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Histoire de la philosophie
Epoque contemporaine
Didier Debaise
Sylvain Delcomminette
Odile Gilon
Arnaud Pelletier
[TRAN-B100]
_________________________
2017-2018
Introduction
La philosophie contemporaine ? En quoi elle se distingue de celle des autres
époques ? 5 axes, obsessions, particularité se retrouvant parfois de manière
implicite dans d'autres époque, mais qui sont fondateur dans l'époque
contemporaine :
a) Axe généalogique
On interroge les fonctions de pouvoir, les valeurs, les conflits, une trame en
deçà du concept. Avec des tensions sous le concept, des conflits de valeurs...
Bodart Ophélie 2
b) Axe de l'historicisation des concepts
Ça ne veut pas dire faire l'histoire d'un concept, revenir en arrière et faire toutes
les étapes d'un concept. Mais interroger les fondements historiques des
concepts (croyances, connaissance, liberté...). Comment les concepts sont liés
à une histoire, et surtout à l'histoire de l'occident. On les historicise et on les
localise.
« Je » = convention langagière.
Bodart Ophélie 3
e) La distinction de la pratique philosophique, scientifique et artistique
On voit partout des actes de création qui n'ont rien à envier les uns aux autres.
Pas plus de création d'un côté ou de l'autre.
5 axes qui vont traverser des pans de la philosophie. Pour montrer ces axes, on
va partir d'un philosophe chez qui on trouve tous les axes de manière très
explicites et articulé les uns aux autres : Henri Berxson.
1. Henri Bergson
1.1. Bibliographie
Né en 1859 à Paris, étudie à l'école normale supérieur. Agrégé en 1881. Il acquière
une immense notoriété, l'une des plus importante jamais vu à son époque, grâce
à sa thèse publiée en 1889 « l'essai sur les données immédiate de la
conscience ».
Textes dont les titres et les enjeux sont de prime à bord hard et complexe,
technique et hautaine... À leur publication, il y a une sorte de mouvement d'intérêt
pour ses pensées, dépassant les milieux académiques (citoyens, politique,
écrivain...). Tous écoutent ses cours, touche profondément un publique
hétérogène.
Il écrit avec une grande clarté d'expression, c'est technique mais claire, bien
écrit. Il faut se méfier de la simplicité de l'énonciation de l'auteur, se méfier de
l'apparence de simplicité. Il écrit un livre tous les 10 ans et pendant ce temps
il lit tout ce qu'il trouve sur le sujet et puis pendant un an il écrit son livre. Souvent
des livres courts, mais très retravaillé jusqu'à avoir le niveau de clarté
maximal. Énorme travail d'écriture.
Bodart Ophélie 4
« Cherchez la simplicité, mais méfiez-vous d'elle. » La simplicité est la
conclusion d'un processus, mais pas sa cause.
Son influence par l'école du pragmatisme américain dont les figures principales
sont William James et John Dewey qui se présente comme les hériter de
Bergson.
Il influence aussi des littéraires : Charles Peggy, Marcel Proust. Aussi dans le
cinéma avec Alain Resnais.
Bodart Ophélie 5
L'obsession de Bergson n'est pas l'histoire des sciences, mais cette histoire est
l'occasion pour poser un autre problème : qu'est-ce que les sciences ne
peuvent pas prendre en compte ? Les sciences sont irréformables sur ces
points. Les sciences ne fonctionnent que sur une opacité, une exclusion de
quelque chose de fondamental que seul la philosophe et les arts peuvent traiter :
la vie, le corps, la mémoire.
2. Bergson et l'évolutionnisme
Bergson était passionné par les mathématiques, pourtant il fera de la
philosophie. Pourquoi ? Dans un rapport à l'évolutionnisme, révolution
scientifique, politique, épistémologie de la fin du XIXe. Il ne voit pas que
Darwin, mais comment quelque chose de nouveau, une nouvelle manière de
pensée, qui va au-delàs de l'histoire naturelle et des sciences, et qui devrait
concerner tous les aspects de notre existence. Il y voit la révolution
politique et sociale. Une figure l'intéresse particulièrement : Spenser.
Spenser est resté longtemps comme le plus grand penseur évolutionniste, au-
delàs de Darwin. Il a fasciné des penseurs comme Nietzche et Bergson. 1820-
1903, auteur de livres politiques « l'individu comme l'État », « principe de
biologie » où il développe une théorie générale de l'évolution...
Bergson encore étudiant entend parler de lui, s'intéresse à ses œuvres. Il lui écrit
et il veut être le philosophe de l'évolution. Il a l'impression qu'il manque quelque
chose, une pensée qui systématiserait la pensée de l'évolution.
Dans « la pensée et le mouvant » (les deux livres qui vont nous intéresser :
« l'introduction à la métaphysique » « le possible et le réel ») est fait de
conférence. Il est accessible vu qu'il s'adresse à un publique large, et qu'il
réarticule toutes les obsessions qui ont fait son œuvre. Dans ce livre, il retrace
brièvement les étapes du développement de sa pensée et surtout le moment de
cet appel à la philosophe :
« Une doctrine nous avait paru jadis faire exception, et c’est probablement
pourquoi nous nous étions attachés à elle dans notre première jeunesse. La
philosophie de Spencer visait à prendre l’empreinte des choses et à se
modeler sur le détail des faits. Sans doute elle cherchait encore son point
d’appui sur des généralités vagues. Nous sentions bien la faiblesse des
Premiers principes. Mais cette faiblesse nous paraissait tenir à ce que
l’auteur insuffisamment préparé n’avait pu approfondir les ‘idées dernières’
de la mécanique. Nous aurions voulu reprendre cette partie de son œuvre,
la compléter et la consolider. Nous nous y essayâmes dans la mesure de nos
Bodart Ophélie 6
forces. C’est ainsi que nous fûmes conduits devant l’idée de Temps. Là, une
surprise nous attendait » (Bergson, La pensée et le mouvant, p. 2)
Bodart Ophélie 7
que le fait de vieillir, changer et varier. C'est ce que les
évolutionnistes mettent dans le temps.
Cette vision devrait tout changer, remettre en question nos catégories de pensée.
La connaissance : comment connaitre un monde qui évolue toujours, comme
si toutes les théories arrivaient toujours trop tard puisque ça à déjà changer,
comme si même nos organes pour penser n'avaient pas évolué. Il faudrait
changer la théorie de la réalité, de la connaissance, de l'expérience... en y
insérant le temps. C'est ce que veut faire Bergson, généraliser tous les effets
de l'évolutionnisme.
Au début, Bergson se disait que ça pourrait être des faiblesses, Spenser n'était
pas si génial que ça... Ou est-ce lié à la psychologie de Spenser... Bergson poursuit
le projet et se rend compte que ce n'est pas un problème de tempérament ou de
psychologie... Peut-être que Spenser n'était pas bien préparé, qu'il n'avait pas
assez de connaissance pour penser la temporalité inerrante des choses.
Bergson se prépare, il essaie, mais échoue. Impossibilité de rendre compte de
la temporalité des choses.
Quelle surprise ? Il y aurait dans l'œuvre, dans la théorie évolutionniste, une zone
obscure, inaccessible : la question du temps.
Bodart Ophélie 8
évolutionnistes ne peuvent pas penser le temps, c'est peut-être par leur héritage
de la mécanique (les sciences). Les mécaniques ne pensent pas le temps.
Bergson généralise. Est-ce que la philosophie a déjà pensé le temps ? Ici non
plus.
Traduction du temps en espace est présente dans toutes nos activités, que ce soit
les sciences, la vie quotidienne, la philosophe...
Pourquoi les sciences ne rompent-elles pas avec ce rapport spontané qu'on a avec
l'espace ?
Comment se fait-il que ce qui nous est le plus intime, le plus profond, c'est la
durée ? Que notre vie c'est vieillir, se transformer, changer, que le temps est
Bodart Ophélie 9
partout dans nos expériences... Mais que dès qu'on veut en parler, en rendre
compte, on doit nécessairement le traduire dans l'espace ? Qu'est ce qui nous
bloque l'accès dans notre intelligence ?
Bodart Ophélie 10
Bergson ne prend pas position, il est toujours que dans le constat. Il ne dit pas si
on a accès au deux, laquelle on utiliserait le plus...
a) Connaissance relative
Ex : on est dans un train à l'arrêt. Un autre train est à l'arrêt à côté... Si les deux
trains bougent en même temps, on pourra avoir l'impression qu'ils ne bougent
pas... Si on est à l'arrêt et que l'autre démarre, on aura une autre perception du
mouvement, plus ou moins rapide en fonction de notre vision.
Ex : le train. On est dans le train qui avance, en intériorité avec notre expérience.
Et si le lendemain, on nous demande ce qu'on a fait, on va traduire l'expérience,
mettre en mot le voyage. Si on change de langue, les substantifs seront différents.
On relativise l'expérience par traduction dans une langue, avec tous les
changements relatifs à l'usage de la langue (sujet, prédicat, substantif...). Et si
l'interlocuteur ne connait pas les gares et qu'il veut en savoir plus, on va utiliser
un système comme google map ou un GPS pour montrer où son ces gares et le
trajet... C'est un graphique ou un formalisme géographique. Quelle relation il
peut y avoir de commun entre le fait de prendre un train et des localisations par
GPS (longitude et latitude) ? Rien. Ce sont deux expériences différentes dont on
les croit lier, alors qu'elles n'ont aucune ressemblance. Si l'interlocuteur veut en
savoir plus, on peut utiliser des formalismes géométriques, en faisant un
schéma (T comme train passe du point A eu point D, avec une vitesse vv'). Quel
point commun entre ce schéma et l'expérience du voyage dans le train ? Aucun.
On a traduit l'expérience sous un autre modalité. On peut démultiplier cette
symbolisation de l'expérience.
Bodart Ophélie 11
de l'expérience. Si on devait parler d'une connaissance : carte, système
géographie, mots utilisés... c'est tout ça associé qui donnera sens à l'expérience.
b) Expérience absolue
Bergson ne dit pas qu'on est condamné au savoir relatif, ni qu'on sait atteindre
la connaissance absolue. Il ne fait qu'une distinction.
Il va dire « j'appelle science ce qui relève du savoir relatif ». Les sciences sont du
savoir relatif, un savoir de traduction (de mouvement dans des schémas,
formalisme langagier...). La science ne peut connaitre et n'a de validité que dans
la mesure ou elle est un savoir relatif. Elle ne vise pas à connaitre les choses de
l'intérieur, mais a avoir une connaissance sur les choses. La méthode des
sciences, c'est l'analyse (= traduction).
La philosophie, si elle est possible, c'est en alliance avec les arts (littérature
surtout) à comme prétention et comme objets de déployer un savoir absolu, un
savoir de sympathie avec les choses, du point de vue intérieur avec les choses.
Sa méthode n'est pas l'analyse, mais l'intuition.
L'intuition n'est pas une faculté pour Bergson, mais une méthode. Il va travailler
aux étapes de cette méthode.
« Quand je parle d’un mouvement absolu, écrit Bergson, c’est que j’attribue
au mobile un intérieur et comme des états d’âme, c’est aussi que je
sympathise avec les états et que je m’insère en eux par un effort
d’imagination. Alors, selon que l’objet sera mobile ou immobile, selon qu’il
adoptera un mouvement ou un autre mouvement, je n’éprouverai pas la
même chose. Et ce que j’éprouverai ne dépendra ni du point de vue que je
pourrais adopter sur l’objet, puisque je serai dans l’objet lui-même, ni des
symboles par lesquels je pourrais le traduire, puisque j’aurai renoncé à toute
traduction pour posséder l’original. Bref, le mouvement ne sera plus saisi du
dehors et, en quelque sorte, de chez moi, mais du dedans, en lui, en soi. Je
tiendrai un absolu »
Bodart Ophélie 12
ou à gauche, parce qu'il sera dans la chose. Plus besoin d'un point de vue, puisqu'il
devient la chose, plus besoin de symbole... C'est un savoir absolu.
Bergson n'oppose pas les deux connaissances. Il ne dit pas qu'un roman doit
nous mettre en sympathie directement. Il faut une mise en distance pour qu'on
rentre au fur et à mesure en sympathie, qu'on sorte de nous-même pour entrer
dans le personnage et s'y perdre. Ce qui veut dire que la sympathie n'est jamais
instantanée. Elle présuppose une trajectoire, un mouvement, une métamorphose
de nos états. On doit doucement se rapprocher par savoir relatifs du point central
de la chose... La sympathie est donc un mouvement, une trajectoire de
familiarisation.
Bodart Ophélie 13
Donc la philosophie requière les sciences pour permettre une familiarisation
avec les choses. On n’atteint pas directement le savoir absolu.
Est-ce qu'il y a une seule expérience, connaissance, qu'on peut qualifier d'absolu
indubitablement ? Le personnage romanesque ? Non, involontaire et presque
fragmentaire. S'il y en a un, on peut construire la philosophie avec cette
connaissance sur cette base, et s'il n'y en a pas, alors on est condamné à rester
dans le savoir scientifique.
Bergson semble dire la même chose que Descartes, mais en changeant quelque
chose, il ajoute quelque chose qui change tout : il ne dit pas qu'on est sûr et
qu'on connait absolument la subjectivité, mais un écoulement, l'écoulement de
notre vie intérieur.
Bodart Ophélie 14
• Bergson, le « je » non changeant de l'expérience est un mythe, ne
correspond à rien, c'est le sujet d'une phrase qui ne désigne rien. Notre
expérience concrète est celle d’une fluctuation infinie allant dans toutes les
directions. Mémoire, souvenir qui nous hantes,... Rien n'est statique dans
notre l'expérience. Ce n'est pas l'expérience du « je », mais de l'écoulement
de notre existence. C'est le point de départ, il n'y a rien en dessous...
Il faudrait se mettre dans une certaine attitude, disposition, pour pouvoir faire
l'exploration. Attitude de l'inactivité, difficile à acquérir, être au maximum de
l'inaction. Pourquoi est-ce si difficile à acquérir ? On est essentiellement des corps
actives, on ne cesse d'agir, nos perceptions, sensations, représentations sont
toujours des actions. Le vivant, c'est une activité. On ne sait même pas ce que ça
pourrait être de ne pas agir. Même au repos, on est assailli de souvenir. Nous
sommes d'abord des corps biologie, actif, vivant, toute notre expérience est vivant,
même en dormant.
Bodart Ophélie 15
• Pôle intérieur, tout est fusionné, les choses sont reliées les unes aux
autres par des liens intimes
• Pôle extérieur, de l'action où on transforme les mêmes perceptions en les
distinguant et en en faisant des objets extérieurs les uns aux autres
Autre exemple : l'auditoire est une passe indistingué pour le professeur puisqu'il
est concentré sur sa parole, sa pensée. Puis si un élève parle, sa focalisation va se
fixer sur cette personne et le distinguer de la masse. Il va traduire ton son champ
perceptif qui était vague pour se focaliser sur un élève.
→ Au plus il est actif, que tout est indistinct. Au plus il agit, il retire du flux
des parties qu'il va identifier, différencier.
Bodart Ophélie 16
• Le futur : des tendances, habitudes motrices, prés-dispositions à agir,
incitation à faire quelque chose... Tout ce qui est en train de se faire,
orienté d’une certaine manière, les chose à accomplir ou à faire, les
désires à réaliser... Tout ce qui nous met au-delàs de notre situation
présence, qui tend à nous faire faire autre chose ou aller ailleurs... Ce sont
les actions virtuelles, des choses qu'on pourrait faire, qui nous oriente et
qu'on ne fait pas directement. C'est une direction de l'action présente, une
visualité de l'action présente.
« Nous allons feindre pour un instant que nous ne connaissons rien des
théories de la matière et des théories de l’esprit, rien des discussions sur la
réalité ou l’idéalité du monde extérieur. Me voici donc en présence d’images,
au sens le plus vague où l’on puisse prendre ce mot, images perçues quand
j’ouvre mes sens, inaperçues quand je les ferme. Toutes ces images agissent
et réagissent les unes sur les autres dans toutes leurs parties élémentaires
selon des lois constantes, que j’appelle les lois de la nature, et comme la
science parfaite de ces lois permettrait sans doute de calculer et de prévoir
ce qui se passera dans chacune de ces images, l’avenir des images doit être
contenu dans leur présent, et ne rien y ajouter de nouveau. Pourtant il en
est une qui tranche sur toutes les autres en ce que je la connais par
seulement du dehors par des perceptions, mais aussi du dedans par des
affections: c’est mon corps »
Bodart Ophélie 17
Pourtant, dans toutes ces images, il y en a une qui contraste avec les autres
via l'expérience que j'en ai : mon corps.
Notre corps contraste parce que donne le sentiment que toutes les images
sont polarisé par elles, que toute les images vont vers sa direction, si je me
déplace, les image bougent avec moi, si je change de pièce, les image
disparaissent et d'autres apparaissent. Le corps apporte avec lui les perceptive que
j'ai des images. Image parmi les image qui change tout parce que traduit les
images en fonction d’une certaine perspective.
Si je n'étais pas lié à mon corps, j’aurais une vision de toutes les image équivalant.
Elles se vaudraient toute. Mais compte tenu de mon corps, elle varie en fonction
de mon corps. Si je n'étais pas attaché à un corps, je verrais toutes les images
en ensemble, sans perspective.
→ Toutes les images sont données en équivalence, mais par les mouvements
de notre corps, on va simplifier notre champ de perception et se focaliser
sur certain images, sans jamais faire disparaitre la multiplicité initiales des
images.
Bodart Ophélie 18
Rappel/Synthèse
Expérience possible d'une connaissance absolue, celle de l'écoulement du moi,
un mouvement du moi. Dimension temporelle du moi. Dimension de cette
temporalité du moi qui s'identifient à ce qu'il y a de plus réel et de plus profond
dans le temps (expérience profonde et authentique du temps). 3 dimensions
distinctes (par analyse mais pas dans l'expérience, on peut les distinguer, mais
elles ne sont pas distinctes) :
Bodart Ophélie 19
Problème avec cette vision :
Ainsi chaque souvenir est localisé dans une partie du cerveau, dans une
organisation neuronale particulière. L'oubli dans ce cas serait une altération
neuronale qui ferait effacer le souvenir. Bergson s'intéresse à cette question de
cerveau et de neurologique. Si le souvenir est localisé quelque part dans le
cerveau, alors pourquoi les accidentés, cérébrolésés, par régulation, nouvel
apprentissage, se remémore certaines choses au fur et à mesure de leur
apprentissage ? Pourquoi les altérations du cerveau ne vise jamais la
mémoire d'une partie conséquente de celle-ci ? Sentiment qu'après un
accident, il y a un redéploiement des souvenir dans d'autres parties du cerveau.
Si le souvenir est dans un point précis du cerveau, enlever des neurones
suffirait pour qu'il disparaisse, mais ce n’est pas le cas, il réapparait dans
d'autres partie du cerveau.
• Le souvenir est toujours lié à une action présente, la mémoire est liée
à une action présente du corps : donc le souvenir ne flotte pas de manière
neutre, la mémoire n'est pas qu'un stocke d'image et d'idée stabilisé. Elle
est liée à l'action en train de se faire et qu'elle se modifie et de redéploye
par rapport à notre action présente. La mémoire n'est jamais fixée une
fois pour toute, même les souvenirs les plus anciens. Sans expérience du
présent, les souvenirs seraient chaotiques, sans perceptions, sans
sollicitation extérieur du corps, pas de cohérence de la mémoire et du
Bodart Ophélie 20
souvenir. La mémoire est un immense chaos à multiple dimension
temporelle ou rien ne se coordonne de manière nécessaire et cohérente.
Des fragments se répètent...
La plus pars du temps, on est possédé par nos souvenirs (et pas l'inverse),
comme s'ils insistaient dans nos actions, nous poussant à faire certaines
choses. On a l'expérience des sentiments de déjà vu, de familiarité ou de
dérangement sans savoir l’expliquer, comme si on avait le souvenir de quelque
chose de similaire. On est possédé par d'anciens souvenirs, qui dans l'action
présente se réactualise. On n’a donc pas de maitrise sur nos souvenirs. Ils
viennent à l'occasion d’une action, nous donnant un sentiment particulier.
Est-ce une vision déterministe ? Est-on déterminé par nos souvenirs ? Pour
Bergson, notre personnalité, notre identité, ce qu'on est, c'est notre souvenir.
On est que notre souvenir, notre mémoire, c'est ce qui fait notre identité. On est
un flux de souvenirs qui se réactualise et s'amplifie par de nouvelles actions.
« C'est tout toi cette façon d'agir » : idée de répétition, donc de souvenirs.
Qu'est ce qui lui fait dire ça ? Si on photographie une pièce, reprenant tous ses
critères, ses contraintes (température, place, réverbération du son...) et qu'on
reproduit à l'identique les pièces (les bruits, les mouvements...) et que le
professeur ferait exactement le même cours, avec les mêmes intonations… entre
ces deux moments, il n'y aurait aucune comparaison possible. Ça serait deux
moments et deux pièces totalement différents. Pourquoi puisque tout serait
répété à l'identique ? On aurait le souvenir de la scène première, chacune de
Bodart Ophélie 21
nos phrases, chaque perception donnera le sentiment de déjà vu qui
accompagnera l'action avec une angoisse de déjà-vu. Les deux scènes sont
identiques du point de vue de l'extérieur (ce que verraient les sciences), mais
du point de vue intérieur à la scène, tout a changé, parce qu'à la perception
présente s'est ajouté le souvenir de la perception précédente. C'est ça la
nouveauté. Les sciences ne pourront pas exclues la mémoire qui aura transformé
la deuxième scène par l'addition de la première.
Bodart Ophélie 22
Le corps, c'est le point S. La perspective, le lieu affecté par le monde et qui va
réagir à ces affections. Il marque un point particulier dans la fluctuation de toutes
ces images. Le point S, le corps est affecté par toutes les images et il y répond
selon une certaine modalité. Le point S est le présent pour le corps.
Exemple : on ne peut pas entrer dans le corps de l'autre pour avoir une perspective
différente de la nôtre, on a qu'un flux d'image sans notion de la réalité sous-
jacente. Certain stimulus nous attirant plus, rendant vagues d'autres perceptions
tout aussi actuelles. Le champ perceptif fluctue. C'est la même chose avec la
mémoire : si je pense à un ami d'enfance, il prend toute la place, faisant oublier
les souvenirs récents. Le souvenir devient la zone de clarté, renvoyant d'autres
souvenirs dans l'obscurité.
Pris par nos habitudes de pensé et nos actions, on voit les souvenirs comme
des objets, des scènes clairement identifiés. Mais si on se laisse possédé par les
souvenirs, on se rendra compte qu'on aura surtout affaire à des atmosphères
qui nous permettrons de dégager des personnes, des phrases... On transforme
ces atmosphères en ensemble de mot, d'image, de personnage... Une
phrase n'a pas d'importance sans contexte précis (une même phrase dite par un
chauffeur de bus ou un ami très proche n'aura pas le même impact).
Le souvenir, ce qui est représenté par ABS, ce n’est pas un stock de phrase,
personnage, action, mais une dynamique entre des atmosphères, des
sensations, dont on peut difficilement dire où elles ont exactement
commencé ou terminée. C'est pour ça que c'est un cône, foyer d'intensité plutôt
que des contenus de pensée. La mémoire sont des intensifications de notre vie
psychique, qui se fait compte tenu d'actions présentes.
Bodart Ophélie 23
4.4. Le futur
3em dimension du temps (après le passé, le présent) : l'intensité. Comme si
toutes nos actions présentes étaient toujours orientées sans pour autant
qu'on se représente la finalité. On sent le prolongement du chemin qu'on
emprunte. On discute avec quelqu'un et on imagine le type de réaction qu'il pourra
avoir, mais dans un spectre de possibilité. On n’anticipe pas tout à fait ce qu'il
va dire, mais on se fait une idée sur ce qu'il pourra dire. On ne sait pas quelle
sera nos actions possibles dans le futur, mais on en fait une certaine idée et on
canalise plusieurs possibilités. La réalité est tellement complexe, qu'on a
affaire à l'image qu'on se fait de ce qui va suivre. On fait les choses dans l'intention
qu'elle produise un effet. Nos actions présentes n'impliquent pas une
représentation du futur fixé une fois pour toute, mais toutes nos intentions, nos
attentes, les possibilités qu'on image et qui nous accompagnes. On est, dans
chacune de nos actions, obsédé par ce qui pourrait suivre, ce qui est
vaguement indiqué de ce qu'on devrait faire, d'attente, de tension, de tendance,
qui sont toujours au présent.
Pour Bergson, le futur, ce n’est pas un prochain présent, ni quelque chose qui
va arriver. Le futur, c'est ce qui dans notre action présente, nous oriente dans
une certaine direction, nous fait attendre quelque chose de particulier, nous fait
anticiper des actions. Le futur comme le passé est toujours au présent pour
Bergson.
Bodart Ophélie 24
Rappel
3 dimensions de l'écoulement qu'on peut distinguer par une dimension d'analyse
(qui ne sont pas distinct en soi) :
Bergson va plus loin en disant que ce n’est pas que la pluralisation des
consciences, mais aussi celle de la vie organique, des vivants. La vie de notre
corps, de nos sens, est marqué par des rythmes et des temps distincts. Il y a une
sorte de pluralisation des temps organiques. Chaque (éléments) vivant est lié à un
temps particulier, son temps à lui. Il n'existe pas de temps général qui fera la
mesure de tous ces temps.
Toute la question est de savoir que si tous les temps sont distincts, qu'il n'y a
pas le Temps, qui serait une pure fiction, et qu'il n'y a que des temps (de
différentes consciences et de différents vivants), alors comment tous ces temps
peuvent-ils se relier ? De quoi parle-t-on lorsqu'on parle du Temps dans sa forme
générale ?
Bodart Ophélie 25
L'enjeu du texte est de rappeler que la conscience est un flux, un changement
permanent. Elle est essentiellement (et non pas accidentellement) temporelle.
La conscience n'est que du temps. Remise en question d'un préjugé généralisé qui
a traversé la philosophie moderne : il y aurait des moments identiques dans la
conscience.
La philosophie moderne est allée loin dans cette vision de la conscience : il y aurait
un « je », un cogito qui ne se modifie pas et qui est toujours identique à
lui-même et dont les fluctuations seraient des accidents, superficiel. Ce sentiment
est un sentiment qu'on a tous et qui devient un concept philosophique dans la
philosophie moderne.
Si je désire être avec quelqu'un. D'abord on se fait une idée très abstraite
de ce que ça pourrait être. Le désire varie en permanence via les fluctuations de
notre état... Comme si le désire n'était pas lié à ce qu'ils sont déjà (je veux devenir
ça... donc je ne le suis pas). Mais le désire a un temps, il évolue, se transforme.
Donc il n'y a pas deux moments identiques dans la conscience. Même le moindre
sentiment à un variation continue à cause de :
Bodart Ophélie 26
• L'histoire particulière de ce sentiment
• Le souvenir qui se cessera de l'accompagner
Sur cette conclusion : à qui Bergson pense-t-il lorsqu'il l'écrit ? Qui aurait pu parler
d'une conscience sans mémoire ? Penserait la conscience comme quelque chose
qui meurt et renait sans cesse ? Il pense à un philosophe et une pratique qui
défendent cette pratique :
Chercher dans la conscience quelque chose qui se répète, c'est analogue avec la
science et la manière dont elle calcule les corps en lien avec leur position et leur
vitesse, se référent comme si c'était des éléments identiques du corps. Comme si
Bodart Ophélie 27
le réel était fait d'éléments qui se répètes. Expression d'élément invariant sur
lesquels la physique se focalise pour créer des lois de répétitions.
Dès le moment où on dit que le moindre évènement va être en variation par toutes
les manières avec lesquelles elle est envisagée, il sera essentiellement en
variation. Il n'y a pas d'élément identique.
Bodart Ophélie 28
C'est surtout évident dans le cas de notre mémoire. Si on prend n'importe quel
évènement de notre passé, qu'on essaie de le délimiter, savoir quand il a
commencé ou terminé... Quand a-t-on arrête de voir quelqu'un ou de quand l'a-t-
on vu pour la première fois ? Les représentations qu'on en fait trouvaient ses
fondements dans des évènement antérieurs et continue encore... Rien ne
commence jamais vraiment et rien ne se termine jamais vraiment. On a que des
reprises, des prolongements, des pertes d'intérêts, plutôt que des
commencements et des fins.
Qu'est ce qui nous donne l'impression que nos souvenirs commencent et finissent
à un moment particulier ? Bergson développe une idée, un concept, déployé dans
"le réel et le possible", celui de la vision rétrospective (du vrai, du possible).
Mobilisé dans cette situation, dans a troisième phrase. On ne peut situer des
évènements que lorsqu'ils seront passé, c'est seulement rétrospectivement
qu'on pourra identifier des moments. Lorsqu'on les vit, ils ne constituent pas
des moments distincts, ils ne sont pas successifs mais continue. C'est une fois
passé qu'on peut les distinguer. Opération rétrospective. Et alors on altère et
on réécrit l'histoire par laquelle on est passé. On croit voir dans les évènements
passé les traces de ce qu'on est aujourd'hui, on relit le passé à l'image de ce que
nous sommes aujourd'hui. C'est la vision rétrospective.
Ainsi la manière dont on vit une chose sur le moment, est différente de la
manière dont on la revoit en y repensant. C'est pareil lorsqu'on traite
d'évènement historiques. Qu'est-ce qu’un personnage précurseur ? Ce n'est
possible que compte tenu d'une vision rétrospective. C'est-à-dire que compte tenu
de la physique actuelle, on peut dire que telle figure historique était un précurseur.
Mais uniquement en prenant on compte notre époque et nos progrès actuels.
À leur propre époque, ils n'étaient pas vu comme précurseurs, mais parfois comme
fou, hérétiques... Précurseurs, théories, individus, choses, qui nous ressemble le
plus, et qui pourtant se sont déroulé il y a longtemps. Comme s'ils allaient dans
une seule direction, la nôtre, alors qu'ils allaient dans plein de directions
différentes.
Bodart Ophélie 29
Deux images :
• Une pelote : la vie est aussi un enroulement. Chaque acte reprend les actes
antérieurs, les transmet aux actes successifs. Il s'enroule, se reprend et se
transmet. Donc notre passé nous suit, il se grossit sans cesse. C'est la vision
du temps, grossissement où le passé est toujours intégré, sans jamais
savoir où ça commence et où ça se termine.
Il n'y a pas de temps de dehors de ça, c'est notre seule expérience véritable
du temps. Alors qu'est-ce que le Temps (physicien, au quotidien) ? Qu'est ce qu'on
demande lorsqu'on demande l'heure ? À quoi ça correspond ? Ce n'est pas le même
temps que celui de la conscience. Chronologie >< écoulement.
C'est à cause de Zénon qu'on a eu une conception qui hanté les sciences : la
recherche de la cohérence vraie dans ce qui ne change pas. Des arguments
de Zénon, Bergson en reprend deux, sélectionné parce que chacun permet
d'identifier une logique particulière lié au Temps :
Bodart Ophélie 30
• Achille et la tortue
• Paradoxe de l'archer
a) Achille et la tortue
Achille est un coureur, et si on le met au début d'une course et qu'on mette une
tortue un peu plus en avant... Alors Achille ne rattrapera jamais la tortue parce
que pour dépasser la tortue Achille devrait atteindre le point de départ de la tortue
et qu'elle aura déjà avant lorsqu'il y arrivera... Achille devra ensuite atteindre le
point où la tortue était lorsqu'il est arrivé aux départs, mais elle n'y sera déjà
plus... etc. Au niveau des principes conceptuels si on se représente les
mouvements d’Achille et de la torture et qu'on trace une ligne droite, on
doit dire que pour atteindre un segment de la droite, il faut atteindre un autre
segment de la droite... Ce à l'infini. Le mobile ne change jamais puisqu'il doit
toujours atteindre un autre segment. C'est un argument mathématique (non
existentiel). Les points étant divisible à l'infini.
b) Paradoxe de l’archer
S'il lance une flèche, elle doit atteindre sa cible. Pour ça, elle doit occuper une série
de lieu, passe par une série de point particulier. On peut segmenter sa trajectoire.
Zénon dit que puisque ses segments sont immobiles, et que la flèche occupe un
segment qui est sa grandeur, elle occupe le lieu de ce qu'elle est et que le lieu est
immobile, alors la flèche est immobile à chacun des moments de son
déplacement... Donc, elle se ne déplace pas parce qu'elle est toujours immobile,
ou alors son déplacement une succession d'immobilité. Le lieu, le point
géométrique sont immobiles, et les corps se déplacent entre des points immobiles.
On essaie de recomposer de la mobilité, du mouvement, à partir de l'immobilité.
Bodart Ophélie 31
Synthèse
L'expérience de la durée nous est familières, expérience la plus simple du
temps. Vécue temporel. C'est l'expérience du temps humain. Correspondance
entre ce qu'on éprouve dans notre expérience comme durée et la nature même
du temps. Lorsqu'on y réfléchit, qu'on essaie de le conceptualiser, de le
communiquer à d'autres, on entre dans des difficultés et on en dénature le
sens. On sent que le passé agis et que les évènements se succèdes. Mais quand
on essaie de le dire, qu'on utilise des mots pour le dire, on est confronté aux
difficultés sur la nature du temps. C'est une chose simple, mais infiniment
complexe lorsqu'on veut la conceptualisé. Il y a donc quelque chose dans notre
intelligence, dans nos mots qui a tendance à en dénaturer le sens. Qu'est ce qui
nous en rend incapable dans notre intelligence ?
a) Achille et la tortue
« Il consiste à dire que le plus lent de la course ne peut être rattrapé par le
plus rapide, étant donné que le poursuivant doit nécessairement atteindre le
point d’où le poursuivi est parti, de telle sorte que le plus lent doit sans cesse
avoir une certaine avance » (Aristote, 1990: Livre VI, IX, 239b14).
Achille cours d'un seul tenant, il va dépasser la tortue. Mais lorsque j'essaie de
le représenter, quand j'essaie de formaliser ce que fais Achille, je vais tracer
une ligne imaginaire, un segment de droite abstrait, irréel. Je vais traduire le
mouvement d'Achille dans un segment de droite. La tortue est dans ce segment
de droite, et je projeté par mon intelligence quelque chose sur leur course qui est
Bodart Ophélie 32
un nouveau point, celui de départ de la tortue. Achille par du point A, la tortue
part du point A'. Pour qu’Achille rattrape la tortue, il faudrait qu'il passe par A', je
trace un nouveau segment de droite. Logique compliquée parce que notre
intelligence complique tout et fini par se perdre seule. Mais donc, le temps
qu’Achille atteigne A', la tortue aura avancé, elle sera au point B, et Achille devra
passer par B pour la rattraper, le temps qu'il arrive la tortue sera à C... Ainsi,
Achille ne pourra jamais rattraper la tortue.
Bergson revient sur une distinction qui a déjà fait avant : différence entre savoir
relatif et absolu. Vu de l'extérieur, relativement à la position d'un observateur
externe, la course d'Achille est infiniment complexe. Mais vu de l'intérieur, elle est
d'une grande simplicité. Tout change selon la perspective avec laquelle on
l'interroge. Donc, il faut demander à Achille, s'installer dans la perspective
intérieure de la course.
Bodart Ophélie 33
Achille fait un pas unitaire, détendu, qui ne passe par aucune partie ou point,
ce n'est qu'un mouvement total. Il enchaine les pas jusqu'à enjamber la tortue.
Le mouvement d'Achille est continu. Mais on peut toujours par l'intelligence le
décomposer en partie. On peut le faire, mais ce n’est pas pour ça que le
mouvement est fait de partie et de points. C'est ça qui est important : la durée,
le mouvement, est continue, prolongement, reprise... mais par l'intelligence
on peut en distinguer des parties. Ce qui ne veut pas dire que ce mouvement
est fait de partie. On projette les parties, les points, on traduit le mouvement dans
un segment de droite.
C'est instinctif (>< éducation) parce qu’on n’a pas encore posé la question de
l'intelligence, savoir à quoi ça serre. L'intelligence ne sert qu'à l'action, elle ne
vise que l'action, elle ne sert pas à connaitre quelque chose, à dire ce qu'est le
réel. L'intelligence est faite pour agir et elle remplit parfaitement cette fonction.
Dans un autre livre, Bergson à retracer l'histoire du vivant, de ses formes les plus
simples aux plus élaborées, montrant la genèse de l'intelligence (plantes, animaux,
humain).
Bodart Ophélie 34
Spatialisation = ce que nous projetons, manière par laquelle on traduit tout
ce qui nous arrive dans des termes spatiaux exclusivement. C'est l'activité de
l'intelligence.
b) Le paradoxe de la flèche
« Si un objet quelconque est en repos, lorsqu’il n’est pas déplacé du lieu qui
est égal à ses propres dimensions, et si d’autre part cet objet qui se meut est
sans cesse dans le lieu qu’il occupe présentement, la flèche qui se déplace est
immobile » (Aristote, 1990: Livre VI, 239b5)
Manière compliquée d'exprimer quelque chose de simple. Une archée tire une
flèche et elle touche sa cible. Mais si on droit calculer son parcours, l'exprimer de
manière relativement précise à quelqu'un d'autre qui n'en était pas témoin, on en
arrive à des formules aussi compliquées. L'intelligence, dès qu'elle expliquer
verbalement, avec ses abstractions, dit des choses qui le rende compliqué.
Ce que Aristote veut dire, dans des termes presque mathématiques, c'est que le
parcours de la flèche passe par une série de place. Spatialisation du
mouvement. Passe par une série de lieux qui ont la dimension de la flèche. Or,
ces lieux sont immobiles, comme les points sur une ligne. Donc, la flèche est
entièrement dans chaque segment, que segment étant immobile, la flèche est
immobile à chaque lieu où elle se trouve.
Lorsqu'on utilise un GPS, les systèmes de longitude et les latitudes sont fixé une
fois pour toute, quel que soit le mouvement qu'on fait. Ce qui veut dire qu'on
explique par l'intelligence la mobilité de la flèche par l'immobilité de la ligne.
On en arrive à cette conclusion vague que la chose la plus réelle, vraie, serait
l'immobilité et que la mobilité serait une sorte d'effet secondaire ou
d'illusion. Espace statique et immobile, alors l'immobilité serait la chose la plus
profonde... Erreur...
Deuxième série d'illusion qui nous fait croire que l'immobilité, l'invariance et
l'identité sont des catégories premières. Comme si le réel était fait de choses
immobiles, invariante. Sacralisation de l'invariance de l'immobilité. Mais c'est
celle de l'intelligence, pas celle du réel. On a un réel et une expérience faite de
changement, de durée, de mouvement, mais notre intelligence la traduit dans ses
propres catégories : invariance, stabilité... On finit par croire que le réel est à
l'image de notre intelligence (c'est un geste anthropomorphique, croire que
l'intelligence est le fondement du réel).
Bodart Ophélie 35
Bergson le résume :
Méthode habituelle, qui ne veut pas dire notre expérience la plus directe des
choses. Il parle de notre expérience déjà traduite dans notre intelligence,
modifiée par l'intelligence. Il marque une sorte de dimension naturelle de notre
intelligence qui s'implique spontanément dans notre expérience. On pense le
mouvement comme s'il était fait d'immobilité, de point invariable. Le point
est à la ligne ce que l'instant est au temps, c'est à dire une abstraction, celle par
laquelle on a traduit le temps par l'espace.
Bodart Ophélie 36
7. Le temps spatialisé et les sciences
Est-ce que les sciences ont rompu avec cette vision d'un temps spatialisé ? Non,
les sciences n'ont jamais parlé du temps, que de l'espace, même en mettant
en équation le temps. Elle spatialise. Les exceptions sont extrêmement rares.
La position de Bergson, c'est que les sciences, dans leur fonction véritable, dans
leur essence, ne se sont jamais véritablement transformé. Des sciences
antiques aux sciences contemporaines, il a bien des évolutions dans les théories,
les connaissances, mais elle n'a jamais changé de fonction. Fonction
irréformable pour Bergson, la science ne changera jamais de fonction.
Est-ce une critique que fait Bergson aux sciences pour les discrédité ? Non.
C'est parce que les sciences n'épuisent pas le réel qu'elles sont importantes,
efficace, qu'elles définissent autant d'élément dans notre expérience. C'est une
condition de leur puissance.
À quoi servent les sciences ? Pas pour connaitre le réel, elles ne sont jamais
contemplatives. Elles n'ont aucun intérêt à dire ce qu'est le réel, ça serait un signe
d'impuissance. Les sciences servent à accroitre notre influence sur les choses.
C'est la seule fonction de la science, qui n'a jamais changé et ne changera jamais.
Amplifier notre puissance d'agir sur les choses, rendre le monde accessible à notre
puissance d'action. Les sciences prolongent les nécessités de notre
intelligence.
Bodart Ophélie 37
Deux distinctions quand on parle des sciences :
Dans les sciences, le temps reste pensé dans le régime de l'espace ? Étant
donné l'organisation pratique des sciences, elles prennent de l'objet que ses
dimensions situables. Elles pensent son mouvement comme une série de
configuration instantanée (Newton). L'État de l'univers à un moment particulier,
suit un état de l'univers à un moment particulier... Les lois du mouvement vont
consister à, compte tenu d'un moment particulier, comment va se passer le
mouvement du mobile à un autre moment particulier.
Bodart Ophélie 38
photographie statique qui, par une projection à une certaine vitesse, donne
l'impression d'un mouvement. Notre intelligence est cinématographique, faite
de photographie instantanée, spatiale. Les sciences fonctionnent comme ça,
en se faisant des représentations statiques de l'univers, comme une succession de
photo. La loi du mouvement, c'est la manière par laquelle chaque image est reliée,
selon une vitesse de transfert des photos. On est tellement marqué par ces
dimensions cinématographiques de la pensée qu'on finit par croire que le réel
est fait de photo distincte, de moment distinct. On oublie que c'est notre
intelligence qui est cinématographique, mais pas le réel. Cristallisation de la
pensée cinématographique.
Quel rôle peut jouer la philosophie là-dedans ? Si le corps est un foyer d’action.
Qu'il se défini comme être agissant, si l'intelligence n'a pour fonction unique que
d'amplifier l'action du corps, la rendre possible, traduire le monde dans les formes
dans ce qui permettra au corps d'agir. Si la philosophie à créer une
métaphysique de la connaissance qui venaient consolider la fonction de
l'intelligence. Si les sciences n'ont jamais eu pour unique fonction que
d'établir des lois, des ordres de réalité, plus amplifié que l'intelligence dans
l'action même. File tendue du corps jusqu'à la métaphysique et aux sciences. Les
sciences seraient encore plus pertinentes que leur unique fonction serait de nous
permettre d'agir.
8. Le rôle de la philosophie
Alors à quoi servirait cette nouvelle philosophie ? Pour prolonger l'ordre de
la fiction et nous faire perdre tout illusion quant à la recherche d'une réalité au-
delà de nos représentations ? Est-ce que la philosophie permet juste de dire qu’on
n’aura jamais accès à la réalité telle qu'elle est, mais uniquement à nos
représentations ?
Ce n’est pas le cas pour Bergson, la philosophie doit nous montrer la genèse
de nos représentations et le fond. Comment accéder à cette réalité ? Et
Bodart Ophélie 39
pourquoi le faire si ça marche très bien comme ça ? Au bout de tout ce qu'on vient
de voir (impossibilité du mouvement, paradoxe de Zénon), on constate une tension
de la représentation, elle ne cesse de s'empêtrer dans des faux problèmes.
L'intelligence invente des définitions et oublie que c'est sa propre définition. C'est
de là que viennent les faux problèmes. Toute nos mouvements sont actifs, on
invente des choses pour agir sur notre quotidien, les sciences amplifie ce
processus. Tout fonctionne très bien si l'intelligence ne se perdait pas dans des
faux problèmes qui sont d'avoir oublié qu'elle a inventé ces définitions. Il faut
dégager l'intelligence de ces faux problèmes pour retrouver les modes d'une
réalité en deçà de nos représentations.
Bodart Ophélie 40
appliquions la même méthode. Comme si leur intuition n’était pas une
recherche immédiate de l’éternel ! Comme s’il ne s’agissait pas au contraire,
selon nous, de retrouver d’abord la durée vraie » (H. Bergson, La pensée et
le mouvant, p. 25-26)
Des lecteurs avaient cru que la philosophie de Bergson était une philosophie de
l'intuition. Or ce n’est pas le cas.
Bergson dit que les considérations sur la durée lui firent ériger la méthode
de l'intuition en philosophie. C'est une monstruosité conceptuelle pour la
philosophie... L'intuition comme méthode. Monstruosité ? Dans l'histoire de la
philosophie l'intuition apparaissait toujours comme une certaine faculté,
une manière de faire l'expérience des choses. Expérience presque directe,
préalable à toute représentation, tout acte d'intellection. D'ailleurs, sur ce plan, la
philosophie ne posait pas le problème de l'intuition si différemment qu'on le fait
quotidiennement. On a tendance à opposer les gens intuitifs et les gens plus
réflexif (intellection).
L'intuition serait une faculté presque sensible qui nous permet de nous rapporter
aux choses sur un mode direct, non médié, pas encore transformé par les actes
de notre intelligence.
Bodart Ophélie 41
Chez Descartes, l'intuition et la méthode formaient une sorte d'alliance.
Exploration de l'expérience, avec à la fin l'acquisition d'une intuition directe.
Comme si la méthode nous donnait les indications à suivre, comme une sorte de
mode d'emploi qui, porté à son terme, nous met face à une transformation
instantanée : l'intuition.
Bergson dit quelque chose dans cette expression différente de Descartes, puisque
l'intuition est la méthode elle-même, pas la fin du parcours. C'est le parcours
en entier
Bergson dit qu'il a hésité sur la mise en place d'une identification entre méthode
et intuition, ça n'allait pas de soi. Et il hésita encore plus parce que le terme avait
déjà été retransformé : Schopenhauer, philosophe allemand post-ancien.
Pourquoi est-ce un problème ? La conséquence logique ça, c'est que les choses
en elles même ne sont pas spatiotemporelle. On n’a pas accès à leur
temporalité propre. Si on dit que le temps et l'espace, c'est ce qu'on projette sur
les choses, en conséquence, les choses ne sont pas en elle-même
spatiotemporelle. La durée risquerait alors de n'être que la manière par laquelle
nous donnons sens aux choses qui nous arrivent. Mais que la durée ne serait pas
dans les choses.
Bodart Ophélie 42
Troisième problème que Bergson rejette : la finitude, l'homme ne peut pas aller
au-delàs de la spécificité de la manière par laquelle il éprouve une expérience.
Nous ne pourrions pas aller au-delàs de ce qui lui vient par les sens. On ne pourrait
pas sortir de nous-même. On est lié à une limite stricte, celle de notre
sensibilité.
Pourquoi c'est un problème ? Parce que ça veut dire qu'on est dans une extrême
limitation de la pensée, l'homme ne penserait que les conditions de sa
propre existence. Il ne pourrait jamais penser au-delàs de lui-même. L'intuition
serait le terme chez Kant qui marquerait cet interdit. Nous ne devrions pas tenter
d'aller au-delàs de nous-même, parler des choses elles même.
Bergson pense que nous avons plein d'expériences immédiate où l'action n'a
pas encore prit ses droits (le réveil...). La philosophie sera l'attitude qui va
Bodart Ophélie 43
rechercher activement à se mettre dans ses attitudes là. C'est ça le mode de
l'intuition, remonter la pente de l'activité pratique. Ça se fait dans le flux de
l'expérience, à l'intérieur du sujet. Approfondir par une sorte d'introspection tout
ce qui nous submerge (souvenir, mémoire, désire...), On entre en familiarisation
à ce qui nous est le plus intérieur.
• L'intuition est une sorte de vision directe de l'esprit par l'esprit, une
sorte de sympathie de l'esprit par lui-même. On sort de l'intelligence,
on approfondit un contact direct de la conscience avec lui-même.
On aurait une grande histoire des modalités d'existence à partir d'un foyer originel,
unifié. Pour Bergson, l'intuition c'est ce qui va nous permettre de retracer, de
reparcourir à l'intérieur de nous-même, à la fois les bifurcation et l'unité.
Nous retrouverons au plus profond de nous-même les strates du vivant en général.
Bodart Ophélie 44
On serait donc à un moment particulier de l'évolution, un moment où l'intelligence
a pris la forme qu'on connait aujourd’hui, un point radical lié à la notion pratique.
Intelligence qui nous aurait fait perdre le contact avec les autres vivants.
Parce qu'on les pense selon la modalité de notre intelligence active, on en a perdu
le contact et la sympathie. Par l'intuition, on peut revenir aux conditions même de
l'intelligence, à savoir l'élan vital. De proche en proche, on retrouverait une
unité d'existence, celle de l'élan vital.
Quels sont les réalités suprahumaines ? L'infrahumain c'est tout ce qui dans
notre existence nous met en liaison avec la totalité de l'histoire du vivant (structure
organique, anatomique, flux moléculaire...), notre corps étant une histoire de
variation et de sélection. Le suprahumain quant à lui concerne tout ce qui
renverrait à des modes de réalité qui pourraient insister dans notre expérience et
qui ne se réduirait pas à la dimension physique. Bergson est intéressé par
l'expérience des mystiques, tout ceux qui ont fait exister des réalité
suprahumaines (sans dire si elles sont vraies ou fausse). L'élan vital n'étant pas
que biologique, il est aussi spirituel, quelque chose qui dépasse l'humain est ses
fonctions d'intelligence, le poussant à aller toujours au-delàs de notre situation.
Les sciences et leur puissance pourraient faire partir de cet au-delà, autant que la
religion, la spiritualité. Aucune opposition entre science, spiritualité et
religiosité.
Dans une lettre, Bergson écrit à un philosophe italien, et il retrace tout son
parcours (j’ai pas retrouvé la citation).
Témoignage sur la façon dont il faut vivre l'expérience. On pourrait penser qu'il est
anti-intellectualisme spiritualiste... Ce n’est pas vrai.
Bodart Ophélie 45
cette omniprésence de l'espace dans toutes les catégories de l'espace. Il y voit
le lieu responsable d'une série de faux problème. On pense tout dans l'espace.
C'est à ce moment que la nécessité d'une autre démarche philosophique s'est
posé à lui, l'intuition. Dans la mesure où l'espace est lié à l'activité pratique et
qu'elle trouve son lieu d'exercice dans l'intelligence, l'intuition va modifier ce cours
de l'intelligence pour de strate en strate rejouer la durée, retrouver une durée
plus profonde, plus réelle que l'espace. C’est à partir de là que tous les
problèmes de la philosophe, les cadre de la philosophie vont devoir être pensé
comme catégorie de la durée, et non plus de la science.
Bodart Ophélie 46