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Contenu

Introduction ................................................................................................................................... 3

Chapitre préliminaire : .......................................................................................................................... 5

La boite à outils de l’étudiant en droit ............................................................................................... 5


A- La prise de notes......................................................................................................................... 5
B- La recherche documentaire........................................................................................................ 8
C- La fiche de lecture .................................................................................................................... 13
D- La bibliographie ........................................................................................................................ 15
Chapitre I : Entrée dans les sciences sociales et leurs méthodes ....................................... 18
A- Définition et objet des sciences sociales ........................................................................ 18
B- Quelques disciplines des sciences sociales ..................................................................... 22
C- Difficultés méthodologiques inhérentes aux sciences sociales ................................ 25
D- Holisme et individualisme méthodologiques ............................................................... 27
Chapitre II: Les méthodes des sciences juridiques et sociales .............................................................. 30
A- L’intérêt de la méthode ............................................................................................................ 30
B- Méthode, méthodologie et technique ..................................................................................... 30
C- Quelques principales méthodes des sciences sociales............................................................. 32
Chapitre III: La démarche scientifique ................................................................................................... 37
A- Les trois actes de la démarche ................................................................................................. 37
B- Les sept étapes de la démarche de recherche .............................................................................. 38
Chapitre IV: Les techniques de recherche en sciences sociales ............................................................ 42
A- L’enquête de terrain par questionnaire ................................................................................... 42
B- L’entretien ................................................................................................................................ 45
C- L’observation ............................................................................................................................ 46
Chapitre V : Les exercices juridiques ..................................................................................................... 48
1- La dissertation juridique ........................................................................................................... 48

1
Objectifs du cours

1. Doter l’étudiant des outils de méthodologie


de travail nécessaires pour entamer ses
études en droit ;

2. Initier l’étudiant aux notions de base des


méthodes des sciences juridiques et sociales ;

3. Amener l’étudiant à la découverte de la


démarche scientifique et de ses principales
étapes ;

4. Présenter les techniques de recherche en


sciences juridiques et sociales ;

5. Initier l’étudiant aux principales approches


des sciences juridiques et sociales ;

6. Amener l’étudiant à s’exercer aux exercices


incontournables de l’activité des juristes (la
dissertation juridique, le commentaire de
texte, le commentaire d’arrêt).

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Introduction

Au côté d’autres cours du semestre 1 qui ont pour objectif d’initier les étudiants de
première année de droit à la matière juridique, ce cours de méthodes des sciences
juridiques et sociales est une base nécessaire qui permettra à l’étudiant de construire
un socle méthodologique solide lui facilitant la compréhension, l’étude, l’exercice et
la production dans le cadre de toutes les matières juridiques et sociales
programmées tout le long de son cursus universitaire.

A travers ce passage en première année de Droit, l’étudiant subit une mobilité d’un
statut du jeune élève habitué à des techniques de travail et d’apprentissages
adaptées au lycée, vers le statut de l’étudiant universitaire dont les méthodes de
travail et les techniques d’apprentissage différentes, faisant appel à une forte
autonomie pédagogique de l’étudiant, doivent rapidement être assimilées et
utilisées.

Ce nouveau statut introduit également la nécessité pour l’étudiant de découvrir et de


développer la pensée et le raisonnement scientifiques, qui de surplus se trouve
conjuguée à l’obligation pour l’étudiant en droit de maitriser les techniques du
raisonnement juridique. Loin d’être des savoirs ponctuels ou instantanés, ces
différentes maitrises nécessitent une initiation, de l’exercice, du travail et surtout
beaucoup de lectures.

Notre cours suivra de ce fait un cheminement logique et sera construit de façon à


permettre à l’étudiant novice en droit de commencer son parcours en s’appropriant
de bonnes bases méthodologiques et aussi de bonnes habitudes de travail qui ne
sont en vérité que les normes du travail scientifique.

Nous commencerons pour cela notre cours par un chapitre préliminaire dans lequel
nous présenterons la boite à outils de l’étudiant en droit. Cette dernière comprend
une série de savoirs et de savoir-faire transversaux et incontournables tels que la
prise de note, les techniques de la recherche documentaires et les moyens qui sont
offerts aux étudiants de l’Université Hassan II de Casablanca dans le cadre des
bibliothèques physiques ou virtuelles, ainsi que les modalités d’utilisation de ces
moyens et les techniques de recherche appropriées afin d’en tirer le meilleur profit.
La recherche documentaire permettra de trouver des documents que les étudiants
seront amenés à lire. C’est pour cette raison que nous allons également aborder la
fiche de lecture et son intérêt méthodologique. La bibliographie et les citations étant

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des éléments corrélés à ces opérations de lecture, étant donné que la lecture sera
inévitablement suivie par une phase de production, nous allons également présenter
les règles de la présentation de la bibliographie et des citations, ainsi que l’intérêt
d’une bonne maitrise le plus tôt possible de ces opérations.

Dès lors que nous aurons posé ces jalons qui constituent les bases du travail
universitaire, nous allons aborder notre premier chapitre qui sera consacré à la
définition des sciences sociales et de leur objet ainsi qu’à des précisions
terminologiques relatives à la méthode. Nous terminerons ce chapitre en levant le
voile sur quelques problèmes relatifs à l’étude des sciences sociales.

Ces définitions faites et ces précisions apportées pour lever toute ambiguïté, nous
allons présenter dans un deuxième chapitre les étapes de la démarche scientifique
puis dans le troisième chapitre les différentes techniques utilisées dans les recherches
en sciences juridiques et sociales.

Ces techniques diffèrent en fonction de l’objet de l’étude mais également de la


méthode de recherche qui est utilisée. Ces différentes approches seront présentées
dans le quatrième chapitre.

Enfin, nous ne pouvons clore notre cours sans doter l’étudiant de quelques
techniques pour affronter les exercices pratiques qui s’inscrivent naturellement dans
les études juridiques. Ceux-ci feront l’objet du chapitre 5 où nous aborderons la
dissertation juridique, le commentaire de texte et le commentaire d’arrêt.

Ces exercices comme tous les autres savoirs d’ordre méthodologique nécessitent de
la pratique, de la formation et il n’est jamais inopportun de le redire, beaucoup de
lectures. Ce cours n’en est qu’une initiation.

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Chapitre préliminaire :

La boite à outils de l’étudiant en droit

Dans ce chapitre intitulé : la boite à outils de l’étudiant en droit, nous allons initier
l’étudiant à une série de savoirs et de savoir-faire transversaux et incontournables tels
que la prise de note, les techniques de la recherche documentaires et les moyens qui
sont offerts aux étudiants de l’Université Hassan II de Casablanca dans le cadre des
bibliothèques physiques ou virtuelles, ainsi que les modalités d’utilisation de ces
moyens et les techniques de recherche appropriées afin d’en tirer le meilleur profit.

La recherche documentaire permettra de trouver des documents que les étudiants


seront amenés à lire. C’est pour cette raison que nous allons également aborder la
fiche de lecture et son intérêt méthodologique.

La bibliographie et les citations étant des éléments corrélés à ces opérations de


lecture, étant donné que la lecture sera inévitablement suivie par une phase de
production, nous allons également présenter les règles de la présentation de la
bibliographie et des citations, ainsi que l’intérêt d’une bonne maitrise le plus tôt
possible de ces opérations.

A- La prise de notes

A-1 Définition

La prise de notes est une opération qui fait généralement référence à la transcription
d’un texte prononcé par un orateur (cours, conférence, émission radio…). Prendre des
notes consiste à écrire l’essentiel rapidement afin d’en rendre l’exploitation ultérieure
la plus efficace possible. Il est à noter qu’il faut toujours garder à l’esprit que l’on écrit
toujours pour être lu surtout par soi-même, car il est très difficile d’exploiter la prise
de notes d’autrui quand on n’a pas écouté le discours d’origine de l’orateur.

Cette opération passe par plusieurs étapes

 L’écoute et la reformulation de ce qui est dit.


 La concentration,
 La compréhension des éléments, l’interprétation, l’analyse rapide des éléments
pour les transcrire,

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 La synthèse d’éléments,
 La structuration / organisation
 La transcription de ce que l’on écouté, compris, synthétisé et organisé.

La prise de notes est une tâche complexe cat elle suppose la mise en place d’un
ensemble d’opérations cognitives et de compétences linguistiques exigeantes par
rapport au temps réduit dont dispose l’étudiant, à la limite imposée par capacité de
mémorisation, et aux niveaux linguistiques qui pourraient entraver les différentes
étapes du processus de prise de notes..

A-2 Intérêt

A l’oral, une personne prononce environ 150 mots par minute, mais, elle n'en écrit
que 20 à 40. En faisant bon usage des abréviations, il est possible d’atteindre 60 à
80 mots, ce qui ne permet en aucun cas de prendre l'intégralité du discours. Il
convient donc de saisir l'essentiel et le comprendre pour le reformuler plus
brièvement, ce qui demande une grande attention et de l’exercice.

La prise de notes est nécessaire pour garder la traçabilité des idées écoutées et
comprises : prendre des notes c’est comprendre, pas seulement copier. En outre, la
prise de notes est le meilleur moyen d'apprendre le cours car l’écrit facilite la
mémorisation.

Selon certains spécialistes nous retenons : – 20% de ce que nous entendons, – 40%
de ce que nous voyons, – 60% de ce que nous entendons et voyons en même temps
(audio visuel...) et – 80% de ce que nous faisons (parole, écriture…).

La prise de notes permet de constituer son propre support de cours, qui peut
contenir des compléments fournis oralement Les notes doivent être relues à court
terme afin de les réorganiser, de les reformuler ou de les compléter.

A-3 Méthodes

Plusieurs méthodes existent :

– Méthode linéaire : ainsi appelée car elle suit la linéarité du discours entendu
évitant ainsi d’opérer une sélection de l’information qui demanderait un traitement
cognitif important, ce qui présente des avantages pratiques indéniables, mais ne
semble pas très productif du point de vue de la conceptualisation/mémorisation;

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– méthode planifiante : qui utilise les indications du discours oral (ex.: plan annoncé
par l’orateur et repris au fur et à mesure). Cela donne une prise de notes hiérarchisée
à travers des titres et soustitres qui demandent à l’étudiant de « remplir des cases ».

– méthode par mots-clés, où la réduction des informations aux concepts majeurs se


fait par des « mots-clés » appartenant au discours écouté, ou élaborés par l’étudiant
pour synthétiser l’information. Cette méthode est certes la plus « active » du point de
vue cognitif, mais elle a l’inconvénient de devoir retrouver ultérieurement les
éléments linguistiques nécessaires à reconstituer l’essentiel du texte d’origine. Cette

A-4 Conseils à appliquer pour faciliter la prise de notes

Pour pouvoir réaliser une prise de note efficace, un certain nombre de conseils
peuvent être d’une grande utilité :

Se préparer matériellement : feuilles en quantités suffisantes, éviter les feuilles


volantes, numérotation des feuilles, prévoir des marges, écrire sur un seul côté.

Se préparer intellectuellement : penser, avant le début du cours, au sujet qui va être


traité et à ce qu’on en sait déjà.

Constituer un code d’abréviations et de signes. La signification des signes doit être


sans équivoque lors de la relecture.

Supprimer les mots inutiles à la compréhension du texte (Par exemple les articles, les
commentaires, certains adjectifs, certains verbes).

Utiliser la nominalisation et le remplacement : La nominalisation consiste à tirer un


verbe, un nom de même famille

Soigner la forme (le visuel est important) : Aérer les notes, laisser la possibilité
d’ajouter des données. Chaque nouveau chapitre débute par une nouvelle feuille, Le
repérage de partie à compléter ou à vérifier est fait avec un code couleur, numéroter
les pages, dater chaque document, mettre de la couleur, des cadres, surligner (après
le cours).

Laisser un blanc à combler en cas d’inattention quelques instants pendant le cours

Ce qui est important ce sont les idées et non les mots. La déperdition ne doit pas
s’effectuer sur les idées principales.

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Pour une bonne utilisation des notes :

Dans les heures qui suivent le cours ou dès que possible, il faut :

Clarifier, réécrire, rendre lisible,

Ordonner en vérifiant les titres, pagination,

Rectifier les infos mal comprises ou absentes,

Compléter, commenter.

B- La recherche documentaire

La recherche documentaire est un aspect fondamental des études universitaires. A


l’université, on attend de l’étudiant d’être autonome, de tenir une réflexion originale,
rigoureuse, avec un style propre et correct. Cette autonomie suppose l’aptitude à
rechercher l’information et l’exploiter. Nous allons tenter d’expliquer aux étudiant
comment procéder pour faire une recherche documentaire, et leur présenter les
sources d’information et les outils mis à leur disposition au sein de notre université
pour réussir cette opération incontournable.

B-1 Démarche de la recherche documentaire

Une bonne recherche documentaire suppose l’adoption d’une méthode de recherche


rigoureuse qui permet d’atteindre des documents pertinents et d’être le plus
exhaustif possible tout en évitant la perte de temps.

C’est pour toutes ces finalités qu’il est recommandé de suivre les étapes suivantes :

a- Identifier l’objectif de la recherche :

Il est opportun de préciser l’objectif de la recherche. Pourquoi a-t-on besoin de faire


une recherche documentaire ? Plusieurs raisons peuvent justifier une recherche
documentaire, en l’occurrence : - réaliser un travail personnel (satisfaire une curiosité
intellectuelle), - un devoir à rendre ou exposé à faire, - réaliser votre PFE, - répondre à
une consultation juridique pour un client (plus tard dans la vie active), - instruire un
contentieux (faire le point sur l’état du droit), - etc.

b- Clarifier le sujet de recherche et dresser une liste de mots clés :

Déterminer le sujet en clarifiant les contours de la problématique, les différentes


approches à prendre en compte et les questions à aborder. Il s’agit ensuite de définir

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les concepts de base de votre sujet de recherche. Vos questions et vos idées doivent
être traduites en mots-clés. Il est conseillé pour chaque concept, de rechercher un ou
plusieurs synonymes ou termes associés ainsi que leur traduction en langue anglaise.

c- Identifier les sources d’information correspondant à votre objectif et à votre sujet


de recherche (Voir B-2)

d- Mettre en place une stratégie de recherche

En fonction de l’objectif poursuivi par votre recherche et aussi du temps qui lui est
imparti, il est judicieux de mettre en place une stratégie de recherche en choisissant
entre la méthode dite « pelote » et la méthode dite « râteau ».
La première consiste à partir d’un premier document pertinent et à suivre le fil tandis
que la deuxième consiste à chercher dans toutes les sources disponibles.

e- Formuler des requêtes de recherche

Utiliser les opérateurs booléens

Utiliser les filtres

Utiliser l’anglais

Utiliser les astuces de recherche : (l’expression exacte, la troncature…)

f- Mettre en place des outils de veille


Afin de ne pas reprendre la recherches à chaque fois avec les mêmes mots clés, il est
souhaitable d’installer des alertes mails (Au lieu d’aller chercher l’information,
l’information viendra vers vous) et d’utiliser les sessions personnalisées lors des
recherches (Constituer des listes de lectures, garder un historique de recherche)

g- Evaluer la qualité des sources


Un travail de recherche doit s’appuyer sur des informations fiables. Cela est particulièrement vrai
lorsque les recherches portent sur des sites web. Toute information dont on ignore la provenance
devrait a priori être écartée
L’évaluation portera sur:

La source des documents (éditeur, auteur, plateforme)


La fiabilité de l’information
La correspondance du contenu à l’objectif de la recherche

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La date de l’information et son degré d’actualité

h- Citer

Les citations permettent de garantir :


La crédibilité des propos de l’auteur

Le respect du droit d’auteur


La traçabilité des sources des informations figurant dans le travail
La possibilité de retrouver les références

B. 2 Les principales sources de l’information

Afin de présenter les principales sources qu’un étudiant peut solliciter pour trouver
l’information et la documentation dont il a besoin, nous allons tout d’abord
présenter les différents types de documents disponibles en format papier ou
électronique et leur définitions. Puis nous dresserons une liste des ressources qui sont
mises à la disposition des étudiants pour trouver ces différents types de documents.
Les types de documents cités et les exemples d’illustration seront orientés de façon à
correspondre aux besoins de l’étudiant en droit.

B-1 La typologie des sources d’information et de documentation

Le choix d’une source dépend du niveau et de la nature de l’information recherchée :

a- Les dictionnaires et encyclopédies, utiles pour comprendre le sujet et le


préciser, surtout lorsqu'il s'agit de concepts nouveaux. En droit, ce terme
désigne un ensemble de publications spécialisées ayant vocation à rassembler
les connaissances nécessaires pour appréhender l’état du droit dans une
spécialité. La liste suivante répertorie les plus connues d’entre elles :
– Editions Dalloz : Encyclopédie juridique Dalloz (en version papier et sur
Dalloz.fr
– Editions Lamy (en version papier et sur Lamyline.fr)
– Editions LexisNexis : JurisClasseurs (en version papier et sur
LexisNexis.fr)

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– Editions législatives : Dictionnaires permanents (en version papier et sur
ELnet)
– Lexbase (en ligne)

b- Les livres ou monographies, utiles pour approfondir la recherche. Sont inclus


dans cette catégorie :

– les manuels : Conçus pour servir de complément aux cours, ces ouvrages
traitent de toutes les matières étudiées dans les cursus. Ils s’adressent aux
étudiants mais les spécialistes y trouveront aussi l’essentiel d’un sujet dans un
exposé clair, synthétique, complet et actualisé, puisque les manuels sont
fréquemment réédités pour intégrer les nouveaux apports législatifs,
jurisprudentiels ou doctrinaux. Exemples :
- Carbonnier, Droit civil, 22 éd., PUF, 2008 ;
- Flour, Aubert, Savaux, Droit civil, les obligations, Sirey Université ;
- Delvolvé, Droit administratif, Dalloz (Coll. Connaissance du droit), 2010.

– les mémentos : sont une sorte d’aide-mémoire présentant une synthèse des
connaissances de base dans une matière.

– Les traités : Les traités sont la forme la plus approfondie de l’enseignement


universitaire. Apparus dès la fin du 19ème siècle, ils ont connu un fort succès
grâce à de grands penseurs juridiques. Généralement le titre indique qu’il
s’agit d’un traité (Traité de droit administratif, par exemple). Certains éditeurs
ont regroupé les traités dans une collection particulière (Corpus chez
Economica, Traités chez LGDJ...). Exemples de traités :
- AUBRY & RAU, Cours de droit civil, 12 volumes dans la 5ème édition de 1923
annotée par Bartin, (première édition avant 1850).
- JESE, Principes généraux de droit administratif, (6 vol. dans la première édition 1925-
1936, réedition disponible dans la coll. « Bibliothèque Dalloz ».

– Les mélanges : Les mélanges sont des recueils d’études rédigées afin de
rendre hommage à un maître de la discipline, dont le nom apparaît dans le
titre retenu.

– les précis, Ce sont des livres clairs et concis présentant la matière de manière
objective, descriptive et ramassée. L’éditeur crée une collection de précis et impose

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aux auteurs un format et une présentation commode et pédagogique. Ils sont
régulièrement mis à jour. Exemples :
- Les précis Dalloz (ils en existe dans toutes les matières).

– les codes:: il s’agit d’un document où sont assemblés les textes législatifs et
réglementaires traitant d’un domaine en particulier (ex. code civil, code pénal, code
de commerce)

– Les grands arrêts :

Les Grands Arrêts de la Jurisprudence Administrative est le plus célèbre à ce titre (le
fameux GAJA de Dalloz). Il en existe dans d’autres disciplines.

c- Les actes de colloques : qui sont les compte-rendu d'un colloque, d’un
congrès, ou d’une rencontre scientifique.

d- Les périodiques généralistes ou spécialisés : ils permettent de se tenir


informé des derniers résultats de la recherche et de l’actualité dans son
domaine d’intérêt.

Pour les juristes, le Bulletin officiel est la première source de l’information. Il


s’agit d’une publication périodique officielle éditée par l'État (l’imprimerie
officielle qui relève du Secrétariat Général du Gouvernement).

e- Les thèses, les mémoires, les rapports de recherche (la littérature grise) :
d'un haut niveau scientifique, ils sont appropriés pour traiter un sujet pointu .

f- Les documents spécifiques (cartes, brevets, images, données statistiques,


etc.) : leur usage dépendra du domaine disciplinaire ou de l'approche choisie
pour traiter un sujet

g- La documentation officielle : c'est l'ensemble des documents officiels édités


par des institutions officielles (lois, décrets, règlements, marchés publics,
associations, etc.)

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B-2 Les ressources mises à la disposition des étudiants

Les ressources sont les moyens disponibles pour trouver les différents types de
documents cités plus haut. Elle peuvent être physiques (bibliothèques physiques,
catalogues papiers), ou virtuelles (bibliothèques électroniques. Moteurs de recherche,
bases de données….). Il s’agit plus précidément des moyens ci-dessous :
Les catalogues des Bibliothèques
Les moteurs de recherche (généralistes ou spécialisés)
Les plateformes de thèses
Les plateformes d’e-books
Les plateformes d’archives ouvertes
Les bases de données bibliographiques
Les bases de données textuelles (générales ou disciplinaires)
Les bibliothèques numériques
Les bases de données de brevets, de statistiques
Les portails scientifiques, les portails institutionnels

C- La fiche de lecture

C-1 Définition

Outil indispensable de la méthodologie de travail universitaire, la fiche de lecture est


un document personnalisé, établi par l’étudiant afin de lui permettre de garder une
trace du travail d’un auteur sur une question, un thème. Il s’agit de noter les
réflexions de l’auteur en question, son argumentation, le déroulement de sa
démonstration. Le tout pour pouvoir ensuite réutiliser cette matière lors de ses
propres écrits.

Une fiche de lecture peut être adaptée par chaque étudiant en fonction de des
besoins et de sa personnalité. Elle peut également évoluer dans le temps au fur et à
mesure que l’étudiant avance dans ses études. Néanmoins, il existe des éléments
indispensables à noter dans une fiche de lecture afin de ne pas avoir à recourir au
document d’origine dès que l’on souhaite citer l’article ou le livre en question.

C-2 Méthode d’élaboration de la fiche de lecture

Avant de rédiger la fiche de lecture, il est important de noter la date de sa rédaction.

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a- Présenter la publication

- Référence de l’ouvrage ou de l’article :

Pour un livre : Auteur(s), Année d’édition, Titre, Lieu d’édition : Editeur, Collection,
Nombre de pages

Pour un article : Auteur (s), Année d’édition, « Titre de l’article », in Titre de la


revue, N° de la revue ou du volume, Les pages de l’article (ex : pp. 25-31)

- Rapide présentation de l’auteur : profession, discipline, courant de pensée,


autres ouvrages…
- Lieu de consultation de la publication

b- Résumer en un ou deux paragraphes le contenu de la publication

Quel thème est abordé par l’auteur ? Qu’a-t-il voulu montrer ? Quel est son
propos, sa démarche (étude, recherche, point de vue personnel ou témoignage) ?
A quoi aboutit-il ? Quelles sont ses conclusions ?

Il faut rendre compte de la pensée de l’auteur de manière objective, sans y faire


intervenir votre appréciation critique ou votre jugement. °Sélectionner quelques
citations du document original sur quelques points particuliers qui vous ont plu
ou marqué (idée, raisonnement, information, théorie…) avec le numéro des pages.

c- Discuter le texte
- Texte clair, convaincant et surtout intéressant (et en quoi) ?
- Quels sont les éléments importants qui structurent l’ouvrage ?
- Ce que la lecture vous a apporté?
- A quelle(s) autre(s) lecture(s) vous fait-il penser ?
- En quoi le texte étudié s’insère dans votre recherche ou peut la compléter?
- Confronter les approches de l’auteur à celles d’autres auteurs
- Toute remarque qui vous semble importante à noter.

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D- La bibliographie

D-1 Définition

La bibliographie consiste en une liste de références bibliographiques qui doivent


permettre d’identifier et de retrouver facilement le document (article de revue, thèse,
livre, page web, actes de congrès, etc.) sur lequel vous appuyez votre argumentation
dans votre rapport, votre mémoire ou votre recherche.

La norme ISO 690 est une norme bibliographique internationale qui impose un ordre
dans la mention des différentes informations qui constituent la référence d'un
document. Toutefois, il existe un nombre considérable de styles. L’essentiel c’est
d’adopter un même style pour l’intégralité du document et de présenter sa
bibliographie d’une manière cohérente.

Aujourd’hui, il est de plus en plus fréquent de recourir à l’automatisation de cette


opération grâce à des logiciels comme Zotero et Mendeley.

D-2 Méthodes

Que ce soit pour l’appel des citations à l’intérieur du texte ou pour rédiger la
bibliographie à la fin cu texte, il existe pour chacune des opérations deux grandes
méthodes

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D-3 Règles de rédaction de la bibliographie

a- Zones obligatoires

- Les auteurs : S'il y a plus de trois auteurs, ne citer que le premier (ou les trois
premiers) et les faire suivre de ‘et al’. Le prénom peut être cité en toutes lettres ou en
n'utilisant que les initiales (Mohamed Amine ou M.-A.).

- La zone titre : Le titre du document est écrit en italiques. Dans le cas d'une
contribution dans un document hôte (un chapitre dans un ouvrage collectif par ex.),
le titre de la contribution (partie d'un document, chapitre, article) est écrit
normalement (ou peut être mis entre guillemets), lorsque le titre du document hôte
est en italique.

- La Mention d’édition : N'est mentionnée qu'a partir de la seconde édition. Il faut


préciser également qu'il s'agit d'une nouvelle édition lorsque cela est mentionné sur
la page de couverture ou de titre (Nouvelle éd.).

- Edition/Lieu : éditeur, année d’édition. S'il y a plusieurs villes d’édition, ne


mentionner que la ville marocaine. Indiquer [s.l.] si la ville n'est pas mentionnée. Pour
l’année d’édition (date de publication), il faut prendre la date de l'achevé d'imprimé si
la date est absente avant la page de titre.

b- illustrations :

Cas d’un livre imprimé

NOMS, Prénoms ou Initiales des auteurs. Titre de l'ouvrage et complément de titre


(en italiques). Mention d’édition. Créateurs secondaires. Lieu d’édition : Editeur, année
de publication. Titre de la collection, n° de la collection. ISBN.

Exemple : NAJJAR, Yassir. Droit des obligations et contrats : théorie des obligations.
3ème édition. Préf. Amal Soussi. Rabat : Top édition, 2015. Manuels universitaires, n°
12. ISBN : 9-10-049815-0.

Cas d’un livre électronique

NOMS, Prénoms ou Initiales des auteurs. Titre de l'ouvrage et complément de titre en


italiques *en ligne+. Mention d’édition. Créateurs secondaires. Lieu d’édition : Editeur,
année de publication. [Consulté le jj/mm/aaaa]. Titre de la collection, n° de la
collection. ISBN ou DOI. Disponible à l'adresse : URL ou http://dx.doi.org/DOI

16
Exemple : SCHEPENS, Paula. Guide sur la gestion collective des droits d'auteur : La
société de gestion au service de l'auteur et de l'usager [en ligne]. Paris : UNESCO,
2000 [consulté le 22 mai 2007]. Disponible sur le Web :
<http://unesdoc.unesco.org/images/0012/001206/120677f.pdf>.

Cas d’un mémoire ou d’une thèse

NOM, Prénom de l'auteur. Titre et complément de titre du mémoire ou de la thèse en


italiques. Type de publication ( mémoire, thèse, etc.) : discipline. Lieu de soutenance :
Université / établissement de soutenance, année de soutenance, nombre de volumes.

- SERRAJ, Yahia. Sécurité juridique et droit des contrats : évaluation de la


jurisprudence de la première chambre de 2000 à 2010. Thèse de doctorat : droit privé.
Rabat: 2014, 2 vol.

Cas d’un congrès, colloque ou conférence

NOM, Prénom ou Initiales de l'auteur du congrès / de la conférence. Titre du


congrès: nom du congrès, date du congrès, Lieu du congrès, organisateur du
congrès. Lieu d’édition : Editeur, date de publication. Titre de la collection, n° de la
collection. ISBN.

COMITE EUROPEEN DE DROIT RURAL. Le défi de la diversification des entreprises


agricoles : XXVe congrès et colloque européen de droit rural, Cambridge, 23-26
septembre 2009. Sous la dir. de Richli Paul. Paris : L'Harmattan, 2011. Droit et espace
rural. 978-2-296-56192-2.

17
Chapitre I : Entrée dans les sciences sociales et leurs méthodes

Dans le présent chapitre, nous allons introduire les sciences sociales en tant que
champ disciplinaire en apportant une définition à travers l’objet et l’étendue des
sciences sociales.

En outre, et avant d’aborder dans les chapitres qui suivent différentes méthodes et
techniques utilisées en siences juridiques et sociales, nous allons évoquer quelques
difficultés inhérentes au sciences sociales puis nous allons présenter deux grands
courants méthodologiques.

A- Définition et objet des sciences sociales

Si les sciences humaines ont pour objet d’étude l’homme et ses activités, les sciences
sociales étudient une catégorie particulière de phénomènes humains, à savoir les
phénomènes sociaux, les faits sociaux.

Les faits sociaux peuvent être définis comme ceux qui résultent de la vie en société et
qui ne se produiraient pas dans une existence humaine totalement solitaire.

Le concept de fait social est forgé en 1895 par Émile Durkheim, dans son livre Les
Règles de la méthode sociologique. Selon lui, le fait social peut être défini comme

« toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu une
contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une société
donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses diverses
manifestations au niveau individuel ».

Selon lui, un fait social est un phénomène

• suffisamment fréquent dans une société pour être dit régulier

• suffisamment étendu pour être qualifié de collectif ;

• Au-dessus des consciences individuelles

• et qui les contraint par sa préséance.

18
La figure ci-dessous résume la conception du fait social selon Durkheim :

Donc les faits sociaux sont les faits relatifs à l’homme en société. Les sciences sociales
se distinguent dès lors des disciplines qui étudient les aspects physiques de l’homme,
comme la médecine, ou qui envisagent les hommes en tant qu’individus, comme la
psychologie.

En quoi le fait social est-il un objet d’étude particulier ?

• Ce qui fait la particularité du travail sociologique (et en général des


sciences sociales) est :

1. le fait d’étudier des personnes, des comportements humains. Ceux-ci sont


donc souvent imprévisibles.

2. De plus, il existe un rapport particulier entre le sociologue et son objet


d’étude. En effet, celui-ci appartient à la « société » qu’il étudie.

19
Illustration : Le suicide en tant que fait social

En 1897, dans son ouvrage Le suicide, Émile Durkheim applique la méthode


sociologique que l’on vient de développer. En traitant le suicide comme un fait social,
Durkheim essaye d’en comprendre les causes. Dans cette œuvre, l’auteur veut
d’abord rompre avec la prénotion qui considère que la cause du suicide est avant
tout psychologique (et donc personnelle et individuelle). Pour cela, il part d’un
constat : le nombre de suicides est en forte hausse en France à la fin du XIXe siècle.

Si l’on admet l’hypothèse selon laquelle le suicide est psychologique, l’augmentation


ne devrait alors pas être la même selon les différents groupes en fonction de leur
situation et de leur mode de vie. Pourtant, en observant les statistiques du suicide
selon les classes sociales, Durkheim réalise que le nombre de suicides
psychologiques a autant augmenté chez les agriculteurs (à l’époque, en situation de
déclassement) que chez les professions libérales (à l’époque, en situation
d’ascension sociale). La hausse, qui s’applique à l’ensemble de la société, a donc
une cause sociale.

Ce travail a permis à Durkheim de développer deux causes principales au suicide :

1. l’intégration (un sentiment plus ou moins fort d’appartenance à un groupe)

2. et la régulation (un ensemble plus ou moins important et efficace de règles


qui donnent des repères aux individus).

D’après cette théorie, c’est le fonctionnement de plus en plus individualiste de


la société qui explique que le nombre de suicides ait augmenté.

• Voici une figure reprenant des conclusions de l’ouvrage de Durkheim.


Celui-ci a déterminé 4 types de suicide :

20
Ceci étant, l’objet d’étude des sciences sociales couvre des phénomènes et des
situations extrêmement diverses qui peuvent aller des plus larges et complexes aux
plus restreintes :

Ainsi, une civilisation, une nation, une ville, un village, des classes sociales, les
entreprises industrielles, l’administration, les partis politiques sont autant de milieux
sociaux présentant les caractéristiques de groupes fortement organisés. Les familles
constituent, elles aussi, des milieux sociaux avec leurs traditions, leurs manières de
vivre spécifiques. C’est le cas aussi des phénomènes plus informels, tels une équipe
de football, les classes d’une école, l’équipage d’un avion. Les membres de ces
entités sont en contact direct, s’organisent, se structurent, évoluent d’une manière
originale qu’étudie par exemple la "dynamique de groupe". Il en est de même
lorsque deux personnes se rencontrent dans la rue, s’abordent et bavardent
quelques instants : l’échange de signes, de gestes, de mots qui en résultent crée un
phénomène social particulier ayant ses caractéristiques propres. Entre cette
rencontre fortuite de deux personnes et une civilisation millénaire l’écart est
immense. Pourtant ce sont, l’une et l’autre, des réalités sociales.

L'histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autour de 1750,
lorsqu'une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de
référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité.

Les sciences sociales sont issues de l'éthique de cette époque et ont été influencées
par le long XIXe siècle (la révolution industrielle et la révolution française,
notamment).

21
B- Quelques disciplines des sciences sociales
Le terme contemporain de « sciences sociales» fait généralement références à toutes
les disciplines qui étudient l'humain ou ses interactions et ou ses structures sociales,
autres que la philosophie et les arts. Les sciences sociales comprennent la sociologie,
la psychologie sociale, l’anthropologie culturelle, la science économique, la science
politique, l’histoire, la géographie humaine, la démographie, les sciences du droit et
des institutions, etc.

Nous présenterons dans les paragraphes qui suivent quelques disciplines :

La sociologie
La sociologie est une discipline des sciences sociales qui a pour objectif de rechercher
des explications et des compréhensions typiquement sociales, et non pas mentales
ou biophysiques, à des phénomènes observables. La sociologie cherche à
comprendre et à expliquer l’influence du social sur les façons de penser et de se
comporter des individus
La sociologie étudie le fonctionnement et les transformations de la vie collective, à
travers les interactions qui existent entre les individus, les groupes sociaux, les
organisations et institutions.

Pour résumer, on dira que la sociologie étudie : L’influence de la société sur l’individu,
L’influence de l’individu sur la société, Le fonctionnement, le dysfonctionnement et
transformation de la société et Les phénomènes sociaux.

La recherche sociologique informe les personnalités politiques et les autorités


publiques, les éducateurs, les travailleurs sociaux, les législateurs, et de nombreux
autres organismes et décideurs ainsi que tous ceux intéressés par la résolution de
problèmes sociaux. De nombreux sociologues sont aujourd'hui employés par des
institutions publiques, des collectivités territoriales ou des entreprises privées à des
fins d'expertise ou de consultance.

Méthodes: Observations, enquête, entretiens, focus groupes

La science politique

D'une manière très large, on définit la science politique comme la discipline qui
étudie les phénomènes politiques. Le but de cette discipline scientifique est de
comprendre le fonctionnement politique des sociétés : La manière dont les individus
et les groupes prennent des décisions collectives, comment faire pour décider au
niveau d’une société ou d’un groupe donné.

22
Méthodes : Le politologie peut utiliser des documents comme les travaux
préparatoires à l’élaboration d’une loi, des statistiques relatives aux différentes
élections, des sondages.

L’économie
C’est l’étude scientifique de la production, des échanges, de la consommation et de la
distribution des biens et des services. L’économie est traditionnellement considérée
comme une science dure qui se caractérise par la logique et la rationalité, et qui se
base sur les modèles mathématiques et l’utilisation des méthodes statistiques,
comme les lois de l’offre et de la demande

Tout cela laisse penser que l’économie est une science exacte. Pourtant, il n’en est
rien, car l’objet d’étude centrale de l’économie reste le comportement humain.

Or Prévoir avec exactitude la demande de tel ou tel produit ou l’évolution de la


consommation est presque impossible du fait de la complexité inhérente à toute
action humaine.

L’ethnologie

Etudie les pratiques et l'ensemble des caractères de chaque ethnie, afin d'établir des
lignes générales de structure et d'évolution des sociétés en recourant à l’observation
directe ou à l’observation participante.

La science juridique

Science rassemblant l'ensemble des connaissances rationnelles et des méthodes qui


permettent de connaître, analyser et créer les règles de droit d'une société.

La science du droit, dans la mesure où elle témoigne des mécanismes normatifs au


sein des sociétés humaines, est une science sociale.

Mais peut-on vraiment parler de sciences ?

Les sciences sociales sont-elles comparables à la physique, aux mathématiques et à la


chimie ?

Certes, les sciences sociales ne permettent pas d’élaborer de grandes lois immuables
et vraies éternellement, elles ne permettent pas d’atteindre un niveau élevé de
prédiction. Cependant, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse qui tend à
considérer les sciences sociales comme des sciences molles où on ne fait qu’échanger

23
des avis et le plus convainquant l’emporte. Les sciences sociales se basent sur des
méthodes rigoureuses

Les conclusions sont certes plus limitées qu’en sciences exactes mais elles permettent
néanmoins d’expliquer, de comprendre ou de prédire bon nombre de phénomènes
et de faits sociaux.

24
C- Difficultés méthodologiques inhérentes aux sciences sociales

Avec l’évolution du positivisme en sciences sociales, celles-ci n’ont cessé d’emprunter


aux sciences de la nature un certain nombre de méthodes, techniques et outils
d’investigation scientifiques. Pourtant, La nature particulière de l’objet des sciences
sociales n’est pas sans répercussions sur le statut de ces disciplines « scientifiques »
spécifiques. En outre, l’histoire des sciences sociales prouve que cette approche
scientifique des phénomènes sociaux a eu du mal à s’imposer et s’est heurtée à un
certain nombre d’obstacles :

La distinction sens commun / savoir scientifique ?


La volonté de faire de la science, revient en fait, à mettre en œuvre
l’indispensable rupture épistémologique entre le savoir scientifique et le sens
commun.
La notion de rupture épistémologique est forgée par Gaston Bachelard dans son
ouvrage La Formation de l'esprit scientifique. Accéder à la science, selon Gaston
Bachelard, ce serait accepter de contredire le passé, quand elle se fonde
sur « l'expérience première». La sphère des opinions et des convictions serait alors
une barrière qui ne permet pas d'atteindre l'objectivité recherchée par les démarches
scientifiques. Toujours selon Bachelard : « Le réel n'est jamais ce qu'on pourrait
croire, mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser »
Pour Pierre Bourdieu, « Le fait se conquiert contre l'illusion du savoir immédiat. ».
Rompre avec l'expérience première pour pouvoir accéder à un fondement solide
d'une science, c'est ce que veut souligner Pierre Bourdieu.
Émile Durkheim, quant à lui, insiste sur la nécessité d’écarter les prénotions, c’est-
à-dire des concepts formés en dehors de la science pour des besoins qui n'ont rien
de scientifiques. Si toutes les sciences sont confrontées à cette nécessité de rompre
avec les prénotions (la chimie et l’astronomie doivent par exemple se séparer de
l’alchimie et l’astrologie), cette difficulté lui semble plus grande pour la sociologie, car
tout sociologue, dans sa vie quotidienne, exprime des opinions sur la société, l’État, la
famille, le travail. En revanche, le physicien n’a pas d’opinion sur la gravitation ou la
relativité.
Pour les mêmes raisons, Max Weber (Le savant et le politique, 1919) insiste sur la
neutralité axiologique.
Le discours scientifique doit être autonome par rapport aux valeurs, ce qui est aussi
délicat à réaliser que la mise à l’écart des prénotions, puisque les valeurs sont, à

25
travers les comportements et le sens que les individus leurs donnent, l’objet d’étude
du sociologue.
Savoir empirique # jugement de valeur

La démarcation Objet /sujet


Les sciences sociales sont des sciences dites « herméneutiques » qui posent une
grande problématique qui est celle de l’interférence entre l’objet et le sujet. Dans les
sciences sociales, il est difficile de séparer l’objet et le sujet comme le cas des sciences
naturelles ou il y a une séparation entre l’objet (la matière) et le sujet chercheur
(l’Homme). Cet obstacle épistémologique empêche la construction de l’objectivité et
c’est la subjectivité qui domine.

Les chercheurs qui a leur tête Saint Simon, Emile Durkheim, Adam Smith ont essayé
de rompre avec la subjectivité et ont construit ce qu’on appelle l’objectivation qui
signifie le contrôle de sa propre subjectivité et l’usage des méthodes qui sont
développées dans le cadre des sciences naturelles.

Le Problème de la réfutabilité

Le problème de la démarcation entre une démarche scientifique et une démarche


spéculative (pseudoscience, idéologie) a été posé par Karl Popper en termes de
méthode au sens large (c'est-à-dire associant la manière théorique et pratique de
conduire la recherche).
Pour Popper, la science se doit de fonctionner de manière déductive, allant du
général de la théorie au particulier du fait empirique. Ainsi, elle devrait procéder en
trois temps : théorie, déduction de conséquences, expérience pouvant réfuter la
théorie.
La vérification de la scientificité d'une démarche se prétendant scientifique comporte
quatre étapes :
• 1 - L'évaluation de la cohérence du système théorique
• 2 - La mise en évidence de la forme logique de la théorie
• 3 - La comparaison à d'autres théories
• 4 - Les tests empiriques.
C'est ce dernier point que nous allons voir, car c'est l'apport spécifique à Karl Popper.
une proposition est scientifique si elle peut être réfutée ;

26
La possibilité de réfutation est pour Kark Popper un critère de scientificité essentiel : il
faut que la théorie offre la possibilité "d'expériences cruciales" qui permettent de la
réfuter pour qu'elle soit qualifiée de scientifique. Cela sous-entend que la théorie soit
rigoureuse et permette des prévisions précises.
Si elle est floue et fait des prévisions vagues ou interprétables, elle n'est pas réfutable
et ne peut pas être considérée comme scientifique. La conception de Popper est aussi
de bon sens, car une connaissance qui prétendrait à la vérité sans pouvoir être testée
par la communauté savante est a priori suspecte et ne peut faire partie du corpus
scientifique acceptable. On ne peut prétendre à une connaissance vraie sur le monde
sans qu'elle soit testable empiriquement par la communauté.
Tant qu'une théorie réfutable n'est pas réfutée, elle est dite "corroborée".
Les sciences sociales s’abandonnent à une mystique collective. Donc, les sciences
sociales ont toujours raison du point de vue où elles se placent.
En conséquence, on peut difficilement les réfuter .

D- Holisme et individualisme méthodologiques

Le holisme méthodologique

Le holisme est un courant de pensée qui part du tout social pour expliquer les
comportements, les choix, les décisions des individus. Selon les sociologues holistes,
la société exerce des contraintes sur les individus au cours du processus de
socialisation pour les amener à s’intégrer, à s’insérer dans le « tout social » et leur
permettre de s’y épanouir. Ces contraintes déterminent les rôles tenus par les
individus au sein de la société. C’est pourquoi cette façon de penser est appelée :
«déterminisme social».
La socialisation peut se définir comme le processus par lequel les individus
intériorisent les normes et les valeurs de la société dans laquelle ils évoluent.
Le holisme appliqué aux systèmes humains, par essence complexes, consiste à
expliquer les faits sociaux par d’autres faits sociaux, dont les individus ne sont que
des vecteurs passifs. Les comportements individuels sont socialement déterminés : la
société exerce une contrainte (pouvoir de coercition) sur l’individu qui intériorise (ou
« naturalise ») les principales règles et les respecte. Le libre arbitre individuel n'est pas
pour autant totalement éliminé, mais statistiquement ce qu'un individu choisit de ne
pas faire, un autre le fera, pour un résultat social identique.

Pour Émile Durkheim, "La cause déterminante d'un fait social doit être recherchée par
rapport aux faits sociaux antérieurs et non parmi les états de conscience individuelle".

27
(Les règles de la méthode sociologique). Les actes individuels sont expliqués par la
société et les normes sociales qu'elle impose à ses membres. L'individu intériorise des
comportements, des façons de penser

« L’être humain est un être social = il est le « produit » de la société dans laquelle il
est élevé et grandit » Émile Durkheim.

Selon Pierre Bourdieu, considéré comme un sociologue holiste contemporain, les


individus héritent d’un habitus, c’est-à-dire d’un ensemble « de dispositions durables
et transposables », héritées de leur milieu social d’origine, qui structurent leur
comportement. Il s'agit de « l'incorporation des expériences » vécues par chacun et
qui vont jouer un rôle déterminant dans les décisions prises. Bourdieu est ici l’héritier
de la pensée de Durkheim, selon lequel la société exerce des contraintes sur l’individu
pour l’amener à s’insérer dans le groupe social. Ces contraintes vont déterminer le
rôle social de l’individu.

L’Individualisme méthodologique

Selon cette posture, on cherche à comprendre les phénomènes sociaux à partir des
interactions individuelles (on part d’en bas). L’individualisme méthodologique est :

« … une doctrine … selon laquelle nous devons réduire tous les phénomènes collectifs
aux actions, interactions, buts, espoirs et pensées des individus et aux traditions crées
et préservées par les individus » (Popper, Misère de l’historicisme, 1944.)

« … il faut prendre acte du fait que tout phénomène collectif est l’effet d’actions, de
croyances ou de comportements individuels … » (Raymond Boudon, 2004)

Selon Max Weber, sociologue allemand, 1864-1920,qui prône une sociologie


compréhensive », l’homme est « un être de conscience » qui agit en fonction de sa
compréhension du monde et des intentions qu’il a. Analyser le social, c’est donc
partir de ces actions et des intentions qui les constituent. Weber reconnaît qu’une
partie du comportement est «déterminée» par le contexte social dans lequel
l’individu a grandi, cependant selon lui, le facteur le plus important est la motivation
individuelle, c’est elle qui va guider les choix fondamentaux de l’individu. C’est
pourquoi il parle d’interactivité : le groupe social agit sur l’individu et celui-ci va agir
sur le groupe en fonction de sa personnalité.

Héritier de la pensée de Max Weber, Raymond Boudon, né en 1934 précisé que le


sociologue doit mettre au jour les «bonnes raisons» que peut avoir l’individu d’agir
comme il le fait. Il a pour tâche de chercher à comprendre les motivations profondes
qui poussent l’individu à prendre telle décision plutôt que telle autre. Il ne sous-

28
estime pas les contraintes qu’exerce la société, le tout social, sur l’individu, mais il
pense que l’individu est un acteur de sa propre vie et qu’il interagit sur la société.
Selon Boudon, l’individu est rationnel, il opère des choix après avoir réalisé des
calculs « coûts-avantages » qui tiennent compte du coût de tel choix et des
avantages qu’il présente.

29
Chapitre II: Les méthodes des sciences juridiques et sociales

La recherche en sciences sociales nécessite l’utilisation de méthodes scientifiques et


de techniques appropriées aux différentes disciplines des sciences sociales.

A- L’intérêt de la méthode
Les sciences ne sont pas unifiées par leur objet d’étude mais plutôt par leur méthodologie. C’est la
méthodologie qui constitue la fondation de toute science.

Ce qui distingue l’approche scientifique des autres modes d’acquisition des connaissances ce sont les
théories sur lesquelles elle est fondée et sa méthodologie.

Ce qui caractérise le sociologue ou le spécialiste des sciences sociales c’est la détermination et


l’engagement d’utiliser la méthode scientifique dans l’étude de la société.

La méthode scientifique peut être définie dès lors comme étant une série d’étapes systématiques et
organisées qui garantissent un maximum d’objectivité et de consistance à la résolution d’un
problème de recherche. On peut donc affirmer qu'il n'y a pas de travail scientifique possible sans
méthode et méthodologie.

C'est en fait ce qui distingue par exemple le journaliste ou le reporter du chercheur. Le second se
caractérise par une rigueur explicite, absolue et systématique dans sa quête et son traitement des
informations recueillies, c'est là qu'il doit faire preuve de méthode et c'est par là qu'il s'apparente à
la communauté scientifique.

Pour montrer l’importance de la méthode en science, il y a lieu de rappeler que toute discipline qui
se veut autonome doit se définir un objet spécifique (à quoi elle s’intéresse) et une méthode
(comment elle procède pour étudier cet objet).

B- Méthode, méthodologie et technique


1- La méthode

Larousse encyclopédique définit le terme « méthode » comme étant "la marche rationnelle de
l’esprit pour arriver à la connaissance ou à la démonstration de la vérité ».

D’après Madeleine Grawitaz, la méthode est l’ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles
une discipline cherche à atteindre les vérités qu’elle poursuit, les démontre, les vérifie ; elle répond
particulièrement à la question « comment ? ».

La méthode désigne donc une démarche logique. Elle est constituée d'un ensemble de règles qui,
dans le cadre d'une science donnée, sont relativement indépendantes des contenus et des faits
particuliers étudiés en tant que tels. Elle se traduit, sur le terrain, par des procédures concrètes dans
la préparation, l'organisation et la conduite d'une recherche.

La méthode répond d'abord à une question pratique : comment faire, quoi entreprendre, afin
d'atteindre un but donné?

30
René Descartes est reconnu comme le premier à élaborer un traité systématique et complet de
méthode, édité sous le titre « Le discours de la méthode » en 1632.

Il y invite à respecter un certain nombre de règles pour s'assurer du caractère objectif de ce qu'on
étudie et surtout, de ce qu'on élabore à partir de cette étude. Notamment la défiance des préjugés
et des idées « adventices » (à l'avance, non prouvées) et la non acceptation d'une idée avant qu'elle
ne s'impose avec clarté et évidence à la raison.

Comme base de méthode, Descartes préconise le doute (doute cartésien). Il faut douter de toute
chose avant d'en avoir fait la preuve évidente et irréfutable. Cela est demeuré, jusqu'à nos jours, le
souci majeur de toute approche scientifique positiviste qui se respecte. Et l'outil dont on se sert pour
satisfaire à cette exigence fondamentale est précisément la méthode.

2- La méthodologie

Peut être définie comme étant l'étude du bon usage des méthodes et des techniques. Car, il ne
suffit pas de les connaître, encore faut-il savoir les utiliser comme il se doit, c'est-à-dire savoir
comment les adapter, le plus rigoureusement possible, d'une part à l'objet précis de la recherche ou
de l'étude envisagée, et d'autre part aux objectifs poursuivis.

Autrement dit, les méthodes et techniques retenues dans une recherche donnée doivent être les
plus aptes à rendre compte du sujet étudié et à mener le chercheur vers les buts qu'il s'est fixés en
termes d'aboutissement de son travail.

Le chercheur se doit de justifier et d'argumenter pourquoi son choix s’est porté sur telle méthode,
technique ou tel instrument. Pour mieux circonscrire sa méthodologie, le chercheur doit définir,
formuler et élaborer « au plus fin » son problème. Plus les données du problème seront précisées,
plus facile sera l'élaboration de la méthodologie.

Il y a un inter-conditionnement nécessaire entre le problème, la façon de le poser, la méthode


adoptée et les techniques retenues.

3- La technique:

C'est un moyen précis pour atteindre un résultat partiel, à un niveau et à un moment précis de la
recherche. Cette atteinte de résultat est directe et relève du concret, du fait observé, de l'étape
pratique et délimitée.

Les techniques sont, en ce sens, des moyens dont on se sert pour couvrir des étapes d'opérations
limitées, alors que la méthode est plus de l'ordre de la conception globale coordonnant plusieurs
techniques.

Ce sont des outils momentanés, conjoncturels et limités dans le processus de recherche : sondage,
interview, Focus groupe, jeu de rôle, tests, etc.

31
C- Quelques principales méthodes des sciences sociales
Si la plupart des méthodes sont utilisables aussi bien en sciences sociales et humaines qu’en sciences
exactes, certaines méthodes sont plus appropriées à certaines disciplines que d’autres.

Dans tous les cas, chaque méthode doit être adaptée selon les spécificités du domaine dans lequel
elle est appelée à être utilisée.

Dans ce qui suit, nous retiendrons huit grands types de méthodes, en l’occurrence : la méthode
descriptive, la méthode historique, la méthode comparative, la méthode déductive, la méthode
inductive, la méthode fonctionnelle, la méthode structurale, et la méthode systémique.

La méthode descriptive ‫المنهج الوصفي‬:

La conception descriptive de la recherche est une méthode scientifique consistant à observer et à


décrire le comportement d'un sujet sans l'influencer d'aucune façon.

L’intérêt de cette recherche est de pouvoir décrire précisément le phénomène étudié. Pour
permettre d’établir une description précise, cette recherche demande à son enquêteur de collecter
un grand nombre de données informatives à partir du phénomène ou du sujet que celui-ci étudie.

La méthode descriptive utilise l’étude de cas ou l’enquête.

Les résultats d'une recherche descriptive ne peuvent en aucun cas être utilisés comme réponse
définitive ou pour infirmer une hypothèse. Mais si les limites sont comprises, elles peuvent former un
outil utile dans de nombreux domaines de la recherche scientifique.

Cette méthode se concentre sur la réponse aux questions relatives au « quoi » plutôt qu’au «
pourquoi » du sujet de recherche. L’objectif principal de la recherche descriptive est simplement de
décrire la nature des données étudiées au lieu de se concentrer sur le « pourquoi ».

La recherche descriptive est appelée méthode de recherche observationnelle, car aucune des
variables de l’étude n’est influencée au cours du processus de recherche.

La recherche descriptive est de nature quantitative, car elle tente de recueillir des informations afin
de pouvoir par la suite les analyser statistiquement.

La méthode historique ‫المنهج التاريخي‬

La méthode historique ou génétique est une méthode qui s’inscrit dans le temps et dans la durée.
Elle vise la reconstitution de la genèse des situations étudiées, en découvrant les antécédents qui
permettent d’expliquer des situations.

A l’origine, cette méthode a été développée par le grand historien et sociologue Ibno Khaldoun. Sa
façon d'analyser les changements sociaux et politiques qu'il observe dans le Maghreb et la péninsule
Ibérique de son époque conduit à le considérer comme un précurseur de la sociologie moderne.

32
Avant ce dernier, les historiographes s'étaient jusqu'alors contentés de consigner les événements
historiques sous forme d'annales et sur la base de récits transmis d'abord oralement puis par écrit. À
l'inverse, Ibn Khaldoun s'interroge constamment sur les causes des évolutions historiques.

Dans son œuvre majeure, Le Livre des exemples ‫كتاب العبر‬, (1375-1379) il raconte l'Histoire universelle
à partir des écrits de ses prédécesseurs, de ses observations au cours de ses nombreux voyages et de
sa propre expérience de l'administration et de la politique. L'introduction, intitulée la
Muqaddima (les Prolégomènes en français), expose sa vision de la façon dont naissent et meurent les
empires. Ainsi, lorsque Ibn Khaldoun a voulu comprendre le phénomène du pouvoir chez les sociétés
développées à l’époque des Almoravides des Almohades des mérinides, il a essayé de faire la liaison
avec un ensemble de causes (antécédents) qui l’ont aidé à expliquer le pouvoir et qu’il a classé en
facteurs sociaux, culturels, climatiques, etc.

Avec cette œuvre, Ibn Khaldoun crée pour la première fois dans la culture
islamique une science reposant sur l'analyse précise des faits historiques. Il tente d'y déterminer le
symptôme et les causes de la montée et du déclin des dynasties musulmanes en s'appuyant sur sa
propre expérience.

Dans une approche historique, on ne peut pas observer les phénomènes directement, mais le passé
laisse généralement des traces et c'est sur ces traces que porte la méthode historique.

La méthode comparative ‫المنهج المقارن‬


La méthode comparative consiste tout simplement à comparer les phénomènes à étudier. C’est une
méthode qui consiste à affronter deux éléments A & B, et à dégager les éléments de convergence et
de divergence, des éléments constants, des types.
Cette méthode repose en premier lieu sur l’observation: c’est un moyen qui permet au chercheur de
décrire les faits qu’il observe, puis à procéder à ce qu’on appelle le classement des éléments
observés et à la comparaison entre les éléments observés.
La validité de cette méthode dépend de la rigueur avec laquelle on l’applique.
C’est Émile Durkheim qui a le plus clairement théorisé l’analyse comparative comme méthode
positive. Ce sociologue était animé par le désir de procurer à la sociologie le même niveau de
scientificité que les sciences exactes. Dans Les règles de la méthode sociologique, il écrit : « La
sociologie comparée n’est pas une branche particulière de la sociologie ; c’est la sociologie même,
en tant qu’elle cesse d’être purement descriptive et aspire à rendre compte des faits ».
Partant du postulat qu’« à un même effet correspond toujours une même cause » Durkheim affirme :
Nous n’avons qu’un moyen de démontrer qu’un phénomène est causé d’un autre, c’est de comparer
les cas où ils sont simultanément présents ou absents et de chercher si les variations qu’ils
présentent dans ces différentes combinaisons de circonstances témoignent que l’un dépend de
l’autre.
Par exemple, ajoute-t-il, on constate une corrélation entre le niveau d’instruction et une tendance au
suicide : à une augmentation de la première variable correspond une augmentation de la seconde. Il
est cependant impossible de comprendre comment l’instruction conduit au suicide.
On cherche alors à savoir si les deux variables précédentes ne sont pas la conséquence d’un même
état. Cette cause commune, selon lui, est l’affaiblissement du traditionalisme religieux qui renforce à
la fois le besoin de savoir et le penchant pour le suicide.

33
La méthode déductive ‫المنهج االستداللي أو االستنباطي‬
Elle consiste à analyser le particulier à partir du général, à lire une situation concrète spécifique à
l'aide d'une grille théorique générale préétablie.
Les étapes de la méthode déductive sont :
Théorie- Hypothèse- Expérience- Résultats- Interprétation- Conclusion.

C’est une méthode très pratiquée dans le raisonnement juridique. Elle se traduit par l’application
d’une règle générale (issue d’une disposition constitutionnelle, légale, réglementaire, d’une
convention ou d’un principe général de droit) à une situation concrète en vue d’aboutir à une
solution ou conclusion.

Pour appliquer une règle de droit à une situation de fait particulière, le juriste utilise
un raisonnement déductif, le syllogisme. L’objectif est d’arriver à une solution juridique logique et
donc vraie à partir des deux prémisses.

Exemple célèbre de syllogisme:


Majeure : Tout homme est mortel.
Mineure : Or, Socrate est un homme.
Conclusion : Donc Socrate est mortel.

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La méthode inductive ‫المنهج االستقرائي‬

Cette méthode consiste, contrairement à la première, à tenter des généralisations à partir de cas
particuliers. On observe des caractéristiques précises sur un ou plusieurs individus (objets) d'une
classe et on essaie de démontrer la possibilité de généraliser ces caractéristiques à l'ensemble de la
classe considérée. Elle suit la séquence des étapes suivantes :

Observation — Analyse — Interprétation — Généralisation.

La méthode inductive est très utilisée en sciences sociales et s'appuie beaucoup sur les techniques
d'inférence statistique (tests qui permettent de mesurer le risque d'erreur et l'étendue des
possibilités de généralisations-extrapolations). Le sondage d'opinion, l'étude de marché... relèvent de
cette méthode.

Lorsque nous utilisons l’induction, nous observons un certain nombre de cas spécifiques et en
déduisons un principe général ou une loi. Le raisonnement inductif est ouvert et exploratoire surtout
au début. D’un autre côté, le raisonnement déductif est de nature étroite et vise à tester ou à
confirmer une hypothèse.

La méthode /approche fonctionnelle ‫المنهج الوظيفي‬

L’analyse fonctionnelle des phénomènes sociaux vise à les expliquer par le rôle, la fonction qu’ils
assurent dans l’ensemble social auxquels ils appartiennent. La fonction devient un principe
explicatif : tout organe a une fonction (comme dans le corps humain). Les organes de la société ont
pour fonction d'assurer la cohésion sociale (lien social entre les individus).

La méthode fonctionnelle est une voie de causalité. Elle réfère aux causes et aux effets des
phénomènes sociaux (socio-culturel, politique, diplomatique, etc.).

Cette méthode de K. Merton repose sur des concepts comme :

35
• dysfonction qui est la conséquence qui gêne le processus d’adaptation et d’ajustement du
système social ;

• fonction qui est la conséquence qui contribue à l’adaptation et à l’ajustement du système


social ;

• fonctions manifestes qui sont des conséquences objectives qui sont comprises et voulues par
les acteurs sociaux d’un système ;

• fonctions latentes qui sont des conséquences objectives qui ne sont ni comprises ni voulues
par les acteurs sociaux d’un système, équivalent fonctionnel selon lequel les mêmes
fonctions peuvent être remplies par plusieurs éléments ou acteurs ; et enfin le substitut
fonctionnel qui dit que un élément ou un acteur peut remplir plusieurs fonctions à la fois.

La méthode /approche structurale ‫المنهج البنيوي‬

L’analyse structurale porte sur la forme des relations entre les acteurs sociaux, pour la décrire ou
pour l’expliquer. La notion fondamentale est donc la structure. Selon Jean Piaget on peut dire qu’il y
a structure « quand les éléments sont réunis en une totalité présentant certaines propriétés en tant
que totalité, et quand les propriétés des éléments dépendent entièrement ou partiellement de ces
caractères de la totalité ».

Le structuralisme est un ensemble de courants de pensée holistes apparus principalement


en sciences humaines et sociales au milieu du XXe siècle, ayant en commun l'utilisation du terme
de structure entendue comme modèle théorique organisant la forme de l'objet étudié pris comme
un système, l'accent étant mis moins sur les unités élémentaires de ce système que sur les relations
qui les unissent.

La méthode /approche systémique

L’analyse systémique consiste à distinguer dans la réalité deux parties, le système et son
environnement. L’environnement étant constitué par l’ensemble des objets dont un changement
affecte le système et qui sont eux-mêmes affectés par les variations de celui-ci.

Telle est l’approche proposée par David Easton: «Une analyse systémique repose sur la notion d’un
système immergé dans son environnement et sujet de la part de celui-ci à des influences ».

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Chapitre III: La démarche scientifique

La recherche présuppose que le chercheur soit capable de concevoir et mettre en œuvre un dispositif
de travail. La démarche est une manière de progresser vers un but.

Exposer sa démarche scientifique consiste à décrire les principes fondamentaux à mettre en avant
dans tout travail de recherche. Elle procède en trois actes. Ces actes sont divisés en sept étapes

A- Les trois actes de la démarche


Gaston Bachelard a résumé la démarche scientifique en quelques mots : « Le fait scientifique est
conquis, construit et constaté ». (- conquis sur les préjugés, - construit par la raison , - constaté dans
les faits).

A.1 La rupture (rompre avec nos idées préconçues)

Une des premières difficultés à laquelle se trouve confronté le chercheur en


sciences sociales consiste en ses propres préjugés, avec lesquels il lui est d’autant plus difficile
de rompre qu’il est pris dans la société qu’il étudie. Aussi, il est confronté à sa subjectivité, à ses
schèmes de perception et d’appréciation de la réalité, qui sont eux-mêmes le produit des visions
communes de la réalité. En effet, de manière quasi- systématique, le choix d’un objet de recherche
repose sur des intérêts qui ne sont pas socialement neutres. Ils peuvent être, par exemple,
l’impression de familiarité avec cet objet. Cela oblige donc le chercheur à toujours contrôler les effets
qu’il pourrait induire dans sa recherche. La rupture constitue ainsi le premier acte d’une démarche
scientifique.

« L’esprit scientifique se constitue sur un ensemble d’erreurs rectifiées . » Par cette affirmation,
Gaston Bachelard va adopter une vision fondamentalement historique de la science. Plus encore, il
conçoit l’avancée de la pensée scientifique comme une remise en cause incessante de ses propres
fondements. La science tendue vers l’avenir ne progresse qu’en rompant avec son passé.

A.2 La construction

La rupture dans un processus de recherche ne va pas de soi. Elle est le produit de la construction
des propositions explicatives du phénomène étudié, de l’établissement d’un plan de recherche, et de
la réalisation de plusieurs opérations pour faire apparaître des relations nouvelles et non
directement accessibles, mais aussi de la mise en place d’un cadre théorique de référence. Les
propositions explicatives doivent se baser sur des hypothèses et des concepts valablement constitués

1.3 La constatation (mettre à l’épreuve la recherche, la confronter avec la réalité)

Ce n’est qu’après avoir réalisé ce travail préalable que les propositions explicatives doivent être
soumises à l’épreuve des faits. Ce dernier moment est celui de la constatation ou de
l’expérimentation.

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B- Les sept étapes de la démarche de recherche

Comme le montrent les sociologues Raymond Quivy et Luc Van Cam-penhoudt dans « le Manuel de
recherche en sciences sociales », les trois actes distingués sont réalisés au cours d’une succession
d’opérations qui peuvent être différenciées en sept étapes :
La rupture comprend :
- La formulation d’une question de départ
- L’exploration par les lectures et les premiers entretiens
- L’élaboration de la problématique
La construction comprend :
- La construction du modèle d’analyse
La constatation comprend
- L’ observation
- L’analyse des informations
- Les conclusions.

B.1 La question de départ

La question de départ constitue le premier fil conducteur nécessaire pour débuter un travail de
recherche et se structurer avec cohérence. Il est à noter ceppendant que ce point de départ n’est
que provisoire, il a en effet de fortes probabilités d’évoluer par la suite puisque par définition, une
recherche est quelque chose qui se cherche. Mais la formulation de cette question de départ reste
cependant une étape obligatoire, qu’il faut se résigner à accomplir. Cette question doit permettre au
chercheur d’exprimer le plus exactement possible ce qu’il cherche à savoir, à élucider, à mieux
comprendre.

Cependant traduire un projet de recherche, sous la forme d’une question de départ, n’est utile que si
cette question remplit trois critères indispensables qui sont :

- des qualités de clarté : la question doit être précise et ne pas prêter à confusion, chaque terme
devant être clairement défini (réaliser des tests auprès de son entourage). En outre, elle doit être
aussi concise que possible.

- des qualités de faisabilité : la question doit être réaliste, tant d’un point de vue personnel, matériel
que technique.

- des qualités de pertinence : il doit s’agir d’une vraie question, sans réponse présupposée et qui n’a
pas de connotation morale (on ne doit pas chercher à juger mais à bien comprendre). En outre, elle
doit aborder l’étude de ce qui existe ou a existé et non celle de ce qui n’existe pas encore et enfin,
elle doit viser à mieux comprendre les phénomènes étudiés.

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B.2 L’exploration

La question de départ étant le fil conducteur du travail de recherche, elle va donc guider l’étape
exploratoire. L’exploration se décompose en trois parties, elle comprend ainsi :

- les opérations de lecture : constitue un « Etat de l’art » et sert à s’informer des recherches déjà
menées sur le thème de travail. Pour cette phase de lecture, il s’agit de sélectionner très
soigneusement les articles ou les ouvrages en relation avec la question de départ, de prévoir un
programme de lecture, de dégager des éléments d’analyse et d’interprétation, et enfin, de choisir
des approches diversifiées

- les entretiens exploratoires : Les lectures doivent s’accompagner d’entretiens exploratoires qui ont
pour objectif principal de mettre en lumière les aspects du phénomène étudié auxquels le chercheur
n’aurait pas pu penser spontanément lui-même et de compléter ainsi les pistes de travail mises en
évidence par ses lectures. Les entretiens exploratoires ne peuvent remplir cette fonction que s’ils
sont très peu directifs (entretiens semi-directif, méthode mise en évidence par Carl Rogers) car
l’objectif n’est pas de valider les idées préconçues du chercheur mais d’en imaginer de nouvelles.

- et des méthodes d’explorations complémentaires.

Enfin, ces entretiens s’accompagnent souvent d’autres méthodes exploratoires telles que
l’observation et l’analyse de documents. L’étape d’exploration a pour but de vérifier que la question
de départ est toujours adaptée au sens de la recherche, et dans le cas contraire, il s’agit d’exploiter
les enseignements de ce travail exploratoire pour reformuler la question de départ.

B.3 La problématique

Correspond à l’explicitation de l’approche ou perspective théorique adoptée pour traiter le problème


posé par la question de départ.

Dans un premier temps, il s’agit de faire le point des problématiques éventuelles et de les comparer
à l’aide des résultats de l’exploration. Ensuite, à l’aide de repères tels que les schèmes d’intelligibilité
et les modes d’explication, il faut mettre en valeur les perspectives théoriques issues des approches
rencontrées. Dans un second temps, il s’agit de choisir et d’expliciter sa propre problématique en
toute connaissance de cause. Ainsi, il faut choisir un cadre théorique qui soit adapté au problème et
maîtrisable. Ensuite, pour expliciter sa problématique, il faut redéfinir le plus précisément possible
l’objet d’étude, en précisant l’angle d’attaque et en reformulant la question de départ pour qu’elle
devienne la question centrale de recherche. En parallèle, il faut aménager la perspective théorique
en fonction de l’objet d’étude afin de créer un système harmonisé. Ainsi, on constate que
formulation de la question de départ, exploration et enfin explicitation de la problématique sont en
étroite interaction. Il existe des boucles de rétroactions entre ces étapes qui constituent les
fondements de l’élaboration du modèle d’analyse qui rendra opérationnelle la perspective de
recherche choisie.

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B.4 La construction du modèle

Le modèle d’analyse se compose de concepts et d’hypothèses qui s’articulent entre eux pour former
un cadre cohérent. La conceptualisation constitue une construction abstraite qui vise à rendre
compte du réel. Mais elle ne tient pas compte de tous les aspects de la réalité concernée, elle relève
seulement ceux qui sont essentiels du point de vue du chercheur.

Une hypothèse est une proposition provisoire qui anticipe une relation entre deux termes (concepts
ou phénomènes). Elle demande donc à être vérifiée et elle devra être confrontée ultérieurement à
des données d’observation. Ainsi pour être vérifiable empiriquement, une hypothèse doit être
falsifiable, c’est-à-dire, qu’elle doit, d’une part, être testable indéfiniment et d’autre part, accepter
des énoncés contraires qui sont théoriquement susceptibles d’être vérifiés. Seul le respect de cette
méthodologie permet de mettre en œuvre la dynamique de recherche qui se caractérise par une
remise en question permanente des acquis préalables.

B.5 L’observation

Ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse est confronté à des données
observables. Au cours de cette phase, de nombreuses données sont donc rassemblées afin d’être
exploitées systématiquement dans une étape ultérieure.

Cette étape se déroule en trois temps : -Concevoir l’instrument d’observation - le tester - et collecter
les données pertinentes. En outre, il existe différentes méthodes de collecte des données : -
l’enquête par questionnaire - l’entretien - l’observation directe le recueil de données existantes :
données secondaires et données documentaires. Le choix de la méthode dépend des hypothèses de
travail et de la définition des données pertinentes. Mais il faut aussi tenir compte des exigences de
formation nécessaires à l’application efficace de chaque méthode.

B.6 L’analyse des informations

Il s’agit de traiter l’information obtenue par l’observation pour la présenter de manière à pouvoir
comparer les résultats observés aux résultats attendus par hypothèse.

- décrire les données et les agréger : il s’agit de bien mettre en évidence les caractéristiques de la
distribution de la variable et ensuite de les regrouper en sous-catégorie ou les exprimer par une
nouvelle donnée pertinente.

- analyser les relations entre les variables

- comparer les résultats observés avec les résultats théoriquement attendus par hypothèse et
interpréter les écarts.

Il existe principalement deux méthodes d’analyse des informations : l’analyse statistique des
données et l’analyse du contenu.

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B.7 La conclusion

Etant donnée son importance, la conclusion de la recherche doit être rédigée le plus soigneusement
possible. Elle doit se composer de trois parties :

- un rappel des grandes lignes de la démarche suivie

- une présentation détaillée des apports de connaissances (nouvelles connaissances relatives à l’objet
d’analyse et nouvelles connaissances théoriques) dont le travail est à l’origine

- les nouvelles perspectives de recherche qui peuvent être développées (ouverture).

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Chapitre IV: Les techniques de recherche en sciences sociales

La technique de recherche est un moyen précis pour atteindre un résultat partiel, à un niveau et à un
moment précis de la recherche. Cette atteinte de résultat est directe et relève du concret, du fait
observé, de l'étape pratique et délimitée. C’est également un outil momentané, conjoncturel et
limité dans le processus de recherche qui peut prendre la forme de sondage, interview, observation,
Focus groupe, jeu de rôle, tests, etc. Dans ce chapitre, nous nous limiterons à l’enquête par
questionnaire, à l’interview et à l’observation.

A- L’enquête de terrain par questionnaire


Le questionnaire est un outil qui permet de collecter, sur le terrain, des données primaires auprès de
personnes ciblées, afin de prendre une décision. Le questionnaire fait partie des méthodes
quantitatives.

Les méthodes quantitatives se rattachent à une vision strictement positive et empiriste, inspirée des
sciences de la nature visent à tester des hypothèses et à illustrer des théories par la mise en évidence
de corrélations entre des variables mesurent, sur la base des variables du questionnaire, des
inégalités de distribution et les corrèle avec d’autres distributions.

Pour réaliser une enquête par questionnaire, il faut suivre quatre étapes clés :

A-1 La préparation de l’enquête

Avant de se lancer dans la rédaction du questionnaire, il est opportun de réserver le temps


nécessaire à la phase de préparation.

Il s’agit notamment de bien définir les objectifs du questionnaire, de choisir l’échantillon à qui il sera
adressé et de déterminer son mode d’administration.

 La définition des objectifs du questionnaire

Il convient à cette étape de revenir à la problématique et à l’examen des questions de recherche qui
vont constituer le fil conducteur du questionnaire. A quelles questions souhaitons-nous répondre?
Quelles informations désirons-nous collecter et surtout quelle est leur nature?

 Le choix de l’échantillon

L’échantillon: la population n’est pas enquêtée en totalité, mais seulement sur un sous-ensemble
représentatif. La méthode la plus couramment utilisée est celle des quotas qui se base sur
l’hypothèse que si un échantillon est représentatif sur quelques grandes variables
sociodémographiques, alors il sera représentatif sur les variables que l’on veut étudier.

 Le mode d’administration du questionnaire

On doit déterminer le mode d’administration du questionnaire. Est-ce que le questionnaire sera auto
administré par le répondant qui inscrira lui-même ses réponses, ou est-ce qu’il sera administré par un
interviewer qui pose les questions et inscrit les réponses au cours d’une entrevue ?

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La distribution du questionnaire peut se réaliser par la poste, de main à main ou par voie
électronique (site web ou courriel) pour les questionnaires auto administrés.

Ce sont souvent des contraintes financières ou des limites en termes de ressources qui viendront
déterminer le format du questionnaire. Toutefois, certaines considérations telles la longueur du
questionnaire, la complexité des questions ou le caractère personnel des questions doivent être
prises en compte.

A-2 La conception du questionnaire

Il s’agit de réfléchir à la structuration du questionnaire puis à la formulation des questions :

 La structuration du questionnaire

Le concepteur du questionnaire doit revenir aux éléments de base de la recherche entreprise. À


l’aide des objectifs de cette recherche et de la problématique émise, il énoncera les concepts qu’il
compte mesurer par des questions. Il faut donc, dans une première étape, dresser la liste de toutes
les variables nécessaires. Cela permet d’établir la liste des questions à poser ainsi que la façon de les
poser. Plus l’enquête est complexe et longue, plus il faudra accorder de l’importance à
l’établissement de ce plan d’enquête. En effet, personne ne voudrait se retrouver à la fin d’un
processus et découvrir alors qu’on a omis une variable essentielle ou que sa cueillette était erronée.

Une fois les variables identifiées, il faut opérationnaliser l’ensemble de ces variables en passant à la
construction proprement dite du questionnaire.

La structure d'un questionnaire doit respecter plusieurs points afin de faciliter sa compréhension par
le répondant et son implication dans les réponses. :

La technique de l'entonnoir : on part des questions les plus générales aux questions portant sur les
points les plus particuliers

La question filtre : elle permet de s'assurer que le répondant répond aux critères de sélection de
l'échantillon

La position des questions impliquantes : elles nécessitent toute l'attention du répondant. C'est
pourquoi elles ne doivent pas arriver trop tôt dans le questionnaire et attendre que le répondant
sont bien dans le sujet, mais pas trop tard pour éviter un effet de lassitude chez le répondant.

La logique des blocs de questions : les questions abordant le même thème doivent être posées à la
suite.

L'en-tête : il présente brièvement l'étude et doit inciter le répondant à répondre correctement aux
questions

Les questions signalétiques ou d'identification : on les place à la fin du questionnaire, ce sont des
questions très simples à répondre.

Les mentions obligatoires : La phrase d’introduction est importante : elle doit permettre d’identifier
le commanditaire, de préciser l’objet de l’enquête et de donner envie d’y répondre. La phrase de

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conclusion sert à remercier l’enquêté d’avoir consacré un peu de son temps à répondre aux besoins
d’informations recherchées.

La présentation du questionnaire : Mise en page soignée ; Mise en page attractive; Véhicule une
image positive

 La formulation des questions

À cette étape, quatre principes doivent toujours être respectés: On doit s’assurer que:

Les personnes visées comprennent bien la question,

Qu’elles sont capables de donner une réponse,

Qu’elles acceptent de répondre

Que cette réponse est authentique et non influencée.

Que la question est indispensable

Sur le plan de la forme, on distingue les questions fermées et les questions ouvertes

Les questions fermées:

La formulation inclut une liste préétablie de réponses possibles

Le choix des réponses doit être aussi complet que possible. Les différences entre les réponses
doivent aussi être claires, de telle sorte que les répondants trouvent aisément la catégorie
correspondant à leur réponse. On associe à ce type de questions :

•la question dichotomique: qui offre le choix de deux réponses et demande d’en retenir une
seule; •la question à possibilités multiples, qui offre plusieurs réponses mais demande d’en
choisir une seule; •la question avec réponses multiples, qui offre la possibilité de choisir autant
de réponses que désirées dans la liste offerte; •la question avec classement, qui demande
d’ordonner différentes réponses selon un ordre de préférence ou d’importance; •la question
avec échelle d’évaluation, qui demande de répondre par une cote établie selon une échelle
variant du pas du tout satisfait au très satisfait, ou du totalement en désaccord au totalement en
accord, etc. En général, il semble qu’une échelle à quatre degrés d’évaluation soit la plus simple
et la plus performante.

Les questions ouvertes

Ce sont des questions auxquelles les individus interrogés répondent comme ils le souhaitent, de
manière brève, à l’aide de leur propre vocabulaire. Ce type de questions permet une plus grande
liberté d’expression. Toutefois, les réponses à des questions ouvertes peuvent être vagues et
difficiles à interpréter

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A-3 L’administration du questionnaire

Avant d’administrer le questionnaire, il est essentiel de le valider à l’aide d’un pré-test. Celui-ci
consiste à soumettre le questionnaire à un faible nombre de personnes, susceptibles d’être
interrogées, mais suffisamment différentes pour déceler le maximum de lacunes présentes dans le
questionnaire. On demandera aux personnes ainsi sondées de soulever toutes les imprécisions. Le
prétest permet d’apporter des corrections au questionnaire initial.

A-4 Le traitement des données

Le dépouillement et la codification

Une fois le questionnaire administré, on devra procéder à la compilation des données recueillies. On
pourra effectuer cette compilation dans un fichier informatique qui contiendra l’ensemble des
données. Mais avant, il faudra codifier le questionnaire. Cette codification ou ce codage consiste à
attribuer un code distinct pour chaque réponse possible à une question.

Le traitement et l’interprétation des résultats

Une fois la saisie des données effectuée, on pourra procéder au traitement de celles-ci dans le but de
produire un rapport de l’enquête présentant les résultats au questionnaire. Le rapport comprendra
une première partie précisant la population à laquelle s’adressait le questionnaire, la méthodologie
utilisée et le taux de réponses obtenu. On poursuivra par une présentation organisée des données à
l’aide de tableaux ou de graphiques et en synthétisant ces informations, lorsque nécessaire, par des
mesures statistiques appropriées (moyenne arithmétique, médiane, écart-type, ...).

On procédera ensuite à une interprétation des données. Interpréter, c’est trouver un sens à ce qui a
été observé. C’est replacer les observations dans le contexte des hypothèses de départ. C’est y
chercher des explications pour comprendre les dynamiques qui interviennent dans un phénomène.

Il faut toutefois demeurer très prudent dans ce processus. On peut être tenté de généraliser de façon
abusive des observations qui avaient une portée limitée. On peut être tenté de déceler une relation
de cause à effet où ne se trouvent que deux facteurs évoluant côte à côte.

Il pourrait être utile dans certains cas de tenter de valider nos résultats d’interprétation par une
nouvelle table de discussion

B- L’entretien

L’entretien est un des moyens d’une recherche consistant en une technique d’interrogation avec un
but. L’entretien vise à faire verbaliser. Il s’agit d’une rencontre interpersonnelle dans une situation
sociale donnée telle que soit impliquée la présence de l’interviewer et d’une personne interviewée.

Plusieurs stypes d’entretiens existent en fonction de l’objectif de la recherche :

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C- L’observation

L’observation est une technique fréquemment utilisée pour mener une étude qualitative. Elle permet
de recueillir des données verbales et surtout non verbales.

Cette technique propose à l’enquêteur de se focaliser sur le comportement d’une personne, plutôt
que sur ses déclarations. Vous observez simplement ce que les gens font et ce qu’ils disent, sans
intervenir. La technique de l’observation permet d’expliquer un phénomène à travers la description
de comportements, de situations et de faits. Pour y parvenir scientifiquement, la description de
l’observation doit être fidèle à la situation réelle et il est important de faire des rapports
systématiques.

C-1 Quand utiliser la recherche par observation ?

 Lorsque la question de recherche débute par “comment ?”


 Lorsque l’on veut étudier un phénomène dans son cadre naturel
 Lorsque l’on connaît peu un sujet
 Lorsque l’on veut avoir accès à la vérité sur une situation

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C-2 Les types d’observations ?

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Chapitre V : Les exercices juridiques

Il existe une pluralité d’exercices spécifiques aux études de droit. Chacun d’entre eux a des enjeux
propres et nécessite en conséquence l’application d’une méthodologie adaptée. Nous aborderons de
ce qui suit la méthodologie de la dissertation juridique.

1- La dissertation juridique

La dissertation juridique, parfois qualifiée de « sujet théorique », est une démonstration juridique en
réponse à un sujet formulé abstraitement. Elle est réalisée après une analyse approfondie de celui-ci
au regard du droit positif, de la doctrine et de la pratique juridique.

L’objectif de la dissertation est, d’une part de vérifier la compréhension du sujet par l’étudiant et,
d’autre part, d’appré,cier les capacités d’argumentation et d’organisation des connaissances de ce
dernier.

La dissertation juridique est une démonstration et non une simple récitation de cours. Les
connaissances doivent donc être sélectionnées et organisées afin de répondre au sujet posé.

SCHÉMA EXPLICATIF-RÉCAPITULATIF DE LA DISSERTATION

Introduction

Phrase d’attaque/d’accroche

Énoncé et définition des termes du sujet

Contexte et intérêt du sujet

Problématique

Annonce rédigée du plan

Matérialiser les points de l’introduction par des paragraphes débutant par un alinéa et séparés par
un saut de ligne.

Corps de la dissertation

I- Titre de la première partie (apparent, parlant et problématisé ; doivent y apparaître les


différents arguments qui répondent à votre problématique)

Chapeau introductif de partie annonçant uniquement vos sous-parties A et B.

A) Titre de la première sous-partie (règles d’élaboration identiques à celles du titre des parties)

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Contenu de la sous-partie :

Argument (élément de réponse à la problématique que vous démontrez)

Justification juridique de l’argument (contenu de la règle de droit, historique de celle-ci,


interprétation, position de la doctrine, critique)

Phrase de transition A au B (expliciter pourquoi l’on va exposer ce qui suit après avoir exposé ce qui
précède).

B) Titre de la seconde sous-partie


Contenu de la sous-partie.

Phrase de transition I au II.

II- Titre de la seconde partie (apparent, parlant et problématisé ; doivent y apparaître les
différents arguments qui répondent à votre problématique)

Chapeau introductif de partie annonçant uniquement vos sous-parties A et B.

A) Titre de la première sous-partie

Contenu de la sous-partie.

Phrase de transition A au B.

B) Titre de la seconde sous-partie

Contenu de la sous-partie.

Pas de conclusion

NB : « introduction », « corps du devoir » … et les autres noms des subdivisions du devoir ne


doivent pas apparaître sur la copie

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