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HISTOIRE DE LA PENSEE SOCIOLOGIQUE

I. La sociologie en tant que discipline scientifique fait son apparition au cours du XIXème siècle.

L’Europe du XIXème siècle est marquée par trois profondes révolutions : politique (remise en cause
de la société d’ordre, de la monarchie absolue), industrielle et scientifique. La révolution industrielle
marque le basculement, notamment en France, d’une société à dominante paysanne avec une
solidarité mécanique à une société urbaine fondée sur la salariat avec une solidarité organique, plus
individualiste avec le passage à la famille nucléaire.

Alexis de Tocqueville (1805-1859)―Démocratie et “égalisation des conditions”

Karl Marx (1818-1883)―Capitalisme industriel : classes et rapports de domination

Emile Durkheim (1858-1917)―Lien social et cohésion sociale, passage d’une société à solidarité
mécanique (effacement de la conscience individuelle derrière la conscience collective) à une société
à solidarité organique et plus individualiste.

Max Weber (1864-1920)―Rationalisation des activités sociales (organisation rationnelle dans


l'entreprise par exemple) et le “désenchantement du monde” qui en découle (sécularisation de la
société, perte d’emprise de la religion dans l’explication du monde).

II. Rétrospective : un savoir sur la société avant la sociologie

Quelques postulats sociologiques : - L’homme est un être social : cohésion sociale, - L’homme
s’insère dans des groupes différenciés (classes, strates etc) : stratification sociale. - L’homme n’est
pas partout le même (culture, socialisation etc). - Les rapports entre groupes génèrent des rapports
de concurrence, de contrôle, de domination.

Il faudra attendre la fin du XIXème siècle pour que se dessine avec Emile Durkheim en France et Max
Weber en Allemagne une discipline autonome et reconnue : la sociologie. Enfin, il faut citer Auguste
Comte (1798-1857) pour deux raisons : c’est d’une part l’inventeur du terme “sociologie” et d’autre
part il est à l’origine du positivisme, “science de la société” qui s’incarne dans une méthode
d’observation du réel (“physique sociale”).

Deux grands paradigmes structurés autour des pensées de Weber et Durkheim :

- Vision “microsociale” (individualisme méthodologique) : l’individu est au cœur de la société.

- Vision “macrosociale” (holisme, déterminisme etc) : la société imprime sa marque sur l’individu.

Paragraphe 1 : Les outils du sociologue.

I) L’objet et la méthode sociologique vus par ses fondateurs (Durkheim et Weber).


A) Durkheim et la sociologie du fait total

Déf du fait social : « manières d’agir, de penser, de sentir, extérieures à l’individu, et qui sont  douées 
d’un pouvoir de coercition en vertu duquel elles s’imposent à lui ».

Il s’agit d’une manière de faire, de penser, qui agit comme une contrainte extérieure sur les individus.
Il n’y a ici pas de réel libre-arbitre : nos actions sont déterminées.
Le fait social correspond à un  certain nombre de critères :

 généralité — marqué par une fréquence importante dans la population

 extériorité — il ne nait et ne meurt pas avec l’individu

 coercition — il a un pouvoir coercitif, s’impose à l’individu

Les faits sociaux existent en dehors de la conscience individuelle : ils sont l’expression de la
conscience collective. La première désigne l’ensemble des gouts, des aptitudes strictement
individuelles ; la seconde désigne des normes et valeurs communes partagées par l’ensemble du
groupe.

Cette analyse du fait social est représentative du holisme, approche selon laquelle le social
conditionne les comportements.

Selon D, les faits sociaux doivent être traités sans préjugés, il utilise les statistiques. Il explique le
social par le social, dans le sens où rien ne sert d’interroger les individus, le fait social s’explique par
un autre fait social antérieur. Il prend l’exemple du Suicide (1897) qui ets un fait social provenant des
individus les moins intégrés (non-pratiquants, célibat, plus de suicide l’hiver…).

B) Weber(1864-1920) : la sociologie a pour objet l’action sociale

Les actions sociales sont des comportements dirigés vers autrui. Méthodes strictement
individualistes. Etudier les actions des individus, puisque les phénomène sociaux résultent des
actions individuelles, elles-mêmes déterminées par les décisions des individus. Un phénomène social
est donc le produit d’une agrégation de décisions individuelles. La sociologie de Max Weber est une
sociologie compréhensive : le travail du sociologue est de comprendre les motifs, la signification que
donne un individu à son action. Reconstruire logiquement les relations de causalité. Pour cela, le
sociologue utilise un outil: l’idéal- type, représentation simplifiée d’un phénomène.

II) Objets et méthodes sociologiques à l’époque contemporaine


A) La sociologie n’est pas une science descriptive

Aujourd’hui, on peut définir la sociologie comme la science qui s’intéresse aux déterminants sociaux
des comportements humains, et/ou aux sens subjectifs de ceux-ci. Tout est sociologisable. La
sociologie a 2 sens : un sens objectif — recherche des déterminants sociaux, démarche holiste/ un
sens subjectif — raisons qui amènent l’individu à se conduire ainsi, démarche compréhensive

B) La sociologie s’appuie sur des méthodes quantitatives ou qualitatives

S’intéresser aux déterminants des comportements sociaux étudiés amène à privilégier une enquête
par questionnaire : des méthodes quantitatives, statistiques. S’interroger sur le sens donné par les
individus à leurs actions amène à privilégier les entretiens. Durkheim prône le traitement des faits
sociaux comme des choses : la statistique est donc une technique privilégiée. La principale méthode
quantitative est l’enquête par questionnaire. Il y aussi les méthodes qualitatives comme l’entretien
ou l’observation.

Paragraphe 2 : Les relations individu et société

Sociologie temporelle : Sociologie classique (Weber, Durkheim, Marx, Tocqueville)/ Sociologie


contemporaine, avec une pluralité des approches

Sociologie par nationalité : Sociologie française (Durkheim,Tocqueville, Bourdieu, Boudon)/


Sociologie allemande (Marx, Weber, Simmel)/ Sociologie américaine (Guffman)
Plusieurs écoles se distinguent au sein de la sociologie américaine : École de Chicago (1920s) —
culturalisme/ Fonctionnalistes (1950, Merton)/ Ecole de Chicago (1960s) — interactionnisme

I) La sociologie : individu vs société

Pour se repérer dans les multiples courants de la sociologie, on peut distinguer 3 grands types
d’approches de la réalité sociale :

- une approche holiste, déterministe, où la société imprime sa marque sur les actions
individuelle. C’est ce que faisait Durkheim. Le but est d’analyser de quelle manière la société
imprime à l’individu des manières d’agir, de penser, qui finissent par lui paraître naturelle.
Les acteurs individuels sont déterminés par leur appartenance collective. Le culturalisme
(Ecole de Chicago 1920s s’inscrit dans cette approche. Pour les culturalistes, les individus
sont largement déterminés par leurs cultures d’appartenance. Les grands objets d’étude de
ce courant sont la question de l’intégration sociale, la déviance (produit d’un défaut
d’intégration). Exemple : sociologie de la ville. Le fonctionnalisme (1950s), les
comportements individuels sont guidés par des valeurs, des normes, définies par le système
social pour assurer l’intégration et l’ordre social. On distingue deux principaux auteurs dans
ce courant. T.Parsons (selon qui les individus font l’objet d’un processus de socialisation, par
lequel on leurs inculque des valeurs et norme.). R.Merton (anomie, il peut y avoir des
dysfonctions, des écarts à la norme, ce qu’il appelle l’anomie). Cette analyse est utile pour
expliquer l’inertie sociale : la sur-représentation de l’échec scolaire dans les classes
populaires, et leur sous-représentation dans les grandes écoles. Il n’est cependant pas
opérant pour expliquer le changement social (vote FN).

- Une approche individualiste, où la réalité sociale est le produit d’action d’individusune,


approche interactionniste, “sociologie de l’entre-deux“, où la réalité sociale se construit dans
l’interaction entre individus. Origine : Max Weber, Il n’y a que des acteurs individuels, dont
les comportements permettent de comprendre, de rendre compte de la vie sociale.
Aujourd’hui, Raymond Boudon représentant de l’Individualisme Méthodologique. On définit
l’IM : rechercher les causes de tout phénomène social dans les croyances, les actions et les
attitudes individuelles. L’idée première est que tout phénomène social est le produit de
l’agrégation d’action individuels guidées par un certain degré de rationalité. L’idée suivante
est que le résultat n’est pas toujours conforme aux souhaits des acteurs : il peut y avoir des
effets pervers. Boudon illustre cela par le phénomène de l’inflation scolaire. La seconde
illustration est le paradoxe de l’action collective, Marcus Olson. Dans une action collective
poussant par exemple à une hausse de salaire par une grève, l’individu rationnel fait un
calcul cout-avantage d’entrer dans l’action. (passager clandestin). Cependant un des intérêts
à l’IM est que l’individu n’est pas réductible à un être passif; il attribue une signification à son
action. Cette analyse offre de meilleurs outils que le Holisme pour penser le changement
social, les évolutions. On parle de réductionnisme de l’IM : pour expliquer la réalité sociale,
on part d’unités élémentaires, sans prendre en compte ni les interactions ni les institutions.
La société ici se résume à la somme de ses parties.
- - L’analyse interactionniste : G. Simmel, la thèse de ce courant est que la vie sociale se joue
essentiellement dans les relations concrètes de face à face entre les individus. L’objectif est
de dépasser l’opposition individu/société en privilégiant l’étude des interactions sociales au
quotidien.

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