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REDIGE PAR ; EL MAHI RACHID

L’organisation territoriale du Maroc à la lumière de la pandémie COVID 19

L’organisation administrative du Maroc repose, depuis son indépendance, sur deux


techniques à savoir la déconcentration et la décentralisation, c’était un choix stratégique en
vue de rapprocher l’administration aux administrés car ,en définitive, on peut toujours
gouverner de loin mais on ne peut administrer que de près comme disait Napoléon.

La déconcentration a pour objet


objet de décharger le pouvoir central par une meilleure
division de travail. Une partie des pouvoirs de décision détenus par celui-
celui-ci est déléguée aux
agents locaux de l’administration de l’Etat. Quant à la décentralisation consiste une
reconnaissance de l’existence
xistence juridique des collectivités territoriales élues par la population.
Ces collectivités, qui sont dotées de la personnalité juridique, ont vocation à gérer leurs
propres intérêts par l’intermédiaire d’organes issus d’elles-mêmes.
d’elles

Le roi Mohammed
ohammed 6, dès son accession au trône, va veiller sur l’inculcation d’un
nouveau concept d'autorité fondé sur la protection des services publics, des affaires locales,
des libertés individuelles et collectives. Ainsi, dans un célèbre discours de 12 Octobre 1999 à
Casablanca, devant les responsables des Régions, Wilayas, Préfectures et Provinces du
Royaume, cadres de l’administration et représentants des citoyens, le souverain a affirmé
, que notre administration territoriale se doit axer son intérêt sur de des domaines qui
revêtent désormais une importance particulière, et un caractère prioritaire, telles la
protection de l’environnement et l’action sociale ,et de ,mobiliser tous les moyens pour
intégrer les couches défavorisées au sein de la société et assurer
assurer leurs dignité.

De surcroit, la constitution marocaine de juillet 2011 prévoit dans son article premier
que l’organisation territoriale du Royaume est décentralisée, elle est fondée sur une
régionalisation avancée. La mise en œuvre de celle-ci a conduit le constituant à reconnaitre
le principe de la libre administration tout en assurant la participation des populations
concernées à la gestion de leurs affaires, et en favorisant leurs contribution au
développement humain intégré et durables.

Dès lors, les présidents des conseils des collectivités territoriales jouissent d’un rôle
plus efficace qui, va de pair avec le principe de la corrélation entre la responsabilité et la
reddition des comptes. Dans tel univers, lesdits présidents sont devenus des ordonnateurs,
ils préparent le budget annuel et jouissent aussi de certaines compétences de la police
administratives. Il est vrai , qu’ils ne sont plus soumis à la tutelle des agents d’autorités,
toutefois, ils sont soumis à un contrôle administratif, dit, apriori effectué par ceux-ci, et, un
autre contrôle financier, dit, postériori effectué par les cours régionales des comptes et les
inspections du ministère de finance.

La survenance de la pandémie planétaire de COVID 19, n’a pas épargné le Maroc. Ainsi,
dès les premiers cas d’infection importés par des Marocains résidant à l’étranger, le Maroc a
suspendu ses liaisons aériennes avec le reste du monde, le 15 MARS 2020, les autorités ont
fermé les frontières, puis, déclaré l’état d’urgence sanitaire.

Dans tel contexte, le décret-loi 2-20-292 portant sur les dispositions relatives à l’état
d’urgence sanitaire et aux procédures de sa déclaration, a été publié, mardi 24 MARS 2020
au bulletin officiel. Ce décret-loi a intervenu dans le cadre des mesures préventives urgentes
prises par les autorités publiques conformément à l’article 21 de la constitution qui prévoit
dans son deuxième paragraphe que les pouvoirs publics assurent la sécurité des populations
et du territoire national, dans le respect des libertés et des droits fondamentaux garantis à
tous.

Le rôle des gouverneurs et des Walis était remarquable dans la mise en œuvre de ces
mesures, dans le territoire étendu du Royaume, prises par le pouvoir central. Ils sont, au
terme de l’article 145 de la constitution, les représentants du pouvoir central, assurent
l’application des lois et mettent en œuvre les règlements et les décisions gouvernementales.
De même, ils jouissent de plusieurs compétences que ce soit en matière de la police
administrative ou dans la police judiciaire.

Le décret-loi contient plusieurs mesures restrictives de certaine libertés individuelles et


collectives telle que la liberté de se déplacer, la liberté de se réunir, le porte des masques
etc. …Pour réussir cette tache l’Etat a utilisé les CAIDS et PACHAS, vu leurs compétences en
matière de police administrative et de police judiciaire. Ainsi au terme de l’article 20 de la
procédure pénale les PACHAS et CAIDS ont la qualité d’officiers de police judiciaire , De
même , en vertu de l’article 110 de la loi organique 113/14 relative aux communes , le
président du conseil communal exerce les compétences de la police administrative
communale, à l’exception des matières qui sont dévolues en vertu de la présente loi
organique aux gouverneurs de la préfectures et de la province ou leurs intermédiaires ;
parmi ces compétences on peut citer , le maintien de l’ordre et de la sécurité publique sur le
territoire communal , l’organisation générale du pays en temps de guerre….etc. . Il reste à
noter que les CAIDS et PACHAS sont parmi les intermédiaires du gouverneur, ainsi ils
peuvent le représenter dans son territoire local.

En parallèle, et au niveau local toujours, au terme de l’article 100 de la même loi


organique et sous réserve des dispositions de l’article 110, le président du conseil communal
exerce la police administrative, par voie règlementaire et de mesures de police individuelle,
portant autorisation, injonction ou interdiction, dans des domaines de l’hygiène, la salubrité
la tranquillité publique et la sureté des passages.

Le conseil du gouvernement a adopté le 09 JUIN 2020 le décret numéro 2.20.406 portant


prorogation de l’état d’urgence sanitaire dans l ensemble du territoire marocain, pour une
durée d’un mois, afin de lutter contre la propagation du coronavirus. Le conseil a,
également, approuvé les dispositions relatives à l’assouplissement des restrictions liées à
l’état de confinement sanitaire.

Dans ce cadre, le pouvoir central a créé des commissions de veille et de suivi, présidées
par les gouverneurs et les walis et composées de représentants du ministère de la santé
,des services déconcentrés des départements ministériels concernés et des services de
sécurité , et ce , pour la mise en œuvre des décisions prises au niveau du centre , et aussi ,
d’assurer le plan d’assouplissement graduel de confinement , et d’éviter l’apparition de
nouveau foyers d’éclosion du virus ou sa propagation dans des différents lieux du royaume.

De sévères critiques ont affronté ce décret car les commissions de veille ont marginalisé
les élus au niveau territorial, comme c’était le cas, selon les spécialistes , dans la
gestion générale de la pandémie .Ces derniers , demandent la concrétisation des
dispositions constitutionnelles dans le cadre du principe de la libre administration basé sur la
coopération , la solidarité , et la participation de la population dans la gestion de leurs
affaires.

Références ;

- Le discours royal de 12 octobre 1999.

- La constitution de 2011.

- Le décret-loi 2.20.292

- Le décret-loi 2.20.406

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