, du di e u, grands piliers djed ou mystérieux attribut saïte, en bois plâtré, au décor parfois modelé en relief, puis peint et verni. Le
d'Abydos, l'insou, devaient proliférer à la Basse Époque, et la composition si ,·isage du défunt est très différencié et parfois même doré. On compte en
174. Situle avec une représentation d'Isis.
Époque ptolémaïque. Bronze. Haut. 31 cm.
élaborée qui, dès le Nouvel Empire, faisait en Abydos l'objet de l'attention général deux sarcophages emboîtés, aux vignettes rappelant celles du Livre des
Paris, Musée du Louvre. la plus déférente du souverain mort, fut certainement vulgarisée pour être Morts et comTant toutes les surfaces; quelquefois, vers la XXIIIe dynastie,
254 176. Deir el-Bahari (?).Couvercle de 255
sarcophage momiforme de la chanteuse
d'Amon Ta-Mout-nofret. XXI-XXII' dy n.
(x'-Ix' siècle av. ]. -C. ). Bois stuqué
et peint; dorure (face et mains).
Long. env. 1,75 m. Paris, M usée du Louvre.

un grand serpent, au corps ondulé, sert de frise, sur les côtés, entre cuve et
couvercle. Sur la poitrine de l'image mortuaire, on voit fréquemment la
représentation de la momie couchée sur son lit à tête de lion, tel qu'il est
utilisé à l'intérieur de la cuve, et toujours, non loin des génies qui évoquent
les quatre fils d'Horus, apparaît l'emblème d'Abydos, I'insou. Le dos du sar-
cophage est souvent occupé par l'image du pilier djed. Les couleurs son t
parfois très vives, surtout lorsque, à la fin de la xxne dynastie, un fond
blanc les fait ressortir.
Dès l'époque saïte, le sarcophage momiforme de pierre réapparaît pour
les grands seigneurs, mais souvent aussi, recouvert de vignettes magiques,
il présente des formes lourdes qui seront reprises par les Phéniciens,
appelés à les propager dans la Méditerranée ori entale. Exécutés en cèdre
du Liban, ils peuvent ~ c'est le cas pour le sarcophage de Pétosiris ou celui
175. Tanis. Masque funéraire
de Psousennès l" . XXI' dyn. Or. de Dj ed -Djehouty-iouefa nkh - , être ornés d'inscriptions hiéroglyphiques, 51,
Le Caire, Musée égyptien. incrustées de pâtes de verre multicolores. Ils continuaient à figurer à 157
256 257

plusieurs exemplaires emboîtés. Auss i les inscription s du tombeau d e


Pétosiris no us apprenn ent- elles q ue la dépouille de ce dernier ava it été
dé posée dan s quatre sarcophages successifs : en gen évr ier, en cèdre, e n
sycomore ct en p ierre, "gravés à son n om et incrustés de matières pré-
cieuses de tous genr es ». Les vastes cu ves qui peuven t les receYoir sont
maj estueuses, en pierre d 'une rare qualiLé comme le greywacke, appelé
par les Égyp tien s la " p ierre d e bekhen "· Les décors ex te rnes et internes,
gravés parfois comme en un travail de camées, écrivait Champollion , repro-
du isent d es chapitres entier s, extraits d es livres fu néraires royaux du
Nom·el Empire.
Les masques et plastron s funéraires étaient, suiYa n t les cas, martelés
dans l'or, l'électrum ou l'argen t. Mais la plupart étaient constitués de car- 177. Cartonnage de momie représentant
to nnages plâtrés el peints, qui é1·oluèrentjusqu'à l'époque gréco-romaine, une femme parée. D ébut If siècle
]. -C. Toile stuquée et peinte.
où ils empruntèr en t alors les types de parures (1êternen ts, coiffures e t apr.
Londres, British M useum.
bijoux) des nouveaux occupants. Les riches bijoux an tiques furen t seulemen t
modelés dan s le métal des plastrons, ou pein ts et parfois figurés en relief 178. Résille de perles décorée du
scarabée, du pilier-djed et d'Anubis.
sur les cartonnages. Le réseau pr ophylactique qui assurait à grands frais le Basse Époque. Perles polychromes.
viatique de la momie fut dorén ava nt remplacé par une infinité de petites Long. 94 cm. Paris, Musée du Louvre.
258 amulettes de toutes sortes qui proliférèrent à cette époque et dont tous d 'Horus : lmset (tête d 'homme), Hapi (tête de cynocéphale), Douamou tef 259
les musées renferment un grand nombre. Durant les dernières dynasties fut (tête de j eune chien) et Kebehsenouf (tête de faucon).
fixée au masque funéraire, pour couvrir le reste du corps, une haute résille Enfin , les chao uabtis, qui avaient pu , parfois, recevoir le costume des
de perles bleu et vert principalement, portant sur la poitrine une bande vivants, redevinrent, jusqu'à l'époque p tolémaïque où ils semblent disparaître
décorée d'amulettes ou le scarabée ailé entouré de l'image des quatre fils 178 (et à Thèbes, après l'époque saïte), les petiLes statuettes momiforrnes tradi-
d'Horus. Visage de la momi e et cœur en vinrent à être recouverts par leur tionnelles, vendues, dans certain s cas, par con trat po ur s'assurer de leur
évocation en perles tissées et multicolores ; ce substitut finit même par réelle propriété, et dont le nombre pouvait alteindre celui des jours de l'année,
r emplacer le célèbre "scarabée du cœ ur,, taillé dans une pierre noble et c'est-à-dire 365, auxquelles s'ajoutaient souvent encore 36 "surveillants"· Aux
posé, jusqu'à l'époque saïte, sur la poitrine du mort. L'usage de placer un XXICet xxne dynasties, ces figurines sont d 'un bleu turquoise étincelant et
chevet grandeur nature sous la nuque du défunt semble s'être en partie profond ; leur teinte s'estompera ensuite vers un bleu-vert pâle. Leur dernier
estompé. En revanche, des amulettes reproduisant en miniature ces chevets, Lype, à la fin des dynasties indigènes, dans le DelLa, est parfois fort éléganl,
de petits papyrus, ou des plaques de bronze à l'image du soleil ornées de mais au ssi très impersonn el. Ce rtains artisan s, dans le but de préserver
textes e t d 'étranges génies souvent panthées, glissés so us la tê te d e la 181 l'identité des statuettes, avaienl masqué les inscriptions qui les recouvraient
momie ass uraient sa protection : ces hypocéphales étaient parfois simple- horizontalement d'une glaçuration s upplémentaire comb lant les vides des
ment tracés au trait dans un ovale au sommet du cartonnage r ecouvrant inscriptions et ne laissant apparaître leur trace que si l'on prenait le soin
le crâne. d'humidifier la surface.
Les linceuls qui enveloppaient la momie entourée de bandelettes furent, 81 Au petit matériel magique, sans doute déposé dans les chapelles, s'ajoute
à l'époque gréco-romaine, peints d'1m portrait en pied du mort, fréquemment encore l'équipem ent du mort, tels les cippes d'« Horus sur les crocodiles »
représenté de face, à la nouvelle mode, et habillé comme ses contempo- 179 gravés d'images prophylactiqu es dom inées par le dieu Bès, donL la fave ur
rains, mais au milieu de génies à l'aspect encore égyptien. Le trépassé est croît sans cesse. L'eau versée sur ces objets devait, une fo is recueillie, pro-
figuré debout sur la barque du soleil assoupi qui devait l'entraîner vers son téger contre les attaques du Malin. Le pel.it trésor trouvé à Hermopolis, et
aube éternelle. mentionné au chapitre de l'orfèvrerie, avait certainem ent dû servir de
L'apparat fun éraire était, pour les princes, complété d 'un grand bal da- 183 viatique au mor t. Dans cet en sernble sont mêlées, en un savan t syncr é-
quin, souvenir d es chapelles royal es dorées du Nouvel Empire. Remon- tism e, une coupelle et une petite cruche, de style encore pharaoniqu e, pour
tant à la Troisième Période Intermédiaire, le dais mortuaire de la r eine la renaissance du défun t ; une statuette de coq, vainqueur des génies des
Isi -em-kheb, épouse de Menkhéperrê, trouvé à D eir el-Bahari , se pré- ténèbres (héritage de la présence perse) et, enfin , une sorte de minuscule
sente so us la forme d'un e tente aux parois verti cales, faite d e carrés de œnochoé composite. Sur l'épaule de cette dernière, surgit, entre de ux ser-
peau verte e t rosée agrémentés d e frises ornementales (voir le travail du pents chthonien s, le char gréco-égypLien de Phœ bus-Horus, vainqueur du
cuir). Les moins puissants se contentaient d 'une sorte d 'édifice à claire - monde de la mort, et do nt la forme sera propagée presque ide ntique dan s
179. Égypte. Détail d'une statue
guérisseuse, dite statue « Tyskiewicz >> : voie d écoré, qui dominait et r ecouvrait en parti e le lit funér aire suppor - les sépultures d'Herculanum.
cippe d' <<Horus sur les crocodiles >> tant leur momie. Souvent, le mort sollicitait du die u sa survie par l'intermédiaire d 'une 180. Hermopolis. Détail de l'épaule d 'une
(cf fig. 122). xxxe dyn. (vers 350 av. ].-C. ). œnochoé composite : le char de Phœbus-
Basalte. Haut. de la statue: 68 cm. Quant aux vases canopes, plus trapus qu'aux époques précédentes, leurs 85-88 série de stèles en bois, plâtrées et peintes de fraîch es couleurs, parfois mon- Horus entre deux serpents chthoniens.
Paris, Musée du Louvre. bouchons étaient régulièrement sculptés de façon à rappeler les quatre fils tées sur des sod es en forme d'escalier, et qui illustrent surtout les nécropoles Paris, Musée du Louvre.
-

260 181. Égypte. Disque (hypocéphale ) placé 261


sous la tête du mort; dessins et textes
doivent faciliter sa renaissance. Basse
Époque. Toile stuquée. Diam. env. 18 cm.
Paris, Musée du Louvre.

de la Troisième Période ln termédiair e. On rencon trc également tout


un petit matérie l, composé de statuettes, de sarcophage s miniatures, de
coffrets destinés à assure r les lendemains du défunt d ùme nt momifié;
dans l'un d 'e ux - pour sui\Te l'exemple d 'Osiris - les organes génitaux,
momentan ément inopérants, étaient déposés, mis sous la protection d'une
image humaine dans son linceul et de l'oiseau momifié (en bois peint) :
le Ptah-Sokar -Osiris. mythologiq ues dessinés au trait noir e t émaillés parfois encore, mais de
A la fin de l'époque gréco -romaine, la lampe funéraire prit une impor- moins en moins, de cou leurs vives. À l'aube d e l'époque ptolémaïqu e,
tance extrême, et la flamrne, garante de l'espoir et de l'immortali té, était les livres religieux des temples évoqu èrent la théologie de leur province
en tretenue dans des réceptacles imitant un habitat (en calcaire ou en terre au moyen d'une élégante éc•·iture hiéroglyph ique curs ive et commentée
cuite). Elle emprunte aussi la f(>rme du lumignon grec, puis, au début de de fins dessins à l'encre noire.
l'ère chrétienne, reprend l'aspect d'une grenouille renflée, dont les contours
abâtardis rappellent, cependant , ceux d'un objet ana logue, connu dès Instruments de musique
la Protohistoi re. Forme et usage de tous les instrument s employés au Nouvel Empire
se sont perpétués jusqu'à la fïn de l'histoire pharaoniqu e :une prédilection
Les li(Jres illustrés 63 se fit sentir pour l'élégante harpe triangulaire, le tambour, renflé jusqu'à 182. Égypte. Papyrus funéraire de la dame
L'Égypte pharaon ique n'employa jamais de codex el con lin ua à utiliser les en devenir presque sphérique, et la trompette, au cornet évasé en calice Djedkhonsou -iousankh : psychostasie
devant le
rouleaux de tin pap}TUS. Si le Nome[ Empire a produit les plus beaux LivTes de lotus, qui présente désormais une extrémité traitée en corolle épanoui e. et purification de la défunte
tribunal d'Osiris. Basse Époque. Dessin
des Morts, illustrés de Yigne ttes miniatures coloriées, comprenan t même 182 Cymbales eL crotales firent seulement le ur apparition lorsque la monarchie Haut. env. 30 cm.
à l'encre sur papyrus.
des rehauts d'or, les dernières dynaslies indigènes huent des papyrus pharaoniqu e s'était évanouie. Paris, Musée du Louvre.
262 183. Deir el-Bahari. Détail de la tente 263
funéraire de la reine Isi-em-kheb :
scarabée ailé et frise de khakerou.
XXI' dyn. Peau de chèvre découpée
et cousue. Le Caire. Musée égyp tien.

184. Memp his. Barque funéraire


du taureau Apis, à roues pleines.
Basse Epoque. Haut. 23 cm. Le Caire,
M usée égyptien.

Armes, instruments, outils


À la Basse Époque, de maigres vesliges nous en sont conservés, mais les
rares figurations qui les évoquent permettent de con stater u ne évoluLion
dans les lignes an alogue à celle d écelable dan s les autres arts de m éta -
morphose. Le tombeau de Pétosiris - pour ne citer que lui - nous montre
une charrue à la ligne un peu plus galbée qu'auparavant, et surtout améliorée
par l' adjonction de de ux poign ées qui permettaien t certain ement a u
68 cultivateur d'en fon cer le soc plus profondémen t dans le sol. Les faucilles
sont, elles aussi, dotées de formes un peu moins angulaires, et la poignée
fut rendue par une volute. Par ailleurs, les hautes balances qui, dès l'Ancien
Empire, pouvaient présenter une partie cen trale à l'image d'un corps féminin,
possèdent alors un montant rappelant un mât double. Les plateaux hori-
zontaux, suspendus à une double tige ou cordelette, sonl parfois remplacés
par des sortes de paniers dont l'anse est prise par un crochet pendant au
bout d 'une tige unique.

R evêtements décoratifi - L e travail du cuir


Tapisseries en laine ou en lin, nattes de paille et d'h erbes (alfa) li ssées
ou en fibre de palmier, paniers fin ement tressés de roseaux et de papyrus
264 185-186. Pendeloques en forme de continuèrent à être exécutés journellement, et le travail du cuir, illustré dès 265
nacelles à la poupe ornée d'une tête
de canard retournée. Basse Époque. Or.
l'époque badarienne, est au service des vêtements, des armes, des meubles,
Long. 3,6 cm. Paris, Musée du Louvre. des harnachements et même d es scribes (parchemin ). À la Troisièm e
Période Intermédiaire, de fines bretelles de cuir teinté et estampé en relief
appartinrent à l'équipement fun éraire du souverain. Enfïn, le décor de
cuirs découpés aux couleurs délicates d e la tente funéraire de la reine
183 Is i-em-kheb livre des motifs ornementaux e ncore très class iq ues au cours
de la XXI" dynastie.

L es auxiliaires des déplacements


Si le char (roues à quatre, puis à six rayo ns), Lei que les souYerains, puis
les grands seigneurs le connurent, fut certainement utilisé jusqu'à la fin de
l'histoire pharaonique, on co nstate, sur les rares re présenlations, l'appa-
rition de véhicules à six rou es pleines (reli ef du temple d e Taharqa à
San am). De plus, les traîneaux qui faisaient gli sser, sur les pistes et les
digues, catafalques et nefs sacrées furent progressivemen t remplacés par
des sortes de chariots bas à roues pleines (vo ir la barque funéraire d'un
184 taureau Apis sur un relief du Musée du Caire ou le chari ot funèbre de
Pétosiris aux roues décorées). De ces tardives périod es proviennenl des
vestiges, trouvés au Fayoum en 1940, nous permettant de constater que,
sur les pentes de sable fin, une " navigation rituelle" des barques sacrées
était réalisée sur des chariots à voile poussés par le vent, comme ceux des
sportifs actuels.
Par ailleurs, le harnachement: des chevaux, dont les corps furent retrou vés
dans les tombes de Ballana et de Quslul, en Nubie, parés de chaînes finement
torsadées, reliées par des macarons ornés de tê tes de lion, démontre la valeur
prêtée encore aux montures par les Kouchites :on se souvient que Piankhy
pun it Nemrod du délabrement dans lequel il avait laissé ses chevaux durant
le siège d'Herm opolis.
Peu d'exemples de bateaux ont subsisté, et leurs figurations sont quasiment
absentes; mais on peu t être assuré que l'éternelle barque du passeur, ou
de plaisance, devait continu er à être fabriq uée suivant les mêmes règles
millénaires, appliquées dans les chantiers. Si l'on en juge pourtant par deux
266 187. Tounah el-Gebel (près d'Hermopolis). 188. Statuette d'Hathor représentée 267
Tombeau de Pétosiris, vestibule : détail en Aphrodite. Époque gréco-romaine.
du travail des artisans sculptant le bois. Terre cuite. Haut. 26,5 cm. Paris,
Vers 330 av. f.-C. Calcaire coquillier Musée du Louvre.
stuqué et peint.

nacelles d'orfèvrerie, jadis cloisonnées (Musée du Louvre), les vaisseaux,


en conservant, à la Basse Époque, des figures de poupe ornées d'une tête 185-1 86
retournée de canard, très égyptienne, la cab ine soutenue par les classiques
colonnettes papyriformes et l' éperon dominé par une tête de taureau ,
rappelaient les navires de guerre mis en œuvre par Ramsès III pour affron-
ter les Peuples de la Mer. Cependant, la comparaison de la silhouette générale
avec un relief de Karatepe nous permet de penser que, dès le vue siècle
avant notre ère, les bateaux utilisés par Assyriens et Hittites pouvaient avoir
influencé les constructions navales égyptiennes.

Le cos/urne
La coiffure féminine, si caractéristique à toutes les époques, présente
pendant les dernières dynasties la forme courte et arrondie, faite de petites
bouclettes, alors que reines et déesses mettaient au goCtt du jour leurs longues
perruques archaïques par l'adoption de ces mêmes courtes boucles de cheveux
Enfin , le pagne archaïque, porté d e tou t temp s par les ro is, d e\·int, 269
268 189. Statuette d ' Harpocrate représenté
en «enfant à l'oie>>. Époque gréco-romaine. à l'époqu e gréco -romaine, une longue jupe assez étroite, ma is oméc de
Terre cuite. Hau t. 21 cm. Paris, Musée plissés plats sa\ ants et contrariés.
du Louvre.

Les terres cuites gréco-romaines


Dès l'époque h ellénistique, une grande variété de terres cui tes remplaça
les statuettes de bronze. Mai s les thèmes re présen tés furent adaptés à la
188 période : Hathor fut éYoquée par l'Aphrodite rnéditerranéennc ; les images
189 d 'Harpocrate firent pa r-foi s penser a u célèbre" en fant à l'oie''; Osiris
deùnt, par le syncrétisme, un Sarapis barbu el olympien, alors que la fine
silhouette de Sothis cheYaucha, désorma is, en amazone son chien à la
queu e " bouclée" (don t les origines lo in tain es re mon te n t pou rtant au
Néo lithi que) ct contin ua ~ image d e la force du symbole égyp tien ~ à
provoquer l'heure use arrivée de l' inondatio n en un éterne l retour.

factices. L'image de Karomama illustre bien le modèle de la robe entourée 92,


d'ailes de vautour brodées qu i habilla par la suite toutes les souveraines. 153

Les autres femmes, parallèlement, pouvaient porter des tuniques collan tes
à une bretelle, agrémentées d' un châle à franges. À partir de la domination
perse, les hommes se pl urent souvent à se couvrir d'un ample manteau,
l'hy mation, à bord crénelé, appelé «manteau macédonien >>.
Lorsque l'Égypte s'hellénisa, on constate, par le témoignage des reliefs
contem porains, que paysans et seigneurs revê taient journellement une sorte
de robe ample, bleue ou verte, retenue parfois sous la Laille à l'aide d ' une
ceinture, et qui ressemble étrangemen t à la galabielt du fellah de nos jours.
Ils portaient sur la tête de petits bonnets pointus.
Les sandales, presque "à la poulaine" sous les Ramessides, furent alors 10, 68,
munies de l'él égante pro longation en pointe d e la seme lle, rattachée 71 ,73
en boucle à la hauteur du cou-de-pied.
La laine, pour les usages non funéraires, et le coton ~ introduit dès
la XXVIc dynastie ~ furent employés ; la soie fit son apparition avec
les Perses.
~!

CHAPITRE V
Art rnéroïtique
par Jean Leclant

27 1

Tandis que l'Égypte, divisée et repliée sur elle-même, connaissait l'éclipse


- relative d'ailleurs- de la Troisième Période Intermédiaire, une puissance
forte se reconstituait peu à peu dans les régions lointaines du Sud, jadis
soumises à sa domination :à Napata, au pied de la montagne sainte du Cebe!
Barka!, une dynastie de princes kouchites peut apparaître comme celle des
successeurs lointains des souverains de Kerma, anéantis au début du Nouvel
Emp ire. À partir de 850, dans la nécropole d'El-Kurru, sur la rive droite du
fleuve, on peut suivre l'évolution rapide de leurs sépultures :c'est d'abord une
simple fosse reco uverte d 'un tumulus; puis la superstructure devien t un
massif de maçonnerie doté d'une chapelle; les défunts reposaient sur un lit
funéraire, selon la vieille coutume locale attestée au ne millénaire pour les
princes de Kerma. Vers 730, Piankhy (qu'il conYient désormais d'appeler
plutôt Peye), ayant franchi steppes et déserts, effectue à travers l'Égypte,
jusque dans le Delta, une expédition militaire triomphale que relate une
grande stèle en hiéroglyphes, typiquement égyptienne; il adore les dieux
pharaoniques, affirme une orthodoxie totale. Sa tombe est surmontée d'une
pyramide, une longue descenderie du cô té Est conduisant ve rs la chambre
sépulcrale voûtée. Désormais, les tombes des souverains de Kou ch sont
dominées par des pyramides au profil aigu, de dimensions relativement
restreintes :les modèles ne sont pas les monuments énormes de l'Ancien
Empire égyptien, mais ceux en usage pour les notables durant le Nouvel
Empire, tant en Égypte que dans la Nubi e placée sous contrôle égyptien .
Durant le millénaire que durera la domination kouchite s'élèveront ainsi au
Soudan tant de pyramides que, de façon paradoxale, malgré les destructions
des siècles, Napata et Méroé peuvent s'enorgueillir aujourd' hui de plus de
pyramides que n'en a gardées la vénérable Égypte.
Napata, en aval proche de la Quatrième Cataracte, puis Méroé, plus au
Sud, dans les steppes voisines de la Sixième Cataracte, telles furent les deux
métropoles successives d'un Empire trop longtemps méconnu : celui des
190. Tête d'une statuette de Chabaka.
XXV' dyn. (vers 716-701 av. ].-C.). Faïence. "Éthiopiens" des auteurs classiques, Kouch de la Bible et des textes égyptiens,
Haut. 3 cm. Paris, Musée du Louvre. c'est-à-dire la partie Nord de l'acluel Soudan. L'usage français n'étant guère
272 191. Kawa, temple. Statue de Taharqa d'échanges entre l'Égypte, la mer Rouge et le reste de l'Afrique. Mais l'explo- 273
protégé par le dieu Amon criocéphale. ration scientifique de cetle vaste zone ne fait guère q ue commen cer; on
XXV' dyn. (690-664 av. f.- C.). Granit.
Haut. totale : 1 m. Khartoum, Musée peut seulement présenter quelques œ uvres majeures, établir un classement
national du Soudan. préalable de la documentation, jalonner quelques repères et tenter de dresser
un bilan critique de rés ultats encore peu coordonnés. La contrée demeure
d'accès difficile, sans voies de communication, le Nil étant coupé par les
énormes ve rrous des cataractes, sous la rigueur accablante du Tropique.
Après la conquête par lsrnaïl Pacha en 1821 et le passage de quelques voya-
geurs intrépides comme le Nantais Cailliaud, la vallée moyenne du Nil ne fut
l'objet que de rares reconnaissances, telle l'expédition prussienne de Lepsius
en 1844; au début de notre siècle, la construction du barrage d'Assouan
entraîna l'exploration méthodique de la Basse-Nubie (entre la Première et la
Deuxième Cataracte); la découverte d'un lot important de tables d'offrandes
et de stèles funéraires permit alors à l'Anglais F LI. Griffith d'établir son
déch iffrement de l'écriture méroïtiq ue (1909-1911). De 1916 à 1923, une
importante mission américain e, dirigée par G.A. Reisner, s'attaqua aux
immenses nécropoles, mais il fallut attendre 1950 pour que commencent à
paraître les volumes de la somptueuse série des Ro.ral Cemeteries ofKuslt.
Dans la zone vouée à la submersion sous les eaux du lac Nasser, en amont du
Haut-Barrage d'Assouan, les années 1960 voient travailler de nombreuses
équipes; cette archéologie de sauvetage n'a rec ueilli cependant que peu de
5, 97,matériel de cette époq ue. Désormais, sur plusieurs sites napatéens et méroï-
190 tiques, quelques points dans les immensités du Soudan, de rares missions
fam il ier avec la dénomination de" Kouch,, on peut désigner comme méroï- continuent les recherches, récoltant chaque année leur lot de documentation.
Lique, dans un sens large, J'ensemble de cette cullure. Tenue longtemps pour Et pourtant Kouch fut à ce point glorieux que, pendant un demi-siècle
une forme abâtardie de la civilisation pharaonique, elle csl en fait originale (de 713 à 664), elle fournit à l'Égypte une dynastie, la xxve,
et tin t tête aux
et tient une p lace primordiale (non seulement d' un point de vue chronolo- plus redoutables guerriers de l'heure, les Assyriens. Une galerie d'œuvres
gique, mais aussi en raison de ses réalisations) dans l'hisLoire de l'Afrique. Sur 7, 98, puissan tes fait connaîLre les traits de ces souverains superbes d'Égypte et
un tréfonds indigène jouent certes les influences de l'Égypte pharaonique, 99, du Soudan : des statues recueillies tant à Thèbes qu'à Napata offrent les
Double page suivante :
puis au-delà celles de la Méditerranée, d'Alexandrie en particulier ; mais, 191, portraits de Ch abaka, le fondateur de la dynastie (713-698), de Chabataka 192. Statuette de Taharqa agenouillé
sous le décor importé, la part locale demeure essentielle. C'est pourquoi 192 (698-690) et de Taharqa le con quérant (690-664); assez bien individualisés, le et faisant une offrande au dieu faucon
Hemen. XXV' dyn. (690-664 av. f. -C.).
l'intérêt est grand aujourd'h ui pour ce secteur arch éologique. Les Africains dernier surtout, ces pharaons s'affirment avec un réalisme parfois br utal ; plaqué d'or.
Bronze et schiste
se posenl de nombreuses quesLions au sujet de Méroé, zone de passage et lieu brachycéphales, ils ont le front bas, les pom mettes fortement marquées, Haut. 19,7 cm. Paris, Musée du Louvre.
276 le cou trapu; le menton est énergiqu e, les lhres gourmandes; l'apparte- 194. Gebel Barka/, temple d'Amon. 277
nance e thnique eL la ~· igu e ur de solda ts sûrs d'eux-mêmes sont fo rtement Détail du sphinx à l'effigie du roi
Senkam anisken portant la double
exprimées, sa ns intention d'ailleurs J e caricature de la part de leurs artistes
couronne. !" dyn. de Napata
égyptiens; car les "Éthiopiens » de la xxve dynastie apparaissent comme (vers 643-623 av. ]. -C.). Granit.
d'authentiques pharaons, dé,·ots des dieux et des valeurs de l'Égypte la Khartoum, Musée national du Soudan.

plus classique.
Vêtus eL parés dans l'ensemble à l'égyptienne, ils affectionnent le pagne
court p lissé. Surtout, ils portent avec prédi lection une coiffe typique :un 5, 7,
bonnet hémisphérique, peut-être de peau plutôt que d'étoffe, qui enserre 192
étroitement la nuque; une patte semble protéger la tempe; un épais bandeau
entoure le bonnet et sans doute le rnainLienL; il devait être noué :les pans c'est da colonn e, l' un ique" chantée par Rainer- Maria Rilke. Disséminées
retombent largement en arrière des épaules. Deux serpents, pressés l' un dans la vaste enceinte du grand temple d'Amon, en particu lier dans le sec-
contre l'auiTc, contourn ent la voûte du crâne ct, après avoir dess iné un gros teur Nord -Est, de petites chapelles, certaines m inuscules (les deux pièces de
repli, redressent leurs cous gonflés à [';nant du front ; ces deux urœus sont la chapelle d'Osiris Neb-ankh n'excèdent: pas 10m2), montrent l'in térêt des
caractéristiques de cette dynastie qui fït l' union de l'Égypte et du Soudan. 55 Éthiopiens pour Osiris. Plus complexe est l'édifice près du Lac sacré, monu-
L'allégeance envers Amon, sous sa forme soudanaise du bélier, se manifeste ment surélevé, accessible par une rampe, don t les cryptes recèlent les figu-
dans les bijoux qui apportent u ne nuance d'exotisme à ces rep résentations rations et les textes d ' une théologie spécifiquement: thébaine. C'est dans
autrement sobres et dépou illées : omements d'orei lle ou colliers qui exaltent 57 Thèbes encore, entre le temple d 'Amon et cel ui de Mout, que le dernier
la tête de J'anima l sacré, fineme nt cise lée avec ses corn es recourbées, le souverain de la XXVc dynastie, Tanoutamon (664-656), a dédié une chapelle
chanfrein busqué et le long mufle. à Osiris-Ptah Neb-ankh, dont les reliefs ont encore gardé une partie de
Chabaka et Chabataka, peu présents en Nubie, apparaissent sur divers leurs couleurs vives.
monuments d'Égypte. Mais le bâtisseur par excellence est làharqa. Au pied 5, 7, Auprès des souYerains dont on conserve aussi une belle série de petites
du Gcbcl Barka l, il poursuit l'œm re monumentale de Peye et ajoute le 192 statuettes les figurant agenouillés, en adoration devant les dieux, on ne saurait
l yphonium, temple en partie rupestre, précédé d'une sall e a ux curieux négliger leurs parentes, sœurs ou cousines, auxquelles était confiée la charge
piliers en form e de Bès ; pour le temple de Kawa, en plein cœur du bassin éminente d'«Épouse diYine d'Arnon "; vierges consacrées au dieu, l'éclat de
du Dongola, il fait venir les artisans de Memphis ; son norn se lit en maints leur pouvoir et de leur charme a perpétué leur souvenir jusque ch ez les
points à Lr·avers la Nubie, à Kasr Ihrim en particulier. A Karnak, selon un 100, 101 Grecs de l'époque classique. Les images gracie uses d 'Aménirdis et de
programme systématique, ii érige aux quatre points cardinaux des colonnades- 102 Chépénoupet reviennen t souvent sur les monuments Lhébains des Éthiopiens
propylées; leurs murs-bahuts sont décorés de suites cohéren tes de scènes à l'égal desquels elles étaient figurées, bé néficiant de presque tous les
193. Gebel Barka/, temple d'Amon. Statue
acéphale de la reine Amanimalol, femme présentant des épisodes du couronnement et des jubilés royaux; les chapi- privilèges régaliens, même celui de la fête -sed. Le réalisme teinté d'archaïsme
du roi Senkamanisken, debout. J" dyn. teaux des élégantes colonnes sont des ombelles de papyrus, largem ent de l'époque s'applique a ussi aux statues des hauts dignitaires Harwa,
de Napata (vers 643-623 av. ]. -C.).
Granit. Grandeur nature. Khartoum, épanouies. De la grande colonnade de l'Ouest ne subsiste debout qu 'une Akhamenrou ou le puissant" Préfet de la Ville - quatrième prophète d'Amon ,,
Musée national du Soudan. seule colonne qui, dépassant 20 rn de hauteur, atteste la glo ire de Taharqa ; 106, 107 le célèbre Monlo uemhat.
278 195. Gebel Barka/, temple d'Atlanersa. Acôté se range, d'une façon qui pourrait paraitre surprenante, la statue d'un 279
Statue de l'époque d'Ergamène (?).
Vers 225 av. ].-C. Granit. Haut. 3,35 m.
dignitaire adipeux à la démarche pesante, vêtu d'une sorte de sarrau à
Khartoum, Musée national du Soudan. bretelles; c'est, selon l'inscription hiéroglyphiqu e du socle, un "noble et
prince, ,-éritable connu du roi qui l'aime"; son nom, transcrit de l'égyptien,
est Irigadiganen, mais nous ferions mieux de le lire, à la nubienne,Ariketekana.
Car, derrière la façade d'un style éminemment pharaonique, il ne faut pas
oublier qu'il s'agit de Kouchites.
Si nous retournons au Soudan, où ont tenu à se faire inhumer les souve-
rains de la xxve dynastie, leurs tombes et celles de leurs successeurs, les
souverains de la 1•·e dynastie de Napata, apparaissent certes, dans l'ensemble,
de tradition égyptienne; mais celles de leurs sujets, telles qu'on les connaît
248 par la nécropole de Sanam ou les tombes anciennes de Méroé, révèlent des
usages plus indigènes. Chabaka et Chabataka sont restés fidèles à la nécro-
pole anceslrale d'EI-Kurru. Taharqa inaugure, sur la rive gauche du fle uve,
un nouveau cimetière à Nuri, où la pyramide no 1 a été considérée jusqu'à
présent comme sa sépulture. On y a certes retrouvé une exceptionnell e
collection de chaouabtis dont les multiples visages complètent sa riche
iconographie, mais aucune autre trace d'ensevelissement. Nous y verrions
volontiers un céno taphe assez comparable à l'Osiréion d'Abydos; dans la
nécropole provinciale de Sedeinga, au Nord de la Troisième Cataracte,
les vestiges d'une sépulture fort endommagée comportent, de façon vrai -
ment imprévue, tout à la fois l' image et le nom de Taharqa.
L'invasion assyrienne chasse Tanoutamon d'Égypte; il fait retour à la nécro-
195 pole traditionnelle d'El-Kurru. Ses successeurs: Atlanersa, Senkamanisken,
3 Anlamani,Aspelta (593 -568) se signalent par des œuvres impressionnantes.
Ils font tailler dans le rude granit de puissantes statues d'un formalisme
parfois colossal. A Nuri, les deux magnifiques sarcophages d'Anlamani et
d'Aspelta, qui ne pèsent pas moins d'une quinzaine de tonnes, sont décorés
de façon stricte selon le modèle égyptien, avec des séquences toutes classiques
empruntées aux Textes des Pyramides et au Livre des Morts.
Puis la documentation se raréfie. Dans l'incertitud e de la chronologie
d'époques encore obscures, en l'absence d'inscriptions et de repères data-
bles, on ne peut que citer des œuvres disparates, d'interprétation le plus
280 196. Gebel Barka/, temple de Taharqa (?). souvent incertaine : au jugement d' égyptologues purs, il s'agirait d 'une
Grande amulette. XXV' dyn.
longue décadence, les "renouveaux" égyptiens étant dus aux j eux de la
(vers 680 av. f.-C.). Faïence. Haut. 23,8 cm.
Londres, British Museum. politique et des influences culturelles. En fait, il convient plutôt de prêter
attention à la différence et d'y chercher l'émergence de tendances originales,
celles des Méroïtes eux-mêmes. Les stèles d'Harsiotef (404-369 env.) et de
Nastasen (335 -315 env.), un contemporain d'Alexandre le Grand, témoi-
gnent, tant par leur langue que par le style des scènes gravées en leur
cintre, que Kouch est désormais assez coupé du modèle, et même du
contact, égyptien.
Avec le IVe siècle, on passe de la période qu e l'on pourrait qualifier de
"napatéenne" à la culture proprement méroïtique. Le transfert de la ca pi-
tale s'est effectué déjà antérieurement, après qu'une expédition militaire
égyptienne sous Psanunétique II, en 591, eut atteint la capitale kouchite; une
nouvelle menace, en 525, fut celle du Perse Cambyse; de toute façon, les
steppes du Sud offraient des possibilités économiques plus grandes, tant
pour les pâturages que pour les ressources en bois nécessaires au travail du
fer. Napata est demeuré cependant longtemps la métropole religieuse et
le lieu des inhumations royales; la première tombe d'un souverain à Méroé est
celle d'Arkamani-qo, dont le règne pourrait être attribué aux années 270-260;
ce serait ainsi le fame ux Ergamène, un contemporain de Ptolémée II, connu
par l'historien classique Diodore de Sicile, qui relate son philhellénisme et
son hostilité aux prê tres. Le cimetière Sud où il dresse sa pyramide, tout
comme le cimetière Ouest, avait déjà reçu depuis le temps d'Aspelta des
tombes de dignitaires, voire de princes ou de princesses. Vers 240, un e
nouvelle nécropole est inaugurée à proximité : le cimetière No rd , qui
demeure le lieu d'inhumation de tous les souverains méroïtiques jusqu'au
1ve siècle de notre ère (à part un bref retour près du Gebel Barka!, aux
alentours de l'ère chrétienne). Dans le vaste site désolé de Méroé, sur une
bosse de terrain, se dresse la suite prestigieuse de ces pyramides, noircies
de soleil, sous un ciel écrasant; des chercheurs de trésors, tel l'aventurier
Ferlini en 1834, leur ont fait perdre le urs assises supérieures; avec mélan -
colie, elles n'attestent pas moins, de façon encore puissante, le renom de
l'Empire kouchite.
282 197. Méroé. Vue d'ensemble des 283
pyramides du cimetière Nord.
Vers 240 av.-IV" siècle apr. f.-C. Grès.
284 198. Méroé. Cimetière Nord: pyramide Les vastes ruines de la ville et des temples de Méroé étant encore bien
precédée de sa chapelle funéraire.
mal connues, c'est avec les reliefs décorant les chapelles construites sur la face
Début de l'ère chrétienne. Grès.
Est des pyramides qu 'il faut tenter de mettre en évidence certaines caracté -
ristiques de l'art méroïtique. Le principe de registres stricts es t abandonné;
les images du défunt, assis sur un trône souvent protégé à l'arrière par une
déesse qui éploie ses ailes en équerre, et celles des dieux majeurs dominent
les scènes, où une profusion de personnages accessoires se répartissent sur
plusieurs niveau x, selon des proportions \-ariables; certain es des scènes
procèdent du LiVTe des Morts et d u cycle du mois de Choiak, bien connu dans
le rituel égyptien, avec la procession de Sokaris, le rite de pousser les veaux
ou des danses funéraires; les souverains et les princesses, leurs épouses
ou leurs mères, aux traits accusés, sont Yêtus avec une recherche quelque
peu tapageuse ; accumulant colliers à gros grains et pendentifs, ornés de
gorgerins corn pliqués, ils parent leurs oreilles de volumineux bijoux ; cette
surch arge d'ornem en ts n'est pas sans évoquer une autre civilisation péri-
phérique de l'Empire ro main, celle des marchands parvenus de Palmyre.
Les m êmes caractères se retrouvent sur les parois des temples. Si certains
de ceux-ci p erpétu ent le plan classique qui aligne sur un axe une suite de
cours et de pièces auxquelles on accède par des portes avec corniches à gorge
et tores, tout comm e en Égypte, d'aub'es en revanche sont des sanctuaires
d'une seule pièce d'un dispositif original. Les deux meilleurs monuments de 200,201,
ce dernier type sont: les temples du Lion : à Musawv,rarat es -Sofra, celui 244-246
d'Arnekhamani (235 -218 em.) et à Naga, autour de l'ère chrétienne, celui de
Natakamani, som erain sous lequel on peut noter cependant un retour en 206
force de l'influen ce égyptienne.
Dans les solitudes du Butana, à l'arrière de Méroé, le temple de Musawwarat:
es -Sofra a été, dans les années 1960, l'objet d 'une recherche, puis d' une
anastylose des arch éologues Est-allemands; de dim ensions r elativement
modestes (sa longueur est de 15 rn), il comporte, à l'arrière du pylône, une
salle unique dont le toit était: supporté par six colonnes ornées de registres
de décoration; tant à l'intérie ur qu'à l'extérieur, les murs offrent aussi
des reliefs dans un bon style comparable au Ptolémaïque dan s ses débuts;
Arnekhamani , accompagné de son fils le prince Arka, fait des offrandes aux 200
286 199. Naga. Temple d'Amon: entrée avec 287
perspective des portes au décor gravé.
Début de l'ère chrétienne.

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288 200. Musawwarat es-Sofra. Temple du
289
Lion, mur Sud : le roi Arnekhamani
et son fils le prince Arka, face au dieu
Apedemak. Vers 235-218 av. J.-C. Grès.

les ru ines ne présentent plus de traces de décoration (peut-ê tre y avait-il


peinture sur stuc), à l'exception d'une floraison de graffites. Serait-ce une
sorte de caravansérail où l'on se rendait pour les pèlerinages? Sur des bases
de colonnes sont associés en un fort relief le lion et l'éléphant; ce dernier est
très fréquemment figuré à Musa1-1vvarat es -Sofra : ainsi, de curieuse façon,
l'image massive du pachyderme sert d 'embout à un large mur. À proximité
est creusé un énorme bassin (hafir) de 250 rn de diamètre; c'est un type
202 d'installation caractéristique des sites méroïtiques, les bords étant ornés de
204 statues de lion, de bélier à la toison crépue ou d'énormes grenouilles.
Deux siècles plus tard, aux alentours de l'ère chrétienne, un autre temple
206 du L ion est consacré à Apedemak par Natakamani, sur le site de Naga. Sur
dieux Apedemak, Amon, Sbomeker, Arensnouphis, Horus et Thot. Apedemak un môle du pylône, le souverain massacre une grappe d'ennemis ; un li on
est le dieu-lion méroïtique auquel le temple est consacré: c'est un dieu de la fam ilier, gambadant entre ses jambes, déYore l'adversaire terrassé ; l'art 201. Musawwarat es-Sofra. Temple du
guerre et de la fertilité; un hymne en hiéroglyphes égyptiens, aux signes très méroïtique est cruel. Sur l'autre môle, son épouse, la plantureuse Amanitore, Lion: vue d'ensemble avec le pylône
(après anastylose). Vers 235-218 av. f.-C.
régulièrement gravés, est dédié également à un autre maître du panthéon est dans la même attitude guerrière; les Méroïtes donnen t en effet une Grès. Long. du temple: 15 m .
méroïtique : Sbomeker, sans doute un dieu de la création. Musawwarat 244.247 place de choix aux reines, les Candaces. Peu auparavant, une Candace
202. Saba. Statue de bélier agenouillé.
es -Sofra compte aussi un autre très vaste monument, de plan fort com - ~ Amanirenas sans doute ~ venait de s'affronter à Auguste et de contraindre
Époque méroïtique. Grès. Haut. 1 m.
plexe : la Grande Enceinte avec une multitude de pièces et de couloirs dont 203. 247 l'empereur romain à une paix "honorable,, pour les Kouchites; c'est elle que Khartoum, Musée national du Soudan.
290 203. Musawwarat es-Sofra. La grande 29 1
enceinte; détail des bases de colonnes
sculptées. Époque méroïtique. Grès.
292 l'historien Strabon dépeint quelque peu hommasse et même borgne. Sur
204. Basa. Statue de lion dévorant un 293
les longs murs du temple de Naga se déroulent des cortèges de diYinités, prisonnier. Époque méroïtique. Grès.
face au ro i que suit son énorme femme stéatopyge et le prince héritier Haut. 1,50 m. Khartoum, Musée national
du Soudan.
Arikankharor, tous trois s urchargés de bijoux, d'orne:nen ts et des insignes
étranges de leur pouvoir. Les textes sont ici réduits au minimum : trois
courtes colonnes, en écriture méroïtique cette fois, donn ent les noms des
personnages et des dieux avec de très brèves formules. Sur le mur du fond,
à l'extérie ur; en plein axe, une figuration étonnante : le dieu-lion est debout
avec un triple mufle et quatre bras ; de façon double, il peut tout à la fois,
face au roi d 'un côté et à la reine de l'autre, tendre Yers leur visage un
bouquet: de dourrah et soutenir chacun d'eux par le coude. On a longtemps
voulu voir là quelque reflet de l'Inde, comme dans la très curieuse figuration
d'un serpent léontocépha le à bras humains surgissan t d'une fleur d'acanthe,
sur le petit côté du pylône du même temple. Si on conteste généralement
cette hypothèse, on ne saurait n ier dans l'art m éroïtique des influences
orientales. Ce rtains détails l:rou,·ent au mieux leurs parall èles en Iran et
même en Afghanistan; mais il conviendrait: de pou,·oir préciser le chemi-
nement de ces thèmes. Grands bâtisseurs, Natakamani et Amanitore, qui 199,
aYa ient également dédié à Naga même un temple au dieu Amon dans le 208
style pharaonique, ont encore édifié un sanctuaire à Amara dont les belles
colonnes décorées de nombreuses scènes à l'égyp tienne ont totalement
disparu depuis le siècle dernier. Mais la poursuite des fouill es pourrait
encore révéler bien des monuments comme ce palais des Candaces dégagé
partiellement en 1960 à \Vad Ben Naga.
Pour la rond e-bosse, citons quelques œuvres, sans trop nous hasarder à des
identifications ni à des datations. Ainsi les deux colosses de granit qui gisaient
dans l'île d'Argo, après avoir passé pour des statues royales, sont considérés
aujourd'hui comme représentant des dieux. Il en es t de même des deux
puissantes statues -pili ers en grès découYertes à Méroé; celle qui a gagné
le Musée de Copen hagu e figurerait le dieu Sbomeker. Quant aux dates 219
proposées, ce serait le me siècle pour les statues d'Argo, le 1er siècle pour
celles de Méroé. Tous ces ch efs-d 'œuvre frappent par la r éduction des
formes à l'essentiel et le souci de stylisation qui contraste avec la surcharge
294 205. Musawwarat es-Sofra, la Grande
295
Enceinte. Entrée monumentale du
temple 300 avec statues colossales
engagées. Époque méroïtique. Grès.
296
297

et l'exubérance du décor des bas-reliefs. Combien d'ailleurs les fouilles à propremen t parler publiée ; elles sont attribuables aux ne-me siècles de
peuvent nous apporter de révélations ; il suffit de citer les tm is extraordinaires no tre ère. Un e des sta tu es de grès, plâtr ée et peinte, figur e u n h omm e
reliefs qui s'encastraient dans les murs de Musa~ovwarat es-Sofra: l' un fi gure allon gé ; J'influence classique est Lelle que l'on se croirait face à un défunt
une tête de bélier surmontée d'une couronne amonien ne flanquée de deux é trusque. Des fe mm es opule n Les, Lota lemen t nues, sont d es sor tes de
mufles de lion, peut-être les formes anim ales de Sbomeker etArensnouphis; «Vénus ", encore que leur can on soit bien conforme à l'idéal local. Les
dans un deuxième groupe encadrant également une tête de bélier surmonté9 influences lointaines, peut-être même, au-delà de l'Égypte romaine, celles de
ce tte fo is d'un disque solaire, ces de ux divinités apparaissent sous leur 207 la Syrie, marquent un monument comme le kiosque de Naga qu i juxtapose
aspect humain ; u n troisièm e juxtapose à la tête de bélier celle d e deux des arches un peu lourdes, des colonnes engagées à chapiteaux corin th iens
déesses qui évoquent Isis et Hathor. On esl ainsi au cœ ur de la th éologie et le décor d'une profusion de frises d'ura;us et de corniches à gorge ornées
méroïtique, mêlanl ce qui peut paraître réminiscences de la religion égyp - de disques solaires.
tienne à des formes plus primitives où le cu lte animal se manifeste dan s L'opulence parfois tapage use est assurém ent une des caractéristiqu es de
toute sa vigueur. Toul récemment encore, les fouilles suisses de Tabo ont fait l'art méroïtique. Il est dommage que les pillages des tombes n 'aient laissé
connaître la statue d'un prisonnier ligoté, renversé en arrière ; un trou percé 209 subsister que peu d'œuvres d'orfevrer ie. Ce qui reste est Lme galerie de chefs-
dans la poitrine permet de lui passer une lance en plein corps, thème de d'œuvre, depuis l'admira ble man che de miroir de Chabaka figurant un tronc
cruau té magique. Sur une base de statue, un vautour plan te ses serres dans de palmier en touré de quatre déesses, j usqu'à la colleclion de bijoux volés par
le dos des \·aincus. Ferlini dans la cachette de .la pyramide de la reine Amanishakheto (fin du rer
206. N aga. Le temple du Lion. C'est, en revanche, dan s une tout au tre direction qu'orientent les œ uvres siècle); vendus par lui en Europe, ils étincellent dans les vitrines des Musées
207. Naga. Le petit kiosque.
Époque méroïtique. Grès. retro uvées dans les bains royaux de Méroé, don t la fouille n 'a jamais été 210 de Munich et de Berlin :bracelets, coll iers, penden tifs, egides, chaînes, c'est Époque méroïtique. Grès.
298 208. Naga. Temple d'Amon, montant de
209. Tabo (île d'Argo). Statue de
porte gravé : la reine Amanitore faisant
299
prisonnier ligoté, accroupi, le buste
une offrande au dieu Amon criocéphale.
renversé en arrière, un trou dans la
Début du f' siècle apr. ].-C. Grès.
poitrine. f' siècle av.- f' siècle apr. ].-C.
Haut. du détail: 1 m env. (cf fig. 199).
Grès. Haut. 44 cm. Khartoum,
Musée national du Soudan.

un prestigieux éblouissement d'or, avec des cloisonnés d'émaux où jouent les


bleus profonds et les rouges éclatants; des déesses ailées, des urœus, des
yeux-ouc(jat, des naos, bien entendu des mufles de bélier et de lion, créent une
sorte d'envoûtem ent magique.
Dans ce trésor qui comprend aussi de nombre uses bagues, les influen-
ces alexandrines sont évid en tes. Pour apprécier ces dernières, une to uche
n ou velle a é té apportée par la découverte en 1969 d 'un splendide lot de
verreri es dans une n écropole du secteu r septentrional de l'arch éo logie
252-253 m éroïtique en Nubie, à Sedeinga. À l'exception d'une dizaine de flacon s à
col étroit recueillis intacts, c'est à partir de milliers de fragments qu'ont pu
être reconstitués une trentaine de vases :flûtes à pied , coupes caliciforrnes
211 et récipients globulaires. Les de ux plus b elles pièces sont en verre bleu
transparent, à décor doré et polyc hrome. Autour de l'orifi ce court une
légende en grec: «Bois et puisses- tu Yivre,, formule promu e à une fortun e
excep tionnelle ch ez les chrétiens. Le décor du regis tre maj eur es t égyp -
tien : le dieu Osiris es t assis sur un trôn e avec divers personnages appor-
tan t des offrandes : gazelles, canards et ce qu i semble un jeune daim. L'éclat
de l'or employé à profusion, les tons variés, la diversité du dessin et des
accessoires rendent attachantes ces deux verreries. En dépit de la thématique
de l' influence égyptienne et de correspondances aYec l'art alexandrin,
..

300 211. Sedeinga, nécropole. Flûte à pied 301


à inscription grecque; le personnage
dont la tête est surmontée d'un disque
porte une gazelle et tient trois canards.
1/f siècle apr. f. -C. Verre à décor
polychrome. Haut. 20 cm.
Khartoum, Musée national du Soudan.

le traitement des coiffures et divers autres indices pourraient sug·gérer une


manufacture locale.
De toute façon, il y a là un témoignage important sur la richesse d 'un e
cité provinciale méroïtique au lllc siècle de notre ère. C'est d'ailleurs par ces
régions septentrionales, aux confins de l'Égypte romaine, que s'était ouverte,
nous l'avons vu, l'archéologie méroïtique ; les nécropoles de Karanog et d'Areika
210. Méroé, cachette de la pyramide avaienl fourni un lot notable de documents aux premières inves tigations
de la reine Amanishakheto. Bracelet. menées en Nubie, au début de ce siècle. Les fouilles de Sedeinga permettent
Fin du f' siècle av. ]. -C. Or et émail
cloisonné. Haut. 4,6 cm. Munich, peut-être de mieux les comprendre. Pour beaucoup de sépulLures, les super-
Staatliche Sammlung Agyptischer Kunst. structures devaient être non des mastabas, mais des pyramides de briques
302 crues; celles -ci peuvent présenter sur leur face Est de petites chapelles;
dans d'autres cas, partiellement creuses, elles comportent des réduits de
dimensions modestes; les montants de la petite porte peuvent se parer de
l'image sommaire d'un Anubis, le linteau d'une frise à gorge et disque solaire
ailé. Le matériel annexe de ce dispositif comprenait une table d'offi·andes, une
stèle et la statuette d'un oiseau-ba. Table d'offrandes et stèle éta ient gravées 212
d ' un texte en méroïtique, indiquant le nom du défunt, de sa mère et de son
père, ses titres maj eurs, et se terminant par des formules propitiatoires.
La table d'offrandes, où sont figurés souvent Isis et Anubis, était parfo is
disposée à l'avant sur un petit socle. Quant à la stèle funéraire, elle pouvait
être insérée sur la façade au-dessus d 'une petite lucarne.
Les statuettes qui représentent le défunt pourvu à l'arrière de longues
ailes, ou même l'image d'un oiseau à tête humaine, ont été appelées statues -
ba parce qu'elles évoquent les figurations égyptiennes de l'âme; mais peut-
être n'y a-t-il qu'analogie de forme? Celle du vice-roi Maloton est richement 213
parée et a conservé des traces de couleurs. Mais, le plus souvent, il ne reste
que la tête. Étonnante galerie de portraits de Méroïtes! Parfois on est tenté
de reconnaître la calotte des anciens souYerains éthiopiens ; ailleurs, au lieu
d'un simple bandeau uni, la coiffure se pare d'un mince diadème à décor en
chevrons; elle peut aussi être traitée comme s'il s'agissait d'un e chevelure
courte et bouclée. Dans les nécropoles les plus populaires, les têtes des
statuettes -ba sont d'un expressionnisme violent; un grand trait soulignant le
front dans sa largeur a pu être tenu pour une scarification; trois balafres
sur la joue sont les marques faciales, les seloukh, qui aujourd'hui en core,
après des millénaires, caractérisent les populations du Nord du Soudan.
Permanence de la Nubie et de Kouch. Celle-ci s'affirme au plus haut point
dans la poterie. Depuis la Préhistoire, en passant par les réalisations si belles
212. Nubie. Statue d'oiseau -ba. et variées de Kerma, jusqu'à nos jours, les artisans de ces régions ont été
Époque méroïtique. Grès. Haut. 46 cm.
des maîtres. D iYersité des techniques, variétés infinies des formes et des
Londres, British Museum.
décors témoignent de recherches incessantes; les réussites ont été nom-
213. Karanog, nécropole. Statue d'oiseau-ba breuses. C'est également dans les nécropoles du secteur Nord de l'Empire
du vice-roi Maloton. If-nf siècle apr. ]. -C.
Grès, traces de peinture. Haut. totale : 74 cm. kouchite qu'ont été recueillies les séries les plus riches, que les premiers
Le Caire, Musée égyptien. fouilleurs ont qualifiées de ''romano-nubiennes" · Parmi elles se distingue une
304 214. Semna Sud. Bouteille à décor animalier. 215. Attiri. Gobelet à décor géométrique. 305
If-IIf siècle apr. f.-C. Terre cuite peinte. If-IIf siècle apr. f.-C. Terre cuite peinte.
Khartoum, Musée national du Soudan. Khartoum, Musée national du Soudan.

pâte fine presque blanchâtre. Le décor peut être simplement géométrique, comme on en voyait encore naguère. Une lampe ornée de têtes d'éléphant
faisant appel cependant à toutes les variations du losange, du cercle, de la évoque un thème cher à l'art méroïtique.
Yolute, avec l'appoint de motifs floraux. À côté de l'école" académique" ou Au milieu du me siècle de notre ère, les Méroïtes fréquentent assidûment
de celle "aux feuilles de vigne,, se distinguent des animaliers, tels le «maitre le grand sanctuaire d'Isis à Philae, où des ex-voto constituent des témoi -
aux antilopes" ou encore le «caricaturiste" offrant l'amusante esquisse gnages nombreux de leur présence. Et soudain, c'en est fini, sous les coups
d ' un homme qui traîne son ch ien au bout d ' une laisse ; parfois il s'agit vraisemblablement d'invasions des Noubas descendus des collines du Sud-
d'une juxtaposition naïve de plantes et d'animaux qui ne manque pas Ouest du pays. Pendant plus d'un millénaire s'était perpétué dans l'Empire
de spontanéité. Croix ansées, têtes de lion , grenouilles d'éternité, ces thèmes de Kouch un rameau très curieux de la civilisation égyptienne, le tréfonds
fréquents indiquent qu'on ne peut négliger l'arrière -plan des préoccupa - local ne cessant de s'affirmer dans sa vigueur parfois brutale. Si dans l'Égypte
tions religieuses et magiques des Méroïtes. Ceux-ci ont excellé également pharaonique on a pu dégager à juste titre maintes composantes africaines,
dans l'art du bronze, mais il en reste peu. Une coupe figure une scène il n'était sans doute pas inutile de présenter l'art méroïtique, un art afro-
champêtre : les boYidés paissent, tandis qu'un villageois trait une vache et égyptien, ne serait-ce que pour mieux faire sentir l'originalité et la valeur
qu'une femme plantureuse est assise devant une hutte ronde, une toucouf spécifique des formes tant à Méroé que dans l'Égypte proprement dite.
/

L'Egypte du crépuscule
Postface
par Jean Leclant

En contemp lant les formes qu'un millénaire et dem i d e vicissitudes 307


historiques ont accumulées dans l'Égyp te des temps tardifs, on est frappé
tout à la fois par leur diversité et la continuité dont elles témoignent, par
les répétitions d 'une tradition obstinément affirmée, mais aussi par les
te ntatives de re n ouYeau; sur des thèmes spécifiques - qui constituent
l'originalité si marquée de l'art et de la civilisation pharaoniques - , ce ne
sont que variations infinies. Il serait tentant de chercher un schéma d'évo -
lution générale, tout au moins un cadre de ten dances et de lignes de force ;
mais la Basse Époque demeure encore trop mal connue po ur qu'un tel
projet n'apparaisse d'emblée arbitra ire . Trop d'œunes demeurent mal
publiées, sinon totalement négligées; trop d'études font encore défaut, par
périodes, par sites, par écoles, par catégories d'objets. Montrer que l'art égyp-
ti en ne se borne pas aux chefs-d'œuvre consacrés des temps de Chéops, de
Sésostris, de Toutankhamon et de Ramsès était le but du présent ,·olmne. No us
voulions attirer l'attention sur la longue permanence d'une civilisation qui
a visé à la pérennité et qu i, youlant mainten ir indéfiniment les leçons de
ses grands modèles, n'en a pas moins cherché des formules de renouvelle-
ment. Nous souhaitons que désormais des enquêtes patientes puissent en pré-
ciser les multiples aspects, caractériser les innovations, les retours en arrière,
les emprunts.
Avant cet effort de compréhension, qui doit aller de pair avec des recher-
ch es sur l'histoire très complexe d'une Égypte prise dans la vas te mêlée
des empires et des cultures de l'ensemble de la Méditerranée orientale, du
Proch e -Orient et de l'Afrique du Nord -Est, il serait nin sans doute de
proposer des jugements esthétiques. Encore conviendra- t-il de ne pas céder
à la tentation facile d'associer trop étroitement au va-et-vient des fluctuations
politiques les rythmes de la création artistique et de faire coïncid er trop
mécaniquement d 'hypothétiques renaissances à des phases de renouveau
dynastique. Plus important serait sans dou te de mettre en évidence les mou-
vemen ts de fond qui se dessinent alors dans la société égyptienne et les
grands courants de pensée, la montée de la religion d' Osiris, un dieu qui a
216. Horus hiéracocéphale, dit Horus
Posno. Basse Époque. Bronze. souffert et est ressuscité, le développement de la magie populaire, l'évolution
Haut. 96 cm. Paris, Musée du Louvre. de la littérature de sagesse vers des textes messianiques. Affrontés aux chocs
308 multiples de conquêtes étrangères, à la pression de cultures radicalement brutalem en t, Ja dern ière dynas tie nationale, la xxxe, réalise de grandes 309
autres, ]'.Égypte s'est raidie sur ses prop res valeurs. Ell e a voulu être encore œ uvres ; leur influence marquera les débuts de l'art des Lagides. Quant aux
davantage elle-même. Tournée ,·ers la gloire efficace de son passé, vers ses époques p tolémaïque et romaine, elles commencen t seulement à susciter
dieux, vers tous les aspects de son intégration cosmique, jusqu'à la zoolâtrie, quelque intérêt: ; si la puissance des réalisations architecturales ne peut être
elle a exalté les " différences" qui fondaien t son étonnante originalité. Dans niée, il conviendrait d'étudier la techn iq ue des re liefs, les règles de compo-
la profondeur de ses sanctuaires, les p rêtres contin uent de recopier textes sition des tableaux, les styles successifs avant de condamner sans appel "la
sacrés et commenta ires. Du point de vue p lastique, c'est là le fond ement de ronde ur des modelés et la mollesse des contours,, " la monoton ie des corn -
cet" archaïsme,, qui est la dominante de tout l'art de la Basse É poque. N'y positions, répé tées, sans action ». Il ne s'agit pas ici de vouloir systérnati-
dénonçons pas une perte totale de la puissance créatrice. E n fait, les sources q uement réhabiliter l'art de la Basse Époque égyptienn e, mais d'offrir à la
de ce retour systématique au passé sont multip les : modèles de l'Ancien discussion les problèmes que peuL soulever le caractère, répu té en quelque
E mpire, l.o ut aussi bien q ue pastiches de l'époque ramcsside; ces choix sorte inélu ctable, d'une préte ndue "longue décadence "·
apportent Yariété. Cert es, le caractère artificiel d'un e telle démar che ne peut le La référence cons tante aux grandes réalisations du passé ne manque pas
p lus souvent échapper; d'où le manque de spontanéité, la fr·oideur d'œuvres de créer parfois une impression de répétition, d'imitation, voire de pasti-
qui con tin uent à manifester l'excellence de la réa li sation technique. Car, che eL de conven tionn el ; mais c'est là moins manque d 'inspiration que
j usq u'à la fi n , l'Égyp te pharaonique a su Lrm·ailler pierre et métal ; parmi volonté délibérée de transcrire dans les formes plastiques les valeurs essen-
ses derni ers feux, il y en eu t de fort. briliants. tielles d'un e culture puissamment structurée qui, à b'avers les millénaires, a
Les appréciatio ns que nous pouvons porter dépendent. en grande partie de reposé sur les mêmes données originales. Loin d'in sister sur la monotonie,
l'exploration archéologique de la Yalléc du Nil et des découvertes q ui ne il faut plutôt prêter attention et s'arrêter au x mod ulatio ns et aux nuances
cessent. d'y être faites ; loin de deme urer figée, l' hi stoire de l'a rt égyptien infi nies dont on t su jouer avec virtuosité les artistes égyptiens.
demande de continuelles remises en q uestion. Dans une Troisième Période Sur le mouvement in terne de la civilisation égyptien ne, sur la len te et
Inte rm éd iaire mal conn u e, ont soudain lui les trésors d'orfèu eric des 131 , décisive maturation à laquelle elle n e pouvait échapper, sont venues se
Psousennès ct Osorkon trom·és par le p rofesseur P MonLet à Tanis. La p ubli- 142-146, greffer des influences extérieu res. En ce qui concerne les " Éthiopiens , ,
cation détaill ée des statues exhu mées de la cachette de Karnak apportera 175, le choc ko uchite, infusa n t un e vitali té no uvelle, a p u faire resu rgir les
sans dou te bien tô t de nouveaux éléments d 'appréciation. Une " renaissa nce p. 320 ten dances très pr ofondes, celles du tréfonds afri cain ; Je réali sme de la
éthiopienne >> précède désormais celle autrefois consacrée des Saïtes. L'explo- XXVc dynastie procède des plus anciens modèles. Les Assyriens semblent
ration méthodique des sites d u Delta, dont la tâche s'impose avec urgence, avoir été totalemen t niés, mais l'appor t des Perses mériterait considération .
devrait permettre de mieux connaître un secteur jusqu'ici négligé desanti - C'est évidemment la con frontation avec l'art grec qui pose le plus de problè-
q uités d u pays. Si l'on caractérise trop so u,·ent l'art saïtc par son souci mes. Le "maunis mélange,, des styles égyptien et grec n 'est le plus souvent
d'arch aisme et par la froideu r de copies l.rai tées dans des p ierres dures dont que trop déplorable, mais le bilan est-il entièremen t négatif? La q uestion
le polissage est poussé à l'extrême, ne faut-il pas ranger, à côté d'œu\Tes au mérite d'être posée. Entre les deux extrêmes d 'un idéalisme factice et d'u n
sourire en q uelque sorte fi gé, d'étonnan ts portraits d 'un réalisme parfois expressionnisme outrancier, n'y a-t -il pas eu des créations dignes d'intérêt? 21 7. Statue-cube de Pétaménophis.
Fin XXV' ou début XXVI' dyn. Granit.
très accen tué? Dans J'art du relief, peuL-on parler de mièH erie sans avoir La grande galerie, si magnifiquement élargie, de formes et de réalisations Hau t. 32 cm. Berlin, Staatliche Museen,
d éfini les règles du manié rism e? Au mome nt où l'Égyp te va s'écr oul er à laquelle convie l'Égypte des dernier s siècles s'ou vre sur de ux domaines Agyptisches Museum.
310
que l'historien d'art ne saurait non plus dédaigner : l'art "rnéroïtiqu e" et
bouton de lotus ou la double couronne pharaoniqu e ; il tient dans son bras
l'ar t «isiaque". Au-delà du style pharaoniqu e, puissamme nt original, deux 311
gauche une corne d'abondanc e, symbole de fécondité, qui évoque sa filiation ;
prolongem ents, trop négligés jusqu'ici, débouchen t ainsi sur l'art africain
en un geste enfantin, ce bambin porte son index droit à la bouche, signe
d'une part, sur celui de la Méditerran ée classique d'autre parl. L'examen
interprété comme une invitation à n e pas dévoiler les secrets de l'initiation
des œuvres méroïtique s nous a déjà conduits jusqu'au lointain Soudan. Il
223 anx mystères isiaques. En grande faveur, enfin, est tenu Anubis; malgré
convient maintenant de nous tourner avec l'art isiaque vers le monde gréco-
le dégoût du monde classique pour la zoolâtTie, il conserve sa tête de canidé;
romain et d'y retrouver un reflet, même lointain , de la longue lignée des
fils adultérin d'Osiris ct de Nephthys, selon certaines traditions, et adopté
chefs-d'œu vre que nous avons assemblée.
par Isis, il a aidé celle-ci dans sa quête d'Osiris dépecé et pris soin du corps
Dès le vrre siècle av. J-C., les Grecs, mercenaire s de l'arm ée pharaoniqu e
du dieu; associé parfois à Hermès dont il peut emprunter le caducée, il a
ou colons installés en Basse-Égyp te, avaient opéré entre divinités égyptien-
ainsi un rôle de psychopom pe, interm édiaire entre le monde des vivants
nes el grecques des rapprochem ents dont Hérodote s'est fait l'écho. Une
et l'au-delà.
telle interpretatio graeca conyenait aux Ptolémées, désireux de créer une
C'est ce groupe de dieux qui, par la'' douane" d'Alexandr ie, a pris son
religion mixte susceptible d'être adoptée tant par les éléments helléniques que
essor hors de la vallée du Nil et s'est répandu tout autour de la Méditerranée.
par les autochtone s. Au sein du vaste panthéon pharaoniqu e, le choix s'est
Par Délos et les îles grecques, le culte isiaque a gagné la Méditerran ée
porté sur Isis, dont la ferveur s'était affirmée au cours des derniers siècles.
A partir de la Sicile, de la Campanie puis de Rome, il a atteint
orientale.
L'épouse d'Osiris, identifiée à Ha thor, es t la déesse-mèr e, protectrice de 188
l'ensemble du monde romain jusqu'au limes lointain du Danube et de la
l'amour et de l'enfance; comme Déméter, elle est dispensatrice de fertilité .
Rhénanie, l'Espagne et l'Angleterr e. La première et la plus importante
AAlexandrie, elle se pare du chiton e t d' un châle à pans frangés, noué entre intetpretatio romana d'Isis fut son identificati on à la Fortune de Préneste,
les seins; elle ne porte plus la perruque égyptienne, mais de longues boucl es
dont Sylla restaura le temple. Isis Pelagia ou Pharia est la protectrice de
torsadées qui seraient d'origine libyenne; elle garde cependant certains de
la na,~gation . Les Césars tendant à être des rois-dieux, à l'instar des Pharaons,
ses anciens attributs : ainsi les cornes hathorique s qui enserrent le disque
culte isiaque et culte impérial se lient. Caligula est un égyptophile avéré,
solaire surmonté de deux hautes plumes. Désormais maîtresse du destin,
comme le seront nombre de ses successeurs . Au rve siècle encore, le dernier
elle tend à deYenir une déesse universelle. Auprès d'Isis, le dieu parèdre
sursaut du paganisme est la résistance d'un groupe de fidèles isiaques qui
est tantôt le traditionne l Osiris, tantôt Sarapis. Création des Lagides, ce
ten tent à Rome de s'opposer au christianism e conquérant.
dernier est un dieu de souverainet é, chthonien et funéraire, dont la théolo-
Ainsi ces statues hybrides, d'Isis, de Sarapis, d'Harpocra te, d'Hermanu bis,
gie empruntait à Osiris et à Apis une des manifestations memphites de la divi-
loin vers l'occident, ont fait connaître quelques-u nes des formes parmi les
nité. Sans qu'on puisse être affirmatif sur l'origine de son culte et de son
plus caractéristi ques de l'antique Égypte. Si la civilisation pharaoniqu e, par
iconograph ie, Sarapis, totalement hellénisé, évoque Hadès, dieu grec de
diverses voies, a fait parvenir certains de ses messages jus qu'à nous, ces
l'au-delà, avec son expression sévère, sa chevelure et sa barbe abondantes ;
œuvres, d'une es thétique souyent contes table, sont un des aspects les plus
un boisseau, le ca/athos, signe de fertilité, couvre sa tête. Auprès d'Isis et de
218. Abydos. Statue du médecin en chef manifestes de celte transmissio n. D'une façon quelque peu paradoxale ,
Pefthoneith tenant un naos devant lui. son parèdre, le dieu jeune est Harpocrate, '' Horus l'enfant"; de nombreuse s
dernière des formes qu'a suscitées la culture des Pharaons, Isis tenant sur
XXVI' dyn. (vers 550 av. ].-C. ). Granit. statuettes le montrent sur les genoux de la déesse qui s'apprête à l'allaiter.
Haut. 1,69 m. Paris, Musée du Louvre. ses genoux le jeune Horus, en préfigurant la Madone à l'enfant, semble se
Devenu pro ch e d 'É ros, Harpocrate impose sur sa coiffure bouclée un
perpétuer jusqu'à nous.
Le s Ph ar ao ns
/

Epilogue
par Jea n Le cla nt

313

.. L'Égypte survit donc p ar un domaine de fo rmes.


Le style égyptien
s'est élaboré p our faire, de ses forme s les plus hautes
, des médiatrices
entre les hommes éphémères et les constellations
qui les conduisent.
Il a divinisé la nuit ..
André Malra ux

Dans l'histoire de l'hum anité, l'Égypte des


Phar aons deme ure uniqu e par
son excep tionn elle durée et son homo géné ité
; au long de "plus de quara nte
siècles», c'est la mêm e noble simp licité , la
mêm e écon omie appa rente des
formes et la conti nuité , selon des ligne s bien
tracées, de réalis ation s dont
la calm e puiss ance ne néglige pas les charm
es d' une éléga nce assur ée.
Tant d e ch efs- d 'œ uvre s'off rent à notre
adm iratio n q u'on p o urrai t
resse ntir comm e un parad oxe d'affi rmer que
l'Égy pte phar aoniq ue n 'a pas
conn u l'art pour l'art. Et pourt ant, toutes ces
formes en fait si diverses, témoi-
gnan t de tant de dons d'inventio n , réalis ées
au prix de tant de soins, n'on t
jamais été qu'au service d 'un desse in prati
que et fonct ionn el, inlas sable -
ment et implacablemen t affirmé, celui d 'attei
ndre l'éter nel. Nulle gratu ité
clans cet unive rs tout entie r conç u pour faire
triom pher l'ord onna nce sur le
chaos, l'inte mpor el sur l'éphémèr e, pour surm
onter le conti ngen t et la mort.
C'est un art d'efficience, mais d'une efficience
qui n'est pas de ce monde : les
œ uvres sont desti nées à un publi c non pas
huma in, mais divin et funér aire.
Les énorm es temp les sont de gigan tesqu es
instru men ts de magie : l'éne rgie
cosm ique y résid e ; grâce aux prièr es et aux
offrandes que les Phar aons pré-
sentent aux dieux, ceux -ci main tienn ent l'ord
re cosmique :la crue gonfl e
le fleuve chaq ue été, chaq ue matin renaî t le
soleil, la justice est assur ée entTe
les h omm es tout comm e la victo ire sur les
enne mis. Par leur s én orme s
mass es d e p ie r r e, d ' une triom phan te
harm on ie , le s py ram i d e s
doive nt défie r les siècles; enfoncés profo ndém
219. M éroé, pylône du temple d'Isis.
ent sous terre, les appa rte-
ments funér aires des rois et des grand s sont
Statue-pilastre d'un dieu (Sbomeker ?). desti nés à une survie infin ie.
f' siècle av. f.-C. Grès. H aut. 2,23 m. Statu es et reliefs doivent confé rer aux digni
taires la perm anen ce de leurs
Copenhague, Ny Carlsberg Glyptotek. imag es; leurs texte s expo sent indéf inim ent
aux dieux leurs méri tes de la
3 14 façon la plus conventionnelle et répètent les formu les qui donnent accès à 220. M amariya. Statuette de femme 315
l'au-delà. Il n 'est jusqu'aux bibelots qui ne dépassent le cadre du quotidien ; aux bras levés («danseuse >> ?). Époque
prédynastique. Terre cuite peinte.
un objet de toilette ou de parure, un meuble ou un instTument, de lui-même
Haut. 29 cm. N ew York, Brookly n M useum.
ou par l'adjonction d'un détail symbolique, devient un talisman protégeant
contre les forces mauvaises ou donnant l'influx bénéfique. Si de telles pré-
occupations sont fort éloignées des nôtres, ne ressentons-nous pas, cepen-
dant, de façon même confuse, face aux réalisations de l'Égypte pharaonique,
la présence de formes qu i transcendent le transitoire pour nous introduire,
d'emblée, au domaine de l'essentiel ?
Dès l'origine, l'art égyptien atteint la perfection. À l'aurore du prédynas-
tique, telle statuette de Nagada affirme déjà u ne stylisation tout à la fois 220
puissante et raffinée. Puis, à la fin du lVe millénaire, la civilisation pharao-
nique naît d' un coup. Elle accuse aussitôt sa spécificité et son extraordi-
naire originalité; protégée de l'extérieur par la ceinture de ses déserts, elle
ne sera que rarement soumise à des influences étrangères et tiendra coûte
que coûte à les assimiler. Nous avons certes tenté de mettre en évidence
l'évolution de l'art égyptien ; comment n'aurait-il pas bougé durant plus de
trois m illénaires? Ce sont pourtant les constances qui s' imposent plus que
les d ifférences. Il y a des ruptures, des eHondrements qui correspondent aux
périodes intermédiaires, durant lesquelles le pouvoir phara onique s'est
désagrégé. Mais, à chaque renaissance, il y a retour aux origines; les Égyptiens
ont tenté de retrouver la perfection initiale, de revenir aux modèles du
début. Peut-êt1·e faut-il y reconnaître la marque essentielle d' une civilisation Si l'artiste égyptien a su œ uvrer avec maîtrise dans le bois et le métal,
de la pierre, qui situe son âge d 'or aux prem iers commencements. c'est cependant la pierre qu'il a inlassablement travaillée - et c'était effecti-
Ne reprochons pas aux ar tistes égyptiens d 'avoir manqué d'esprit créateur vement le matériau d'éternité qui a le mieux subsisté jusqu'à nous. Le limon
et d'avoir cédé à la facilité de la répétition. On est au contraire frappé par la a fourni les innombrables briques des palais et des annexes des temples,
multiplicité des tentatives; quels partis plus étonnamment novateurs que mais ceux-ci ont été élevés, pour leurs parties principales, en pierre. Plus
ceux d'Imhotep et Djoser à Saqqara, d 'Hatchepsout et de Sencnmout à Deir que l'élégance, les architectes égypt.iens ont cherché la stabilité. Les supports,
el-Bah ari. Dans une immen se documentation, l'ar chéologue pe ut isoler pil iers, colonnes, sont lourds ; sur eux reposent des poids énormes d 'en ta-
des séries qui, par leurs formes, le matériau, le th ème d 'utilisation, sont blements et de couvertures; cette architecture tient par sa masse. Souvent
caractéristiques d'une période, parfois même relativement courte, puis dispa- cependant les fondations sont peu consistan tes : sorte d'image réduite de
raissent. Hiératisme certes d'un art qui pourrait paraître hors du temps, l'univers, le temple est posé sur le limon ou le sable, sur les élémen ts primor-
mais, pour l'observateur attentif, nulle monotonie. diaux du Noun, d'où émerge la création entière. Le pylône est un én orme
316 rempart séparant monde profane et domaine du sacré. Quant aux statues, plus ieurs moments d'une action peuvent être indiqués en même temps : un 317
taillées dans des roches robustes, elles s'enferment dans des volumes très raccourci en ramasse le progrès dans une sorte de simultanéité ontolo-
stricts, éYitant au maximum les zones de fragilité ; la tête est rattachée au corps, gique. Tandis que les scènes s'ordonnent en registres stricts, les dimensions
sans rupture possible, par une lourde penuque; la statue -cube, ramassée sur respe ctives des éléments de la figuration procèdent de classements
son socle, n 'offre guère de prise aux injures du temps. Pour plus de sûreté autres que ceux de l' éloignement, tel l'ord re de dignité : Pharaon ou le
encore, les images des objets et des personnages sont projetées sur les murs, maître de céans sont de grande taille; les figurants qui les assistent, par leurs
et on laisse aux reliefs, peu saillants de la paroi ou en creux, le soin d'immor- dime nsions moindres, attestent que la hiérarchie est: respectée. Cet art
taliser ce qui doit subsister pour l'éternité. Lient grand compte des impératifs sociaux. L'esthétique dépend étroite-
La plupart des formes égyptiennes se définissent selon des volumes rigou- ment de l'éthique :un idéal de bienséance et de gravité, exprimé maintes
reux. La disposition des monuments obéit aux directions cardinales : axe fois dans les Sagesses, incite au calme; Je hiératisme sied aux dieux et aux
Sud-Nord du fleuve, axe Est-Ouest de la course du soleil; au risque d'une défunts; tout mouvement excessif se trouve exclu, tout geste fortuit: est
certaine raideur, ils accusent des lignes strictement tracées. Les statues banni. L'agitation est le lot du désordre ou de la douleur: animaux blessés
présentent une frontalité systématique: elles s'offrent de face, en toute fran- de la chasse, Asiatiques ou nègres en déroute, gesticulations des pleureu-
chise; selon un axe perpendiculaire s'alignent les profils latéraux. Cette ses. Par contraste, ces attitudes font mesurer combien l'art égyptien est
rigueur contribue à donner à l'art égyptien une allure très intellectuelle. habitue llement le fait: d ' une systématique : la grammaire des formes est:
L'harmonie et le rythme se dégagent de proportions nettement définies; liée à l'ordonnance des dietLx et de l'au-delà. Mais, dans une scène composée
celles-ci sont obtenues par l'emploi de triangles simples, de tracés fondés sur selon règles et conventions, ce peut être soudain le détail anecdotique,
les règles du nombre d'or. la touche de fraîcheur et de spontanéité. Les figurations animalières
Plutôt que de rendre l'aspect momentané des choses, l'artiste ég;ptien les révèlent l'artiste égyptien profondément sensible aux frémissements de
fixe dans leur essence. Ce qui le conduit à représenter non ce qui se voit, la nature.
mais ce qui existe réellement. Aussi reliefs et peintures peuvent-ils combiner Derrière la façade d'un programme rigoureusement concerté, l'artiste
plusieurs angles de vue :dans le même corps humain, la face est de profil , es t toujours présent. Certes, de façon générale, les noms des créateurs ne
mais l'œi l de face, les deux épaules sont figurées à la fois, mais un seul sein, sont pas parvenus jusqu'à nous ; les" signatures» sont rares. Artiste ou
celui-ci de profil comme le sont les jambes; dans la même représentation artisan? C'est sans doute là une fauss e question . Pour la réalisation d'un
peuvent être offerts ensemble plan, élévation et coupe: une table d'offran- même idéal collectif, tous ont œuvré ensemble :carriers, tailleurs de pierre,
des est figurée \'Ue de dessus, mais gâteaux et vases sont en élévation; grâce menuisiers, sculpteurs, peintres, forgerons, plâtriers, ingénie urs, chefs de
à des rabattements opérés dans toutes les directions, le bassin entouré traYaux, sans oublier, à tous les ni' eaux, les scribes \ ersés dans les sciences
d'un jardin planté d'arbres est donné comme un plan d'eau, où nagent les sacrées, depuis les" scribes de contour», traçant figurations et textes,
poissons, tandis que palmiers et sycomores se découpent vers l'extérieur, jusqu'à ceux du rang I.e plus élevé, maîtres, auprès de Pharaon, de la poli-
en haut et en bas, à droite et à gauche du quadrilatère. La perspective est tique suprême. Du plus humble jusqu'à Imhotep ou Amenhotep, fils de
221. Nectanébo II debout entre les pattes
dédaignée au profit d'une "aspective ",qui procède d' une analyse concep- Hapo u jugés dignes de rejoindre les dieux, tous ont apporté leur contri-
d'un faucon. XXX' dyn. (vers 350 av. ].-
C.). Calcaire compact. Haut. 50 cm. tuelle. On évite soigneusement de masquer tout ou partie d'un person- 222. Karnak, domaine d'Amon-Rê.
butio n et donné leur marque à l'ouvrage; respectant: bien entendu les
Paris, Musée du Louvre. Temple d'Opet: chapiteau hathorique.
nage ou d 'un objet; on effectue au besoin un décalage. Inversem ent, règles de la tradition, chacun a travaillé selon son inspiration et son propre Époque d'Auguste.
318 goût; dans les tombes thébaines, il y a des styles personnels; des maîtres vivantes» que les prêtres "animaient» par le rite de l'ouverture de la bouche, 319
peuvent être distingués, des écoles sans doute familiales, la transmission se lors des funérailles; c'est indéfinime nt que le défunt reçoit les offrandes,
faisan t de père en fils. Tous se sont attachés à exécuter leur tâche avec un que l'officiant encense le dieu; les hiéroglyphes eux- mêmes sont animés
soin exemp laire. Durant trois millénaires, il y eut peu de renouvellement des comme toutes les autres images ; on les mutilait au besoin : si tel animal peut
procédés; dans l' ignorance où nous sommes le plus souvent de l'outillage, se montrer r edoutable dans l'au -delà, on plâtre partiellement ce signe;
qui a dû demeurer sommaire, nous restons confondus devant les résultats présent comme outil graphique, il perd ainsi de son efficience magique. Une
atteints ; il fallait sans doute beaucoup de temps et ce que nous sommes connaissance des fondements, essentiellement religieux, de la civilisation
contra ints d'appeler - faute de mieux - des "tours de main'' ; pour la taille égyptienne permet de situer les œuvres dans les perspectives qui furent
des pierres dures, les percuteurs étaient des rognons de silex et des galets celles de leurs créateurs. Mais, de toute façon , la puissance de leur message
de dolérite; le polissage était parfait par des poudres abrasives à base de est telle qu'elles ne peuvent que s'imposer à nous. De la sorte, en un sens
quartz fin. Les peintres usaien t de pigments provenant du b royage de certes différent de l'intention première, elles réponden t à cette volonté
minéraux soigneusement recherchés dans les montagnes désertiques. Si la d'éternité :elles sont pour nous bien vivantes. "Modernes,, ainsi s'affirment
peinture proprement dite n 'a été pour les Égyptiens qu'un art de substi- maintes formes pharaoniques, dans leur dépo uillement : elles visent à
tution, en re' anche tous les reliefs étaient peints; mais les couleurs visaient l'essentiel, à ce qu'il y a de plus permanent dans l'exigence du beau. Étonnant
moins à reproduire directement celles de la nature qu'à s'agencer selon une retournement et véritable paradoxe de l'art pharaonique :voué à une
symbolique précise; le rouge était lié au désert, au sang, aux forces hostiles; efficaci té que nous qualifierions, selon notre terminologie, de magique, il
l'homme est d'une carnation fon cée, la femme d 'un jaune clair; à chaque touche en nous, directement, le plus profond de notre sensibilité. Inesti -
hiéroglyphe ou partie d'hiéroglyphe est affectée une couleur déterminée. mables vestiges du naufrage des siècles, les ruines immenses des rives du Nil,
Réalisme ou conven tion, observation ou idéalisation? Autre fau x débat les nécropoles, les temples continuent d'offrir leur message d'éternité - et
sans doute. C'est par système que le personnage es t représenté au meilleur de perfection. "Faire vivre le nom» , tels étaient le désir et la méthode de
de sa vie, dans une sorte de p érenn isation théorique; à part quelqu es résurrection des anciens Égyptiens. Quel meilleur hommage que de citer
exceptions, qui mettent en valeur les qualités d 'observation de l'artiste, leurs œuvres avec admiration et faire ainsi revivre ces Pharaons et ce peuple
les outrages des ans sont ignorés; cependan t, la statue ou le relief devant qui, par des créations prestigieuses, ont tant vo ulu se perpétuer "à toujours
assurer au défunt une présence éternelle, il convenait de lui donner une et à jamais"?
certaine ressemblance; c'es t en tre ces deux exigences contradictoires qu e
se situe la création de l'artiste.
Ainsi, nous n e saurions traiter l'art égyptien selon les critères et les
mesures de nos jugements esthétiques actuels. Cependant, alors que les arts
primitifs, le cubisme, le surréalisme ont bouleversé les canons traditionnels
et une vision trop étroitement classique, sans doute sommes-nous mieux Page suivante :
223. Statuette d'Anubis sur un socle orné préparés que naguère pour une confrontation avec les œ uvres pharao- Tanis, tombeau de Psousennes l" .
d'une façade de palais. Basse Époque. Plaquette d'or ornée d'un oudjat
Bois peint. Haut. 42 cm. Hildesheim, niques. Ces figurations, qui reproduisent pour toujours la réalité dans
exécutée au bosselage. XXI' dyn.
Roemer-Pelizaeus Museum. son essence, étaient censées vivre à jamais : les statues sont des "images Le Caire, Musée égyptien.
_ANNEXES

Plans et restitutions
Cartes
Bibliographies
Index
Plans et restitutions Plans et restitutions

Caveau de Shesho nq III


'

Porte
monumentale
de Sheshonq_pl
,_,
1
'
:
j

1 0
'
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!
'

1o~--~-----~o~---"15 M
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1 0
,-g
Caveau prévu pour Amenemope
Tombeau de Psousennès

322
Port e Ouest
Pso usennès c) ; Porte de
,u
' 0

323
Temple d'Horus Ptol~ée 228. Dendara. Temple d'Hathor : coupe
longitudinale restituée. Époque de Ptolémée
Néos Dionysos à Tibère.
Inache"vé
lOO M Grande enceinte
f--~-...:..:i 229. Dendara. Plan général des constructions
349
à l'intérieur de l'enceinte sacrée. De la fin de

1
l'époque ptolémaïque au If siècle apr. f.-C.

ê aiCaire
- Bfique crue
~Torribeau Ïlb'yen
- Granit

224-225. Tanis. Plan schématique général du site avec les deux enceintes du grand temple et plan de la nécropole royale. XXI' -XXII' dyn.

0
Cholpellede
MonLouhocep

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230. Dendara. Temple d'Hathor: plan.


226-227. Saqqara. Tombe du vizir Bocchoris (Bakenranef): coupe longitudinale et plan. Entre 594 et 588 av. f.-C. 10 20 M Époque de Ptolémée Néos Dionysos à Tibère.
o----~---'
Plans et restitutions Plans et restitutions

Kiosque du toit

~-=---
- - - --·-- - - - --

324 325
Escalier de l'Ouest
231. Dendara. Temple d'Hator. Fin de l'époque ptolémaïque.
Coupe Nord-Sud de la partie Sud-Ouest du temple majeur. Escalier de l'Ouest

Cour des offrandes


ou large cour de la libation

10 M

Dendara. Temple d'Hator. Fin de l'époque


ptolémaïque.
10 20 M
232. Dendara. Plan du Lac sacré à l'intérieur de l'enceinte. 233. Plan de la ouabet, de la cour à ciel ouvert et
Époque d'Auguste(?). de l'escalier à mi-hauteur.
236-237. Edfou. Temple d'Horus : coupe longitudinale et plan. Époque ptolémaïque.
234. Plan de la ouabet, de la cour à ciel ouvert
et de l'escalier au rez-de-chaussée.

235. Kom -Ombo. Plan du temple jumelé


de Sobek et d'Haroèris. Époques
ptolémaïque et romaine.

238. Edfou. Temple d'Horus,


pylône : coupe (à gauche) et
portique vu en transparence
(à droite). Fin de l'époque
ptolémaïque.
10 20 M
10 20 M
Plans et restitutions Plans et restitutions

241. Kalabsha. 1èmple de Mandoulis:


coupe longitudinale restituée (les 3 colonnes
à droite sont restituées à tort). Époques
ptolémaïque et romaine.
-,
326 327
',

239. Kalabsha. Temple de Mandoulis :plan. Époques ptolémaïque et romaine.

240. Deir el-Médineh. Plan du temple d'Hathor. 242-243. Alexandrie. Nécropole de Kom el-Chougafa: plan et coupe partiels sur la rotonde et les chapelles
0 5 M
Époque ptolémaïque. avoisinantes. f'-If siècle apr. f.-C.
Plans et restitutions Plans et restitutions

328
329

~
:~· Ca r rières

~----------5~00-----------~~~ M

244. Musawwarat es-Sofra. Plan général du site. Époque méroïtique.

5 M

50 M

245-246. Musawwarat es-Sofra. Temple du Lion: coupe longitudinale et plan. Vers 235-218 av. ] .-C.
247. Musawwarat es-Sofra. Plan de la Grande Enceinte. Époque méroïtique.
Plans et restitutions Cartes

f L'ÉGYPTE ET LA NUBIE
(pages suivantes)
EI·Kurru 4

1..~1~
330
••
~, Abou Gourab . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C3 Fayoum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C 2 Nécropole thébaine . . . . . . . . . . . . . . . . G 4 331
0 15 Km Typhonium de Taharqa Abou Simbel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K3 Nuri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 3
Abydos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F3 Gebel Barka! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 3
248. Plan de la région de Napata. 249. Détail des temples situés près du Gebel Barka/ (région Achmounein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2 Gebel Silsileh H5 Ouadi Halfa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L 3
de N apata). XXV' dyn. Époques napatéenne et méroïtique. Akhmim . ... .. . . .... . . . . . . ..... . .. F3
Alexandrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A1 Hawara . . .... .. . . . . .. . ... . . . . . ... C2 Philae H4
Amara . . . .. ... . . . . ........... . . . . M2 Héliopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Pi-Ramsès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 3
Antinooupolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2 Héracléopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C2 Ptolémaïs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F 3
-; Areika . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K4 Hermopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2
1
\\ Argo (île d') . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N2 Hibeh (El-) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . D2 Qustul . . . . . .. .. ... . . ... . .. .. . . •. . K3
1 Assiout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E3
\
1 Assouan .... . . .. . . . . .. . . . ... . . ... . H4 Kalabsha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J4 Rosette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A 2
Attiri .. . . . . . . . . . . ... .... . .... . . .. . L2 Karanog . ........ . . . ... . . . . . .. .... K4
Karnak . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Saï (île de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . M 2
Ballana . . . . . .. . .. . . . .. .. . ... . . . . . . K3 Kasr Ibrim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K3 Saïs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 2
Basa . . .. . . . . .. ... . . . ..... . . . . . . . . Q5 Kawa . . . ... . .... . . .. . . . . . . . . . . ... N2 Sanam ... ... . . .. . . .. . . . . .. . .... . . 0 3
Behbeit el-Hagar . ... . . .... . .. .. . . . . A3 Kerma .. .. .. . . . .... .. .. . .. . . .. . . . N2 Saqqara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C 3
Beni Hassan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E2 Khargeh . ... . .. .. ... . .. . . . .. .. .. . . G2 Sebennytos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . AB 3
Bigeh (île de) . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . H4 Khartoum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . R4 Sedeinga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . M 2
Bouto . . . . . . . . . .. . .... . . . .. .. . ... . A2 Kom -Ombo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . H4 Semna . . . . . . .. . . . . . . . . . . . ... . . . . . L 2
Bubastis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Kurru (El-) . . ... . . . . . . . . . . . ... . . . . 03 Shendi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Q 5
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Soba . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . R 4
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Canope . . ..... . ... . . . . ... . .. . .... A 1 Lycopolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E 3 Suez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C 4
Coptos.. . ... . . . .. .. .. .. ..... . . . . . G 4
Medamoud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Tabo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N2
Damanhour . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . A2 Médinet Habou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Tanis . . . . . . . ... . . . . . . . ... . . . . . . . .. B3
Daphnae . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . B4 Memphis . . .. . .. . ...... . ......... . C3 Tanqassi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0 3
Deir el-Bahari . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G4 Mendès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3 Tell Defenneh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B4

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Dendara ........ . .. . . . ... . . . .... . , F4 Méroé .. ... . . .. . . . . . .. ... .. .. . .. . Q5 Tell Moqdam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3
Dongola . . .... . . . . . ... . .. .. . .. . .. N2 Mit-Rahineh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C3 Tell Tmaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. B3
Doush . . . . . . . . .. . . . .. . ........... G2 Moéris (lac) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C2 Tell el-Yahoudieh . . . . . . . . . . . . . . . . . . B3
Musawwarat es-Sofra . . . . . . . . . . . . . . . Q5 Tounah el-Gebel E2
Edfou . . .. ... . . . . . . . . .. . . . . .. .. . . . H 4
Erment ... . . ... . .. . . .. ... . . . .. . . . G 4 Naga . . . . ....... ... . . . . . .. . . . .. . . Q 5 Wad Ben Naga . . . . . . . . . . . . . . . . • . . . Q5
Esna . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . G 4 Napata . .. . .. . . .. . . . . ...... . . . . .. . 0 3
Naucratis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 2 Zagazig . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B 3
Faras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K 3 Na uri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N 2
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252-253. Sedeinga, cimetière
Ouest. Deux tombes à pyramides
couplées :plans superposés des
250-251. M éroé, cimetière Sud. Pyramide de la reine Bartaré : coupe longitudinale et plan. superstructures et infrastructures.
Vers 275 av. ]. -C. IIf siècle apr. f .-C.
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254. L'Égypte à la fin du monde antique. 255. La vallée du Nil. 0


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256. L'Égypte, la Nubie et le Soudan.
Bibliographie

334 ABRÉVIATIONS DE LA BTBLIOGRA PH LE Dans la présente bibliographie il n'a pas été fait mention des ouvrages déjà cités dans Le Temps des Pyramides et L'Empire des Conquérants, 335
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Borchardt (Ludwig) p. 104. Daphnae cf Tell Defenneh. Euripide p. 75. Hellanicos de Mytilène p. 26. 174, 219. 272, 273, 279,280, 289, 302,305, 309.
Bothmer (B. V.) p. 150, 160, 190, 193, 201. Darius l" p. 25, 36, 188. Evergète cf Ptolémée VIII. Hellènes cf Grecs. Isis Pelagia P: 31 1. Kurru (El-) p. 241, 271,279, 331 ;fig. 256.
Bouta p. 116, 33 1; fig. 256. Darius III Codoman p. 27, 38. Fairman p. 125. Hemenfig. 7, 192. Isis Pharia p. 311. Lacau (Pierre) p. 104.
Bruyère (Bernard) p. 104. Dattari p. 194, 195. Fayoum p. 26, 33, 138, 265, 33 1; fig. 256. Henout-Taouy p. 218, 240, 250;fig. 173. Ismaïl Pacha p. 273. Lagide p. 30, 38, 11 7, 309.
Bubastisp. 19,49, 114,152, 158, 205,331; David p. 19. Ferlini p. 280, 297. Heqet p. 119 ; fig. 65. Issos p. 27, 38. Lagos p. 38, 116.
fig. 256 Déci us p. 32. Fibonacci p. 70. Héracléopolis (Ahnas el-Medineh ) p. 63, lversen (Erik) p. 99. Lefebvre (Gustave) p. 119.
Bubastite p. 19, 205. Déesse lointaine p. 241. Fortune (Sanctuaire de la) p. 311 ;fig. 10. 331 ; fig. 256. Jérém ie p. 23. Lepsius (Karl Richard) p. 67, 98, 273.
Bu tana p. 284. Deir ei-Bahari p. 49, 187,218, 258, 314, Galien p. 43. Herculanum p. 259. Jérusalem p. 19, 224. Libye, Libyen p. 19, 20, 23, 35,111, 150,
344 Byzance p. 209, 236. 331 ;fig. 88, 176, 183,256. Gauthier (Henri) p. 104. Hériho r p. 18. Julien l'Apostat p. 248. 151, 152, 155, 156, 157, 158, 160, 163, 345
Cachette cf Favissa. Deir el-Hagar p. 32. Gaza p. 27. Hermanubis, p. 311. Justinien p. 32, 35, 39. 164, 205, 226, 230, 242, 310 ;fig. 154,
Cailliaud (Frédéric) p. 273. Deir El-Médineh p. 124; fig. 240. Geb p. 132. Hermès, Hermès Trismégiste p. 36, 46, I 19, Juvénal p. 43. 224-225.
Caire (Le) p. 108, 142, 158, 167, 181, 190, Délos p. 40, 311. Gebel Barka! p. 20, 164, 271, 276,280, 331; 311. Kalabsha p. 57, 62, 63, 72, 73, 75, 78, 98, Louxor p. 22, 31,33 1 ;fig. 101, 256.
193, 196, 199,201 ,215,2 17,224,227, Déméter p. 30, 310. fig. 193 à 196,249,256. Hermodore de Syracuse p. 39. 104, 136, 252, 331 ;fig. 12,239, 241, Lycopolis p. 46, 331 ; fig. 256.
228,236,239,265,331;fig. 256. Dendara p. 22, 26, 31, 32, 39, 48, 57, 60, Gebel Silsileh p. 19, 89, 241, 331; fig. 256. Herm opolis p. 27, 48, 97, 99, 119, 123, 206, 256. Lysippe p. 199.
Caïus ou Caligula p. 40, 42, 43, 311. 62,63, 72, 73, 74, 75, 76, 77, 78,83,86, Germanicus p. 38, 40, 43. 214,230,259,265; fig. 9, 51, 52,53,68, Karanog p. 300, 331 ;fig. 213, 256. Ma p. 152.
Caligula cf Caïus. 87, 89, 92, 98, 100, 104, 108, 110, 119, Geta p. 32. 69, 70,71 , 73, 138, 180, 187, 256. Karatepe p. 266. Maâtp. 42, 125;fig. 141.
Cambyse p. 25, 36, 280. 125, 132, 136,247, 248,253 ; fig. 23,24, Ghalioungui (D' Paul) p. 130. Hermopolis Parva p. 39. Karkémish p. 23. Macédoniens (Les) p. 99.
Candace p. 248, 289. 36,39,40, 41,42,45,46,47,49,54, 56, Grèce, Grecs (Hellènes) p. 22, 23, 25, 26, 27, Hérodote p. 25, 33, 39, 42, 48, 83, 310. Karnak p. 19, 22, 26, 57, 82, 86, 92, I ll , 152, Macrin p. 32, 98, 130.
Canope p. 32, 40, 331 ; fig. 256. 65,66, 76, 78, 79,1 72,228,229,230, 30,36,38,40,43,47,48,63,99, 147, Hibeh (El- ) p. 19, 33 1 ;fig. 256. 156, 158, 1 6~ 16~ 167, 168, 170, 1 7~ Maloton p. 302 ;fig. 213.
Caracalla p. 32. 232, 331. 182,188,208,236, 277,3 10. Hibis p. 72, 136; fig. 77. 182, 185, 187, 195, 199, 205,276, 308, Mamariya fig. 220.
Carthage p. 25. Diaduménien p. 32. Griffith (Francis Llewellyn) p. 273. Hippocrate p. 39. 33 1 ;fig. 4, Il , 30, 48, 50, 55, 57, 75, 89, Mandoulis fig. 12, 239, 241.
César p. 31, 38, 201. Dioclétien p. 33. Guey (Julien) p. 42. H ittites p. 266. 92, 94, 95, 96, 97, 98, 100, 102, 103, 105, Manéthon p. 19.
Césars (Les) p. 30, 311. Diodore de Sicile p. 48, 280. Gulbenkian (Fondation ) p. 200, 218, 230 ; Hor p. 161, 163, 170, 194, 230 ;fig. 89, 95, 106,107, I ll , 112, 117,1 23,153, 173, Mariette (Auguste) p. 53, 72, 125.
Césarion p. 31. Divine Adoratrice p. 156, 157, 168;fig. 101 , fig. 91, 113, 126. 103. 222, 256. Maximin Daia p. 33.
Chabaka p. 20, 22, Ill, 164, 168, 170, 240, 102, 104, 132, 153. Hadès p. 310. Horakhty cf Rê Horakhty. Karom am a (Divine Adoratrice) p. 156, 161, Medam oud p. 22, 331 ; fig. 256.
244,273,276,279,297;fig. 5,55,97, Djed-Djehouty-Iouefankhp. 239, 254; Hadrien p. 31, 32, 33;fig. 33, 34. Hor-Nedj-ltef fig. 83, 84. 206, 230, 268; fig. 92, 153. Mèdes (Les) p. 25, 39.
105, 190. fig. 157. Hapip. 259. Horsahor p. 201; fig. 128. Kasr Ibrim p. 276,331 ;fig. 256. Médinet Habou p. 22, 33 1 ;fig. 256.
Chabataka p. 20, 22, 167, 273, 276, 279. Djedkhonsou-louefankh p. 182. Hapou p. 317. Horus p. 31, 32, 63, 68, 110, 125 136, 226, Kawa p. 20, 167,276, 331 ;fig. 99, 191, 256. Memphis p. 22, 25, 27, 30, 32, 39, 40, 43, 47,
Chaeremon p. 42. Djedkhonsou-Iousankh fig. 182. Harbès p. 185. 254, 258, 259,288, 31 0, 311 ;fig. 1, 14, Kebehsenouf p. 259. 53, 57, 112, 114, 152, 156, 158, 167, 190,
Champollion p. 47, 104, 156, 230, 257. Djoser p. 314. Harendotès p. 116 ; fig. 64. 16,25,26,35,36,38,57, 72, 74, 76, 79, Kerma p. 271, 302, 331; fig. 256. 208, 242,276,33l; fig.20,60,67,93,
Chassinat (Émile) p. 104. Domitien p. 32 ; fig. 49. Harmakhis p. 170; fig. 105. 82, 143, 179, 180, 216, 236-237,238. Khargeh p. 25, 32, 136, 331 ;fig. 77. 11 9, 129, 168, 184, 254, 255, 256.
Chéops p. 307. Dongola p. 276, 331; fig. 256. Haroèris p. 78; fig. 29, 37, 43, 44, 235. Hyksos p. 205. Kh épri (Osiris-Kh épri) p. 122. Mem phis (Décret de) p. 40.
Chépénoupet l" p. 206, 233, 248. Douamoutef p. 259. Harpocrate p. 269,310,311 ;fig. 189. Iahentefnakht p. 157. Khérouef p. Il l. Mendès p. 26, 193 , 331 ;fig. 256.
Chépénoupet II p. 168, 230, 277; fig. 101, Doush p. 32, 33 1 ; fig. 256. Harsiésis p. 125. Ialou fig. 83. Kh noum p. 49, 68, 107, 119, 226 ;fig. 27, 28, Ménélas p. 39.
102, 132. Edfou p. 31, 48, 57, 60, 63, 68, 70, 72, Harsiotef p. 280. Im hotep p. 314,31 7. 65. Menkhéperrê p. 258.
Chou p. 133. 73, 74, 75, 78, 82, 89, 98, 104, 125, 33 1; Harwa p. 179,277. Imouthès p. 83. Kh on sou p. 19. Men sa lsiaca p. 42.
Chypre p. 241. fig. 1, 14, 16, 25, 26, 35, 38, 72, 74, 76, Hatchepsout p. 119, 314. Imset p. 259. Kh onsou-Em -Ouaset Neferhotep p. 21 2. Merneit cf Merneit Ouahibrê.
Cléopâtre VI fig. 43. 236-237, 238,256. Hathor p. 31, 63, 66, 68, 75, 83, 86, 98, 119, Inopos p. 40. Kh onsouirâa p. 170, 173. Merneit Ouahibrê p. 113; fig. 60.
Cléopâtre VII p. 31, 32, 38, 40, 197, 228. El-Kurru p. 241, 27 1,279,33 1 ;fig. 256. 124, 125, 130,1 32, 13~ 1 8 ~244, 25~ Iran p. 292. Kom El-Chougafa p. 33, 55 ; fig. 17, 22, 82, Méroé, Méroïtes p. 32, 228, 248, 271 , 272,
Cnide p. 43. Épiphane cf Ptolémée VI 253,269, 296,310; fig. 23,24, 36,39, 40, Irigadiganen cf Ariketekana. 242-243. 273, 279, 280, 284, 288, 289,292, 296,
Commode p. 130. Epi phi p. 63. 41, 42, 44,45,46,49, 54,56,66, 78, 79, Iséion p. 47, 117. Kom-Ombo p. 32, 57, 72, 73, 74, 78, 98, 297 299, 300, 302,304,305, 310, 33 1;
Constantinople p. 39. Eratosthène p. 43. 115, 141 , 173, 188, 228, 230, 240. Iséum p. 194. 130;fig. 29, 37, 43, 44, 235. fig. 197,198,202,203,204,205,206,
Coptes p. 236. Ergamène cf Arkamani-Qo. Hawara p. 217, 331 ;fig. 256. Isi-Em-Kheb p. 258;fig. 183. Kosseir p. 25. 207,2 10, 21 2,2 19, 244, 247,249,250-
Coptos p. 25,33 1 ;fig. 256. Éros p. 228, 31 O. Hécatée de Milet p. 26. Isis, Isiaque p. 26, 30, 32, 33, 39, 40, 63, 83, Kouch, Kouchites (Éthiopie, Éthiopiens) 251, 256.
Cyrène p. 23, 25. Esna p. 32, 49, 57, 63, 68, 130, 33 1 ;fig. 27, Héliopolis p. 39, 42, 57, 114, 181 , 33 1 ; 86, 113, 124, 125, 187, 197, 201, 226, p. 20, 22, 23, 25, 35, 49, 89, 97, Il l , 142, Mit-Rahineh p. 117, 242,33 1 ;fig. 256.
Dakhleh (oasis) p. 32, 104. 28, 256. fig. 62, 63, 256. 228,236, 248, 252, 296,302,305, 310, 156, 160, 163, 164, 168, 170, 179, 181, Montet (Pierre) p. 18, 220, 308.
Montoup. 132;fig. 11, 103. Osiréion p. 279. Philadelphe cf Ptolémée Il. Ptolémée V Épiphan e p. 38. Senenmout p. 314. Tefno ut p. 132, 133.
Montouemhat p. 23, 49, llS, 151, 174, 176, Osiris p. 22, 30, 32, 77, 82, 83, 86, 107, 113, Philae p. 26, 32, 33, 35, 36, 39, 48, 57, 62, Ptolémée VI Philométor p. 32. Senkamanisken p. 279 ; fig. 193, 194. Tell Defenneh (Daph n ae) p. 228, 331;
179, 277;fig. 106,107. 124, 133, 141 , 185, 190,209,226,252, 6~72,73, 7~ 7~83 , 9 8, 105,119,123, Ptolémée VIII Évergète II fig. 35, 39. Septime Sévère p. 32, 130. fig. 256.
Mout p. 176, 277; fig. 57, 107. 269,277,299, 307, 310,311;fig.60, 84, 136, 252,305,331 ;fig. 13, 31, 32, 33, 34, Ptolémée IX Sôter II fig. 42. Sérapeum p. 30, 39, 53 ; fig. 20. Tell el-Yaho udieh p. 230, 331 ; fig. 256.
Moutiritis p. 142. 88, 143, 182. 256. Ptolémée XII Néos Dionysos fig. 43, 56. Sésostris p. 26, 307. Tell Moqdam p. 226, 241 , 33 1 ;fig. 141, 256.
Musawwarat Es-Sofra p. 284, 288, 289, 296, Osiris Heka-Djet p. 22. Philippe l'Arabe p. 32. Pythagore p. 39. Sésostris l" p. 164, 170. Tell Tmaï p. 33 1 ; fig. I SO, 256.
33l;fig.200,201,203,205,244,245-246, Osiris-Khépri cf Khépri. Philippe Arrhidée p. 30. Qantir p. 205. Sésostris III p. 167. Tentperet p. 142 ; fig. 86, 87.
247, 256. Osiris Neb-Ankh, O siris-Ptah Neb-Ankh Philométor cf Ptolémée VI. Qustul cf Ballana. Seth p. 26, 107, 136 ;fig. 77. Téos p. 27.
Nabopolassar p. 23. p. 277. Philopator cf Ptolém ée IV. Ramesside p. 18, ! 52, 160, 206, 208, 224, Sethi (Les) p. 205. Thalès de Milet p. 39.
346 Nabuchodonosor p. 23. Osiris-Nebdjet fig. 117. Philon d'Alexandrie p. 86. 227, 247, 268, 308; fig. 30. Shebensopdou p. 161 ; fig. 96. Thèbes p. 20, 22, 35, 42, 43, 49, 55, 97, 124, 347
Naga p. 284, 289, 292,297, 331 ;fig. 199, Osirour p. 195 ;fig. 123. Phoebus-Horus p. 259; fig. 180. Ram osé p. 105, Ill. Sheshonq l" p. 19, !52, 224. 138, 149, 152, 160, 168,170,1 76, 206,
206, 207,208, 256. Osorkon (Les) p. 308. Piankhy cf Peye. Ramsès (Les) p. 20, 205. Sheshonq II p. 226, 227, 236. 230,253,259,273, 277;fig. 18, 19,58,
Nagada p. 314. Osorkon l" p. !56, 230; fig. 92. Pi-Ramsès p. 18,205,224, 331 ;fig. 256. Ramsès II p. 53, ! 52, 206, 307. Sheshonq III p. 19 ;fig. 224-225. 59, 106, 107.
Nahr El-Kelb p. 208. Osorkon llp. 19,155, 158, 160, 161,181 , Pinedjem l" p. 18, 152, 21 8, 224;fig. 50, Ramsès III p. 236, 266. Sheshonq V p. 19. Théodose p. 33, 39.
Napata p. 23, 35, 111 , 227,27 1,273, 279, 205, 226; fig. 3, 96, 143, 224-225. 75. Ram sès IV p. 74. Sh eshonq-Hekakheperrê p. 224. Thot p .27, 36, 68, 119, 125,130, 132, 133,
280, 331 ; fig. 193, 194, 248, 249, 254, Osorkon III p. 19, 160, 224; fig. 94. Pisistrate p. 123. Ramsès XI p. 18. Siamon p. !52; fig. 2. 14 1, 143, 288; fig. 82.
256. Oudjahorresnê p. 25. Platon p. 33, 36, 39, 43, 112, 125, 147. Raphia (Bataille de) p. 30. Siwa p. 25, 27, 38. Thouéris (Taoueret) p. 187, 241 ; fig. 72,
Narsès p. 39. Oundjebaou-En-Djed p. 226, 227; fig. 142, Pline dit l'Ancien p. 100, 101, 233. Rê p. 42, 83. Sm endès p. 18. ll7, 165- 167.
Nasser (Lac) p. 273. 144. Plotin p. 46. Rê-Horakhty p. 14 1 ;fig. 85, 87. Soba p. 331 ; fig. 202, 256. Th outmosis III p. 111, 116, ! 52.
Nastasen p. 280. Outo p. 108,116, 122 ;fig. 76. Polycrate p. 25. Reisner (G. A.) p. 273. Sobek p. 32, 78, 252; fig. 29, 37, 43, 44, 235. Tibère p. 130, 228; fig. 23, 24, 36, 228, 230.
Natakamani p. 284, 289, 292. Pabasap. 23, 52, 112 ;fig. 19, 59,117. Préneste p. 311; fig. 10. Rhacotis p. 40, 55. Socrate p. 36, 43. Tigrane, p. 115 ; fig. 63 .
Naucratis p. 25, 36, 39,237, 244,331; Palmyre p. 284. Psammétique p. 22, 36, 49, 187, 212; Rhodes p. 241. Sokaris p. 133, 284. Tjanefer fig. 63.
fig. 256. Pamphile p. 43. fig. 115, 116. Roberts (David) p. 98. Soleb p. 19, 194, 33 1 ; fig. 256. Tmai el-Amdidfig. 8.
Néchao p. 23, 36, 181. Pasechouper p. 230. Psammétique l " p. 39, 52, 228 ; fig. 142, Rome p. 38, 42, 100, 147, 194, 20 1, 311. Solon p. 39. Tounah el-Gebel p . 27, 97,331 ;fig. 9, 5 1,
Nechepso p . 46. Pashasoup. 157, fig. 93. 144. Rosette (Pierre de) p. 40,33 1 ;fig. 15,256. Sô ter II cf Ptolém ée IX. 52, 53, 68, 69, 70, 71, 73, 138, ! 57, 187,
Nectanéb o p. 26, 30, 63, 83, 92, 98, 99, 1OS, Pashéry-En -Ptah p. 32. Psammétique II p. 23, 164, 179, 185, 187, Ro udimen p. 24 1 ; fig. 240. Sothis p. 269. 256.
119,193, 194, 212;fig.33, 34,46, 65,66. Pausanias p. 125. 237,280;fig. 108,114. Sahourê p. 20. Soudan, So udanais p. 22, 35, 42, 228, 24 1, Toutankhamon p. 217, 220, 224, 226, 307.
Nectanébo l" p. 27, 113, 193, 194;fig. 61, Pefthoneith p. 185; fig. 218. Psammétique III p. 25. Saïs, Saïtes p. 20, 22, 25, 27, 36, 38, 39, 47, 244, 271, 273,276, 279,302,310; Trajan p. 32, 98; fig. 13, 31.
120, 121. Péluse (Bataille de) p. 25. Psammétique-Sa-Neith p. 190. 55, 83, 113, 115, 179, 182, 185, 193, 206, fig. 333. Typhonium p. 276.
Nectanébo li p. 26, 27, 194; fig. 221. Pepi l" p. 20. Psousénnès (Les) p. 212, 220, 224, 226, 308 ; 2 14, 244, 253, 308, 331 ; fig. I l O. Strabon p. 55, 292. Tyr p. 23, 25, 27.
Neith p. 237 ;fig. 160. Pepi II p. 20. fig. 224- 225. Sa el-Hagar p. 18, 19, 23, 61, 142, 148, 156, Suse p. 26. Tyskiewicz (Eustache) p. 194;fig. 122, 179.
Nekhbet p. 122, 132 ; fig. 76. Perse, Perses p. 25, 26, 27, 36, 38, 42, 43, Psousénnès l" p. 18, 152, 319; fig. 13 1, 145- 200, 269 ; fig. 127. Sylla, p. 311. Ulysse p. 39.
Nekhtho rheb p. 185, 194;fig. ll 4. 47, 72, 99, 104, 114, 116, 136, ! 51, 188, 146, 175. Salamine p. 26. Syrie, Syrien s p. 47, 206, 297. Vénus p. 30,297.
Nemrod p. 161, 265; fig. 96. 190,195,208,228, 241,244,259,268, Psousénnès II p. 152. Salomon p. 19, 224. Tabo cf Argo (Ile d' ). Vespasien p. 32.
Néos Dionysos p. 110, 125;fig. 43, 56,228, 280, 309. Ptah p. 43, 190; fig. 4. Samarie p. 206. Tah arqa p. 20, 22, 49, 89, 92, 167, 208, 237, Wad Ben Naga p. 292, 331 ; fig. 256.
230. Pétaménophis p. 23, 52, 253,fig. 217. Ptah-Sokar, Ptah -Sokar-Osiris p. 260. Samos p. 25. 265, 273, 276, 279 ;fig. 7, 50, 55,98,99, Xerxès p. 36.
Neouserrê p. 19. Pétosiris p. 27, 46, 99, 108, 119, 132, 209, Ptahhotep p. 188. Sanam p. 20, 265, 279,331 ;fig. 256. 191, 192, 196. Zagazig p. 227, 33 1 ; fig. 256.
Nephthys p. 63, 311. 214, 2! 5, 2 18, 228,239,242, 254,257, Ptolémais, p. 48, 33 1 ; fig. 256. Saqqara p. 23, 52, 149, 253, 314, 33 1 ; Takelot p. 19. Zeus-Ammon p. 38.
Népri p. 133. 263, 265 ;fig. 9,51, 52,53,68,69, 70, 71, Ptolémées, Ptolém aïque p. 17, 30, 31, 33, fig. 115, 116, 226- 227, 256. Takelot II p. 230.
Néron p. 3 1, 42 ;fig. 46. 73, 138, 187. 38, 40,46, 53, 55, 62, 74, 83,98, 99, 110, Sarapis p. 30, 40, 269, 3 10, 31 1. Takoushit p. 156, 161, 203, 230.
Nespakachouti p. Ill , 182; fig. 58, 112. Pétosiris (ouvrages astrologiques) p. 46. 111, ll6, 11 9, 124, 125, 140, 195, 197, Sbomeker p. 288, 292, 296; fig. 219. Ta-Mout -Nofret fig. 176.
Nitocris p. 22. Pétoubastis l " p. l 56, 161, 230;fig. 89, 91. !99, 209, 2!4,215, 237,259, 261, 284, Sebennytos, Sebennytiq ues p. 26, 193, 33 1; Tanis p. 18, 19, 48, ! 52, !58, 205, 212, 220,
Noubas p. 305. Petronius p. 248. 309, 3!0 ;fig. 16,228,230. fig. 12 1, 256. 224, 226,244,247,253,308, 319;fig. 2,
No ut p. 86, 107, 132; fig. 86. Peuples de la Mer p. 236, 266. Ptolémée l" Sôter, p. 30. Séchat p. ll 9, 130. 3, 142, 144, 145- 146, 175, 224-225.
Nurip. 279,33 1 ;fig. 256. Peye (Piankhy) p. 20, 271, 276. Ptolémée II Philadelphe p. 117, 123, 280. Sedein ga p. 279, 299, 300, 33 1 ; fig. 2 11, 252- Tanoutam o n p. 22, 164, 277, 279; fig. 57.
Octavien Auguste p. 38. Pharos p. 39, 55. Ptolém ée IV Philopator p. 30, 117, 125; 253,256. Taou eret cf Thouéris.
O p et p. 82, 86 ; fig. 48, 222. Phéniciens (Les) p. 22, 188, 227, 244, 254. fig. 67. Sem n a fig. 2 14, 33 1 ; fig. 256. Tarquinia p. 244.
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348 Toutes les photographies proviennent des archives Gallimard-UdF et des archives RCS à l'exception de: 349
Akg-images, Paris © François Guenet 12. Akg-images/De Agostini 7. Alinari, Florence 37, 53, 56, 67, 235. Alinari/Roger-Viollet, Paris 13.
Bridgeman/Alinari, Florence 9, 41, 54, 60, 61, 62, 88, 93, 118, 303. Archives CEAlex, Alexandrie © André Pelle 6, 10. Corbis/Contrasto, Milan
71, 79, 133, 157, 162, 173, 184, 217, 227, 231,232. DEA Picture Library, Milan: M. Bertinetti, G. Dagli Orti, P. Liaci, C. Sappa, G. Sioen, S. Vannini,
G. Veggi, A. Vergani 12-13, 34, 44, 50, 66, 68, 70, 73, 77, 82, 87, 90, 120, 124, 126, 128, 165, 282, 285, 286, 290, 294, 296,297, 298. Araldo De Luca,
Rome 3. Franck Goddio/Fondation Hilti © Christoph Gerigk 8, 9. Institut tchèque d'égyptologie, Prague© Milan Zemina 11. Andrea }emolo,
Rome 76, 171, 172. Lessing/Contrasta, Milan 4-5,24, 84, 144, 145, 175, 192,221,251,270,274. Mission archéologique suisse au Soudan
©Nicolas Faure l" plat. Photo RMN, Paris© Les frères Chuzeville 180, 189, 255. Photo RMN, Paris© Hervé Lewandowski 139,204, 207,
211, 249, 264, 306. Photo RMN, Paris © René-Gabriel Ojéda 191, 245. Scala, Florence 16, 28, 58, 102, 178, 183, 246. Werner Forman
Archive/Scala, Florence 64, 80, 94, 96, 131, 148, 159, 186,222, 312.
Les dessins et les plans ont été réalisés par Claude Abeille et les cartes par jacques Person.

Cet ouvrage a été réalisé d'après la maquette nouvelle établie par Rizzoli (RCS Lib ri Spa, Milan)
Première édition 2005 par Rizzoli/Corriere della Sera
Direction éditoriale : Luisa Sacchi
Édition : Cristina Sartori
Coordination éditoriale : Sandro Chierici, Ultreya
Direction artistique : Massimo Giacometti, Ultreya; Paola Lambardi
Maquette : Sara Salvi
Recherche iconographique complémentaire : Daria Rescaldani, Ultreya
Photogravure : Tecnolitografica Suma, Milan

Pour la présente édition :


Responsable de collection : Élisabeth de Farcy
Édition : Charlotte Ecorcheville et Maria Cecilia Yignuzzi
Adaptation graphique et couverture : Alain Gouessant
PAO, correction et index: IndoLogic, Pondichéry (Inde)
Photogravure des nouveaux documents : Third Way, Paris
Cyril Aldred (1914-1991) était l'un des plus éminents égyptologues de notre époque.
Il a travaillé au Royal Scottish Museum d 'Édimbourg et au Metropolitan Museum de New York.

François Daumas (1915-1984), agrégé de lettres classiques en 1941, se spécialise en égyptologie en


suivant les enseignements de G. Lefebvre à l'École pratique des hautes études, puis de Maurice Alliot
au Collège de France. Pensionnaire à l'Institut français d'archéologie orientale du Caire de 1946
à 1950, il reprend, à la suite de E. Chassinat, la publication du temple de Dendara à laquelle
il consacre désormais une grande partie de ses travaux. Professeur à l'université de Lyon, puis
directeur de l'IFAO de 1959 à 1969, il devient en 1969 professeur à Montpellier, où es t: créée pour lui
une chaire d'égyptologie à l'université Paul-Valéry, qu'il occupe jusqu'à sa mort. Passionné par
l'époque ptolémaïque en particulier, il a toujours cherché à concilier les mondes classique et oriental.

Christiane Desroehes-Noblecourt (née en 1913) est la première femme à avoir été nomm ée
membre de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire (IFAO ). Chef du département
des Antiquités égyptiennes au musée du LouYre, elle a aussi été professeur à l'École du Louvre
pour enseigner successivement l'épigraphie, puis l'archéologie égyptienne. Elle a dirigé
des fouilles en Haute -Égypte et joué un rôle essentiel lors du sauvetage d'Abou Simbel.
Elle travaille dans la vallée des Rein es.

Jean Leclant (né en 1920), élève de l'École normale supérieure, agrégé, docteur ès lettres,
a été membre de l'IFAO de 1948 à 1952 (trayaux à Karnak et à Tanis). Professeur à l'université
de Strasbourg de 1953 à 1963, puis à l'École pratjque des hautes études et à la Sorbonne,
il a été élu en 1979 au Collège de France (chffire de Champollion). Membre d epuis 1974
de l'Institut de France où il a succédé à Jacques Vandier, Jean Leclant est secrétaire perpétuel
de l'Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1983. Membre des principales académies
d 'Europe et d 'Amérique, il est docteur honoris causa des universités de Louvain et de Bologne.
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L' u N 1v E R s D ES FOR M ES GAL LI M AR D

«L'Univers des Formes,, collection voulue par André Malraux, est la plus prestigieuse
Histoire universelle de l'art. En vingt volumes, cette nouvelle édition présente les grandes civilisations
et l'histoire de leurs chefs-d :œuvre, de la Préhistoire au déclin de la Rome antique.

La civilisation pharaonique, après plusieurs millénaires, va achever son long périple et se dissoudre
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dans l'Empire chrétien d'Orient. Pendant quinze siècles, à travers les invasions venues de tous les horizons,
cette Basse Époque fera, malgré tout, pre~ve d'une influence culturelle considérable.

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Elle sera marquée par une série d'événements importants, parfois contradictoires et imprévus,
le plus souvent méconnus.

De la XXIe· dynastie "tanite, à la dernière reine d'Égypte, Cléopâtre, de la domination romaine


à la·destruction de Meroé et au triomphe du christianisme, l'Égypte perdra ses dieux,
son écriture et sa civilisation propres; la grande tradition morte,
seul l'art copte assumera, pour un temps encore, la survivance.
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Les textes d'origine de Cyril Aldred, François_Daumas, Christiane D esroch es-Noblecourt


et Jean Leclant, illustrés par une documentation photographique largement en couleur,
sont introduits par une nouvelle présentation et augmentés d 'une bibliographie mise à jour
dues à Jean Leclant, secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

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