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I. Introduction
La Grèce : Pythagore aurait séjourné en Egypte, l’héritage que se donnent les Grecs plonge
ses racines dans l’Egypte ancienne. Pour Aristote, les Egyptiens sont les inventeurs des
mathématiques, et Isocrate place en Egypte les origines même de la philosophie. Selon les Grecs,
l’Egypte est une civilisation de très haute antiquité, ils y voient la plus ancienne culture, et ils vont
donc y situer leurs racines. Platon considère que la civilisation égyptienne est vieille de 10 000 ans et
a beaucoup influencé la Grèce. Ils veulent légitimer leur propre culture par rapport à la plus
vulnérable du bassin méditerranéen. Les contacts entre ces deux régions ont été bien réels. Par
exemple, la naissance de la grande statuaire grecque est intimement liée aux statues égyptiennes, on
en voit clairement la filiation dans les kouros.
Rome : ils reprennent cette admiration, comme pour les monuments : ils vont transporter
beaucoup d’obélisques à Rome. Parmi les témoignages de cette admiration : la villa Hadrien à Tivoli
(118-138 AD), qui comprend un canope (grand bassin) -> évoque une portion du Nil où s’est noyé le
favori de l’empereur. A l’extrémité de ce bassin se trouve un sérapéum, dédié à un dieu égyptien.
Avant que l’Egypte n’entre dans l’empire romain (30 BC), des cultes égyptiens se sont propagés dans
l’Italie puis tout l’empire, dont le culte du dieu Sérapis (créé à l’époque hellénistique, combo entre
Osiris et Apis). Durant l’époque impériale, cette divinité va être associée à deux autres divinités : Isis
(d’origine égyptienne) et Harpocrate. Le culte d’Isis s’est aussi propagée à travers l’empire, un iséum
a été construit à Pompéi durant le 1er siècle avant JC. Rome est cosmopolite, on y retrouve des cultes
originaires de l’ensemble du territoire impérial. Aujourd’hui on connait une quinzaine de temples
dédiés à Isis, qui deviendra populaire jusqu’en Gaule ou en Bretagne. Ces cultes égyptiens ont donc
connus une très grande popularité. On assiste durant les 1ers siècles de notre ère à la christianisation
de l’empire romain -> l’Egypte devient aussi chrétienne (avec les coptes), au IVème siècle de notre
ère la plus grande partie des Egyptiens ont laissé tomber les temples. Théodose 1er instaure la
chrétienté comme la seule religion de l’empire, et plus tard il interdit les cultes païens -> une grande
partie de la culture pharaonique disparait à ce moment, car les temples et leur prêtres étaient les
détenteurs de cette tradition depuis toujours. Ces lettrés disparaissent, et la possibilité de lire
l’écriture hiéroglyphique avec. La dernière inscription datée remonte au 24 août 394 après JC, à
Assouan.
Justinien a fermé le temple d’Isis à Philae en 537 PC. L’Egypte byzantine, conquise par les Arabes au
VIIème siècle, va voir disparaître la connaissance de la culture pharaonique presque complètement.
Les chrétiens, qui avaient gardé un héritage, notamment la langue copte (dernier état de cette
langue égyptienne pharaonique), deviennent minoritaires faces aux Arabes. L’accès à la
compréhension des monuments, héritage de cette culture, devient un mystère.
Malgré cela, beaucoup d’éléments égyptiens, qui ont été légués par l’intermédiaire de l’Antiquité
classique, vont survivre. On va retrouver des éléments d’iconographie égyptienne intégrés dans des
représentations chrétiennes, comme dans la Vierge à l’enfant de Jean Fouquet, qui est un clin d’œil à
Isis.
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Au Moyen Age, l’Egypte va garder une place importante, essentiellement en relation avec la
Bible : ce pays y est cité plus de 600 fois, c’est la terre d’Abraham, de Joseph (terre d’accueil) et de
Moïse (terre d’esclavage). Sans parler du voyage de la sainte famille, faisant de Jésus un nouveau
Moïse -> vision ambivalente. C’est une image très présente dans notre tradition, mais elle reste
imaginaire : les chrétiens avaient peu d’accès à l’Egypte, musulmane alors.
L’image qui est donné est fantasmée : les pyramides sont interprétées comme les greniers à blé de
Joseph -> au Moyen Age, on parle d’une Egypte biblique.
Au XVIII : l’intérêt pour l’Egypte va se répandre encore plus, de cette époque datent les 1ers
travaux tentant de déchiffrer les hiéroglyphes. Tout ce qu’on connaissait de l’Egypte à ce siècle était
ce qu’on pouvait en lire des auteurs anciens (Romains essentiellement).
Cf la fontaine de la régénération de 1793 : influence égyptienne très forte.
Bonaparte mènera une expédition en Egypte, en 1798, il emmène un corps expéditionnaire avec lui.
Le but officiel des Français était de couper la route vers les Indes des Anglais.
Il débarque en Alexandrie, puis dans le Caire, mais la flotte est détruite et ils sont donc bloqués en
Egypte jusqu’à se rendre aux Anglais en 1801.
Lors de cette expédition, Bonaparte ne part pas seulement avec son armée, il est aussi accompagnée
de 167 savants regroupant toutes sortes de spécialités : la commission des sciences et des arts. La
mission de cette commission est de dresser un inventaire le plus exhaustif possible du pays, sous
tous ses niveaux (politique, artistique, zoologie…).
Cette expédition va amener à la découverte de la pierre de Rosette, découverte en 1799 par un
officier (Pierre François Xavier Bouchard), mais suite à la reddition de l’armée française, elle sera
ramenée à Londres et se trouve aujourd’hui au British Museum. Des copies font que Jean-François
Champollion arrive à déchiffrer les inscriptions, écrites en égyptien hiéroglyphique, en démotique et
en grec. Il présente les résultats de ses travaux en 1822 dans la Lettre à M. Dacier. En retrouvant la
faculté de lire le hiéroglyphique, une spécialité nait : l’égyptologie.
Il y a d’autres résultats de cette expédition en Egypte : toutes les infos recueillies par les savants ont
été regroupées dans un recueil monumental : Description de l’Egypte. Cela a provoqué un
engouement pour l’Egypte dans toute l’Europe.
On peut voir cette nouvelle admiration dans l’architecture (Egyptian hall, Londres 1815), la
porcelaine, l’opéra (la flûte enchantée est montée dans plusieurs capitales avec des décors
empreints d’égyptomanie), jusqu’au pavillon des éléphants dans le zoo d’Anvers en 1855 par Charles
Servais. Sans oublier la peinture (The gods and their makers, Edwin Long, 1878; Egyptian chess
players, 1865, Sir Lawrence Alma-Tadema), ou encore le pavillon égyptien à Paris en 1867.
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Au XXème, l’art consiste en une déconstruction, défiant la perspective, pour tenir compte du
point de vue du spectateur -> il s’agit de la même façon de représenter le monde que chez les
Egyptiens, ils ont une vision bidimensionnelle de l’espace.
Trois femmes nues, André Lhote (auteur de « la peinture égyptienne » en 1954).
Ta Matete, Paul Gauguin : cette image est une transposition dans son univers particulier d’une
peinture égyptienne figurant une scène de banquet avec une série de femmes thébaines : toujours
vision bidimensionnelle (rabattements dans le plan, épaules de profil,…), dont il possédait une copie.
Tête de Diego, Alberto Giacometti, 1925. C’est un portrait de son frère, la tête est coupée au niveau
du coup, avec des traces intentionnelles renvoyant à un groupe d’objets particuliers dans l’histoire de
l’art égyptien de la IVème dynastie (vers 2500 AC). L’artiste était très intéressé par l’Egypte.
En plus des expositions universelles qui maintiennent l’intérêt pour l’Egypte, l’engouement est ravivé
en 1922 avec la découverte de la tombe de Toutankhamon, qui a déclenché une égyptomanie
particulièrement développée, elle a suscité de l’intérêt dans le monde entier.
Durant le XXème siècle, il y a des influences jusque dans les BD et le cinéma.
Nous pouvons donc voir que l’Egypte fait partie intégrante de notre univers culturel occidental selon
des modalités plus ou moins complexes.
Il y a un phénomène d’appropriation de l’art et de la civilisation égyptienne à travers notre culture.
Territoire d’environ 1 000 000 de km², mais dont seulement 5% est cultivable.
A l’est se trouve le désert arabique, et à l’ouest le désert libyque, un des plus arides (grand plateau
de calcaire). Ce dernier comprend des réserves d’eau de faible profondeur, avec quelques oasis.
Entre les deux déserts : la vallée du Nil, plus grand fleuve d’Afrique (6650 km), avec deux parties : le
Nil bleu, trouvant son origine à l’est dans les lacs de l’Ethiopie, et le Nil blanc qui vient du lac Victoria.
Ces deux affluents se rejoignent à Khartoum pour devenir un seul affluent jusqu’au delta, au Nord.
Il y a 6 cataractes, points de rupture de charge (on ne peut pas naviguer, ce sont des blocs de granit
dans le lit du fleuve).
La plaine fertile est large de 1 à 20 km de large.
Au Nord le delta, avec ses deux branches principales (Rosette et Damiette), la zone la plus cultivable.
La crue du Nil arrive de façon régulière et annuelle et inonde la plaine alluviale, entre le 19 juillet et
le 15 novembre. En se retirant il laisse des limons riches en minéraux, qui fertilisent la terre, et laisse
aussi des bassins, facilitant l’agriculture.
Les Egyptiens donnent comme nom à leur pays Kemet (terre noire, limons).
C’est un pays basé sur l’agriculture, son calendrier n’est pas basé sur des variations climatiques mais
sur des divisions agricoles : 3 saisons de 4 mois (début de l’année : l’inondation, puis germination, et
la récolte).
Aujourd’hui il n’y a plus de crue depuis la construction du barrage d’Assouan, réalisé dans les années
60 : le Nil n’inonde plus l’Egypte. Les avantages de cette construction sont l’apport de l’électricité, et
la régulation de l’eau -> plusieurs récoltes par an. Les inconvénients sont que toute la zone se
trouvant en amont du barrage a été noyée (la Basse Nubie égyptienne), il n’y a plus d’apport de
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limons (car plus de crue), entraînant une salinisation des sols. Certaines terres agricoles ne sont plus
bonnes à la culture. Les eaux stagnantes se développent, provoquant des maladies sympathiques.
L’occupation du sol dans le delta entraîne la formation de tells, ceux de la vallée du Nil ont été
engloutis. Ces collines de débris contiennent des vestiges organiques (notamment la brique crue)
décomposés, qui sont fertiles, et des agriculteurs les ont récupérés en quantité considérable pour
préparer les champs à la culture (sebbakhim).
Ce contexte géographique particulier a entraîné des conséquences, des oppositions chez les
Egyptiens, comme la séparation entre la Haute et la Basse Egypte : elle a toujours été marquée (les
pharaons avaient deux couronnes pour manifester leur royauté sur les deux parties du pays).
Kemet (la terre noir de la vallée du Nil) est opposé à Decheret (terre rouge, déserts alentours).
Opposition encore marquée par deux axes : est-ouest (course du soleil, rive ouest = rive des morts),
et nord-sud (cours du Nil).
Cet environnement a aussi fournit les matériaux nécessaires à la vie et l’art égyptien, avec l’argile, le
limons (vaisselle, céramique), contient beaucoup de ressources minérales diverses en pierre : tout
particulièrement, le désert oriental est riche en quartzite, basalte, albâtre, cuivre, or, tandis que la
partie occidentale correspond au domaine des calcaires (utilisés pour la construction), roche tendre
facile à tailler, au même titre que le grès (dans le sud de l’Egypte).
Pour la végétation, le bois, on trouve de l’acacia, des palmiers doum, figuiers sycomores et tamaris :
ils ne sont pas fait pour la construction, les Egyptiens ont du en importer du plus solide.
On dit souvent que l’Egypte n’a pas changé depuis l’Antiquité : en réalité, ces scènes bucoliques qui
nous donnent cette impression sont une fausse impression. Beaucoup des espèces animales et
végétales aujourd’hui répandues sont des introductions plus ou moins récentes (comme le
dromadaire, introduit à l’époque hellénistique). Certaines roues à eaux apparaissent également à
l’époque grecque, et n’étaient pas là à l’époque pharaonique, tout comme certains aliments. A cette
époque était cultivé essentiellement l’orge, le blé ne s’est imposé que beaucoup plus tard
(l’expression « grenier à blé de Rome » ne remonte pas aux origines).
L’histoire de l’Egypte ancienne couvre 4 millénaires (3000 BC – VIIe PC), et est divisée en une
succession de périodes de stabilité et de périodes de troubles internes ou externes (ces dernières
sont appelées périodes intermédiaires) :
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Les règnes des souverains égyptiens sont classés en dynasties (parfois on passe d’une dynastie à une
autre alors que c’est la même famille au pouvoir, alors que d’autres fois plusieurs familles font partie
d’une même dynastie).
Le roi Ménès aurait unifié l’Egypte à l’aube de son histoire selon Manéthon de Sebennytos.
En tout il y a 31 dynasties, jusqu’à Alexandre.
Attention : il n’y a pas de chronologie absolue définitive pour l’histoire égyptienne !
Qu’est ce qui fait les particularités de l’art égyptien par rapport aux autres arts antiques que sont les
arts grecs, romains ou proche orientaux ?
L’expression d’art égyptien recouvre toutes les productions figurées de l’Egypte pharaonique : de la
plus privée à la plus officielle, depuis la plus modeste jusqu’à la plus monumentale.
L’image est omniprésente -> caractéristique majeure du mode de pensée pharaonique, qui
correspond à la conception que les Egyptiens avaient du réel.
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Pour les Egyptiens, ce qui se passe dans notre sphère est la résultante, un épiphénomène de ce qui
se passe dans le monde des dieux : on ne voit que l’apparence des choses, tandis que l’essence des
choses est dans la 2ème sphère (// pensée platonicienne).
Cette importance de l’image permet d’en expliquer l’omniprésence dans tous les aspects de la
culture pharaonique, en commençant par l’écriture : les hiéroglyphes ont une nature figurative.
En général, on peut voir que dans toutes les cultures les 1ères phases de mise en place de l’écriture
ont eu un aspect figuratif, comme on peut l’attester chez les Sumériens par exemple : ces écritures
deviennent par la suite abstraites -> ce qui n’est pas le cas en Egypte !
Ce lien entre écriture et image restera fondamental jusqu’à la fin, soit pendant 3000 ans. Pourtant les
Egyptiens développeront des écritures plus « rapides » avec des formes cursives (le hiératique), mais
cette écriture sera réservée à la comptabilité, l’administration et autres… Les hiéroglyphes seront
maintenus pour les inscriptions officielles comme sur les monuments ou les stèles.
Cette fonction trouvera son intérêt dans les cultes : les dieux seront rendus présents dans le temps
par ce processus de représentation.
Le Corpus Hermeticum, étudié par Jan Hassman, montre que l’image de culte permettait de rendre
présent le dieu dans son temple grâce à un double processus :
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- La descente (descencio) de ce qui est dans le ciel :
processus d’incarnation dans l’image, la divinité ou l’esprit du
défunt vient s’incarner dans la représentation. Sur le même
papyrus, on voit un puits qui amène à une chambre funéraire
avec une momie (entouré en bleu en bas), sur le côté on voit le
Bâ du défunt (son âme, en bleu à gauche).
Il se distingue des autres arts antiques par tout un faisceau de caractéristiques, il présente une forte
identité formelle.
Quelle est le reflet de cette conception de l’image, vue précédemment ?
Absence de perspective : visible pour notre conception moderne de l’art. Cette absence a
souvent été considérée comme le résultat d’une naïveté, un peu infantile, disant que les
Egyptiens n’étaient pas capables de faire de la perspective. Il s’agirait en fait du produit
d’une volonté, et non d’une incapacité, ça ne leur présentait aucun intérêt. Voici quelques
arguments :
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Ça vaut pour les humains, mais aussi pour la représentation des objets
comme ce siège (vu de haut avec les pieds visibles) et ce bassin avec ses
arbres en rabattement.
Ici dans une tombe : représentation des porteurs, ils amènent des coffres
contenant les objets du défunts qui sont représentés au dessus pour être
vus sur l’image (point de vue qui serait impossible dans une représentation
perspective, les coffres étant fermés).
Ce mode de représentation combine des éléments complémentaires mais
non exclusifs.
Autrement dit, c’est l’objet qui est le point focal dans l’image égyptienne. On privilégie une
reconstitution complète de l’objet et non pas une image imparfaite de la réalité. Mais avec
ça, les choses doivent être lisibles, identifiables et reconnaissables, car il ne faut pas oublier
que l’image joue un rôle majeur sur le plan magique, si l’objet est mal représenté il ne sera
pas opérant.
Canon de proportions : pour dessiner les figures sur les parois, les artistes
utilisaient des grilles, dessinées avec des ficelles trempées dans de la
peinture. Ces grilles servaient de repères pour installer les différentes
parties du corps humain, et assurer des proportions canoniques aux
figures. Dans la plus grande partie de l’histoire égyptienne, ils utilisaient
des grilles de 18 carreaux, divisant le corps humain depuis la plante des
pieds jusqu’à la ligne de coiffure (avant la coiffure, au sommet du front : si
on incluait la coiffure, celle-ci bouleverserait les proportions du corps).
Cette grille est basée sur un système de mesures anthropométriques
(petite coudée, paume, doigt).
Pour une figure assise : 14 carreaux (6 jusqu’au genou, puis 4 pour la cuisse à l’horizontale,
puis les autres). La grille s’adapte donc à la position du corps. Cette grille correspond à une
rationalisation du monde sensible, on met de l’ordre, en se basant sur les mesures du corps
humains -> par conséquent, toute représentation figurée de l’être humain porte cet ordre
inscrit en elle-même.
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Ici une stèle de Ramsès II représenté en enfant (il porte les signes le
désignant comme un enfant : la tresse de l’enfance et un doigt sur la
bouche), sur sa tête un disque solaire et derrière lui un faucon (peut être
est il protégé par une divinité). Mais enfant se dit « mes », disque solaire
« ra » et le roseau « sou » : cette statue représente « RAMESOU » (« ra
m’a engendré », nom de naissance de ce pharaon) protégé par une
divinité, c’est donc un hiéroglyphe de grandeur nature. L’image
égyptienne est performative : elle suscite l’existence de ce qui est
représenté.
Autonomie fonctionnelle de l’image : d’un point de vue fonctionnel (magique), cette image
pharaonique n’est pas destinée à un spectateur extérieur. Sa vocation est d’exister pour elle-
même et de gérer un point de contact avec l’autre monde. Il y a bien un spectateur pour
l’image égyptienne : le spectateur à l’intérieur de l’image même. Dans cette fresque (vue au
dessus): le spectateur est le défunt, le propriétaire de la tombe, il se trouve dans l’image et
est en corrélation avec le spectacle de la vie (ici récolte dans les champs) -> ce qui explique
pourquoi les représentations égyptiennes ne sont pas de face : le profil permet le dialogue
entre les différentes images, car ce n’est pas au spectateur extérieur qu’est destiné l’image.
Saqqara : statue de Djéser dans son serdab, il y a des trous à hauteur des yeux, non pas pour
qu’un spectateur extérieur puisse admirer la statue, mais pour que celle-ci observe
l’extérieur !
Les œuvres ne sont pas signées. Il y a des cas rarissimes où on peut donner le nom
d’un artiste, comme pour la stèle du chef des artisans et des sculpteurs d’Abydos.
Est-ce un art anonyme ? Il y a bien des noms sur les œuvres : ce sont ceux des
personnages, ceux à qui l’œuvre est destinée (ce qui importe aux Egyptiens) et non
celui qui l’a fait. Les commanditaires se présentent souvent sur leurs œuvres
commandées, c’est leur nom qui est indiqué.
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C’est un art éponyme.
Conclusion : les artistes égyptiens ont réussi à développer une forme d’art (au sens large) de
représentation de la nature/environnement, qui a suivi une voie différente de celle empruntée par
les artistes grecs puis romains (perspective, clair obscur) : ils ont mis au point un système de
représentation sensé représenter l’essence des choses et non l’apparence.
Image : médium entre le monde des hommes et celui des divinités.
1) Prédynastique Nagada
Cette culture commence dans sa phase la plus ancienne par une culture du nom de Badari (ca 4500-
4000 BC) : culture néolithique (sédentaire, agriculture, élevage, pêche) et chalcolithique
(métallurgie : cuivre).
Puis vient la phase de Nagada I (4000-3500 BC) : elle s’étend dans l’essentiel de la Haute Egypte,
depuis la première cataracte jusque toute la vallée jusqu’au secteur de Badari.
Ensuite Nagada II (3500-3200 BC) : développement géographique de cette culture, d’Assouan
pratiquement jusqu’à la hauteur du Fayoum (sud-ouest du Caire).
Ces deux phases sont contemporaines d’une autre culture différente qui se développe dans le nord
de l’Egypte : les cultures de Maadi-Bouto (4000-3200 BC).
La culture de Nagada finit par supplanter Maadi Bouto : celle-ci disparait (pas de manière brutale : il
s’agit de phases de transition, « acculturation »).
Autour de 3200 BC : Nagada III, sorte d’unification du pays, mais pas d’ordre politique : unification
culturelle.
Evolution au cours du IVème millénaire : l’Egypte va se développer sur les plans social, économique
et politique. On part d’une économie néolithique (évoquée plus haut), contrôle politique et
hiérarchisation sociale limitée, pour aboutir 1000 ans plus tard à l’état pharaonique : bien plus
centralisé, avec à sa tête un roi unique d’essence unique, et toute une pyramide sociale.
Dans les tombes des trois phases de Nagada, on peut voir l’évolution progressive
de la taille des tombes, et des offrandes : la population a de plus en plus de
moyens économiques, qui est lié avec l’amélioration des cultures. La production
agricole dépasse les besoins de son producteur -> échanges, stockage, commerces
-> spécialisation de la société. Les surplus permettent de dégager la possibilité
d’artisans spécialisés, qui ne seront plus des producteurs si ce n’est producteur
d’objets.
Cette spécialisation va de pair avec une hiérarchisation de la société, on le voit comme dit ci-dessus
dans le matériel des tombes : certains se distinguent, par la nature et le nombre des offrandes
(ostentation et accumulation). Certains objets sont réalisés dans des matières importées (lapis lazuli,
obsidienne,…).
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Nagada I :
- statuette en argile d’une femme avec les bras au dessus de la tête -> domination ? L’accent
est mis sur les hanches et la poitrine (caractères féminins).
- vases rouges polis, avec une forme très particulière : pas pour un usage
quotidien, avec un décor qui reprend les mêmes idées. La chasse est valorisée,
surtout celle à l’hippopotame. Domination de l’homme sur la nature : trait
fréquent dans toute l’histoire égyptienne, domination de la civilisation sur la
région qui l’entoure.
Nagada II :
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Découverte à la fin du XIXème : une de ses parois est ornée d’une peinture, aujourd’hui en piteux
état au musée du Caire. Ici : relevé à l’aquarelle, qui nous montre une iconographie similaire aux
vases de la même époque, dominé par cinq figures de bateaux blancs à coque arrondie, et une figure
de bateau noir avec la proue relevée. Ils sont accompagnés d’une série de saynètes, qui marquent
cette idée de domination (un personnage brandi une massue et s’apprête à frapper des prisonniers /
un autre maintient de chaque côté un lion : maître des animaux, homme qui maîtrise les forces
sauvages de part et d’autre de la vallée du Nil / scènes de combat, un personnage tête en bas :
vaincu, renversé).
Durant Nagada II : elles servent de support pour des représentations. Celle-ci fait 37 cm, il y a
trois fragments répartis entre le British Museum et le musée du Louvre. Cette palette est
scutiforme, elle représente en champ levé des chasseurs avec des armes (arcs, lassos,
boomerang, bâton de jet) et du gibier (autruche, lapin), des fauves percés de flèches (lions).
Au centre il y a un cercle de cupule qui rappelle la fonction d’origine de ces palettes, mais ici
il ne présente aucune trace d’utilisation : il n’avait sans doute pas de fonction pratique. Cette
palette a souvent été interprétée comme un monument qui commémorait une chasse
particulièrement heureuse. On lui prête une intention narrative, c’est une histoire. Autre
lecture par Roland Tefnin : la palette présente un axe de symétrie vertical, on pourrait la lire
dans ce sens et non dans le sens horizontal.
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sur un peuple, il porte une couronne qui est la couronne rouge (royauté sur la Basse Egypte)
et une autre de l’autre côté de la palette : la couronne blanche, de la Haute Egypte. Il porte
une queue de taureau : virilité. Idée d’une conquête d’un territoire par ce souverain :
unification politique de l’Egypte, qui succède de quelques siècles l’unification culturelle. 1er
monument de cette histoire égyptienne où un roi est coiffé des deux couronnes.
- Abydos : tombe de Narmer, et tombes des souverains de la 1ère dynastie (ceux qui succèdent
à Narmer, les souverains qui règnent sur l’ensemble de l’Egypte). Tous les 1ers rois de la 2ème
dynastie sont enterrés ailleurs.
Ce site n’est pas utilisé qu’à la 1ère dynastie, mais depuis Nagada I des tombes importantes
se sont développées à partir du nord. Avec notamment la tombe U-j : matériel important et
premières traces d’écriture (période de Nagada III).
C’est ici que Narmer a installé sa tombe : deux chambres revêtues de briques crues, dans la
tradition des tombes prédynastiques.
Son successeur est Hor-Aha, dont la tombe est la plus imposante. Elle comporte 3 grandes
chambres, 35 chambres secondaires situées en trois rangées : c’est le premier complexe
monumental royal en Egypte.
Dans la tombe de Djer (O), il y a des chambres annexes qui étaient utilisées comme
magasins, dans lesquels des offrandes étaient entreposées. On y a trouvé des squelettes
humains (cercueils ou mottes), les ossements attestent qu’il s’agissait de jeunes adultes de
moins de 25 ans. Ce n’était pas une mort naturelle -> sans doute des sacrifices humains. Ces
tombes annexes ont été fermées en même temps que celle du roi.
Ces pratiques de sacrifice sont attestée bien que considérées généralement comme barbare,
et non pratiquées par les peuples civilisés. Elles débutent au moment où se met en place un
état structuré. On est encore dans le thème de la domination du pouvoir sur d’autres
éléments, comme la vie des autres : meilleure preuve du pouvoir. Ces sacrifices humains ont
un rôle politique.
A partir du Moyen Empire, on va considérer la tombe de Djer comme celle du dieu Osiris, et
elle fera alors l’objet d’un culte de pèlerinage.
La tombe de Djer, successeur de Hor-Aha, est tout à fait importante : Hor-Aha a été le
premier roi de l’Egypte unifié et donc a pu bénéficier des ressources.
A partir de Djer, ces chambres se multiplient. Une partie sont des magasins dans lesquels on
va trouver toutes les offrandes.
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Tombe de Meretneith : rondins de bois pour la toiture,
tumulus structuré par mur de soutènement. Il y a des
tombes tout autour, auxiliaires.
Dans la mythologie égyptienne, tertre = origine du
monde. Cette vision de la création dérive de
l’observation du milieu : après la crue du Nil (juillet, se
retire au mois d’octobre) ce sont les buttes de terre les
plus hautes qui vont émerger, et cette image a été transposée dans le mythe : avant la
création, il y avait un océan primordial (// Nil hors de son lit) le Noun. Création : butte de
terre qui émerge, sur laquelle va s’élever le 1er soleil du monde. Le complexe funéraire a une
connotation de renaissance du défunt dans la symbolique du tertre.
Enceinte funéraire : cette tombe se complète par des enceintes funéraires qui se trouvent à un
kilomètre et demi de la plaine alluviale. Ce sont des monuments considérables qui mesurent plus
d’une centaine de mètres pour une élévation de 11m de haut.
Actuellement, on connait 10 enceintes de ce type dont 8 ont été attribués à des rois précis.
L’enceinte délimite une grande surface où l’on ne trouve aucune trace de constructions sauf un petit
bâtiment qui se trouve dans la partie sud est. On imagine qu’il s’agit d’un enclos qui a servi au culte
funéraire. Toutes ses enceintes ont disparus sauf la dernière, les autres ont été arasées. Elles sont
utilisées pendant un certain temps.
On a aussi des tombes subsidiaires et des tombes de bateaux : en effet, on a une douzaine de fosses
qui contiennent des barques. Ou l’on trouve des barques en bois recouvertes par une structure en
brique qui reproduit la forme de ces barques.
On y a associé l’idée de navigation qui est le fait d’inhumer les barques, ou alors il s’agit de barques
qui sont plus symboliques, qui devaient servir au roi dans l’au-delà. Cette idée de navigation
funéraire est bien présente dès la première dynastie.
Autre élément important de la première dynastie : Abydos = berceau des rois. On fonde une nouvelle
capitale lors de la première dynastie (Hor-Aha), juste à une 20 de Km, c’est la capitale Memphis, elle
porte aussi le terme de balance des deux terres (c’est à cet endroit la vraie balance entre le nord et le
sud de l’Egypte).
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Les grands fonctionnaires du royaume vont être installés à Memphis, et ils vont se faire inhumer
juste en face : c’est le plateau de Saqqara. C’est une falaise calcaire et en bordure, et c’est là que l’on
a une série de tombes qui appartiennent à ces grands personnages.
Tombe privée : mastaba ‘banquette’. Architecture de niches et de pilastres qui rappellent la chambre
royale.
Khasekhemouy va rétablir l’unification. Son nom veut dire « les deux puissances apparaissent » (il
domine les deux parties du pays).
C’est une période troublée pour laquelle on a une statue, c’est
l’un des premiers exemples de statuaire royale en pierre que
nous voyons. Elle fait 56cm de haut. Elle est toujours en
grauwacke et elle a été découverte à Hierakonpolis (où l’on a
trouvé la palette de Narmer). On conserve un socle rectangulaire.
Ce socle est important car il marque le bloc d’origine à partir
duquel on a taillé la statue. C’est une pierre très régulière. Le
socle enserre la statue dans un espace qui lui est propre.
La pierre est polie, et donne des surfaces très lisses. Les volumes
du corps sont très simples : cette simplicité des volumes donne
cette pureté de la ligne qui caractérise la statuaire égyptienne. Il
y a déjà là une recherche d’équilibre entre le réel et une
géométrisation idéal.
Le roi sur la statue est coiffé de la couronne blanche de Haut Egypte (que l’on trouve le plus dans la
statuaire égyptienne, car elle est beaucoup plus simple à réaliser). Ici il s’agit d’un volume plus
massif, plus compact et puis résistant. Il est vêtu d’un long manteau croisé sur la poitrine et fermé
sur les jambes. C’est un manteau que l’on connait bien dans l’iconographie royale : c’est le roi qui le
porte pendant une fête que l’on appelle Heb-sed : cérémonie fondamentale à l’issue de 30 années de
règne, pour régénérer le roi vieillissant. Pendant cette cérémonie, on met le souverain à mort et puis
on le fait ressusciter.
D’après Maneto ( ?), le successeur de Khaseskhemouy est le roi Djeser qui serait le premier roi de la
3ème dynastie. Nous somme à la fin de la période de formation, et au début de la période classique =
l’ancien empire. On a l’unité du pays, la stabilité politique dans le pays. Cela permet aux égyptiens,
des évolutions dans différentes fonctions culturelles (religieux, institutionnel, …) Cette stabilité
durera 180 ans.
Le roi est le successeur de dieu, et son représentant. Il est considéré comme le seul garant de
l’équilibre du monde (mâat qui est l’ordre cosmique), de son bon fonctionnement. C’est aussi le seul
intermédiaire entre les dieux et les hommes, c’est le seul « prêtre ».
Cet ancien empire est une période de grandes réalisations et c’est notamment la période ou vont
être construits les pyramides.
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VI. L’Ancien Empire : 2700-2200 BC, de la 3ème à la 6ème dynastie
1) La 3ème dynastie
Djeser : complexe funéraire à Saqqara, au centre du plateau de Saqqara (carte). Il est sans doute
l’une des étapes majeures dans le développement et l’évolution de l’architecture mondiale. Cet
ensemble est inscrit dans une enceinte crénelée de 545m de long sur 280 de côté. Il couvre un
espace de 15 hectares.
Enceinte crénelée : qui se retrouve dans d’autres enceintes de palais.
Au centre de ce complexe se trouve la première pyramide construite en Egypte. Ce monument
s’inscrit dans une tradition avec son implantation et aussi sa structure générale. On retrouve cette
enceinte crénelée avec un accès unique au sud-est de l’ensemble, ainsi que la tombe du roi avec la
pyramide.
On a une continuité et aussi une originalité : la tombe et la pyramide sont ensembles ! Première
innovation ! Aussi utilisation de la pierre (grande innovation), c’est
la première fois dans l’histoire qu’un monument est construit
entièrement en pierre de taille (blocs de pierre taillés). Par ce
passage de la brique crue à la pierre, le monument va acquérir un
caractère d’éternité. On veut une pétrification du monument.
De façon assez exceptionnelle, on connait l’auteur. Il s’agit du chef
des travaux de Djéser qui porte le nom Imhotep. Il apparait sur ce
socle de statue, avec le nom du roi, les titres (chef de tous les
travaux du roi) et le nom de son personnage.
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on pénètre par une longue colonnade qui permet de déboucher à une cour qui est dominée par la
pyramide du roi.
Une deuxième cour se trouve à l’est de la grande cours et borde d’une série de chapelles (8) 9+10.
Sur la face nord, on a des espaces fonctionnels destinés à assurer le culte funéraire du roi.
Plus au nord encore, on a une grande terrasse, qui n’a pas encore été étudiée en détails. On a ce
grand autel pour les offrandes.
À l’ouest de la pyramide, ce long bâti factif allongé recouvre des bâti souterrains dans lesquels on a
des produis destinés au roi. 3 = tombeau du sud, deuxième tombeau du roi.
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Autrement dit, on voit dans l’évolution de ce projet architectural que l’on a affaire à une
superposition de mastaba. Cette transformation vers la première pyramide révèle quelque chose sur
les croyances métaphysiques : symbolisme ascensionnel.
Tertre primordial (mastaba = renaissance du roi) + escalier pour atteindre le
ciel.
On trouve cette idée dans les textes des pyramides qui vont apparaitre à la
5ème dynastie mais dont l’origine est très ancienne (tradition orale). Les Textes
en question nous parlent de cet escalier. On a cette idée de l’escalier qui va
permettre au roi de montrer au ciel.
Cette multiplicité des approches est propre à cet esprit égyptien. La pyramide
n’est que la super structure du monument. On a en dessous un souterrain
creusé dans le calcaire de Saqqara.
Il y a un puits qui permet d’aller à la pièce où l’on a la tombe du roi. Ce puits descend vers le
sarcophage funéraire. Cette pièce n’est pas décorée mais il y a du granit rose (pierre très dure qui lui
donne une connotation sévère. Les égyptiens vont les trouver à Assouan). Puits vertical donc !
Mais on a un autre accès, c’est l’escalier qui s’ouvre sur la face nord, juste à côté d’où il y a la tombe.
Tout autour, on a de très nombreuses galeries qui servent de magasins (où sont entreposées les
offrandes). Ces dernières sont importantes car ce sont des vases en pierre (estimation à 40 000).
À l’est de la chambre funéraire, se trouve d’autres galeries qui représentent un palais royal. Elles sont
décorées en plaquette, en faïence bleu et vert et sont enchâssées. L’ensemble évoque une paroi en
tige de papyrus, qui serait maintenue par des liens. Il s’agit de pétrification, de reproduction en
matériaux légers.
La couleur verte, celle de la végétation, est associé à l’idée de vie, de renaissance.
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La cour est bordée par deux rangées de chapelles qui sont en faites des massifs pleins, des
architectures fictives et qui sont de deux types :
- à toit cintré
- à toit plat
Il s’agit en fait, la forme des sanctuaires traditionnels de basse et Haute Egypte. On veut évoquer la
dualité de ce royaume à deux terres.
Les formes architecturales seront des formes traditionnelles.
Tore : espèce de boudin qui permet de délimiter la façade. On le retrouve partout plus tard. Celui-ci
restera dans toute l’architecture égyptienne. Ces tores vont permettre de moduler la lumière, et
d’articuler les différents plans.
La maison du nord : même principe. Un des murs comporte 3 papyrus (qui est
la plante emblématique de la basse Egypte = Nord). Il y a un parallèle avec le
mur de la cour de maison du sud, qui est décoré de fleur de Lys (signe de la
Haute Egypte = sud).
On est toujours dans cette ambiance de pétrification de végétaux, la plante est
très stylisée. La tige convexe est reconnaissable. Et la fleur est sous forme
d’ombelle.
Ce sont les premiers exemples de colonnes papyriformes qui vont connaitre un
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grand succès en Egypte. Ce sont des colonnes engagées dans le mur (on est toujours dans la phase
expérimentale).
L’entrée de ce complexe se trouve ici au côté est, on trouve une pièce : le Serdab
(petite pièce, avec aucune porte, et qui contient la statue du roi Djéser enfermée
dedans, en orange sur la plan).
Cette pièce fermée est un élément que l’on va trouver dans les tombes royales et
privées de l’ancien empire. Les deux perforations qui existent dans une face qui se
trouve au niveau des yeux de la statue sont faites pour que celle-ci puisse voir ses
« impérissables ». Elle se trouve maintenant au musée du Caire.
Le roi se trouve dans la même position que Khas, avec un vêtement qui vient
enserrer les bras. Sur le plan iconographique, les traits du visage du roi sont rudes,
et massifs avec une lèvre prédominante. On va retrouver les mêmes traits
physiques que ceux que l’on a trouvés dans la niche. Il porte une barbe (signe de
pouvoir, c’est une barbe factice), et une lourde perruque sur laquelle se trouve
cette coiffure que l’on appelle le Némès (coiffure royale que l’on va trouver dans
toutes les époques de l’art égyptien). Les yeux du roi ont probablement été
incrustés : ils ont été détruits soit pour voler les matières d’incrustation,
notamment du cuivre pour la bordure de l’œil, soit pour mutiler l’image pour
l’empêcher de voir et de nuire ceux qui viennent profaner la statue : c’est directement lié à la
conception de la statue vivante. On enlève les yeux pour qu’ils ne puissent pas les identifier.
Cette statue, quelle est sa fonction dans le temple funéraire ? Elle fonctionne comme un support qui
est désigné à avoir cette énergie vitale lors de la mort du défunt. On parle d’incarnation.
Au sud de l’ensemble funéraire, sous le mur d’enceinte, se trouve un bâtiment factice décoré de
cobras. Il y a une architecture de façade à redents : c’est le tombeau du sud.
Le mur est surmonté de représentations de cobras dressés : protecteur de la royauté, qui pétrifie les
ennemis du roi.
On a une frise d’uraei (singulier = uraeus), et un puits qui conduit à des appartements souterrains,
avec une reproduction du caveau.
Les appartements sont recouverts de faïences bleus et verts mais tout ça de manière réduite.
Cette structure a été appelé le tombeau du sud, mais sa fonction reste à discuter. Il y a deux grandes
hypothèses :
- rappel du tombeau royal d’Abydos (origine de la dynastie)
- ou tombeau fictif, qui montre les pouvoirs de la personnalité. Deuxième tombe que l’on
va retrouver vers la 4ème dynastie.
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Résumé :
- il combine l’enclos funéraire et la tombe. Ligne évolutive depuis les tombes que l’on a
vues.
Les innovations :
- création la pyramide à degrés, qui est une superposition de mastaba et une élévation
vers le ciel
- Début de l’architecture en pierre de taille : pétrification d’une architecture en matériaux
périssables (tore, corniche à gorge, colonnes…)
Les successeurs de Djéser ont conservé cette formule de la pyramide à degrés, qui se trouve au sud-
ouest. La plupart des complexes sont restés inachevés. Celui de Djéser est le plus documenté.
Rappel : c’est le 1er roi de la 3ème dynastie.
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Trois statues provenant de Saqqara, elles sont aujourd’hui au musée du
Louvre. Elles sont grandeur nature : côté exceptionnel. Elles
représentent deux personnages, le personnage masculin (Sepa) est
représenté deux fois et son épouse Nesa, au centre.
Sepa est représenté deux fois dans la même attitude qu’Hesy-Rê : avec
la jambe gauche avancée. Il porte un pagne, classique de cette époque,
et une perruque arrondie.
Nesa est représentée les deux pieds joints, pas dans l’attitude de la
marche potentielle -> statique, comme les statues de femme en
général de cette époque.
Elle porte une robe qui descend jusqu’aux chevilles, et couvre la
poitrine avec un décolleté en V. Elle est peu réaliste, car quand on regarde la statue du haut vers le
bas, on ne voit qu’elle est habillée qu’en bas, la robe laisse montrer tous ses attributs ce qui n’est pas
naturel pour un tissu. Façon de représenter que les Egyptiens ont adopté, alternative de celle
qu’adopteront les artistes grecs du drapé mouillé.
Les jambes sont massives, quasi absence de coup, les têtes sont posées directement sur les épaules
-> caractéristiques de la statuaire archaïque.
Il y a un certain nombre d’indices qui montrent que cette sculpture en ronde bosse a été conçue dans
l’espace comme des images en 2 dimensions :
Il est placé sur le socle de manière à être lu de profil (inscriptions), et tourné vers la droite. C’est
habituellement la manière de représenter l’image de l’homme en deux dimensions. C’est cette
même raison qui explique que les statues égyptiennes en 2D présentent la jambe gauche avancée ->
les inscriptions hiéroglyphiques sont en général écrites de droite à gauche, signes tournés vers la
droite. On vient à la rencontre des signes. Du coup la jambe gauche vue de profil est cachée, donc
l’artiste l’avance pour la rendre visible.
L’une des statues de Sepa présente un certain nombre de rabattement réalisés de la même manière
que l’image en 2D : le sceptre/bâton tenu de la main gauche est représenté le long du corps. En
réalité l’artiste à chercher à représenter la même image que celle en 2D représentant le personnage
s’appuyant sur son bâton, mais en 3D dans du calcaire, séparer le bâton le rendrait trop fragile -> il
est donc contre le corps.
La royauté est parfaitement établie, le pays est politiquement stable et bien organisé
administrativement. C’est une des périodes les plus brillantes de l’art, notamment de l’architecture :
époque des grandes pyramides.
1er roi : roi Snefrou. Dès les 1ères années de son règne, il
entreprend la construction d’une pyramide et choisi le site de
Meïdoum, à 80 km au sud du Caire -> ce site fait partie de la
grande nécropole memphite. Il fait d’abord construire une
pyramide en degré dans la continuation de Djéser.
D’abord à 7 degrés, puis en cours de construction : il modifie le
projet qui deviendra à 8 degrés. Les modifications étaient
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courantes dans ce genre de projet. Les appartements funéraires intérieurs montrent une innovation :
un plafond en encorbellement, fait en plaçant chaque assise de bloc en porte à faux jusqu’à ce que
les deux côtés se joignent.
Chez Djéser : le temple était contre la face nord de la pyramide, lié aux étoiles polaires et
circumpolaires. Ici changement : temple appuyé contre la face est de la pyramide -> évolution des
croyances funéraires et religieuse où on place davantage de poids sur la course du soleil.
Dernière nouveauté : ce complexe est relié à un autre temple par une chaussée (voie couverte par un
toit en pierre) qui se trouve en bordure de la vallée : temple bas (>< temple haut situé contre la
pyramide), ou temple d’accueil, où va arriver le cortège funèbre transportant la dépouille du roi,
dans lequel auront lieu un certain nombre des rites funéraires dont la préparation de la momie du
roi.
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Autour de l’an 30 du règne : il abandonnera cette
pyramide rhomboïdale et fera construire une 3ème
pyramide. Toujours sur le site de Dahchour, au nord de la
précédente : la pyramide appelée rouge. De nouveau à
pente lisse, mais cette fois de façon régulière : il n’y a
plus de rupture de pente. 220 m de côté (double de
Djéser) et 105 m d’hauteur. Il a changé l’angle pour une
pente de 43°, la pente adoptée pour la dernière partie de la rhomboïdale -> processus très
empirique, la formule est testée et si elle convient on l’adopte pour les monuments suivants. La
formule est pratique pour la stabilité du monument, et donne un aspect tassé. On a très rapidement
changé ce projet.
On ne sait pas où il a été enterré finalement, toutes ses pyramides ont été pillées il y a très
longtemps et n’ont laissé aucune trace de mobilier funéraire d’aucune sorte.
Ce passage à la pyramide à pente lisse manifeste une évolution de la pyramide en tant que
monument puisqu’ici c’est la manifestation d’un faisceau de rayon solaire, et l’emporte sur l’idée
plus concrète de l’escalier. L’escalier de la pyramide de Djéser lui permettait de monter vers le ciel,
on va alors privilégier la pente lisse (rayon solaire pétrifié, sur lequel l’esprit rejoindra le ciel).
On possède peu d’informations sur le règne de Snefrou. Pour toutes ces périodes du 3 ème millénaire,
peu de textes d’ordre historique qui permettent de donner du corps aux règnes des différents
pharaons nous sont parvenus. On possède un texte sous la forme d’une copie qui a été réalisé à la fin
du Moyen Empire mais qui remonte peut être même à l’Ancien Empire.
C’est un texte sur la vie dans la cour de Snefrou. Ce papyrus (Westcar) a été acquis dans le commerce
des années 1830, et met en scène le successeur de Snefrou, son fils Khéops, qui s’ennuie dans son
palais et dit à ses enfants de le divertir, et ceux-ci vont lui raconter des contes. Exemple : le conte des
rameuses qui est raconté au roi Khéops par le roi Baouefrê.
On trouve dans cette littérature égyptienne un certain nombre de thématiques qui vont être reprises
dans les livres de la Bible. Le principe de ces contes à tiroir, c’est aussi ce qui fait la trame des œuvres
comme les mille et une nuit.
Ce conte nous donne une image de la vie à la cour, dans une ambiance de raffinement. On retrouve
cette idée de légèreté dans le mobilier qui provient de la tombe de la mère de Khéops (l’épouse
royale de Snefrou) à côté de son fils. Ce n’est pas une tombe spectaculaire du point de vue
architectural, et on a la chance, en 1925, de trouver l’ensemble du mobilier intact.
24
Le mobilier est réalisé en bois doré. On trouve un baldaquin, avec ces
fines colonnettes qui fait écho à l’esprit de Djéser en façade des
chapelles : il y a le même dépouillement.
Il y a aussi un lit à pied d’animaux tout à fait simple, en bois doré avec ce
dispositif qu’est le lit doré.
On a un mobilier simple avec une
chaise à porteur, avec encore des
éléments dorés. Et des coffres qui
contenaient des bijouteries de la
reine. Ce qui fait la caractéristique
de ce monument, c’est surtout sa
sobriété, avec des lignes très épurés sans surcharge décorative.
Ce dépouillement qui caractérise les ouvrages ne s’applique pas
à seulement aux pyramides mais aussi à l’artisanat de cette époque.
A Meidoum comme à Dahchour, se trouve autour des monuments royaux des monuments privés
(princes, princesses…).
Vue depuis la pyramide de Snefrou à Meidoum, on a ce cimetière privé et en particulier ce mastaba
qui se trouve à proximité de la pyramide. Ce mastaba appartient à un personnage Nefermaât et son
épouse Itet. C’est le fils ainé de Snefrou, et il occupe le poste de Vizir (premier ministre).
Ce monument comporte deux chapelles décorées de reliefs. Ces dernières présentent une technique
assez originale : on a des silhouettes creusées avec des pates colorées. Le but de cette technique est
de les rendre plus résistant au temps. On est dans ce processus d’innovation dans la réalisation de
monuments éternels. Dans les textes qui accompagnent les figures, on a une allusion à cette
technique (au lieu de peindre) « que nul de peut effacer ».
On a les représentations habituelles dans ces tombes :
scènes d’agriculture, de chasse (deux personnages
accroupis avec un piège qui capture les oiseaux). On est
dans ce système de registres bien en place, on voit
comment le sculpteur va les faire entrer dans les figures :
registre étroit. Donc on a une composition de l’image
tout à fait complexe.
On trouve d’autres scènes : ici scènes de chasse dans le désert. Chien de chasse avec un collier
(domestiqué).
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Dans ce mastaba, on a une chapelle particulière, dédié à Itep : on trouve le premier exemple
conservé d’une véritable peinture, car jusque-là il s’agit de reliefs peints (reliefs colorés avec des
aplats de couleur). On y trouve cette scène dont on a un extrait célèbre : toujours scène de chasse et
d’agriculture. Scène d’oies qui est un exemple de véritable picturalité (il s’agit de peinture à part
entière). À côté de ces aplats de couleur, on a un vrai jeu de la part du peintre pour donner des effets
de plumages, de dégradés. On voit même que pour des éléments de décors, on ne prend pas la peine
de faire un contour. On est devant le premier exemple conservé de cette peinture égyptienne.
On reste à Meidoum, avec un autre mastaba qui a livré ces deux statues
étonnantes par leur état de conservation. Il s’agit d’un fils ou d’un frère,
qui porte le nom de Rahotep, et son épouse Nefert. On retrouve cette
sobriété des formes. Rahotep = prince royal. Ces statues ne donnent
aucun indice sur son statut ou sa fonction. Il est vêtu d’un pagne blanc, et
d’un collier. Ses titres sont seulement donnés sur la plaque arrière du
siège qui cache le dos des deux personnages. A première vue, on a affaire
à une personne qui n’a pas de statut particulier.
La robe de Nefert est simple : il s’agit d’une robe fourreau. Beaucoup de
sobriété, également typique de la 4ème dynastie. Le code des couleurs
dans ces images est très peu réaliste, car on a affaire à des couleurs vives,
sans nuances, avec ce code de couleur que l’on va trouver jusqu’au milieu
de l’Ancien Empire. Exemple : Carnation des hommes de couleur rouge >< aux femmes en jaune.
Rahotep est assis mais pas dans une attitude de repos : il est capable d’action, ou plus précisément, il
est dans la potentialité d’action (comme les Kouros, aussi avec les images d’Isiré).
Les visages ont beaucoup d’intensité, qui est dû aux regards des statues réalisé avec des
incrustations des feuilles de métal dans l’orbite : cristal de roche pour la cornée et pierre noire pour
la prunelle. Attention : même si le regard est vivant, ils ne regardent pas le spectateur. On n’a pas
l’impression d’un dialogue. C’est un regard qui passe au-dessus.
C’est une des caractéristiques de l’art de l’Ancien Empire, elles sont dans un monde au-delà
du réel, elles fonctionnent pour elles-mêmes. Donc elles sont placées dans un autre espace.
Khéops :
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Le fait de conserver ce noyau permet d’économiser une partie des matériaux.
Le corps de la pyramide est fait en blocs de calcaire extraits localement. Ce sont des blocs beaucoup
moins réguliers, et aujourd’hui, ce parement extérieur a disparu (il a été récupéré au M-A pour la
construction d’une muraille au Caire).
Dans ces chambres dites de décharges, qui sont des espaces de service, il y a une série de graffitis, et
là on retrouve le nom royal de Kheops.
Les conduits qui partent de la chambre dite de la reine et de la chambre funéraire traversent toute la
masse de la pyramide. Et on parle de conduits d’aération mais il s’agit de dispositif symbolique,
puisque deux de ces conduits mènent vers le nord et sont orientés vers les étoiles du nord. Et deux
autres conduits sont orientés vers une étoile, une constellation : l’étoile d’Orion, qui est une des
constellations les plus faciles à voir (on voit l’importance de l’observation du ciel dans une civilisation
agricole). L’observation du ciel est un moyen de prévoir ce qui va se passer, comme la crue du Nil.
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L’innovation qui est sans doute la plus remarquable est la position même de la chambre funéraire
(40m au-dessus de la base de la pyramide). Le fait de l’installer en haut indique qu’il a fallu élever les
blocs (qui pèsent jusqu’aux 70 tonnes).
On retrouve dans ce complexe funéraire de Khéops la petite pyramide satellite (en jaune) et puis un
certain nombre d’aménagement sous formes de fosses rectangulaires, ou en forme de barques
(naviformes, en vert). Ces fosses sont destinées à recevoir des bateaux, et l’une des deux fosses qui
se trouvent du côté sud a livré un bateau soit destiné à la vie dans l’au-delà du roi, soit l’une des
barques qui a pu servir à amener le corps du roi. Il existe une deuxième fosse à barque toujours
fermée.
Autre élément du complexe : on a 3 pyramides (GI-c-b-a). Ce sont les pyramides des 3 épouses du roi
(pointées en violet). Ceci complète le complexe funéraire.
Petite statuette en ivoire découverte à Abydos de 7,5cm, qui est identifié par
l’inscription du roi Kheops. C’est la seule représentation du roi. On retrouve des
traits de la 3ème dynastie, avec une sévérité du visage.
Les cimetières privés : à l’est, à l’ouest et le long de la face sud. Il n’y a pas du coté
nord, car la falaise descend très rapidement. C’est une nécropole organisée, et on
voit ces mastabas parfaitement alignées (comme des rues).
Rappel : La pyramide du roi Khéops est l’aboutissement des constructions de grandes tombes
royales. Ce roi construit un monument ambitieux.
La présence des cimetières privés autour des tombes du roi. De façon régulière, structuré, avec ces
« rues » de Mastabas. Mastaba = pour les privés >< pyramides pour les rois et reines.
Les mastabas de l’Ancien Empire consistent en un massif de maçonnerie plus au moins bien construit
avec un parement mieux appareillé. Le mastaba recouvre un puits qui descend dans le plateau
calcaire qui donne sur la chambre funéraire. Le puits funéraire continue dans le mastaba.
Cette façon de construire c’est la continuité de construire un mastaba avant la mort du personnage.
Du côté du soleil levant, on a une chapelle avec un décor de reliefs peints comme avec Itep, dans
l’idée de représenter les offrandes et les rituels qui vont bénéficier au défunt suivant le principe
égyptien qui continue à être appliqué. Dans ces chapelles, du coté ouest, qui font le lien avec la
chambre funéraire, on retrouve une représentation de portes (en pierre ou en bois). On voit les
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montants de la porte, on a le linteau, représentation d’un rouleau de
nattes, et entre les deux linteaux on une stèle. Il s’agit d’une stèle fausse-
porte car elle est fondamentale : c’est un passage magique entre les deux
mondes. C’est devant cette porte que va figurer une table d’offrandes en
pierres sur lesquelles on continue de déposer les vraies offrandes, et le Ka
du défunt sort de la porte pour avoir les offrandes. Si une tombe
égyptienne devait se résumer au minimum, c’est cette fausse-porte que
l’on va surtout utiliser. On y représente l’image du défunt (à plusieurs
reprises), avec son nom et ses titres (l’image égyptienne n’est pas réaliste
mais le nom et les titres permettent d’identifier le bénéficiaire du bâtiment,
et puis dans la stèle en haut, on retrouve le défunt assis devant sa table
d’offrandes).
Parmi les objets de cette époque, on a des bustes. Ici buste d’un
personnage : Ankhaef. Cette forme de buste n’est pas une forme
courante dans l’art égyptien. La forme indique qu’il s’agit d’un objet
qui se trouvait dans le « portail ». Ici on a une technique
remarquable : buste en calcaire, mais la surface a été recouverte de
couches de plaques qui permettent cette finesse de modelé.
Beaucoup de réalisme : il a des poches sous les yeux, le visage est un
peu empâté, son torse qui est celui d’un certain âge. Ici ce qui est
remarquable, c’est le fait que bien qu’il soit vizir (le plus haut
personnage de l’état après le roi), il n’y a aucun signe qui montre qui
il est.
C’est ce que l’on voit avec la statue de Rahotep.
Différences : Ankhaef -> l’âme est plus présente comparé à Rahotep. On
observe cette évolution seulement durant la 1ère dynastie.
Le successeur de Kheops est son fils Radjedef. Ce dernier va quitter le plateau de Giza
et installe sa pyramide sur le plateau Abou Roach (site le plus au nord). Tous les rois
inaugurent un nouveau plateau pour y construire leur pyramide. Les gros blocs de calcaire ont été
récupérés dès l’époque romaine pour faire des carrières : cela explique son état de ruine. C’est un
site très intéressant car il ne reste pas grand-chose pour comprendre plusieurs choses :
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- Le choix de plateau : on va mieux comprendre ce phénomène : les
constructeurs préparent les terrains et au centre ils laissent un
noyau rocheux. Sur cette pyramide, ce noyau fait gagner 44% de la
masse totale. Monument qui faisait 106m de coté pour une
hauteur de 68m.
- La chambre funéraire au fond a été creusée dans le rocher et n’a
plus été installée à 40m de haut comme avant Kheops. C’est une situation beaucoup plus
gérable.
- Ce monument est aussi le premier qui présente une assise de base qui est réalisé en
granit rose d’Assouan (>< calcaire). Cette dernière marque la puissance du soleil. Il met le
nom du dieu Ra dans son nom de roi.
- On a des appartements plus simples vers l’Est, avec le temple de culte funéraire. On peut
voir aussi les barques.
Après Radjedef, c’est son frère Chephren qui retourne sur le plateau
de Giza (rupture de tradition). Pourquoi ? Lié à des questions de
légitimation, car ce n’est pas la lignée normal, mais une lignée
parallèle (on a des problèmes de lignages).
Il construit sa pyramide au sud ouest, avec des dimensions à peu
plus petit que celle de Khéops : 215m de coté et 143 de hauteur. La
pente qu’il choisit est celle de 53 degré. C’est la pyramide que l’on
peut identifier le plus facilement car en haut on a encore le
parement. La première assise de parement est faite de granit rose.
Le temple haut (sur la face est de la pyramide) est fort ruiné, il se compose de cours à
piliers.
On arrive à ces chambres, la grande cour à péristyle, et contre la pyramide un
sanctuaire qui rappelle ce que l’on a vu avec Kheops (espaces qui deviennent de plus
en plus étroits) et qui ramène avec les 5 chapelles, chambres. Nombre 5 lié à la
titulature royale, il comprend 5 noms du roi :
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Différence d’aspect entre l’extérieur et intérieur du temple : l’aspect extérieur ne donne pas d’idée
sur ce que l’on va avoir à l’intérieur. Ce n’est qu’en rentrant que l’on découvre la configuration
intérieure. Il y a une forme de mystère.
Le temple bas de Khephren est un grand cube de murs massifs avec une
double entrée qui mène à un vestibule avec des piliers et permet l’accès à
la chaussée montante vers le temple haut.
Le temple bas est mieux conservé et a des parois entièrement en granit. On
n’a aucun décor, aucune inscription. Autrement dit, cette architecture est
très loin de ce que l’ou voit à Djéser à Saqqara : on est dans une dimension
monumentale avec des blocs imposants. C’est une architecture quasi
surhumaine. Dans ce temple bas de la vallée, ont été retrouvés 23 statues
du roi sur les murs latéraux.
Iconographie : on a l’image d’un roi qui en impose. Il est représenté dans toute
sa force : corps athlétique dans toute sa puissance, mais avec une expression
calme, sereine. On a toujours cette potentialité d’action. L’idée du bloc
rectangulaire reste très présente dans la statue. La figure reste inscrite dans le
volume donné. L’artiste est parti d’un bloc très soigneusement régularisé à partir
duquel il a fait la statue. Le regard légèrement levé est très important et est
caractéristique de l’ancien empire : il est comme pris dans une réflexion
intérieure. Ce n’est pas un regard pour le spectateur : il est dirigé vers un idéal
qui ne se situe pas dans ce monde ci.
Ce n’est que de profil que l’on voit à l’arrière de la tête un faucon qui est posé et
qui étend ses ailes. On a toujours cette coiffure en némès. Faucon : Horus
céleste, c’est le dieu qui protège le roi, et le roi d’Egypte est le représentant
d’Horus sur Terre. De face, on voit donc l’homme idéal et de profil on voit la
raison de cet idéal car il est sous la protection des dieux.
Autre monument à Giza : au nord du temple bas, Khephren va faire sculpter le grand sphinx. C’est
une statue à corps de lion et à tête humaine qui est taillée dans un massif rocheux épargné par les
carrières. Il prend des dimensions colossales, toujours coiffé d’un némès car c’est une idée qui va
avec la crinière du lion. C’est une image qui doit combiner la force du lion avec la force du roi dans
31
cette image composite que représente le sphinx. On décrit
souvent ce dernier comme jouant un rôle de gardien mais il n’y a
aucun texte qui vient confirmer cette idée. La statue faisait face au
soleil levant et le nom que les grecs ont donné à cette statue
(Harmakhis) vient de l’égyptien Hor-em-akhet (il est dans son
horizon). Il ajoute cette dimension solaire autour du site des
complexes royaux.
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Autre triade : la Déesse Hathor est au centre et elle tient le roi par la taille, on trouve
la personnification du lièvre. On a toujours cette idée de double sens de l’image.
Au terme de cette évolution, on doit retenir la rapidité des avancés sur le plan technique que
religieux. En moins de 100 ans (entre Djéser et Khéops), ça témoigne d’une accélération majeure en
l’espace de 3 générations. Les pyramides de ces 3 grands rois représentent 59% des masses en
Egypte. Ça montre l’importance des évolutions.
Construction des pyramides : ces projets jouent un rôle moteur dans l’organisation du pays. La
construction commence dès le début du règne et ce chantier nécessite une organisation précise :
l’organisation du travail et aussi l’approvisionnement nécessaire pour ces chantiers en matériaux de
constructions qui se faisaient sur place.
Partie logistique liée aux monuments eux-mêmes, le transport de l’approvisionnement plus large et
toute la main d’œuvres (=/- 25 000 personnes qui nécessitent un approvisionnement quotidien). Lors
des fouilles des 20 dernières années, on a trouvé ces « villes » qui abritaient les personnes et les
stocks d’approvisionnement (7 hectares !) avec une série de constructions en galeries très allongées
mais aussi des espaces « industriels » comme une « boulangerie », et en haut des dortoirs. On a la
nécropole de ces ouvriers à l’ouest de la pyramide de Khéops. Sur les corps, on a des lésions, …
On constate que l’on retrouve des petites tombes au bas de la colonie, et des plus importantes plus
haut avec des inscriptions (directeur du côté ouest…) : ça montre que même jusque dans la mort
cette hiérarchisation est toujours présente. On sait que le début du chantier s’accompagne de la
production pour approvisionner. Les pyramides permettent de renforcer le pays pour que toutes les
forces y participent, on retrouve le mode de fonctionnement qui a forgé cet état très centralisé.
5ème dynastie : changements de familles régnantes qui sont issus du clergé de Rê. Les pyramides de
ces rois se situent sur le site pour la plupart à Abousir.
33
A partir de la 5ème dynastie, la formule du complexe royale se standardise (déjà sous Mykérinos). Les
dimensions de la pyramide se fixent à 78m de coté (150coudées) et 52m de hauteur (100coudées).
On abandonne aussi les très grands blocs de plusieurs tonnes pour revenir à ceux de plus petits
calibres. Le noyau de la pyramide va être constitué d’un comblement de pierres très mal appareillées
que l’on place au centre de la pyramide. Cela explique ce mode de constructions plus hâtives.
Pourquoi faire évoluer vers ce système plus simple ? On a d’abord cru que c’était du à la durée de
règne de moins longue, mais il s’est avéré que ce n’était pas une raison.
En réalité, l’effort est porté sur le temple funéraire plus complexe et plus grand. Mykérinos est
considéré comme le modèle. L’importance de ce culte solaire à travers les temples est encore
illustrée par la création, à côté du temple funéraire, des temples solaires qui sont des monuments de
culte (pas funéraires !).
Ces temples solaires de la 5ème dynastie se trouvent au nord d’Abousir et reprennent des éléments
que l’on retrouve dans les complexes de temples h ?. La pyramide est remplacée par un obélisque
avec dimension trapue. Il s’agit d’une forme nouvelle qui représente la forme géométrisé de la pierre
sacrée qui se trouve à Héliopolis. Cette pierre sacrée, c’est la pierre Ben-Ben (au jour de la création
du monde, le soleil se pose d’abord sur une pierre et puis continue sa route).
Donc l’obélisque représente le premier soleil. Il est précédé d’une grande cour ouverte, devant
laquelle on a une grande table d’offrandes où étaient déposées des
offrandes directement aux rayons du soleil.
Résumé : voir image ! Mykérinos sert de modèle pour la 5ème et 6ème dynastie. On a une formule que
l’on garde durant toute la 6ème dynastie.
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Exemples de statuaires :
- Statue de Pepi Ier en calcite : iconographie -> roi avec la couronne blanche
de haute Egypte. Il porte les vêtements hebset, et sur le dossier se trouve
un faucon (=Horus). C’est l’iconographie classique, avec une qualité très
loin de la statuaire royale. On est dans un déclin de la statuaire. La calcite
donne un aspect savonneux. Parmi les éléments stylistiques qui
permettent de le reconnaitre comme celui de la VIème dynastie sont la
proportion donnée : mains de grandes dimensions. On a clairement une
perte de cette forme d’expression pendant la Vème et VI dynastie.
Les tombes de dignitaires privées vont aussi se développées de façon
considérable pendant ces deux dynasties, au point que les mastabas sont
devenus entièrement occupés par des chambres intérieures.
Mastaba de Mererouka
35
Les différentes chambres sont toutes ornées de reliefs.
Dans la chambre A3 : représentations dites de la vie
quotidienne, de la fabrication de l’offrande qui va être
produite au bénéfice du propriétaire. L’idée est donc
toujours la même mais on développe ces idées de façon
exponentielle. On retrouve des scènes plus anecdotives.
On a aussi le travail du métal, avec la pesée de métaux
qui vont être utilisés et les résultats réalisés par les
nains. On retrouve une très grande richesse de
représentations de tout ordre.
Ici on retrouve toute la vie dans ces scènes, avec tout ce que l’on connait, depuis les périodes les plus
anciennes : fabrication, chiens et chasseurs (ordre sur le chaos), cueillette, danses, vinification. On a
une richesse iconographique. Elle apporte beaucoup d’informations sur les activités menées.
On assiste à une féodalisation de la société, dans laquelle le roi va perdre une grande partie
de son autorité.
L’Egypte rentre dans une période de crise très grave : politique, social et économique. La société
égyptienne reposait sur la personne du roi en tant que garant du bon fonctionnement du monde et
seul intermédiaire avec les dieux. Avec la disparition de son autorité, tout le système va s’effondrer.
La fin de la 6ème dynastie a sans doute beaucoup de causes. Pépi II a régné 90 ans d’après la tradition
mais on a des traces de 66 années de règne, cela entraine une certaine instabilité. On a aussi
l’argument du climat, qui ramène des crues moins importantes et donc des problèmes de récolte, qui
entraine des problèmes économiques. On sait que c’est vers cette fin, autour de 2200 BC, que se met
en place le climat actuel de l’Egypte.
Durant tout l’ancien empire, on voit que l’Egypte était plus humide qu’aujourd’hui. Toutes ces
nécropoles ont un environnement de steppes avec des herbes, des girafes.
Ce n’est que vers 2200 qu’une dernière phase d’aridification est apparue, et a joué un rôle dans
l’effondrement de l’empire.
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VII. Première Période intermédiaire (2200-2033) dynasties 8 à 11
On arrive à la première période intermédiaire du pouvoir centrale, qui va de la 7ème dynastie (qui n’a
pas existé) jusqu’au une partie de la XIIème dynastie. On a une dislocation du pouvoir central, et
quelques-unes des provinces émergées deviennent des puissances : on va avoir plusieurs dynasties
qui vont devenir concurrentes. 7 et 8 = Memphis, 9 et 10 = dynasties de la ville Hérakliopolis qui
devient un centre.
La Première Période intermédiaire subit des révoltes et violences, pillages et renversement de
l’autorité. On en a la trace à travers des textes, comme Les lamentations d’Ipouer = montre le
contexte dans lequel on est. Place pure = nécropole. C’est l’image d’un monde à l’envers, ou les
pauvres deviennent des riches. « Peuple comme un troupeau effarouché sans berger ».
Cette crise se marque dans la production artistique. La référence de l’art officiel devient moins
contraignante et les modèles disparaissent. Cet art de cette période est plus populaire, beaucoup
moins savant et surtout plus spontané.
Il y a tout de même une évolution à noter pour ces modèles qui descendent des murs, on a une
conception du temps qui est ici plus réaliste. Elles ne sont pas organisées aussi géométriquement que
l’image en 2D. On a des membres qui se détachent du corps. Ces modèles montrent que l’on
s’approprie l’espace. Il y aussi beaucoup plus de mouvement et un rapport au temps moins
temporel. Ce sont aussi des groupes qui sont représentés.
En statuaire, on représente le roi, le dieu, le propriétaire de la tombe (comme un support) >< à mnt
ce sont des statues des serviteurs.
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VIII. Le moyen Empire (2033-1710) : dynasties 11 à 13
Reconstruction de l’état par cette dynastie thébaine (dès moitié 11ème dynastie). Le corps de ce
moyen empire, c’est la 12ème dynastie.
La 11ème dynastie est originaire de Thèbes, qui sera la capitale du Pays (donc Louxor) >< Memphis.
C’est de cette période que va dater le premier état du temple d’Amon à Karnak. Ce grand sanctuaire
de Karnak va s’agrandir et sera, durant le premier millénaire, le plus grand domaine religieux.
Amon est un petit dieu local de la région thébaine qui est à l’origine le dieu du vent. Amon « signifie
le caché ». Il va devenir le principal dieu du royaume et va être associé aux vieux dieux de Memphis
comme Ré pour former une divinité hybride : Amon-Ré qui deviendra une grande divinité. Sur la rive
ouest du Nil se trouve la nécropole de Thèbes. Toute cette nécropole va être utilisée comme grand
centre religieux.
On est dans l’un des cirques formés. C’est cet environnement qu’il choisit
pour faire installer son complexe funéraire. Il va abandonner la forme de la
pyramide pour avoir quelque chose de plus approprié dans son contexte. Une
pyramide aurait été écrasée par l’environnement. Autre raison pour laquelle
il l’abandonne (pas tout à fait), on voit que toute cette nécropole est
dominée par la cime qui forme une pyramide naturelle. Elle est présente de
façon naturelle et plus puissante sous le plan symbolique.
L’allée amène à une avant cour qui été plantée d’arbres, et qui mène à une rampe
bordée de chaque coté d’un
portique. Cette rampe axiale
permet de monter sur une
grande terrasse entourée par des
rangées de 3 piliers octogonaux.
Ce massif central et ses colonnes
sont entourés d’un mur
d’enceinte. On a un portique comme celui de la façade. En contournant ce massif, on arrive dans une
cour en péristyle qui donne accès à une salle hypostyle (soutenu par des colonnes). Le reste du
temple est creusé à même la falaise. Au fond de cette salle hypostyle se trouve le sanctuaire, avec
une probable statue royale.
Au milieu, on a l’accès vers les appartements souterrains, donc la tombe du roi. On accueille le roi au
cours de la montagne.
Les architectes sont ingénieux car ils donnent à cet édifice beaucoup de légèreté, il est organisé très
largement sur des horizontales qui répondent aux plans horizontaux de la montagne. On a une
architecture intégrée dans son contexte.
On a une chambre funéraire qui mène à une chambre funéraire avec des voutes et une simple
chambre funéraire où devait se trouver la tombe.
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La salle hypostyle, avec des reliefs. L’art
revient à ses canons de proportions, à ces
règles. On sent que l’on est revenu à une
ambiance organisée.
Statue qui a été trouvée dans une deuxième chambre souterraine dans l’avant cour
qui précède le temple. On a une belle statue de Montouhotep II « la porte du
cheval ». Statue de 1m38 et donc à taille humaine. Statue intéressante car :
- Position classique avec un trône et le roi est représenté dans une position
type hebset et avec un corps pris dans un manteau blanc, il est coiffé de
la couronne rouge
- Couronne rouge qui montre la réunification. On l’utilise peu d’habitude
car pas pratique mais ici : raisons politiques
- La puissance de cette statue avec des pieds énormes. Elle est massive, on
a une déformation qui donne beaucoup de force à cette statue. On a une
volonté de traduire sa force dans le cadre de cette unification de
l’Egypte.
- La couleur des chairs qui sont représentées en noir. Ici le noir est la couleur liée à la
renaissance (couleur de limon). Ici, l’évocation de cette couleur noire : « On a des
personnages avec des couleurs noires ou vertes, qui font ref à Osiris, le grand dieu des
morts et son culte se dev lors de la Première Période Intermédiaire. Les conditions de vie
sont devenues difficiles, aléatoires. On espère une vie meilleure dans l’au-delà. On a le
dev de religieux de salut comme la religion osirienne. On projette ses espérances dans
l’au-delà. D’où son importance ». On a une statue « osiriaque » du roi.
Ici il s’agit d’un plateau de plus d’un 1m de long qui représente le défunt dans ses fonctions. Il est
protégé du soleil avec les scribes et il inspecte les troupeaux (peut être pour les taxes). On a une
évocation des fonctions administratives du défunt.
On entre dans le moyen empire à proprement parler, la 12ème dynastie est l’apogée
de cet empire. On a la confirmation de cette unification. Le moyen empire montre
une des périodes les plus grandioses. On voit un âge d’or : 3 rois importants en
rouge.
La capitale va être déplacée à Licht. Le but est le même que les plus anciens, donc
pour mieux contrôler un pays. Mais Thèbes reste, en tant que berceau de la
royauté, un centre religieux extrêmement important.
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Le premier grand règne est celui de Sesostris Ier et son activité a été développée à
Karnak (centre religieux au début du Moyen Empire). On a l’aménagement du
temple d’Amon durant ce Moyen Empire (entouré en rouge). Pendant toute son
histoire, le saint des saints est toujours resté là. On a une cour, où il ne reste plus
rien car c’était du calcaire, que l’on a réutilisé pour être brulé dans les fours au
Moyen-Age.
Les seuils de granit rose restent. On pense qu’il y avait des grands piliers
osiriaques. Et puis on arrive à une cour de péristyle, on entre dans un espace plus
sacré. On ne peut pas en dire grand-chose.
On a une série de 10 statues du roi en calcaire, trouvées déposées dans une fosse à l’intérieur du
temple funéraire. Elles montrent le roi assis dans cette attitude bien classique. Par rapport à la
statuaire royale de l’ancien empire, le Némès est très géométrique. On a quelque chose de bien
plus rigide. Le trait le plus remarquable est le très léger sourire. C’est le premier exemple de roi
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souriant dans cette statuaire. Les yeux sont différents et plus au contact du spectateur. Ceux-ci
marquent un changement dans la conception de la royauté au Moyen Empire.
Ceci est traduit ici timidement. Ce changement s’exprime mieux encore dans la
statuaire de Sesostris III et son frère Amanomes III. L’image du roi est très différente.
Les proportions et les modelés sont certes plus remarquables que sur la statue de
Sesostris I. Ce qui marque surtout c’est l’aspect fatigué donné au roi. Les yeux sont
mis clos, marqués par des paupières lourdes, des cernes. Traits d’une personne
âgée. Un autre trait est la taille des oreilles qui sont anormalement grandes par
rapport aux visages mais qui sont aussi très rabattues (presque perpendiculairement
au visage). C’est un trait qui était déjà visible chez Sesostris I. Ces caractéristiques
sont typiques d’une image très différente de l’ancien empire.
On explique ce changement dans un certain nombre d’ouvrages, comme traduisant une volonté
nouvelle de réalisme dans la statuaire égyptienne. Donc on serait face à de véritables portraits du roi
qui ne cherche pas à cacher les défauts, il s’agit de représenter le roi tel qu’il est.
Sesostris III (Louvre) : on a les pommettes saillantes, la bouche tombante, la poche sous les yeux du
roi.
Sesostris III (British Museum) : d’autres statues montrent le roi jeune comme ici et on considère
toujours dans cette même histoire de l’art, que ces statues ont été réalisés quand il était jeune. On
va vers une image plus réaliste.
En posant cette interprétation, on inscrit cette statue dans une temporalité (moment de sa vie, de
son règne, de son parcours). Ceci est l’explication habituelle.
Corpus de Sesostris III, étudié par Roland Tefnin. Ce dernier monte que ces images font passer un
discours (la vision que l’on veut donner de l’idéologie royale). Il donne une autre interprétation, en se
basant sur des textes de propagandes de l’époque. Il faut aussi noter que le roi est représenté avec
un visage fatigué, âgé, mais le corps du roi est celui d’un jeune homme. Il y a là un premier constat
qui doit nous alerter car ce n’est pas purement réaliste.
Tefnin le montre de façon évidente par ce linteau d’un temple qui se trouve à Medamoud (Près de
Karnak), le roi Sesostris III est représenté en 3 reprises faisant l’offrande au dieu Montu (dieu de
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Medamoud). Lorsque l’on regarde ces deux représentations du roi,
on voit que le dieu est représenté sous les traits d’un jeune homme,
et avec des traits plus âgés. On a la confrontation des deux. En réalité,
dans cette double image royale, on est dans une complémentarité
entre la jeunesse et la sagesse de l’âge mur. On n’est pas dans le
réalisme mais dans l’univers de la sémiologie (signes).
Ici le roi est idéalement jeune et vieux. Il combine les côtés positifs de la jeunesse, et
de la vieillesse.
Les textes littéraires de l’époque viennent nous éclairer, ces derniers dressent un
portrait de ce roi idéal. Ce portrait n’évoque pas le droit divin à régner mais met
d’abord en avant ses qualités, sa fonction de domination militaire, de protecteur de
son peuple… C’est ce qui est mis dans les textes littéraires.
Toute la production littéraire de cette époque, dans une action de très grande
envergure, est faite pour instaurer la confiance auprès du peuple. On veut remettre
en valeur les principes de cette royauté égyptienne à régner, et puisque les textes
vont dans ce sens, on a toutes les raisons de penser que les statues subissent aussi la
propagande.
Pourquoi l’image en 3D, pourquoi investir dans cet art figuré ? On sait que les rois de la 12ème
dynastie ont fait poser des statues pour faire passer un message médiatique. Ce discours politique
passe par le texte pour la petite minorité de lettrés et surtout par les images en 3D ou 2D sur les
bâtiments.
Si ces statues participent à ce discours, comment exprimer un message par la statuaire ? Les artistes
vont trouver le moyen de le faire par la définition classique du corps jeune.
Les textes mettent en avant le fait que le roi est à l’écoute de son peuple. Les artistes font passer ceci
par le signe de l’écoute, alors on agrandit ses oreilles (expression à sa capacité à écouter son peuple
>< tare). Selon les textes, le roi ne dort pas longtemps, il est celui qui veille pendant que son peuple
dort… Comment traduire plastiquement ce thème de la veille, de la fatigue ? On fait des yeux
fatigués en manque de sommeil. Ils traduisent l’image du roi père, surveille ses enfants mais en
même temps l’aspect négatif est opposé à son corps jeune. On compense ce risque potentiel avec ce
corps musclé (qui montre sa force et sa capacité de maitrise).
Cette conception nouvelle correspond parfaitement à l’évolution de la royauté ici plus proche de
l’humain que le divin. De façon plus général, cette image royale égyptienne apparait comme un
discours très pensé, réfléchi, loin d’un portrait réaliste. Il est important de ne pas s’arrêter à la
première lecture. On doit se méfier « des dangers de l’immédiaté des images ».
Amenemhat III : ses traits sont moins marqués mais on remarque toujours
l’accent mis sur les oreilles. Il ne s’agit pas de portraits ! Son bas de visage est
plus important par rapport à son père, Sesostris III. On a des éléments de
personnification, d’individualisation mais il ne s’agit pas de réalisme dans le
sens photographique du terme.
A droite : statue du roi avec les bras posés à plat sur un pagne avec une
forme triangulaire qui est une iconographie particulière : « roi en déférent ».
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Ce sont des statues qui sont placées dans le sanctuaire des temples pour éterniser le
geste de dévotion du roi envers les dieux. Les statues sont faites dans leur quasi-
totalité pour être mises dans un bâtiment.
Statuaire privée à gauche : Statue de Khertihetep -> Les traits de fatigués sont atténués mais on
retrouve les grandes oreilles… on a ces éléments qui nous
permette de le placer dans la 12ème et 13ème dynastie.
Ccl : l’image privée copie l’image royale, on ne peut donc pas parler
de réalisme !!
A la fin de la 6ème dynastie, les nomarques prennent beaucoup plus d’autonomie. Ils vont se faire
enterrer dans des nécropoles privées comme ici à Beni Hassan (16ème nome de Haute Egypte, celui de
la gazelle). On a les tombes des nomarques près de la rive orientale du Nil (exception !!).
Les parois sont décorées et on retrouve tous les thèmes que l’on connait
depuis l’ancien empire. On retrouve autour de la porte cette scène de
chasse et des marais (scène à valeur de protection, victoire de l’ordre divin).
Il y a aussi les scènes de préparation d’offrandes par des artisans, en
relation avec les fonctions du défunt. Ce qui est différent ici, c’est que le
décor n’est pas réalisé en reliefs mais peint directement sur la paroi
(comme les oies de la 4ème dynastie).
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Picturalité ici : exemples de la tombe de Khnoumhotep II : personnages qui
ne sont pas égyptiens (signes des orientaux, signes des asiatiques). Ici un
acacia avec des oiseaux, et un intérêt presque descriptif de la représentation
des différents oiseaux dans les scènes.
Ici les oiseaux sont sur le point de se faire capturer mais en fait malgré le
danger d’être capturés, ils restent sereins. On retrouve une action en dehors
d’une temporalité, ce n’est pas ici une image de tenderie mais c’est son idée
générale qui est représentée. On a le retour à une dimension métaphysique
de l’image.
À la fin de la 12ème dynastie et la 13ème dynastie, l’Egypte connait une phase d’affaiblissement dont les
raisons sont encore obscures. On a des dynasties parallèles sur des territoires divisés. Ce sont donc
les 14ème, 15ème et 16ème dynasties qui correspondent à cette 2ème période intermédiaire.
La 14 et 15 dynastie = Hyksos (chefs des pays étrangers). Il s’agit de différents peuples originaires du
Proche Orient. Ce sont des populations du sud de la Palestine qui se sont installées dans le delta,
dans le Nord de l’Egypte. On a des traces dans les documents du Moyen Empire : à la faveur de ce
trouble, ils vont prendre le pouvoir au nord et forment les 14ème et 15ème dynasties. Capitale Avaris.
Ces Hyksos sont des guerriers comme nous montrent leur tombe avec des armes. Ils introduisent des
nouveautés comme l’usage du cheval, et surtout des chars de bataille et cette introduction du char
de combat va être très vite adopté par les égyptiens. Ces troupes d’élite vont être une des clés de la
royauté.
Et puis de manière contemporaine, on a la 17ème dynastie originaire de Thèbes qui va reconquérir le
pays. D’abord toute la zone nord de Thèbes, et puis le delta. Suite à cette reconquête, nous passons
de la 17e à la 18e dynastie, ce passage s’effectue avec ces trois rois : Seqenenrê Taâ II, Kamosis et
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Ahmosis. Jusqu’à la fin de la reconquête, on a la réunification du pays avec le dernier roi = Ahmosis
autour de 1550 AC.
Ce nouvel empire se constitue en partie de la 18 ème dynastie, 19ème et 20ème dynastie avec les Ramsès.
Durant cette 18ème dynastie, l’empire égyptien arrive à son apogée politique et économique. Ces rois
ont une politique de conquêtes, de campagnes militaires qui repoussent les frontières. Il arrive
jusqu’à la 4ème cataracte. Les pharaons du nouvel empire vont jusqu’à l’Euphrate à la limite de
l’Anatolie. La volonté de ces conquérants est d’abord établir des zones tampons entre l’Égypte et les
voisins. On veut stabiliser la situation pour que les Orientaux ne viennent pas. Cette expansion
contribue à la richesse, car toutes ces régions payent des impôts à la cour de pharaon et vont
apporter une richesse extraordinaire (comme Toutankhamon). Tous les produits comme le cuivre,
l’huile, le vin… arrivent en Egypte.
Ces conquêtes vont être le fait d’Amenhotep Ier. Thoutmosis Ier arrive jusqu’à l’Euphrate,
Thoutmosis III va le solidifier.
C’est donc l’ouverture de l’Egypte vers l’étranger. A cette époque-là, ces conquêtes mettent l’Egypte
encore plus en relation avec les voisins (civilisations Minoenne et Mycénienne). Ces contacts
amènent de nouvelles divinités en Egypte, de nouvelles techniques.
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Représentation de tauromachie à Knossos à droite, à Avaris à gauche. Iconographie bien connue dans
le monde minoen. On a pu établir que ces fragments de fresques sont l’œuvre d’artistes minoens en
Egypte. On a donc des relations entre les grandes puissances étrangères.
Hatchepsout (femme) règne comme Pharaon, en tant que successeur de Thoutmosis II. Ce n’est qu’à
la mort d’Hatchepsout que Thoutmosis III récupère le titre d’Egypte. C’est une époque troublée en
politique intérieure. Le fils de Thoutmosis III, Amenhotep II…
- l’épisode amarnien : on a une nouvelle rupture avec le règne du fils d’Amenhotep III,
Amenhotep IV. Rupture majeure. Il amène une réforme religieuse très importante. Le
clergé du dieu Amon est devenu très important grâce aux richesses et le roi dédie une
partie de ses richesses au dieu Amon (en réalité c’est le clergé qui en profite). Le clergé
d’Amon devient tellement puissante que Amenhotep IV, qu’il va s’affranchir du clergé et
refuse le culte du dieu Amon et donne un nouveau culte, Athon.
On passe d’un polythéisme égyptienne à un monothéisme. Athon = forme du dieu soleil. Il
change son nom (qui contient le nom Amon) par Akhenaton. Il ferme donc tous les
temples d’Amon et déplace la capitale vers un site totalement vierge (un lieu non occupé
par les anciens dieux). Qui est le site d’Amarna crée par Akhenaton ! Peu de succès !!
La situation se complique autour de 1200. On a l’arrivée d’une population (peut-être du nord) dont
on trouve des traces (des peuples de la mer), qui arrivent sur le bassin méditerranéen. On voit la
disparition de la civilisation mycénienne, hittites, et l’Egypte va résister.
Ramsés III met fin à ses affrontements et résiste. Pendant toute cette période des Ramsés, tout part
en vrille.
Ce nouvel empire est originaire, avec la 17ème dynastie qui la menée au pouvoir, de Thèbes, et même
si la capitale administrative du pays se fait à partir de Memphis (dans le nord du pays ppur raison
stratégique contrôle du delta), Thèbes va rester la capitale religieuse de l’Egypte.
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Et en particulier le temple d’Amon Ré à Karnak, va devenir en tant que principal lieu de
culte, devenir le plus grand centre religieux du monde antique.
Les impôts, les taxes, les ressources apportées par les conquêtes militaires vont d’abord profiter à
Amon Ré et son clergé. Le temple deviendra un état dans l’état. Il a été fondé sous la 12ème dynastie,
sanctuaire modeste. Pendant 2000 ans, tous les pharaons vont y prendre soin et laisser leur nom. Ils
l’agrandissent, le transformer et l’embellir par une série de dispositifs.
Ce complexe religieux de Karnak va se développer pour occuper une superficie de 123 hectares.
Durant tout le nouvel empire, c’est le sanctuaire qui a été construit au moyen empire qui est resté le
plus sacré du temple.
L’axe principal du temple est orienté est-ouest dans laquelle le dieu peut sortir
de sa maison. C’est à l’occasion de processions que le dieu parcourait les
chambres.
On a aussi un deuxième axe qui va vers le nord.
La particularité de Karnak est l’axe nord-sud qui permet aux processions de se
rendre dans le sanctuaire de la déesse Mout (l’épouse d’Amon). Cet axe nord-sud
permet au dieu Amon de rendre visite à sa femme, mais aussi de se rendre vers
un autre temple, celui de Louksor, plus au sud.
Donc deux axes principaux qui structurent le temple de Karnak.
Le cheminement à l’intérieur du temple se fait comme dans un temple égyptien : succession de cours
et de salles hypostyles (plafond supporté par les colonnes). On va vers de espaces plus petits, de
moins en moins hauts. On a une évolution, elles deviennent de plus en plus secrètes. On a cette idée
d’avancement vers le secret (Amon = le cacher (dieu du vent)). Idée de progression et de
cheminement vers le plus petit, le plus sacré.
Le passage ouest –est est marqué par une série de portes monumentales (pylônes) qui donnent
accès à une cour suivante. Ces pylônes sont formés de grands massifs de pierres qui encadrent le
portail et ils comportent comme des niches qui étaient destinés à recevoir des grands mats de bois
contenant comme des drapeaux qui manifestent la présence de dieu au temple.
Les deux pylônes représentent les deux montagnes de l’horizon >< mais d’habitude on trouve un
pylône. Ici on va en trouver 10. Sur l’axe est-ouest, on a 6 pylônes et 4 autres (7 à 10) sur l’axe nord-
sud.
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Ces pylônes portent un décor monumental décoré de bas-
reliefs qui montrent le roi en offrande devant le dieu (roi dans
son rôle de prêtre) ou des scènes de domination militaire face
aux ennemis (comme sur le pylône 7ème de Thoutmosis III).
Iconographie qui rappelle la palette de Narmer.
Le roi est représenté comme attaquant face aux ennemis qui
lèvent les bras qui implorent la pitié du Pharaon. On est dans
une sorte de chaos, c’est une façon de mettre du contraste
entre les deux représentations. Roi = stable >< ennemis =
chaos. On voit que certains sont représentés avec des visages
de face (c’est rare car on est à l’opposé de la représentation
égyptienne qui représente de profil). Les Asiatiques ne sont
pas représentés à l’égyptienne, c’est pour montrer qu’ils n’ont rien à faire dans le système égyptien.
Iconographie accompagné d’un petit ovale surmonté par un buste, où il y a les noms de peuples qui
sont vaincus par Pharaon (pas dans l’histoire = pour représenter Pharaon victorieux face à ces
ennemis potentiels). Message : Pharaon garant de la Mâat.
Un autre monument dans ce temple de Karnak est la grande salle hypostyle qui se trouve dans la
partie antérieure du temple. Cette salle construite par Seti et achevé par Ramsès II se trouve entre
les pylônes.
48
Elle est grande, colossale, avec une allée centrale composée de
deux rangées de colonnes papyriformes à fleurs ouvertes qui
mesurent chacune 22m de hauteur et 3m50 de diamètre. Et
puis de part et d’autre de cette allée, tout l’espace de la salle
est occupé par une forêt de colonnes (122 colonnes
papyriformes à fleurs fermées). La travée centrale est plus
haute, et dans les coins on a des ouvertures qui permettent de
laisser passer la lumière (seule source de lumière).
Il y a des colonnes moins hautes (14m75). Ces chapiteaux de
l’allée centrale sont les seuls à être directement illuminés, et ce sont ces
colonnes qui sont représentées comme épanouies dans la lumière >< à celles
de la salle plongées dans la pénombre qui présentent des fleurs fermées.
Toute cette salle est l’image symbolique de l’océan, une vie en potentialité. La nef centrale
symbolique l’espoir de vivre. On a une traduction monumentale à travers cette architecture de la
création du monde. L’architecture participe à un discours.
Autre aspect intéressant de cette salle : les dimensions monumentales. On se perd dans cette
architecture. On n’a pas de points de repères. On est dans un univers qui va au-delà la dimension
humaine. Il n’y a pas moyen d’embrasser la salle d’un seul point de vue. Cette architecture ramesside
n’est plus une architecture statique (comme avant), il faut se déplacer pour jouer dans les différentes
masses. Cette salle hypostyle traduit une évolution de la conception de la vie des égyptiens. On
cherche à impressionner les visiteurs par son côté théâtral.
On a un « petit »temple annexe dédié au dieu Khonsou, qui est le dieu enfant (triade Ré, Mout et
Khonsou). Le dieu se déplace dans sa barque.
Ces processions vont avoir lieu à l’occasion de fêtes et lui permettent de rendre visite à son épouse
Mout et aussi à un autre temple qui est celui de Louqsor.
Temple de Louqsor
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Il n’est pas orienté comme les autres
avec un axe nord-sud, ce qui montre que
ce temple est annexe à celui de Karnak,
tourné vers le temple du dieu à Karnak.
On a une première partie, avec une
succession de cours, qui deviennent de
plus en plus petites.
Amenhotep III va monumentaliser ce temple en le faisant devancer par une
gigantesque cour péristyle (2 rangées de colonnes), cour ouverte à l’air,
reliée au culte du dieu solaire.
Et il va aller au-delà de cette monumentalisation, il va précéder cette
grande cour solaire par une grande colonnade qui donne accès à la salle
solaire. Cette colonnade a été construite par Amenhotep III et le décor a
été réalisé par Toutankhamon.
La dernière partie est une grande cour péristyle et surtout le grand pylône.
Ceci est un ajout par Ramsès II à la 19ème dynastie. On a deux pylônes avec
des obélisques dont une qui est encore en France, Place de la Concorde.
La colonnade, avec déjà cette monumentalisation de l’architecture, est en
réalité une innovation d’Amenhotep III. On veut impressionner les gens.
On passe sur l’autre rive du Nil, car Thèbes n’est pas le seul temple. Il y a la nécropole des nouveaux
rois. Nécropole qui constitue le berceau du Nouvel Empire. On a les tombes royales et aussi les
tombes de grands dignitaires. Le nouvel empire va introduire une évolution majeure dans la tombe
royale.
En général, La tombe et le lieu de culte funéraire sont réunis (comme avec la pyramide). Au nouvel
empire, on va scinder cela en 2 parties :
- La vallée des rois au cœur de la montagne, où sont enterrés les rois, ne présente aucun
aménagement de culte. Une fois aménagée, on ferme l’accès et ils disparaissent de la
vue.
- Les temples du culte sont toujours nécessaires et vont se développer dans des temples
mémoriaux (funéraires), qui s’alignent en bordure de la plaine alluviale, des cultures.
Deir el Bahari
L’architecture d’Hatchepsout va insérer le monument selon les horizontales et les verticales qui
ressemblent à celui de Montohotep II.
On a un temple donc avec une construction horizontale, qui se compose de 3 terrasses qui vont être
successives et reliées par une rampe inclinée. Chacune des terrasses est rythmée par un portique qui
50
vient donner au monument la verticalité qui est nécessaire à un lieu sacré comme celui-là, et donne
aussi toute sa légèreté. On a pour résultat quelque chose qui s’intègre bien face à la falaise.
51
dieu Amon qui a pris les traits du mari). Union du dieu avec la reine mère. On la reconnait
par le vautour (reine mère) et on voit en face de façon très chaste le dieu Amon, et ce
dernier dépose la vie dans sa main. Scène suivante : ici la reine mère avec le ventre
arrondi et elle est emmenée par deux esclaves pour accoucher. A travers l’image, on veut
affirmer sa légitimité au pouvoir
Il se trouve au centre de la nécropole en bordure des cultures, on est dans un espace plus ouvert que
Deir Al Bahari. On retrouve une architecture typique de celle du temple égyptien : on a une
progression régulière. Culte d’abord rendu à Amon.
Ici le sanctuaire se trouve à l’ouest (inversé par rapport aux autres). On trouve d’autres espaces de
fonction royale ou économique.
52
On a dans l’angle sud-est un palais royal (en bordure sud de la première cour du
temple), où le roi pouvait séjourner à l’occasion de cérémonies. Puis on a des espaces
économiques (en noir), qui sont des entrepôts dans lesquels sont entreposées toutes
les possessions du temple. Ces réserves vont aussi servir pour les salaires. Chaque
temple royal a ce procédé.
La tombe fait un coude (comme le monde de l'au delà qui est un monde assez étrange, et ce
dispositif doit représenter la topographie du monde de l'au delà). La chambre funéraire est la maison
de l'or = or associé à la chair des dieux. C'est dans cette salle à piliers que se trouve le sarcophage
royale qui renferme le cercueil. Cette chambre d'ailleurs a une forme ovale avec des angles arrondis
qui évoquent la forme du cartouche dans lequel est inscrit le nom du roi, qui est une version allongée
du signe de chén qui signifie l'éternité. Il s'agit ici d'inscrire le corps du roi dans cette représentation
du cycle éternel à travers la forme de la chambre funéraire.
On a des pièces annexes qui sont autant de petits magasins dans lesquels on pose des offrandes pour
son voyage dans l'au delà.
Ces chambres (au moins la chambre du sarcophage et celle à piliers) sont décorées. Et le décor est
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une thématique exclusivement religieux, il s'agit d'images qui viennent illustrer des textes de
descriptions de l'au delà. Ce sont ces formules funéraires comme celle des textes des cercueils que
l'on regroupe sous le nom de livres funéraires avec le livre des morts
(pour sortir au jour selon les Egyptiens).
Ces compositions funéraires royales sont donc regroupées dans des
livres qui portent des noms : l'Amdouat (ce qui se passe dans l'au delà
= décrit le voyage de Ré à travers les 12 heures de la nuit car le roi
doit accompagner ce voyage), Litanies de Ré, le livre du jour et de la
nuit (décrit le ciel et le solaire pour donner les outils au roi pour son
voyage dans l'au delà).
Ce site n'abrite pas uniquement des tombes royales. On a 62 tombes répertoriées et il n'y a pas 62
rois dans ces tombes.
KV 5 : tombe des fils de Ramsès II. Fouille toujours en cours, il y a une centaine de tombes. Cette
tombe est pour les princes royaux. On sait que Ramsès II a eu 110 enfants masculins et donc ce sont
les tombes de ces fils qui sont installées là. C'est la plus grande tombe d'Egypte.
On retrouve des simples petits puits avec une pièce dans laquelle ont été enterrés des personnages
privées, des vizirs (premiers ministres) ou des dames qui ont porté le titre de nourrice royale. E
Tombe plus grande -> tombe de Youya et Touyou qui sont les parents de l'épouse d'Amenhotep III.
Ouchebti ici qui sont nombreuses pour ces personnages, faits en pierres dures avec des dorures et
une manufacture très caractéristique. On retrouve aussi un char démonté. Le père d'Amenhotep III
était commandant des troupes d'élites de l'armée égyptienne.
On ne peut pas parler de la Vallée des rois, sans parler de la tombe de Toutankhamon (KV 62) qui
donne une idée des richesses qui devaient contenir les tombes de cette 18ème dynastie.
Rappel : dynastie militaire et de conquêtes. Apogée de sa puissance économique à la fin de la 18ème
dynastie.
54
Cette tombe n'est pas une tombe royale dans son plan. Ici
tombe de petite dimension avec 2 passages (et pas 4), on
a une antichambre avec une petite annexe depuis les
fouilles de Carter, cette anti chambre ramène à la
chambre. Il s'agit d'une tombe qui n'a pas été réalisé au
départ pour un roi. On est plutôt dans l'architecture des
privées qui sont enterrés dans la vallée des rois.
On est dans une période de rétablissement à Thèbes, Toutankhamon règne une dizaine d'années et
meurt assez jeune de sorte qu’une tombe royale n’était pas prête.
Exemple de bijouterie :
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- Coffre en bois dont la surface est recouverte d’enduit. Ce coffre
montre une scène de bataille que l’on retrouve sur le couvercle.
Scène de bataille avec des chars et des chevaux qui bondissent. Le
roi protégé par les divinités et suivant par des registres avec des
archers… à gauche, c’est l’univers égyptien et devant c’est la
masse informe des ennemis avec le chaos.
On quitte la vallée des rois pour en arriver aux nécropoles privées. La nécropole thébaine, c’est aussi
la nécropole des hauts fonctionnaires qui viennent se faire enterrer près de la tombe du roi entre la
plaine alluviale et la vallée des rois. Ces nécropoles privées occupent 2km1/2. Elle est divisée en
secteurs (conception moderne), en différents cimetières dans lequel on a donné des noms.
Cour de la tombe, avec dans la façade l’accès qui adapte une forme de T inversée
(forme typique de la tombe royale : salle en largeur, et ensuite il donne accès à une
salle qui s’appelle le long passage vers l’occident qui ramène vers une niche
(passage dans l’autre monde = point de contact entre les morts et les vivants).
Ces chapelles sont donc les parties qui comportent un décor, le plus souvent peint.
C’est l’âge d’or de la peinture égyptienne qui s’individualise par rapport aux reliefs
peints. Ici ce sont plus de 450 tombes qui présentent ces décors peints.
À cette époque de la 18ème dynastie, les richesses abondent dans le pays et c’est ce que l’on va
représenter dans les parois de certains tombes (commémoration du statut).
Exemple : Vizir Rekhmiré. Pour commémorer ses fonctions, on représente ces scènes dans les
tombes. On retrouve différents registres avec des égéens, africains qui amènent les produits de leur
région, syriens (pour montrer de l’importance de l’Egypte). On a cette fonction de commémoration
et l’illustration de cette richesse qui vient au pays.
Durant le règne qui suit celui de Thoutmosis IV, on a la tombe de Menna. On est plus du tout dans
l’image du début du 18ème et bien avant. On arrive dans des carnations plus naturelles. Une évolution
qui marque ce raffinement de la société vers un canon de beauté très jeune. Il est clair que ces hauts
personnages thébains ont vieillis mais c’est la façon dans laquelle ils se font représenter.
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Caractéristiques uniques :
- nez court et des yeux qui s’allongent en amande jusqu’aux tempes.
- Façon de représenter les vêtements. Perruque précise, avec des nattes tressées.
Une grande sophistication qui montre cet art de vivre, on peut aller vers un certain
maniérisme. La façon de représenter ces robes est
remarquable avec ces effets d’ondulations qui n’ont pas
de poids. Du côté des vêtements masculins, on est loin
du vêtement traditionnel. On est avec des plis.
Autre exemple qui montre cette évolution de la peinture vers une forme plus libre :
- Scènes de banquet : au milieu de l’image, on a 3 musiciennes qui animent
les scènes. On retrouve ces canons de beauté (nez court), mais avec un jeu de la
part du peintre dans les postures (jeu de courbes entre les différents
personnages). L’unité du groupe est assurée par le personnage qui se retourne
(rare), on a toujours cette ambiance luxueuse (ambiance de cour). C’est un chef
d’œuvre de la peinture considérée par le peintre même car ces 3 figures ont été
recouvertes par un vernis (c’est ce qui explique les coulures) ce qui est tout à fait
inhabituel.
Exemple : fragment de tombe thébaine. Représentation de banquet de cette haute société avec ces
grandes dames thébaines servies par des servantes. Toujours ambiance de volupté.
On a aussi la littérature qui est une forme importante. On voit fleurir un style littéraire qui est la
poésie amoureuse. Cela touche le moindre objet de la vie quotidienne (fard…) Chants du harpiste
dans les scènes (harpiste souvent aveugle).
58
différents rites religieux. La forme de la tombe elle-même va prendre l’aspect d’un petit temple avec
à l’entrée un petit pylône. Elle devient un temple dans lequel le défunt fait offrande au dieu. La
tombe n’a plus le même destinataire.
La statuaire est le mode d’expression majeur pour faire passer le discours politique de la royauté.
Il semble que cette formule a dû être mal reçue car plus tard ce compromis va
évoluer. Elle va se faire représentée en homme en suivant l’aspect
traditionnel. C’est le roi Hatchepsout qui est représenté agenouillé dans
l’attitude de l’offrande avec les petits vases globulaires (Nou).
C’est donc une attitude depuis l’ancien empire en relief mais on voit que la
musculature est beaucoup plus puissante, moins gracile et avec une poitrine
tout à fait masculine qui est ici souligné par les traces de peintures rouges
(chair masculine).
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Cet exemple d’Hatchepsout nous montre que cette statuaire égyptienne ne peut pas être considérée
comme une forme de portrait. Il est évident que ces représentations royales avaient des traits
personnels, mais la statue est avant tout un moyen pour faire passer un message politique.
À la fin du règne, on revient aux canons traditionnels. Ce média va être modifié en fonction du
message véhiculé. On arrive à une fiction la plus absolue et qui est lié à ce règne atypique (car c’est
une femme).
Successeur d’Hatchepsout, Thoutmosis III. Sans doute l’un des plus beaux
exemples de la statuaire égyptienne. Statue provenant du temple de Karnak. Les
traits du visage sont individualisés. Le roi est représenté dans un âge idéal, dans
une jeunesse éternelle. On voit à travers cet exemple que la royauté égyptienne a
retrouvé son pouvoir absolu comme à l’ancien empire.
Thoutmosis III était le plus grand conquérant de cette époque. On ne trouve plus
dans cette image le souci de prendre soin du peuple (grandes oreilles, fatigué…)
mais ici on donne l’image d’un souverain absolu. On ne revient pas tout à fait à
l’image de l’ancien empire (roi tout à fait détaché dans le monde des dieux) mais ici
on maintient un contact avec le roi.
La perfection technique est totale avec des jeux de lumières, le tracé des yeux et
les sourcils qui sont marqués graphiquement (>< pas de jeux de volumes : on a
bien un dessin). On retrouve les yeux étirés en amandes.
On retrouve Thoutmosis III, avec la tête d’une statue qui vient de son temple
funéraire à Beir-Al-Badari. Même perfection plastique avec un visage qui
semble moins individualisé, visage qui est davantage conventionnel. Le roi
est toujours représenté dans un âge idéal (et ce sera ainsi jusqu’à la fin de
son règne (plus de 60 ans), mais en pleine possession de ses moyens.
La peinture : le milieu de la 18ème dynastie est marqué dans l’art par des figures plus juvéniles, plus
sophistiquées, et c’est un peu ce que l’on trouve dans cette statue d’Amenhotep III découverte en
1989 dans la grande cour solaire de Louksor. On retrouve toutes les caractéristiques.
C’est une statue de statue : socle qui supporte un traineau, qui porte lui-même
la statue.
Image : statue trainée par son traineau, il y a un jeu sur l’image. Et on retrouve
ces caractéristiques donc avec ce roi très jeune, avec des yeux en amandes,
nez court et retroussé dans les peintures, et puis surtout ce qui frappe sont les
traits du visage : la paupière, la bouche, sont marqués de façon très graphiques
et peu réalistes. Eléments pratiquement dessinés mais pas traités par des
reliefs.
On voit que l’on a affaire à cet art conceptuel qui est l’art égyptien, on se
détache de la réalité. Ces statues en particulier, avec ces traits si marqués, sont
irréalistes. Ce sont des statues qui appartiennent à la fin du règne
d’Amenhotep III, et plus précisément avec sa fête de 30 ans (sed).
Et puis on a pu montrer qu’il a eu cette particularité de se faire diviniser dès son vivant. On lui donne
une dimension divine.
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Statues d’Amenhotep III : traitement des yeux moins naturels que sur
les autres statues. On est dans le domaine du conceptuel (royauté
divine).
Exemple : petite tête de la femme d’Amenhotep III (reine Tiyi) en bois d’if : raffinement.
Amarna - Akhenaton
Durant cette 18ème dynastie, le clergé devient une puissance politique qui rivalise avec celle de
pharaon : il contre l’évolution de la religion, plus précisément au clergé Amon. Les textes nous
apprennent que pendant cette époque, la religion s’est retirée du peuple qui ne comprend plus
grand-chose.
On veut revenir à une religion plus simple, plus proche du peuple avec Akhenaton. Changement assez
brutal ! Il va faire abandonner tous les cultes pour un seul dieu qui est le disque solaire Aton (une des
formes de ce disque solaire est celui que l’on voit dans le ciel).
Il va simplifier cette religion. L’idée c’est le soleil comme on le voit est responsable de toutes les
manifestations de la vie, et il va donc faire fermer et interdire le culte de tous les dieux et en
particulier celui du dieu Amon (il ferme le temple d’Amon-Ré à Karnak). Il va même employer des
ouvriers qui vont effacer le nom d’Amon dans toutes les inscriptions. Il va décider de fonder une
nouvelle capitale sur un site vierge : en moyen Egypte Tel el Amarna.
Il va y construire une ville qui rappelle le cercle thébain, il l’appelle :
l’horizon d’Aton. Il y met des temples du dieu Aton (ci contre). C’est la
première fois que l’on a une religion monothéiste. Et ces temples sont
différents de ce que l’on a vu : ils ne comportent pas de plafond mais
ont une succession de cours de plus en plus petites à ciel ouvert. On a
des autels sur lesquels on dépose les offrandes de sorte que les rayons
du soleil puissent toucher cela.
Pourquoi est-ce différent ? Ce disque solaire est visible, donc il n’a pas besoin de représenter. C’est
un grand bouleversement dans la tête des égyptiens : révolution dans la conception même du
monde.
Temple avec une succession de pylônes, espaces ouverts sans emplacements.
Dès lors que la conception même de l’image divine a changé, cela va influencer l’art. Et c’est en large
partie ce qui permet d’expliquer cette transformation radicale dans l’art. (On avait déjà quelques
caractéristiques dans l’art d’Amenhotep III car on représentait le roi tout le temps en jeune). On
l’appelle « l’art atoniste ».
Statue avec pharaon qui porte un pagne qui remonte très haut mais qui descend très bas
devant. Sur un certains nombres de statues, le roi est représenté nu et asexué. Les yeux
du roi sont étirés au point d’être presque fermés comme s’il clignait des yeux pour voir
61
l’astre solaire. On a un regard presque mystique en regardant
son dieu qui l’éblouit. La bouche est très charnue et le menton
très développé. Ce sont tous les traits du visage et du corps qui
sont intensifiés avec l’arrondi des hanches qui est très
développés qui donnent une apparence féminine.
De même ce pagne donne un aspect qui évoque la
représentation caractéristique du dieu Aton, sous la forme d’un
disque solaire qui se terminent par des petites mains. On en
arrive à une image qui assimile le dieu et le roi.
On a voulu interpréter les images d’un point de vue pathologique mais c’est dire que l’on considère
cet art comme réaliste ! Ce qui est tout à fait le contraire.
Les textes de cette époque sont censés être écrits par Akhenaton, qui ne se présente pas comme le
dieu sur terre mais comme le prophète, comme son représentant sur terre. Le dieu s’incarne en lui et
c’est ce qui explique ce genre de représentation. En tant que son représentant, le roi va porter dans
son corps les caractéristiques du dieu : le roi est fait à l’image de son dieu.
À la lumière de cet éclairage, on peut comprendre assez naturellement ces représentations qui
montrent des caractéristiques androgynes propres au soleil. Ce dieu combine l’aspect masculin et
féminin. Double nature du dieu avec des traits féminins (hanches, courbes). Aspect plutôt androgyne
et non asexué.
Architecture
Sculpture
Exemples : corps féminin en quartzite -> corps d’une princesse royale (une de leurs filles).
62
Épanouissement des bassins, plis plaqués sur le corps. Ce qui est caractéristique de cette
culture amarnienne ou atoniste est qu’on a l’impression que la sculpture est modelée à
l’intérieur.
Capacité à s’affranchir de cette forme géométrique.
Image en jaspe jaune avec des lèvres qui donnent l’impression d’être humide. On croit
que c’est la reine Tyti.
Cet art n’aura pas de lendemain. Son règne va durer 17 ans et le clergé d’Amon va
reprendre le contrôle. Le fils d’Akhenaton, Toutankhamon (ci contre), va faire ouvrir les
temples et restaurer le culte d’Amon et donc c’est la fin de l’art amarnien.
On revient à une image canonique, conventionnel. C’est le retour à l’orthodoxie.
Pour cette période post amarnienne, on a une image qui a nouveau reste dans cette
tradition classique. Le règne de Ramsès II durant la 19ème dynastie est sans doute le
dernier règne. On revient à un classicisme complet. L’art ramesside est monumental,
destiné à impressionner. On a une production de ce roi qui est très abondante car il a eu
un règne très long, ce qui laisse du temps pour réaliser des monuments. Il a aussi usurpé
les œuvres précédentes. Il n’y a pas de critère de ressemblance physique, il y met juste son nom.
Abou Simbel
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Medinet Habou, Ramsès III
Episodes présentés sur les parois du temple funéraire : combats avec les
peuples de la mer -> le roi avec les chevaux, on voit les peuples de la mer
sont tués par le roi.
On va voir à cette époque (1150) une présentation du roi en héros à travers
de grandes représentations qui peuvent être mis en parallèle avec ce qui se
passe à la même époque en Grèce, qui présente aussi ces grandes épopées.
Ce règne va donc être comme une sorte de dernier sursaut de cette culture
de l’empire vers le premier millénaire, qui est une période durant laquelle
ou l’Egypte va connaitre une domination nubienne, puis les assyriens, puis
perses, puis grecques.
Conclusion : art égyptien différent dans ses fonctions avec un rapport au monde.
Introduction
L’Egypte pharaonique fait partie de l’imaginaire collectif de l’Occident depuis l’Antiquité. Dès cette
période elle joue le rôle d’un phare culturel important, son art et iconographie en seront imités dans
le couloir syro palestinien et l’Egée.
Deux piliers antiques de la culture occidentale : Grèce classique et civilisation hébraïque (berceau du
christianisme), toutes deux fortement influencés par l’Egypte. Elle a été mythifiée depuis toujours,
avec beaucoup d’idées reçues.
A travers l’histoire
Les Grecs tenaient en haute estime la civilisation égyptienne. Dans leur pensée, cette civilisation était
très ancienne et une sorte de société idéale.
Mais y a-t-il vraiment eu une société organisée « la plus ancienne » à l’origine des autres ?
Aujourd’hui la pensée grecque n’a plus de sens, surtout avec l’émergence des sciences de la
préhistoire.
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Avec l’archéologie : dates. Niveau politique -> a commencé avec l’unification du royaume d’Egypte,
vers 3050 avant notre ère (palette de Narmer). Mais c’est plus compliqué, il y a tout un processus de
formation d’une identité culturelle qui a mené à ça, qui remonte au milieu du Vème millénaire
AC. Mais il n’y a pas vraiment de continuité culturelle sur une telle période, les origines de la
civilisation égyptienne restent floues.
Les découvertes intellectuelles des Grecs prenaient leurs origines, selon eux, dans la tradition
égyptienne.
Cette culture s’est répandue dans le bassin hellénistique, jusqu’aux Romains, héritiers de la culture
grecque (eux même héritiers de l’égyptienne). Se développe alors une égyptomanie, avec entre
autres adoption des cultes égyptiens.
Grèce : vision égyptophile. Culture hébraïque : plus égyptophobe. Mais l’attitude de cette dernière
est plus ambiguë : il y a un certain respect pour le savoir des anciens Egyptiens, et l’Egypte a servi de
terre d’accueil pour sauver des héros des saintes écritures.
Mais l’Exode biblique est plus représenté comme un mythe fondateur de l’identité culturelle d’Israël
que comme l’épisode historique, la religion monothéiste présentée comme introduite par Moïse est
en réalité plus tardive que l’évènement historique.
Que s’est-il réellement passé ? Selon des études de sources historiques, l’épisode de l’Exode a bien
eu lieu mais pas comme la Bible le relate. Les Hébreux seraient des populations de tribus de
Bédouins du Proche Orient occidental, connu dans les textes pharaoniques comme Apirou. Il se
situerait entre l’époque de Ramsès II et la fin du Nouvel Empire. Il ne concernerait qu’une population
restreinte de quelques familles. Ce serait d’ailleurs plus une expulsion qu’une décision collective.
Le processus d’affirmation de l’unité religieuse de la nation juive a amplifié cet épisode, suite à une
crise iconoclaste (propre aux religions monothéistes) qui a pris l’Egypte pour cible. La religion
pharaonique était perçue comme l’antithèse du monothéisme juif.
Mais d’un autre côté l’Egypte a eu un rôle important dans la constitution de leur identité suite à cet
épisode, ce qui créé une ambiguïté.
L’Egypte a créé sa propre version de l’Exode (notamment suite à l’épisode monothéiste
d’Akhenaton), avec une animosité vis-à-vis des monothéismes.
A la Renaissance : nouvelle vague d’égyptomanie, centrée autour de ce mystère des hiéroglyphes. Ils
conserveraient de manière cryptée un savoir ésotérique fondamental, des auteurs gréco-romains
croyaient déjà à ce mythe // philosophie platonicienne : les signes représenteraient les Idées.
Même à l’université de Bologne on prétendait donner des cours de hiéroglyphes.
Un des moteurs principaux de cet intérêt fut la découverte d’une copie des Hieroglyphika de
Horapollon (Vème) au début du XVème : on pensait que c’était l’œuvre d’un Egyptien traduite en
grec, expliquant une série d’hiéroglyphes, mais les commentaires de l’auteur sont plutôt fantaisistes.
Cette vision allégorique empêcha longtemps leur déchiffrement, jusqu’à Champollion qui résolut le
mystère en 1822. L’écriture hiéroglyphique combine des signes pouvant remplir trois fonctions :
idéogramme (note un concept + racine phonétique associée), phonogramme (transcrivent un ou
plusieurs sons), déterminatifs (véhiculent une idée sans connotation phonétique).
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Pour les Egyptiens, le hiéroglyphe est plus qu’un outil de transcription de la parole, il représente
l’essence véritable des choses, connotation divine et magique. Cette combinaison des images
permettant de dire plus que la seule suite des sons explique deux caractéristiques essentielles de
l’écriture monumentale de l’Egypte antique : la conservation exceptionnelle de son caractère
figuratif d’origine pendant plus de trois millénaires, et le refus des anciens Egyptiens d’adopter un
système de notation entièrement phonétique.
La maîtrise du système hiéroglyphique était l’apanage d’une caste de prêtres spécialisés.
Ecriture hiératique, puis démotique : version cursive des hiéroglyphes, pour un usage quotidien.
1789-1799 : expédition, qui se solda deux ans plus tard par un échec militaire, diplomatique et
économique. Mais beaucoup d’informations ont été recueillies par la commission de savants (167)
l’accompagnant. La mode du style « retour d’Egypte » envahit les arts, la littérature,…
Mais l’engouement pour l’égyptomanie remonte en fait à l’Antiquité. Même sous Henri II, Louis XIV
et Louis XV des monuments à leur gloire s’étaient ornés d’obélisques ou de sphinx, symboles de la
civilisation pharaonique. Les francs maçons (expansion au XVIII) y ont aussi contribué.
Le discours sur l’ancienne Egypte a donc évolué durant le siècle des Lumières. Les intellectuels de
cette époque considèrent que leurs connaissances de cette culture ne sont pas assez développées
pour en autoriser une bonne compréhension.
La première édition correcte de textes hiéroglyphiques ne voit le jour qu’en 1774 grâce à Carsten
Niebuhr.
Les tentatives de déchiffrement des hiéroglyphes se sont multipliées : père Bernard de Monfaucon
(1724), révérend William Warburton (1738), abbé Barthelemy (1762). Ces découvertes ont sans
doute aidé Champollion à exécuter sa tâche.
L’expédition de Bonaparte est donc le produit de son temps, c’est à lui que l’on doit la création de
l’Institut d’Egypte avec une Commission des Sciences et des Arts, et la Description de l’Egypte (…).
C’est à un soldat de l’expédition (Pierre François Bouchard) que l’on doit la découverte de la pierre
de Rosette en 1799.
Religion
La propagation des cultes isiaques était avant tout liée à de l’incompréhension en matière de
religion. Les divinités zoomorphes étaient fascinantes pour les Romains et leurs divinités
anthropomorphes. D’autres ont utilisé ces représentations zoomorphes : le Proche Orient ancien,
l’Inde, la religion gréco romaine, mais dans l’imaginaire collectif occidental elles sont indissociables
de l’Egypte antique.
Cette religion consiste en un système explicatif du Monde, les Egyptiens concevaient l’univers
comme composé de deux parties distinctes : l’au-delà (dieux, morts, domaine de l’essence des
choses), et l’ici bas (face visible des réalités méconnaissables de l’autre monde). Les animaux étaient
les médiateurs idéaux entre les deux sphères. Les forces de la nature s’expriment constamment dans
le monde des anciens Egyptiens.
Animal = manifestation terrestre d’une divinité -> il existe une corrélation essentielle entre les deux.
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L’animal en acquiert un caractère sacré : moyen de communication de et avec la divinité. Puis au
Nouvel Empire : élevage de troupeaux d’animaux sacrés destinés à être inhumés, pour établir un
contact plus direct avec les divinités (demande personnelle de faveur).
Il faut aussi tenir compte de phénomènes purement iconographiques. Les intellectuels égyptiens
n’imaginaient pas leurs divinités comme des humains à tête animale -> symbole ! L’iconographie
peut changer selon la facette de la personnalité qu’ils veulent évoquer.
Animal dans pensée égyptienne = signe, manifestation tangible d’une force supérieure, pour
manifester certaines caractéristiques d’une divinité (qui reste fondamentalement incompréhensible).
Cette idée remonte à l’Antiquité. L’archéologie permet aujourd’hui de nuancer cette croyance, qui
reste fondamentalement exacte : ils dépensaient une grande énergie pour apprêter leurs « demeures
d’éternité ». Mais il ne s’agit pas de préoccupations morbides : ils cherchaient à poursuivre les
délices de la vie d’ici bas. Les temples et les tombes sont encore bien conservés par ailleurs,
contrairement aux vestiges de la vie quotidienne : scission.
L’ensemble de ce que nous appelons art égyptien (témoignages de la culture monumentale, en
matériaux impérissables) a pour but de créer un point de contact avec l’au-delà.
Rites funéraires : aussi fondés sur la médiation nécessaire entre les deux parties du Cosmos. Le
défunt se présente sous une apparence divine pour accéder à l’ordre cosmique des vraies réalités.
Cet accès est lié au respect et à la pratique de la Maât (solidarité active et réciprocité) -> elle garantie
une autre fore de survie importante : celle du défunt qui perdure dans la mémoire collective.
La renaissance du défunt dans l’au-delà implique encore une condition : la conservation du corps
(momification). Le défunt est considéré comme un être vivant à part entière.
La vision égyptienne de la destinée du défunt est donc plutôt optimiste : le mort peut continuer à
profiter des délices d’ici bas pour l’éternité. Leurs réalisations funéraires pérennes sont donc plus
une ode à la vie.
La croyance en une malédiction des momies remonte à l’Egypte ancienne. Cette croyance est liée à la
qualité de conservation des morts. A l’époque chrétienne des grandes figures de l’Eglise se sont
opposés à l’idée que la survie de l’âme était liée à la préservation du corps. Les pilleurs de tombes
s’armaient de formules magiques pour contrer les mauvais sorts !
A la Renaissance, on importait des momies, on les réduisait en poussière et leur poudre était utilisée
comme remède de jouvence. Les cabinets de curiosité exposaient aussi des momies dans leurs
sarcophages, et le sujet a été traité dans beaucoup de romans et de films.
Différents facteurs ont alimenté cette croyance : tout d’abord, les Egyptiens pensaient que leurs
morts avaient la faculté d’intervenir dans le monde des vivants. Il y a aussi l’excellent état de
conservation de certaines d’entre elles, qui nous donnent l’impression d’être devant un être vivant
endormi. A la fin du XIXème/début XXème on a entendu plusieurs histoires de malédiction, dont la
plus célèbre est celle liée à la tombe de Toutankhamon.
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« L’Egypte est la patrie de la magie »
La magie égyptienne était très renommée pendant l’Antiquité. Cette idée reçue résulte du fait que la
magie était un des fondements essentiels de la pensée égyptienne.
Toute magie repose sur l’idée que l’homme peut intervenir sur les mécanismes qui interagissent au
sein de son univers // religions : lors de prières et rites, on invoque une aide divine pour modifier le
cours naturel des choses.
Dans le modèle égyptien (dichotomie entre l’au-delà et l’ici bas), pour agir sur le réel on doit
atteindre la cause véritable des phénomènes (au-delà). D’une manière générale, la magie a été
donnée aux hommes « comme une arme pour s’opposer à ce qui advient ». Elle nécessite la
connaissance de l’au-delà et est la compétence de savants initiés, qui l’utilisent à des biens communs
ou à des fins plus individuelles.
Le Nil a eu un rôle très important, et a beaucoup contribué à l’existence des civilisations ayant foulé
le sol égyptien. L’Egypte en est une sorte d’immense oasis. L’appellation « la terre noire » fait
référence aux dépôts terreux apportés par la crue annuelle du fleuve.
Ses fluctuations régulières rythment le cycle de l’année pharaonique, les activités agricoles,…
En tant que voie de communication, il a permit l’unité politique et culturelle d’une vallée longue
d’environ 1500 km et large d’1 à 20 km, et il a aussi aidé au transport de grands monuments.
Il a apporté une grande fertilité (« le grenier à blé de Rome »). Le fait que la nature leur ait été si utile
a entraîné un retard dans la technologie de la gestion de l’eau.
L’Egypte est probablement née des avantages procurés par ce fleuve miraculeux.
Afro-centrisme : mouvement idéologique du milieu du XXème (principal chef de file : Cheikh Anta
Diop), qui vise à restaurer la conscience historique de l’Afrique noire, notamment en faisant des liens
entre l’Egypte pharaonique et les sociétés africaines traditionnelles.
Revendication répandue : lien avec l’ancienneté mythique de la civilisation égyptienne.
Trois arguments essentiels sur « les origines nègres de la civilisation égyptienne » : les Egyptiens
étaient basanés et s’appelaient eux même les « Noirs » ; occupation du sud au nord (depuis « le
monde nègre ») ; langue égyptienne similaire avec d’autres langues africaines.
Les hommes étaient effectivement peints avec la peau brune, mais pas les femmes !
Ils ne s’appelaient pas « les Noirs » mais « ceux de la terre noire ».
L’iconographie pharaonique démontre qu’ils se distinguaient des Noirs africains.
De plus, l’émergence de la civilisation égyptienne n’est pas due à l’invasion d’un peuple nouveau,
mais aux autochtones rassemblés sur les berges du Nil.
Pour finir, langue égyptienne : groupe de langues chamito-sémitique.
Population pharaonique : fusion entre mondes africains, méditerranées et proche orientaux (//
géographie). Seuls les pharaons de la XXVème dynastie étaient d’origine nubienne.
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« La femme égyptienne jouissait d’un statut égal à celui de l’homme »
Femmes de la société pharaonique : statut particulier. Cette thématique a été récupérée aujourd’hui
sous deux formes : théorie d’un matriarcat originel, et théorie des débuts du féminisme. Mais cette
projection de nos valeurs dans l’histoire nous fait s’approprier le passé -> prudence méthodologique.
Société pharaonique : essentiellement masculine, matriarcat appliqué à leurs lointaines origines
préhistoriques et en se basant sur la supposition que les pharaons épousaient leur propre sœur
(détentrice du sang royale légitime). Mais c’était en fait exceptionnel ! Le titre « sœur du roi » fait
référence à un lien affectif, et non biologique.
Vision féministe basée sur les dispositions légales en matière d’héritage qui protègent les veuves.
Mais c’était plus pour leur garantir une subsistance qu’elles ne pouvaient s’assurer seules.
- Reine = principe féminin du Cosmos. Elles pouvaient exercer une régence, et Hatchepsout
sera même pharaon.
Mais en comparaison avec ses homologues de civilisations antiques voisines, elle jouissait d’une
position sociale enviable.
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Encore une fois : attribuer à l’Egypte antique l’invention d’une valeur fondamentale. On a toujours
pensé que la religion de Moïse avait une origine égyptienne.
Akhenaton : personnage historique, contrairement aux autres fondateurs de religion. Il a imposé
(trop) rapidement la première religion monothéiste de l’histoire de l’humanité (astre solaire : Aton).
Cette religion a aussi pu se faire ex nihilo, ses origines remonteraient à un courant de pensée
antérieur à son règne : la nouvelle théologie solaire. Mais : échec, son règne se solda avec deux
évènements malheureux qu’on attribua à une sanction divine (défaite face aux Hittites et peste).
Mais devons nous y voir l’origine de la religion judéo-chrétienne ? Non, les points communs sont dus
à une convergence de caractéristiques propres aux religions monothéistes, pas à une filiation.
Dans l’esprit des égyptophiles : femme parfaite. Mais nous ne savons que très peu de choses à son
sujet. Son nom signifie « la belle est arrivée ».
Il y a une abondante documentation iconographique de cette époque qui nous montre le couple
presque dans son intimité // religion atoniste : on ne représente plus le pharaon en vis-à-vis avec la
divinité, mais sa vie quotidienne. Cette iconographie nous renseigne plus sur la trinité que ce couple
forme avec Aton, et non sur le personnage historique de Néfertiti (qui fait écho à Hathor).
Buste de Berlin : visage symétrique, mais il a été avéré comme étant artificiel et construit.
Elle nous reste donc inconnue, malgré les nombreuses représentations. Nous n’avons accès qu’à
l’image que les souverains voulaient donner d’eux.
Découverte de sa tombe en 1922 (un siècle après Champollion) par Howard Carter et Lord
Carnarvon. Trésor fabuleux et décès qu’on pouvait mettre en relation avec la tombe.
On a toujours pensé que, maudit, ce pharaon avait été assassiné. Mais le rejet officiel de son enfant
roi est trop postérieur au décès de Toutankhamon pour étayer l’hypothèse d’un assassinat.
Marc Gabolde, égyptologue français, a clarifié cet épisode de l’histoire pharaonique (le règne de T.).
Il est né comme Toutankhaton « l’image vivante d’Aton » (il était avec certitude le fils d’Akhenaton et
de Néfertiti). Ses parents le laissent orphelin alors qu’il a environ 5 ans (leurs morts sont sans doute
liées à l’épidémie de peste de l’époque, évoquée plus haut). La situation actuelle nécessite alors un
roi fort, Toutankhamon étant trop jeune il est mis de côté par sa sœur de 13 ans, Méritaton. Elle
revient à l’orthodoxie, devient pharaon, puis meurt : son frère prend alors le pouvoir et épouse sa
sœur restante, Ankhesenamon, pour renforcer leur légitimité (mariage consanguin exceptionnel). Il
se rattache au passé antérieur à l’épisode atoniste, et meurt avant ses 18 ans.
Contrairement aux acteurs de l’épisode atoniste, qu’on a tenté de faire oublier à l’époque, le
souvenir Ramsès II a eu une place de choix dans la mémoire collective égyptienne.
Bible : son nom désigne la nouvelle capitale qu’il fit construire dans le delta, Pi-Ramsès (la demeure
de Ramsès) où le peuple hébreu aurait travaillé selon l’Ancien Testament.
Les auteurs classiques en parlent beaucoup, pour ses exploits militaires notamment.
Suite à Toutankhamon, la XVIIIème dynastie disparait, le trône d’Egypte est occupé par des parvenus
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issus de la caste des généraux : seul Ramsès Ier parvient à créer une nouvelle dynastie, dont Ramsès
II sera le troisième pharaon (suite à Séthi Ier). Période d’apogée, la dernière de son histoire.
Ramsès II : mégalomanie, propagande et médiatisation de sa personne. Il entreprend des réalisations
ambitieuses, quand il ne s’approprie pas les œuvres de ses prédécesseurs.
La bataille de Qadesh s’est même révélée comme étant plus une demi défaite qu’une demi victoire.
Il est sans doute le pharaon le plus célèbre, mais était-il vraiment le plus grand ?
Elle doit sa renommée au fait que son sort a été lié à d’autres grands noms, tels que César,
Auguste,… Après sa mort, nombreux documents ont été détruits par Octave, il nous en a laissé un
souvenir peu enviable. En Egypte son souvenir a tourné à la « légende dorée » en revanche. La
polémique sur sa personnalité remonte donc à l’Antiquité, et sera ravivé aux Temps Modernes.
Elle fut une habile politicienne, voulant préserver jusqu’au bout l’autonomie de son royaume, et les
alliances qu’elle a conclut ont aboutit à de véritables romances.
Et son nez ? Etait-elle belle ? Tous les commentateurs antiques s’accordent à lui attribuer un charme,
lié à son discours et sa voix. Elle était très cultivée, et parlait une dizaine de langues.
Une image célèbre reste également son suicide mythique : soit à l’aide d’aiguilles empoisonnées, soit
à l’aide d’un aspic, on retiendra la version la plus romanesque.
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