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EGYPTE ET PROCHE ORIENT

I. Introduction

La pensée occidentale est l’héritière de l’Antiquité classique gréco-romaine.


Quelle place y occupe l’Egypte ?

 La Grèce : Pythagore aurait séjourné en Egypte, l’héritage que se donnent les Grecs plonge
ses racines dans l’Egypte ancienne. Pour Aristote, les Egyptiens sont les inventeurs des
mathématiques, et Isocrate place en Egypte les origines même de la philosophie. Selon les Grecs,
l’Egypte est une civilisation de très haute antiquité, ils y voient la plus ancienne culture, et ils vont
donc y situer leurs racines. Platon considère que la civilisation égyptienne est vieille de 10 000 ans et
a beaucoup influencé la Grèce. Ils veulent légitimer leur propre culture par rapport à la plus
vulnérable du bassin méditerranéen. Les contacts entre ces deux régions ont été bien réels. Par
exemple, la naissance de la grande statuaire grecque est intimement liée aux statues égyptiennes, on
en voit clairement la filiation dans les kouros.

 Rome : ils reprennent cette admiration, comme pour les monuments : ils vont transporter
beaucoup d’obélisques à Rome. Parmi les témoignages de cette admiration : la villa Hadrien à Tivoli
(118-138 AD), qui comprend un canope (grand bassin) -> évoque une portion du Nil où s’est noyé le
favori de l’empereur. A l’extrémité de ce bassin se trouve un sérapéum, dédié à un dieu égyptien.
Avant que l’Egypte n’entre dans l’empire romain (30 BC), des cultes égyptiens se sont propagés dans
l’Italie puis tout l’empire, dont le culte du dieu Sérapis (créé à l’époque hellénistique, combo entre
Osiris et Apis). Durant l’époque impériale, cette divinité va être associée à deux autres divinités : Isis
(d’origine égyptienne) et Harpocrate. Le culte d’Isis s’est aussi propagée à travers l’empire, un iséum
a été construit à Pompéi durant le 1er siècle avant JC. Rome est cosmopolite, on y retrouve des cultes
originaires de l’ensemble du territoire impérial. Aujourd’hui on connait une quinzaine de temples
dédiés à Isis, qui deviendra populaire jusqu’en Gaule ou en Bretagne. Ces cultes égyptiens ont donc
connus une très grande popularité. On assiste durant les 1ers siècles de notre ère à la christianisation
de l’empire romain -> l’Egypte devient aussi chrétienne (avec les coptes), au IVème siècle de notre
ère la plus grande partie des Egyptiens ont laissé tomber les temples. Théodose 1er instaure la
chrétienté comme la seule religion de l’empire, et plus tard il interdit les cultes païens -> une grande
partie de la culture pharaonique disparait à ce moment, car les temples et leur prêtres étaient les
détenteurs de cette tradition depuis toujours. Ces lettrés disparaissent, et la possibilité de lire
l’écriture hiéroglyphique avec. La dernière inscription datée remonte au 24 août 394 après JC, à
Assouan.
Justinien a fermé le temple d’Isis à Philae en 537 PC. L’Egypte byzantine, conquise par les Arabes au
VIIème siècle, va voir disparaître la connaissance de la culture pharaonique presque complètement.
Les chrétiens, qui avaient gardé un héritage, notamment la langue copte (dernier état de cette
langue égyptienne pharaonique), deviennent minoritaires faces aux Arabes. L’accès à la
compréhension des monuments, héritage de cette culture, devient un mystère.
Malgré cela, beaucoup d’éléments égyptiens, qui ont été légués par l’intermédiaire de l’Antiquité
classique, vont survivre. On va retrouver des éléments d’iconographie égyptienne intégrés dans des
représentations chrétiennes, comme dans la Vierge à l’enfant de Jean Fouquet, qui est un clin d’œil à
Isis.

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 Au Moyen Age, l’Egypte va garder une place importante, essentiellement en relation avec la
Bible : ce pays y est cité plus de 600 fois, c’est la terre d’Abraham, de Joseph (terre d’accueil) et de
Moïse (terre d’esclavage). Sans parler du voyage de la sainte famille, faisant de Jésus un nouveau
Moïse -> vision ambivalente. C’est une image très présente dans notre tradition, mais elle reste
imaginaire : les chrétiens avaient peu d’accès à l’Egypte, musulmane alors.
L’image qui est donné est fantasmée : les pyramides sont interprétées comme les greniers à blé de
Joseph -> au Moyen Age, on parle d’une Egypte biblique.

 A la Renaissance, on part à la redécouverte de l’Egypte à travers l’Antiquité romaine : en


effet, c’est à Rome que l’on trouve les nombreux obélisques ainsi que les statues égyptiennes ou les
monuments (tombeau en forme de pyramide, en 12 AC). Il y a aussi une statue de Nes-Hor de la XXVI
dynastie (600-580 AC), trouvée en Italie sur la villa Flaminia -> cette statue sera reprise dans les 1ers
ouvrages traitant de l’Egypte, notamment dans L’histoire de l’art chez les Anciens de J.J Winckelmann
(théoricien de la supériorité de l’art grec sur les autres arts anciens, il utilisera l’art égyptien à cette
fin). Ou encore la statue en albâtre Horus Albani, découverte à Rome sur le champ de mars,
probablement dans un temple d’Isis : il s’agit d’une représentation de Ramsès II (d’après les
hiéroglyphes sur le socle), comparable avec la statue de Ramsès II de Tanis -> on peut voir que toute
la partie haute a été restaurée.

 Au XVIII : l’intérêt pour l’Egypte va se répandre encore plus, de cette époque datent les 1ers
travaux tentant de déchiffrer les hiéroglyphes. Tout ce qu’on connaissait de l’Egypte à ce siècle était
ce qu’on pouvait en lire des auteurs anciens (Romains essentiellement).
Cf la fontaine de la régénération de 1793 : influence égyptienne très forte.
Bonaparte mènera une expédition en Egypte, en 1798, il emmène un corps expéditionnaire avec lui.
Le but officiel des Français était de couper la route vers les Indes des Anglais.
Il débarque en Alexandrie, puis dans le Caire, mais la flotte est détruite et ils sont donc bloqués en
Egypte jusqu’à se rendre aux Anglais en 1801.
Lors de cette expédition, Bonaparte ne part pas seulement avec son armée, il est aussi accompagnée
de 167 savants regroupant toutes sortes de spécialités : la commission des sciences et des arts. La
mission de cette commission est de dresser un inventaire le plus exhaustif possible du pays, sous
tous ses niveaux (politique, artistique, zoologie…).
Cette expédition va amener à la découverte de la pierre de Rosette, découverte en 1799 par un
officier (Pierre François Xavier Bouchard), mais suite à la reddition de l’armée française, elle sera
ramenée à Londres et se trouve aujourd’hui au British Museum. Des copies font que Jean-François
Champollion arrive à déchiffrer les inscriptions, écrites en égyptien hiéroglyphique, en démotique et
en grec. Il présente les résultats de ses travaux en 1822 dans la Lettre à M. Dacier. En retrouvant la
faculté de lire le hiéroglyphique, une spécialité nait : l’égyptologie.
Il y a d’autres résultats de cette expédition en Egypte : toutes les infos recueillies par les savants ont
été regroupées dans un recueil monumental : Description de l’Egypte. Cela a provoqué un
engouement pour l’Egypte dans toute l’Europe.
On peut voir cette nouvelle admiration dans l’architecture (Egyptian hall, Londres 1815), la
porcelaine, l’opéra (la flûte enchantée est montée dans plusieurs capitales avec des décors
empreints d’égyptomanie), jusqu’au pavillon des éléphants dans le zoo d’Anvers en 1855 par Charles
Servais. Sans oublier la peinture (The gods and their makers, Edwin Long, 1878; Egyptian chess
players, 1865, Sir Lawrence Alma-Tadema), ou encore le pavillon égyptien à Paris en 1867.

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 Au XXème, l’art consiste en une déconstruction, défiant la perspective, pour tenir compte du
point de vue du spectateur -> il s’agit de la même façon de représenter le monde que chez les
Egyptiens, ils ont une vision bidimensionnelle de l’espace.
Trois femmes nues, André Lhote (auteur de « la peinture égyptienne » en 1954).

Ta Matete, Paul Gauguin : cette image est une transposition dans son univers particulier d’une
peinture égyptienne figurant une scène de banquet avec une série de femmes thébaines : toujours
vision bidimensionnelle (rabattements dans le plan, épaules de profil,…), dont il possédait une copie.

Tête de Diego, Alberto Giacometti, 1925. C’est un portrait de son frère, la tête est coupée au niveau
du coup, avec des traces intentionnelles renvoyant à un groupe d’objets particuliers dans l’histoire de
l’art égyptien de la IVème dynastie (vers 2500 AC). L’artiste était très intéressé par l’Egypte.

En plus des expositions universelles qui maintiennent l’intérêt pour l’Egypte, l’engouement est ravivé
en 1922 avec la découverte de la tombe de Toutankhamon, qui a déclenché une égyptomanie
particulièrement développée, elle a suscité de l’intérêt dans le monde entier.
Durant le XXème siècle, il y a des influences jusque dans les BD et le cinéma.

Nous pouvons donc voir que l’Egypte fait partie intégrante de notre univers culturel occidental selon
des modalités plus ou moins complexes.
Il y a un phénomène d’appropriation de l’art et de la civilisation égyptienne à travers notre culture.

II. Le cadre naturel

Territoire d’environ 1 000 000 de km², mais dont seulement 5% est cultivable.
A l’est se trouve le désert arabique, et à l’ouest le désert libyque, un des plus arides (grand plateau
de calcaire). Ce dernier comprend des réserves d’eau de faible profondeur, avec quelques oasis.
Entre les deux déserts : la vallée du Nil, plus grand fleuve d’Afrique (6650 km), avec deux parties : le
Nil bleu, trouvant son origine à l’est dans les lacs de l’Ethiopie, et le Nil blanc qui vient du lac Victoria.
Ces deux affluents se rejoignent à Khartoum pour devenir un seul affluent jusqu’au delta, au Nord.
Il y a 6 cataractes, points de rupture de charge (on ne peut pas naviguer, ce sont des blocs de granit
dans le lit du fleuve).
La plaine fertile est large de 1 à 20 km de large.
Au Nord le delta, avec ses deux branches principales (Rosette et Damiette), la zone la plus cultivable.
La crue du Nil arrive de façon régulière et annuelle et inonde la plaine alluviale, entre le 19 juillet et
le 15 novembre. En se retirant il laisse des limons riches en minéraux, qui fertilisent la terre, et laisse
aussi des bassins, facilitant l’agriculture.
Les Egyptiens donnent comme nom à leur pays Kemet (terre noire, limons).
C’est un pays basé sur l’agriculture, son calendrier n’est pas basé sur des variations climatiques mais
sur des divisions agricoles : 3 saisons de 4 mois (début de l’année : l’inondation, puis germination, et
la récolte).
Aujourd’hui il n’y a plus de crue depuis la construction du barrage d’Assouan, réalisé dans les années
60 : le Nil n’inonde plus l’Egypte. Les avantages de cette construction sont l’apport de l’électricité, et
la régulation de l’eau -> plusieurs récoltes par an. Les inconvénients sont que toute la zone se
trouvant en amont du barrage a été noyée (la Basse Nubie égyptienne), il n’y a plus d’apport de

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limons (car plus de crue), entraînant une salinisation des sols. Certaines terres agricoles ne sont plus
bonnes à la culture. Les eaux stagnantes se développent, provoquant des maladies sympathiques.
L’occupation du sol dans le delta entraîne la formation de tells, ceux de la vallée du Nil ont été
engloutis. Ces collines de débris contiennent des vestiges organiques (notamment la brique crue)
décomposés, qui sont fertiles, et des agriculteurs les ont récupérés en quantité considérable pour
préparer les champs à la culture (sebbakhim).

Ce contexte géographique particulier a entraîné des conséquences, des oppositions chez les
Egyptiens, comme la séparation entre la Haute et la Basse Egypte : elle a toujours été marquée (les
pharaons avaient deux couronnes pour manifester leur royauté sur les deux parties du pays).
Kemet (la terre noir de la vallée du Nil) est opposé à Decheret (terre rouge, déserts alentours).
Opposition encore marquée par deux axes : est-ouest (course du soleil, rive ouest = rive des morts),
et nord-sud (cours du Nil).
Cet environnement a aussi fournit les matériaux nécessaires à la vie et l’art égyptien, avec l’argile, le
limons (vaisselle, céramique), contient beaucoup de ressources minérales diverses en pierre : tout
particulièrement, le désert oriental est riche en quartzite, basalte, albâtre, cuivre, or, tandis que la
partie occidentale correspond au domaine des calcaires (utilisés pour la construction), roche tendre
facile à tailler, au même titre que le grès (dans le sud de l’Egypte).
Pour la végétation, le bois, on trouve de l’acacia, des palmiers doum, figuiers sycomores et tamaris :
ils ne sont pas fait pour la construction, les Egyptiens ont du en importer du plus solide.

On dit souvent que l’Egypte n’a pas changé depuis l’Antiquité : en réalité, ces scènes bucoliques qui
nous donnent cette impression sont une fausse impression. Beaucoup des espèces animales et
végétales aujourd’hui répandues sont des introductions plus ou moins récentes (comme le
dromadaire, introduit à l’époque hellénistique). Certaines roues à eaux apparaissent également à
l’époque grecque, et n’étaient pas là à l’époque pharaonique, tout comme certains aliments. A cette
époque était cultivé essentiellement l’orge, le blé ne s’est imposé que beaucoup plus tard
(l’expression « grenier à blé de Rome » ne remonte pas aux origines).

III. Le cadre chronologique

L’histoire de l’Egypte ancienne couvre 4 millénaires (3000 BC – VIIe PC), et est divisée en une
succession de périodes de stabilité et de périodes de troubles internes ou externes (ces dernières
sont appelées périodes intermédiaires) :

 Prédynastique (invention de l’écriture et unification sous un seul roi) : c. 4500-3100 BC.


 Période thinite/archaïque (formation de structure politique égyptienne) : c. 3100-2700 BC,
dynasties 1 à 2 « Ménès »
 Ancien Empire (grandes pyramides) : c. 2700-2200 BC, dynasties 3 à 6
 Première période intermédiaire : c. 2200-2033 BC, dynasties 8 à 11
 Moyen Empire (pouvoir politique unifié) : c. 2033-1710 BC, dynasties 11 à 13
 Deuxième période intermédiaire (domination du Proche Orient) : c. 1710-1550 BC, dynasties
14 à 17
 Nouvel Empire : c. 1550-1069 BC, dynasties 18 à 20

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Les règnes des souverains égyptiens sont classés en dynasties (parfois on passe d’une dynastie à une
autre alors que c’est la même famille au pouvoir, alors que d’autres fois plusieurs familles font partie
d’une même dynastie).
Le roi Ménès aurait unifié l’Egypte à l’aube de son histoire selon Manéthon de Sebennytos.
En tout il y a 31 dynasties, jusqu’à Alexandre.
Attention : il n’y a pas de chronologie absolue définitive pour l’histoire égyptienne !

IV. Les spécificités de l’art égyptien

Qu’est ce qui fait les particularités de l’art égyptien par rapport aux autres arts antiques que sont les
arts grecs, romains ou proche orientaux ?

1. Une civilisation de l’image

Deux caractéristiques principales :

- La vision de l’être humain est fondamentalement optimiste dans l’art égyptien


(contrairement à l’art mésopotamien par exemple).
- Vraisemblance des images humaines, grande proximité temporelle : pas besoin de décodage,
elle parle à notre conception moderne.

L’expression d’art égyptien recouvre toutes les productions figurées de l’Egypte pharaonique : de la
plus privée à la plus officielle, depuis la plus modeste jusqu’à la plus monumentale.
L’image est omniprésente -> caractéristique majeure du mode de pensée pharaonique, qui
correspond à la conception que les Egyptiens avaient du réel.

Quelle était cette conception du monde ?


Les mythes égyptiens nous apprennent qu’ils le conçoivent sous la forme de deux sphères : une 1ère à
l’intérieur qui est le monde des hommes, elle se trouve dans une 2nde sphère : la sphère céleste, celle
des dieux. Séparation très nette, infranchissable entre ces deux sphères !
Pour expliquer cette séparation, on se repose sur le mythe, notamment le mythe de la vache céleste :
c’est un mythe qui se déroule aux origines, quand les dieux vivaient parmi les hommes. Mais le roi
des dieux, Rê (dieu solaire) est devenu vieux -> les hommes veulent profiter de ce qu’ils croient être
une faiblesse et complotent une révolte contre les dieux. Rê l’apprend, et convoque l’ensemble des
dieux qui décident de punir les hommes en envoyant l’œil de Rê (déesse à part entière, Hathor
« celle qui anéantit »). Elle prend la forme de la déesse Sekhmet, forme guerrière d’Hathor (lionne)
qui pourchasse et massacre les hommes. Mais Rê veut calmer Sekhmet, qui se transforme en la
déesse Bastet (la douce), les hommes sont sauvés mais Rê ne veut plus les voir donc il décide de se
retirer de cette terre pour s’éloigner. Il transforme une autre de ses filles (Nout) en vache, monte sur
son dos et s’en va -> explication de a séparation du ciel et de la terre. Rê se déplace maintenant dans
le ciel, sur une barque.
Le ventre céleste de la vache est soutenu par le dieu Chou, dieu de l’air, et les quatre pattes de cette
vache sont aussi soutenues, par des divinités.
 Représentation iconique et dichotomique de la réalité

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Pour les Egyptiens, ce qui se passe dans notre sphère est la résultante, un épiphénomène de ce qui
se passe dans le monde des dieux : on ne voit que l’apparence des choses, tandis que l’essence des
choses est dans la 2ème sphère (// pensée platonicienne).

Il en découle des conséquences :


- Il est indispensable de comprendre l’autre monde pour comprendre le notre
- Il faut une médiation entre les deux mondes, il faut établir une communication -> cette
médiation est possible par l’image, par sa capacité de rendre présent ce qui est absent, et de
représenter au double sens du mot. Sans cette image : rien n’est possible !!! Elle a la capacité
de saisir toute chose sous une forme qui permet d’évoquer un ou plusieurs aspects de cette
réalité, elle apparait comme l’outil conceptuel par excellence de la pensée égyptienne.

Cette importance de l’image permet d’en expliquer l’omniprésence dans tous les aspects de la
culture pharaonique, en commençant par l’écriture : les hiéroglyphes ont une nature figurative.
En général, on peut voir que dans toutes les cultures les 1ères phases de mise en place de l’écriture
ont eu un aspect figuratif, comme on peut l’attester chez les Sumériens par exemple : ces écritures
deviennent par la suite abstraites -> ce qui n’est pas le cas en Egypte !
Ce lien entre écriture et image restera fondamental jusqu’à la fin, soit pendant 3000 ans. Pourtant les
Egyptiens développeront des écritures plus « rapides » avec des formes cursives (le hiératique), mais
cette écriture sera réservée à la comptabilité, l’administration et autres… Les hiéroglyphes seront
maintenus pour les inscriptions officielles comme sur les monuments ou les stèles.

2. Le statut et la fonction de l’image

Cette fonction trouvera son intérêt dans les cultes : les dieux seront rendus présents dans le temps
par ce processus de représentation.
Le Corpus Hermeticum, étudié par Jan Hassman, montre que l’image de culte permettait de rendre
présent le dieu dans son temple grâce à un double processus :

- La transposition (translatio) : rituel de l’ouverture de la


bouche, pratiqué par un prêtre sur l’image du dieu/défunt,
qui est destiné à donner de la vie à l’image au moyen d’une
herminette en ouvrant ses différents sens. Ce rituel
s’appliquera aussi bien à la statue, le relief, la pratique, le
monument dans son ensemble, la momie… grâce à ce rituel,
la représentation devient vivante : elle existe par elle-même et devient un substitut de son
modèle -> l’image égyptienne est vivante, magiquement. Corollaires négatifs : si elle est
vivante, on peut la tuer : on retrouve des images mutilées (exemple : statues dont les nez et
bras ont été enlevés : pas de débris accidentels, elles ont été attaquées). Parfois on amenait
un monument à la vie en écrivant le nom du dirigeant, donc si quelqu’un voulait effacer la
mémoire d’un souverain il s’attaquait au nom inscrit.

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- La descente (descencio) de ce qui est dans le ciel :
processus d’incarnation dans l’image, la divinité ou l’esprit du
défunt vient s’incarner dans la représentation. Sur le même
papyrus, on voit un puits qui amène à une chambre funéraire
avec une momie (entouré en bleu en bas), sur le côté on voit le
Bâ du défunt (son âme, en bleu à gauche).

3. Caractéristiques morphologiques de l’art égyptien

Il se distingue des autres arts antiques par tout un faisceau de caractéristiques, il présente une forte
identité formelle.
Quelle est le reflet de cette conception de l’image, vue précédemment ?

 Absence de perspective : visible pour notre conception moderne de l’art. Cette absence a
souvent été considérée comme le résultat d’une naïveté, un peu infantile, disant que les
Egyptiens n’étaient pas capables de faire de la perspective. Il s’agirait en fait du produit
d’une volonté, et non d’une incapacité, ça ne leur présentait aucun intérêt. Voici quelques
arguments :

o Longévité du système de représentation : en un laps de temps aussi important que


3000 ans, il semble peu probable que les Egyptiens n’aient pas évolués dans leur
vision. Or même lorsque l’Egypte a été colonisé par les Grecs, puis les Romains, qui
eux utilisaient la perspective, le canon figuratif égyptien ne s’est pas orienté vers
cette pratique. Ce serait donc une omission volontaire.

o Prise en compte de déformations optiques : dans certains volumes d’architecture ou


des statues colossales, ils prennent en compte la déformation visuelle pour que
l’aspect corresponde à ce qu’ils veulent transmettre -> ils ont connaissance de la
perspective, mais c’est par choix qu’il ne l’intègre pas dans leur système de
représentation.

o La perspective est un mode de représentation perceptuel, basé sur le point de vue


du spectateur, sa perception optique. Les images sont des apparences de l’autre
monde, elles visent à représenter les choses telles qu’elles sont, non telles qu’elles
paraissent -> elles doivent être conceptuelles et non perceptuelles.

L’iconographie égyptienne consiste en un système de représentation qui combine à la fois une


adhérence de type analogique (on sait faire la différence entre une femme et un homme) et un
décalage sciemment entretenu par rapport à la perception optique (tête de profil avec yeux de
faces) : image sublimée de la réalité visuelle, elle représente l’essence et non l’apparence des choses.
C’est un mode de représentation aspectif (>< perspectif) : représentation la plus fidèle possible à
l’essence de ce qu’on représente.

 Multiplication et une combinaison de points de vue, il s’agit de représenter chaque partie du


corps dans son aspect le plus caractéristique.

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Ça vaut pour les humains, mais aussi pour la représentation des objets
comme ce siège (vu de haut avec les pieds visibles) et ce bassin avec ses
arbres en rabattement.

Ici dans une tombe : représentation des porteurs, ils amènent des coffres
contenant les objets du défunts qui sont représentés au dessus pour être
vus sur l’image (point de vue qui serait impossible dans une représentation
perspective, les coffres étant fermés).
Ce mode de représentation combine des éléments complémentaires mais
non exclusifs.

Autrement dit, c’est l’objet qui est le point focal dans l’image égyptienne. On privilégie une
reconstitution complète de l’objet et non pas une image imparfaite de la réalité. Mais avec
ça, les choses doivent être lisibles, identifiables et reconnaissables, car il ne faut pas oublier
que l’image joue un rôle majeur sur le plan magique, si l’objet est mal représenté il ne sera
pas opérant.

 Canon de proportions : pour dessiner les figures sur les parois, les artistes
utilisaient des grilles, dessinées avec des ficelles trempées dans de la
peinture. Ces grilles servaient de repères pour installer les différentes
parties du corps humain, et assurer des proportions canoniques aux
figures. Dans la plus grande partie de l’histoire égyptienne, ils utilisaient
des grilles de 18 carreaux, divisant le corps humain depuis la plante des
pieds jusqu’à la ligne de coiffure (avant la coiffure, au sommet du front : si
on incluait la coiffure, celle-ci bouleverserait les proportions du corps).
Cette grille est basée sur un système de mesures anthropométriques
(petite coudée, paume, doigt).
Pour une figure assise : 14 carreaux (6 jusqu’au genou, puis 4 pour la cuisse à l’horizontale,
puis les autres). La grille s’adapte donc à la position du corps. Cette grille correspond à une
rationalisation du monde sensible, on met de l’ordre, en se basant sur les mesures du corps
humains -> par conséquent, toute représentation figurée de l’être humain porte cet ordre
inscrit en elle-même.

 Symbiose avec le système d’écriture hiéroglyphique : les images et l’écriture sont


indissociables, on a parlé d’un art
hiéroglyphique.
Exemple de la stèle de Nefertabet, IVe
dynastie : le nom de la princesse apparait au
dessus de sa tête. Normalement on s’attendrait
à la présence d’un déterminatif qui indique le
champ sémantique du mot, en l’occurrence ici
il est compris dans la représentation de la
princesse, qui peut dès lors être considérée
comme un hiéroglyphe agrandit.

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Ici une stèle de Ramsès II représenté en enfant (il porte les signes le
désignant comme un enfant : la tresse de l’enfance et un doigt sur la
bouche), sur sa tête un disque solaire et derrière lui un faucon (peut être
est il protégé par une divinité). Mais enfant se dit « mes », disque solaire
« ra » et le roseau « sou » : cette statue représente « RAMESOU » (« ra
m’a engendré », nom de naissance de ce pharaon) protégé par une
divinité, c’est donc un hiéroglyphe de grandeur nature. L’image
égyptienne est performative : elle suscite l’existence de ce qui est
représenté.

 Structuration et hiérarchisation de l’espace


figuratif : la structuration de l’image n’est pas
réaliste, elle consiste souvent en une succession
de registres/bandes. Au sein de ces figures
juxtaposées, il n’y a pas d’échelle commune,
tout n’est pas représenté en proportions
uniformes. Les personnages importants (roi,
dieu,…) sont représentés de plus grandes tailles
que les personnages secondaires : on parle de
« perspective morale », mais le terme « hiérarchisation » est plus correct. Ces images
représentent le côté permanent des choses, et se placent par là hors du temps : on y trouve
donc très peu d’éléments contextualisants (comme des éléments de paysage) car l’aspect
temporel a très peu de place, les scènes ne sont situées que dans des cas uniques. Rien de
permet d’identifier un endroit en particulier.

 Autonomie fonctionnelle de l’image : d’un point de vue fonctionnel (magique), cette image
pharaonique n’est pas destinée à un spectateur extérieur. Sa vocation est d’exister pour elle-
même et de gérer un point de contact avec l’autre monde. Il y a bien un spectateur pour
l’image égyptienne : le spectateur à l’intérieur de l’image même. Dans cette fresque (vue au
dessus): le spectateur est le défunt, le propriétaire de la tombe, il se trouve dans l’image et
est en corrélation avec le spectacle de la vie (ici récolte dans les champs) -> ce qui explique
pourquoi les représentations égyptiennes ne sont pas de face : le profil permet le dialogue
entre les différentes images, car ce n’est pas au spectateur extérieur qu’est destiné l’image.
Saqqara : statue de Djéser dans son serdab, il y a des trous à hauteur des yeux, non pas pour
qu’un spectateur extérieur puisse admirer la statue, mais pour que celle-ci observe
l’extérieur !

4. Contexte social de l’art égyptien

Les œuvres ne sont pas signées. Il y a des cas rarissimes où on peut donner le nom
d’un artiste, comme pour la stèle du chef des artisans et des sculpteurs d’Abydos.
Est-ce un art anonyme ? Il y a bien des noms sur les œuvres : ce sont ceux des
personnages, ceux à qui l’œuvre est destinée (ce qui importe aux Egyptiens) et non
celui qui l’a fait. Les commanditaires se présentent souvent sur leurs œuvres
commandées, c’est leur nom qui est indiqué.

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C’est un art éponyme.

Conclusion : les artistes égyptiens ont réussi à développer une forme d’art (au sens large) de
représentation de la nature/environnement, qui a suivi une voie différente de celle empruntée par
les artistes grecs puis romains (perspective, clair obscur) : ils ont mis au point un système de
représentation sensé représenter l’essence des choses et non l’apparence.
Image : médium entre le monde des hommes et celui des divinités.

V. Les périodes de formation : du prédynastique à la fin de l’époque thinite (4000-2700


BC)

1) Prédynastique Nagada

Cette culture commence dans sa phase la plus ancienne par une culture du nom de Badari (ca 4500-
4000 BC) : culture néolithique (sédentaire, agriculture, élevage, pêche) et chalcolithique
(métallurgie : cuivre).
Puis vient la phase de Nagada I (4000-3500 BC) : elle s’étend dans l’essentiel de la Haute Egypte,
depuis la première cataracte jusque toute la vallée jusqu’au secteur de Badari.
Ensuite Nagada II (3500-3200 BC) : développement géographique de cette culture, d’Assouan
pratiquement jusqu’à la hauteur du Fayoum (sud-ouest du Caire).
Ces deux phases sont contemporaines d’une autre culture différente qui se développe dans le nord
de l’Egypte : les cultures de Maadi-Bouto (4000-3200 BC).
La culture de Nagada finit par supplanter Maadi Bouto : celle-ci disparait (pas de manière brutale : il
s’agit de phases de transition, « acculturation »).
Autour de 3200 BC : Nagada III, sorte d’unification du pays, mais pas d’ordre politique : unification
culturelle.

Evolution au cours du IVème millénaire : l’Egypte va se développer sur les plans social, économique
et politique. On part d’une économie néolithique (évoquée plus haut), contrôle politique et
hiérarchisation sociale limitée, pour aboutir 1000 ans plus tard à l’état pharaonique : bien plus
centralisé, avec à sa tête un roi unique d’essence unique, et toute une pyramide sociale.

Dans les tombes des trois phases de Nagada, on peut voir l’évolution progressive
de la taille des tombes, et des offrandes : la population a de plus en plus de
moyens économiques, qui est lié avec l’amélioration des cultures. La production
agricole dépasse les besoins de son producteur -> échanges, stockage, commerces
-> spécialisation de la société. Les surplus permettent de dégager la possibilité
d’artisans spécialisés, qui ne seront plus des producteurs si ce n’est producteur
d’objets.

Cette spécialisation va de pair avec une hiérarchisation de la société, on le voit comme dit ci-dessus
dans le matériel des tombes : certains se distinguent, par la nature et le nombre des offrandes
(ostentation et accumulation). Certains objets sont réalisés dans des matières importées (lapis lazuli,
obsidienne,…).

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 Nagada I :

- principalement dans l’art de la céramique la « black


topped », grande qualité et maîtrise du feu.

- vases rouges à décors clairs (beige ou blanc),


production à décors géométriques ou plus rarement figurés
(personnages de grandes dimensions avec les bras levés au
dessus de la tête, victoire ou danse). Ces personnages sont
associés à des personnages plus petits (hiérarchie) -> captifs,
bras maintenus derrière le dos, reliés par un lien aux grands personnages. Iconographie qui
met en avant l’idée de domination de certains personnages sur d’autres -> hiérarchie
croissante de la société.

- statuette en argile d’une femme avec les bras au dessus de la tête -> domination ? L’accent
est mis sur les hanches et la poitrine (caractères féminins).

- vases rouges polis, avec une forme très particulière : pas pour un usage
quotidien, avec un décor qui reprend les mêmes idées. La chasse est valorisée,
surtout celle à l’hippopotame. Domination de l’homme sur la nature : trait
fréquent dans toute l’histoire égyptienne, domination de la civilisation sur la
région qui l’entoure.

 Nagada II :

- Nouveau type de céramique : vases clairs à décors rouges


« decorated ware ». ils sont réalisés dans une argile
calcaire. L’iconographie est dominée par des grandes
figures de bateaux, éléments aquatiques qui dominent le
champ figuratif.
Des signes hiéroglyphiques évoquent l’eau, d’autres :
éléments végétaux, de faune (autruche ? capridés du désert), triangles (représentation
schématique des montagnes ?). Tous ces éléments forment un décor aquatique : c’est peut
être une scène de navigation, soit de déplacement dans la vie concrète, soit selon un aspect
religieux, ou alors comme ces vases sont trouvés en contexte funéraire il s’agit peut être
aussi d’un voyage dans l’au-delà sous la forme d’une navigation assimilé au Nil
souterrain/nocturne. Mais sans écriture aucune interprétation n’est certaine.

- Hierakonpolis, tombe n° 100 : entre Louxor et Assouan, au sud de l’Egypte.


-

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Découverte à la fin du XIXème : une de ses parois est ornée d’une peinture, aujourd’hui en piteux
état au musée du Caire. Ici : relevé à l’aquarelle, qui nous montre une iconographie similaire aux
vases de la même époque, dominé par cinq figures de bateaux blancs à coque arrondie, et une figure
de bateau noir avec la proue relevée. Ils sont accompagnés d’une série de saynètes, qui marquent
cette idée de domination (un personnage brandi une massue et s’apprête à frapper des prisonniers /
un autre maintient de chaque côté un lion : maître des animaux, homme qui maîtrise les forces
sauvages de part et d’autre de la vallée du Nil / scènes de combat, un personnage tête en bas :
vaincu, renversé).

- Palette de la chasse : palette


à fard en grauwacke (sorte
de schiste). Ces palettes en
général peuvent prendre
toutes sortes de formes, et
servaient à broyer de la
malachite pour faire une
sorte de khôl pour protéger
les yeux.

Durant Nagada II : elles servent de support pour des représentations. Celle-ci fait 37 cm, il y a
trois fragments répartis entre le British Museum et le musée du Louvre. Cette palette est
scutiforme, elle représente en champ levé des chasseurs avec des armes (arcs, lassos,
boomerang, bâton de jet) et du gibier (autruche, lapin), des fauves percés de flèches (lions).
Au centre il y a un cercle de cupule qui rappelle la fonction d’origine de ces palettes, mais ici
il ne présente aucune trace d’utilisation : il n’avait sans doute pas de fonction pratique. Cette
palette a souvent été interprétée comme un monument qui commémorait une chasse
particulièrement heureuse. On lui prête une intention narrative, c’est une histoire. Autre
lecture par Roland Tefnin : la palette présente un axe de symétrie vertical, on pourrait la lire
dans ce sens et non dans le sens horizontal.

- Palette de Narmer : une autre palette à fard, à


l’extrême fin du IVème millénaire, trouvée à
Hierakonpolis (sud). En revanche la tombe de
Narmer se trouve à Abydos, au niveau de la
boucle thébaine du Nil. Le nom de Narmer est
indiqué en hiéroglyphe. On voit l’apparition de
l’écriture, et une structuration de l’image en
registres définis marqués par des lignes, plus
conforme avec ce qu’on attestera après. Le
registre supérieur est dominé par quatre têtes
de bovidés à visage humain (déesse Hathor ou
Bat) registre du cosmos inaccessible. Il y a des vaincus, identifiés par des signes
hiéroglyphiques (commencement de cette écriture : certains signes n’ont pas perdurés, ils
restent donc difficiles à analyser). Petit personnage qui porte les sandales du roi (rôle sans
doute honorifique), et un autre qui semble être le vizir ? Scène de domination du roi Narmer

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sur un peuple, il porte une couronne qui est la couronne rouge (royauté sur la Basse Egypte)
et une autre de l’autre côté de la palette : la couronne blanche, de la Haute Egypte. Il porte
une queue de taureau : virilité. Idée d’une conquête d’un territoire par ce souverain :
unification politique de l’Egypte, qui succède de quelques siècles l’unification culturelle. 1er
monument de cette histoire égyptienne où un roi est coiffé des deux couronnes.

 Nagada III et première dynastie :

- Abydos : tombe de Narmer, et tombes des souverains de la 1ère dynastie (ceux qui succèdent
à Narmer, les souverains qui règnent sur l’ensemble de l’Egypte). Tous les 1ers rois de la 2ème
dynastie sont enterrés ailleurs.
Ce site n’est pas utilisé qu’à la 1ère dynastie, mais depuis Nagada I des tombes importantes
se sont développées à partir du nord. Avec notamment la tombe U-j : matériel important et
premières traces d’écriture (période de Nagada III).
C’est ici que Narmer a installé sa tombe : deux chambres revêtues de briques crues, dans la
tradition des tombes prédynastiques.
Son successeur est Hor-Aha, dont la tombe est la plus imposante. Elle comporte 3 grandes
chambres, 35 chambres secondaires situées en trois rangées : c’est le premier complexe
monumental royal en Egypte.
Dans la tombe de Djer (O), il y a des chambres annexes qui étaient utilisées comme
magasins, dans lesquels des offrandes étaient entreposées. On y a trouvé des squelettes
humains (cercueils ou mottes), les ossements attestent qu’il s’agissait de jeunes adultes de
moins de 25 ans. Ce n’était pas une mort naturelle -> sans doute des sacrifices humains. Ces
tombes annexes ont été fermées en même temps que celle du roi.
Ces pratiques de sacrifice sont attestée bien que considérées généralement comme barbare,
et non pratiquées par les peuples civilisés. Elles débutent au moment où se met en place un
état structuré. On est encore dans le thème de la domination du pouvoir sur d’autres
éléments, comme la vie des autres : meilleure preuve du pouvoir. Ces sacrifices humains ont
un rôle politique.
A partir du Moyen Empire, on va considérer la tombe de Djer comme celle du dieu Osiris, et
elle fera alors l’objet d’un culte de pèlerinage.
La tombe de Djer, successeur de Hor-Aha, est tout à fait importante : Hor-Aha a été le
premier roi de l’Egypte unifié et donc a pu bénéficier des ressources.
A partir de Djer, ces chambres se multiplient. Une partie sont des magasins dans lesquels on
va trouver toutes les offrandes.

A partir du roi Den : escalier monumental dans la chambre


funéraire. Cette complexité architecturale est du au fait que le
roi commence à préparer son complexe funéraire dès sa montée
au trône.

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Tombe de Meretneith : rondins de bois pour la toiture,
tumulus structuré par mur de soutènement. Il y a des
tombes tout autour, auxiliaires.
Dans la mythologie égyptienne, tertre = origine du
monde. Cette vision de la création dérive de
l’observation du milieu : après la crue du Nil (juillet, se
retire au mois d’octobre) ce sont les buttes de terre les
plus hautes qui vont émerger, et cette image a été transposée dans le mythe : avant la
création, il y avait un océan primordial (// Nil hors de son lit) le Noun. Création : butte de
terre qui émerge, sur laquelle va s’élever le 1er soleil du monde. Le complexe funéraire a une
connotation de renaissance du défunt dans la symbolique du tertre.

Une stèle identifie le propriétaire de la tombe. La mieux conservée de ces


stèles est celle du roi Djet, en calcaire, conservée au Louvre. Elle ne possède
que peu de décoration : la partie inférieure était sans doute destinée à être
enterrée dans le sol. Partie supérieure : représentation d’une façade de palais,
qui comporte deux portes encadrés par un système de niches et pilastres ><
façade lisse. En rabattement : le périmètre de ce palais, à l’intérieur duquel
figure le nom du roi (ici le serpent : djet). La façade de palais contient le nom
du roi : serekh. Sur le serekh figure un faucon, protecteur de la royauté, le
pharaon étant l’Horus sur terre. La composition de l’image est assez
recherchée par le sculpteur : seul l’horus est centré, contrairement au serekh
légèrement de côté.

Enceinte funéraire : cette tombe se complète par des enceintes funéraires qui se trouvent à un
kilomètre et demi de la plaine alluviale. Ce sont des monuments considérables qui mesurent plus
d’une centaine de mètres pour une élévation de 11m de haut.

Actuellement, on connait 10 enceintes de ce type dont 8 ont été attribués à des rois précis.
L’enceinte délimite une grande surface où l’on ne trouve aucune trace de constructions sauf un petit
bâtiment qui se trouve dans la partie sud est. On imagine qu’il s’agit d’un enclos qui a servi au culte
funéraire. Toutes ses enceintes ont disparus sauf la dernière, les autres ont été arasées. Elles sont
utilisées pendant un certain temps.
On a aussi des tombes subsidiaires et des tombes de bateaux : en effet, on a une douzaine de fosses
qui contiennent des barques. Ou l’on trouve des barques en bois recouvertes par une structure en
brique qui reproduit la forme de ces barques.
On y a associé l’idée de navigation qui est le fait d’inhumer les barques, ou alors il s’agit de barques
qui sont plus symboliques, qui devaient servir au roi dans l’au-delà. Cette idée de navigation
funéraire est bien présente dès la première dynastie.

Autre élément important de la première dynastie : Abydos = berceau des rois. On fonde une nouvelle
capitale lors de la première dynastie (Hor-Aha), juste à une 20 de Km, c’est la capitale Memphis, elle
porte aussi le terme de balance des deux terres (c’est à cet endroit la vraie balance entre le nord et le
sud de l’Egypte).

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Les grands fonctionnaires du royaume vont être installés à Memphis, et ils vont se faire inhumer
juste en face : c’est le plateau de Saqqara. C’est une falaise calcaire et en bordure, et c’est là que l’on
a une série de tombes qui appartiennent à ces grands personnages.
Tombe privée : mastaba ‘banquette’. Architecture de niches et de pilastres qui rappellent la chambre
royale.

Khasekhemouy va rétablir l’unification. Son nom veut dire « les deux puissances apparaissent » (il
domine les deux parties du pays).
C’est une période troublée pour laquelle on a une statue, c’est
l’un des premiers exemples de statuaire royale en pierre que
nous voyons. Elle fait 56cm de haut. Elle est toujours en
grauwacke et elle a été découverte à Hierakonpolis (où l’on a
trouvé la palette de Narmer). On conserve un socle rectangulaire.
Ce socle est important car il marque le bloc d’origine à partir
duquel on a taillé la statue. C’est une pierre très régulière. Le
socle enserre la statue dans un espace qui lui est propre.
La pierre est polie, et donne des surfaces très lisses. Les volumes
du corps sont très simples : cette simplicité des volumes donne
cette pureté de la ligne qui caractérise la statuaire égyptienne. Il
y a déjà là une recherche d’équilibre entre le réel et une
géométrisation idéal.
Le roi sur la statue est coiffé de la couronne blanche de Haut Egypte (que l’on trouve le plus dans la
statuaire égyptienne, car elle est beaucoup plus simple à réaliser). Ici il s’agit d’un volume plus
massif, plus compact et puis résistant. Il est vêtu d’un long manteau croisé sur la poitrine et fermé
sur les jambes. C’est un manteau que l’on connait bien dans l’iconographie royale : c’est le roi qui le
porte pendant une fête que l’on appelle Heb-sed : cérémonie fondamentale à l’issue de 30 années de
règne, pour régénérer le roi vieillissant. Pendant cette cérémonie, on met le souverain à mort et puis
on le fait ressusciter.
D’après Maneto ( ?), le successeur de Khaseskhemouy est le roi Djeser qui serait le premier roi de la
3ème dynastie. Nous somme à la fin de la période de formation, et au début de la période classique =
l’ancien empire. On a l’unité du pays, la stabilité politique dans le pays. Cela permet aux égyptiens,
des évolutions dans différentes fonctions culturelles (religieux, institutionnel, …) Cette stabilité
durera 180 ans.
Le roi est le successeur de dieu, et son représentant. Il est considéré comme le seul garant de
l’équilibre du monde (mâat qui est l’ordre cosmique), de son bon fonctionnement. C’est aussi le seul
intermédiaire entre les dieux et les hommes, c’est le seul « prêtre ».
Cet ancien empire est une période de grandes réalisations et c’est notamment la période ou vont
être construits les pyramides.

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VI. L’Ancien Empire : 2700-2200 BC, de la 3ème à la 6ème dynastie

1) La 3ème dynastie

 Le complexe de Djéser à Saqqara :

Djeser : complexe funéraire à Saqqara, au centre du plateau de Saqqara (carte). Il est sans doute
l’une des étapes majeures dans le développement et l’évolution de l’architecture mondiale. Cet
ensemble est inscrit dans une enceinte crénelée de 545m de long sur 280 de côté. Il couvre un
espace de 15 hectares.
Enceinte crénelée : qui se retrouve dans d’autres enceintes de palais.
Au centre de ce complexe se trouve la première pyramide construite en Egypte. Ce monument
s’inscrit dans une tradition avec son implantation et aussi sa structure générale. On retrouve cette
enceinte crénelée avec un accès unique au sud-est de l’ensemble, ainsi que la tombe du roi avec la
pyramide.

On a une continuité et aussi une originalité : la tombe et la pyramide sont ensembles ! Première
innovation ! Aussi utilisation de la pierre (grande innovation), c’est
la première fois dans l’histoire qu’un monument est construit
entièrement en pierre de taille (blocs de pierre taillés). Par ce
passage de la brique crue à la pierre, le monument va acquérir un
caractère d’éternité. On veut une pétrification du monument.
De façon assez exceptionnelle, on connait l’auteur. Il s’agit du chef
des travaux de Djéser qui porte le nom Imhotep. Il apparait sur ce
socle de statue, avec le nom du roi, les titres (chef de tous les
travaux du roi) et le nom de son personnage.

Cette enceinte comprend de très nombreux


bâtiments : ce qui est remarquable c’est que
la majorité d’entre eux sont factices (ce sont
des volumes pleins = qui ne permette de
rentrer). C’est une sorte d’architecture de
théâtre dans lequel on ne pénètre pas.
La fonction de cet ensemble n’a de sens que
dans le domaine de l’au-delà. L’enceinte
crénelée comporte 15 bastions que
représentés des portes factices. Et le seul
accès dans cet ensemble est à l’angle sud-est,

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on pénètre par une longue colonnade qui permet de déboucher à une cour qui est dominée par la
pyramide du roi.
Une deuxième cour se trouve à l’est de la grande cours et borde d’une série de chapelles (8) 9+10.
Sur la face nord, on a des espaces fonctionnels destinés à assurer le culte funéraire du roi.
Plus au nord encore, on a une grande terrasse, qui n’a pas encore été étudiée en détails. On a ce
grand autel pour les offrandes.
À l’ouest de la pyramide, ce long bâti factif allongé recouvre des bâti souterrains dans lesquels on a
des produis destinés au roi. 3 = tombeau du sud, deuxième tombeau du roi.

Bastion d’entrée : avec la façade de palais


qui donne accès à une colonnade.
Colonnade : Il ne s’agit pas de colonnes
réelles, elles sont appuyées contre les
parois.

On est face à la première construction en pierre de tailles, donc les maitres


d’œuvres fonctionnent sans expérience. Il s’agit d’une certaine incertitude de la
part des constructeurs. Autre remarque : le module qui est utilisé est de petite
dimension : c’est le module des briques crues. On est dans l’idée d’une pétrification
de ce que l’on faisait avant.
Au fil du temps, les égyptiens vont prendre plus d’assurance et on va arriver à des blocs de pierre
colossaux. Ce ne sont pas des colonnes monolithiques mais des tambours de colonnes superposées.
Ici c’est la reconstitution de cette colonnade (anastylose) qui a pu être faite en pierre d’origine
retrouvées sur place et en complétant ce qui manque. Le fut de ces colonnes n’est pas cylindrique.
Ce travail d’anastylose est l’œuvre d’un architecte égyptologue français, Jean Philippe Lauer, qui est
arrivé à Saqqara en 1926 en tant qu’assistant. Il va vécu ensuite toute sa vie à Saqqara.

La colonnade d’entrée débouche sur une cour avec la pyramide du


roi qui se présente comme une pyramide à 6 degrés et mesurant à
sa base, 121m sur 109. En réalité, les études menées par Lauer ont
montré que cet état définitif est le résultat de modification. Cela
montre comment s’est opérée l’évolution de la pyramide.

Rappel : à Abydos, on a le mastaba (massif de maçonnerie au-dessus de la tombe du roi).


- Le projet au début est un mastaba assez modeste. Le noyau est réalisé
en moellons de calcaires. Ce projet initial va être agrandi une première
fois (en bleu) puis une seconde fois (jaune), uniquement du coté Est. On
voit une évolution de l’ensemble. Ces différents mastabas montrent à
certains endroits de la face sud l’emplacement des limites des
mastabas.
- Etape suivante : mastaba en pyramide à degré. On va d’abord construire
une pyramide à 4 degrés. Elle est de plan rectangulaire et elle englobe
tous les établissements préalables.
- Puis le monument va prendre sa forme définitive avec 60m de hauteur et 6 degrés.

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Autrement dit, on voit dans l’évolution de ce projet architectural que l’on a affaire à une
superposition de mastaba. Cette transformation vers la première pyramide révèle quelque chose sur
les croyances métaphysiques : symbolisme ascensionnel.
Tertre primordial (mastaba = renaissance du roi) + escalier pour atteindre le
ciel.
On trouve cette idée dans les textes des pyramides qui vont apparaitre à la
5ème dynastie mais dont l’origine est très ancienne (tradition orale). Les Textes
en question nous parlent de cet escalier. On a cette idée de l’escalier qui va
permettre au roi de montrer au ciel.
Cette multiplicité des approches est propre à cet esprit égyptien. La pyramide
n’est que la super structure du monument. On a en dessous un souterrain
creusé dans le calcaire de Saqqara.

Il y a un puits qui permet d’aller à la pièce où l’on a la tombe du roi. Ce puits descend vers le
sarcophage funéraire. Cette pièce n’est pas décorée mais il y a du granit rose (pierre très dure qui lui
donne une connotation sévère. Les égyptiens vont les trouver à Assouan). Puits vertical donc !
Mais on a un autre accès, c’est l’escalier qui s’ouvre sur la face nord, juste à côté d’où il y a la tombe.
Tout autour, on a de très nombreuses galeries qui servent de magasins (où sont entreposées les
offrandes). Ces dernières sont importantes car ce sont des vases en pierre (estimation à 40 000).

À l’est de la chambre funéraire, se trouve d’autres galeries qui représentent un palais royal. Elles sont
décorées en plaquette, en faïence bleu et vert et sont enchâssées. L’ensemble évoque une paroi en
tige de papyrus, qui serait maintenue par des liens. Il s’agit de pétrification, de reproduction en
matériaux légers.
La couleur verte, celle de la végétation, est associé à l’idée de vie, de renaissance.

Dans des niches, en forme de portes, on trouve un décor en relief, sorte de


stèle, qui représente le roi coiffé de cette couronne blanche de Haute Egypte.
Son nom est toujours avec le « faucon ». il a les jambes écartées : il est
représenté dans une course virtuelle protégée par le dieu Horus qui tient ce
signe de l’éternité et qui le protège (partie de la fête jubilaire). Lors de cette
cérémonie, il devait faire une course pour marquer son territoire. Cet espace est
limité par deux bornes, et entre celles-ci il accomplit sa course. C’est le roi qui
prend possession du monde.
Ce relief est important car il montre le rôle que joue la fête Heb Seb.
C’est dans ce complexe qu’ont eu lieu les cérémonies. Cette course a
sans doute eu lieu au pied de la pyramide (dans la cour du Heb Sed,
on peut voir les bornes).
Cette grande cour du Hed Seb n’est pas le seul endroit lié à cette
cérémonie jubilaire : il y a aussi la petite cour qui se trouve à l’est et
qui conserve un double podium qui comporte un double escalier.
Elle devait donner accès au trône des deux Egypte.

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La cour est bordée par deux rangées de chapelles qui sont en faites des massifs pleins, des
architectures fictives et qui sont de deux types :
- à toit cintré
- à toit plat
Il s’agit en fait, la forme des sanctuaires traditionnels de basse et Haute Egypte. On veut évoquer la
dualité de ce royaume à deux terres.
Les formes architecturales seront des formes traditionnelles.

Tore : espèce de boudin qui permet de délimiter la façade. On le retrouve partout plus tard. Celui-ci
restera dans toute l’architecture égyptienne. Ces tores vont permettre de moduler la lumière, et
d’articuler les différents plans.

On a aussi le couronnement du monument (mais ici à


l’état embryonnaire). On verra un développement plus
tard. C’est ce que l’on appelle la corniche à gorge
(inspiré des grandes feuilles pour ne pas tomber).

Image à droite : il s’agit réellement d’une architecture factice qui serait


comme un décor de théâtre qui ne se passe pas dans ce monde-ci. On a un
gond de porte avec le pivot et une porte figurée. Il s’agit d’une forme de
porte qui est tout à fait factif. On est dans le cadre d’une architecture factice.

A l’est de la pyramide, on trouve deux bâtiments dont la fonction est mal


définie. Lauer les a définis comme les maisons du sud et du nord (pour faire
référence à la dualité). Il s’agit de deux constructions semblables qui ont
forcément un rapport.

Etat actuel de la maison du sud : fait de blocs


relativement dégrossis, qui servent de
noyaux, et en parement on a des pierres
taillées qui donne la forme du bâtiment.
Elle a un toit cintré qui est décorée en façade de colonnettes
engagées et très hautes. Donc le but est certainement assez comparable aux tores (dans le sens qu’ils
vont donner un mouvement ascensionnel).

La maison du nord : même principe. Un des murs comporte 3 papyrus (qui est
la plante emblématique de la basse Egypte = Nord). Il y a un parallèle avec le
mur de la cour de maison du sud, qui est décoré de fleur de Lys (signe de la
Haute Egypte = sud).
On est toujours dans cette ambiance de pétrification de végétaux, la plante est
très stylisée. La tige convexe est reconnaissable. Et la fleur est sous forme
d’ombelle.
Ce sont les premiers exemples de colonnes papyriformes qui vont connaitre un

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grand succès en Egypte. Ce sont des colonnes engagées dans le mur (on est toujours dans la phase
expérimentale).

Contre la face nord, on a un temple funéraire (en rouge). La position


(nord) est quelque chose que l’on ne trouve pas tout le temps. Le temple
va passer sur la face est en relation avec l’orient (le soleil se lève =
Renaissance = roi défunt à la renaissance du soleil chaque matin). Ici c’est
plutôt une conception qui est basée sur les étoiles >< Soleil.

L’entrée de ce complexe se trouve ici au côté est, on trouve une pièce : le Serdab
(petite pièce, avec aucune porte, et qui contient la statue du roi Djéser enfermée
dedans, en orange sur la plan).
Cette pièce fermée est un élément que l’on va trouver dans les tombes royales et
privées de l’ancien empire. Les deux perforations qui existent dans une face qui se
trouve au niveau des yeux de la statue sont faites pour que celle-ci puisse voir ses
« impérissables ». Elle se trouve maintenant au musée du Caire.
Le roi se trouve dans la même position que Khas, avec un vêtement qui vient
enserrer les bras. Sur le plan iconographique, les traits du visage du roi sont rudes,
et massifs avec une lèvre prédominante. On va retrouver les mêmes traits
physiques que ceux que l’on a trouvés dans la niche. Il porte une barbe (signe de
pouvoir, c’est une barbe factice), et une lourde perruque sur laquelle se trouve
cette coiffure que l’on appelle le Némès (coiffure royale que l’on va trouver dans
toutes les époques de l’art égyptien). Les yeux du roi ont probablement été
incrustés : ils ont été détruits soit pour voler les matières d’incrustation,
notamment du cuivre pour la bordure de l’œil, soit pour mutiler l’image pour
l’empêcher de voir et de nuire ceux qui viennent profaner la statue : c’est directement lié à la
conception de la statue vivante. On enlève les yeux pour qu’ils ne puissent pas les identifier.
Cette statue, quelle est sa fonction dans le temple funéraire ? Elle fonctionne comme un support qui
est désigné à avoir cette énergie vitale lors de la mort du défunt. On parle d’incarnation.

Au sud de l’ensemble funéraire, sous le mur d’enceinte, se trouve un bâtiment factice décoré de
cobras. Il y a une architecture de façade à redents : c’est le tombeau du sud.
Le mur est surmonté de représentations de cobras dressés : protecteur de la royauté, qui pétrifie les
ennemis du roi.
On a une frise d’uraei (singulier = uraeus), et un puits qui conduit à des appartements souterrains,
avec une reproduction du caveau.
Les appartements sont recouverts de faïences bleus et verts mais tout ça de manière réduite.
Cette structure a été appelé le tombeau du sud, mais sa fonction reste à discuter. Il y a deux grandes
hypothèses :
- rappel du tombeau royal d’Abydos (origine de la dynastie)
- ou tombeau fictif, qui montre les pouvoirs de la personnalité. Deuxième tombe que l’on
va retrouver vers la 4ème dynastie.

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Résumé :
- il combine l’enclos funéraire et la tombe. Ligne évolutive depuis les tombes que l’on a
vues.

Le complexe funéraire se compose de :


- la pyramide (tombeau royal)
- les appartements funéraires souterrains,
- un temple de culte dans la face nord, avec le serdab,
- et un deuxième tombeau (cénotaphe ou destiné au ka du défunt ?)

Les innovations :
- création la pyramide à degrés, qui est une superposition de mastaba et une élévation
vers le ciel
- Début de l’architecture en pierre de taille : pétrification d’une architecture en matériaux
périssables (tore, corniche à gorge, colonnes…)

Les successeurs de Djéser ont conservé cette formule de la pyramide à degrés, qui se trouve au sud-
ouest. La plupart des complexes sont restés inachevés. Celui de Djéser est le plus documenté.
Rappel : c’est le 1er roi de la 3ème dynastie.

Panneaux en bois qui proviennent de la tombe d’Hesy-Rê, contemporain de


Djéser, dans son complexe funéraire. Il s’agit d’un mastaba en brique crue qui
ne comporte pas de stèles en pierre mais des panneaux en bois d’acacia
(niches). Les conditions de conservation sont idéales (désert, environnement
sec) pour ces panneaux qui remontent à 2700 AC.
Dans la partie supérieure du panneau, on a l’inscription du nom de la personne,
sa généalogie, ses titres (son statut social), en l’occurrence : directeur des
scribes du roi, haut dignitaire.
Dans la partie inférieure, le défunt est représenté, debout ou assis devant une
table d’offrande. On note la très grande qualité du relief en champlevé, de très
faible épaisseur dans lequel l’artiste parvient à donner un modelé très vivant à
la figure.
Il y a une sorte de mimétisme entre les personnages privés et royaux, ces
dignitaires se font représentés à l’image du roi.
Le mode de représentation des personnages est canonique : il porte une canne
et une petite palette du scribe -> manifestation de son statut de lettré, membre
de cette administration. Debout, il est représenté avec la jambe gauche avancée
(trait canonique de l’art égyptien chez les personnages en 2 ou 3 dimensions).
En revanche les deux pieds sont posés à plat au sol. Il n’est pas en marche. Mais il n’est pas non plus
en repos, les jambes sont écartées il n’est pas statique. Il s’agit d’inscrire le mouvement dans une
durée éternelle -> représenter l’essence de la réalité en dehors du cadre temporel éphémère, en
renouvellement constant. Hesy-Rê est figuré dans la capacité de marcher, mais il ne marche pas
vraiment.

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Trois statues provenant de Saqqara, elles sont aujourd’hui au musée du
Louvre. Elles sont grandeur nature : côté exceptionnel. Elles
représentent deux personnages, le personnage masculin (Sepa) est
représenté deux fois et son épouse Nesa, au centre.
Sepa est représenté deux fois dans la même attitude qu’Hesy-Rê : avec
la jambe gauche avancée. Il porte un pagne, classique de cette époque,
et une perruque arrondie.
Nesa est représentée les deux pieds joints, pas dans l’attitude de la
marche potentielle -> statique, comme les statues de femme en
général de cette époque.
Elle porte une robe qui descend jusqu’aux chevilles, et couvre la
poitrine avec un décolleté en V. Elle est peu réaliste, car quand on regarde la statue du haut vers le
bas, on ne voit qu’elle est habillée qu’en bas, la robe laisse montrer tous ses attributs ce qui n’est pas
naturel pour un tissu. Façon de représenter que les Egyptiens ont adopté, alternative de celle
qu’adopteront les artistes grecs du drapé mouillé.
Les jambes sont massives, quasi absence de coup, les têtes sont posées directement sur les épaules
-> caractéristiques de la statuaire archaïque.

Il y a un certain nombre d’indices qui montrent que cette sculpture en ronde bosse a été conçue dans
l’espace comme des images en 2 dimensions :
Il est placé sur le socle de manière à être lu de profil (inscriptions), et tourné vers la droite. C’est
habituellement la manière de représenter l’image de l’homme en deux dimensions. C’est cette
même raison qui explique que les statues égyptiennes en 2D présentent la jambe gauche avancée ->
les inscriptions hiéroglyphiques sont en général écrites de droite à gauche, signes tournés vers la
droite. On vient à la rencontre des signes. Du coup la jambe gauche vue de profil est cachée, donc
l’artiste l’avance pour la rendre visible.
L’une des statues de Sepa présente un certain nombre de rabattement réalisés de la même manière
que l’image en 2D : le sceptre/bâton tenu de la main gauche est représenté le long du corps. En
réalité l’artiste à chercher à représenter la même image que celle en 2D représentant le personnage
s’appuyant sur son bâton, mais en 3D dans du calcaire, séparer le bâton le rendrait trop fragile -> il
est donc contre le corps.

2) IVème dynastie : apogée de l’Ancien empire

La royauté est parfaitement établie, le pays est politiquement stable et bien organisé
administrativement. C’est une des périodes les plus brillantes de l’art, notamment de l’architecture :
époque des grandes pyramides.

1er roi : roi Snefrou. Dès les 1ères années de son règne, il
entreprend la construction d’une pyramide et choisi le site de
Meïdoum, à 80 km au sud du Caire -> ce site fait partie de la
grande nécropole memphite. Il fait d’abord construire une
pyramide en degré dans la continuation de Djéser.
D’abord à 7 degrés, puis en cours de construction : il modifie le
projet qui deviendra à 8 degrés. Les modifications étaient

22
courantes dans ce genre de projet. Les appartements funéraires intérieurs montrent une innovation :
un plafond en encorbellement, fait en plaçant chaque assise de bloc en porte à faux jusqu’à ce que
les deux côtés se joignent.

Autour de l’an 15 du règne : il abandonne ce projet, et entreprend la


construction d’une 2ème pyramide et change de site -> Dahchour. Cette
pyramide est appelée rhomboïdale en référence à sa forme particulière
avec la rupture dans l’angle de la pente à mi hauteur. Cette pyramide
est la 1ère à pente lisse bien qu’elle soit cassée : innovation de la part de
Snefrou.

188 m de côté, 105 m au sommet, considérablement plus grand que


celle de Djéser à Saqqara (+/- 60 -> presque le double).
Elle a fait l’objet de plusieurs remaniements en cours de projet. Un 1er
projet portait sur une pyramide avec une pente d’environ 60°, très raide,
qui aurait fait monter la pyramide beaucoup plus haut qu’elle ne l’était
dans son état final. Au cours de la construction -> problèmes structurels,
vraisemblablement lié à la fondation des monuments sur le sol
désertique. Du coup la pente a été faite plus douce (54,5°) pour diminuer la hauteur et donc le poids
qui était problématique. Malgré cela, arrivé à mi hauteur, la pente a été à nouveau modifiée, pour un
angle bien plus léger de l’ordre de 43°. Ces modifications ont été faites en fonction des problèmes
rencontrés.

A l’intérieur, on a trouvé deux chambres : avec deux


accès, situés l’un au nord et l’autre à l’ouest. Ce
dédoublement des chambres funéraires appelle au
double tombeau chez Djéser (plusieurs explications
possibles), comme à Meïdoum il conserve la voûte en
encorbellement.
On retrouve également au sud de la pyramide une 2ème
pyramide de plus petite taille appelée une pyramide
satellite. Elle deviendra l’un des éléments récurrents
de ces complexes funéraires, que l’on peut très
certainement associé à la tombe du kha du roi.

Chez Djéser : le temple était contre la face nord de la pyramide, lié aux étoiles polaires et
circumpolaires. Ici changement : temple appuyé contre la face est de la pyramide -> évolution des
croyances funéraires et religieuse où on place davantage de poids sur la course du soleil.

Dernière nouveauté : ce complexe est relié à un autre temple par une chaussée (voie couverte par un
toit en pierre) qui se trouve en bordure de la vallée : temple bas (>< temple haut situé contre la
pyramide), ou temple d’accueil, où va arriver le cortège funèbre transportant la dépouille du roi,
dans lequel auront lieu un certain nombre des rites funéraires dont la préparation de la momie du
roi.

23
Autour de l’an 30 du règne : il abandonnera cette
pyramide rhomboïdale et fera construire une 3ème
pyramide. Toujours sur le site de Dahchour, au nord de la
précédente : la pyramide appelée rouge. De nouveau à
pente lisse, mais cette fois de façon régulière : il n’y a
plus de rupture de pente. 220 m de côté (double de
Djéser) et 105 m d’hauteur. Il a changé l’angle pour une
pente de 43°, la pente adoptée pour la dernière partie de la rhomboïdale -> processus très
empirique, la formule est testée et si elle convient on l’adopte pour les monuments suivants. La
formule est pratique pour la stabilité du monument, et donne un aspect tassé. On a très rapidement
changé ce projet.

On ne sait pas où il a été enterré finalement, toutes ses pyramides ont été pillées il y a très
longtemps et n’ont laissé aucune trace de mobilier funéraire d’aucune sorte.
Ce passage à la pyramide à pente lisse manifeste une évolution de la pyramide en tant que
monument puisqu’ici c’est la manifestation d’un faisceau de rayon solaire, et l’emporte sur l’idée
plus concrète de l’escalier. L’escalier de la pyramide de Djéser lui permettait de monter vers le ciel,
on va alors privilégier la pente lisse (rayon solaire pétrifié, sur lequel l’esprit rejoindra le ciel).

Parallèlement aux travaux sur la pyramide rouge, Snefrou va


revenir au chantier de la pyramide à degrés de Meidoum (la 1ère)
et la transformera en pyramide à pente lisse -> il va englober le
monument dans une pyramide avec la formule choisie à
Dahchour nord avec une modification : la pente de 43° donnait
un aspect écrasé à la pyramide rouge, donc la pente ici sera plus
raide : 51°50’.

On possède peu d’informations sur le règne de Snefrou. Pour toutes ces périodes du 3 ème millénaire,
peu de textes d’ordre historique qui permettent de donner du corps aux règnes des différents
pharaons nous sont parvenus. On possède un texte sous la forme d’une copie qui a été réalisé à la fin
du Moyen Empire mais qui remonte peut être même à l’Ancien Empire.
C’est un texte sur la vie dans la cour de Snefrou. Ce papyrus (Westcar) a été acquis dans le commerce
des années 1830, et met en scène le successeur de Snefrou, son fils Khéops, qui s’ennuie dans son
palais et dit à ses enfants de le divertir, et ceux-ci vont lui raconter des contes. Exemple : le conte des
rameuses qui est raconté au roi Khéops par le roi Baouefrê.

On trouve dans cette littérature égyptienne un certain nombre de thématiques qui vont être reprises
dans les livres de la Bible. Le principe de ces contes à tiroir, c’est aussi ce qui fait la trame des œuvres
comme les mille et une nuit.
Ce conte nous donne une image de la vie à la cour, dans une ambiance de raffinement. On retrouve
cette idée de légèreté dans le mobilier qui provient de la tombe de la mère de Khéops (l’épouse
royale de Snefrou) à côté de son fils. Ce n’est pas une tombe spectaculaire du point de vue
architectural, et on a la chance, en 1925, de trouver l’ensemble du mobilier intact.

24
Le mobilier est réalisé en bois doré. On trouve un baldaquin, avec ces
fines colonnettes qui fait écho à l’esprit de Djéser en façade des
chapelles : il y a le même dépouillement.
Il y a aussi un lit à pied d’animaux tout à fait simple, en bois doré avec ce
dispositif qu’est le lit doré.
On a un mobilier simple avec une
chaise à porteur, avec encore des
éléments dorés. Et des coffres qui
contenaient des bijouteries de la
reine. Ce qui fait la caractéristique
de ce monument, c’est surtout sa
sobriété, avec des lignes très épurés sans surcharge décorative.
Ce dépouillement qui caractérise les ouvrages ne s’applique pas
à seulement aux pyramides mais aussi à l’artisanat de cette époque.

A Meidoum comme à Dahchour, se trouve autour des monuments royaux des monuments privés
(princes, princesses…).
Vue depuis la pyramide de Snefrou à Meidoum, on a ce cimetière privé et en particulier ce mastaba
qui se trouve à proximité de la pyramide. Ce mastaba appartient à un personnage Nefermaât et son
épouse Itet. C’est le fils ainé de Snefrou, et il occupe le poste de Vizir (premier ministre).
Ce monument comporte deux chapelles décorées de reliefs. Ces dernières présentent une technique
assez originale : on a des silhouettes creusées avec des pates colorées. Le but de cette technique est
de les rendre plus résistant au temps. On est dans ce processus d’innovation dans la réalisation de
monuments éternels. Dans les textes qui accompagnent les figures, on a une allusion à cette
technique (au lieu de peindre) « que nul de peut effacer ».
On a les représentations habituelles dans ces tombes :
scènes d’agriculture, de chasse (deux personnages
accroupis avec un piège qui capture les oiseaux). On est
dans ce système de registres bien en place, on voit
comment le sculpteur va les faire entrer dans les figures :
registre étroit. Donc on a une composition de l’image
tout à fait complexe.

On trouve d’autres scènes : ici scènes de chasse dans le désert. Chien de chasse avec un collier
(domestiqué).

Ces scènes ont une signification :


- Agriculture : on assure le fait que cette offrande pourra bien être disponible
- Les scènes de chasse dans le désert : on veut mettre en évidence la victoire, le contrôle
de l’ordre humain sur les animaux sauvages du désert. On veut affirmer cette victoire
éternelle de l’ordre sur le chaos. Ça a une valeur prophylactique.

Les oies de Meidoum :

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Dans ce mastaba, on a une chapelle particulière, dédié à Itep : on trouve le premier exemple
conservé d’une véritable peinture, car jusque-là il s’agit de reliefs peints (reliefs colorés avec des
aplats de couleur). On y trouve cette scène dont on a un extrait célèbre : toujours scène de chasse et
d’agriculture. Scène d’oies qui est un exemple de véritable picturalité (il s’agit de peinture à part
entière). À côté de ces aplats de couleur, on a un vrai jeu de la part du peintre pour donner des effets
de plumages, de dégradés. On voit même que pour des éléments de décors, on ne prend pas la peine
de faire un contour. On est devant le premier exemple conservé de cette peinture égyptienne.

On reste à Meidoum, avec un autre mastaba qui a livré ces deux statues
étonnantes par leur état de conservation. Il s’agit d’un fils ou d’un frère,
qui porte le nom de Rahotep, et son épouse Nefert. On retrouve cette
sobriété des formes. Rahotep = prince royal. Ces statues ne donnent
aucun indice sur son statut ou sa fonction. Il est vêtu d’un pagne blanc, et
d’un collier. Ses titres sont seulement donnés sur la plaque arrière du
siège qui cache le dos des deux personnages. A première vue, on a affaire
à une personne qui n’a pas de statut particulier.
La robe de Nefert est simple : il s’agit d’une robe fourreau. Beaucoup de
sobriété, également typique de la 4ème dynastie. Le code des couleurs
dans ces images est très peu réaliste, car on a affaire à des couleurs vives,
sans nuances, avec ce code de couleur que l’on va trouver jusqu’au milieu
de l’Ancien Empire. Exemple : Carnation des hommes de couleur rouge >< aux femmes en jaune.
Rahotep est assis mais pas dans une attitude de repos : il est capable d’action, ou plus précisément, il
est dans la potentialité d’action (comme les Kouros, aussi avec les images d’Isiré).
Les visages ont beaucoup d’intensité, qui est dû aux regards des statues réalisé avec des
incrustations des feuilles de métal dans l’orbite : cristal de roche pour la cornée et pierre noire pour
la prunelle. Attention : même si le regard est vivant, ils ne regardent pas le spectateur. On n’a pas
l’impression d’un dialogue. C’est un regard qui passe au-dessus.
 C’est une des caractéristiques de l’art de l’Ancien Empire, elles sont dans un monde au-delà
du réel, elles fonctionnent pour elles-mêmes. Donc elles sont placées dans un autre espace.

 Khéops :

Maintenant on passe à Khéops (en Grec), Khoufou. Il doit


choisir un nouveau site pour son complexe funéraire. Il choisit
un plateau calcaire au nord de Saqqara, c’est celui de Giza. On
atteint l’apogée de la construction de l’ancien empire. C’est la
plus grande des pyramides d’Egypte et aussi la plus complexe.
Sa base forme un carré parfait de 230m de coté pour une
hauteur de 147m, à l’origine avec une pente de la pyramide
de 51°, 50 seconde (la même pente que la dernière pyramide
de son père à Meidoum). On est dans un processus d’essais-
erreurs. On estime habituellement que le nombre de blocs de pierres, s’élèvent à 2 300 000 blocs.
Cette estimation est forcément fausse. Les constructeurs ont aussi conservé à la base de la pyramide
un noyau de rochers qui a été laissé en place. C’est dans la partie inférieure qu’il y a un maximum de
matière.

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Le fait de conserver ce noyau permet d’économiser une partie des matériaux.
Le corps de la pyramide est fait en blocs de calcaire extraits localement. Ce sont des blocs beaucoup
moins réguliers, et aujourd’hui, ce parement extérieur a disparu (il a été récupéré au M-A pour la
construction d’une muraille au Caire).

La méthode de construction est bien établie :


- Appareil de blocs locaux plus au moins bien taillés. C’est ce que l’on appelle les packing
stones (de remplissages). Ceux-ci vont être englobés par des blocs qui sont bien mieux
travaillés, plus régulier (backing stones) qui soutiennent le parement. Et la surface de la
pyramide est en calcaire fin de Toura (casing stones).

On a cette évolution empirique :


- On s’installe directement sur le rocher sur Giza.
- Précision remarquable de la construction. On prépare la chose, l’implantation du
monument.

Techniquement, il est le plus complexe par sa méthode de


construction mais aussi ses aménagements intérieurs. Un couloir
(en rouge) mène vers une chambre souterraine, un autre couloir,
ascendant (en jaune), mène à une deuxième chambre : la
chambre de la Reine (elle n’a toutefois pas abrité son corps).
On a un couloir qui part du couloir ascendant et qui mène à la
chambre du roi (en vert).
Ce couloir s’élargit et forme un espace en encorbellement : c’est la
grande galerie (orange), haute de 8m74, qui donne accès à la
chambre funéraire royale.

Cette chambre funéraire est entièrement réalisé en granits roses d’Assouan et


ne comportent aucun décor (on est toujours dans la sobriété de l’ancien
empire). Cette chambre royale est surmonté par 5 chambres de décharges
superposées à couvertures plates, avec au sommet la dernière chambre, qui a
une couverture en chevrons (qui sont destinées à distribuer les forces). Les
dalles permettent de distribuer les forces.

Dans ces chambres dites de décharges, qui sont des espaces de service, il y a une série de graffitis, et
là on retrouve le nom royal de Kheops.
Les conduits qui partent de la chambre dite de la reine et de la chambre funéraire traversent toute la
masse de la pyramide. Et on parle de conduits d’aération mais il s’agit de dispositif symbolique,
puisque deux de ces conduits mènent vers le nord et sont orientés vers les étoiles du nord. Et deux
autres conduits sont orientés vers une étoile, une constellation : l’étoile d’Orion, qui est une des
constellations les plus faciles à voir (on voit l’importance de l’observation du ciel dans une civilisation
agricole). L’observation du ciel est un moyen de prévoir ce qui va se passer, comme la crue du Nil.

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L’innovation qui est sans doute la plus remarquable est la position même de la chambre funéraire
(40m au-dessus de la base de la pyramide). Le fait de l’installer en haut indique qu’il a fallu élever les
blocs (qui pèsent jusqu’aux 70 tonnes).

Le complexe funéraire se trouve toujours sur la face


orientale de la pyramide, et comporte le temple du
culte funéraire qui prend une dimension plus
importante avec un dallage en basalte noir. Ce temple
haut (entouré en rouge) a un portique, un péristyle, et
puis des espaces dont la taille va diminuer
progressivement. Il s’agira d’une constante dans
l’architecture. Ce temple haut de la pyramide est relié
à un temple de la vallée, d’accueil, qui n’est pas connu
et sans doute très largement détruit.

On retrouve dans ce complexe funéraire de Khéops la petite pyramide satellite (en jaune) et puis un
certain nombre d’aménagement sous formes de fosses rectangulaires, ou en forme de barques
(naviformes, en vert). Ces fosses sont destinées à recevoir des bateaux, et l’une des deux fosses qui
se trouvent du côté sud a livré un bateau soit destiné à la vie dans l’au-delà du roi, soit l’une des
barques qui a pu servir à amener le corps du roi. Il existe une deuxième fosse à barque toujours
fermée.
Autre élément du complexe : on a 3 pyramides (GI-c-b-a). Ce sont les pyramides des 3 épouses du roi
(pointées en violet). Ceci complète le complexe funéraire.

Petite statuette en ivoire découverte à Abydos de 7,5cm, qui est identifié par
l’inscription du roi Kheops. C’est la seule représentation du roi. On retrouve des
traits de la 3ème dynastie, avec une sévérité du visage.

Les cimetières privés : à l’est, à l’ouest et le long de la face sud. Il n’y a pas du coté
nord, car la falaise descend très rapidement. C’est une nécropole organisée, et on
voit ces mastabas parfaitement alignées (comme des rues).

Rappel : La pyramide du roi Khéops est l’aboutissement des constructions de grandes tombes
royales. Ce roi construit un monument ambitieux.
La présence des cimetières privés autour des tombes du roi. De façon régulière, structuré, avec ces
« rues » de Mastabas. Mastaba = pour les privés >< pyramides pour les rois et reines.
Les mastabas de l’Ancien Empire consistent en un massif de maçonnerie plus au moins bien construit
avec un parement mieux appareillé. Le mastaba recouvre un puits qui descend dans le plateau
calcaire qui donne sur la chambre funéraire. Le puits funéraire continue dans le mastaba.
Cette façon de construire c’est la continuité de construire un mastaba avant la mort du personnage.

Du côté du soleil levant, on a une chapelle avec un décor de reliefs peints comme avec Itep, dans
l’idée de représenter les offrandes et les rituels qui vont bénéficier au défunt suivant le principe
égyptien qui continue à être appliqué. Dans ces chapelles, du coté ouest, qui font le lien avec la
chambre funéraire, on retrouve une représentation de portes (en pierre ou en bois). On voit les

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montants de la porte, on a le linteau, représentation d’un rouleau de
nattes, et entre les deux linteaux on une stèle. Il s’agit d’une stèle fausse-
porte car elle est fondamentale : c’est un passage magique entre les deux
mondes. C’est devant cette porte que va figurer une table d’offrandes en
pierres sur lesquelles on continue de déposer les vraies offrandes, et le Ka
du défunt sort de la porte pour avoir les offrandes. Si une tombe
égyptienne devait se résumer au minimum, c’est cette fausse-porte que
l’on va surtout utiliser. On y représente l’image du défunt (à plusieurs
reprises), avec son nom et ses titres (l’image égyptienne n’est pas réaliste
mais le nom et les titres permettent d’identifier le bénéficiaire du bâtiment,
et puis dans la stèle en haut, on retrouve le défunt assis devant sa table
d’offrandes).

Parmi les objets de cette époque, on a des bustes. Ici buste d’un
personnage : Ankhaef. Cette forme de buste n’est pas une forme
courante dans l’art égyptien. La forme indique qu’il s’agit d’un objet
qui se trouvait dans le « portail ». Ici on a une technique
remarquable : buste en calcaire, mais la surface a été recouverte de
couches de plaques qui permettent cette finesse de modelé.
Beaucoup de réalisme : il a des poches sous les yeux, le visage est un
peu empâté, son torse qui est celui d’un certain âge. Ici ce qui est
remarquable, c’est le fait que bien qu’il soit vizir (le plus haut
personnage de l’état après le roi), il n’y a aucun signe qui montre qui
il est.
C’est ce que l’on voit avec la statue de Rahotep.
Différences : Ankhaef -> l’âme est plus présente comparé à Rahotep. On
observe cette évolution seulement durant la 1ère dynastie.

Statue privé, toujours de la même époque. C’est un


personnage qui porte le nom de Hemiounou, il est le fils du prince Méfermaat et
d’Itet. Il porte le titre de directeur de tous les travaux du roi (architecte principal du
roi donc architecte de la pyramide de Khéops).
Statue en calcaire de taille humaine, et représenté comme d’habitude assis sur un
socle, on retrouve les mêmes caractéristiques de sobriété. On est dans une ambiance
culturelle tout à fait similaire. Il est représenté comme un homme bien en chair. Il ne
s’agit là pas d’un trait de réalisme mais de la marque de son statut intellectuel, ce
personnage haut placé est montré par cette opulence (marque de richesse, de
position sociale…).

Le successeur de Kheops est son fils Radjedef. Ce dernier va quitter le plateau de Giza
et installe sa pyramide sur le plateau Abou Roach (site le plus au nord). Tous les rois
inaugurent un nouveau plateau pour y construire leur pyramide. Les gros blocs de calcaire ont été
récupérés dès l’époque romaine pour faire des carrières : cela explique son état de ruine. C’est un
site très intéressant car il ne reste pas grand-chose pour comprendre plusieurs choses :

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- Le choix de plateau : on va mieux comprendre ce phénomène : les
constructeurs préparent les terrains et au centre ils laissent un
noyau rocheux. Sur cette pyramide, ce noyau fait gagner 44% de la
masse totale. Monument qui faisait 106m de coté pour une
hauteur de 68m.
- La chambre funéraire au fond a été creusée dans le rocher et n’a
plus été installée à 40m de haut comme avant Kheops. C’est une situation beaucoup plus
gérable.
- Ce monument est aussi le premier qui présente une assise de base qui est réalisé en
granit rose d’Assouan (>< calcaire). Cette dernière marque la puissance du soleil. Il met le
nom du dieu Ra dans son nom de roi.
- On a des appartements plus simples vers l’Est, avec le temple de culte funéraire. On peut
voir aussi les barques.

Après Radjedef, c’est son frère Chephren qui retourne sur le plateau
de Giza (rupture de tradition). Pourquoi ? Lié à des questions de
légitimation, car ce n’est pas la lignée normal, mais une lignée
parallèle (on a des problèmes de lignages).
Il construit sa pyramide au sud ouest, avec des dimensions à peu
plus petit que celle de Khéops : 215m de coté et 143 de hauteur. La
pente qu’il choisit est celle de 53 degré. C’est la pyramide que l’on
peut identifier le plus facilement car en haut on a encore le
parement. La première assise de parement est faite de granit rose.

Les aménagements intérieurs dans la pyramide sont moins


devinables que celles de Khéops (car elles sont démesurés).
On a un double couloir qui mène à une chambre funéraire
unique, avec des dalles en chevrons. La chambre funéraire est
placée au niveau du sol (pour des raisons pratiques).

En revanche, les temples qui y sont associés prennent de


l’ampleur et deviennent plus développés. Temple haut >< bas.

Le temple haut (sur la face est de la pyramide) est fort ruiné, il se compose de cours à
piliers.
On arrive à ces chambres, la grande cour à péristyle, et contre la pyramide un
sanctuaire qui rappelle ce que l’on a vu avec Kheops (espaces qui deviennent de plus
en plus étroits) et qui ramène avec les 5 chapelles, chambres. Nombre 5 lié à la
titulature royale, il comprend 5 noms du roi :

- nom d’Horus (marqué à l’intérieur du Serekh)


- nom des deux maitresses (dèesses Ouadjet et Nakhbet)
- nom d’horus d’or
- nom de roi de haute et de basse egypte,
- nom du fils de Rê

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Différence d’aspect entre l’extérieur et intérieur du temple : l’aspect extérieur ne donne pas d’idée
sur ce que l’on va avoir à l’intérieur. Ce n’est qu’en rentrant que l’on découvre la configuration
intérieure. Il y a une forme de mystère.

Le temple bas de Khephren est un grand cube de murs massifs avec une
double entrée qui mène à un vestibule avec des piliers et permet l’accès à
la chaussée montante vers le temple haut.
Le temple bas est mieux conservé et a des parois entièrement en granit. On
n’a aucun décor, aucune inscription. Autrement dit, cette architecture est
très loin de ce que l’ou voit à Djéser à Saqqara : on est dans une dimension
monumentale avec des blocs imposants. C’est une architecture quasi
surhumaine. Dans ce temple bas de la vallée, ont été retrouvés 23 statues
du roi sur les murs latéraux.

Statue de Khephren en gneiss anorthositique au Caire. Elle est de grande


dimension pour une statue assise : 1,68m. Il est représenté assis sur un trône. Ici
c’est plus complexe car il a des pattes de lions et la tête de lion à l’avant. Très tôt
en Egypte, le lion est lié à la royauté, mais aussi au soleil. On représente deux
lions pour figurer l’image de la totalité de la course du soleil : ils sont représentés
assis dos à dos avec un disque soleil qui se lève entre les deux montagnes de
l’horizon. C’est le lion du passé et le lion de l’avenir qui regarde vers le futur. Par
conséquent, le lion sur le trône du roi vient associer Khephren au cycle solaire
éternel. On voit aussi sur le flanc du trône un motif que l’on retrouve très
souvent : c’est un motif de deux plantes nouées qui représentent le rapport
entre la haute et la basse Egypte. C’est son signe en tant que roi des deux terres.

Iconographie : on a l’image d’un roi qui en impose. Il est représenté dans toute
sa force : corps athlétique dans toute sa puissance, mais avec une expression
calme, sereine. On a toujours cette potentialité d’action. L’idée du bloc
rectangulaire reste très présente dans la statue. La figure reste inscrite dans le
volume donné. L’artiste est parti d’un bloc très soigneusement régularisé à partir
duquel il a fait la statue. Le regard légèrement levé est très important et est
caractéristique de l’ancien empire : il est comme pris dans une réflexion
intérieure. Ce n’est pas un regard pour le spectateur : il est dirigé vers un idéal
qui ne se situe pas dans ce monde ci.
Ce n’est que de profil que l’on voit à l’arrière de la tête un faucon qui est posé et
qui étend ses ailes. On a toujours cette coiffure en némès. Faucon : Horus
céleste, c’est le dieu qui protège le roi, et le roi d’Egypte est le représentant
d’Horus sur Terre. De face, on voit donc l’homme idéal et de profil on voit la
raison de cet idéal car il est sous la protection des dieux.

Autre monument à Giza : au nord du temple bas, Khephren va faire sculpter le grand sphinx. C’est
une statue à corps de lion et à tête humaine qui est taillée dans un massif rocheux épargné par les
carrières. Il prend des dimensions colossales, toujours coiffé d’un némès car c’est une idée qui va
avec la crinière du lion. C’est une image qui doit combiner la force du lion avec la force du roi dans

31
cette image composite que représente le sphinx. On décrit
souvent ce dernier comme jouant un rôle de gardien mais il n’y a
aucun texte qui vient confirmer cette idée. La statue faisait face au
soleil levant et le nom que les grecs ont donné à cette statue
(Harmakhis) vient de l’égyptien Hor-em-akhet (il est dans son
horizon). Il ajoute cette dimension solaire autour du site des
complexes royaux.

Toujours à Giza avec le successeur de Khephren : son fils Mykérinos. Il va


choisir de rester sur le plateau de Giza, et il le construit dans le même axe
de son père et son grand père. Cette pyramide marque le passage à une
pyramide de plus petite taille : 102m de coté pour une hauteur de 65m.
Elle représente un dixième de la masse de la pyramide de Kheops.
Pourquoi cette diminution de taille ? C’est du à l’importance beaucoup
plus grande du culte solaire. On met plus l’accent sur les temples qui
composent le complexe et leur équipement que sur le tombeau du roi
(qui passe presque au second plan). On devine la taille que prend le
temple. Cette signification solaire est encore soulignée par les 16
premières assises en granit rose que l’on voit à la base : elles sont la
manifestation tangible du soleil.

Plan du temple bas de Mykérinos : on a trouvé des triades, 4 étaient


complètes et un fragment a été trouvé. Une sculpture réalisée en
grauwacke représente le roi. Il est accompagné de la déesse Hathor,
reconnaissable à ces cornes de vache et son inscription. Le roi au
centre porte la couronne blanche, une barbe et un pagne. Ses mains
portent des sceptres.
Soit il tient le sceptre ou il tient la déesse Hathor par les mains.
A droite, on a un personnage masculin ou féminin qui est la
représentation d’un nome, identifié par des emblèmes. D’après
l’inscription sur le socle, le nome donne au roi toutes les offrandes du roi. La série de statue devait
assurer au roi des offrandes de tout le pays
pour son culte funéraire.
On pourrait avoir affaire à une sculpture en
rabattement. On voit le roi et Hathor qui se
tiennent par la main. Le roi est associé à la
déesse de la fertilité. Logiquement le nome
devrait être face à eux, dans une position de
dialogue, mais il est disposé en rabattement
pour ajouter un double sens à la statue. Le
nome apporte les offrandes mais on le
représente au coté du roi l’accompagnant
comme la déesse. Cette façon de disposer
l’image n’est pas commune (car d’habitude de
face à face).

32
Autre triade : la Déesse Hathor est au centre et elle tient le roi par la taille, on trouve
la personnification du lièvre. On a toujours cette idée de double sens de l’image.

Récapitulatif sur la 4ème dynastie :

- Snefrou avec l’apparition de la pyramide « vraie » à faces lisses.


- Constructions en blocs de grandes dimensions, noyau de blocs plus ou moins bien
appareillées et parement en calcaire fin soigneusement taillé
- Dimensions colossales des monuments Snefrou, Kheops, Khephren
- Développement du complexe funéraire :
o Pyramide
o Pyramide satellite (angle sud-est)
o Temple haut sur la face est
o Chaussée
o Temple bas
o Fosses de barques
- Evolution empirique, par essais-erreurs, période d’expérimentations

Au terme de cette évolution, on doit retenir la rapidité des avancés sur le plan technique que
religieux. En moins de 100 ans (entre Djéser et Khéops), ça témoigne d’une accélération majeure en
l’espace de 3 générations. Les pyramides de ces 3 grands rois représentent 59% des masses en
Egypte. Ça montre l’importance des évolutions.

Construction des pyramides : ces projets jouent un rôle moteur dans l’organisation du pays. La
construction commence dès le début du règne et ce chantier nécessite une organisation précise :
l’organisation du travail et aussi l’approvisionnement nécessaire pour ces chantiers en matériaux de
constructions qui se faisaient sur place.
Partie logistique liée aux monuments eux-mêmes, le transport de l’approvisionnement plus large et
toute la main d’œuvres (=/- 25 000 personnes qui nécessitent un approvisionnement quotidien). Lors
des fouilles des 20 dernières années, on a trouvé ces « villes » qui abritaient les personnes et les
stocks d’approvisionnement (7 hectares !) avec une série de constructions en galeries très allongées
mais aussi des espaces « industriels » comme une « boulangerie », et en haut des dortoirs. On a la
nécropole de ces ouvriers à l’ouest de la pyramide de Khéops. Sur les corps, on a des lésions, …
On constate que l’on retrouve des petites tombes au bas de la colonie, et des plus importantes plus
haut avec des inscriptions (directeur du côté ouest…) : ça montre que même jusque dans la mort
cette hiérarchisation est toujours présente. On sait que le début du chantier s’accompagne de la
production pour approvisionner. Les pyramides permettent de renforcer le pays pour que toutes les
forces y participent, on retrouve le mode de fonctionnement qui a forgé cet état très centralisé.

3) La 5ème et 6ème dynastie

5ème dynastie : changements de familles régnantes qui sont issus du clergé de Rê. Les pyramides de
ces rois se situent sur le site pour la plupart à Abousir.

33
A partir de la 5ème dynastie, la formule du complexe royale se standardise (déjà sous Mykérinos). Les
dimensions de la pyramide se fixent à 78m de coté (150coudées) et 52m de hauteur (100coudées).
On abandonne aussi les très grands blocs de plusieurs tonnes pour revenir à ceux de plus petits
calibres. Le noyau de la pyramide va être constitué d’un comblement de pierres très mal appareillées
que l’on place au centre de la pyramide. Cela explique ce mode de constructions plus hâtives.

Pourquoi faire évoluer vers ce système plus simple ? On a d’abord cru que c’était du à la durée de
règne de moins longue, mais il s’est avéré que ce n’était pas une raison.
En réalité, l’effort est porté sur le temple funéraire plus complexe et plus grand. Mykérinos est
considéré comme le modèle. L’importance de ce culte solaire à travers les temples est encore
illustrée par la création, à côté du temple funéraire, des temples solaires qui sont des monuments de
culte (pas funéraires !).

Ces temples solaires de la 5ème dynastie se trouvent au nord d’Abousir et reprennent des éléments
que l’on retrouve dans les complexes de temples h ?. La pyramide est remplacée par un obélisque
avec dimension trapue. Il s’agit d’une forme nouvelle qui représente la forme géométrisé de la pierre
sacrée qui se trouve à Héliopolis. Cette pierre sacrée, c’est la pierre Ben-Ben (au jour de la création
du monde, le soleil se pose d’abord sur une pierre et puis continue sa route).
Donc l’obélisque représente le premier soleil. Il est précédé d’une grande cour ouverte, devant
laquelle on a une grande table d’offrandes où étaient déposées des
offrandes directement aux rayons du soleil.

 Temple solaire de Niouserrê, Abou Gourob (le plus connu de la


5ème dynastie).

 Pyramide d’Ounas, Saqqara

Depuis la pyramide de Djéser, les appartements


funéraires étaient sans inscriptions. Le roi Ounas
(dernier roi de la 5ème dynastie) a construit une
pyramide à Saqqara Nord. Les pyramides de la
5ème dynastie étaient très mal fichues. On a des
décors dans les chambres souterraines de la
pyramide. Il s’agit d’un décor de colonnes qui couvrent toutes les parois.
C’est ce que l’on appelle les textes des pyramides : recueil de formules magiques pour le
passage du roi dans l’au-delà. C’est un manuel qui doit servir au roi, pour parcourir sans
encombre le monde de l’au-delà. Ce sont des textes figés qui existaient dans la tradition
orale. On décide de les figer à la 5ème dynastie. On a toujours une continuité entre les
textes des pyramides.

Résumé : voir image ! Mykérinos sert de modèle pour la 5ème et 6ème dynastie. On a une formule que
l’on garde durant toute la 6ème dynastie.

34
Exemples de statuaires :

- Statuaire de Pepi Ier (1er roi de la VIème dynastie). Statuaire en


métal, plus particulièrement en cuivre = matériel précieux. Donc ce
matériau a souvent été fondu plus tard. C’est une statue de grande
taille, grandeur nature du roi, dans l’attitude classique avec cette
attitude de la marche. Il tient un bâton à la main.
C’est une statue composite, car le pagne devait être réalisé dans un
autre matériau précieux : on a des taches d’or (feuilles d’or). On a
une couronne réalisée dans un autre matériau. Sud de la haute
Egypte, à Hiérakonpolis.
La statuaire est mal connue à cause de la récupération de matériaux.
On a une plaque qui sert de socle pour la statue, on a aussi les titres de Pepi Ier et les
pieds de ce dernier sont posés sur 9 arcs (=façon de désigner les ennemis de l’Egypte).
Donc ça marque la domination du roi par rapport aux ennemis.

- Statue de Pepi Ier en calcite : iconographie -> roi avec la couronne blanche
de haute Egypte. Il porte les vêtements hebset, et sur le dossier se trouve
un faucon (=Horus). C’est l’iconographie classique, avec une qualité très
loin de la statuaire royale. On est dans un déclin de la statuaire. La calcite
donne un aspect savonneux. Parmi les éléments stylistiques qui
permettent de le reconnaitre comme celui de la VIème dynastie sont la
proportion donnée : mains de grandes dimensions. On a clairement une
perte de cette forme d’expression pendant la Vème et VI dynastie.
Les tombes de dignitaires privées vont aussi se développées de façon
considérable pendant ces deux dynasties, au point que les mastabas sont
devenus entièrement occupés par des chambres intérieures.

 Mastaba de Mererouka

Il se trouve à Saqqara à proximité du roi Téti de la VIème dynastie.


Complexe près de Djéser. On a une multiplication de chambres (32) divisées
en 3 parties (en gris, mastaba du personnage, et l’orange dédié à l’épouse,
et la partie nord en vert rajouté après au fils). On a un accès unique. On y
retrouve les éléments essentiels à la tombe avec la stèle fausse-porte
(interface entre les deux mondes) qui est même ici doublée, on a un serdab
avec une fenêtre. Malgré cette multiplication, on retrouve ces éléments.

On retrouve ici au fond de la tombe, dans cette


niche, une représentation en 3D du défunt
(importance des tombes privées pour devenir de
véritables monuments). On a la statue qui ressort.

35
Les différentes chambres sont toutes ornées de reliefs.
Dans la chambre A3 : représentations dites de la vie
quotidienne, de la fabrication de l’offrande qui va être
produite au bénéfice du propriétaire. L’idée est donc
toujours la même mais on développe ces idées de façon
exponentielle. On retrouve des scènes plus anecdotives.
On a aussi le travail du métal, avec la pesée de métaux
qui vont être utilisés et les résultats réalisés par les
nains. On retrouve une très grande richesse de
représentations de tout ordre.
Ici on retrouve toute la vie dans ces scènes, avec tout ce que l’on connait, depuis les périodes les plus
anciennes : fabrication, chiens et chasseurs (ordre sur le chaos), cueillette, danses, vinification. On a
une richesse iconographique. Elle apporte beaucoup d’informations sur les activités menées.

Scènes de chasse et de pêche. On a des embarcations. Il s’agit de cette scène


pour montrer la victoire sur les forces mauvaises. Ce n’est pas un hasard si elle
se trouve à la porte A1 (près de l’entrée) pour empêcher les forces de rentrer
dans les mastabas.
Ce développement des tombes de grands dignitaires auquel on assiste
montrent qu’ils prennent de l’importance dans les pouvoirs. Les directeurs des
nomes prennent leur autonomie, et vont devenir des petits rois locaux. On a
affaire à l’émergence de dynasties locales qui ont accès à de plus en plus de
pouvoir. Ils vont se faire enterrer dans leurs provinces >< plus près de la tombe
du roi.

 On assiste à une féodalisation de la société, dans laquelle le roi va perdre une grande partie
de son autorité.

L’Egypte rentre dans une période de crise très grave : politique, social et économique. La société
égyptienne reposait sur la personne du roi en tant que garant du bon fonctionnement du monde et
seul intermédiaire avec les dieux. Avec la disparition de son autorité, tout le système va s’effondrer.
La fin de la 6ème dynastie a sans doute beaucoup de causes. Pépi II a régné 90 ans d’après la tradition
mais on a des traces de 66 années de règne, cela entraine une certaine instabilité. On a aussi
l’argument du climat, qui ramène des crues moins importantes et donc des problèmes de récolte, qui
entraine des problèmes économiques. On sait que c’est vers cette fin, autour de 2200 BC, que se met
en place le climat actuel de l’Egypte.
Durant tout l’ancien empire, on voit que l’Egypte était plus humide qu’aujourd’hui. Toutes ces
nécropoles ont un environnement de steppes avec des herbes, des girafes.
Ce n’est que vers 2200 qu’une dernière phase d’aridification est apparue, et a joué un rôle dans
l’effondrement de l’empire.

36
VII. Première Période intermédiaire (2200-2033) dynasties 8 à 11

On arrive à la première période intermédiaire du pouvoir centrale, qui va de la 7ème dynastie (qui n’a
pas existé) jusqu’au une partie de la XIIème dynastie. On a une dislocation du pouvoir central, et
quelques-unes des provinces émergées deviennent des puissances : on va avoir plusieurs dynasties
qui vont devenir concurrentes. 7 et 8 = Memphis, 9 et 10 = dynasties de la ville Hérakliopolis qui
devient un centre.
La Première Période intermédiaire subit des révoltes et violences, pillages et renversement de
l’autorité. On en a la trace à travers des textes, comme Les lamentations d’Ipouer = montre le
contexte dans lequel on est. Place pure = nécropole. C’est l’image d’un monde à l’envers, ou les
pauvres deviennent des riches. « Peuple comme un troupeau effarouché sans berger ».
Cette crise se marque dans la production artistique. La référence de l’art officiel devient moins
contraignante et les modèles disparaissent. Cet art de cette période est plus populaire, beaucoup
moins savant et surtout plus spontané.

Exemple : stèle funéraire de calcaire. On a affaire à


un résumé de décoration de la tombe. On est dans
une situation économique où on est plus dans le
basique. On n’a plus de reliefs (car il faut une
capacité technique). Ici : peinture sur une dalle de
calcaire. Les canons de proportions ne sont plus
suivis. Ce sont des traits beaucoup plus naïfs.

Exemple : petite stèle qui fonctionne aussi de la


même façon.

On voit ce lien très direct entre centralisation de pouvoir et la


production artistique. On n’a plus les moyens de faire réaliser les
grandes tombes avec reliefs. On se contente de ces petites stèles mais
on souhaite bien sûr se donner le maximum de chances pour l’au-delà.
On voit apparaitre des modèles en bois. On retrouve exactement ce que
l’on avait sur les parois mais ici en 3D. On a les mêmes scènes du
quotidien en bois (bien moins couteux). Ici adaptation plus simple.

Il y a tout de même une évolution à noter pour ces modèles qui descendent des murs, on a une
conception du temps qui est ici plus réaliste. Elles ne sont pas organisées aussi géométriquement que
l’image en 2D. On a des membres qui se détachent du corps. Ces modèles montrent que l’on
s’approprie l’espace. Il y aussi beaucoup plus de mouvement et un rapport au temps moins
temporel. Ce sont aussi des groupes qui sont représentés.
En statuaire, on représente le roi, le dieu, le propriétaire de la tombe (comme un support) >< à mnt
ce sont des statues des serviteurs.

37
VIII. Le moyen Empire (2033-1710) : dynasties 11 à 13

Reconstruction de l’état par cette dynastie thébaine (dès moitié 11ème dynastie). Le corps de ce
moyen empire, c’est la 12ème dynastie.
La 11ème dynastie est originaire de Thèbes, qui sera la capitale du Pays (donc Louxor) >< Memphis.
C’est de cette période que va dater le premier état du temple d’Amon à Karnak. Ce grand sanctuaire
de Karnak va s’agrandir et sera, durant le premier millénaire, le plus grand domaine religieux.
Amon est un petit dieu local de la région thébaine qui est à l’origine le dieu du vent. Amon « signifie
le caché ». Il va devenir le principal dieu du royaume et va être associé aux vieux dieux de Memphis
comme Ré pour former une divinité hybride : Amon-Ré qui deviendra une grande divinité. Sur la rive
ouest du Nil se trouve la nécropole de Thèbes. Toute cette nécropole va être utilisée comme grand
centre religieux.

 Le cirque de Deir el-Bahari – complexe funéraire de Montouhotep II

On est dans l’un des cirques formés. C’est cet environnement qu’il choisit
pour faire installer son complexe funéraire. Il va abandonner la forme de la
pyramide pour avoir quelque chose de plus approprié dans son contexte. Une
pyramide aurait été écrasée par l’environnement. Autre raison pour laquelle
il l’abandonne (pas tout à fait), on voit que toute cette nécropole est
dominée par la cime qui forme une pyramide naturelle. Elle est présente de
façon naturelle et plus puissante sous le plan symbolique.

L’allée amène à une avant cour qui été plantée d’arbres, et qui mène à une rampe
bordée de chaque coté d’un
portique. Cette rampe axiale
permet de monter sur une
grande terrasse entourée par des
rangées de 3 piliers octogonaux.
Ce massif central et ses colonnes
sont entourés d’un mur
d’enceinte. On a un portique comme celui de la façade. En contournant ce massif, on arrive dans une
cour en péristyle qui donne accès à une salle hypostyle (soutenu par des colonnes). Le reste du
temple est creusé à même la falaise. Au fond de cette salle hypostyle se trouve le sanctuaire, avec
une probable statue royale.
Au milieu, on a l’accès vers les appartements souterrains, donc la tombe du roi. On accueille le roi au
cours de la montagne.

Les architectes sont ingénieux car ils donnent à cet édifice beaucoup de légèreté, il est organisé très
largement sur des horizontales qui répondent aux plans horizontaux de la montagne. On a une
architecture intégrée dans son contexte.

On a une chambre funéraire qui mène à une chambre funéraire avec des voutes et une simple
chambre funéraire où devait se trouver la tombe.

38
La salle hypostyle, avec des reliefs. L’art
revient à ses canons de proportions, à ces
règles. On sent que l’on est revenu à une
ambiance organisée.

Statue qui a été trouvée dans une deuxième chambre souterraine dans l’avant cour
qui précède le temple. On a une belle statue de Montouhotep II « la porte du
cheval ». Statue de 1m38 et donc à taille humaine. Statue intéressante car :
- Position classique avec un trône et le roi est représenté dans une position
type hebset et avec un corps pris dans un manteau blanc, il est coiffé de
la couronne rouge
- Couronne rouge qui montre la réunification. On l’utilise peu d’habitude
car pas pratique mais ici : raisons politiques
- La puissance de cette statue avec des pieds énormes. Elle est massive, on
a une déformation qui donne beaucoup de force à cette statue. On a une
volonté de traduire sa force dans le cadre de cette unification de
l’Egypte.
- La couleur des chairs qui sont représentées en noir. Ici le noir est la couleur liée à la
renaissance (couleur de limon). Ici, l’évocation de cette couleur noire : « On a des
personnages avec des couleurs noires ou vertes, qui font ref à Osiris, le grand dieu des
morts et son culte se dev lors de la Première Période Intermédiaire. Les conditions de vie
sont devenues difficiles, aléatoires. On espère une vie meilleure dans l’au-delà. On a le
dev de religieux de salut comme la religion osirienne. On projette ses espérances dans
l’au-delà. D’où son importance ». On a une statue « osiriaque » du roi.

A proximité même de la falaise, on a la


grande tombe avec un grand plan incliné, qui
a livré un grand nombre de modèles en bois.
On est au tout début de la 12ème dynastie. On
continue à fabriquer des objets en bois. Ici
tombe de Meket-Rê qui en livre 25.

Ici il s’agit d’un plateau de plus d’un 1m de long qui représente le défunt dans ses fonctions. Il est
protégé du soleil avec les scribes et il inspecte les troupeaux (peut être pour les taxes). On a une
évocation des fonctions administratives du défunt.

On entre dans le moyen empire à proprement parler, la 12ème dynastie est l’apogée
de cet empire. On a la confirmation de cette unification. Le moyen empire montre
une des périodes les plus grandioses. On voit un âge d’or : 3 rois importants en
rouge.

La capitale va être déplacée à Licht. Le but est le même que les plus anciens, donc
pour mieux contrôler un pays. Mais Thèbes reste, en tant que berceau de la
royauté, un centre religieux extrêmement important.

39
Le premier grand règne est celui de Sesostris Ier et son activité a été développée à
Karnak (centre religieux au début du Moyen Empire). On a l’aménagement du
temple d’Amon durant ce Moyen Empire (entouré en rouge). Pendant toute son
histoire, le saint des saints est toujours resté là. On a une cour, où il ne reste plus
rien car c’était du calcaire, que l’on a réutilisé pour être brulé dans les fours au
Moyen-Age.
Les seuils de granit rose restent. On pense qu’il y avait des grands piliers
osiriaques. Et puis on arrive à une cour de péristyle, on entre dans un espace plus
sacré. On ne peut pas en dire grand-chose.

Il y a quelques éléments exceptionnels comme une petite


chapelle en calcaire. On a démonté des édifices et on les a
réutilisés : c’est ce qui est arrivé à cette petite chapelle. Les
archéologues au début du XXème ont pu reconstituer cette
petite chapelle carrée, avec 4 piliers sur chaque face, à
laquelle on a un double accès par une rampe. C’est une
sorte de petite chapelle pour faire une pause et y poser la
barque du roi, comme une station de repos.
La forme est redevenue tout à fait classique du Moyen
Empire :
- Architecture très simple, très épurée avec des proportions harmonieuses.
- Chaque façade délimité par un tore qui délimite les espaces et avec une corniche à gorge
et apporte un mouvement d’évasement qui vient relancer la forme.
- On a des dimensions qui restent très humaines.
Les murs et les piliers portent un décor qui est en relief dans le creux pour les espaces extérieurs
pour accrocher la lumière et en relief en champlevé à l’intérieur. On a une grande qualité de reliefs
très soignés.

 Complexe funéraire du roi Sesostris Ier à Licht

C’est là que les rois se font enterrer. Ici on a un complexe funéraire


qui revient à la formule thébaine : pyramide avec un accès au nord,
des enclos avec des pyramides des épouses royales. Ce qui évolue
c’est la technique de construction. On construit ici en installant une
structure à l’intérieur de la pyramide, qui est constituée de grands
murs de pierres bien construits la traversant, et on a des petits
murs. On vient y mettre du gravats et plus de blocs construits
comme avant. On a un mode de constructions différent.
Cette innovation explique l’état mal conservé de la pyramide.

On a une série de 10 statues du roi en calcaire, trouvées déposées dans une fosse à l’intérieur du
temple funéraire. Elles montrent le roi assis dans cette attitude bien classique. Par rapport à la
statuaire royale de l’ancien empire, le Némès est très géométrique. On a quelque chose de bien
plus rigide. Le trait le plus remarquable est le très léger sourire. C’est le premier exemple de roi

40
souriant dans cette statuaire. Les yeux sont différents et plus au contact du spectateur. Ceux-ci
marquent un changement dans la conception de la royauté au Moyen Empire.

Pendant la PPI, le roi a été renversé et la royauté remise en question.


Cette situation avait mis en doute toutes les valeurs de l’Egypte. On sait
qu’à travers la statuaire le roi de l’ancien empire était placé au même
niveau que les dieux. Avec le Moyen Empire, la royauté ne va pas se
définir comme essentiellement divine, au contraire l’art va mettre l’accent
sur le caractère humain du roi. On le présente comme un homme au
contact avec son peuple, qui inspire la confiance. La statuaire du Moyen
Empire, va montrer le roi comme le père du peuple, comme le Berger. A
travers son expression souriante, cette statue établie un contact avec le
spectateur et pas avec l’au-delà.
On cherche un contact avec le roi qui n’est plus placé dans un monde
inaccessible.

Ceci est traduit ici timidement. Ce changement s’exprime mieux encore dans la
statuaire de Sesostris III et son frère Amanomes III. L’image du roi est très différente.
Les proportions et les modelés sont certes plus remarquables que sur la statue de
Sesostris I. Ce qui marque surtout c’est l’aspect fatigué donné au roi. Les yeux sont
mis clos, marqués par des paupières lourdes, des cernes. Traits d’une personne
âgée. Un autre trait est la taille des oreilles qui sont anormalement grandes par
rapport aux visages mais qui sont aussi très rabattues (presque perpendiculairement
au visage). C’est un trait qui était déjà visible chez Sesostris I. Ces caractéristiques
sont typiques d’une image très différente de l’ancien empire.
On explique ce changement dans un certain nombre d’ouvrages, comme traduisant une volonté
nouvelle de réalisme dans la statuaire égyptienne. Donc on serait face à de véritables portraits du roi
qui ne cherche pas à cacher les défauts, il s’agit de représenter le roi tel qu’il est.

Sesostris III (Louvre) : on a les pommettes saillantes, la bouche tombante, la poche sous les yeux du
roi.
Sesostris III (British Museum) : d’autres statues montrent le roi jeune comme ici et on considère
toujours dans cette même histoire de l’art, que ces statues ont été réalisés quand il était jeune. On
va vers une image plus réaliste.

En posant cette interprétation, on inscrit cette statue dans une temporalité (moment de sa vie, de
son règne, de son parcours). Ceci est l’explication habituelle.

Corpus de Sesostris III, étudié par Roland Tefnin. Ce dernier monte que ces images font passer un
discours (la vision que l’on veut donner de l’idéologie royale). Il donne une autre interprétation, en se
basant sur des textes de propagandes de l’époque. Il faut aussi noter que le roi est représenté avec
un visage fatigué, âgé, mais le corps du roi est celui d’un jeune homme. Il y a là un premier constat
qui doit nous alerter car ce n’est pas purement réaliste.
Tefnin le montre de façon évidente par ce linteau d’un temple qui se trouve à Medamoud (Près de
Karnak), le roi Sesostris III est représenté en 3 reprises faisant l’offrande au dieu Montu (dieu de

41
Medamoud). Lorsque l’on regarde ces deux représentations du roi,
on voit que le dieu est représenté sous les traits d’un jeune homme,
et avec des traits plus âgés. On a la confrontation des deux. En réalité,
dans cette double image royale, on est dans une complémentarité
entre la jeunesse et la sagesse de l’âge mur. On n’est pas dans le
réalisme mais dans l’univers de la sémiologie (signes).

Ici le roi est idéalement jeune et vieux. Il combine les côtés positifs de la jeunesse, et
de la vieillesse.
Les textes littéraires de l’époque viennent nous éclairer, ces derniers dressent un
portrait de ce roi idéal. Ce portrait n’évoque pas le droit divin à régner mais met
d’abord en avant ses qualités, sa fonction de domination militaire, de protecteur de
son peuple… C’est ce qui est mis dans les textes littéraires.
Toute la production littéraire de cette époque, dans une action de très grande
envergure, est faite pour instaurer la confiance auprès du peuple. On veut remettre
en valeur les principes de cette royauté égyptienne à régner, et puisque les textes
vont dans ce sens, on a toutes les raisons de penser que les statues subissent aussi la
propagande.

Pourquoi l’image en 3D, pourquoi investir dans cet art figuré ? On sait que les rois de la 12ème
dynastie ont fait poser des statues pour faire passer un message médiatique. Ce discours politique
passe par le texte pour la petite minorité de lettrés et surtout par les images en 3D ou 2D sur les
bâtiments.
Si ces statues participent à ce discours, comment exprimer un message par la statuaire ? Les artistes
vont trouver le moyen de le faire par la définition classique du corps jeune.
Les textes mettent en avant le fait que le roi est à l’écoute de son peuple. Les artistes font passer ceci
par le signe de l’écoute, alors on agrandit ses oreilles (expression à sa capacité à écouter son peuple
>< tare). Selon les textes, le roi ne dort pas longtemps, il est celui qui veille pendant que son peuple
dort… Comment traduire plastiquement ce thème de la veille, de la fatigue ? On fait des yeux
fatigués en manque de sommeil. Ils traduisent l’image du roi père, surveille ses enfants mais en
même temps l’aspect négatif est opposé à son corps jeune. On compense ce risque potentiel avec ce
corps musclé (qui montre sa force et sa capacité de maitrise).

Cette conception nouvelle correspond parfaitement à l’évolution de la royauté ici plus proche de
l’humain que le divin. De façon plus général, cette image royale égyptienne apparait comme un
discours très pensé, réfléchi, loin d’un portrait réaliste. Il est important de ne pas s’arrêter à la
première lecture. On doit se méfier « des dangers de l’immédiaté des images ».

Amenemhat III : ses traits sont moins marqués mais on remarque toujours
l’accent mis sur les oreilles. Il ne s’agit pas de portraits ! Son bas de visage est
plus important par rapport à son père, Sesostris III. On a des éléments de
personnification, d’individualisation mais il ne s’agit pas de réalisme dans le
sens photographique du terme.
A droite : statue du roi avec les bras posés à plat sur un pagne avec une
forme triangulaire qui est une iconographie particulière : « roi en déférent ».

42
Ce sont des statues qui sont placées dans le sanctuaire des temples pour éterniser le
geste de dévotion du roi envers les dieux. Les statues sont faites dans leur quasi-
totalité pour être mises dans un bâtiment.

Statuaire privée : statue privée d’Heqaib, Elephantine (c’est un gouverneur d’Assouan).


Un personnage privé de la 12ème dynastie, qui n’a aucun lien de parenté avec le roi,
mais qui est représenté comme le roi et son fils. On voit que les privés font leur propre
image à l’image idéale du roi. Ils produisent ce discours royal.

Statuaire privée à gauche : Statue de Khertihetep -> Les traits de fatigués sont atténués mais on
retrouve les grandes oreilles… on a ces éléments qui nous
permette de le placer dans la 12ème et 13ème dynastie.

Fonctionnaire anonyme à droite : on a les énormes oreilles, les


traits creusés…

Ccl : l’image privée copie l’image royale, on ne peut donc pas parler
de réalisme !!

Peinture et architecture privées :

A la fin de la 6ème dynastie, les nomarques prennent beaucoup plus d’autonomie. Ils vont se faire
enterrer dans des nécropoles privées comme ici à Beni Hassan (16ème nome de Haute Egypte, celui de
la gazelle). On a les tombes des nomarques près de la rive orientale du Nil (exception !!).

L’entrée de l’hypogée est marquée par deux colonnes


cannelés qui ont ici leur proportion classique. Un accès se
fait par ces colonnes taillées dans le rocher. La chapelle a
4 colonnes et se termine par une niche qui reçoit la statue
du défunt.

Les parois sont décorées et on retrouve tous les thèmes que l’on connait
depuis l’ancien empire. On retrouve autour de la porte cette scène de
chasse et des marais (scène à valeur de protection, victoire de l’ordre divin).
Il y a aussi les scènes de préparation d’offrandes par des artisans, en
relation avec les fonctions du défunt. Ce qui est différent ici, c’est que le
décor n’est pas réalisé en reliefs mais peint directement sur la paroi
(comme les oies de la 4ème dynastie).

Peinture = technique prédominante !! On parle souvent de termes de fresques égyptiennes. La


fresque est une technique qui consiste à peindre sur de l’enduit frais >< technique à tempera = à
sec, cette dernière technique est celle utilisée par les Egyptiens.

43
Picturalité ici : exemples de la tombe de Khnoumhotep II : personnages qui
ne sont pas égyptiens (signes des orientaux, signes des asiatiques). Ici un
acacia avec des oiseaux, et un intérêt presque descriptif de la représentation
des différents oiseaux dans les scènes.
Ici les oiseaux sont sur le point de se faire capturer mais en fait malgré le
danger d’être capturés, ils restent sereins. On retrouve une action en dehors
d’une temporalité, ce n’est pas ici une image de tenderie mais c’est son idée
générale qui est représentée. On a le retour à une dimension métaphysique
de l’image.

Thèbes, cercueils d’Imeni et Geheset : cercueil


caractéristique de cette deuxième moitié de la 2ème
dynastie. Il s’agit d’une caisse avec une décoration
polychrome très riche, et des représentations de
mobiliers funéraires (vases à parfum, vases en
pierre…) puis des textes qui accompagnent les
cercueils.

Le texte est entièrement occupé par des colonnes


de hiéroglyphes (c’est le texte des cercueils)
destiné à aider le défunt dans son parcours dans
l’au-delà. Ces textes étaient à la base pour les
personnages royaux, puis à la fin de la première
période intermédiaire, ces textes se vulgarisent
pour être repris par les particuliers avec des
variantes. C’est le livre des morts avec tous les
textes des cercueils.

IX. Deuxième période intermédiaire (1770-1550) : dynasties 14 à 17

À la fin de la 12ème dynastie et la 13ème dynastie, l’Egypte connait une phase d’affaiblissement dont les
raisons sont encore obscures. On a des dynasties parallèles sur des territoires divisés. Ce sont donc
les 14ème, 15ème et 16ème dynasties qui correspondent à cette 2ème période intermédiaire.
La 14 et 15 dynastie = Hyksos (chefs des pays étrangers). Il s’agit de différents peuples originaires du
Proche Orient. Ce sont des populations du sud de la Palestine qui se sont installées dans le delta,
dans le Nord de l’Egypte. On a des traces dans les documents du Moyen Empire : à la faveur de ce
trouble, ils vont prendre le pouvoir au nord et forment les 14ème et 15ème dynasties. Capitale Avaris.
Ces Hyksos sont des guerriers comme nous montrent leur tombe avec des armes. Ils introduisent des
nouveautés comme l’usage du cheval, et surtout des chars de bataille et cette introduction du char
de combat va être très vite adopté par les égyptiens. Ces troupes d’élite vont être une des clés de la
royauté.
Et puis de manière contemporaine, on a la 17ème dynastie originaire de Thèbes qui va reconquérir le
pays. D’abord toute la zone nord de Thèbes, et puis le delta. Suite à cette reconquête, nous passons
de la 17e à la 18e dynastie, ce passage s’effectue avec ces trois rois : Seqenenrê Taâ II, Kamosis et

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Ahmosis. Jusqu’à la fin de la reconquête, on a la réunification du pays avec le dernier roi = Ahmosis
autour de 1550 AC.

Statuaire funéraire en calcaire qui représente un ouchebti, ou chaouabti d’Ahmosis.


Ces statuettes funéraires apparaissent au M-Empire et se développent à partir de la
18ème dynastie. Il est représenté sous une forme osiriaque, et donc avec les bras
croisés sur la poitrine. Ces statuettes sont posées avec les défunts avec un texte de
chapitre du livre des morts.
Le nom égyptien de ce livre : « le livre pour sortir au jour » en égyptien. C’est un
recueil de formules funéraires jusqu’au jugement d’Osiris. Le texte qui se trouve
dans cet ouchebti (c’est le chapitre 6) et qui s’intitule « formule pour que le
ouchebti fait le travail dans l’au-delà ». Ce nom ouchebti vient de la racine oucheb,
qui veut dire le répondant quand son maitre appelle. Ces statuettes peuvent être
en calcaire, en bois, en faïence, en terre cuite en fonction des moyens du
propriétaire.
Au fil du temps, on retrouve jusqu’à plus de 400 ouchebti dans une tombe parfois !
Ici cet ouchebti représente Ahmosis avec un Némès, les volumes sont équilibrés, il
porte le cobra dressé et c’est l’expression de ce personnage, car ce roi a été un roi
guerrier. Mais les traits donnés ne sont pas ceux d’un roi dur et violent mais plutôt un dieu paisible,
un peu malicieux (caractéristique de la 18ème dynastie qui est la dynastie conquérante durant laquelle
l’Egypte tend ses possessions). Représentation pacifique du roi.

X. Le Nouvel Empire vers 1550-1069 BC : dynasties 18 à 20

Ce nouvel empire se constitue en partie de la 18 ème dynastie, 19ème et 20ème dynastie avec les Ramsès.
Durant cette 18ème dynastie, l’empire égyptien arrive à son apogée politique et économique. Ces rois
ont une politique de conquêtes, de campagnes militaires qui repoussent les frontières. Il arrive
jusqu’à la 4ème cataracte. Les pharaons du nouvel empire vont jusqu’à l’Euphrate à la limite de
l’Anatolie. La volonté de ces conquérants est d’abord établir des zones tampons entre l’Égypte et les
voisins. On veut stabiliser la situation pour que les Orientaux ne viennent pas. Cette expansion
contribue à la richesse, car toutes ces régions payent des impôts à la cour de pharaon et vont
apporter une richesse extraordinaire (comme Toutankhamon). Tous les produits comme le cuivre,
l’huile, le vin… arrivent en Egypte.
Ces conquêtes vont être le fait d’Amenhotep Ier. Thoutmosis Ier arrive jusqu’à l’Euphrate,
Thoutmosis III va le solidifier.
C’est donc l’ouverture de l’Egypte vers l’étranger. A cette époque-là, ces conquêtes mettent l’Egypte
encore plus en relation avec les voisins (civilisations Minoenne et Mycénienne). Ces contacts
amènent de nouvelles divinités en Egypte, de nouvelles techniques.

 Site de Tell el-Dad’a/Avaris (capitale de Kysos)

On y trouve deux palais d’époque thoutmoside et associé à ces palais (G) on a


beaucoup de fragments des palais restaurés.

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Représentation de tauromachie à Knossos à droite, à Avaris à gauche. Iconographie bien connue dans
le monde minoen. On a pu établir que ces fragments de fresques sont l’œuvre d’artistes minoens en
Egypte. On a donc des relations entre les grandes puissances étrangères.

Hatchepsout (femme) règne comme Pharaon, en tant que successeur de Thoutmosis II. Ce n’est qu’à
la mort d’Hatchepsout que Thoutmosis III récupère le titre d’Egypte. C’est une époque troublée en
politique intérieure. Le fils de Thoutmosis III, Amenhotep II…

Pour la XVIIIème dynastie (1550-1295) on a trois périodes :

- la période thoutmoside (jusqu’à Amenhotep III)

- l’épisode amarnien : on a une nouvelle rupture avec le règne du fils d’Amenhotep III,
Amenhotep IV. Rupture majeure. Il amène une réforme religieuse très importante. Le
clergé du dieu Amon est devenu très important grâce aux richesses et le roi dédie une
partie de ses richesses au dieu Amon (en réalité c’est le clergé qui en profite). Le clergé
d’Amon devient tellement puissante que Amenhotep IV, qu’il va s’affranchir du clergé et
refuse le culte du dieu Amon et donne un nouveau culte, Athon.
On passe d’un polythéisme égyptienne à un monothéisme. Athon = forme du dieu soleil. Il
change son nom (qui contient le nom Amon) par Akhenaton. Il ferme donc tous les
temples d’Amon et déplace la capitale vers un site totalement vierge (un lieu non occupé
par les anciens dieux). Qui est le site d’Amarna crée par Akhenaton ! Peu de succès !!

- la période post-amarnienne : son fils et successeur Toutankhamon revient vers cette


religion polythéiste, les cultes anciens, et rouvre les anciens temps avec Ay et un général
(Horemheb).

Les XIXème et XXème dynasties (1295-1069) représentent la période ramesside :

La situation se complique autour de 1200. On a l’arrivée d’une population (peut-être du nord) dont
on trouve des traces (des peuples de la mer), qui arrivent sur le bassin méditerranéen. On voit la
disparition de la civilisation mycénienne, hittites, et l’Egypte va résister.
Ramsés III met fin à ses affrontements et résiste. Pendant toute cette période des Ramsés, tout part
en vrille.

Ce nouvel empire est originaire, avec la 17ème dynastie qui la menée au pouvoir, de Thèbes, et même
si la capitale administrative du pays se fait à partir de Memphis (dans le nord du pays ppur raison
stratégique contrôle du delta), Thèbes va rester la capitale religieuse de l’Egypte.

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 Et en particulier le temple d’Amon Ré à Karnak, va devenir en tant que principal lieu de
culte, devenir le plus grand centre religieux du monde antique.

Les impôts, les taxes, les ressources apportées par les conquêtes militaires vont d’abord profiter à
Amon Ré et son clergé. Le temple deviendra un état dans l’état. Il a été fondé sous la 12ème dynastie,
sanctuaire modeste. Pendant 2000 ans, tous les pharaons vont y prendre soin et laisser leur nom. Ils
l’agrandissent, le transformer et l’embellir par une série de dispositifs.
Ce complexe religieux de Karnak va se développer pour occuper une superficie de 123 hectares.
Durant tout le nouvel empire, c’est le sanctuaire qui a été construit au moyen empire qui est resté le
plus sacré du temple.

L’axe principal du temple est orienté est-ouest dans laquelle le dieu peut sortir
de sa maison. C’est à l’occasion de processions que le dieu parcourait les
chambres.
On a aussi un deuxième axe qui va vers le nord.
La particularité de Karnak est l’axe nord-sud qui permet aux processions de se
rendre dans le sanctuaire de la déesse Mout (l’épouse d’Amon). Cet axe nord-sud
permet au dieu Amon de rendre visite à sa femme, mais aussi de se rendre vers
un autre temple, celui de Louksor, plus au sud.
 Donc deux axes principaux qui structurent le temple de Karnak.

Le cheminement à l’intérieur du temple se fait comme dans un temple égyptien : succession de cours
et de salles hypostyles (plafond supporté par les colonnes). On va vers de espaces plus petits, de
moins en moins hauts. On a une évolution, elles deviennent de plus en plus secrètes. On a cette idée
d’avancement vers le secret (Amon = le cacher (dieu du vent)). Idée de progression et de
cheminement vers le plus petit, le plus sacré.

Le passage ouest –est est marqué par une série de portes monumentales (pylônes) qui donnent
accès à une cour suivante. Ces pylônes sont formés de grands massifs de pierres qui encadrent le
portail et ils comportent comme des niches qui étaient destinés à recevoir des grands mats de bois
contenant comme des drapeaux qui manifestent la présence de dieu au temple.
Les deux pylônes représentent les deux montagnes de l’horizon >< mais d’habitude on trouve un
pylône. Ici on va en trouver 10. Sur l’axe est-ouest, on a 6 pylônes et 4 autres (7 à 10) sur l’axe nord-
sud.

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Ces pylônes portent un décor monumental décoré de bas-
reliefs qui montrent le roi en offrande devant le dieu (roi dans
son rôle de prêtre) ou des scènes de domination militaire face
aux ennemis (comme sur le pylône 7ème de Thoutmosis III).
Iconographie qui rappelle la palette de Narmer.
Le roi est représenté comme attaquant face aux ennemis qui
lèvent les bras qui implorent la pitié du Pharaon. On est dans
une sorte de chaos, c’est une façon de mettre du contraste
entre les deux représentations. Roi = stable >< ennemis =
chaos. On voit que certains sont représentés avec des visages
de face (c’est rare car on est à l’opposé de la représentation
égyptienne qui représente de profil). Les Asiatiques ne sont
pas représentés à l’égyptienne, c’est pour montrer qu’ils n’ont rien à faire dans le système égyptien.
Iconographie accompagné d’un petit ovale surmonté par un buste, où il y a les noms de peuples qui
sont vaincus par Pharaon (pas dans l’histoire = pour représenter Pharaon victorieux face à ces
ennemis potentiels). Message : Pharaon garant de la Mâat.

Ces pylônes vont s’accompagner aussi de paires d’obélisques (pour la


plupart). Ces derniers apparaissent à la 5ème dynastie. Ici c’est une évolution
de la forme, c’est sa forme classique qui privilégie la pétrification de l’énergie
solaire. Grandes aiguilles de pierres qui matérialisent le rayon de solaire.
Toujours en granit rose d’Assouan, qui a une connotation solaire et qui est
donc adapté pour la réalisation d’obélisques.
Ce grand obélisque (30 m de hauteur) a été dressé par la reine Hatchepsout.

A l’est de ce qui était le mur de clôture du temple,


Thoutmosis III va faire construire une salle disposée en
largeur par rapport à l’axe du temple (en rouge). Elle porte
le nom de « salles des fêtes/Akhmenou », et est utilisée
lors de la fête de la régénération du roi qui marque un
moment particulier du règne (occasion de construire de
nouveaux monuments).
Cet Akhmenou possède un accès particulier au sud. C’est le
premier monument qui a un plan pré basilicale. On a 5 nefs
et donc un dispositif. Les fenêtres disposées sur les piliers
étaient destinées à montrer un éclairage à partir du haut
pour éclairer la partie centrale surélevée.
Cette disposition sera retrouvée dans l’architecture romaine, puis chrétienne. On a peut-être le
modèle original de cette tradition.
Les colonnes de la partie centrale sont particulières, fines. C’est la transposition en pierre de piquets
de tentes.

Un autre monument dans ce temple de Karnak est la grande salle hypostyle qui se trouve dans la
partie antérieure du temple. Cette salle construite par Seti et achevé par Ramsès II se trouve entre
les pylônes.

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Elle est grande, colossale, avec une allée centrale composée de
deux rangées de colonnes papyriformes à fleurs ouvertes qui
mesurent chacune 22m de hauteur et 3m50 de diamètre. Et
puis de part et d’autre de cette allée, tout l’espace de la salle
est occupé par une forêt de colonnes (122 colonnes
papyriformes à fleurs fermées). La travée centrale est plus
haute, et dans les coins on a des ouvertures qui permettent de
laisser passer la lumière (seule source de lumière).
Il y a des colonnes moins hautes (14m75). Ces chapiteaux de
l’allée centrale sont les seuls à être directement illuminés, et ce sont ces
colonnes qui sont représentées comme épanouies dans la lumière >< à celles
de la salle plongées dans la pénombre qui présentent des fleurs fermées.

Toute cette salle est l’image symbolique de l’océan, une vie en potentialité. La nef centrale
symbolique l’espoir de vivre. On a une traduction monumentale à travers cette architecture de la
création du monde. L’architecture participe à un discours.
Autre aspect intéressant de cette salle : les dimensions monumentales. On se perd dans cette
architecture. On n’a pas de points de repères. On est dans un univers qui va au-delà la dimension
humaine. Il n’y a pas moyen d’embrasser la salle d’un seul point de vue. Cette architecture ramesside
n’est plus une architecture statique (comme avant), il faut se déplacer pour jouer dans les différentes
masses. Cette salle hypostyle traduit une évolution de la conception de la vie des égyptiens. On
cherche à impressionner les visiteurs par son côté théâtral.

Ce complexe d’Amon Ré, se complète par un lac


sacré, c’est-à-dire un bassin que l’on va retrouver
dans tous les temples égyptiens qui arrive à la
nappe phréatique (près du Nil).
Ce lac va avoir
- Une fonction pratique : les prêtres qui
font leur ablution.
- Une fonction symbolique : manifeste
l’océan primordial. Ce lac sacré est
présent dans certain temple sous
forme de pluie.

On a un « petit »temple annexe dédié au dieu Khonsou, qui est le dieu enfant (triade Ré, Mout et
Khonsou). Le dieu se déplace dans sa barque.
Ces processions vont avoir lieu à l’occasion de fêtes et lui permettent de rendre visite à son épouse
Mout et aussi à un autre temple qui est celui de Louqsor.

 Temple de Louqsor

Ce temple va être construit par Amenhotep III durant la 18ème dynastie.

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Il n’est pas orienté comme les autres
avec un axe nord-sud, ce qui montre que
ce temple est annexe à celui de Karnak,
tourné vers le temple du dieu à Karnak.
On a une première partie, avec une
succession de cours, qui deviennent de
plus en plus petites.
Amenhotep III va monumentaliser ce temple en le faisant devancer par une
gigantesque cour péristyle (2 rangées de colonnes), cour ouverte à l’air,
reliée au culte du dieu solaire.
Et il va aller au-delà de cette monumentalisation, il va précéder cette
grande cour solaire par une grande colonnade qui donne accès à la salle
solaire. Cette colonnade a été construite par Amenhotep III et le décor a
été réalisé par Toutankhamon.
La dernière partie est une grande cour péristyle et surtout le grand pylône.
Ceci est un ajout par Ramsès II à la 19ème dynastie. On a deux pylônes avec
des obélisques dont une qui est encore en France, Place de la Concorde.
La colonnade, avec déjà cette monumentalisation de l’architecture, est en
réalité une innovation d’Amenhotep III. On veut impressionner les gens.

On passe sur l’autre rive du Nil, car Thèbes n’est pas le seul temple. Il y a la nécropole des nouveaux
rois. Nécropole qui constitue le berceau du Nouvel Empire. On a les tombes royales et aussi les
tombes de grands dignitaires. Le nouvel empire va introduire une évolution majeure dans la tombe
royale.
En général, La tombe et le lieu de culte funéraire sont réunis (comme avec la pyramide). Au nouvel
empire, on va scinder cela en 2 parties :
- La vallée des rois au cœur de la montagne, où sont enterrés les rois, ne présente aucun
aménagement de culte. Une fois aménagée, on ferme l’accès et ils disparaissent de la
vue.
- Les temples du culte sont toujours nécessaires et vont se développer dans des temples
mémoriaux (funéraires), qui s’alignent en bordure de la plaine alluviale, des cultures.

 Deir el Bahari

Dans la vallée des rois, tous les rois du


Nouvel Empire sont enterrés. Le temple le
mieux conservé est celui d’Hatchepsout à
Deir El-Bahari. Elle choisit d’aller au nord à
côté du temple de Montohotep II.

L’architecture d’Hatchepsout va insérer le monument selon les horizontales et les verticales qui
ressemblent à celui de Montohotep II.
On a un temple donc avec une construction horizontale, qui se compose de 3 terrasses qui vont être
successives et reliées par une rampe inclinée. Chacune des terrasses est rythmée par un portique qui

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vient donner au monument la verticalité qui est nécessaire à un lieu sacré comme celui-là, et donne
aussi toute sa légèreté. On a pour résultat quelque chose qui s’intègre bien face à la falaise.

A gauche, vue prise à partir du sommet. Plan à


droite : on voit les différentes terrasses. Le temple
s’accompagne d’une chapelle dans la partie nord
dédié au dieu Anubis (le dieu psychopompe = aide
parcours dans l’au-delà) et au sud : chapelle à la
déesse Hathor qui accueille le défunt dans le ventre.

Vue du portique de la deuxième terrasse, on voit


que les portiques de la 3ème terrasse comportent
une statue de la reine de forme osiriaque. Cette
troisième terrasse, la plus sacrée, la plus invisible,
est le culte funéraire de la reine Hatchepsout.
Elle comporte une chapelle, qui n’est pas axiale,
mais bien décalée. En réalité, la chapelle principale est un sanctuaire dédié au dieu Amon (lui qui est
vénéré d’abord puis le roi). En vert, dans la partie nord de la 3ème terrasse, on a une cour solaire
ouverte où l’on posait des offrandes sous les rayons du soleil.

Quelques éléments de décor de ce temple : murs entièrement revêtus de


champlevés, d’une qualité remarquable. Ici fragments qui montrent des
archers.

Décor qui se développe dans les portiques. On y trouve différentes représentations :

- Portique de la Chasse : qui borde l’accès à la deuxième terrasse, montre une


représentation de chasse et de pêche dans les marais

- Portique des obélisques : de l’autre


côté, on a la commémoration de la
reine. Elle a fait représenter la
fabrication, le transport et l’érection qui
se trouve entre le 4ème et 5ème pylône.
Dessins au trait : transport des
obélisques depuis Assouan jusqu’à
Louqsor.

- 3ème portique : portique de la naissance -> représentation


de la naissance divine de la reine Hatchepsout. Cette
naissance est justifiée par une scène de théogamie (la
légitimité de la reine ou du roi lui vient de sa mère qui lui
transmet son caractère divin car l’enfant royal va être
engendré par sa mère mais sa mère va être fécondée par le

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dieu Amon qui a pris les traits du mari). Union du dieu avec la reine mère. On la reconnait
par le vautour (reine mère) et on voit en face de façon très chaste le dieu Amon, et ce
dernier dépose la vie dans sa main. Scène suivante : ici la reine mère avec le ventre
arrondi et elle est emmenée par deux esclaves pour accoucher. A travers l’image, on veut
affirmer sa légitimité au pouvoir

- Portique de Pount : c’est une expédition vers le pays de Pount (la


terre des dieux). C’est un pays assez imaginaire où les Egyptiens
vont trouver des matières précieuses comme de l’encens dans le
sud de l’Egypte (pour faire des fumigations aux dieux). Pount :
dans la corne de l’Afrique (Somalie). On sait qu’à plusieurs
époques, les Egyptiens vont lancer une expédition à Pount pour
récupérer toutes les ressources. Et cette expédition parait comme
périlleuse, et a été couronnée de succès : on nous en montre les
étapes. Ils vont chercher des arbres à encens. Pays qui
apparait dans beaucoup de mythes et qui a une existence
réelle.

C’est une période d’ouverture vers le monde. On a un intérêt presque


encyclopédique (exemple : représentation des poissons de la mer rouge).

Chapelle dédiée à Hathor, qui se distingue à peine du portique


de Pount. On devine sur la face intérieure une tête d’Hathor, on
la reconnaît avec ses oreilles de vache. C’est ce que l’on voit
aussi sur les colonnes. Au-dessus de sa tête, on a une caisse
(Sistre) qui fait référence à son environnement.

Chapelle d’Anubis, on a un prolongement de colonnade qui ne


mène à rien et qui est un élément architectural pour distinguer
l’environnement et l’architecture. On a un jeu d’ombres et de
lumières. On remarque une transition plus réussie entre le
monument et l’environnement.
Il y a un nombre impair de colonnes (15), ce qui montre que
c’est un dispositif architectural qui n’invite pas à rentrer. Avec le
nombre impair, on n’a pas envie de rentrer.

 Temple des millions d’Années de Ramsès II (perpétuation), le Ramesseum

Il se trouve au centre de la nécropole en bordure des cultures, on est dans un espace plus ouvert que
Deir Al Bahari. On retrouve une architecture typique de celle du temple égyptien : on a une
progression régulière. Culte d’abord rendu à Amon.
Ici le sanctuaire se trouve à l’ouest (inversé par rapport aux autres). On trouve d’autres espaces de
fonction royale ou économique.

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On a dans l’angle sud-est un palais royal (en bordure sud de la première cour du
temple), où le roi pouvait séjourner à l’occasion de cérémonies. Puis on a des espaces
économiques (en noir), qui sont des entrepôts dans lesquels sont entreposées toutes
les possessions du temple. Ces réserves vont aussi servir pour les salaires. Chaque
temple royal a ce procédé.

Aquarelle de Jean-Claude Golvin : la partie beige clair, c’est


le temple. Et autour, on a des espaces de services (cuisine,
entrepôts…).
Adossées aux piliers, on a des statues osiriaques. Ici on a un
état de conservation incroyable des entrepôts (voir
exemple) qui sont des couloirs voutés qui recevaient des
réserves de blés, … provenant de tout l’empire.

 La vallée des rois : tombes de Thoutmosis III et Amenhotep II

Ce dispositif à une fonction pratique et symbolique :


 pratique :
1) empêcher les pillards
2) éviter les infiltrations d'eau de pluies dans les tombes. Dans cette région de Louksor, il
pleut quelques minutes par an par intervalle régulier. Il a des grands orages par années qui
crée des torrents de boues et font des dégâts dans les tombes.
 symbolique : mettre en contact la tombe avec l'eau souterraine (l'eau primordiale)

La tombe fait un coude (comme le monde de l'au delà qui est un monde assez étrange, et ce
dispositif doit représenter la topographie du monde de l'au delà). La chambre funéraire est la maison
de l'or = or associé à la chair des dieux. C'est dans cette salle à piliers que se trouve le sarcophage
royale qui renferme le cercueil. Cette chambre d'ailleurs a une forme ovale avec des angles arrondis
qui évoquent la forme du cartouche dans lequel est inscrit le nom du roi, qui est une version allongée
du signe de chén qui signifie l'éternité. Il s'agit ici d'inscrire le corps du roi dans cette représentation
du cycle éternel à travers la forme de la chambre funéraire.
On a des pièces annexes qui sont autant de petits magasins dans lesquels on pose des offrandes pour
son voyage dans l'au delà.

Ces chambres (au moins la chambre du sarcophage et celle à piliers) sont décorées. Et le décor est

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une thématique exclusivement religieux, il s'agit d'images qui viennent illustrer des textes de
descriptions de l'au delà. Ce sont ces formules funéraires comme celle des textes des cercueils que
l'on regroupe sous le nom de livres funéraires avec le livre des morts
(pour sortir au jour selon les Egyptiens).
Ces compositions funéraires royales sont donc regroupées dans des
livres qui portent des noms : l'Amdouat (ce qui se passe dans l'au delà
= décrit le voyage de Ré à travers les 12 heures de la nuit car le roi
doit accompagner ce voyage), Litanies de Ré, le livre du jour et de la
nuit (décrit le ciel et le solaire pour donner les outils au roi pour son
voyage dans l'au delà).

Exemple de tombe n°9 de Ramsés VI à droite :


essentiellement des colonnes de textes et qui
s'accompagnent des figures qui viennent illustrés les textes.

Du point de vue architectural, ces tombes vont évoluer.


Avant : forme coudée.

Au cours de la 19ème et 20ème dynastie (retour à la religion), on privilégie un axe principal


rectiligne. Cette évolution marque le retour en puissance entre le roi défunt et le dieu solaire et ici
avec cet axe qui n'est plus coudée, on représente la course du soleil.
Pour beaucoup de ces tombes, la taille va augmenter avec des couloirs plus longs et des salles plus
développées, ce qui implique qu'il y a aura plus d'espace pour le décor. Et on va trouver dans ces
tombes tous les livres funéraires (avant on choisissait des extraits), et puis on a aussi de nouvelles
compositions funéraires qui apparaissent. Et puis comme toujours, ce ne sont pas des
représentations décoratives mais des dispositifs pour assurer la renaissance du roi.

Ce site n'abrite pas uniquement des tombes royales. On a 62 tombes répertoriées et il n'y a pas 62
rois dans ces tombes.
KV 5 : tombe des fils de Ramsès II. Fouille toujours en cours, il y a une centaine de tombes. Cette
tombe est pour les princes royaux. On sait que Ramsès II a eu 110 enfants masculins et donc ce sont
les tombes de ces fils qui sont installées là. C'est la plus grande tombe d'Egypte.
On retrouve des simples petits puits avec une pièce dans laquelle ont été enterrés des personnages
privées, des vizirs (premiers ministres) ou des dames qui ont porté le titre de nourrice royale. E

Tombe plus grande -> tombe de Youya et Touyou qui sont les parents de l'épouse d'Amenhotep III.
Ouchebti ici qui sont nombreuses pour ces personnages, faits en pierres dures avec des dorures et
une manufacture très caractéristique. On retrouve aussi un char démonté. Le père d'Amenhotep III
était commandant des troupes d'élites de l'armée égyptienne.

On ne peut pas parler de la Vallée des rois, sans parler de la tombe de Toutankhamon (KV 62) qui
donne une idée des richesses qui devaient contenir les tombes de cette 18ème dynastie.
Rappel : dynastie militaire et de conquêtes. Apogée de sa puissance économique à la fin de la 18ème
dynastie.

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Cette tombe n'est pas une tombe royale dans son plan. Ici
tombe de petite dimension avec 2 passages (et pas 4), on
a une antichambre avec une petite annexe depuis les
fouilles de Carter, cette anti chambre ramène à la
chambre. Il s'agit d'une tombe qui n'a pas été réalisé au
départ pour un roi. On est plutôt dans l'architecture des
privées qui sont enterrés dans la vallée des rois.
On est dans une période de rétablissement à Thèbes, Toutankhamon règne une dizaine d'années et
meurt assez jeune de sorte qu’une tombe royale n’était pas prête.

Le mobilier contient des grands lits funéraires avec des têtes de


vaches, de lions, beaucoup de coffres (tissus précieux), objets
précieux, des petits sièges. Dans l'annexe derrière, on a les lits.
Dans l'anti chambre, on a les chars. Plus de 5 000 objets sont
contenus dans un espace trop petit.
La chambre funéraire entière est occupée par plusieurs chapelles
en bois dorée qui sont des chapelles emboitées, avec le trésor de
ce grand naos (sanctuaire) en bois dorée qui contient les 4 vases
qui recevaient les organes du roi enlevés au moment de la momification.

Catafalque : dans le cercueil du roi, on a trois cercueils emboités avec le premier


en or massif. Cette utilisation de l'or est moins une utilisation pour montrer la
puissance du roi mais plutôt une assimilation du roi au dieu à travers de cette
enveloppe.

A l'intérieur du cercueil, on a la momie royale. Masque en or


massif qui montre les traits du jeune pharaon.
Exemple : le roi en jeune enfant, au crâne rasé dont la tête émerge
d'une fleur de lotus bleu. Pour les Egyptiens, ce lotus bleu
(><blanc) avec des bords linéaires est la plus belle des fleurs mais
surtout le berceau du soleil (une des explications du monde). C'est
une idée liée à l'observation de la nature car cette fleur de
nénuphar s'ouvre sur l'eau à la levée du soleil et se ferme au
coucher (idée de renaissance). On a cette idée de renaissance
solaire et ce qui assimile le roi à l'astre solaire.

Exemple de bijouterie :

- il s’agit de pectoraux en or cloisonné et rempli de pâte de verre colorée.


L’un représente Horus, dieu protecteur de la royauté qui tient dans ses
griffes le signe de l’éternité.

- Pièce en haut qui devait fixée en collier. Représentation du scarabée, c’est le


nom de Toutankhamon. Sur le plan artistique, on est loin de ce que l’on a vu à la 4ème
dynastie (aspect dépouillée, lignes épurées).

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- Coffre en bois dont la surface est recouverte d’enduit. Ce coffre
montre une scène de bataille que l’on retrouve sur le couvercle.
Scène de bataille avec des chars et des chevaux qui bondissent. Le
roi protégé par les divinités et suivant par des registres avec des
archers… à gauche, c’est l’univers égyptien et devant c’est la
masse informe des ennemis avec le chaos.

On quitte la vallée des rois pour en arriver aux nécropoles privées. La nécropole thébaine, c’est aussi
la nécropole des hauts fonctionnaires qui viennent se faire enterrer près de la tombe du roi entre la
plaine alluviale et la vallée des rois. Ces nécropoles privées occupent 2km1/2. Elle est divisée en
secteurs (conception moderne), en différents cimetières dans lequel on a donné des noms.

Village moderne car jusqu’à récemment, ces cimetières dans le désert


(pas dans la plaine alluviale), ces collines ont été occupées par un
habitat local, avec des maisons qui ont été construite sur les tombes.
Ces villages se sont développés au début du 19ème siècle, quand est
venu l’intérêt pour l’Antiquité. Les habitants de la région ont pris
conscience de cet intérêt, et donc ils en profitent et ont décidé de
s’installer au-dessus.

Ces tombes privées se présentent en plusieurs parties, plusieurs


éléments. Il y a tout d’abord une cour à ciel ouvert taillée au flanc de
la colline. Cet espace de cour donne accès à une chapelle creusée
dans le rocher, et qui est l’espace de culte funéraire et donc elle est
décorée de reliefs. Et puis ce sont les appartements souterrains (les
caveaux) qui descendent à 15m de profondeur et qui donnent accès
aux tombes.

Cour de la tombe, avec dans la façade l’accès qui adapte une forme de T inversée
(forme typique de la tombe royale : salle en largeur, et ensuite il donne accès à une
salle qui s’appelle le long passage vers l’occident qui ramène vers une niche
(passage dans l’autre monde = point de contact entre les morts et les vivants).
Ces chapelles sont donc les parties qui comportent un décor, le plus souvent peint.
C’est l’âge d’or de la peinture égyptienne qui s’individualise par rapport aux reliefs
peints. Ici ce sont plus de 450 tombes qui présentent ces décors peints.

Ce décor va s’articuler en deux ensembles à la 18ème dynastie :


- Dans la salle transversale, on a des scènes qui évoquent les activités et surtout les fonctions
occupées par le défunt. C’est une salle de commémoration du statut social du défunt. On
veut montrer sa place dans la société. Typiquement, on va par exemple représenter le défunt
offrait quelque chose au roi. Ces scènes sont dans la paroi de la façade, et elles sont éclairées
par le soleil pour une mise en évidence.
- Au-delà, on a des représentations liées au monde funéraires : funérailles, rites et des
offrandes aux dieux offertes par les défunts. Rôle social des représentations.
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Exemples : on est ici dans la première moitié de la 18ème dynastie et on
voit que l’on a des représentations qui sont finalement très proches de ce
que l’on connait, avec des figures rigides des époux. On est encore dans
des canons rigides et avec des codes de l’image bien connue :
- Les chairs chez les hommes sont rouges >< femmes = jaunes.
Le roi porte un tissu (lin) et on lui donne un effet de transparence qui
commence à apparaitre. A droite, on a les personnages féminins qui
portent cette robe qui vient jusque sous les seins.
Cette image suit toujours les mêmes codifications dans la forme mais
possède aussi cet aspect symbolique.

Scène de chasse et pêche dans les marais pour empêcher


les forces du mal de rentrer. Image que l’on connait depuis
l’ancien empire au moins (victoire de l’ordre sur le chaos).
Dans la partie inférieure, on a ce qui est à priori une
représentation de la préparation du vin mais il y a toute
série de lectures. Le culte d’Osiris a une grande importance
et cette scène peut être aussi lu à travers le filtre du mythe
osirien. Osiris, dieu et roi sur terre, est tué par son frère
Seth qui le découpe en morceau qu’il éparpille aux 4 coins
de la terre, et la femme d’Osiris va les chercher et les
assemble en une momie (première momie).
On associe le processus de la préparation du vin à ce mythe osirien (il va être brouillé, subit le martyr
et puis devenir du vin : donne une valeur supérieure au produit d’origine). Notes : aussi pareil pour la
préparation du pain. Cette image égyptienne a une multitude de sens et de lectures.

À cette époque de la 18ème dynastie, les richesses abondent dans le pays et c’est ce que l’on va
représenter dans les parois de certains tombes (commémoration du statut).
Exemple : Vizir Rekhmiré. Pour commémorer ses fonctions, on représente ces scènes dans les
tombes. On retrouve différents registres avec des égéens, africains qui amènent les produits de leur
région, syriens (pour montrer de l’importance de l’Egypte). On a cette fonction de commémoration
et l’illustration de cette richesse qui vient au pays.

Exemple : extrait avec des tributaires étrangers, avec leurs vêtements


pour signifier d’où ils viennent. Produits qui arrivent en masse à la cour
du roi. Cette richesse, le roi et le dieu Amon vont en profiter ainsi que
toute la société autour du roi. On voit que tous les domaines sont
investis de raffinement, plus sensuelles. Développement d’un art de
vivre qui bénéficient de toutes ces richesses : société riche.

Durant le règne qui suit celui de Thoutmosis IV, on a la tombe de Menna. On est plus du tout dans
l’image du début du 18ème et bien avant. On arrive dans des carnations plus naturelles. Une évolution
qui marque ce raffinement de la société vers un canon de beauté très jeune. Il est clair que ces hauts
personnages thébains ont vieillis mais c’est la façon dans laquelle ils se font représenter.

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Caractéristiques uniques :
- nez court et des yeux qui s’allongent en amande jusqu’aux tempes.
- Façon de représenter les vêtements. Perruque précise, avec des nattes tressées.
Une grande sophistication qui montre cet art de vivre, on peut aller vers un certain
maniérisme. La façon de représenter ces robes est
remarquable avec ces effets d’ondulations qui n’ont pas
de poids. Du côté des vêtements masculins, on est loin
du vêtement traditionnel. On est avec des plis.

Autre tombe : nez court et coiffure sophistiquée, grandes boucles


d’oreilles, jeu de nouds au niveau de la poitrine (ceci traduit cet art de
vivre de la société).

Autre exemple qui montre cette évolution de la peinture vers une forme plus libre :
- Scènes de banquet : au milieu de l’image, on a 3 musiciennes qui animent
les scènes. On retrouve ces canons de beauté (nez court), mais avec un jeu de la
part du peintre dans les postures (jeu de courbes entre les différents
personnages). L’unité du groupe est assurée par le personnage qui se retourne
(rare), on a toujours cette ambiance luxueuse (ambiance de cour). C’est un chef
d’œuvre de la peinture considérée par le peintre même car ces 3 figures ont été
recouvertes par un vernis (c’est ce qui explique les coulures) ce qui est tout à fait
inhabituel.

Liberté des peintres vis-à-vis de l’art habituel (avant coloriages des


reliefs) : ici le peintre est libéré de cet art de la sculpture. On observe
que les sculpteurs se font dépassés par les peintres et vont
représenter l’évolution de la peinture dans la sculpture : grands yeux
allongés… Dans ces reliefs, le sculpteur a réussi à faire intégrer les
canons (effets de plissés qui donnent l’aspect de transparence, les
perruques avec très fines ondulations qui viennent accrocher la
lumière). On voit comment la peinture a pris le pas sur le relief. Les
sculpteurs tentent de rivaliser.

Exemple : fragment de tombe thébaine. Représentation de banquet de cette haute société avec ces
grandes dames thébaines servies par des servantes. Toujours ambiance de volupté.

On a aussi la littérature qui est une forme importante. On voit fleurir un style littéraire qui est la
poésie amoureuse. Cela touche le moindre objet de la vie quotidienne (fard…) Chants du harpiste
dans les scènes (harpiste souvent aveugle).

Deuxième partie de ce nouvel empire :


Pour la première partie de cet empire, on avait des monuments commémoratifs du défunt. On a une
évolution de la fonction de la tombe au terme de l’épisode amarnien. On voit évoluer ces tombes
vers un décor exclusivement religieux : offrandes aux divinités, mais aussi représentations des

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différents rites religieux. La forme de la tombe elle-même va prendre l’aspect d’un petit temple avec
à l’entrée un petit pylône. Elle devient un temple dans lequel le défunt fait offrande au dieu. La
tombe n’a plus le même destinataire.

 19ème dynastie : Deir el Medina

On retrouve ce que l’on a vu vers le milieu de la 18ème dynastie mais ici


avec davantage d’académisme, de rigidité. Autre caractéristique de
cette peinture ramesside : l’abondance des motifs (horreur du vide). On
a des motifs floraux, végétaux. Vraiment tout l’espace est occupé par les
images. Thématique funéraire.

La statuaire est le mode d’expression majeur pour faire passer le discours politique de la royauté.

Exemple : Statuaire de la Reine Hatchepsout. Statues qui viennent de ce temple de Beir-Al-Badari.


Cette place montre des difficultés dans la fonction pharaonique qui est masculine. Dans tous les
attributs du roi, il est l’Horus sur terre (masculin), protocole royal (avec la queue de
taureau qui est le symbole de la fertilité comme dans Narmer).
Qu’est-ce que l’on peut y voir ? On voit une évolution. Durant la première partie de
son règne, les statues d’Hatchepsout montrent la reine dans l’attitude d’un roi. Elle
est vêtue d’un pagne et d’un Ménès. Mais elle ne renonce pas du tout à présenter sa
statue féminine : avec sa poitrine. On a des formes plus élégantes, traits des visages
plus fins, nez et bouche très mince, yeux en courbe. On est dans une iconographie qui
ne cache pas sa nature féminine. La pierre même qui est de couleur jaune qui est la
couleur avec laquelle on représente les femmes. On nous montre le pharaon femme !

Il semble que cette formule a dû être mal reçue car plus tard ce compromis va
évoluer. Elle va se faire représentée en homme en suivant l’aspect
traditionnel. C’est le roi Hatchepsout qui est représenté agenouillé dans
l’attitude de l’offrande avec les petits vases globulaires (Nou).
C’est donc une attitude depuis l’ancien empire en relief mais on voit que la
musculature est beaucoup plus puissante, moins gracile et avec une poitrine
tout à fait masculine qui est ici souligné par les traces de peintures rouges
(chair masculine).

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Cet exemple d’Hatchepsout nous montre que cette statuaire égyptienne ne peut pas être considérée
comme une forme de portrait. Il est évident que ces représentations royales avaient des traits
personnels, mais la statue est avant tout un moyen pour faire passer un message politique.
À la fin du règne, on revient aux canons traditionnels. Ce média va être modifié en fonction du
message véhiculé. On arrive à une fiction la plus absolue et qui est lié à ce règne atypique (car c’est
une femme).

Successeur d’Hatchepsout, Thoutmosis III. Sans doute l’un des plus beaux
exemples de la statuaire égyptienne. Statue provenant du temple de Karnak. Les
traits du visage sont individualisés. Le roi est représenté dans un âge idéal, dans
une jeunesse éternelle. On voit à travers cet exemple que la royauté égyptienne a
retrouvé son pouvoir absolu comme à l’ancien empire.
Thoutmosis III était le plus grand conquérant de cette époque. On ne trouve plus
dans cette image le souci de prendre soin du peuple (grandes oreilles, fatigué…)
mais ici on donne l’image d’un souverain absolu. On ne revient pas tout à fait à
l’image de l’ancien empire (roi tout à fait détaché dans le monde des dieux) mais ici
on maintient un contact avec le roi.
La perfection technique est totale avec des jeux de lumières, le tracé des yeux et
les sourcils qui sont marqués graphiquement (>< pas de jeux de volumes : on a
bien un dessin). On retrouve les yeux étirés en amandes.

On retrouve Thoutmosis III, avec la tête d’une statue qui vient de son temple
funéraire à Beir-Al-Badari. Même perfection plastique avec un visage qui
semble moins individualisé, visage qui est davantage conventionnel. Le roi
est toujours représenté dans un âge idéal (et ce sera ainsi jusqu’à la fin de
son règne (plus de 60 ans), mais en pleine possession de ses moyens.

La peinture : le milieu de la 18ème dynastie est marqué dans l’art par des figures plus juvéniles, plus
sophistiquées, et c’est un peu ce que l’on trouve dans cette statue d’Amenhotep III découverte en
1989 dans la grande cour solaire de Louksor. On retrouve toutes les caractéristiques.

C’est une statue de statue : socle qui supporte un traineau, qui porte lui-même
la statue.
Image : statue trainée par son traineau, il y a un jeu sur l’image. Et on retrouve
ces caractéristiques donc avec ce roi très jeune, avec des yeux en amandes,
nez court et retroussé dans les peintures, et puis surtout ce qui frappe sont les
traits du visage : la paupière, la bouche, sont marqués de façon très graphiques
et peu réalistes. Eléments pratiquement dessinés mais pas traités par des
reliefs.
On voit que l’on a affaire à cet art conceptuel qui est l’art égyptien, on se
détache de la réalité. Ces statues en particulier, avec ces traits si marqués, sont
irréalistes. Ce sont des statues qui appartiennent à la fin du règne
d’Amenhotep III, et plus précisément avec sa fête de 30 ans (sed).
Et puis on a pu montrer qu’il a eu cette particularité de se faire diviniser dès son vivant. On lui donne
une dimension divine.

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Statues d’Amenhotep III : traitement des yeux moins naturels que sur
les autres statues. On est dans le domaine du conceptuel (royauté
divine).

C’est une époque de grand raffinement et de haute


qualité de l’art. Les traits irréalistes apparaissent donc
comme une volonté et non comme une incapacité.

Exemple : petite tête de la femme d’Amenhotep III (reine Tiyi) en bois d’if : raffinement.

 Amarna - Akhenaton

Durant cette 18ème dynastie, le clergé devient une puissance politique qui rivalise avec celle de
pharaon : il contre l’évolution de la religion, plus précisément au clergé Amon. Les textes nous
apprennent que pendant cette époque, la religion s’est retirée du peuple qui ne comprend plus
grand-chose.
On veut revenir à une religion plus simple, plus proche du peuple avec Akhenaton. Changement assez
brutal ! Il va faire abandonner tous les cultes pour un seul dieu qui est le disque solaire Aton (une des
formes de ce disque solaire est celui que l’on voit dans le ciel).
Il va simplifier cette religion. L’idée c’est le soleil comme on le voit est responsable de toutes les
manifestations de la vie, et il va donc faire fermer et interdire le culte de tous les dieux et en
particulier celui du dieu Amon (il ferme le temple d’Amon-Ré à Karnak). Il va même employer des
ouvriers qui vont effacer le nom d’Amon dans toutes les inscriptions. Il va décider de fonder une
nouvelle capitale sur un site vierge : en moyen Egypte Tel el Amarna.
Il va y construire une ville qui rappelle le cercle thébain, il l’appelle :
l’horizon d’Aton. Il y met des temples du dieu Aton (ci contre). C’est la
première fois que l’on a une religion monothéiste. Et ces temples sont
différents de ce que l’on a vu : ils ne comportent pas de plafond mais
ont une succession de cours de plus en plus petites à ciel ouvert. On a
des autels sur lesquels on dépose les offrandes de sorte que les rayons
du soleil puissent toucher cela.

Pourquoi est-ce différent ? Ce disque solaire est visible, donc il n’a pas besoin de représenter. C’est
un grand bouleversement dans la tête des égyptiens : révolution dans la conception même du
monde.
Temple avec une succession de pylônes, espaces ouverts sans emplacements.

Dès lors que la conception même de l’image divine a changé, cela va influencer l’art. Et c’est en large
partie ce qui permet d’expliquer cette transformation radicale dans l’art. (On avait déjà quelques
caractéristiques dans l’art d’Amenhotep III car on représentait le roi tout le temps en jeune). On
l’appelle « l’art atoniste ».

Statue avec pharaon qui porte un pagne qui remonte très haut mais qui descend très bas
devant. Sur un certains nombres de statues, le roi est représenté nu et asexué. Les yeux
du roi sont étirés au point d’être presque fermés comme s’il clignait des yeux pour voir

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l’astre solaire. On a un regard presque mystique en regardant
son dieu qui l’éblouit. La bouche est très charnue et le menton
très développé. Ce sont tous les traits du visage et du corps qui
sont intensifiés avec l’arrondi des hanches qui est très
développés qui donnent une apparence féminine.
De même ce pagne donne un aspect qui évoque la
représentation caractéristique du dieu Aton, sous la forme d’un
disque solaire qui se terminent par des petites mains. On en
arrive à une image qui assimile le dieu et le roi.

On a voulu interpréter les images d’un point de vue pathologique mais c’est dire que l’on considère
cet art comme réaliste ! Ce qui est tout à fait le contraire.
Les textes de cette époque sont censés être écrits par Akhenaton, qui ne se présente pas comme le
dieu sur terre mais comme le prophète, comme son représentant sur terre. Le dieu s’incarne en lui et
c’est ce qui explique ce genre de représentation. En tant que son représentant, le roi va porter dans
son corps les caractéristiques du dieu : le roi est fait à l’image de son dieu.
À la lumière de cet éclairage, on peut comprendre assez naturellement ces représentations qui
montrent des caractéristiques androgynes propres au soleil. Ce dieu combine l’aspect masculin et
féminin. Double nature du dieu avec des traits féminins (hanches, courbes). Aspect plutôt androgyne
et non asexué.

Architecture

Il va faire construire cette ville d’Amarna, et pour cela les


architectes vont mettre en œuvre une technique nouvelle
de blocs (60cm de longueurs = plus petits des époques
antérieurs), ce qui permet de construire plus facilement.
Ce sont des Talatat. Architecture de murs qui délimitent
des espaces >< ne sont plus porteurs.

Sculpture

Nefertiti, épouse d’Akhenaton. Cette forme de buste n’est pas du


tout habituel de l’art égyptien. L’œil gauche manque, et n’a jamais
existé. Cette image de la reine a, dès sa découverte, été considérée
comme une icône de la beauté féminine. C’est d’ailleurs une image
qui a été d’emblée considérée comme une représentation réaliste.
Un égyptologue allemand s’est intérêt à ce buste et a fait une
photogrammétrie, il s’est amusé à poser un quadrillage. Il prit
l’unité de métrie de l’époque : le pouce (1, 75 cm). C’est une image
parfaitement symétrique ! Elle est une construction. On est face à
un idéal de beauté pour les égyptiens mais à une image qui n’est
pas une reproduction idéaliste.

Exemples : corps féminin en quartzite -> corps d’une princesse royale (une de leurs filles).

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Épanouissement des bassins, plis plaqués sur le corps. Ce qui est caractéristique de cette
culture amarnienne ou atoniste est qu’on a l’impression que la sculpture est modelée à
l’intérieur.
Capacité à s’affranchir de cette forme géométrique.

Image en jaspe jaune avec des lèvres qui donnent l’impression d’être humide. On croit
que c’est la reine Tyti.

Cet art n’aura pas de lendemain. Son règne va durer 17 ans et le clergé d’Amon va
reprendre le contrôle. Le fils d’Akhenaton, Toutankhamon (ci contre), va faire ouvrir les
temples et restaurer le culte d’Amon et donc c’est la fin de l’art amarnien.
On revient à une image canonique, conventionnel. C’est le retour à l’orthodoxie.

Pour cette période post amarnienne, on a une image qui a nouveau reste dans cette
tradition classique. Le règne de Ramsès II durant la 19ème dynastie est sans doute le
dernier règne. On revient à un classicisme complet. L’art ramesside est monumental,
destiné à impressionner. On a une production de ce roi qui est très abondante car il a eu
un règne très long, ce qui laisse du temps pour réaliser des monuments. Il a aussi usurpé
les œuvres précédentes. Il n’y a pas de critère de ressemblance physique, il y met juste son nom.

A gauche : statue, le jeune Memnon, colosse de Ramsès II


On joue avec les veines de la roche. Jeu et virtuosité des artistes.

A droite : statue de Ramsès II conservé à Turin. Il est assis sur un


trône. Ici on a un aspect plus temporel du roi. Le fait de vêtir le
roi, qu’il porte des sandales… On est loin de l’image du roi
classique. On nous montre quelqu’un qui est très richement
vêtu.

 Abou Simbel

Parmi les réalisations de ce roi, il faut mentionner aussi un autre


monument : grand temple rupestre d’Abou Simbel qui se trouve
en Nubie et sur la rive occidentale du Nil, Ramsès II va faire
construire ce double temple avec son caractère rupestre (taillé
dans le flanc de la colline >< construit). Il y a sans doute un lien à
faire avec les contacts que l’Egypte entretient avec les Hittites.
Ramsès II a été en contact avec ceux là, et son règne est marqué
par un traité de paix qui marque des relations plus privilégiées
avec ce monde Hittites. L’architecture rupestre est caractéristique
de l’architecture religieuse. On a donc une trace de cette
ouverture de l’Egypte sur les autres cultures.

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 Medinet Habou, Ramsès III

Finalement, le dernier règne à mentionner de ce nouvel empire,


à la 20ème dynastie, est le règne de Ramsès III. Temple funéraire
de Ramsès III. Règne marqué par des troubles en Méditerranée
(avec les peuples de la mer qui vont précipiter les chutes des
grands empires (Hittites…)). Ramsès III va y être confronté, avec
plusieurs batailles, mais néanmoins l’Egypte subit cette période
de trouble qui montre un véritable déclin. La puissance de
l’Egypte va perdre sa puissance et rentre dans une période très dure et débouche sur une 3 ème
période intermédiaire.

Episodes présentés sur les parois du temple funéraire : combats avec les
peuples de la mer -> le roi avec les chevaux, on voit les peuples de la mer
sont tués par le roi.
On va voir à cette époque (1150) une présentation du roi en héros à travers
de grandes représentations qui peuvent être mis en parallèle avec ce qui se
passe à la même époque en Grèce, qui présente aussi ces grandes épopées.
Ce règne va donc être comme une sorte de dernier sursaut de cette culture
de l’empire vers le premier millénaire, qui est une période durant laquelle
ou l’Egypte va connaitre une domination nubienne, puis les assyriens, puis
perses, puis grecques.

Conclusion : art égyptien différent dans ses fonctions avec un rapport au monde.

Résumé du livre : l’Egypte pharaonique

Introduction

L’Egypte pharaonique fait partie de l’imaginaire collectif de l’Occident depuis l’Antiquité. Dès cette
période elle joue le rôle d’un phare culturel important, son art et iconographie en seront imités dans
le couloir syro palestinien et l’Egée.
Deux piliers antiques de la culture occidentale : Grèce classique et civilisation hébraïque (berceau du
christianisme), toutes deux fortement influencés par l’Egypte. Elle a été mythifiée depuis toujours,
avec beaucoup d’idées reçues.

A travers l’histoire

« L’Egypte pharaonique est la plus ancienne des civilisations »

Les Grecs tenaient en haute estime la civilisation égyptienne. Dans leur pensée, cette civilisation était
très ancienne et une sorte de société idéale.
Mais y a-t-il vraiment eu une société organisée « la plus ancienne » à l’origine des autres ?
Aujourd’hui la pensée grecque n’a plus de sens, surtout avec l’émergence des sciences de la
préhistoire.

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Avec l’archéologie : dates. Niveau politique -> a commencé avec l’unification du royaume d’Egypte,
vers 3050 avant notre ère (palette de Narmer). Mais c’est plus compliqué, il y a tout un processus de
formation d’une identité culturelle qui a mené à ça, qui remonte au milieu du Vème millénaire
AC. Mais il n’y a pas vraiment de continuité culturelle sur une telle période, les origines de la
civilisation égyptienne restent floues.
Les découvertes intellectuelles des Grecs prenaient leurs origines, selon eux, dans la tradition
égyptienne.
Cette culture s’est répandue dans le bassin hellénistique, jusqu’aux Romains, héritiers de la culture
grecque (eux même héritiers de l’égyptienne). Se développe alors une égyptomanie, avec entre
autres adoption des cultes égyptiens.

« L’Israël fut opprimé par l’Egypte pharaonique »

Grèce : vision égyptophile. Culture hébraïque : plus égyptophobe. Mais l’attitude de cette dernière
est plus ambiguë : il y a un certain respect pour le savoir des anciens Egyptiens, et l’Egypte a servi de
terre d’accueil pour sauver des héros des saintes écritures.
Mais l’Exode biblique est plus représenté comme un mythe fondateur de l’identité culturelle d’Israël
que comme l’épisode historique, la religion monothéiste présentée comme introduite par Moïse est
en réalité plus tardive que l’évènement historique.
Que s’est-il réellement passé ? Selon des études de sources historiques, l’épisode de l’Exode a bien
eu lieu mais pas comme la Bible le relate. Les Hébreux seraient des populations de tribus de
Bédouins du Proche Orient occidental, connu dans les textes pharaoniques comme Apirou. Il se
situerait entre l’époque de Ramsès II et la fin du Nouvel Empire. Il ne concernerait qu’une population
restreinte de quelques familles. Ce serait d’ailleurs plus une expulsion qu’une décision collective.
Le processus d’affirmation de l’unité religieuse de la nation juive a amplifié cet épisode, suite à une
crise iconoclaste (propre aux religions monothéistes) qui a pris l’Egypte pour cible. La religion
pharaonique était perçue comme l’antithèse du monothéisme juif.
Mais d’un autre côté l’Egypte a eu un rôle important dans la constitution de leur identité suite à cet
épisode, ce qui créé une ambiguïté.
L’Egypte a créé sa propre version de l’Exode (notamment suite à l’épisode monothéiste
d’Akhenaton), avec une animosité vis-à-vis des monothéismes.

« L’écriture hiéroglyphique est un mystère »

A la Renaissance : nouvelle vague d’égyptomanie, centrée autour de ce mystère des hiéroglyphes. Ils
conserveraient de manière cryptée un savoir ésotérique fondamental, des auteurs gréco-romains
croyaient déjà à ce mythe // philosophie platonicienne : les signes représenteraient les Idées.
Même à l’université de Bologne on prétendait donner des cours de hiéroglyphes.
Un des moteurs principaux de cet intérêt fut la découverte d’une copie des Hieroglyphika de
Horapollon (Vème) au début du XVème : on pensait que c’était l’œuvre d’un Egyptien traduite en
grec, expliquant une série d’hiéroglyphes, mais les commentaires de l’auteur sont plutôt fantaisistes.
Cette vision allégorique empêcha longtemps leur déchiffrement, jusqu’à Champollion qui résolut le
mystère en 1822. L’écriture hiéroglyphique combine des signes pouvant remplir trois fonctions :
idéogramme (note un concept + racine phonétique associée), phonogramme (transcrivent un ou
plusieurs sons), déterminatifs (véhiculent une idée sans connotation phonétique).

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Pour les Egyptiens, le hiéroglyphe est plus qu’un outil de transcription de la parole, il représente
l’essence véritable des choses, connotation divine et magique. Cette combinaison des images
permettant de dire plus que la seule suite des sons explique deux caractéristiques essentielles de
l’écriture monumentale de l’Egypte antique : la conservation exceptionnelle de son caractère
figuratif d’origine pendant plus de trois millénaires, et le refus des anciens Egyptiens d’adopter un
système de notation entièrement phonétique.
La maîtrise du système hiéroglyphique était l’apanage d’une caste de prêtres spécialisés.
Ecriture hiératique, puis démotique : version cursive des hiéroglyphes, pour un usage quotidien.

« L’expédition de Bonaparte est à l’origine de la redécouverte de l’Egypte antique »

1789-1799 : expédition, qui se solda deux ans plus tard par un échec militaire, diplomatique et
économique. Mais beaucoup d’informations ont été recueillies par la commission de savants (167)
l’accompagnant. La mode du style « retour d’Egypte » envahit les arts, la littérature,…
Mais l’engouement pour l’égyptomanie remonte en fait à l’Antiquité. Même sous Henri II, Louis XIV
et Louis XV des monuments à leur gloire s’étaient ornés d’obélisques ou de sphinx, symboles de la
civilisation pharaonique. Les francs maçons (expansion au XVIII) y ont aussi contribué.
Le discours sur l’ancienne Egypte a donc évolué durant le siècle des Lumières. Les intellectuels de
cette époque considèrent que leurs connaissances de cette culture ne sont pas assez développées
pour en autoriser une bonne compréhension.
La première édition correcte de textes hiéroglyphiques ne voit le jour qu’en 1774 grâce à Carsten
Niebuhr.
Les tentatives de déchiffrement des hiéroglyphes se sont multipliées : père Bernard de Monfaucon
(1724), révérend William Warburton (1738), abbé Barthelemy (1762). Ces découvertes ont sans
doute aidé Champollion à exécuter sa tâche.
L’expédition de Bonaparte est donc le produit de son temps, c’est à lui que l’on doit la création de
l’Institut d’Egypte avec une Commission des Sciences et des Arts, et la Description de l’Egypte (…).
C’est à un soldat de l’expédition (Pierre François Bouchard) que l’on doit la découverte de la pierre
de Rosette en 1799.

Religion

« Les anciens Egyptiens vénéraient les animaux comme des dieux »

La propagation des cultes isiaques était avant tout liée à de l’incompréhension en matière de
religion. Les divinités zoomorphes étaient fascinantes pour les Romains et leurs divinités
anthropomorphes. D’autres ont utilisé ces représentations zoomorphes : le Proche Orient ancien,
l’Inde, la religion gréco romaine, mais dans l’imaginaire collectif occidental elles sont indissociables
de l’Egypte antique.
Cette religion consiste en un système explicatif du Monde, les Egyptiens concevaient l’univers
comme composé de deux parties distinctes : l’au-delà (dieux, morts, domaine de l’essence des
choses), et l’ici bas (face visible des réalités méconnaissables de l’autre monde). Les animaux étaient
les médiateurs idéaux entre les deux sphères. Les forces de la nature s’expriment constamment dans
le monde des anciens Egyptiens.
Animal = manifestation terrestre d’une divinité -> il existe une corrélation essentielle entre les deux.

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L’animal en acquiert un caractère sacré : moyen de communication de et avec la divinité. Puis au
Nouvel Empire : élevage de troupeaux d’animaux sacrés destinés à être inhumés, pour établir un
contact plus direct avec les divinités (demande personnelle de faveur).
Il faut aussi tenir compte de phénomènes purement iconographiques. Les intellectuels égyptiens
n’imaginaient pas leurs divinités comme des humains à tête animale -> symbole ! L’iconographie
peut changer selon la facette de la personnalité qu’ils veulent évoquer.
Animal dans pensée égyptienne = signe, manifestation tangible d’une force supérieure, pour
manifester certaines caractéristiques d’une divinité (qui reste fondamentalement incompréhensible).

« Les anciens Egyptiens étaient obsédés par la mort »

Cette idée remonte à l’Antiquité. L’archéologie permet aujourd’hui de nuancer cette croyance, qui
reste fondamentalement exacte : ils dépensaient une grande énergie pour apprêter leurs « demeures
d’éternité ». Mais il ne s’agit pas de préoccupations morbides : ils cherchaient à poursuivre les
délices de la vie d’ici bas. Les temples et les tombes sont encore bien conservés par ailleurs,
contrairement aux vestiges de la vie quotidienne : scission.
L’ensemble de ce que nous appelons art égyptien (témoignages de la culture monumentale, en
matériaux impérissables) a pour but de créer un point de contact avec l’au-delà.
Rites funéraires : aussi fondés sur la médiation nécessaire entre les deux parties du Cosmos. Le
défunt se présente sous une apparence divine pour accéder à l’ordre cosmique des vraies réalités.
Cet accès est lié au respect et à la pratique de la Maât (solidarité active et réciprocité) -> elle garantie
une autre fore de survie importante : celle du défunt qui perdure dans la mémoire collective.
La renaissance du défunt dans l’au-delà implique encore une condition : la conservation du corps
(momification). Le défunt est considéré comme un être vivant à part entière.
La vision égyptienne de la destinée du défunt est donc plutôt optimiste : le mort peut continuer à
profiter des délices d’ici bas pour l’éternité. Leurs réalisations funéraires pérennes sont donc plus
une ode à la vie.

« Les momies ont des pouvoirs surnaturels »

La croyance en une malédiction des momies remonte à l’Egypte ancienne. Cette croyance est liée à la
qualité de conservation des morts. A l’époque chrétienne des grandes figures de l’Eglise se sont
opposés à l’idée que la survie de l’âme était liée à la préservation du corps. Les pilleurs de tombes
s’armaient de formules magiques pour contrer les mauvais sorts !
A la Renaissance, on importait des momies, on les réduisait en poussière et leur poudre était utilisée
comme remède de jouvence. Les cabinets de curiosité exposaient aussi des momies dans leurs
sarcophages, et le sujet a été traité dans beaucoup de romans et de films.
Différents facteurs ont alimenté cette croyance : tout d’abord, les Egyptiens pensaient que leurs
morts avaient la faculté d’intervenir dans le monde des vivants. Il y a aussi l’excellent état de
conservation de certaines d’entre elles, qui nous donnent l’impression d’être devant un être vivant
endormi. A la fin du XIXème/début XXème on a entendu plusieurs histoires de malédiction, dont la
plus célèbre est celle liée à la tombe de Toutankhamon.

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« L’Egypte est la patrie de la magie »

La magie égyptienne était très renommée pendant l’Antiquité. Cette idée reçue résulte du fait que la
magie était un des fondements essentiels de la pensée égyptienne.
Toute magie repose sur l’idée que l’homme peut intervenir sur les mécanismes qui interagissent au
sein de son univers // religions : lors de prières et rites, on invoque une aide divine pour modifier le
cours naturel des choses.
Dans le modèle égyptien (dichotomie entre l’au-delà et l’ici bas), pour agir sur le réel on doit
atteindre la cause véritable des phénomènes (au-delà). D’une manière générale, la magie a été
donnée aux hommes « comme une arme pour s’opposer à ce qui advient ». Elle nécessite la
connaissance de l’au-delà et est la compétence de savants initiés, qui l’utilisent à des biens communs
ou à des fins plus individuelles.

Le pays et ses habitants

« Le Nil est le berceau de la civilisation »

Le Nil a eu un rôle très important, et a beaucoup contribué à l’existence des civilisations ayant foulé
le sol égyptien. L’Egypte en est une sorte d’immense oasis. L’appellation « la terre noire » fait
référence aux dépôts terreux apportés par la crue annuelle du fleuve.
Ses fluctuations régulières rythment le cycle de l’année pharaonique, les activités agricoles,…
En tant que voie de communication, il a permit l’unité politique et culturelle d’une vallée longue
d’environ 1500 km et large d’1 à 20 km, et il a aussi aidé au transport de grands monuments.
Il a apporté une grande fertilité (« le grenier à blé de Rome »). Le fait que la nature leur ait été si utile
a entraîné un retard dans la technologie de la gestion de l’eau.
L’Egypte est probablement née des avantages procurés par ce fleuve miraculeux.

« Les Egyptiens étaient noirs »

Afro-centrisme : mouvement idéologique du milieu du XXème (principal chef de file : Cheikh Anta
Diop), qui vise à restaurer la conscience historique de l’Afrique noire, notamment en faisant des liens
entre l’Egypte pharaonique et les sociétés africaines traditionnelles.
Revendication répandue : lien avec l’ancienneté mythique de la civilisation égyptienne.
Trois arguments essentiels sur « les origines nègres de la civilisation égyptienne » : les Egyptiens
étaient basanés et s’appelaient eux même les « Noirs » ; occupation du sud au nord (depuis « le
monde nègre ») ; langue égyptienne similaire avec d’autres langues africaines.
Les hommes étaient effectivement peints avec la peau brune, mais pas les femmes !
Ils ne s’appelaient pas « les Noirs » mais « ceux de la terre noire ».
L’iconographie pharaonique démontre qu’ils se distinguaient des Noirs africains.
De plus, l’émergence de la civilisation égyptienne n’est pas due à l’invasion d’un peuple nouveau,
mais aux autochtones rassemblés sur les berges du Nil.
Pour finir, langue égyptienne : groupe de langues chamito-sémitique.
Population pharaonique : fusion entre mondes africains, méditerranées et proche orientaux (//
géographie). Seuls les pharaons de la XXVème dynastie étaient d’origine nubienne.

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« La femme égyptienne jouissait d’un statut égal à celui de l’homme »

Femmes de la société pharaonique : statut particulier. Cette thématique a été récupérée aujourd’hui
sous deux formes : théorie d’un matriarcat originel, et théorie des débuts du féminisme. Mais cette
projection de nos valeurs dans l’histoire nous fait s’approprier le passé -> prudence méthodologique.
Société pharaonique : essentiellement masculine, matriarcat appliqué à leurs lointaines origines
préhistoriques et en se basant sur la supposition que les pharaons épousaient leur propre sœur
(détentrice du sang royale légitime). Mais c’était en fait exceptionnel ! Le titre « sœur du roi » fait
référence à un lien affectif, et non biologique.
Vision féministe basée sur les dispositions légales en matière d’héritage qui protègent les veuves.
Mais c’était plus pour leur garantir une subsistance qu’elles ne pouvaient s’assurer seules.

- Vie quotidienne : destinée dans le mariage, la reproduction et l’entretien de la famille. La


littérature pharaonique prône cette image de femme parfait, mais met en garde contre
l’adultère et les femmes non mariées. Elles pouvaient toutefois demander le divorce, et
avaient accès à des activités qui étaient l’apanage des hommes ailleurs.

- Mythologie : élément féminin = satisfaction du désir masculin.

- Tombes dédiées à une femme : exceptionnelles.

- Reine = principe féminin du Cosmos. Elles pouvaient exercer une régence, et Hatchepsout
sera même pharaon.

Mais en comparaison avec ses homologues de civilisations antiques voisines, elle jouissait d’une
position sociale enviable.

« Les pharaons étaient adorés comme des dieux »

La royauté égyptienne avait une grande réputation et influence.


Question souvent posée : le monarque égyptien est-il vraiment un dieu ? Sa fonction est divine : « il
est un homme dans le rôle d’un dieu » : les anciens Egyptiens savaient très bien qu’il était mortel.
Pharaon = lien entre la sphère des dieux et l’ici bas. Maât : équilibre social, solidarité active et
réciprocité à l’échelle humaine, équilibre des forces de l’univers à l’échelle cosmique. Pharaon doit
faire régner cette Maât.
Le pharaon ne se distingue pas des autres dieux d’après les textes. L’identification au dieu solaire
reste toujours prédominante. Il était une manifestation des dieux sur terre.
Mais parfois : victime d’attentats, de conspirations. Pillage de nécropole lors de l’affaiblissement du
pouvoir central : porter atteinte à l’image de Rê sur terre. Heb sed : cérémonie au cours de laquelle
les forces divines du roi doivent être régénérées.

Les grandes figures de l’histoire pharaonique

« Akhenaton est l’inventeur du monothéisme »

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Encore une fois : attribuer à l’Egypte antique l’invention d’une valeur fondamentale. On a toujours
pensé que la religion de Moïse avait une origine égyptienne.
Akhenaton : personnage historique, contrairement aux autres fondateurs de religion. Il a imposé
(trop) rapidement la première religion monothéiste de l’histoire de l’humanité (astre solaire : Aton).
Cette religion a aussi pu se faire ex nihilo, ses origines remonteraient à un courant de pensée
antérieur à son règne : la nouvelle théologie solaire. Mais : échec, son règne se solda avec deux
évènements malheureux qu’on attribua à une sanction divine (défaite face aux Hittites et peste).
Mais devons nous y voir l’origine de la religion judéo-chrétienne ? Non, les points communs sont dus
à une convergence de caractéristiques propres aux religions monothéistes, pas à une filiation.

« Néfertiti est la plus belle des reines égyptiennes »

Dans l’esprit des égyptophiles : femme parfaite. Mais nous ne savons que très peu de choses à son
sujet. Son nom signifie « la belle est arrivée ».
Il y a une abondante documentation iconographique de cette époque qui nous montre le couple
presque dans son intimité // religion atoniste : on ne représente plus le pharaon en vis-à-vis avec la
divinité, mais sa vie quotidienne. Cette iconographie nous renseigne plus sur la trinité que ce couple
forme avec Aton, et non sur le personnage historique de Néfertiti (qui fait écho à Hathor).
Buste de Berlin : visage symétrique, mais il a été avéré comme étant artificiel et construit.
Elle nous reste donc inconnue, malgré les nombreuses représentations. Nous n’avons accès qu’à
l’image que les souverains voulaient donner d’eux.

« Toutankhamon est le pharaon de la malédiction »

Découverte de sa tombe en 1922 (un siècle après Champollion) par Howard Carter et Lord
Carnarvon. Trésor fabuleux et décès qu’on pouvait mettre en relation avec la tombe.
On a toujours pensé que, maudit, ce pharaon avait été assassiné. Mais le rejet officiel de son enfant
roi est trop postérieur au décès de Toutankhamon pour étayer l’hypothèse d’un assassinat.
Marc Gabolde, égyptologue français, a clarifié cet épisode de l’histoire pharaonique (le règne de T.).
Il est né comme Toutankhaton « l’image vivante d’Aton » (il était avec certitude le fils d’Akhenaton et
de Néfertiti). Ses parents le laissent orphelin alors qu’il a environ 5 ans (leurs morts sont sans doute
liées à l’épidémie de peste de l’époque, évoquée plus haut). La situation actuelle nécessite alors un
roi fort, Toutankhamon étant trop jeune il est mis de côté par sa sœur de 13 ans, Méritaton. Elle
revient à l’orthodoxie, devient pharaon, puis meurt : son frère prend alors le pouvoir et épouse sa
sœur restante, Ankhesenamon, pour renforcer leur légitimité (mariage consanguin exceptionnel). Il
se rattache au passé antérieur à l’épisode atoniste, et meurt avant ses 18 ans.

« Ramsès II est le plus grand de tous les pharaons »

Contrairement aux acteurs de l’épisode atoniste, qu’on a tenté de faire oublier à l’époque, le
souvenir Ramsès II a eu une place de choix dans la mémoire collective égyptienne.
Bible : son nom désigne la nouvelle capitale qu’il fit construire dans le delta, Pi-Ramsès (la demeure
de Ramsès) où le peuple hébreu aurait travaillé selon l’Ancien Testament.
Les auteurs classiques en parlent beaucoup, pour ses exploits militaires notamment.
Suite à Toutankhamon, la XVIIIème dynastie disparait, le trône d’Egypte est occupé par des parvenus

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issus de la caste des généraux : seul Ramsès Ier parvient à créer une nouvelle dynastie, dont Ramsès
II sera le troisième pharaon (suite à Séthi Ier). Période d’apogée, la dernière de son histoire.
Ramsès II : mégalomanie, propagande et médiatisation de sa personne. Il entreprend des réalisations
ambitieuses, quand il ne s’approprie pas les œuvres de ses prédécesseurs.
La bataille de Qadesh s’est même révélée comme étant plus une demi défaite qu’une demi victoire.
Il est sans doute le pharaon le plus célèbre, mais était-il vraiment le plus grand ?

« Cléopâtre fut une ambitieuse et maléfique séductrice »

Elle doit sa renommée au fait que son sort a été lié à d’autres grands noms, tels que César,
Auguste,… Après sa mort, nombreux documents ont été détruits par Octave, il nous en a laissé un
souvenir peu enviable. En Egypte son souvenir a tourné à la « légende dorée » en revanche. La
polémique sur sa personnalité remonte donc à l’Antiquité, et sera ravivé aux Temps Modernes.
Elle fut une habile politicienne, voulant préserver jusqu’au bout l’autonomie de son royaume, et les
alliances qu’elle a conclut ont aboutit à de véritables romances.
Et son nez ? Etait-elle belle ? Tous les commentateurs antiques s’accordent à lui attribuer un charme,
lié à son discours et sa voix. Elle était très cultivée, et parlait une dizaine de langues.
Une image célèbre reste également son suicide mythique : soit à l’aide d’aiguilles empoisonnées, soit
à l’aide d’un aspic, on retiendra la version la plus romanesque.

Art et techniques : non résumé ici car l’ensemble a été vu en cours

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